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[Atelier/Boutique] Le parfum d'Aphrodite

Ambre_m
Le sourire toujours accroché à ses gourmandes à l’expression de surprise de la présente quand elle s’annonça comme la Dame de Monmouth, son esprit venant lui rappeler pendant un bref instant les soupirs paternels d’une enfant qui n’en faisait qu’à sa guise et ne supportait que moyennement l’univers de la Noblesse et toutes les fioritures qui l’entourait comme un vulgaire paquet cadeau. Très tôt elle avait voulu être émancipée à ce monde, préférant se perdre au cœur des jardins ou courir dans les vignes plutôt que de faire la grue au milieu d’un salon bondé de personnes se vouant presque une guerre féroce de qui aura la plus belle tenue de parade, les années s’étant écoulées ce jour elle arguait encore son indépendance même si quelques efforts avaient été mis en place pour satisfaire son vieux père, mais l’heure n’était pas à se perdre dans les souvenirs colorés de l’enfance.

Dodelinant un instant la tête pour refaire surface au cœur du présent, elle n’eut pas le temps de reprendre la parole que Lucas annonçait sa présence au sein de la Lyre, se déportant quelque peu pour permettre à son regard de déambuler de l’un à l’autre, le silence toujours respectueux elle ne stoppa pas l’échange, laissant ses affutés noter quelques détails quant au comportement des deux avec une petite impression qu’un quelque chose d’intime les liait l’un à l’autre, mais elle n’était point en ce lieu pour jouer la curieuse et naturellement elle enchaina à la suite de leur conversation.


- Le jasmin présent dans l’huile que porte Lucas est vraiment évocateur d’invitation sensuelle au cœur d’un écrin de douceur, vous avez du nez je dois avouer.


Petit silence alors que son regard alla de l’un à l’autre pendant un court instant.


- Je vous remercie de l’invitation en un premier temps et je serais ravie de découvrir l’Aphrodite, je dois avouer que non je ne m’y suis jamais rendue mais j’en ai eu quelques échos à une lointaine époque, échos que j’occulterais puisque j’ai bien saisi qu’un vent de renouveau venait de souffler sur les lieux.


Passant son index sur ses lèvres, elle se laissa un temps de réflexion quant à la question de la personne accompagnatrice mais aussi la mise en enchère d’une de ses précieuses.


- Pour la mise en enchère d’une de mes essences, je n’y vois aucune objection cela serait même avec plaisir et puis si un jour l’Aphrodite a besoin de mes services pour s’offrir quelques odeurs raffinées nous ne sommes qu’à quelques rues de l’une de l’autre.


Tournant à nouveau les yeux vers Lucas elle accrocha un bref moment son regard avant de le détourner vers la présente et de poursuivre.

- Pour ce qui est de votre propre découverte des essences, je vous propose de vous faire parvenir un pli dès que ce travail est terminé ainsi j’aurais du temps à vous offrir pour peut-être créer votre propre parfum, qu’en pensez-vous ?

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.elle


    "Avoir du nez", c'était bien la première fois qu'on lui accordait cette qualité, hormis peut-être pour trouver les ennuis là où ils se terraient, mais la chance semblait vouloir lui sourire depuis quelques jours alors peut-être au final.
    Sans interrompre la dame aux cheveux d'or, "Elle" écouta le ton employé et s'amusa un moment de l'index porté sur le velouté carmin, l'hésitation semblait de mise mais sur quel sujet ?
      Je vous remercie mais je n'ai nul talent, je connais juste l'odeur du jasmin et sa douceur.

    Demi-vérité de la part de la galante qui connaissait cette fragrance pour la voir assez souvent associé à ce parfum de rose qu'elle affectionnait tant, et même si l'association des deux donnait un mariage envoutant "Elle" avait toujours préféré la senteur unique et pure de sa fleur fétiche, sans fioriture associé.
      J'ose interpréter votre réponse comme une acceptation de l'invitation, savez-vous me dire si vous viendrez seule ou accompagnée Ambre ?

    Réponse de la parfumeuse très nettement sous-entendue, mais aux dirigeants, la belle à la rose devrait rendre affirmation et non possibilité, alors autant s'en assurer par une petite invitation subtile supplémentaire.
      Pour l'essence à mettre aux enchères, je n'ai pas de doute sur le choix que vous y porterez.
      Vous pourrez l'amener lors de votre venue, ou si vous préférez, un coursier pourrait être missionné pour la récupérer.

    Suivant le regard de la créatrice porté sur le Dentraigues, la brune aux reflets incandescents n'eut pas de mal à comprendre que sa présence allait s'avérer problématique sous peu, et inclina la tête vers la beauté blonde.
      Mon propre parfum...
      L'idée est fort tentante Ambre, je crains hélàs n'avoir l'aisance financière de votre client ci présent.
      Mais faisons donc ainsi, j'aurais grand plaisir à découvrir votre univers et... nous pourrons en discuter plus librement, juste...
      On m'a parlé de sels parfumés provenant de la Lyre.
      Pourriez-vous me faire savoir si vous en avez au parfum de rose, et à quel tarif quand le temps vous en sera donné je vous prie.

    Sourire aimable, "Elle" attendrait réponse à ses interrogations avant de prendre congé et de laisser la créatrice à Lucas et à leurs occupations.

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Lucas.
Elles l’avaient toutes deux complètement mis hors jeu. Elles s’échangeaient les répliques sans qu’il soit invité à participer à leur conversation, l’ignorant presque totalement. En cet instant, elles venaient de lui donner le rôle du voyeur, le laissant simplement observer de loin sans possibilité de participer à leurs échanges et ce, même si toutes les deux avaient conscience de sa présence. Le regard qu’Ambre lui envoya illustrait d’ailleurs parfaitement ce ressenti: « Je vous vois Lucas. Je sais que vous êtes là et que vous ne perdez pas une miette de ce qui se passe mais vous n’avez en aucune façon l’autorisation d’y participer. Contentez-vous donc d’observer. C’est déjà un grand privilège qui vous est ainsi offert sire Maître ». Et que dire de celui de « Elle » qui suivit? « Je n’y suis pour rien Maître. C’est elle qui décide. Vous comme moi devons nous plier à ses désirs pour les satisfaire non? ». Le non-dit… Combien de paix et de guerre au travers de l’Europe se sont déclarées sur des non-dits? Combien de liaisons dangereuses se sont faites et défaites sur eux? Combien de galants en usent et en abusent pour monnayer leurs services?

Cette fois-là, il respecta leurs désirs, ne venant pas interrompre leur conversation, limitant même sa gestuelle à un léger hochement de tête suivi d’un sourire de circonstances lorsque les amandes d’Ambre cherchèrent à percer le voile de ses brumeux, les dirigeant vers « Elle » sans rien ajouter sachant qu’elle comprendrait d’elle-même le message qu’il voulait lui passer.

Il nota au passage l’intérêt de la créatrice pour la nouvelle Aphrodite et il se demanda comment elle percevait les nouvelles orientations que prenaient l’établissement. L’imaginait-elle comme un salon de thé où quelques dames fortunées venaient oublier la monotonie de leur vie en mangeant de petits biscuits et en discutant des potins du tout Paris? Ou l’imaginait-elle comme un lieu qui rassemblait tous les plaisirs que la vie offrait aux personnes aisées? Dans le premier cas, le nom de certaines pièces risquaient tout simplement de la surprendre. Si l’Aphrodite changeait de parfum, elle gardait tout de même certains penchants de sa défunte soeur.

A quoi pensait-elle lorsque « Elle » finalisa le dépôt de l’invitation? Sa réponse était effectivement ambiguë. « Je vous remercie de l’invitation en un premier temps et je serais ravie de découvrir l’Aphrodite » …mais? Y avait-il un « mais » ? « mais j’en ai eu quelques échos à une lointaine époque » . Le galant compléta lui-même en silence cette phrase: « mais je ne fréquente pas les salons de thé. Leur menu me donne des aigreurs d’estomac ». Offrirait-elle une de ses créations pour les enchères de la soirée d’ouverture sans pour autant se déplacer? « Elle » perçut également la pointe de doute que souleva la réponse d’Ambre et fut prompte à la faire disparaître. Elle avait bien plus de qualité que celles qu’elle daigna lui présenter le jour de son entrée à l’Aphrodite, c’était indéniable.

Viendrait-elle? Accompagnée ou pas? Et si oui, avec qui? Le Maître ne s’était pas renseigné sur la créatrice avant de mettre les pieds à la Lyre d’Eurydice. La curiosité le poussa à se demander si elle était mariée ou si elle préférait la variété? Quelle qu’était la réponse à cette question, cela ne changeait en rien l’attitude du galant mais l’homme aimait à connaître ce genre de détails. Cela stimulait son imaginaire et le rendait meilleur dans son travail. Était-elle plutôt du genre robe de bure ou atours de dentelle? Avait-elle plus d’ « amis » ou d’ « amies » ? Blond, brun ou roux? Barbu ou pas? Lucas mit rapidement fin à l’avalanche de questions qui déferlait dans son esprit. Ce n’était ni le temps, ni le lieu pour se les poser et ne pas avoir de réponses.

Lorsque la galante demanda des précisions sur les dernières affirmations de la créatrice, Il eut envie d’ajouter: « Rose a raison: acceptez cette invitation. Venez accompagnée de votre époux, de votre amant ou de votre meilleure amie. Nous nous ferons tous les deux un plaisir de vous y accueillir et de vous faire découvrir les délices de la Nouvelle Aphrodite ». Il s’en abstint. Dans cette discussion, il n’avait que le rôle du voyeur.

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Ambre_m
Sourire maquillant toujours ses gourmandes, conservant ses prunelles rivées à ceux de la charmante elle hocha lentement la tête en réalisant qu’elle avait agi comme à son habitude en apportant une réponse floue, sa façon d’être habituelle tout en dissimulation ou plus exactement en protection, comme une crainte muette d’en dire trop et ainsi de se dévoiler.

- Oui je viendrais personnellement avec une création que je nommerais Aphrodite, j’ai déjà l’idée de ce qui la composera, en revanche je ne sais pas encore si je viendrais accompagnée, quand je suis à Paris j’aime y évoluer seule.

Obliquant de sa position elle passa devant Lucas pour ouvrir une armoire dévoilant de gros contenants de verre emplis de sel de bain, laissant ses doigts naviguer dans les airs quelques instants elle vint saisir celui à la Rose.

- Pour vous remercier de votre déplacement mais également m’excuser de ne point pouvoir vous accueillir pour l’heure je vous offre des sels de bains à la Rose.

S’exécutant à la tâche de préparation en des gestes précis et délicats elle emballa dans une feuille de soie le contenant auquel elle joignit une petite fiole d’eau de rose.

- Voilà pour vous j’espère que cela vous plaira, pour les sels utilisez les à petite dose, l’odeur peut être forte distillée dans l’eau chaude.

Stoppant ses mots, ses pupilles allant de l’un à l’autre, avant de s’arrêter sur Lucas lui offrant un sourire plus appuyé en guise d’excuse de l’interruption de leur échange.

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Lucas.


- Seule? Que voilà une bien étrange idée pour une jolie dame! Paris regorge de gentils damoiseaux prêts à se plier en quatre pour séduire les jolies dames. Alors quand en plus elles ont de l’esprit et un talent d’artiste…


Donnez-lui un fil de votre chandail de laine et le Dentraigues va tirer dessus jusqu’à le détricoter entièrement, mettre votre corps à nu autant qu’il le peut. Il était d’une curiosité presque maladive, ne résistant pas pas à l’idée de connaître, même le plus insignifiant des détails. Aussi, lorsque ses esgourdes entendirent que la créatrice de l’Aphrodite préférait vivre seule à Paris, il décida d’en savoir un peu plus.

- Si jamais l’envie vous prend un soir de converser ou de vouloir partager un verre du meilleur vin de Bordeaux ou de Bourgogne, passez donc à l’Aphrodite. Je me ferais une joie de vous raconter les derniers potins du tout Paris. Croyez-moi, c’est…divertissant!

Alors que la dame de Monmouth se dirigeait vers une armoire pour aller y quérir il ne savait quoi, le regard du galant se posa sur « Elle ». Lucas se demandait si « elle » aussi jugeait qu’Ambre pourrait devenir une visiteuse assidue de l’Aphrodite, si ses parfums pouvaient ensorceler les sens des habitués, si ses sels de bain pouvaient rendre plus polisson le partage d’une baignoire juste assez grande pour deux. Ses brumeux invitèrent les émeraudes de la galante à se poser sur les chevilles de la créatrice, à errer au gré de ses envies sur ce chemin qui le mena jusqu’à cette cascade blonde qui recouvrait les brisants de ses épaules. Il y avait des silences évocateurs chez le Dentraigues, des moments où les traits de son visage en disaient plus que ses lèvres, où le plissement régulier et lent d’un paupière trahissait bien plus ses pensées que ses paroles qu’il maitrisait en toutes circonstances. Son regard revint questionner ensuite celui d’Elle. Comprenait-elle ses interrogations?

Ambra avait dit que quand elle était à Paris, elle aimait y évoluer seule. Le galant en déduisit que quand elle était hors de Paris, elle sortait accompagnée. Alors que la créatrice exécutait des geste précis et professionnels pour lesquels on sentait une certaine habitude, Lucas laissa son imagination déambuler au pays de la badinerie. Il se demandait quel genre d’homme pouvait bien accompagner Ambre dans sa vie provinciale. Un mari? Un amant? Des amants occasionnels? Ou…une dame? Il opta pour l’amant. Non pas parce que c’était selon lui la réponse la plus probable mais parce que c’était la plus romanesque. Il l’imaginait de taille moyenne, les cheveux brun ondulés, le style plutôt méditerranéen. Cet homme avait sans doute le teint hâlé par le soleil. Il était beau comme un Dieu. Elle se perdait dans les ténèbres de ses prunelles, aimait lisser du bout de ses doigts le contour de sa barbe, la lisière de sa moustache. Chaque soir où elle le retrouvait, elle requerrait le contact de ses mains masculines dans le creux de son cou, lui demandant de masser ses chairs nouées par l’ardeur du travail. Il s’exécutait avec une grande sensualité, faisant glisser ses mains huilées sur une peau qui se hérissait davantage à chaque passage.

La dame de Monmouth mit brutalement fin à sa rêverie lorsqu’elle vint porter un petit paquet de sels de bain. Alors même que les deux femmes n’avaient pas terminer leur conversation, il passa derrière Ambre, les amples manches de son mantel frôlant l’échine de la créatrice. Il se posta entre les deux femmes, passa son bras gauche sous celui de « Elle », son bras droit sous celui de Ambre.


- Que diriez-vous Ambre, de faire découvrir à… Rose… le lieu où vous créez toutes ces petites merveilles? Qui sait? Peut-être aura t-elle de bonnes idées à nous proposer pour les commandes que je viens de vous passer. Qui d’autre qu’une galante pour décrire avec précision les sensations qu’un galant veut transmettre à ses « fidèles » clientes au travers d’un parfum. Je suis sur que vous feriez une équipe redoutable toutes les deux.


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Ambre_m
    Regard toujours rivé sur le faciès de Lucas elle émit un hochement presque imperceptible de la tête marquant bien qu’elle était attentive à ses mots, elle avait saisi qu’il cherchait à percer certaines choses chez elle mais elle n’avait guère l’habitude d’offrir qui elle était en dehors de Paris, ce qu’elle vivait, où et comment ? Paris était un peu son univers parallèle ou elle était-elle sans l’être vraiment.


    - J’accepte l’invitation cela me permettrait peut-être de connaitre un peu mieux l’univers Parisien, mais il y a un mais à l’acceptation dégotez moi un vin blanc sucré j’affectionne particulièrement cela, cela met plus en éveil mes sens.


    Lui décochant un regard avant de reporter son attention sur Rose et l’invitation à découvrir l’Atelier, une sollicitation qui n’était pas venue d’elle mais qu’elle acceptait puisqu’il faisait partie d’un apprentissage que la Blonde Créatrice s’essayait depuis quelque temps, lâcher prise et offrir un peu plus son royaume aux autres.

    - Je n’y vois pas d’objection et il est vrai qu’elle pourrait me guider sur certains points vous concernant, certains détails que je pourrais omettre puisque je ne vous connais pas encore entièrement. Qu’en pensez-vous Rose ?


    Se dirigeant vers la porte menant aux profondeurs de la Lyre et l’entièreté de ses secrets elle attendit un geste de la part des présents pour y disparaitre.

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Lucas.
Un sourire non feint s’étira sur les lippes du Maître. Bien que conditionnelle, l’invitation avait été accepté et cela lui ravit. L’Aphrodite devait redorer son blason, certains auraient pu dire non sans une pointe d’humour « Se refaire une virginité ». Pour cela, le cercle fermé avait besoin de sélectionner ses membres avec soin et la créatrice, aux yeux du galant faisait partie de ce profil de personnes qu’ils recherchaient. Quand on est galant, on n’a guère son mot à dire sur le recrutement des membres mais on peut tout de même souhaiter que la partie féminine de ceux-ci soit séduisante et désirable. Offrir un moment de détente et de plaisir était son métier. S’en garder une petite part pour lui était un bonus non négligeable.

- Un vin blanc sucré? Ma foi, cela ne devrait pas être difficile. L’Aphrodite ne serait pas l’Aphrodite s’il n’était même pas capable de satisfaire une demande aussi peu…

Il hésita brièvement sur le terme à utiliser et choisit volontairement la redondance.

… demandante.

Lucas n’avait jamais abordé ce sujet avec Flav. En revanche, il avait pu constater que de nombreux lettres avait été envoyées aux producteurs de vin aux quatre coins du pays et même hors des frontières de la France. C’eut été le Sans-Nom s’il ne pourrait trouver dans les caves quelques douceurs promptes à éveiller imaginaire de la créatrice, à l’emmener vers un au-delà plus sensuel où l’olfactif se mêle au gustatif, au tactile. Lorsque leurs regards se croisèrent, les prunelles du galant étaient porteuses d’un message d’une arrogance rare dans lequel le Maître était passé au premier plan, juste devant le galant: d’une façon où d’une autre, en cet instant, il se promit silencieusement qu’Ambre de Monmouth picorerait dans le menu Dentraigues à l’Aphrodite. Un clignement de paupière plus tard et la lueur malicieuse disparût de ses brumeux. Le Maître s’esquiva dans l’ombre pour laisser toute la place au client de la Lyre d’Eurydice.

- Vous guider? Ne soyez point trop dure avec Rose chère créatrice. Le renouveau de l’Aphrodite est tout récent, tout comme son personnel. Il faut un peu de temps pour découvrir les secrets cachés d’une personne ne pensez-vous pas?

Alors que la Monmouth reporta son attention sur la galante, le Maître se dirigea vers la porte d’entrée. Il ne demanda rien à personne. Ni à Rose, ni à Ambre. D’un geste qui ne souffrait aucune hésitation il verrouilla la porte comme il avait vu Ambre le faire juste avant qu’elle ne l’emmène dans son antre. Il ne savait pas si l’une ou l’autre des dames l’avait vu procéder et à ce moment-là, il n’en n’avait cure. Il se retourna vers ses interlocutrices, appuya son épaule contre le chambranle de la porte, masquant ainsi le loquet et son attention se porta tour à tour sur chacune des femmes. Silencieusement. Il détailla sans aucune gêne la silhouette de Ambre près de la porte au fond de la salle. Puis il en fit de même avec Rose. Il laissa les dames s’exprimer, son non-verbal étant plus éloquent que ses lèvres closes. Puis lorsqu’elles eurent fini, il ajouta:

- Alors nous y allons? Vous verrez Rose, l’atelier de travail de Ambre est un véritable antre aux délices.

Il réajusta le placement du col de sa chemise, donna un coup d’épaule pour se décoller du chambranle de la porte puis rejoint Ambre aux pieds des escaliers.
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.elle


    Comment être au centre d'une joute séductrice entre deux personnes et n'avoir au final aucune prise sur ce qui s'y passe ? Et bien comme maintenant, lorsque Lucas a déjà décidé ce que lui désire, et ce que Dentraigues veut...
    "Elle" n'eut pas la possibilité d'articuler un mot pour remercier Ambre de son présent en excuse de non recevoir et accéder à sa requête d'un rendez-vous prochain que déjà la maître s'infiltrait dans la brèche de la bienséance de la rose pour s'y incruster comme un lierre insidieux qui étale ses filins.
    Une main portée sur Elle, sur Ambre et le stratagème était en place, s'approprier la présence des deux femmes, et qui plus est, la priver de toute initiative, ne lui laissant nullement possibilité d'accepter ou refuser l'invitation de la créatrice qui suivit la requête du galant, répondant pour ainsi dire à sa place.
    Longue inspiration maitrisée pour ne pas céder à la pulsion qui lui remontait dans la gorge, incliner la tête respectueusement vers la divine blondeur dans un sourire aimable, occultant volontairement le Dentraigues.
      Si je peux vous être utile Ambre ce sera avec plaisir, mais de là à vous donner quelques indices sur "Lucas", je ne sais si je saurais vous en apprendre beaucoup, comme si bien dit, notre "collaboration" au sein de l'Aphrodite n'en est qu'aux balbutiements.

    Certains mots prononcés valaient toutes les indications du monde, et en cet instant l'un d'eux risquait d'être particulièrement parlant à l'oreille du chevelu.
    Le jeu de séduction de l'un et de l'autre n'était passé inaperçu, il eut fallu être aveugle en somme, et "Elle" se demandait bien pourquoi sa présence était requise en définitive, mais découvrir l'envers du décor suffisait amplement à son envie de rejoindre la belle créatrice, qui déjà disparaissait dans l'ombre d'une porte.
    Emboitant le pas du Dentraigues, après avoir déposé ses présents sur le comptoir, la rose posa senestre sur le chambranle de la porte menant à l'atelier en pivotant ses iris herbacées vers le maître devant elle, le message qu'il envoya étant sans ombrages, avant qu'un murmure, après les avoir rejoint au pied de l'escalier, ne parvienne à l'oreille masculine.
      A l'extérieur ne vous faites jamais mon porte parole... "Lucas"

    A son tour temps de réponse ne fut laissé avant de détourner regard des brumes du galant pour suivre les lignes dorées de la chevelure qui évoluait dans son antre et découvrir le temple de tous les secrets de la Lyre d'Eurydice.


    Rapide édition de la fin pour un soucis de cohérence entre post

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Ambre_m
    Léger instant de flottement alors que son regard dérivait de l’un à l’autre, un instant ou la Créatrice analysait en silence les faits et gestes de l’un et de l’autre, notant mentalement des points de personnalité que l’on ne dit pas par les mots mais par les gestes. Remarquer que Lucas était un homme qui savait ce qu’il désirait avec cette pointe d’arrogance qui attire l’œil et l’attrait, noter que la Rose avait une fragilité apparente mais que les épines se devaient être acérées si certaines choses outrepassaient sa patience. Clignement des paupières, léger dodelinement de la tête alors qu’elle retrouvait son antre parfumé, ce Royaume qu’a ce jour elle partageait avec deux personnes qui lui était encore inconnues hier.

    Évoluant le long de ses étagères, dévoilant ainsi aux yeux de Rose ce qui se cachait derrière ses créations, un atelier mêlant ordre et désordre, un peu comme son esprit qui oscillait souvent entre ces deux éléments, saisissant de la finesse de ses doigts les notes du travail débuté, elle reporta enfin son attention sur ses deux interlocuteurs.

    - Pour tout vous dire Lucas je dirais qu’il ne faut que peu de temps pour découvrir un début de personnalité, il suffit de se fier à son regard, écouter le ton d’une voix, analyser la gestuelle d’une personne et nous avons déjà certaines clés quant à la personne qui nous fait face.

    Petit silence alors que ses affutés allaient de nouveau de l’un vers l’autre elle poursuivit en un sourire.

    - Je peux sentir que Rose n’a que peu appréciée se retrouver ici enfin plus précisément je dirais qu’elle n’aime pas sentir les choses comme si on lui offrait un ordre, elle est une femme comme peu il en existe encore, elle offre une apparente docilité mais à un esprit affuté, je pense qu’elle sera guider ses pions sur un échiquier laissant toujours à l’adversaire la pensée qu’il gagnera mais offrira une estocade finale cuisante, mais tout cela avec la féminité qui est la sienne ainsi que son élégance.


    Obliquant sur elle-même elle déposa ses notes pour à nouveau s’avancer au milieu de ses senteurs, elle avait dit les choses comme elle les ressentait, elle ne savait si cela serait la bienvenue mais jamais elle ne s’interdisait de dire ce qu’elle ressentait.

    - Sinon nous en étions à « Franchir les interdits, laisser le plaisir s’envoler en fumée », donc maintenant que nous sommes trois, comment voulez-vous fonctionner Lucas, je récapitule le travail déjà mis en œuvre et on en demande l’avis de Rose, où poursuivons nous sur la suite de votre demande ?

    A nouveau elle se fit silence s'étant rapprochée de sa petite console elle en sorti une autre carafe, vin de paille, le fameux blanc sucré fait sur les Terres de la Famille, le seul et unique qui portait grâce à ses yeux, qui lui offrait l’envolée de l’esprit, remplissant cette fois trois calices du précieux doré elle vint en apporter à chacun un verre avant de saisir le sien et d’attendre la suite du déroulement de cet échange.

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Lucas.
« Les femmes sont des êtres étranges ». C’est ce que pensait le Dentraigues. La plupart du temps, il ajoutait dans la foulée « C’est ce qui les rend encore plus désirables ». Le disait-il en face d’elles? Oui. Y compris face à une femme qu’il désirait séduire? Oui. Parfois cela cassait, parfois cela passait. Une tête bien faite et le sens de la réparti, avec un brin de provocation l’attirait irrésistiblement. Oh, par « tête bien faite » il n’entendait pas simplement « visage avenant ». L’homme était un esthète dans tous les sens du terme. Avec lui, une joute oratoire pouvait être autant le préliminaire d’un jeu de la séduction que la conclusion d’une soirée consacrée aux délices charnels que Dieu accordait à ses enfants…mais encore fallait-il que sa partenaire y soit habile également.

Il devait le reconnaître: la réaction de la Rose le surprit. Il savait la dame rebelle, elle le lui avait déjà montré à certaines occasions. Les épines étaient promptes à piquer le flanc adverse lorsque quelque chose ne lui convenait pas. Elle distribuait ses avertissements. Libre à chacun d’en faire ce que bon lui semblait. Le galant imaginait qu’un jour, elle pourrait décider que la limite d’avertissements était dépassée et qu’alors elle appliquerait les conséquences qu’elle jugerait adéquate. Quelles qu’elles soient. Brutalement. Elle couperait dans le vif. Il l’avait remarqué, certaines décisions directes qu’il prenait l’agaçait et cela la rendait encore plus attrayante à sa personne. Elle avait tenu à marquer sa désapprobation et il l’avait senti, bien avant sa remarque dans l’escalier. Le point culminant? L’utilisation de son prénom pour s’adresser à lui.

Quand à la créatrice, de part son comportement, elle lui avait donné la confirmation qu’il cherchait à obtenir. Dans sa présente activité professionnelle comme dans celle passée, Lucas Dentraigues aimait à prendre des risques, certes mesurés. Cela ne l’empêchait pas parfois de mal l’évaluer. Cela lui en avait déjà couté. Plus d’une fois. Mais toujours il y revenait. Il aimait bien trop cela pour en tirer une quelconque leçon. Le retour dans l’antre de la parfumeuse nécessitait quelques ajustements et il laissa à la maitresse des lieux le soin de déclamer la première réplique. Il vint prendre place près du bureau de travail de la créatrice, prenant fioles entre ses mains, les regardant distraitement pendant que ses oreilles captaient chaque des mots qu’elle prononçait, permettant à son esprit d’analyser chacune des opinions qu’Ambre lui envoyait. Ce fut Rose qui reçut l’objet de ses premières réflexions. Rose… Au delà de sa façon de lui dire qu’il avait empiété sur ses prérogatives, Lucas Dentraigues voulait savoir. Quoi? Comment la galante réagirait en pareille situation. Là était la deuxième réponse qu’il venait chercher. Ses brumeux cherchèrent un instant ceux de la galante avant de revenir vers leur hôtesse.


- Ambre, j’admet que certains traits de ma personnalité ne sont pas toujours appréciés par mon entourage mais sachez que je préfère toujours amener les personnes à mon point de vue plutôt qu’à les forcer à adhérer à celui-ci. Je reconnais que certaines façons de faire peuvent bousculer la bienséance. Ne faut-il pas oser pour obtenir ce que l’on désire? Le tout en restant courtois il va s’en dire. Après tout, chacun était libre d’acquiescer ou de refuser, non? Quelles que soient mes volontés affichées.

Oui, réponse implicite il y avait eu de la part de la créatrice et il lui satisfaisait. Il lui fallait désormais gérer les suites de ses décisions, à commencer par répondre à la question de Ambre sur la façon de procéder pour définir la fragrance de « Franchir les interdits, laisser le plaisir s’envoler en fumée ». Il combla les deux pas qui le séparait de la créatrice et vint se poster à ses côtés, prenant bien garde de ne point la toucher. L’instant n’était pas bien choisi. Pas maintenant.

- Créer? là? Maintenant? Tudieu Ambre, voulez-vous que je dégage un relent de mauvais goût à l’Aphrodite? Non point que je remet vos talents en question mais il me semble sentir comme une perturbation dans vos sentiments. Je me trompe peut-être mais il me parait évident que je vous sentais plus proche de moi auparavant. Où est-donc passé ce rapprochement de l’esprit qui laissait deviner sa présence? Ou est donc ce lien qui unissait mes désirs avec votre créativité? Est-ce ma proposition de faire visiter votre atelier à Rose qui l’a altéré?

Une fois encore, il tourna la tête en direction de Rose, il alla chercher les sentiments que son attitude provoquait chez la galante. Puis, il posa le regard sur la lampe qui brulait devant eux. Il ouvrit la petite porte du pourtour de verre qui protégeait la flamme des courants d’air. Il se pencha et souffla sur celle-ci, l’éteignant d’un coup.

- Dans ce cas, je vous propose…

Il insista sur ce dernier mot.

- …De revenir au point où nous en étions auparavant. Si la présence d’un tiers perturbe votre sens créatif, il suffit de la faire disparaitre…en éteignant chaque lanterne, en plongeant votre atelier dans la pénombre la plus complète. Je prétends que vous êtes assez habile pour travailler dans le noir comme le font les galants et les galantes parfois. Voyez? J’ai entendu vos paroles. Je n’ai éteins qu’une lampe. Aux dames de souffler les autres…si tel est leur bon plaisir.
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.elle


    Iris herbacées sur les étagères, sur les flacons, le nez légèrement retroussé humant chaque essence, chaque fragrance, celles-ci se mélangeant en un doux parfum pour qui ne savait les distinguer comme elle.
    Oh "Elle" aurait sans doute pu reconnaitre une ou deux notes florales parmi d'autres, mais de là à reconnaitre chaque composante subtile d'un parfum, on en était bien loin.
    Dans cet atelier et à cet instant, c'est son oreille et son regard félin qui se mit à travailler écoutant les réponses de la créatrice au Dentraigues, un léger sourire passant rapidement sur son visage à la première salve.
    La seconde en revanche la laissa coïte, quelques minutes, comment en l'espace de quelques minutes, et d'à peine quelques mots échangés, la femme aux cheveux d'or avait-elle pu décrypter une grande partie de la rose alors que certains n'y étaient pas parvenus en une vie.
    Les émeraudes se posèrent alors avec bien plus d'attention sur Ambre que précédemment, ne parvenant pas à contenir tout de même un étirement de lippes, discret mais visible à qui y porterait attention, inclinant très légèrement la tête vers l'observatrice, imperceptible, à la limite du clignement de paupière, mais étant pourtant certaine qu'elle le remarquerait.

    Jades virèrent de bord sur Lucas, voir sa réaction et revenir aux manipulations de la parfumeuse, même si la main lui avait été pour le moins forcé, découvrir l'antre de ces senteurs était un réel plaisir.
    Là où tout se créer, où tout se ressent, où tout s'associe, mais sur l'instant une odeur inapproprié allait venir se mêler aux fragrances de l'atelier, celle de l'arrogance et de la manipulation made in Dentraigues.

    Obtenir ce qu'il voulait, sa curiosité, son besoin de maitrise sur ce qui l'entourait, tout ça "Elle" aurait pu le transmettre à la jolie blonde pour ses créations, mais la brune aux reflets orangés se doutait aisément qu'il n'en était nul besoin.
    Vu la façon dont "Elle" avait été décrypté pour l'essentiel, Lucas devait quand à lui être déjà aussi nu qu'un ver aux yeux de la dame de Monmouth, l'idée la fit d'ailleurs sourire en baissant légèrement la tête.
      Très cher...
      Rapprochement de l'esprit nécessite généralement liberté de l'être et de la situation.
      Vous avez imposé ma présence à Ambre, qui l'a aimablement accepté pour ne pas me mettre mal aise.
      Un lien unissant désir et créativité est ténu, et se brise d'un rien, votre art de galant ne vous l'aurait-il pas encore fait comprendre ?

    Les épines de la rose avaient pris quelques libertés en se permettant de répondre en lieu et place de la créatrice, souhaitant qu'elle ne lui en tienne pas rigueur, mais si elle portait une affection particulière au chevelu blond, il avait aussi le don de l'irriter par moment, et s'en était un.
    Pas glissé jusqu'au comptoir, "Elle" le contourna pour venir se positionner entre Ambre et Lucas, lui assénant bien volontairement même si en subtilité un coup de hanche pour l'obliger à se décaler et lui céder place, alors qu'elle se tournait vers la créatrice.
      Je ne souhaite être obstacle à votre créative dame Ambre, avoir pu découvrir l'envers du décor m'a cependant ravie, je doute être d'une grande aide concernant la confection des parfums que Sire Lucas désire vous voir réaliser pour lui.
      Je puis cependant vous dire de lui ce que j'en sais.

    Se glissant alors d'un pas dans le dos de la parfumeuse, les lèvres de la rose vinrent se placer non loin de l'oreille dissimulée de quelques mèches blondes, menton surplombant l'épaule gracile pour parler d'une voix basse mais audible de tous, portant regard émeraude vers les pupilles argentées dans un sourire dans lequel bien plus d'un sentiment pouvait se lire, dextre se posant doucement sur le haut du bras droit de la créatrice alors que senestre se déposait délicatement sur la hanche gauche.
      Je vous dirais de lui qu'il est...
      Aussi séduisant qu'il est arrogant...
      Qu'il a une verve aussi caressante que son regard est troublant...
      Qu'il peux être aussi protecteur que directif...
      Qu'il a un besoin de maîtrise impérieux...
      que sa curiosité n'a d'égal que son élégance...
      Qu'il...

    Sourire élargi avant de pincer sa lèvre inférieure d'un léger mouvement de nacres, en lâchant le regard du Dentraigues, murmurant alors à l'oreille de la jolie blonde pour n'être audible que d'elle seule, portant par intermittence jade vers métal.
      Mais je sais que je ne vous apprend rien vu l'analyse que vous avez faite de moi... Laissons le cependant se dire que je vous en raconte bien plus dans cette messe basse.
      Si vous souhaitez me voir partir, il vous suffit d'un mot et je ne m'en offusquerais pas, loin de là...
      Sinon libre à vous de souffler la seconde lumière de la pièce et...
      J'éteindrais la troisième.

    Léger souffle volontaire sur la gorge offerte de la parfumeuse, "Elle" se décala de coté pour laisser Ambre entre elle et Lucas, libre à la créatrice de rester maître en son territoire.


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Ambre_m
    Corps statique au cœur de son Royaume, nappe parfumée des essences venant narguer son nez, affutés scrutant chaque geste emprunté par les deux présents, oreilles attentives aux mots employés, chaque sens se mettait en action, la voix masculine et chaude de Lucas, le souffle léger de Rose sur son échine, lui distillant les mots confirmant les impressions qu’elle avait du demandeur de créations multiples. Paupières se fermant à demi alors que l’esprit s’échappe comme un voile se posant sur l’instant pour s’offrir une évasion, fuir l’échange un court instant pour puiser en son for intérieur son sens créatif, remettre en marche les rouages qui faisait naitre entre ses doigts les précieuses fragrances. Silencieuse elle laissa une première bougie s’éteindre, non pas que la Blonde créatrice avait perdu sa verve habituelle mais si elle ne reprenait pas concentration elle n’arriverait plus à créer, à s’accrocher à des bribes d’images, à des émotions.

    Déportant son attention sur Rose, elle laissa son regard dévier sur les courbes parfaites, une femme qui ne devait laisser indifférent les hommes, un charme mêlant sensualité et piquant, puis Lucas … Que se disait-elle au cœur de son esprit à propos de Lucas si ce n’est qu’il lui faisait songer à cet homme qu’elle avait aimée au point de vouloir s’en damner, cet homme qui avait mis son être à feu et à sang, qui avait révélée en elle le désir de faire parler les émotions les plus fortes non par les mots mais par les senteurs, tournant lentement sur elle-même elle se dirigea vers la petite flamme vacillante qui offrait un brin de clarté à son bureau, un premier geste employé qui fut de remonter sa blondeur en un chignon imparfait qu’elle fit tenir par un petit morceau de bois, puis se penchant lentement elle vint souffler sur la bougie, laissant la lumière s’éteindre et plonger un peu plus les lieux dans la pénombre et enfin elle posa sa croupe sur le fauteuil qui avait connu des jours meilleurs, paumes en contact avec le bois, elle inspira une longue goulée d’air avant de sortir de son mutisme.

    - Pour sauvage et débridée … Enfin lâcher prise et se laisser emporter sur cette essence qui lui parlait bien plus que les autres, les paupières s’éteignent s’offrant le noir le plus complet d’un rideau de chair, se laisser submerger par les images qui viendront s’entrechoquer dans son esprit et les notes qui naitront à son nez et enfin les mots libérant ce qu’elle peut entrevoir dans son esprit. Une chambre simplement éclairée par l’âtre crépitant, une odeur boisée imprégnant les lieux, une grande peau soyeuse posée à même le plancher, mon regard s’arrêtant sur l’amant installé dans un fauteuil, chemise entrouverte dévoilant un torse puissant, une posture signalant qu’il sera le meneur de la soirée, dans son regard voir naitre le côté animal de sa personne, me sentir proie et ne pas vouloir partir. Nouveau silence alors que les nacres glissent sur la lèvre inférieure. Ne pas entendre sa voix juste suivre les mouvements, le voir fondre sur ma personne sans omettre la moindre défense, sentir mon corps choquer le mur, les mains abruptes se perdent sur la moindre parcelle de mon être encore vêtu, le bruit du tissus qui part en lambeaux, les lèvres brulantes marquant ma peau comme un fer, puis les nacres puissantes venir me marquer à leur tour éveillant en moi mon côté félin, assénait quelques coups de griffes sur le torse qui s’offre puis le reste du corps, un échange tumultueux, intense, invasif … Le poids de l’amant sur mon corps, sa puissance qui ne me laisse aucune prise mais qui m’octroie des sensations uniques. Nouvelle goulée d’air, le parfum se dessinant au rythme du récit qu’elle dévoile sans pudeur aux oreilles présentes. Un corps à corps qui me laisserait presque agonisante sur les rives du plaisir, comme une chevauchée folle ou le vent s’engouffre violement dans les poumons ne permettant pas de retrouver le souffle …

    Et le silence alors que les yeux s’ouvrent pour ne retrouver que pénombre, respirant doucement avant de reprendre.

    - Cette essence je l’imagine faite que de trois essences, la bergamote qui est une senteur herbacée, fraiche, vivifiante, je la couplerais avec l’élémi pour le côté épicé, puissant sur fond sensuel et je clôture sur le vétiver pour le côté boisé, naturel. Voilà comment je ressens cette fragrance, une explosion de sensations, l’appel à son instinct, l’abandon entier de sois.

    Tournant lentement la tête, on pouvait encore lire dans son regard que ce parfum avait ce quelque chose de vécu mais elle n’ajouta rien de plus elle avait simplement laisser son esprit parler pour elle et il ne restait plus qu’à attendre l’avis sur ce qu’elle avait imaginée
    .

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Lucas.
La lumière est un art. Celui qui sait en jouer dispose d’un don divin. Le peintre s’en sert pour susciter les émotions. Les meilleurs des architectes en font autant. Il parait que les alcôves de certains châteaux ont été construit autour d’un équilibre harmonieux d’ombre et de lumière,, savamment calculé pour stimuler l’imaginaire de leurs propriétaires…ou de leurs maitresses. Ceux qui vivent de plaisirs corporels qu’ils offrent à leur clientèle se classent en deux catégories: les prostitués de toutes sortes et les galants. Faire partie du deuxième groupe requiert nécessairement de maitriser au moins en partie l’équilibre entre le clair et l’obscur, entre ces moments où le velouté d’un regard se pose sur la rondeur de formes habituellement cachée et ceux où la noirceur voire la semi-noirceur stimulent le potentiel érotique de l’imaginaire humain. Pour permettre à la créatrice de retrouver l’inspiration qu’il semblait avoir affecté en elle, le galant avait cette fois choisi de jouer cette dernière carte. Serait-elle suffisante? Ou faudrait-il qu’il la choisisse de la couleur de l’Atout? C’est ce qu’il fit.

Le Maître avait suivi les cartes jouées par Rose. Docile la galante? Que nenni. Elle savait garder ses meilleures cartes pour les jouer au moment opportun. Elle aussi joua d’ombres et de lumières dans la portée de ses paroles, déclamant juste ce qu’il fallait pour le provoquer, lui signifiait par là qu’elle acceptait d’entrer dans son jeu. Le message qui contenait sa partie lumineuse était celui qu’elle partagea avec Ambre et lui. Les mots qu’elle glissa ensuite exclusivement à l’oreille de la créatrice étaient une façon de le mettre en garde sur la qualité du jeu qu’elle possédait en main. Et voilà pour le côté obscure. Bluff ou réalité? Aux cartes comme au jeu de la séduction, le non-dit porte parfois plus d’intentions que les paroles. La place qu’elle prit entre la créatrice et lui signifiait indubitablement qu’elle aussi savait mener, qu’il faudrait qu’il suive…ou qu’il se couche. L’impertinence atteignit son point culminant lorsqu’à son tour, elle souffla sur la troisième chandelle de la pièce.

Ambre resta maîtresse de son territoire. Elle quitta le giron des galants pour mettre un point final à la clarté des lieux, les yeux n’ayant désormais plus aucun intérêt. C’est au son que Lucas perçut qu’Ambre avait pris place dans son fauteuil. Un sourire de satisfaction se dessina à la commissure de ses lèvres. Les cartes s’abattaient sur la table. Le jeu s’équilibrait. En cet instant, il était impossible de dire qui remporterait la pli. Fallait-il que carte soit échangée sous la table pour permettre au Dentraigues de reprendre l’initiative? Ou main posée sur une hanche? La place laissée libre par la parfumeuse fut comblée par le galant. Il s’inséra entre le bureau de travail et la rose aux épines acérées, fit sentir sa présence en plaquant son torse dans son dos, en posant ses mains sur ses hanches, de part et d’autre. L’inspiration d’Ambre était visiblement revenue. Enfin, ses paroles le laissaient à penser. Au fur et à mesure qu’elle créait, les doigts du galant glissaient sur l’étoffe de la robe, atteignant le haut de ses jambes côté extérieur et se rabattant ostensiblement vers l’intérieur. Ses doigts, ainsi que la paume de sa main faisaient sentir leur présence au dessus du tissu protecteur. Pouces et index se rejoignirent à mi-cuisse, leur mouvement se mettant au diapason des paroles de la créatrice. Ce fut le moment que choisit le galant pour passer à l’acte II et pousser un peu plus loin encore l’inspiration qu’il comptait instiller dans l’esprit d’Ambre de Monmouth.

Son corps se détacha de celui de Rose. Sa main coulissa de sa jambe jusqu’à la senestre de la galante qu’il priva de sa liberté. Ses doigts se refermèrent sur celle-ci et ses pas l’amenèrent jusqu’au fauteuil de travail. Une proposition fut glissée dans l’oreille de la galante.


- Elle vient de dire que l’amant est installé dans le fauteuil…Rendez son inspiration encore plus vibrante.

Et de nouveau le Maître refit surface malgré les remarques envoyées auparavant par les deux Aphrodites. L’homme aimait à tester les limites de son pouvoir, quitte à se bruler les ailes parfois. Son corps pivota d’un demi-tour pour faire face l’épineuse, se nicha contre le sien. Les lèvres se posèrent sans aucune gêne à la base de sa cou et distillèrent un venin de luxure jusqu’au lobe de l’oreille qui se fit pincer par deux lèvres avides. Repoussant de son visage les filins de soie bruns, un baiser vint ponctuer l’audacieuse manoeuvre tandis qu’une main plus indécente encore retraçait de la paume des doigts les contours d’un charnu bien trop tentateur pour laisser le Maitre indifférent. Puis, il reprit sa place initiale, sur le côté de Rose, face à Ambre, sa dextre toujours geôlière de la senextre de la galante.

- Elle doit être moi pour créer… Soyez… sa maitresse…dans un élan sauvage et totalement débridé.

Joignant le geste à la parole, il dirigea leurs maintes jointes vers la créatrice et lâcha la sienne au bout du mouvement. Le murmure se fit moins confidentiel. Celui-là était autant destiné à « Elle » qu’il l’était à Ambre.

- Poussez plus avant les limites de sa créativité. Faites-lui ressentir tout le plaisir qu’une maitresse pourrait me donner. Faites ressortir le meilleur d’elle-même!

Il se recula d’un pas, cédant la place aux deux femmes. Dans la noirceur de la pièce il ne pouvait qu’apercevoir des ombres, deviner des mouvements. A défaut d’être suggestive la vue lui permettait à peine de deviner, de suggérer ce qui se passait réellement devant lui. Les sons qui lui parvenaient à l’oreille quand à eux…
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.elle


    Une créatrice qui s'éloignait et une seconde chandelle éteinte, engagement murmuré fut donc honoré et d'un mouvement gracile, le buste de la rose se pencha vers l'ultime chandelle éclairant la pièce pour lui arracher sa flamme dans le vacillement d'un souffle.
    Touchée... Soufflé... Le jeu recommençait.
    "Elle" n'avait pas assisté à la conception des précédentes fragrances mais la façon de procéder de la jolie blonde était pour le moins... sensuelle, avait-elle seulement conscience de ce que les mots pouvaient avoir comme effet sur ceux qui les écoutaient ?
    Il ne fallait pas là faire une généralité mais qui savait faire preuve d'un brin d'imagination n'avait aucun mal à transposer les propos de la créatrice en image plus qu'explicites, et le corps du Dentraigues qui venait se juxtaposer au sien en était un évident exemple.

    Dire que l'initiative de Lucas était malvenue ? Très certainement.
    Incongrue ? Possiblement.
    Mal reçue ? Pas forcément.

    Le sourire à la commissure des lèvres de la brune aux reflets automnaux aurait pu trahir son sentiment si il n'avait été fait sous couvert de la pénombre.
    Lucas était de ces galants qui vous aurait fait vibrer la plus endurcie des nonnes, voire peut-être même une morte qui sait, mais celle qui avait le plaisir de ses ardeurs sur l'instant se devait de garder la tête froide, le but premier de la visite étant l'invitation de la dame de Monmouth.
    Comment se retrouvait-elle alors dans une pièce cachée, plongée dans la pénombre avec des mains masculines parcourant les courbes de ses jambes au récit sensuel, sexuel d'une magnifique femme blonde?
    Réponse simple et rapide : Maitre Lucas Dentraigues, pour vous servir.

    Invective d'une main dans une autre, et le duo de galants se rapprochaient de l'endroit où la voix suave d'Ambre avait cessé tout descriptif suggestif, attendant possiblement un verdict.
    Silence qui si ne fut troublé par des mots inutiles, le fut par manoeuvre habile d'un maitre en pleine forme et vraisemblablement déterminé à voir la rose accéder à sa requête, le soupir s'échappant bien malgré elle sous la chaleur des lippes du chevelu blond, se voyant maudit sur l'instant.

    Devenir la maitresse d'Ambre pour stimuler sa créativité, lui faire prendre la place de Lucas, s'il l'on pouvait targuer certains d'avoir de l'imagination, celui qui se trouvait là avec Elle et Ambre devait en être le champion.
    Mais le défi était tentant, et fut... pris en compte jusqu'à décision finale de le relever ou non.
    Glissant lentement jusqu'au dossier du fauteuil, usant de ses mains comme guide, car si de félin elle avait regard, du chat elle n'avait nullement la vision nocturne,"Elle" déposa ses mains, au niveau des épaules, sur l'étoffe bleue de la robe de son hôte.
    Seul la pulpe des index de la rose se pouvaient d'effleurer la peau jouxtant le liseré de l'encolure, l'effluve élégante de la parfumeuse se mariant parfaitement à la douceur de son grain de peau.
      Je pensais Lucas que ces parfums devaient annoncer ce qu'une femme trouverait à votre menu, et non pas ce qu'une femme serait à votre menu...

    Imperceptiblement les nacres d'"Elle" se dévoilèrent dans un sourire, les doigts de la galante dessinant lentement arabesques sur le satin des arrondis engoncés dans le corsage de la dame de Monmouth.
      J'ai pour ma part trouver la création d'Ambre très inspirée, ne vous êtes vous pas vu fou d'une envie irrépressible plaquer votre maitresse contre un mur pour la faire s'évanouir de plaisir ?

    Sourire s'élargissant au fil de sa provocation en réponse au mode dominant de Lucas, "Elle" l'imaginait fort bien crisper la mâchoire ou les doigts sur le bois du bureau, de rage ou d'envie ça....
    Avec lenteur les mains de la galante remontèrent sur la gorge gracile de la belle aux cheveux d'or, entamant de lui caresser la nuque dans un doux massage des pouces.
      Cela dit j'ignore si d'autres effluves doivent encore voir le jour pour vous satisfaire Maitre Dentraigues, ni l'intitulé, et...

    Dextre fouillant le chignon blond à tatons, pic de bois fut extirpé pour libérer chevelure solaire et y glisser ses doigts pour poursuivre caresses et éveil des sens.
      Si ma présence stimulerait la créativité d'Ambre autant que vous l'espérez...

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Ambre_m
    L’esprit tanguait dangereusement entre la rive de la raison et celle de franchir les interdits au cœur de son Royaume, tenter l’expérience jamais vécue, n’était-elle pas ainsi au final, toujours plus loin, toujours plus intense, la quête infinie de sentir son esprit s’envoler au plus haut au point d’en oublier tout le reste.

    Ressentir la chaleur d’un corps alors que l’esprit vit encore le souvenir d’un amant tant aimé qui avait su avec subtilité la rendre dépendante de lui, cet amant pour qui elle aurait donné jusqu’à la plus petite parcelle de son âme, pour qui elle aurait sacrifié sa vie … Paupières à demies fermées alors qu’elle pouvait sentir les paumes puissantes se glisser sur ses cuisses, la salive glissant le long de sa gorge alors que les ongles venaient à griffer le bois du bureau … Puis l’abandon et comme un voile froid venant envahir son corps et simplement le son de cette voix qui la ramenait au moment présent et au souvenir que cet autre, cœur de son cœur n’était plus de ce monde depuis bien des mois désormais. Se faire attentive à la nouvelle direction donnée par le demandeur de créations, sentir la présence d’une Rose qui avec un certain savoir lui réveillait d’autres émotions et souvenirs saphiques … Deux galants portant chacun le voile fantomatique d’un passé que l’Ambre songeait bien loin …

    La création n’était pas assez poussée au nez de Lucas, il avait en désir de la voir partir encore plus loin dans les profondeurs de son esprit, ne s’y perdrait-elle pas dans la finalité ? Les souvenirs ne seraient-ils pas trop violents ? L’esprit mesure le risque encouru de plonger droit dans ces abysses ou elle avait failli se perdre à tout jamais quelques mois plus tôt. Reprendre le contrôle de son Royaume et remplir sa tâche de créatrice, cela été son rôle que celui de faire voyager, repoussant doucement son fauteuil elle s’échappa de la Galante, pour venir allumer une seule bougie laissant un faible halo de lumières illuminer la pièce.

    Le regard venant parcourir la silhouette de Lucas, puis obliquant sur Rose, le temps de trouver les mots justes pour la direction qu’elle choisirait dans la suite de cette création.

    - Vous souhaitez sonder les profondeurs de mon esprit de créatrice, alors nous allons le faire, mais sans vouloir vous offenser je vais en choisir le comment …


    Un sourire se profilant sur ses lèvres, elle savait qu’il été homme à mener la danse mais cette fois il devrait se laisser aller aux directives de la Créatrice qu’elle était, s’approchant à nouveau de lui elle laissa seulement sa main en guide lui offrant l’ordre silencieux de prendre place sur le fauteuil.

    - Comme l’a souligné Rose, au menu cela est vous, alors sur vous je testerais mes créations comme je le ressens et je pourrais voir le ressenti de Rose et si le rendu est celui attendu. L’idée est-elle pour vous plaire Lucas ? Me laisserez-vous votre corps pour définir chaque essence ? Vous abandonnerez vous à mon esprit ?

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