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[RP][NUIT]Vieille amitié ne craint pas la rouille*

Aimbaud
Un aveugle aurait pu sentir le sens du message. Un sens et bien d'autres sens qui s'élèvent à mesure que les jambes de cette bonne amie ouvrent un jour impeccable devant lui. Il boit le spectacle, tantôt rieur, tantôt écarquillant les yeux, et amène la main sans pudeur contre la petite lucarne qu'on lui présente, incapable de bien savoir s'il vit la chose ou si l'alcool l'a traîné dans un état de mirage. Il veut s'en assurer au toucher. Les chevalières au métal tiède, sur ses doigts, cessent de briller dans cette cachette ombragée.

Ho ho.

Il ne peut s'empêcher de sourire. Son regard incrédule rejoint celui de Désirée tandis qu'en contre-bas, le bout de ses doigts lui donne une becquée lente. C'est à peine croyable. Sent-il bien ce qu'il sent ? Fait-il bien ce qu'il fait ? L'ivresse est à son comble. Il a des ailes dans la poche du milieu, ça frappe aux portes du pigeonnier, comme un tambour battant. Ça fait presque mal. Il sent qu'elle le déshabille. Son épaule s'extrait de son pourpoint chiffonné, luttant un instant avec le tissu. Ils s'aident. Cette gorge. Il y enfonce le visage. Ha que c'est tendre, dire qu'il faut attendre...

C'est...

Il a perdu le fil. C'est ardu de délacer une robe. Il tire le tissu simplement, l'écarte, le brime pour en extraire les fruits. Tiens. Comme ils sont mûrs. Ainsi rehaussés par la laine encore ficelé. Ils se tendent pour sa bouche. Il les sacre l'un et l'autre d'une pincette amicale, telles qu'on en donne aux mentons des enfants. Ces braves diables méritent bien un salut. Depuis le temps. Aïe. Ho qu'il a envie... C'est le vin, ça l'échauffe. C'est cette position. C'est l'idée du plaisir. Proche. Une simple paroi de tissu. Du calme. Ces tétins. Nus. Ha bon Dieu, il profite. Il y frotte le front et le nez, s'y réchauffe, les réchauffe, il les mange avec appétit, les happe comme de la crème, savoureusement, sans les croquer. Les épaules, ses épaules, sa taille, il les serre. Tout est bon ici. Tout a bon goût. Il va s'y faire un logis, un carnage, y hurler des choses, y faire valoir des droits. Sa tête ébouriffée se redresse pour faire face à celle de son hôte. Déchiffrer ses yeux, scruter ses lèvres aussi.

C'est fou. Ça... Vous me donnerez sa recette.

Un Aimbaud averti en vaut deux. Elle serait bien capable de lui en apprendre encore. Vieux amants.
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Dame Jeanne, ma plus fidèle compagne.
Desiree.



*
* *




Oh* !


Oh ! Mais c'est qu'elle ne s'attendait pas à cette visite là.
Enfin.
Pas tout de suite. Pas si vite. Oh !


Oh...

Elle dégage une épaule, puis l'autre. Les doigts fins s'enhardissent, dénouent, délient et libèrent le torse massif. Elle se cambre quand il s'impose et déguste, et sourit lorsque enfin les regards s'accrochent. Vieux amants.


Faites moi plutôt goûter la vôtre.

Elle sourit. Et l'index, taquin, s'en va trouver dans l'épaule la cicatrice blanchie d'un carreau d’arbalète. Il y a vingt ans, elle était toute fraiche, parfois douloureuse, et il n'avait pas aimé qu'elle y touche. Elle s'en moque, elle s'en souvient. Elle se souvient avec acuité, et la bouche baise la vieille blessure. Elle est familière et étrange à la fois. Elle est là. Rien n'a changé. Ils sont juste un peu plus lents, et plus ridés. Et là de leur plein gré. Tout à changé. Elle sourit. Elle sourit.

Le souffle picore le front, déguste le cou, savoure lentement la peau fine derrière le lobe d'une oreille. Elle hume les arômes et les fragrances, croque l'épaule charnue, chipote les poils du torse et se coule, fluide, entre ses genoux, tandis que les doigts, éclaireurs, libèrent de leur gangue de tissu un met plus épicé.
L’œil gris suit le chemin en sens inverse, quettant dans le regard ami l'approbation.
Avant de prolonger la dégustation.


* Pour les réclamations sur la bande son, s'adresser à JD Aimbaud !
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Aimbaud
Lui dire non ? Pas folle la guêpe. Dans la haute noblesse, au sommet de la Bourgogne puritaine, dans l'intimité des mariages convenus, c'est pas tous les jours Noël. Naïve tenancière de bordel. Elle ne sait pas la valeur de ce qu'elle offre. Il devra s'en repentir plus durement, mais qu'importe à cet instant. Cet instant !

Ca y est. Elle a baissé les yeux. Ce visage, proche, le protège de l'air plus frais de la pièce. Il a les anges qui l'appellent par le bout du ventre. Ils chuchotent d'abord, à peine, avec un souffle tiède. Ca éveille comme un rayon de soleil. Il frémit pensivement, en promenant un regard saoul dans la chambre. Nuit-Saint-Georges lui caresse la tête, Désirée s'occupe du reste. Il n'a plus qu'...


Ha...! Dieu...

C'est un baiser tendre. Qui le tend. Le concentre. Ho c'est beaucoup. Il lui faut respirer. Respirer. Poser les mains sur ce coffre solide. S'y tenir. Voilà. Elle commence la collation. A moitié dépoitraillé, une épaule et une tête encore pris dans les filets de sa chemise, il désespère de soupirs. Grosse bête en mal d'amour. Cochon pénitent qui n'ose plus rien, ni haleter trop fort, ni libérer un son, ni même porter une caresse à la divine tête qui le régale. Il sent pourtant un souverain besoin de réagir. Alors que les largesses qu'on lui octroie se font plus gourmandes. Que son coeur effectue un galop mal géré. Que son ventre épais se resserre. Que ses interdits se heurtent aux portes d'une gorge. Que Dame Profondeur se mêle à sa soeur Chaleur. Qu'il se fait violence. Qu'un ciel s'ouvre. Ah.

Attends. Haa...! Ha.

Oh non ! OH. Oh c'est bon. C'est si bon. Merci Dieu. C'est bon. Bon. Bon. Lent. Bon. Presque. Bon. Encore. Oui. Un peu. Ah. Non. Fini. Fatigue. Grosse fatigue.

Il rouvre des yeux navrés, grimaçant, éreinté, et relâche les cheveux blonds en réalisant qu'il les a attrapés. Quelle débâcle. Il tremble. Il la contemple, hagard.


Non... Non. Ma chère... Pardon ! J'ai pas pu.
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Dame Jeanne, ma plus fidèle compagne.
Desiree.



*
* *


La déception teinte d’amertume la saveur salée qui l'envahit.
C'est néanmoins un sourire qu'elle offre à l'ami, avant de se lever, laissant les vestiges de sa vêture tomber en corole à ses pieds. Elle lui tourne le dos, et s'éloigne un instant. L'offrande est discrètement crachée dans un mouchoir brodé et abandonnée sur son bureau.
Quinze ans plus tôt, aucun client ne l'aurait laissé faire cela, mais c'était Aimbaud, Aimbaud qui... était désolé ?


Pardon ? Mais... Pourquoi ?


L’œil gris sourit, quand elle se tourne. Le reste de la blonde aussi. Oh, oui, son corps réclame son du. Elle a dégrisé, un peu, la blonde. Assez pour se dire qu'il faudrait légitimement s'en tenir là, que le coup de canif à l'amitié n'est pas si consommé. Mais c'est trop tard. Les gestes pourtant vagues de l'imposant marquis ont réveillé des désirs trop longtemps opprimés. La lourde pogne dans ses cheveux avait suffi à crisper son ventre.
Elle offre son corps nu, bien moins marqué que sa face par les aléas de la vie, au regard de son ami. Le temps a bien travaillé, arrondissant les angles de la jeunesse, créant du moelleux au creux du ventre, du doux aux rondeurs de la poitrine, fonçant les aréoles. Elle boite, très légèrement, quand elle se rapproche de lui.


Ne le soyez pas, si vous avez aimé cela.

Et puis si jamais ça lui plaisait vraiment, il n'aurait qu'à initier sa jeune fiancée.

Cependant, cher, ne m'en veuillez pas, mais je n'ai pas du tout l'intention de vous laisser vous endormir maintenant.


Un sourire mutin éclaire le visage tandis qu'elle défait les draps.
Elle ne le laissera pas dormir, mais ils sont trop vieux et trop saouls pour faire ça ailleurs qu'entre un matelas de plume et un édredon de soie.


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Aimbaud
Pendant qu'elle procède à une menue toilette - pas plus offusquée que ça - le pesant marquis se remet de ses émotions. Il frotte sa face joufflue, ses yeux rougis par le vin, par le coup de sang et l'heure tardive. La gêne se dissipe, presque aussi vite que le plaisir. A-t'il oublié qu'ici trépassent les pudeurs ?

Voilà bien des années qu'il n'avait pas veillé si tard pour une partie de fesse. Ces choses-là, il en a bien peu consommé sur ses neuf années de veuvage. Les quelques rares occasions s'étalaient sur le temps de midi. Loin, loin derrière lui, les vertes années truffées de nuits blanches. Les coups de reins de laudes. Les quatre fois sans souffler. Les pas sommeil que j't'attrape. Révolue, la sève des quinze ans. Adieu, force de cerf. Levées de bouclier. Bannière au vent. Bouchon de Champagne. Fontaine de jouvence et chants d'alouettes. Désormais, les abricots lui sont servis en compote. Il saute seulement les passages ennuyeux des livres. Au matin, il enfile ses chausses. La bise lui vient du vent. Le soir, il tire les rideaux. Jouit d'un bon somme. Après quoi ? Une verveine. La veine. C'est dit, il s'empâte.

Il remet de l'ordre dans sa tenue, discret, en suivant du regard les allées et venues de son hôte en tenue de naissance. Joli morceau. Ses gestes ralentis, empêtrés dans le velours de ses vêtements, dénotent d'une certaine confusion. Il n'est plus assez ivre pour ignorer à quel point la situation est étrange. Cette femme, qu'il connait depuis pour ainsi dire toujours, lui évoque tant le stupre dont il veut se laver en bonne société, tant la mère aux conseils bienveillants, en passant par la soeur complice et l'amante du premier jour. Il l'adore, la respecte, la fantasme, et s'en tient bien écarté. Ils ne jouent pas dans la même cour. Mais maintenant dans le même lit. C'est troublant. Les pieds nus passent devant lui. Est-ce le vin, ou il l'aime ?

Il l'observe d'un oeil réjoui, contemplatif. Elle trousse les couvertures, comme une abeille active, et sa petite silhouette au cul blanc se penche en battant les draps. On en mangerait. Trop heureux, marquis. Il termine d'ôter ses chausses dans un coup de pied, chavire le restant de sa chemise par dessus sa tête, puis s'en vient à pas de loup, coller le train de cette bonne dame.

Il l'enlace, paquet frais, la serre tout ensemble en la balançant. C'est drôle, elle lui semble plus menue que par le passé. Il a grandi, aussi, depuis le temps. Un peu forci, peut-être. Bedaine et cambrure s'épousent naturellement. Ses mains font le tour du propriétaire, coupelle à sein, bouillotte sur ventre, bras de chemise, écharpe, feuille de vigne. Son menton barbu a écarté un rideau de cheveux pour offrir une place au tracé de ses dents sur sa nuque. Ses mains larges soupèsent les siennes, se les marient. Il la pousse tout doucement.


Tant pis, le sommeil. M'en vais vous cajôler, fille.
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Dame Jeanne, ma plus fidèle compagne.
Desiree.



*
* *


Le cou s'arque et s'offre, le corps tout entier ronronne quand il murmure à son oreille.
Et pour cajoler, il cajole, le marquis.
L'un comme l'autre revisitent les gestes oubliés. Parfois tendres, parfois passionnés. Parfois les deux à la fois. Parfois hésitants, parfois trop confiants.
On chuchote. On se parle.
Non, pas ici. Plutôt par là, là comme ça, oui. Oui ! Non ! Un peu plus à l'ouest.
On se trompe, on répare. Un baiser, une caresse sur la chair un peu trop malmenée. Ou pas assez.
Voilà, c'est pardonné.
L'on rit, aussi, parfois. Pour cacher le trouble, ou juste parce que l'on s'amuse follement. Comme rarement ces dernières années.
On ronronne, comme un vieux diesel, lorsque l'on atteint le rythme de croisière. On fait durer. On a assez dégrisé pour savoir que ça ne se reproduira jamais. On retarde la venue du paroxysme. On se complait dans l'attente et le temps qui s'étire. La jouissance n'est pas le but, le plaisir suffit.
Ou pas. Finalement, tout s'accélère.
C'est qu'il a beau tourner à la verveine, il s'y entend en cajoleries, l'Aimbaud. Les voix enflent quand tout se fait plus précis. Les peaux claquent, un peu. Les pleins et les déliés s'affrontent et les souffles accélèrent.
La langueur finit par gagner, après.
Il est bon de se reposer lorsque la nuit fut agitée.
Encore meilleur de se lover contre un corps échaudé.

Chacun sait que dans ces cas là, c'est le lendemain qui est plus délicat...
Peu de mots furent échangés, chacun jurant bien ne se souvenir de rien, chacun bien conscient de mentir autant que l'ami. Mais quoi ? Mieux valait taire ces choses là, et laisser l'amitié repartir du bon pied.
Ainsi fut fait.

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