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Brennach


Après que l'Evêque Endymion ait réinstallé Brennach à la cure d'Orthez, sur la recommandation bienveillante de la diaconesse Ermelina, notre curé s'en vint faire un tour au cimetière d'Orthez. Cela faisait quelque temps que personne n'en prenait vraiment soin, même si le clerc voyait ici ou là une tombe fleurie de quelques fleurs séchées, lorsqu'il en arpenta les allées. Malgré l'hiver, des proches continuaient à se recueillir auprès des défunts, à honorer leur mémoire.

Dans un silence respectueux, Brennach s'attela à sa tâche, dégagea les allées de la neige accumulée, nettoya certaines tombes touchées par les affres du temps et de l'abandon. Puis, son ouvrage achevé, il se dirigea vers la tombe de son compagnon et confident. Il s'assit sur la dalle, déboucha une bouteille prévue pour l'occasion et servit deux godets. Il laissa le premier sur la pierre, près de la croix, et l'autre il le leva en l'air, pour un hommage silencieux. Puis, il se mit à parler à mi-voix:



Desio, mon ami,
Voilà fort longtemps depuis la dernière fois. Mais finalement, tu vois, je suis de retour. L'amitié m'a préservé des périls des chemins. Et pourtant, crois-moi, ils furent nombreux. Le plus pénible fut le voyage en mer qui s'est finalement achevé par un retour au point de départ ou presque, après une traversée de deux semaines interminables. J'ai cru que nous allions tous mourir et je priai le Ciel qu'il épargne au moins Corenn et son enfant, ainsi que tous mes compagnons de route.

Je ne suis pas certain qu'Il m'ait entendu mais en tous les cas, nous avons tous survécu. Et finalement, nous sommes de nouveau sur Orthez. La ville est peuplée de gens nouveaux, que tu apprécierais, tu sais. Le nouveau maire me fait un peu penser à toi par certains côtés. Enfin, tu dois le savoir tout cela, ce serait plutôt à toi de me raconter l'histoire du Béarn depuis que je suis parti. Je crains pour le comté et ses habitants avec la menace qui pèse sur nous tous, du fait de notre déclaration d'indépendance.

Je doute que le Roy, étant donné les agissements qui m'ont été rapporté à son encontre laisse le Béarn et ses alliés à ses aspirations de sécession. Qui plus est alors que ces aspirations sont menées par des considérations religieuses.

Eh oui, mon ami, La maison de Deos, d'Aristote et Christos appelle à la guerre... Suis-je le seul à trouver cela profondément triste et contraire au message d'amour qui devrait être le nôtre? Je sais, je sais, tu me diras que dans certains cas, le combat est nécessaire. Mais tu le sais, je ne peux considérer la voie des armes uniquement comme un renoncement au dialogue. Et voilà pourquoi je m'inquiète.

Ceci dit, heureusement la vie ne cesse point et Corenn vient de mettre au monde son second enfant. Un véritable petit ange, un garçon. Tu verrais Novi, il est homme comblé.


Secoue la bouteille vide après avoir empli et vidé plusieurs verres durant son monologue.

Il faut que je te laisse mon ami. Je n'ai plus de vin et ne vais pas prendre racine non plus. D'autant que j'ai un office à donner sous peu, car me voilà de nouveau curé d'Orthez. Mais c'est une longue histoire et je reviendrai te voir bientôt pour te la conter.

Et voilà le curé reparti vers l'Eglise.
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Aphykit
[Quand le silence est d'or...]

A force de remplir la coupe, elle déborde et le flot se répand dès lors, plus rien ne peut l'endiguer, le contenir. Le mal est fait et chaque acte a des conséquences, fort heureusement d'ailleurs.
Insultes, railleries, humiliations en tous genres étaient son lot quotidien.
Comment vivre lorsqu'on est abreuvé de "Je sais tout sur tout", "Si je n'ai pas réussi, comment osez-vous essayer ?", "Vous ne connaissez rien à rien", "Mais moi, etc...
Chacun avait ses impressions, son vécu, mais qui se laissait aller à ne plus vouloir entreprendre ne devait pas mettre en permanence des bâtons dans les roues de ceux qui voulaient encore agir.
Et pourtant ! La nature humaine est telle que chacun veut paraître, lorsqu'il n'est plus capable d'être.

Alors, à un moment donné, il devient salutaire de s'éloigner des vivants, de leurs mesquineries. Ce matin-là, elle s'éloigna du marché bruyant et plutôt bien achalandé, les vendeurs vantaient leurs marchandises, elle passa devant les tavernes et auberges, sans même y jeter un regard, elle n'avait pas envie... elle évita la mairie, les différents bureaux, et poursuivit.
Son pas s'accélérait, la bise matinale rougissait ses joues humides. Elle rabattit plus encore sa capuche sur son visage pour le dissimuler, tout comme la souffrance qui devait y être visible.

Le cimetière... Les morts ne parlaient pas... et ce matin, elle ne voulait rien d'autre que le silence, le calme, la paix.
Elle ne connaissait pas spécialement le cimetière d'Orthez, alors, elle erra entre les tombes, certaines étaient fleuries, d'autres à l'abandon.
Les souvenirs affluaient, ceux des morts qu'elle n'avait pas oubliés... Elle revoyait ses compagnons maintenant disparus.
Elle revoyait le Libertin qui l'avait faite femme. Elle l'entendait encore ergoter à l'infini pour mieux la manipuler. Elle était encore tellement naïve, tellement humaine.
Un sourire froid étira ses lèvres.

Une sorte de murmure la ramena à la réalité.
Un peu plus loin, elle apercevait une silhouette qui semblait se recueillir et qui, comme elle devait chercher la solitude. Elle s'adossa à un arbre, perdue dans ce passé qui remontait par bribes.

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Merci à JD Lou Audrea
Astrabelle
Fuir le passé n'a qu'un temps. Il est bon, parfois, de se souvenir. Et les cimetières sont endroits rêvés pour ça. Dans celui d'Orthez, Belle n'a aucune tombe à fleurir, pourtant cela n'empêche pas ses morts de venir lui rendre visite.
Depuis le temps, elle en a oublié la plupart. Leurs visages se fondent dans l'ombre de l'avenir, pour mieux laisser la place aux vivants d'aujourd'hui.
Elle ne comptait plus les amours qu'elle avait perdues, elles avaient laissé dans son coeur un vide bien trop béant. Et si Marmont s'employait chaque jour à le combler, il n'avait pas encore réussi à effacer les traces de cet encombrant passé.

Une petite croix pour une petite butte, et le mot d'une mère pour son enfant perdu. Belle ferma les yeux, accélérant le pas. Elle avait elle-aussi mangé de ce pain-là. Et la crampe qui la tenait n'était pas uniquement due à celle qu'elle avait vu grandir : les enfants que Marmont espérait voir venir tardaient à investir ses entrailles... Et ce qui la soulageait quand elle vadrouillait sur les routes du royaume la remplissait d'angoisse aujourd'hui. Et si de leur mariage ne naissait pas d'enfant ?

La fraîcheur de la brise lui caressait le visage, y séchant les larmes avant même qu'elles ne naissent. Belle n'était pas genre de femme à pleurer, pourtant les jours qui passent pèsent de plus en plus lourd sur ses épaules. Certes, Orthez s'est remplie, mais presque trop vite à son goût. Il lui manque le temps de la découverte de chacun, il lui manque le recul pour comprendre les détails.
Et par dessus tout, il lui manque l'envie de se mêler de politique, celle qui fait vibrer Marmont, celle qui fait bouger Thoros, celle qui agite tous les grands de ce monde et apaise leurs terreurs nocturnes.

Derrière un arbre, une silhouette, et Belle pousse un cri, surprise.


- Aphykit ! Tu m'as fait peur ! Alors, on ressasse le passé ?
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Belle comme le jour, folle comme la nuit.
Brennach
Les jours avaient passé depuis sa dernière visite. Il faut dire que depuis son retour à la cure, Brennach n'avait guère eu l'occasion de chômer. Tant d'évènements se précipitaient et tant de choses à faire pour administrer une paroisse!

Ceci dit, alors que la neige de fin d'hiver était tombée drue toute la journée, le curé estima qu'il était grand temps de se rendre au cimetière pour y faire quelque actions de jardinage et d'entretien. Armée d'une pelle, il commença par déblayer les allées de la neige qui les recouvraient, afin que personne ne marche par inadvertance sur les tombes attenantes, en distinguant mal le bord du sentier du début de la pierre tombale ou de l'emplacement de terre selon les moyens de la famille du défunt. Il arracha quelques mauvaises herbes, ce qui par ce temps hivernal fut rapide, peu d'entre elles ayant eu le courage d'affronter la bise. Il s'assura enfin que tout sur les tombes étaient bien à sa place.

Puis, son travail achevé, il s'arrêta un instant à la tombe de Desio, comme à son habitude. Il avait pris avec lui un tabouret de sa confection, pour éviter de poser son derrière sur le sol gelé. Il prépara un petit feu dans l'allée, pour faire réchauffer son petit chaudron, empli de ... tisane de mélisse. Une fois le liquide frémissant, avec une grimace, il en emplit deux cruchons, l'un pour lui et l'autre pour son ami défunt. Puis, en soufflant à la surface de son cruchon pour en attiédir le liquide brûlant, il évoque à haute voix les évènement du mois écoulé:


Ne ris pas mon ami. C'est Carème, alors le vin, c'est ceinture pour l'instant. Et pour toi aussi, d'ailleurs. Tu devrais le savoir là où tu es. De toute façon, tu dois t'en soucier comme de tes dernières chausses maintenant. Mais moi, le goût de la mélisse ne remplace pas avantageusement celui du Jurançon!

Enfin, le Carème aura plutôt bien commencé. La célébration de la fête de la Saint-Valentin a connu un certain succès. Il est dommage que je n'ai pas mieux prédit les sentiments douloureux qu'elle risquait d'engendrer chez les coeurs solitaires. Tu as connu la souffrance amoureuse toi aussi mon ami, tu sais de quoi je parle. Il faut dire que tes amours n'ont pas toujours été simples, si tu peux me permettre! Mais, tu aimais d'un coeur sincère et je crois que c'est le plus important. Enfin, non, le plus important, c'est être entouré d'amis du village, de frères et soeurs en Aristote et Christos. Mais ça, le message est moins bien passé. J'aurais dû le mettre en avant dès le début, au lieu d'attendre la cérémonie dans les bois.

Ah oui, tu aurais aimé l'idée qui m'est venue à partir de celle de la diaconesse Ermelina. Une tête bien faite, tant dedans qu'en dehors, tu peux m'en croire. Tu serais tombé sous le charme m'est avis. Enfin, je m'éloigne du sujet. Je te parlais du feu de joie dans la clairière. Tu sais, celle que tu m'avais fait découvrir, un beau jour d'été? Et bien, ma foi, malgré le froid, il était bien plaisant de communier avec la Nature en cet endroit. Je pense que je le referai à l'occasion.


grimace en portant le cruchon à ses lèvres et buvant une partie de la tisane.

Non vraiment, ce n'est pas que ce soit mauvais. J'aime en boire le soir avant de dormir, mais là, quand je pense au vin capiteux qui pourrait être à sa place, cela me ferait presque pleurer. Mais bon, le prophète a connu l'abstinence lui aussi. A nous d'honorer sa mémoire. Enfin surtout à moi, parce qu'au paradis solaire, tu dois bien te bidonner de me voir suivre ce régime! Hé oui, j'ai fait un écart! Mais une fois ! Et pour la bonne cause! C'était pour me réconcilier avec le père de Mérilyne. Je pense que Deos ne m'en tiendra pas rigueur. Ce n'est pas moi qui lui ai proposé, c'est lui qui m'a offert ce whisky, après tout. Refuser dans un moment pareil eut été malvenu. Et si en plus, le whisky était bon,...

Geste de la main d'agacement, puis nouvelle rasade de tisane.

Oui, bon ça va. Je suis allé à confesse et j'ai demandé pardon pour cet écart. Tu es bien moralisateur depuis que tu es mort! C'est peut-être parce que c'est mon esprit qui te souffle les réponses que tu me donnes!

finit sa tisane et se lève.

Bon, il va falloir que je m'en retourne. C'est qu'il reste du travail à faire. Il en va de même pour la milice d'ailleurs mais les choses progressent bien. Tu aurais été heureux d'être là pour constater l'esprit de corps qui règne parmi les volontaires. Je ne me suis pas rendu moi même au camp d'entraînement mais les rumeurs vont bon train en Halle. Si seulement, cette camaraderie pouvait se retrouver en dehors de la perspective de lutter contre un ennemi commun. La guerre est sujet de gloire en ce monde. C'est d'ailleurs ce qu'un Orthezien revenu d'un long voyage n'a cessé de proclamer en halle ces derniers temps. Il voulait fonder une armée Orthézienne, te rends--tu compte!

Mais contrairement à ce que certains ont pensé, il était animé de bonnes intentions, j'en suis convaincu. Mais les bonnes intentions ne l'empêchait pas de glorifier le combat. Tu sais, il fait tout cela par amour fraternel. Là, encore, cela me ferait presque pleurer: quand le vice se mêle à la vertu, la guerre devient offrande fraternelle!


soupire en s'éloignant, après avoir nettoyé l'allée des restes de son petit feu et avoir rangé dans sa besace le chaudron.

Il ne fait pas bon être un semeur de paix quand le vent est à la guerre... O tout puissant, prends soin de Tes enfants. Préserve les du Mal!

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Aphykit
[Les jours passent et se suivent, monotones... ]

Aphy passait la plupart de ses journées à creuser les sombres galeries de la mine sous le regard attentif du contre-maître, le reste du temps à se terrer dans son atelier, volets clos, à lire. Pourtant, au sortir de la mine, la pâle lueur des rayons du soleil l'incita à s'attarder un peu pour en profiter. Les bruits de la cité, les odeurs qui s'échappaient des cuisines, l'agitation, la fébrilité des uns et des autres l'étouffèrent rapidement.
Elle s'éloigna des places en quête d'un endroit où profiter du soleil. Un instant, elle songea au verger mais écarta l'idée d'un revers de la main. Trop de couples devaient s'y presser pour profiter d'un instant d'intimité.
Elle ne savait où aller et se laissa guider par son instinct.
La grille du cimetière s'offrit à son regard après quelques minutes de marche, grille qu'elle poussa. Elle n'avait pas de mort à visiter ici, néanmoins, elle trouva le lieu propice à ses méditations.

Elle parcourut les allées, laissa son regard se poser sur les noms qui ornaient les stèles de marbre. Toutes les vielles familles orthéziennes avaient en ce lieu leur histoire, leur mémoire.
Emportée par le tourbillon vertigineux de ses pensées, elle dut prendre appui contre un chêne ancestral, elle inspira profondément. L'air frais, presque froid gonfla sa poitrine, lui rappela que l'hiver était toujours là.

Elle songea à ses amis morts, ceux qui l'avaient abandonnée au bord d'un chemin, ceux qui avaient renoncé aux premières difficultés. Pourtant, elle n'éprouvait ni regret, ni remord ... le temps avait fait son oeuvre.
Elle songea à sa famille, ce père, cette mère qu'elle avait dû avoir. L'avaient-ils chérie ? Elle ferma les yeux, la peau de son visage offerte à la caresse apaisante des rayons hivernaux.

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Merci à JD Lou Audrea
Brennach
Il avait manqué son rendez-vous du mois de mars! Voilà qui était impardonnable. Pour se racheter, il redoubla d'efforts dans l'entretien des allées et des tombes qu'il fit en ce début d'avril qui accueillait enfin le printemps. Si le soleil tardait à se montrer, mauvaises herbes et chardons eux n'avaient point attendus pour être de la fête. Le curé dut bien s'activer toute la matinée pour en venir à bout. Une fois son labeur achevé, il vint s'asseoir prêt de la tombe de son ami et déboucha une bouteille de Jurançon. Puis à son habitude, il en versa un godet pour son ami défunt qu'il déposa sur la tombe, se contentant pour sa part de boire au goulot, non sans avoir au préalable lever la bouteille vers le ciel, pour trinquer.

Je bois à ta santé, où que tu sois mon ami. Quoique je ne doute pas que tu te portes mieux que moi, sacré veinard!

Petite gorgée avant de reprendre, non sans s'être essuyé les lèvres d'un revers de manche.

Tu dois m'en vouloir de ne pas être venu le mois dernier et tu as bien raison. Je pourrais invoquer le Carême qui m'a un peu retourné l'esprit. Renoncer au plaisir de l'ivresse d'un bon Jurançon ne fut pas chose aisée, crois-moi. Je pourrais également te parler de mes inquiétudes pour Novi et Corenn qui se sont fait attaqués par des brigands. Oui, c'est la saison, ils pullulent sur nos routes. Apparemment, ils seraient envoyés par le Roy de France en personne!

Petit temps d'arrêt pour méditer sur cette rumeur.

Comme tu le dis, il n'y a plus de saison! Mais que ce soit la vérité ou pure fanfaronnade de bandits de grands chemins, je trouve la situation désolante. Prendre les armes contre notre souverain, prendre les armes tout court, ne m'apparaît pas comme la solution menant à la paix, contrairement à ce que certains militaires aiment à penser. "Qui veut la paix, prépare la guerre". Foutaises oui... Moi je dit que l'on sait que la guerre ne sera jamais la dernière tant qu'on verra ici ou là défiler l'ombre d'un soldat*...

Petit soupir, grosse rasade.

Enfin, il faut bien se défendre. Je ne laisserai pas ceux que j'aime se faire blesser par qui que ce soit et ce, quelque soit l'étendard de l'agresseur, fut-il romain. Et puis, la milice d'Orthez démontre bien que la notion de frères d'armes n'est pas un vain mot. Comme l'humain est pétri de contradictions: devoir trouver la fraternité dans le fracas des armes. Rien de tel pour souder une amitié qu'un bon ennemi! Si ce n'est pas malheureux, tout de même.

Petite grimace puis reprend son monologue.

Et tout cela pour quoi? Pour ne pas avoir prêté allégeance à un souverain élu? Sur quel motif? Parce que Rome le demande? Mais que diantre vient faire Rome dans les affaires des Hommes? Les cardinaux me semblent bien loin des préoccupations des Fidèles qui subissent les effets de leurs jeux politiques. Pourquoi prêcher la haine et la Croisade? Ce n'est pas notre rôle. Ce n'est pas ma vocation...

Un regard triste baissé vers le sol, perdu dans de sombres pensées.

Je crois que la comtesse Azilize et le Conseil se sont trompés, en pensant bien faire, assurément. Mais je ne crois pas que l'"hérésie" prétendue du Roi, même s'il était Réformé, mérite de partir en guerre contre lui. Les citoyens du Royaume de France l'ont élu après tout. Et puis, les aristotéliciens se doivent d'user d'autres armes que les armes terrestres. Rome serait-il un comté comme les autres ou notre haute autorité spirituelle? De quoi avons-nous peur en acceptant de laisser prêcher la Réforme? Que les Fidèles se détournent de l'Eglise Romaine? Cela ferait-il d'eux des mauvais aristotéliciens ou de nous une mauvaise Eglise? Si nous n'avons que la force à opposer au manque de confiance des Fidèles, avons nous encore le droit de prétendre être une Eglise?

Cela sentait bon le roussi du bûcher et Brennach se tut. Il était bien amer. Il restait fidèle à son Eglise mais ne comprenait pas la violence déversée sur les Réformés. Ou plutôt il ne la comprenait que trop, et cette violence lui semblait bien peu issue de sentiments vertueux. Il laissa le sujet pour s'enivrer d'une nouvelle rasade.

Mais je te laisse avec ça. Je sais bien que ce n'est pas ton premier sujet de préoccupations. Mais par contre, tu seras peut-être intéressé de savoir que j'ai rejoint la liste comtale de Marmont.

Se retourne vers la pierre tombale et dit en souriant:

Cesse de rire veux-tu? Je t'entends d'ici bas. Oui, j'avais promis de ne plus mettre un pied, ne serait-ce qu'un orteil dans les affaires comtales. Et dans la mesure où j'ai demandé explicitement à être dans la seconde moitié de la liste, j'espère bien que je ne serai pas élu. Par contre, je ne pouvais pas laisser s'achever l'aventure de Marmont et son équipe. Pas pour une bête histoire d'inéligibilité.

Sourire en coin de nouveau:

Je soupçonne ce grand escogriffe de tatoueur de m'avoir un peu forcé la main en prétendant n'avoir personne d'autres, mais c'est de bonne guerre. Et puis, j'avais envie de lui témoigner mon soutien. Officiellement, je veux dire. Evidemment, j'ai mis des écus pour soutenir sa liste et je l'ai encouragé en taverne, mais ce n'est pas forcément visible ça. Là, au moins, c'est clair.

Nouvel pause, songeur.

J'espère que ce n'est pas une erreur. J'ai toute confiance en Marmont, j'entends, tu l'aimerais bien si tu étais encore là, je te l'ai déjà dit. Mais étant donné les bouffeurs de curés qui l'accompagnent, je ne sais pas si je suis le meilleur soutien pour lui. Enfin, je crois en son projet de Navarre indépendante du Roy et de l'Eglise. C'est la meilleure voie pour établir une terre de tolérance religieuse. J'irai prêcher à Rome s'il le faut mais je ne me tairai plus. Je me suis tu quand les Réformés ont quitté le Béarn sous les vivats d'aristotéliciens rigides dans leur Foi ou dans le silence de la majorité. Mais je ne me tairai plus. A défaut d'être utile, au moins serai-je en paix avec ma conscience.

Finit la bouteille d'une longue rasade, puis se relève.

Allez mon ami, le devoir m'appelle. Promis, je ne te ferai pas faux bond pour notre prochain rendez-vous. Je te raconterai comment tout cela se termine... ou commence, si nous avons de la chance.

Dernier salut et signe de croix avant de repartir vers son échoppe ou l'attendait une échelle, à demi-confectionnée qu'il devait remettre à la mairie.
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Merilyne
Depuis quelques semaines, passant son temps à voyager dans le Béarn entre Orthez et Lourdes que la belle Mérilyne en avait oublié de se recueillir sur les petites tombes de ses cousins et cousines.
Au levé du jour , après s'être enfin préparée, Mérilyne prit le chemin du cimetière.Arrivée dans la grande allée,prenant sur la gauche afin de retrouver la plaque marquée des noms de Galaor,Mary ainsi que Mily , elle s'accroupie puis récita une prière pour le salut de leur âme reprit trop tôt.
Elle savait que sa tante Mitzi avait encore à ce jour du mal à accepter cette perte douloureuse.
En repartant elle s'arrêta devant d'autre plaque se souvenant des personnes qui résidaient dans leur dernière demeure, puis repartit dans sa petite chaumière .
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Brennach
Affairé dans l'étude des textes sacrés, Brennach n'avait plus guère consacré de temps à l'entretien du cimetière ces derniers mois. Au printemps, les herbes avaient repris leurs droits et à l'été désormais venu, elles prenaient leurs aises sur les allées et autour des tombes.

Retroussant ses manches et s'armant de courage, le curé d'Orthez se mit à l'ouvrage. Il lui fallut bien toute la journée afin d'en venir à bout. Après ce dur labeur, à la nuit tombée, il vint s'arrêter quelques temps sur la tombe de son vieil ami Desio.


Adishatz l'ami,

Tu pensais que je t'avais oublié? Rassure toi, il n'en est rien mais j'ai laissé passé le temps et avant que je m'en rende compte, deux lunes avaient déjà tracé leur chemin dans le ciel. Je sais que tu ne m'en tiendras pas rigueur, mais tout de même, je voulais t'adresser mes excuses. Je tâcherai de ne pas attendre aussi longtemps avant ma prochaine rencontre.


Le curé s'assoit sur la terre battue du sentier et poursuit:

De ces deux mois écoulés, je n'ai pas grand chose à te dire. J'ai passé la plupart de mon temps à étudier. Les évènements cependant se sont bousculés dernièrement: mon nom figurait de nouveau sur une liste comtale, je ne pouvais pas ne pas soutenir Varden et Aphykit. Le Roy est mort et les élections royales qui se profilent semblent promettre la fin des conflits, à l'exception d'une ou deux candidatures. Espérons que ce ne sont pas celles-ci qui retiendront les suffrages.

Ceci dit, pour la Navarre, la messe semble être dite. Elle ne sera point à l'image que la voulait Marmont, que je ne la rêvais. A dire le vrai, ce qui m'attriste le plus, c'est le départ de mon ami pour Muret. Il quitte la scène politique béarnaise pour un temps, espère pouvoir prêcher la Navarre sur des terres plus ouvertes à son discours. L'avenir nous le dira bientôt.


Se relève et époussette son vêtement.

Une dernière chose mon ami, avant de te laisser reposer en paix! J'avais déjà évoqué l'idée de quitter ma charge de curé. Le départ de Marmont me fait réaliser que je ne cesse de tergiverser sans jamais prendre de décisions franches. Pour le meilleur et pour le pire, je vais demander à Monseigneur l'Evêque de me retirer cette charge. Aussi la prochaine fois que nous nous verrons, je ne serai certainement plus curé d'Orthez mais simple prêtre sans affectation. C'est mieux ainsi.

Je pourrai me consacrer au projet de navire que nous portons avec Novi, Corenn et nos amis. C'est un rêve qui permet de tenir face au morne quotidien...

A bientôt, Desio.


Signe de croix aristotélicien et départ dans la nuit vers le presbytère.
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Brennach
[Dans la nuit du 26 au 27 juillet 1461]

Le trajet entre Pau et Orthez s'était déroulé sans encombre et la petite compagnie menée par Brennach improvisé chef de lance s'était dispersée non sans de chaleureux au revoir, chacun fort désireux de retrouver son foyer. Brennach, tenant Grumpf par la bride qui tirait la charette se rendit à la Grange des poètes.

Bah, c'était pas ici? Oh, par Deos! Mon vieux Grumpf, je crois que nous voilà sans foyer.

A l'endroit où devait se tenir la grange, quelque poutres noircies tenaient encore à peine debout. Au vent, des cendres se dispersaient encore. L'incident avait dû survenir déjà depuis quelques temps. Brennach marcha un temps dans les décombres, s'agenouillant pour ramasser quelques vélins noircis, non sans verser une larme. Ce n'était pas tant la perte de son foyer qui le chagrinait que la disparition des poèmes laissés là par les Ortheziens ou les voyageurs. Bien entendu, les siens, il pourrait toujours les redéposer quelque part, mais les autres étaient définitivement perdus et cela fit monter en son coeur de troubadour une profonde vague d'amertume.

Il resta quelques temps ainsi, immobile dans la nuit, avant de se resaisir. Ce qui avait été détruit pouvait être reconstruit! N'était-il pas charpentier? D'autres poèmes viendraient peupler la Halle d'Orthez, avec ou sans grange des poètes. Contrairement à l'idée reçue, dans ce cas précis, ce n'était pas les écrits qui resteraient mais les paroles gravées dans les coeurs. Souriant à cette pensée intérieure, Brennach se redressa et guida Grumpf dans les rues d'Orthez, au hasard, pour se ré-aproprier les lieux. Le rythme des claquements des sabots de Grumpf sur le pavé de la cité endormie avait quelque pouvoir ensorcelant et c'est dans une semi-conscience que l'Orthezien se retrouva devant le cimetière.

Là aussi, grande fut son appréhension. Il craint un instant que parti trois semaines, nul ne se soit occupé du lieu et que la nature ait repris ses droits. Une image lui vint en tête:




Fort heureusement, il n'en était rien et le Père Torcal avait pris soin de s'occuper de l'entretien de ce lieu où reposait nombre d'amis cher au coeur de Brennach. Il se rendit sur la tombe de Desio, non sans avoir ôté l'harnachement de Grumpf et l'avoir attaché à un piquet tout confort. Pour les fringales nocturnes de l'animal, il avait toujours du fourrage à l'arrière du charroie.

Arrivé à l'emplacement où résidait pour toujours la dépouille charnelle du compagnon avec qui il avait tant partagé d'aventures ortheziennes, le prêtre dit simplement d'une voix ensommeillée:


Me voilà de retour, mon ami. Tu m'excuseras, mais je suis trop fatigué pour te raconter le périple. Cela devra attendre demain.

Sans autre préalable, Brennach s'étendit dans l'allée, près de son ami, s'enroulant dans une couverture et s'endormit avec le ciel étoilé au-dessus de sa tête...
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Brennach
Brennach s'avança dans les allées de bon matin. Il s'occupa de quelques mauvaises herbes tentant de prendre possession de la demeure éternelle des Fidèles reposant là et se dirigea ensuite sur la tombe de son ami. Il s'assit et déboucha une bouteille, déposa deux godets sur la pierre tombale et les emplit. Il resta un temps à contempler l'épitaphe de celui qui fut un maire respecté et dévoué de la cité mais surtout un compagnon trop vite parti.

A cette pensée, Brennach soupira de nostalgie et brisa enfin le silence. D'une voix chargé d'émotions, il s'adressa au défunt:


Mon cher Desio,
Je sais que je suis en retard mais tu n'es pas pressé de toutes les façons! Je devais te raconter la campagne militaire de reprise du casteth mais entretemps, il s'est passé tellement de choses dans ma vie.


Petite pause, songeur.

A la réflexion, non. Il ne s'est pas passé grand chose, mais un choix a tout bouleversé et c'est suffisant pour que rien ne soit plus pareil.

Sourire amusé. Il descend un godet et verse l'autre sur le sol. Puis les emplit de nouveau du nectar vermeil.

A ta santé, mon ami! Et aux choix qui façonnent notre existence!

Mais commençons par le commencement. La campagne militaire contre la Memento Mori.


Léger moment d'arrêt pour rassembler ses souvenirs puis il se met à conter ce récit:

Tu imagines bien que je n'étais pas très enthousiaste à l'idée de rejoindre une armée. Elles ont toujours été synonyme de guerre et donc de morts. C'est tellement évident que certains l'oublient parfois. Quoiqu'il en soit, je me suis laissé convaincre car je ne voulais pas abandonner mes amis, de peur qu'il leur arrivât malheur lors des batailles. Tu me diras, n'étant pas un bon combattant, à quoi je pensais?

Tu a bien raison mais je tentais de contribuer à ma manière, par des bénédictions, par de l'aide aux soins des blessés, ce genre de choses. Au final, ce fut surtout une longue attente. Nous sommes d'abord parti sur Auch pour trouver des renforts. Là, nous nous sommes retrouvés sur un champ de bataille opposant royalistes et gens du Sud. Je me sentais totalement dépassé par les évènements. Je me contentais de suivre les ordres, comme un pion.


Regard dans le vague, grimace et continue:

Note bien que je ne doutais pas de la justesse de la cause de notre armée. C'est juste que chercher solution par les armes a toujours un prix sanglant que je ne supporte pas de voir payé, quelque soit la cause. Et sur Auch, c'était pareil: je crois en la Navarre, même si elle est mourante ou morte-née selon certains, mais devoir sacrifier tant de vies pour y parvenir, cela a-t-il vraiment un sens? D'autant que dans le même temps, le roi Eusaias était mort et qu'avec l'élection du nouveau Roy, ces combats n'ont plus de sens.

Les braves gens venus défendre les provinces du Sud sont-ils morts pour rien? Les soldats de l'armée royale n'obéissant qu'au devoir envers celui qu'il considérait comme leur suzerain méritaient-ils vraiment de mourir? Je ne pense pas et pourtant beaucoup moururent. Et désormais, les alliances changent et les conflits passés sont remplacés par de nouveaux... C'est un cercle de violence sans fin...


Nouvelle rasade de Jurançon avant de poursuivre:

Mais je m'égare. Pour revenir au récit, nous sommes restés quelques semaines sur Auch avant de revenir sur Pau, prêt à en découdre avec le Prince Namay et son armée. L'attente avait si longue que nous étions prêts à tout pour enfin y mettre fin. Et ce fut une petite troupe de voyageurs qui en fit les frais. Fébriles, les sentinelles sonnèrent l'alerte à leur approche et avant de comprendre ce qu'il en était, les voyageurs étaient taillés en presque. Je participais au massacre...

La tête dans sa main, Brennach laissa couler de longs sanglots trop longtemps retenus. Il ne pourrait jamais se pardonner cet acte si contraire à tout ce en quoi il croyait. S'il n'avait par miracle reçu aucune blessure physique, cette cicatrice demeurait sur son âme, indélébile. Après un long moment, il se reprit enfin et après une nouvelle rasade, put continuer:

Fort heureusement, je n'avais pas d'épées et mes talents de guerrier étant ce qu'ils sont, je n'ai blessé personne. Mais j'aurais pu, tu sais. Je frappais aveugle, obéissant aux ordres, sans me poser de questions, marionnette sans âme devenue instrument de destruction. Les voyageurs m'expliqua-t-on par la suite étaient suspectés d'actes de brigandages, commis dans le passé. Mais pour moi, cela n'enlevait rien à l'affaire. Je n'étais pas ici pour occire du brigand mais pour rendre au Béarn son Conseil légitimement élu.

Nouveau temps d'arrêt, pour laisser passer la colère qu'il sentait monter. Il n'avait pas conscience de cette dernière qui était là, tapie depuis tout ce temps. Oui, il avait le sentiment d'avoir été utilisé, et en ayant donné son accord en plus. C'est contre lui avant tout qu'il ressentait cette colère. Jamais il n'aurait dû s'embarquer dans cette aventure. Mais il était trop tard pour renier ses actes.

Par Deos, s'ils furent grièvement blessé, la plupart purent s'enfuirent, vivants. Le hasard a voulu qu'ils se réfugient à Orthez et que j'ai la chance de leur demander pardon par la suite. Il semble m'avoir en partie pardonner mais je ne sais si je le pourrai moi-même Desio. J'ai souillé l'aube que je portais et je ne peux rejeter la faute sur personne: ce sont mes choix qui sont à l'origine de cette souillure.

Nouveau moment de silence. Soupir et reprise du récit:

Enfin, après cet épisode désastreux, nous arrivâmes devant Pau. Les armées se regardèrent en chien de faïence pendant plusieurs jours et finalement, un accord fut trouvé qui permit d'éviter le conflit sanglant. L'armée Memento Mori put quitter le Béarn et le château fut repris. Je ne remercierai jamais assez l'Ordre Teutonique pour l'action qu'il a joué dans ce dénouement. Varden également sut prendre la bonne décision, alors qu'on lui avait pourtant fait avalé bien des couleuvres. Mais c'est un homme juste qui ne s'est pas laissé aller à la vengeance, puisque celle-ci aurait signifié la mort de nombreux béarnais dont il avait la charge, en tant que Coms.

Sourit en pensant à son ami:

Cela ne fut pas sans frustration des deux côtés, tu t'en doutes. Un soldat a toujours envie d'en découdre. Mais le résultat était là, enfin le Béarn allait pouvoir retrouver la paix. Du moins, c'est ce que l'on croyait. Nous sommes rentrés chez nous, c'est là que je suis revenu te voir au cimetière et que j'ai constaté que la grange des poètes avait brûlé.

Le Conseil de nouveau en place a commencé à se mettre à l'ouvrage mais le Prince n'est pas parti sans menacer de revenir et des légions de brigands se sont amassées à nos frontières et dans les cités, annonçant quelques terribles nouveaux combats. Pour le coup, nous les attendons toujours ces combats. Et j'espère qu'ils n'auront jamais lieu. Ceci dit, prudence et mère de sûreté, et nous avons passé les dernières semaines sur les remparts, à assurer la défense des cités. Enfin, c'est ce que nous avons fait sur Orthez, je dois avouer que je ne connais pas vraiment la situation des autres villes.


Il remplit une nouvelle fois les deux verres et pratique le même rituel, vidant l'un d'entre eux sur le sol pour son compagnon défunt.

Après ça mon ami, nous en arrivons au choix qui change mon existence. Mais si tu veux bien, je faire une petite pause avant de reprendre.

Sans autre forme de procès, il s'allonge dans une allée entre deux tombes et profite de la douceur de la journée, cuvant son vin et tournant son esprit vers d'autres cieux.
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--Minibrennach
[Quelques jours plus tôt, après une sieste au cimetière]

Après une longue sieste, Brennach se réveilla. On dormait bien au cimetière, assurément. La question était de savoir si on se réveillait tout aussi bien, et là, c'était moins évident. La tête de l'ancien curé bourdonnait. Il avait la langue pâteuse des lendemains de fête. Pourtant, il n'avait rien à fêter, bien au contraire. Enfin, il devait la suite de son histoire à Desio, et il ne se défilerait pas, même si ce dernier était mort. Se tournant vers la tombe, une main massant son crâne dans lequel tambourinait mille et un fantassins en colère.

Par Deos, qu'il est difficile de revenir au monde quand on préfèrerait demeurer dans celui des songes. J'ai rêvé, mon ami, au temps où nous étions arrivé sur Orthez. T'en souviens-tu? J'étais jeune de trois hivers de moins à l'époque. Et ... enfin, rien ne sert de te conter le passé, tu le connais tout aussi bien que moi.

La migraine rend aigri et dans une grimace de douleur, Brennach tenta de continuer:

Je t'avais dit que je te parlerai de mes choix. Je vais donc le faire maintenant, mais tu m'excuseras si je ne m'étends pas car il m'est pénible de discuter quand tempête souffle sous mon crâne.

Un temps de silence, laissant passer la pointe de douleur, et il reprit:

Après cette campagne militaire, je n'étais plus le même. Ce qui a été fait ne peut être défait. J'ai essayé un temps avec la taverne de me racheter mais cela ne suffisait pas. Je ressentais un vide dans mon coeur et en même temps que ce vide, son absence à elle me rongeait. C'est là que j'ai compris. Je l'aimais encore, de cet amour interdit et impossible car jamais elle ne me verrait autrement qu'un ami. En outre, plus personne ne la voyait plus en Halle ou en taverne. Elle mène vie de recluse ses temps derniers.

Je me suis laissé alors à la mélancolie. D'autres plus courageux aurait tenté de lui parler ou tout au moins de lui écrire. Je ne suis pas ces autres. En plus, je ne voudrais point lui causer l'ennui du refus qu'elle devrait m'adresser. Car je sais qu'elle en serait la première chagrine de dire non à un ami...


La migraine était partie, remplacée par une douleur plus vive dans la poitrine celle-là.

Alors que j'étais à l'agonie, ne pouvant me confier d'un tel secret à personne, je songeais à rentrer en prendre congés chez les moines. Il était fort probable cette fois que je m'y laisse mourir... Je sais, c'est un pêché, mais que veux-tu? Je suis un pêcheur...

Larmes aux yeux, libératrices, il continue entrecoupés de sanglots:

Mais là, des amis ont su me redonner la force de continuer en me montrant l'évidence: il valait mieux renoncer à ses chaînes plutôt que de mourir. Je ne voyais nulle sortie à mes ténèbres car je me refusais à laisser mes responsabilités. Mais ces responsabilités me tuaient à petit feu. Et dans la mort, je les aurais abandonné de toutes les façons!

Fort de cette révélation, j'ai alors commencé par fermer mon échoppe et ma taverne, puis mettre en vente mes champs. Sentiment de liberté grisant.

Puis, j'écris à Monseigneur David pour lui faire part de mon souhait de renoncer à mes voeux. Il me répond qu'il comprend et me souhaite bonne chance.

Une fois cela réalisé, je me sentais comme libéré d'un poids. Je me mis à faire des projets: partir sur les routes pour jouer des pièces de théâtre et conter de la poésie, la rencontre de soule qui se déroule actuellement.

Là encore, ce fut à l'aide de mes amis, enfin de ceux présents en cette fameuse soirée libératrice en taverne. Et à ceux qui acceptèrent et comprirent ma décision. Ce ne fut pas le cas pour tous, malheureusement...


Les larmes ont cessé progressivement, ne reste plus désormais qu'un visage grave et une voix chargée de tristesse:

Et par conséquent, je pris la décision de quitter Orthez. Je ne peux rester si l'on doit se quereller et au vue de notre dernière rencontre, je crois qu'il est difficile qu'il en soit autrement. Alors, je vais laisser ma grange et m'installer à Mauléon car Varden m'y accueille bien volontiers.

Se relève et chasse de ses vêtements la terre accumulée pendant la sieste.

Bien évidemment, cela implique que je vienne moins souvent sur ta tombe, mon ami. Mais je repasserai de temps en temps, nul doute. Orthez étant cité vivante, mon départ ne se remarquera pas ou sera vite oublié par de nouvelles venues. C'est à moi avant tout que la cité va manquer. Alors tu peux être certain que j'y reviendrai plus souvent qu'à mon tour.

Pour l'heure, je te dis au revoir cher Desio. Prends soin de nos amis depuis le Soleil.


Et Brennach s'en repartit.
Brennach
Brennach ne pouvait se rendre sur Orthez sans s'arrêter sur la tombe de son ami. Il franchit le seuil du cimetière et il réfléchit à l'état d'esprit dans lequel il était quand il avait franchi ce même seuil, un mois plus tôt. Quelle transformation en si peu de temps! Une lune avait suffi pour qu'il retrouve le goût plein et entier à l'existence.

Cheminant en même temps que ses pensées à travers les allées qu'il aurait pu arpenter les yeux fermés, le troubadour se retrouva devant la tombe de Desio. Il déposa les deux verres près de la tombe et trinqua avec la bouteille sur la croix.


Bien le bonsoir mon ami,
Nous allons boire à ta santé, là où tu es, elle doit être excellente! Et au bonheur, si tu le veux bien! Car, figure toi, chose étrange en ces temps troublés, je suis heureux. Vraiment heureux. Au point de pouvoir tout affronter avec le sourire aux lèvres tant qu'Elle ne quitte pas mes pensées! Et oui, mon ami, je suis amoureux. Mais cette fois, l'autre m'aime en retour. Et crois-moi, cela fait toute la différence!


Ouverture de la bouteille, versement du précieux nectar dans les deux godets, un verre renversé sur la terre près de la tombe pour son ami, un autre dans sa main, pour le savourer.

C'est une sensation exaltante, qui donne des ailes, et sans Raide Bulle! Je me demande si cela améliore les performances au jeu de soule. Faudra essayer. D'un autre côté, dans la mesure où je rencontre des difficultés à penser à autre chose qu'à elle, j'en doute un peu. Il faudra essayer.

Petit rire, libérateur. Puis, il reprend, plus grave:

En attendant, les ortheziens semblent beaucoup se quereller. Tu me diras, entre béarnais, c'est naturel. Les gens du Sud ont le sang chaud et le verbe haut. J'espère que c'est seulement cela. Je me sens infidèle, tu sais.
Infidèle envers mes amis restés à Orthez,
Infidèle envers la cité que j'ai quitté,
Infidèle envers l'Eglise, mais je préfère ne pas trop y penser,
Infidèle enfin, envers Elle. Enfin pas Elle de Mauléon, Elle d'Orthez. Avec Mérilyne, j'ai été honnête et si je ne me pardonnerai jamais complètement de lui avoir brisé le coeur, pour le moins, nous sommes parvenus à demeurer ami. Envers Elle, j'ai un sentiment d'inachevé. J'aurais dû lui révéler mes sentiments. Mais maintenant, il est trop tard. Il n'existe plus de place dans mon coeur pour d'autre amour que celui que j'éprouve aussi intensément.


hausse les épaules et finit son godet d'un trait.

De toute les façons, elle n'en sait rien. C'est probablement mieux ainsi. Je vais repartir dès ce soir, mon ami. Mais je reviendrai sous peu. Nous organisons des jeux d'automne qui débute la semaine prochaine. Mauléon contre Orthez, figure toi. Et je joue pour Mauléon. C'est un sentiment amusant. Quoiqu'il en soit, je reviendrai dans la cité à cette occasion, et je repasserai certainement te voir.

A bientôt, donc.


Petit signe de la main en direction de la croix, ramasse la bouteille à moitié vide, ainsi que les verres, les replace dans la besace, puis s'arrête à quelques autres tombes, notamment celles des enfants de Mitzi. En sortant du cimetière, il a une dernière pensée: il aura passé plus de temps à rendre visite aux morts qu'aux vivants lors de ce premier retour. Il faudra remédier au déséquilibre la prochaine fois. Puis, il s'en repart dans la nuit, souriant et confiant en l'avenir.
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Gorianne_
Gorianne en ce village n'a fait que passer, simplement tel une petite fée .Alors comme il se doit en ce lieu froid elle y vient voir pour y trouver un toit.

Ho vous me direz tous tant que vous êtes en ce trou de terre qu'il n'y a pas encore de place pour moi

Mais je ne m'y fie guère car en vérité j'y pense déjà.


Doucement entre les allées , elle marche à petit pas, se protéger du vent qui la gifle aussi fort que la vie depuis des mois.
Mais sa vie est bien peu de chose et en cet endroit c'est un peu d'amitié et de réconfort qu'elle est venue chercher.
Elle a bien vu Brennach s'y glisser quelque fois, même que certain soir il titubait parfois..mais qu'importe lui pourrai l'écouter, lui ne demanderai rien en échange, ni sa vie ni son âme.

Ses yeux se plisse sous la brise


-mais ou est il donc passé ? je l'ai vu entrer mais point ressortir...il avait l'air bien plus joyeux qu'à l'ordinaire, il a bien de la chance la dernière fois il ma dit qu'un jour je finirai par trouver ce que je cherche ....

et si j'en avais assez de chercher?


Doucement le long d'une grande croix en pierre Gorianne s'est assise, recroquevillé tel une statue, elle laisse le froid l'envahir.

Qu'importe puisque tendresse n'est qu éphémère en cette vie de misère.

Ses yeux se ferment et dans le silence elle entend le monologue de son ami; à qui parle t il?


Entendant ses dires elle ne veux pas l'importuner, il a enfin trouver la lumière alors que aurore l'obscurité...
--Suisel.
Quelques semaines plus tard..

Les jours se suivaient. Se lever, aller chasser, dépecer, manger, vérifier les provisions, trouver de quoi s'occuper, manger, dormir. Ses journées étaient joliment chronométrées, pleines d'habitudes, même si la chasse lui procurait un plaisir intense, un de ceux qui nous occupe l'esprit et nous maintient en forme. Mais aujourd'hui, elle décida de faire un tour à Orthez. Elle avait flâné dans le marché, avait sourit en voyant l'atelier d'Aphy, se remémorant quelques souvenirs.. Puis avait débarqué au cimetière. Elle regardait les tombes, quelque peu intriguée de découvrir ce lieu qu'elle ne connaissait pas. Elle marchait dans les allées, regardant ça et là les noms des personnes enterrées. Personne qu'elle connaissait. Haussant les épaules, elle déambula comme cela, au gré de ses pas, s'arrêtant au passage sur quelques tombes, trouvant le nom amusant ou la forme de la tombe intéressante..
Aphykit
[Nuit de tempête, quand le vent entraîne la pluie dans la plus folle des farandoles...]

Des éclairs zèbrent le ciel noir d'une nuit sans Lune, les nuages se pourchassent jusqu'aux lointaines Pyrénées. Le fracas étourdissant de la vengeance divine l'arrache à sa paillasse, à quoi bon tenter de dormir quand les éléments se déchaînent ! Plus loin dans la venelle, elle distingue le bruit d'un volet battant, tandis que le vent siffle de sa voix stridente.
D'une geste vif, elle se lève, récupère sa cape, noue avec soin le cordon autour de son cou, recouvre sa noire chevelure de la capuche, sort. La pluie la frappe au visage, douche bienfaisante pour ôter les souillures déposées par la médiocrité.

Elle pose un regard sans complaisance sur les jours qui viennent de s'écouler, regard triste et sombre. Est-ce donc cela, le renouveau ? Médiocrité, bassesse, vulgarité copulent sauvagement pour enfanter le vide. Elle accélère le pas, ses rêves sont morts, une nuit d'automne, foudroyés par un "je ne sais quoi... " qui revêt la forme de son plus terrible ennemi, celui qui l'a toujours guettée : l'ennui. Cette fois, il est agrémenté d'une étrange sauce, peut-être béarnaise, bien qu'elle ait l'impression que la saveur en est beaucoup plus commune et ordinaire.
Une rafale plus violente que les autres lui ôte sa capuche, offrant davantage encore son visage aux bienfaits de cette douche. Elle dénoue ses cheveux trop longtemps retenus prisonnier du carcan de la bienséance, elle libère tant de choses refoulées, son pas s'accélère pour se muer en une course folle.
Son pied glisse sur la pavé, son souffle se fait court, genou écorché alors que le sang coule sur sa jambe, elle reprend sa folle course.
S'éloigner de tout cela, pour retrouver vie et envie. Déjà les champs, l'odeur de la terre détrempée l'enivre, ses bottes s'enfoncent dans la boue, rien ne ralentit sa course. Dans sa poitrine, son coeur bat à tout rompre, sur ses joues les larmes sont noyées dans la pluie. Une racine, nouvelle chute, ses braies boueuses à présent entravent sa course, elle continue, éperdue de cette Libertad qu'elle a tant chérie.


Libertad * !

Un hurlement s'échappe de ses lèvres, hurlement ou simple murmure d'agonie, elle ne saurait dire... le vent assourdit, le vent rend fou, le vent balaie. Les feuilles s'arrachent des arbres, le camaïeu aurait pu être doux, mais tout n'était que violence.
La grille du cimetière apparut dans un éclair. Signe prémonitoire de sa destinée ? Elle pénétra dans ce lieu qu'elle avait souvent fréquenté lorsqu'elle recherchait calme et solitude. Elle s'oubliait dans la contemplation des tombes alignées, ici se mêlaient passé, présent, ici finalement, on pouvait envisager l'avenir. Une tombe, la pierre sombre l'attira, et c'est hypnotisée qu'elle s'y étendit.

Autour d'elle, il n'y avait personne. Seule la nuit et la tempête l'accompagnaient en cette nuit. Seraient-elles les témoins de son ultime défaite ? Ou d'un sursaut venu d'on ne sait où, d'une nouvelle victoire sur ses propres démons ?

Le froid la pénétrait déjà, tandis qu'elle gisait, bras en croix sur l'étrange sépulture de pierre noire, la pluie lavait les souillures. La noierait-elle en pénétrant sa bouche ?


Libertad * !


* Liberté, bien entendu !

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Merci à JD Lou Audrea
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