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Info:
Après une dispute Dana-Isaure, Isaure veut prouver à ses amis qu'elle est capable de survivre sans eux, sur les routes, de nuit comme deux jours. Archibald décide de suivre Isaure pour lui faire peur, mais... rie ne se passe comme prévu !

[RP] Sauve qui prie

Isaure.beaumont
Ecervelée. Orgueilleuse. Te voilà dans la nuit noire, sans étoile, seule. Quelle pire nuit pour relever pareil défi. Que crois-tu pouvoir prouver ? Que tu n’as besoin de personne ? Que tu es capable de t’en sortir sans être secourue par des bras masculin ? Que tu peux vivre seule sans que la présence d’un homme soit nécessaire à ta vie ? Qui essayes-tu de convaincre ? De quoi essayes-tu de les convaincre, ou plutôt, de te convaincre ?

Sans doute crois-tu qu’en agissant ainsi, qu’en leur prouvant de quoi tu es capable, tu trouveras la force de ne plus jamais douter. Alors tu crois que tout sera plus simple et que tu pourras t’engager, sans plus jamais regarder en arrière, sur cette voie que tu penses être la tienne. Tu l’espères naïvement.

Isaure n’en menait pas large, et si pourtant elle poursuivait sa route, c’était parce que l’échec lui semblait plus terrible encore que d’affronter cette obscurité totale. Dans sa main droite, qu’elle tenait haute, une torche éclairait faiblement le chemin que la jeune dame suivait, ne lui permettant pas de voir à plus de trois pas autour d’elle. Aussi, chaque fois qu’un craquement ou qu’un bruit étrange s’élevait, faisant bondir son cœur, elle était bien incapable, même en plissant les yeux, d’en visualiser l’origine. Et ce que ses yeux ne voyaient pas, sa tête se chargeait pour eux de l’imaginer. Elle accéléra l’allure, comme si cela pouvait mettre de la distance entre elles et les dangers qu’elle s’imaginait.

Le chemin qui jusque-là ne faisait que longer le bois bifurqua vers ses profondeurs. La nuit noire fut plus noire encore, et les bruits terrifiants plus terrifiants. La torche qui faiblissait toujours plus étiraient des ombres monstrueuses que l’oscillation des branches aux feuilles mordorés, ocre et sienne, rendaient vivantes.

Elle marcha en priant – et croyez-bien qu’elle savait prier en faisant tout un tas de choses – de longues minutes encore et quand la torche menaça de s’éteindre totalement, elle décida de monter un campement de survie, dans cette clairière qui lui paraissait plus accueillante que le reste du bois, rassurée par ce ciel obscur, mais dégagé de tout plafond feuillu.

Et tandis qu’elle amassait pierres et petit bois, elle se répétait en boucle « je n’ai pas peur, je n’ai pas peur, je n’ai pas peur ». Le feu fut laborieusement allumé et s’enroulant dans une épaisse cape, additionnée d’une couverture chaude, elle s’installa nous loin du feu, dos tourné à l’orée du bois qui lui fichait tant la frousse.


- Je n’ai pas peur, je n’ai pas peur ! Voyez, je n’ai besoin de personne pour allumer un feu et dormir seule dans la nuit la plus noire de l’année ! J’ai la Lumière de Dieu pour me rassurer !




[Titre RP trouvé par la merveilleuse, la fabuleuse, la talentueuse JD Dôn]

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Bann' by JD Cassian - Gage choisi par JD Dôn, parce que pour UNE FOIS elle avait raison
Archibald_ravier
Bon dieu d'bon dieu d'bonne femme !

C'est lui qui provoquait les craquements dans le dos d'Isaure.
Il avait juste pris le temps de prévenir Mayeul avant de la pister. Elle était aussi facile à trouver qu'un pour sur le crâne d'un chauve. Marcher seule dans la nuit avec une torche à la main.
Cul bénie ET idiote donc.

Il marchait deux douzaines de pas derrière elle, pas plus. Et il ne prenait pas soin de masquer le bruit de ses pas.
Quand elle bifurqua vers la forêt, il la traita mentalement de folle.

Qu'est-ce qu'elle cherchait, sérieusement ?
Il l'avait prévenue pourtant, elle se ferait égorger et violer dans un fossé, et pas forcément dans cet ordre.
Et elle était là, à ramasser son petit bois et ses cailloux tranquillement en marnonant ses prières en se croyant plus forte que la terre entière. Si lui avait pu la suivre aussi facilement, qui d'autre l'aurait pu ?

Il attendit qu'elle soit installée dans sa cape pour bondir devant le feu.


Ca y'est, z'êtes morte.

Il s'assit face à elle, vaguement énervé - tout ce temps loin de Mayeul à cause d'elle, ça le rendait dingue. Au moins. Enfin, pas de manière aussi consciente. Mais il était très conscient qu'il avait froid, et faim, et que franchement il aurait été mieux dans son plumard, collé contre un corps chaud.

J'vous suis depuis qu'vous avez franchi l'portes d'la ville, hein. Z'êtes totalement cinglée.


La finesse ? Connait pas.
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Isaure.beaumont
- Ca y'est, z'êtes morte.

Morte de peur.

C’était peu de le dire. Son cœur venait de manquer plusieurs battements et trébuchait encore sous le coup de l’émotion. Cette ombre avait surgit alors même qu’elle s’était enfin apaisée et avait écarté de sa tête les histoires effrayantes qu’elle se racontait.


- J'vous suis depuis qu'vous avez franchi l'portes d'la ville, hein. Z'êtes totalement cinglée.

Il lui fallut de trop longues secondes pour enfin prendre conscience qu’il ne s’agissait que d’Archibald. Le cœur encore en pleine cavalcade, peinant à se calmer, elle commença à ramasser brindilles et herbes sèches qu’elle lui lança à la figure.

- Ar… Ar…Archibald, vous n’êtes qu’un.. qu’un…

Si l’élocution était perturbée, les gestes eux gagnaient en précision.

- Un pleutre !!!

Elle s’était mise à genoux, laissant glisser la couverture de ses épaules et continuait de le bombarde de tout ce qui lui tombait sous la main.

- Foutredieu ! N’a-t-on pas idée de bondir ainsi ! Sans prévenir !


Et quand tout son stock de déchets environnant fut épuisé, elle commença à le malmener de ses petits poings rageurs et fébriles, mais à la puissance toute relative.


- Vous n’êtes qu’un … qu’un… vulgaire … petit… petit…. COUARD! Un mou ! Oui un MOU ! A-t-on idée de vouloir effrayer les dames ! Et si vous croyez m’avoir fait peur, sachez qu’il n’en est rien ! RIEN !


Cinglée, l’Isaure. Si peu.

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Bann' by JD Cassian - Gage choisi par JD Dôn, parce que pour UNE FOIS elle avait raison
Archibald_ravier
Il la laissa tempêter autant qu'elle voulait, et esquivait les objets qu'elle lui lançait. Enfin essaya, ça lui donnait une contenance. Il se prit tout de même une pomme de pin en plein dans l’œil alors qu'il esquivait une pierre, et franchement à choisir ben... Il ne savait pas. Mais une putain de pomme de pin dans l’œil, ça faisait vachement mal.
Il lui fallut donc beaucoup, beaucoup de maitrise - chèrement acquise auprès d'autres sœurs hystériques à la moindre blagounette enfants de sa famille - pour se retenir de se ruer sur elle et de lui retourner une paire de claque pour la calmer.
Il savait, quelque part au fond de lui même, que les baffes, c'est surtout lui qui ça calmerait, en fait, mais qu'elle ça la rendrait dingue. Et puis, toujours quelque part au fond de lui - mais alors, vraiment bien, bien au fond - il avait compris qu'elle avait besoin d'exploser. Prier c'est bien. taper sur un truc, ça soulage souvent plus efficacement.
Bon, le truc en l'occurrence, c'est lui, et si elle ne tape pas fort, le martèlement des petits poings finit par être agaçant, voire légèrement pénible quand ça fait environ dix fois que ça s'abat au même endroit.

Lassé, il finit donc par saisir un poignet au vol, puis l'autre, et à attirer la femme contre lui d'un geste sec pour la serrer dans ses bras. Tant pis pour elle, il n'avait pas eu le temps d'aller aux bains depuis trois jours.


Bien sur qu'si, z'avez eu l'trouille. Pis z'avez eu raison.

Il la serra plus fort, n'ayant que moyennement envie qu'elle lui échappe. Et qu'elle lui retourne un poing dans les couilles avant qu'il n'ait fini de parler. C'est qu'il y tenait, à ses valseuses.


L'malandrin d'service m'dame Isaure, y r'père une proie facile comme vous... p'tain, z'êtes un phare pour eux 'vec vot lumière dans l'nuit ! Pis après ils la dépouillent. Pis quand elle est jolie comme vous, ils la violent pis il la tuent. Ou alors ils la trainent 'vec eux un moment pour la violer plus. Alors maint'nant, arrêtez d'vous croire plus forte qu'tout l'monde. Si moi j'vous ai eue c'soir, croyez ben qu'n'importe qui peut. J'suis pas très fort.

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Isaure.beaumont
Tout se passa si vite. Si vite qu’elle n’eut pas le temps de réagir sinon de pousser un cri de surprise. Et au contact de l’autre, le corps se tendit, s’arc-bouta avant que l’enragée ne se débatte enfin, avec toute la force dont elle était capable. Enfant, elle avait toujours cru qu’il suffisait d’un coup de pied bien placé pour se défaire d’un assaillant, mais quelques luttes avec son époux avait tôt fait de lui prouver que l’homme avait cette force supérieure, quand bien même y mettait-elle toute sa hargne. Et ce soir-là, l’assaillant n’avait pourtant rien de dangereux. C’était le compagnon de route, le presque-ami qui revêtait son costume pour une leçon pratique improvisée. Toutefois, la proie fictive du jour se débattait, comme si l’urgence avait été vitale. Elle se débattait tant et si bien qu’elle s’épuisa trop vite. Et plus elle se débattait, plus il resserrait l’étreinte, rendant la lutte plus difficile encore. Enfin, à bout de force, elle capitula et prêta enfin attention à ses paroles.

Ce n’est qu’une fois calmée qu’elle prit pleinement conscience de ce corps chaud, contre le sien. Cette présence troublante, ces bras forts l’enserrant. Cette odeur fauve qui aurait dû la repousser et qui pourtant l’entêtait. Et les pensées se bousculèrent dans la caboche isaurienne, au rythme des battements effrénés de son cœur. Etait-ce la précédente lutte ou bien cet étrange rapprochement qui le faisait cavaler ainsi ? Toujours est-il que cette étreinte involontaire, cette proximité provoqua un nouveau cataclysme dans la cervelle de la jeune femme, déjà au centre du terrible ouragan qu’était sa vie.

Perdue dans sa vie, perdue dans son cœur, elle cherchait le bonheur là où il ne se trouvait pas, se réfugiant dans une prière qu’elle disait salvatrice mais qui n’était qu’un baume aux effets éphémères. Et dans ses idéaux, sans doute le bonheur se trouvait-il à l’abri de bras protecteurs. Le soutien du bras paternel, la chaleur des bras de l’amant, la force des bras de l’époux.

Allez savoir ce qu’elle cherchait à cet instant présent mais elle vint plaquer ses lèvres contre celles d’Archibald dans un baiser désespéré. Un de ces baisers au goût de désillusion, en quête d’une réponse, de quelque chose de fort. Les mains arrimées au col du jeune homme, s’accrochant désespérément à lui comme à une bouée, elle s’évertuait à ressentir ce qui ne venait pas. Puis elle s’écarta brusquement de lui, confuse alors qu’elle revenait à la raison.


- Pardonnez-moi. Foutredieu ! Pardonnez-moi Archibald.

A genoux devant lui, dans l’herbe humide, le cheveu fou et l’œil hagard, Isaure se confondait en excuse.
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Bann' by JD Cassian - Gage choisi par JD Dôn, parce que pour UNE FOIS elle avait raison
Archibald_ravier
De...je... eeeeeuuuuuh...

Voilà à peu près ce qui sort de la bouche de l'Archi. Et son cerveau est encore moins réactif, alors je vous laisse imaginer.

Voilà.

Six mois plus tôt, il aurait répondu à son baiser. Un an plus tôt, il l'aurait même probablement culbutée dans les feuilles mortes, tout frais déniaisé qu'il était.
Là, il était juste resté comme deux ronds de flan, et maintenant il la regardait implorer son pardon.


Parlez pas du foutre d'dieu m'dame Isaure, ça vous r'semble pas !

Ne le jugez pas. Au moins, il avait parlé. Ce n'était peut être pas la phrase à dire la maintenant, mais il n'avait pas encore tout rallumé après le grand blackout du cerveau. Alors il faisait de son mieux.
Il s'agenouilla aussi et l'attira de nouveau contre lui, plus délicatement. Se demandant où diable poser ses mains pour ne pas avoir l'air de profiter de son moment de faiblesse.


Y'a rien à pardonner m'dame Isaure. J'chérirais c't'instant longtemps. C'pas tous l'jours qu'un gueux comme moi s'fait embrasser par une dame d'la haute.

Les épaules. Voilà, sur les épaules à priori il n'y a pas de quiproquo possible hein ? Vraiment pas ?
Au moins, elle se débattait plus. Parce que la version furie lui avait un peu foutu la trouille quand même, elle avait failli lui échapper.
Machinalement, il la serra un peu plus fort.


Chais pas comment était vot'mari pis l'z'aut'qu'vous avez pu connait'e m'dame Isaure, mais moi j'vous f'rais pas d'mal, jamais. On n'est pas assez d'même monde pour être amis mais j'peux vous protéger quand même. Mais faites pu jamais ça d'accord ? Pasque l'brigands d'coin y s'gèn'raient pas, eux.

Il laissa le silence s'installer un instant, puis ajouta, très connement :

Z'êtes sure d'êt'e faite pour entrer dans l'z'ordres ?
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Isaure.beaumont
Cœur fragile. Encore bousculée par ses pulsions, elle peinait à reprendre totalement ses esprits et se laissa attirer de nouveau contre le corps masculin, accueillant les mains chastes sur ses épaules dans un sanglot étranglé, et sans tenter de se défaire de l’étreinte amie.

Chaos total. La recherche de l’oubli l’avait menée sur des sentiers bien éloignés de sa morale : embrasser un homme, mais quelle mouche l’avait piquée ! La folie la guettait, car la raison aurait voulu qu’elle s’écarte de ce corps, qu’elle s’éloigne de sa chaleur. Elle n’avait rien ressenti. Rien. Et pourtant, elle ne cessait de songer à ces lèvres qu’elle venait de goûter fiévreusement, terriblement honteuse. D’une voix un peu rauque, elle répondit à Archibald :

- Je n’aurai de cesse d’essayer d’effacer cet instant de ma mémoire tant la honte m’étreint !

Oui, elle avait honte de son comportement et bien plus honte encore de ne pas trouver la force de s’arracher au réconfort de ces bras, qui lui offrait momentanément l’asile dont elle avait besoin.

Complètement paumée, la Beaumont. A l’ouest, elle avait perdu totalement le nord. Le front calé contre l’épaule qui lui faisait face, elle écoutait les promesses qu’on lui faisait,
se troublant un peu plus encore quand l'étreinte fut resserrée.


- Vous ne pourrez pas toujours me protéger, Archibald. Il me faudra bien affronter ces chemins seule pour aller à la rencontre des âmes perdues. Mais oui, promis, je tâcherai désormais d’avancer sans torche, bien que le noir complet me semble d’avantage risqué.

Le silence les enveloppa, trop longuement. Elle voulut lui dire qu’il serait peut-être bon qu’ils se séparent, mais elle n’eût pas la force d’ouvrir la bouche, goûtant encore un peu à cette illusion de voir sa solitude s’évaporer.

- Z'êtes sure d'êt'e faite pour entrer dans l'z'ordres ?

Elle s’écarta légèrement de lui, pour relever vers lui deux billes brillantes, les ombres sur son visage lui donnant un air encore plus tragique.

- Il le faudra bien, sinon à quoi servirais-je dans ce monde ? Voyez, vous-même restez de marbre devant mes faiblesses. Je n’ai pas de quoi plaire, ni à vous, ni à ceux à qui je voudrais plaire. Je ne suis pas faite pour être une épouse, encore moins une amante. Alors c’est que l’Eglise est ma voie.

Et enfin, elle trouva la force de s’extraire de cette zone d’intimité troublante et fragilisante qu’elle fuyait ordinairement dès lors qu’on l’effleurait.

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Bann' by JD Cassian - Gage choisi par JD Dôn, parce que pour UNE FOIS elle avait raison
Archibald_ravier
Bon sang femme ! On est pas d'même monde ! Sinon j's'rais d'jà en train d'trousser vos jupons dans l'fourrés !

Par les burnes du Très Haut, qu'est-ce qu'il lui avait pris de provoquer Isaure ce soir là sur ses capacités à survivre seule la nuit dans la nature ?
D'une part parce que manifestement elle en était incapable et qu'il réalisait à quel point il l'avait mise en danger - Dieu seul savait ce qui aurait pu lui arriver s'il ne l'avait suivie ! - et d'autre part parce que bordel, il ne s'attendait pas à ça.
Les émois de bonnes femmes c'était déjà pas trop son truc, mais alors ceux de la noblesse, clairement il n'était pas calibré pour gérer.
Et il ne savait pas comment poursuivre, surtout qu'elle s'était dégagée. Bordel, elle ne s'était pas vexée parce qu'il n'avait pas immédiatement dressé son vît entre eux, si ? Il y a des femmes qui se vexeraient pour ça ? Probable, elles se fâchent pour si peu...
Il posa une main sur son épaule, pas vraiment pour la faire revenir à lui, juste pour garder un contact, et prolongea son demi mensonge par une vérité absolue.


Et puis, mon coeur est d'jà pris m'dame Isaure, et ça s'rait pas très honorabl' d'ma part de m'jeter sur vous dans c'conditions.

Maintenant, il ne restait plus qu'à prier pour qu'elle ne le houspille pas pour savoir de qui il s'agit, sinon il allait se retrouver sur un bûcher dans l'heure.
Et puis baste, il l'enlaça de nouveau, restant derrière elle pour murmurer à son oreille.


Vous êt' très belle m'dame Isaure, c'pas gentil d'vot part de m'forcer à l'dire, pis ça va finir par êt' gênant pour tous l'deux. Z'êtes belle, z'avez un cul à faire bander un mort. Alors vous p'v'ez l'promettre à Dieu mais j'suis à peu près sur qu'il en f'ra rien. V'pouvez l'donner à un mari mais y'a d'chances qu'il préfère vot'matrice vu qu'vous êtes nobl'. Pis sinon v'pouvez aussi l'garder pour vous pis êt' maitresse d'vot vie pour changer un peu. Z'avez été anoblie, z'avez une terre pis un rev'nu. Y vous reste pu qu'à...

Sa vois s'étrangla un peu dans sa gorge.
C'est qu'il a beau être amoureux comme jamais il ne l'avait été, et d'un garçon par dessus le marché, il n'en restait pas moins un homme de vingt ans. En train de consoler une jolie femme. Voire de faire son éloge. Et celui de son cul. Et vu que lui était loin d'être mort, ce cul pressé contre lui ne pouvait donc plus ignorer que la nature reprenait ses droits et que tous les raisonnements mentaux de la terre ne suffisaient plus à garder en berne ce qui aurait du le rester.


... vivre pour vous.

Il aurait voulu s'écarter, mais s'il le faisait, son embarras serait suffisamment visible pour lui coller la honte de sa vie, alors il se contenta de croiser les doigts et de penser à autre chose. Comme Mayeul par exemple. Mayeul qui devait déjà dormir, le veinard, en chemise fine, la peau tiédie sous l'édredon et... Non, pas à Mayeul. A... euh... euh... euh...

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Isaure.beaumont
A peine avait-elle pris ses distances, dans un éclair de lucidité, que déjà le lien était recréé par une main innocente sur son épaule. L’instant était gênant, terriblement gênant. Se pouvait-il qu’Archibald puisse croire qu’elle le désirait ? Si elle l’appréciait, le jeune homme ne l’avait pourtant jamais émue, mais alors pourquoi sa peau semblait-elle réagir à son simple contact ce soir-là?

Elle n’avait rien ressenti en l’embrassant : la terre n’avait pas tremblée, seule la honte l’avait ébranlée. Alors pourquoi, pourquoi cette main sur son épaule couverte semblait-elle la brûler ? C’était sans compter le nouvel assaut archibaldien. Que diable faisait-il ? Le corps se raidissant, elle ferma les yeux pour essayer d’endiguer ses pensées coupables, pour freiner ce corps qui la trahissait.

Les lèvres s’agitèrent dans une vaine prière qui mourut quand le souffle chaud vint frôler son oreille.


- Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant, Créateur du Ciel et de la Terre, Des Enfers et du Par…


Et puis ce fut véritablement le début de la fin.


- Archi…bald…Qu’est-ce que… ?

Oh, elle savait très bien ce qui se tramait derrière : la vertueuse Isaure s’était perdue il y a bien longtemps sur ces sentiers-là, mais jamais elle ne s’était laissée corrompre si facilement. Elle n’avait plus les idées claires, elle cherchait une direction à sa vie, et prenait pourtant les vents contraires. Elle se débattait avec elle-même, dans un combat singulier, la chaste Isaure contre ses démons. Rompre avec la solitude, oublier ses peines. Elle n’aspirait qu’à retrouver le calme, à sortir de cette tempête.

Et quand la tension fut si forte, quand la raison fut vaincue, elle perdit totalement le contrôle. Le corps féminin pivota contre l’autre, se pressant maladroitement, tandis que la bouche-plus-si-pieuse vint assiéger les lippes voisines.

Oh, elle avait bien entendu sa confidence. Il en aimait une autre, mais ce n’est pas de son amour dont elle avait besoin. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait, la déraison s’emparait d’elle : oublier dans un baiser, baiser pour oublier.

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Archibald_ravier
[Oh merd'merd'merd'merd'merd !
Mais qu'est-ce qu'il avait fait encore ! Maudits soient les hommes et leur mécanique incontrôlable ! Et puis comme un con il y répond au baiser, cette fois. La bouche entrouverte, il goûte la langue amie.
Amie bordel on a dit Archibald, réveille toi grand con !
"Je déteste quand tu lutines des femmes"
Il l'entendait régulièrement celle ci, dès qu'on évoquait en plaisantant le bordel du coin en lui suggérant d'y aller.
Il n'y allait plus. Ou juste boire des coups, parfois, quand Mayeul lui avait un peu trop tapé sur le système et qu'il voulait se faire croire à lui même qu'il pouvait encore.
Mais là c'était pas "des femmes" en plus. C'était Isaure merde ! Isaure et sa bouche délicate, Isaure une femme de la haute, Isaure la pieuse Isaure, Isaure l'amie de Don la femme de Théodrik-oh-merde-s'il-l'apprend-il-va-me-tuer.
En désespoir de cause, il monta le menton, et elle fut bien obligée de lâcher sa bouche pour se perdre dans son cou et raaaaaaah le cou bordel, il avait oublié. Il pensait qu'il n'y avait que les femmes qui réagissaient si on les embrassait là et raaaaaaah mauvaise idée, mauvaise idée ! Là, en bas, c'était plus roide que jamais, tellement gorgé qu'il avait l'impression que tout son sang y était descendu et que c'était là qu'il faudrait prendre son pouls s'il s'évanouissait maintenant. Non, bordel, non, ne pas penser à la main d'Isaure qui ferait ça.
Et pourquoi il n'arrivait pas à s'arrêter lui non plus, pourquoi il la serrait contre lui comme ça ?
Foutrecul, s'il la repoussait elle allait le haïr. S'il cèdait elle allait le détester. Par le Très Haut elle parlait déjà de honte pour un baiser chaste !
Bon Dieu, il avait tellement envie de goûter sa peau, elle avait l'air si douce !
Il la serra plus fort contre lui, enfouit le visage dans son cou à elle - elle sentait bon en plus ! - et il chercha au fond de lui la force de dire non.

    "Je déteste quand tu lutines des femmes"
    Mayeul. Mayeul, bordel, t'as même pas le droit de dire ça. T'es ni mon frère ni mon amant (que le Très Haut nous protège) ni rien ! rien ! Rien que des yeux rieurs, rien que ce corps tiède contre lequel je m'éveille roide les rares fois où tu ne te lèves pas avant moi, rien que ces cheveux dorés qui attrapent si facilement la lumière du soleil au petit jour quand nous prenons la route, rien, rien, rien !

Oh seigneur. Penser à autre chose sinon il allait exploser.
    Mayeul qui retire sa chemise le soir avant de dormir, Mayeul qui se moque de lui, Mayeul qui laisse sa main dans la sienne quand ils doivent rentrer dans la nuit sombre, Mayeul qui se presse contre lui dès qu'il entend un bruit dans une ruelle, Mayeul qui...

Non, non, non !

Mamie !

Mais c'est trop tard. La tension qui l'habitait se relâcha, ses culottes souillées seront la marque de sa honte, comme quand il regardait les filles se baigner dans sa jeunesse. Et la vertu d'Isaure était probablement sauve.
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Isaure.beaumont
Dans un état second, Isaure était en cet instant bien loin de toute pruderie. Et ce corps contre le sien, réveillant souvenirs et envies, et cette bouche chaude qui se mêlait à la sienne, pleine de promesses et de secrets. Et quand le lien fut rompu, ce ne fut que pour mieux parcourir la peau inconnue qui pourtant lui semblait familière, du bout des lèvres avant de se faire plus insistante. C’était Odren qu’elle baisait à travers lui, et ces bras qui l’enserraient, Dan.

Dans un sursaut de sagesse, elle s’apprêta à le repousser, mais son souffle chaud dans son cou la perdit, ravivant le souvenir plus ou moins lointains d’autres baisers, d’autres étreintes. Et ce corps, esseulé, voulait son dû, refusant d’écouter une fois de plus cette tête rigoriste. D’abord crispées sur la chemise d’Archibald, les mains aussi légères que fébriles se perdirent sur le torse masculin – qu’elle ne tarderait pas à découvrir nu sous peu – et auraient certainement fini leur course un peu plus bas si un cri n’avait pas été poussé.

- Mamie

Au lieu de venir s’enquérir et libérer une certaine preuve flagrante de désir, les mains s’agrippèrent au tissu, au niveau du plexus solaire. Ma mie… Et la bulle éclata. C’était comme si Judas faisait son apparition, là où il n’était pas attendu. Il n’y avait que lui qui l’avait ainsi appelée. A moins qu’il n’ai dit…. Mamie ? Mamie, comme grand-mère ? Elle le repoussa alors violemment, le visage rouge, non plus de désir mais de vexation.

- Mamie… Mamie ? MAMIE ! Espèce de…. Non seulement, vous oubliez de me fêter mon anniversaire ! Mais en plus vous me traitez de vieille ! Mais quel goujat !


Mauvaise, vexée, piquée, elle le poussa à plusieurs reprises du bout de l’index. Elle était trop énervée pour prendre conscience de la situation embarrassante dans laquelle ils s’étaient fourrés.

- Allez donc vous faire voir, Archibald !! Malotru ! Allez-vous faire voir vous… Vous et votre… votre…

Trop irritée pour poursuivre, elle lui balança au visage un morceau de mousse, qu'elle venait d'arracher d'énervement à l'herbe.
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Bann' by JD Cassian - Gage choisi par JD Dôn, parce que pour UNE FOIS elle avait raison
Archibald_ravier
Plitch.
C'est, grosso modo, le bruit que fait un morceau de mousse trempé quand on se le reçoit dans la gueule. Et pendant quelques secondes il ne peut que penser à ça. Plitch. Quel drôle de bruit.
Ça a du faire pareil dans ses braies quand son foutre s'y est égaré.
A cause d'elle, en plus. Elle qui avait le culot de lui hurler dessus en plus.
Ce fut plus fort que lui. Il bondit vers elle.

NOM DE DIEU, FEMME !

Et il la saisit par les épaules pour la secouer comme un prunier en plus.


Vous v'rendez compte de c'qu'vous faites un peu ?

Un vague instinct lui intima de cesser de la secouer, parce qu'il allait finir par la blesser. Au lieu de quoi il planta un regard noir et furieux dans le sien.

Vous v'mettez en danger en pleine nuit, vous m'hurlez d'ssus quand j'vous r'trouve pis la s'conde d'après vous m'roulez un patin pour m'cracher à l'figure que j'vous couvre de honte !
Pis comme si ça s'ffisait pas, vous m'réclamez d'compliments, pis vous vous j'tez sur moi alors que j'fais tout pour pas v'froisser !

La voix grave enflait de plus en plus, en même temps que la fureur auto alimentée de l'Archiénervé.

Et moi pendant c'temps j'essaie d'penser à aut'chose pour m'calmer l'vît qu'vous chauffez à blanc et quand j'jouis dans m'braies comm'un puceau v'm'accusez d'vous traiter d'vieille pis d'oublier l'anniversaire ? Z'ÊTES SÉRIEUSE ?

Il la pousse, la fait reculer, le regard planté dans le sien, jusqu'à la plaquer contre un arbre. Et il lui offre ce qu'il sait faire de mieux en baiser. Il n'est pas très doué, alors ça doit piquer un peu, peut être que les dents se cognent ou que les lippes écrasent un peu trop, mais il y met toute la tendresse dont il est capable, avant de la regarder à nouveau droit dans les yeux, légèrement essoufflé.

Dieu vous f'ra pas jouir Isaure. Moi non plus. Mais j'pourrais casser l'gueule de çui qui saura pas v'manipuler 'vec précaution.


Il exhala un soupir, subitement épuisé, et se laissa aller à poser son front contre l'écorce rugueuse, par dessus l'épaule féminine.


Pis j'pensais à ma grand mère. Fin. J'essayais d'arrêter... ça. J'ai d'abord pensé à l'personne qu'j'aime mais ç'pas marché du tout, alors j'ai cherché aut'chose qui m'frais ramollir. Mais même m'grand mère a pas pu empêcher ça.

Et "ça" colle vachement dans ses braies, c'est vraiment très désagréable, aussi désagréable que ce rouge qui empourpre son cou et expose sa honte à la lueur du feu.

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Isaure.beaumont
Impressionnée par la colère soudaine de son compagnon de route, et quelque peu effrayée, la Beaumont resta coi un moment, le temps de se faire secouer généreusement. Mais dès lors qu’il l’eût relâchée, elle commença à lui hurler dessus, en même temps qu’il le faisait, écoutant à moitié, répondant à la moitié. Et plus il haussait le ton, plus elle faisait de même.

-Vous v'mettez en danger en pleine nuit, vous m'hurlez d'ssus quand j'vous r'trouve pis la s'conde d'après vous m'roulez un patin pour m'cracher à l'figure que j'vous couvre de honte !
- Mais vous plaisantez ? C’est vous qui m’avait poussée à le faire ! C’est vous qui m’avez suivie alors que je n’avais rien demandé ! C’est vous qui avez établi un contact charnel en me serrant contre vous, dans vos bras !
- Pis comme si ça s'ffisait pas, vous m'réclamez d'compliments, pis vous vous j'tez sur moi alors que j'fais tout pour pas v'froisser !
- Mais foutredieu ! Je ne vous ai jamais rien demandé ! Vous divaguez mon pauvre Archibald ! C’est vous qui.. qui…


Leurs voix se mêlaient, leurs visages furibonds à quelques distances l’un de l’autre, leurs regards s’entrechoquant.


- Et moi pendant c'temps j'essaie d'penser à aut'chose pour m'calmer l'vît qu'vous chauffez à blanc et quand j'jouis dans m'braies comm'un puceau v'm'accusez d'vous traiter d'vieille pis d'oublier l'anniversaire ?
- Et vous est-ce que vous avez pensé à moi quand vous êtes venu là, pour me terrifier pour mieux me ferrer, hein ! HEIN !
- Z'ÊTES SÉRIEUSE ?


Deux monologues entrecroisés, sourds aux cris de l’autre. Pourtant, quand il haussa véritablement le ton à la fin, elle se tut enfin pour écouter, déglutissant comme elle pouvait.
Et voilà qu’il recommençait. Qu’il l’acculait contre ce tronc, réduisant inexorablement la distance entre eux. Et que de nouveau, le visage ami se trouvait proche du sien, bien trop proche.


- Mais qu…

Bordel, mais que faisait-il ? Elle allait lui demander mais le baiser la condamna au silence. Un baiser d’une tendresse qui la déconcerta, qui l’ébranla alors qu’elle n’avait su lui dispenser que des baisers fiévreux et désespérés. Le dos maltraité par l’écorce, elle resta immobile, le palpitant déréglé et la respiration saccadée, l’écoutant et n’osant souffler en mot. Dans ce baiser-là et dans les mots utilisés, ce n’était ni d’Odren, ni de Dan dont il était question, mais d’Archibald. Et elle prit véritablement peur. Peur des gestes qu’elle avait envie d’esquisser maintenant qu’elle avait retrouvé ses esprits. Elle essaya de se dégager.
- Archibald, s’il vous plaît… souffla-t-elle. - S’il vous plaît, écartez-vous.

Ecartez-vous avant qu’il ne me prenne l’envie de vous embrasser encore, sans que je ne comprenne pourquoi. Voyez comme il est temps que je prenne le voile.
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Bann' by JD Cassian - Gage choisi par JD Dôn, parce que pour UNE FOIS elle avait raison
Archibald_ravier
Oui m'dame Isaure.

Il s'écarta, à peine. Il s'adossa au tronc de l'arbre lui aussi, et se laissa choir au sol. La mousse humide qui accueillit son séant fit peut être "plitch" aussi, il n'y prêta pas attention. Il était vidé. Rincé. Épuisé.
Il posa ses bras sur ses genoux remontés, y appuya son front. Se cacha.

"Je déteste quand tu lutines des femmes"

Il ne l'avait pas vraiment lutinée, mais bon sang qu'il la désirait. Même encore maintenant, alors qu'il se sentait sale d'avoir cédé à ses pulsions de mâle et de l'avoir embrassée comme ça. Même pendant le petit sermon qu'il venait de lui faire.
Bon sang. Qu'elle était belle quand la façade pieuse et froide se lézardait un peu. Qu'elle était belle quand elle lui hurlait dessus et quand elle se laissait embrasser. Qu'elle était belle, là tout de suite alors qu'il n'osait plus la regarder. Alors qu'il avait tellement envie de la toucher, encore.


Je crois en Dieu, le Très-Haut tout puissant, créateur du Ciel et de la Terre, des Enfers et du Paradis, juge de notre âme à l'heure de la mort.


La prière lui échappa, dans un chuchotis à peine audible.
Quand il ne savait plus quoi faire, il priait, depuis qu'Isaure le lui avait appris.
Il priait beaucoup depuis qu'il avait réalisé qui il aimait. Pour que ça s'arrête. Pour ne pas être passible du bûcher. Pour ne pas manquer un battement de cœur dès qu'il le voyait arriver. Pour ne pas risquer de le perdre si jamais il l'apprenait.
Quelque part, désirer autant Isaure, là tout de suite, c'était rassurant. Il aimait les femmes, il avait toujours aimé les femmes, alors il les aimerait toujours, pas vrai ?
Et bon sang, pour la désirer, il la désirait. Si elle changeait encore une fois d'avis il serait bien incapable de se tenir correctement.
Alors pourquoi, pourquoi avait-il l'impression d'être un traitre ?

Il se redressa un peu, relevant la tête pour la renverser contre le tronc de l'arbre. Et finit par rompre ce silence embarrassé, d'une voix à peine plus forte que lorsqu'il priait :


Vous qu'avez l'air d'vous y connatr'mieux qu'moi, dites moi, on a t'jours mal comm'ça quand on aime quelqu'un ?
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Image d'origine
Isaure.beaumont
Il s’écarta enfin d’elle, mais pas suffisamment pour être en totale sécurité. Il était encore si près qu’il lui semblait sentir la chaleur émaner de son corps. Il était encore si près qu’elle aurait presque pu entremêler ses doigts aux siens. Quand il se laissa glisser le long du tronc, sur lequel son dos était toujours appuyé, elle s’autorisa enfin à relâcher la pression, fermant les yeux et prenant une grande inspiration. Et quand il lui sembla entendre le crédo dans un murmure, elle ne put s’empêcher d’étirer un fin sourire et de le réciter elle aussi, muettement afin de ne pas troubler la prière de son voisin.

- Vous qu'avez l'air d'vous y connatr'mieux qu'moi, dites moi, on a t'jours mal comm'ça quand on aime quelqu'un ?

Soulevant les paupières, elle baisse le regard vers lui avant de se laisser glisser à son tour à ses côtés. Elle resta silencieuse de longues secondes avant de se lancer à voix basse.


- Je ne suis pas certaine ne m’y connaître mieux que vous… et si j’en crois… mon peu d’expérience en la matière, oui, c’est douloureux. Toujours.

C’était une bonne raison pour se réfugier sous les jupes du Très-Haut et de revêtir le voile. S’empêcher d’aimer.

-C’est un don de soi, d’aimer. Cela revient à s’arracher soi-même le cœur pour le confier à un autre, au risque de le voir piétiné. Alors oui, je crains que l’on ait toujours mal quand on aime quelqu’un.


Elle resta un instant à contempler ses mains ne sachant qu’en faire. Elle se tourna alors vers lui, s’agenouillant, épaule contre tronc. Elle resta un instant à l’observer, à découvrir ce profil qu’elle côtoyait pourtant depuis de longs mois.


- Pourquoi n’est-elle pas à vos côtés ?


Elle lui parlait de la femme qu’il aimait, et si la réponse l’intéressait pourtant, elle se perdit dans la contemplation de cette bouche qui raviva sa subite attraction pour le fils de paysan.


- Foutredieu,
lâcha-t-elle dans un murmure.

Déjà elle se recalait dos à l’arbre pour ne plus l’avoir en visu, les mains venant arracher nerveusement les brins d’herbes pourtant innocents. Etait-ce le Très-Haut qui cherchait à l’éprouver avant qu’elle n’ose enfin prononcer ses vœux ?


- Récitez le crédo, Archibald. Récitez-le !

Les yeux fermés, exagérément, elle attendait fébrilement qu’il s’exécute. L’entendre prier tuerait cette nouvelle vague de désir incongru dans l’œuf. Récite, bon dieu, récite Archibald ! Chasse le démon de la luxure !
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