Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP] Le temps de s'acquitter de sa dette

Sat
Au milieu de l'obscurité, le cheval avait été lancé à un petit trot, pas que la Noiraude fût pressée de retourner au domaine de Forbach, mais elle songeait à son ami déjà affaibli et elle ne souhaitait pas voir empirer son mal à prolonger plus qu'il ne se devait, leur virée à la belle étoile.

Légèrement appuyée contre Zeiss, la jeune femme talonnait Chaos quand il faisait mine de baisser le rythme. Vrai qu'à deux, le poids devait quand même se faire sentir pour le bel animal, habitué principalement à son précédent maître, il s'ébrouait parfois, comme pour faire sentir qu'il n'était pas encore tout à fait d'accord du changement opéré.

Le silence ne fût brisé qu'une fois arrivé devant la porte principale de Forbach, la Noiraudet porsa centration sur le bout de route à faire, tout autant qu'aux dernières paros de Zeiss envers elle. L'égoïsme, les justes causes et ce qui semblait primordial dans la vie.

Une petite histoire édifiante lui revenait en mémoire, celui du seau que l'on remplissait de pierres, de gravier, de sable et d'eau, selon son échelle de valeur personnelle. Entendre Zeiss dire qu'elle pouvait sembler égoïste lui hérissa le poil, c'était peu dire ! Mais après tout, ils s'étaient perdus de vue depuis de si longues années, qu'ils ne connaissaient plus grand chose de leurs vécus, l'un et l'autre. Des épreuves, des événements heureux ou malheureux les avaient façonnés différemment pour faire d'eux des êtres peut-être plus durs que par le passé.

Elle s'était habituée aux attaques infondées, aux rumeurs bien sottes, ou parfois très drôles à entendre en ce qui la concernait. Se détacher de toute médisance, c'était ce qu'elle avait appris à mieux faire, dès ses premiers pas hors Lorraine. Rarement piques ou blessures verbales arrivaient à l'atteindre. Certains s'étonnaient sans doute encore de savoir qu'elle genre d'armure arrivait à la protéger, mais ce n'était rien d'autre que de l'indifférence, même si parfois elle avait piqué un fou-rire en entendant certaines grosses rumeurs infondées à son sujet.

Satine laissa Zeiss descendre en premier du cheval, pour le rejoindre d'un petit saut à terre, pied ferme comme toujours. Elle lui emboita le pas jusqu'à la porte puis lui dédia un petit sourire tendre.

A vrai dire, tu me connais si peu, Zeiss... Seul le bonheur de ceux qui m'entourent compte, et parfois j'ai dû partir pour que l'autre puisse continuer sa vie, mieux qu'à mes côtés. Je n'ai jamais demandé à personne de renoncer à quoi que ce soit pour moi. Je ne pense pas avoir un jour fait preuve d'égoïsme, mais peut-être que je l'ai été, sans m'en rendre compte...

J'ai en somme peu d'amis, et je dirai même que je deviens de plus en plus solitaire, et que je m'y fais... En cela je te ressemble, non ? Plus de sentiments, plus d'ennuis, qu'on résumera, sur ma tombe. Je pense que cela te décrirait tout autant bien !


Un dernier geste affectif très discret dans la nuit sombre, le Baron lui déposa une petite bise sur la joue, qui lui fit un brin ciller des yeux, puis elle secoua la tête pour aller prendre le visage ami entre ses doigts fins, pour qu'il soit bien attentif :

Zeiss, ta vie, tu l'as menée comme tu la sentais, ne regrette surtout rien. Cela n’a jamais aidé à changer le monde, les regrets. Personne ne peut revenir en arrière. J’aurai aimé apprendre de toi le maniement des armes, mais faute de temps, cela ne s’est pas réalisé. Suis encore en vie et debout, comme quoi…

Comme quoi on se débrouillait comme on pouvait, dans la vie, avec les moyens du moment, et Satine avait pris le meilleur partout où elle avait pu, là elle reconnaissait son égoïsme, pour une fois.

Maintenant, tu as toi aussi ton plus rude combat à mener, contre toi-même...
Retrouve tes forces, parce que tu sais tout autant que moi, que tes amis et amies seraient en grande peine de te perdre. Et c'est aussi pour cela que je pars, pour te laisser te reposer et faire face sans...euh, perturbation inutile à tes côtés..., mais je serai toujours là, à ma façon...


Et de sourire légèrement, les yeux myosotis détaillant encore une dernière fois son ami à la stature encore bien imposante, puis ses mains quittèrent doucement le visage qu’elles tenaient prisonnier, laissant une douce caresse sur une des joues, du bout de ses doigts fins.

Se raclant la gorge, toujours aussi peu douée quand il s’agissait de prendre congé de personne qu’elle aimait, elle alla se serrer tout contre son ami, passant ses bras autour de son torse, la tignasse logée sous le cou du lorrain, écoutant sans doute son cœur battre pour la dernière fois, puis le libéra, enfin, de son étreinte pour ne pas le gêner plus que nécessaire.

Merci pour tout ce que tu m'as apporté, Zeiss...et je reprendrai de tes nouvelles, bien sûr, fourbe et égoïste que je suis !

L'air nocturne la rappelait à la froide réalité, elle était glacée et sa voix était enrouée, déjà... Elle ne supportait pas d'imaginer son ami s'affaiblissant, encore moins de le voir de ses propres yeux. Un peu comme un enfant qui aurait posé ses mains sur ses paupières pour ne pas voir quelque chose d'effrayant, la Noiraude n'acceptait pas la présence de la Faucheuse entre elle et Zeiss, elle l'occultait de son esprit et de sa vue...Il lui fallait juste reprendre elle-même un peu de force et de recul, pour pouvoir poursuivre sa route, même si c'était toujours seule et sur le fil de la lame. Un répit salvateur, voilà ce qui s'imposait, clairement.

Pâleur du visage féminin gracieusement masquée par la lune elle-même, Satine quitta le seuil de la porte de Forbach, épuisée et un brin découragée. Elle ne regarda pas si Zeiss était déjà rentrer chez lui, par ce froid, cela lui semblait évident alors elle grimpa rapidement sur son cheval pour filer au galop retrouver l'auberge où sa fillette devait déjà dormir sous les yeux de la nourrice engagée pour la surveiller quelques heures. La voyageuse elle aussi souhaitait pouvoir dormir longuement, pour oublier tout ce qu'elle avait perdu ces derniers temps, et cette infernale liste qui semblait vouloir encore s'allonger d'un nom...sauf qu'elle n'avait pas dit son dernier mot.


Ce n'est pas la critique qui compte; ni la personne qui met en évidence comment l'homme fort trébuche, ou comment celui qui entreprend les actions, aurait pu mieux les faire.
Le crédit appartient à l'homme qui est réellement dans l'arène, dont le visage est baigné par la poussière, la sueur et le sang; qui s'efforce vaillamment; qui se trompe et qui vient à bout de souffle encore et encore, parce qu'il n'y a aucun effort sans erreur et défaut; mais qui s'efforce réellement de faire les actes; qui connaît les grandes enthousiasmes, les grandes dévotions; qui se dépense dans une bonne cause; qui au mieux connaît à la fin le triomphe de la haute réalisation, et qui, au pire, s'il échoue, échoue au moins en osant grandement, afin que sa place ne soit jamais avec ces âmes froides et timides qui ne connaissent ni victoire ni défaite.
Theodore Roosevelt
****
mis ici parce que pas pu éditer le post sous PS précédent !
Lavania
Elle avait osé. Par amour, par excès de confiance, par crainte qu’il trouve mieux, ou tout simplement par égoïsme? Elle avait osé.

Elle n’avait fait que dire ce qu’il aurait dû penser. Demander ce qui allait de soi.

Sa dernière volonté avait été qu’il n’aime plus.

De toute façon, c’était impossible. Elle en était convaincue. Elle était son âme soeur et il ne ferait que se ridiculiser en tentant d’en aimer une autre. Pire, il ne ferait que la trahir.

Elle l’avait observé. Elle avait veillé sur lui. Elle l’avait vu changer, s’éloigner, disparaître. Dépérir. Elle avait voulu revenir en arrière, retirer ses paroles, lui envoyer un signe, influencer son destin, placer quelqu’un sur son chemin peut-être. Mais avait-elle seulement le pouvoir de le faire?

Peut-être que s’il avait senti qu’elle ne voulait que le voir sourire à nouveau.

La mort n’avait toutefois pas rendu notre jeune écervelée plus sage.

Perchée sur son nuage ou accrochée à la racine d’un pissenlit - à vous de juger cette âme imparfaite -, elle n’avait eu le courage de le libérer de sa promesse, pas plus qu’elle n’avait la force de continuer à le voir dépérir ainsi.

Ainsi, elle avait tout bonnement cessé de veiller sur lui. Alors qu’elle avait passé tous ces instants depuis son trépas à l’observer et à chercher l’homme qu’elle avait aimé, elle n’avait fait que constater une chose : à cause d’elle, il n’était plus que l’ombre de lui-même.

Peut-être sentait-il son jugement posé sur lui. Peut-être sentait-il ses foudres lorsqu’une demoiselle s’approchait un peu trop près. Peut-être sentait-il constamment son souffle dans son cou. Peut-être allait-il se laisser tenter, se laisser séduire. Mais même si quelque part, elle ne souhaitait que son bonheur, il lui coûtait de l’imaginer plus heureux avec une autre. Comme si ce qu’il pouvait trouver ailleurs viendrait amoindrir ce qu’ils avaient vécu, eux.

Bien sûr qu’il sera plus heureux avec une autre! Elle serait plus jolie, plus charmante, moins colérique. Moins égoïste. Et plus vivante surtout.

La douleur de le voir si las ne suffisait pas à supplanter la crainte d’être témoin de la nouvelle histoire d’amour de son époux. C’est pourquoi elle l’avait abandonné.

Elle n’avait aucune envie d’être témoin de sa vie après elle. Pendant des années, elle l’avait laissé libre de vivre son « adultère ». Elle avait même presque réussi à se convaincre que lui non plus ne comptait plus pour elle, qu’elle finirait par trouver quelqu’un d’autre avec qui finir l’éternité. Sa fille sans doute puisqu’il avait si lamentablement failli à son rôle de père.

Puis, lors d’un énième jour passé à ruminer, elle avait senti sa présence, tout près, mais à la fois encore si loin. Elle s'était donc risquée à lui rendre visite, histoire de s’assurer qu’il n’avait pas fait trop de bêtises. Elle s’était donc glissée sur terre, dans ce manoir qu’elle avait si peu connu.

Au détour d’un couloir, elle avait cru entendre les échos de petites voix enfantines. Ses voix enfantines. Mais quelque chose lui disait que le temps pressait. Elle s'était donc introduite dans la chambre du baron, son mari.

Il gisait là, seul. Il avait donc tenu sa promesse. Son cœur se serra, et elle s'approcha pour constater que sa poitrine se soulevait encore légèrement. Elle n'arrivait pas trop tard. Par réflexe, elle approcha la main de la joue de son époux pour la caresser tendrement.


Zeiss, mon amour… C'est moi. Je ne sais pas si tu peux m'entendre, mais je suis là. Peu importe ce que tu choisis, je suis là.

Elle espérait sincèrement qu'il s'en remette, que sa présence pourrait en quelque sorte lui donner la force dont il avait besoin pour guérir.

Notre Lavania était donc restée à son chevet jusqu'à ce qu'il pousse son dernier souffle, jusqu'à ce qu'il la retrouve enfin.
Zeiss
Ça avait été sa volonté à lui aussi, quelque pars. Ne plus jamais aimer qui que ce soit d'autre, attendre de rejoindre l'autre dans cet autre monde si terrifiant. N'était-ce pas magnifique? Une histoire d'amour comme on en fait pour faire rêver les enfants au fameux âme sœur. Un conteur aurait pu la raconter près d'un feu, les couples se seraient resserrés, les célibataires auraient ressenti la mélancolie de la solitude. Une histoire si belle, pourvu que l'on accepte l'idée de se laisser toucher au plus profond de soi-même, pourvu que l'on laisse le tragique, qu'on l'imagine ou qu'on s'identifie à lui, s'insinuer en soi comme une brise qui fait vibrer les cordes de nos émotions.

Pour qu'une tragédie soit complète, il faut la mort et la souffrance. Pour Zeiss, les ingrédients avaient été mélangés comme il se doit. Sa bien-aimée avait péri, et lui avait souffert. Non, il n'avait pas vraiment voulu aimer de nouveau. Tout simplement parce qu'il n'avait jamais cessé de le faire en premier lieu. Ce lien qu'il avait tissé avec son amour, ce lien que la vie avait renforcé à grands coups d'expériences tristes ou joyeuses, existait bien au delà de la mort. Il n'avait jamais cessé de l'aimer, et après son décès, il n'avait fait qu'attendre d'avoir enfin le droit de la retrouver.

Peut-être qu'elle aurait pu. Elle aurait pu lui envoyer un signe, influencer son destin, placer quelqu'un sur son chemin. Mais ça n'aurait rien changé. Imperméable à la tentation, intouchable par la séduction. Jamais il n'aurait pu être heureux avec une autre. C'était impossible. Il était son âme sœur.
Il avait poursuivi sa vie en espérant la perdre au plus vite, petit navire perdu dans les flots rageurs, à la recherche du phare qu'il avait perdu. Il ne souhaitait que se faire de nouveau inonder par la lumière qu'on lui avait enlevé. Le reste n'avait plus d'importance. Paradis solaire, enfer lunaire, valhalla. En haut d'une montagne. Pourvu que Lavania d'Acoma s'y trouve également.

Le voyage touchait à sa fin. Dans son lit. Il aurait souhaité une autre fin, ce n'était pas un secret. Mais même ça, ça n'avait plus d'importance. La seule chose à laquelle il pensait, c'était Lavania. La seule chose qu'il voulait si fort, alors que son souffle faiblissait, c'était retrouver Lavania. La seule image qu'il voyait, alors que son regard se faisait trouble, c'était le visage de Lavania.
Il sentit une douce caresse parcourir sa joue, sans rien voir d'autre que le vide dans la pièce. Ses paupières se fermèrent. Puis il la vit auprès de lui, l'attendant tranquillement. Elle était si belle...

Lorsque son cœur émit son dernier soubresaut, Zeiss affichait un visage serein, et un fin sourire s'était figé sur ses lèvres.



Voilà voilà. Mon Zeiss d'Acoma est mort. Fallait bien que ça arrive. En tout cas, j'ai vécu de jolies chose avec lui, et avec beaucoup d'autres persos qui ont participé à sa vie de près ou de loin. Merci à JD Lavania d'avoir bien voulu se replonger dans un univers quitté depuis bien longtemps juste pour offrir une jolie mort à Zeiss. Salutations! Peut-être que je vous reverrai sous une autre peau!

_________________
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)