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[RP] Ouvert - Comptoir des usuriers, prêteurs sur gage.

Judicael.


ℭ𝔬𝔲𝔯 𝔡𝔢𝔰 𝔐𝔦𝔯𝔞𝔠𝔩𝔢𝔰 - ℭ𝔬𝔪𝔭𝔱𝔬𝔦𝔯 𝔡𝔢𝔰 𝔘𝔰𝔲𝔯𝔦𝔢𝔯𝔰
𝕼𝖚𝖆𝖗𝖙𝖎𝖊𝖗 𝕻𝖔𝖚𝖗𝖕𝖗𝖊.


L'endroit n'a plus sa réputation à faire. L'envers non plus. La Cour est un royaume intérieur peuplé de criminels mais aussi de truands, petites frappes, malandrins et faux mendiants qui exploitent la charité publique. Leurs prétendues infirmités disparaissaient comme par miracle, comme les petits sou du passant étourdi ou inattentif...
La Cour est un grand cul de sac où l'on accède par une longue pente tortueuse et raboteuse. Elle est enclose par l'ancien mur d'enceinte de la ville dont il ne reste guère que des tours en ruines. Mendiants professionnel, vagabonds le jour qui deviennent la nuit bandits redoutables s'y bousculent. Les Maitres de cet enfer? Cagous ou voleurs. Lépreux maudits, relégués loin des villes. Archi-suppôts, moines défroqués, escholiers perdus, mercandiers qui se font passer pour des marchands en difficultés et riffodés pour des victimes d'un incendie. Il y a aussi les convertis qui attirent les aumônes en se disant d'anciens réformés touchés par la grâce et les coquillards qui mettent des coquilles sous leurs guenille, faisant croire ainsi qu'ils viennent d'un lointain pèlerinage... La foule des francs mitous n'en finit pas de gonfler, dans la panse putride des Miracles...

Il y a parmi eux les préférés des frères jumeaux.: les malingreux dont les jambes sont passées à l'éclaire et au sang de boeuf pour faire croire à de fausses plaies. Certains ont de fausses difformités, bossus, culs de jatte, unijambistes, manchots, boiteux, éclopés font la part belle à ce doux berceau.... Ils invoquent les saints guérisseurs comme St-Fiacre qui guérit les hémorroïdes ou St-Clair les maladies des yeux... A les écouter, n'ont-ils pas sont suivis des hubains qui montrent des certificats attestant qu'ils ont été mordus par un chien enragé? Les râclures crient très fort que St-Hubert les a guéris. Les Sabouleux simulent le haut mal, ils enseignent d'ailleurs à la Cour "l'art d'écumer". Oui, comme un épileptique, en mâchant un morceau de savon. Oh je pourrais vous parler encore longtemps des mions, enfants volés dressés à la mendicité... Des drilles et narquois qui à eux seuls forment une catégorie à part. Mais là n'est pas le sujet de notre histoire.

La Cour des Miracles a durement acquis une existence de fait, elle demeure ainsi tolérée et reconnue par les autorités, quelles qu'elles fussent, comme le refuge des malfaiteurs. D'ailleurs, en dehors des initiés, et surtout la nuit, nul n'ose s'aventurer dans ces lieux maudits. Passer outre est risquer la perte de sa bourse, de ses vêtements ou de sa vie. La ville qui l'abrite, mère maltraitante est très active et grouille d'une population plutôt misérable dans sa majorité. Je ne cesserai jamais de faire couler l'encre, pour vous parler de Paris...

Paris est belle et pestilentielle. La populace ici est avide de jouissances. Des périodes les plus sombres, elle a gardé le goût du sang. On se bat en duel à toute heure du jour et de la nuit malgré les interdictions. Sur le pavé gluant, le long des édifices noircis et délabrés qui portent des enseignes de guingois, circulent à grand fracas des charrettes pleines. Des cochers brutaux hurlent en claquant du fouet. Il faut bien nourrir le ventre de la bête. Beaucoup de filles sont puterelles. La cuisse-haute est d'ailleurs partout. Elle fleurit même au cimetière ... Les vauriens des Miracles n'ont aucune peine à se glisser dans la faune locale pour y passer inaperçus. La circulation est difficile et les rues étroites n'aident rien.

Paris attire des gens de toute l'Europe. Il y a parmi eux, beaucoup de rapins, plus ou moins griveleurs. S'ils ont de l'argent, ils fréquentent les bordels connus . Cette foule avec ses centaines de filous traine le soir, sous les jupons de la Cour, la fameuse, car c'est d'elle dont nous voulons parler. A ses abords, les crieurs haussent le ton, pour couvrir la voix des bateleurs, bonimenteurs, tondeurs de chiens et petits poètes. Toute cette petite population de bas étages se parque dans les masures surpeuplées...vit d'expédients et reste une proie facile pour les usuriers.

    Les usuriers. Les voici. Passés maîtres dans l'art de prêter de l'argent avec contrepartie, ils se trouvent facilement à qui en a grand besoin dans les bas fonds de Paris. Leur comptoir est réputé pour avancer l'écu sans poser de question, moyennant des objets ou la promesse de rembourser vite... Avec intérêts. Sous peine de finir les jambes cassées. Ou pire. Qui sait. Alimenté par l'or des pillages, il tourne à toute heure. Passé le lourd rideau de velours râpé, l'ambiance est tout de suite plus pesante. L'odeur de l'or rend les gens méfiants et les transactions sont surveillées. Une comptable de quatre sous, un regard aiguisé qui vous fouille sans vous toucher, et vous voilà acculé dans l'avant salle de toutes les transactions. Certains racontent même que derrière, se cache un tripot, pour mieux préparer le voyageur - qui n'est forcément pas perdu - à s'endetter un peu...

    Et l'on aurait tort de penser qu'il n'y a que les petites gens pour s'y presser... Bourgeois en dettes, marchands ruinés se hâtent aussi de rentrer par l'entrée discrète et sans enseigne des frères roux, et se voir tendre une main secourable... S'ils peuvent rembourser.

    Les noms s'échelonnent sur la "Liste". Précieuse Liste, soigneusement rangée dans son carnet de cuir, qui fait frapper tôt ou tard à la porte des oublieux une visite qu'ils n'attendent pas... Toute personne figurant dessus est potentiellement encore débitrice du Comptoir, jusqu'à ce qu'elle en disparaisse. Tenue par les roux avec un soin chirurgical, elle est gardée avec méfiance et assurément , ne perd jamais la mémoire...


Sources: Histoire en Questions

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Dernière édition par Judicael. le 16 Mar 2018 21:54; édité 4 fois
Samaele
    Il faut être à la hauteur.
    Il faut se forcer, il faut respirer un bon coup, se faire croire qu’on est capable, qu’on est fort et apte à la tâche, se le répéter assez de fois, nourrir sa propre confiance en soi, il faut que le corps tout entier intègre l’idée. Il faut céder à sa propre propagande et agir.

    Face au miroir poussiéreux et usé qui reflète vaguement ses traits, Samaële voudrait s’encourager, s’entrainer à être tenace, forte et convaincante. Répéter les mots qu’il faudra dire, tout à l’heure, réviser les gestes, les regards qui lui permettront d'obtenir, de s’intégrer et de se protéger du monde hostile qu’est la Cour des Miracles. S'exercer pour chasser la peur qui s’invite encore bien trop souvent lorsqu’elle se retrouve en des lieux inconnus dont elle ne maitrise pas les codes. C’est un travail quotidien : avaler la peur et la digérer.
    Il faut s’entrainer, absolument, s’aventurer en territoire de crainte jusqu’à ce que celle-ci devienne ce qu’elle doit être : un signal d’alarme et non plus une entrave qui vous empêche d’agir.

    Elle soupire.
    Il y a encore du boulot.
    Au creux de sa main, un parchemin indique une adresse et deux noms, Judicael & Samael.

    Ils sont censés être la solution à son problème du moment : "l’hôtel de la liberté". Cette bâtisse en plein cœur de la Cour des Miracles appartient à son père, Stradivarius. Fut un temps il y gérait toute sorte d’affaires aussi sordides que lucratives. Mais l’hôtel avait été peu à peu délaissé jusqu’à ce qu’il propose à Samaële de prendre sa suite.
    Dans l’absolu c’était cool.
    Dans les faits c’était cher.
    Car pour relancer les affaires il faudrait redonner un coup de neuf et d’éclat au bâtiment, l’équiper de manière à ce qu’il puisse accueillir à nouveau leurs hommes de main, racheter du matériel, des vivres, financer les futurs salaires et la logistique des opérations à venir. Bref, il lui fallait un paquet de fric qu’elle n’avait pas. Emprunter était donc une solution convenable puisqu’elle misait sur le fait qu’une fois l’hôtel réanimé, il générerait à nouveau des tas d’or.
    Encore fallait-il qu’on lui en prête de l’or... Était-elle crédible du haut de ces 17 ans, avec sa gueule de 15 ans à peine ? Assurément pas.
    Tant pis.
    Elle fera avec sa gueule de gamine. Il faudra dissimuler la peur mais ne pas se montrer trop sûr de soi. Sa frimousse adolescente suintait trop l’inexpérience pour qu’elle puisse se permettre de débarquer là-bas avec une prestance toute fictive qui s’écroulerait au moindre imprévu. Il lui semblait que toute posture qu’elle pourrait s’efforcer de prendre serait mauvaise. Elle devait faire avec ce qu’elle était.

    Samaële entre dans l’établissement, son regard méfiant balaye l’avant-salle, elle jauge les présents. Pas de trace des rouquins, évidemment…
    Pourtant elle ne parlerait qu’aux responsables de ce lieu, ce n’est pas comme si elle venait réclamer quelques centaines d’écus. Non. Vu la somme elle ne dirait rien ici, pas au milieu de tout ce petit monde parmi lesquels se trouvait toute sorte de malfrats n’attendant que la bonne occasion pour commettre leurs crimes. Déjà qu’elle avait le physique du pigeon idéal, on n’allait pas en rajouter. Avisant la comptable qui la toise depuis qu’elle est entrée, elle demande simplement et calmement :


    - Je souhaite m’entretenir avec les frères.

    Jetant un coup d’œil au parchemin qu’elle tient dans sa main elle ajoute :

    - Judicael ou Samael.

    Que voulez-vous, jamais elle n’a entendu ces noms-là, elle n’est pas du coin.


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Owenra
    Qu'il est bon de reprendre certaines affaires, et celle menée d'une main de maître par le trio de rouquins ne peut s'avérer que florissante. Evidemment, Renarde met la main à la pâte en prêtant patte forte à ceux qu'elle n'est capable de considérer autrement que comme ses fils spirituels. Qu'ils sont beaux ces jumeaux, qu'ils sont jeunes, l'Owen' ne peut qu'être fière de se trouver en leur bonne compagnie. Aussi, lorsque Cael lui a présenté son projet, l'Aînée n'a pas été en capacité de refuser d'offrir de son temps et de son savoir mathématiques afin de s'associer aux frères-terreurs. Elle aime les chiffres, les chiffres qui gonflent. Elle aime l'argent qui s'amoncelle et s'accumule. Dans une affaire pareille, un comptable est essentiel et il s'avère d'autant plus important quand il s'agit d'une ancienne catin connaissant les rouage de la séduction, maîtrisant l'art d'attirer le client.

    Alors Renarde tient le comptoir, perchée sur un tabouret, un carnet ouvert devant elle, une plume d'oie dans un encrier, prête à servir. Elle présente bien. Pour cet office, les cheveux d'ordinaire laissés lâches sont domptés dans un chignon haut perché sur le crâne. Quelques mèches flamboyantes et bouclées caressent l'épiderme blanc du front et du cou si gracile qu'on l'imagine facilement broyé sous la pression d'une poigne ferme. Le minois minutieusement encadré, reste émacié mais pourtant, le teint d'ordinaire gris révélateur d'une pathologie sous-jacente a aussi été travaillé. Qui eût cru que l'art des artifices appris au bordel lui serviraient en d'autres circonstances que celles prévues initialement ? Le teint gris donc, a été allègrement mué en une pâleur plus laiteuse. Les sourcils n'ont pas été retouché, pas plus que les cils encadrant les yeux amandes aux iris vertes pâles. Les pommettes si saillantes sont, au contraire, rehaussées d'une très légère touche rosée de chaque côté du petit nez. La bouche charnue qui surplombe le fin menton, est peinte d'un rouge sombre.
    En guise de vêtements, une chemise de soie ceinte d'un bustier de cuir pour redresser une poitrine rendue timide par une maigreur camouflée grâce au tissu fluide. Si elle se glisse hors du comptoir, alors il est possible de constater la présence d'une jupe sans fioriture ni extravagance hormis la ceinture de cuir qui la maintient en place. Aux pieds, elle garde ses éternelles bottes, cependant, ces dernières s’avèrent bien souvent pratiques.
    Les lames qui ornent ses flancs habituellement ont été laissé dans l'arrière-salle. Elle n'a décidé de garder à proximité qu'une dague et un poignard, au cas où, là, dans l'un des recoins du comptoir, juste devant ses genoux.

    Ici, elle ne joue par le rôle habituel de la femme vulgaire et froide qu'elle laisse paraître. Le masque des affaires pare son visage d'un air avenant au sourire chaleureux et parfois charmeur.
    Or, quand elle pose le regard sur l'entrée du jour. Elle ne peut se défaire de son analyse habituelle. Ainsi, les pupilles acérées scrutent la jeune fille brune à l'aspect général pragmatique. Dans la petite salle, celle qu'elle jauge comme n'étant qu'une gamine se met à parler. La Rousse écoute. La Renarde étire ses babines carmines en un sourire, non pas carnassier comme d'ordinaire, ou filant en coin comme de coutume ; un sourire chaleureux, qui pourrait passer pour franc quand l'Owen' est encore inconnue. À son tour de parler, une voix rendue grave depuis quelques temps se fait entendre :


Ma chère, aucun des deux n'est ici présent comme tu le vois. Ceci dit, tu peux traiter avec moi. Mes décisions sont les leurs. Nous ne refusons jamais un prêt.

    Et la Flamboyante ne se départit pas de son sourire. Elle joint les mains (non gantées pour une fois), sur le bois du comptoir, présentant leur petitesse ainsi que leur bon entretien quotidien. Tout ici n'est question que d'apparence et de paroles pour les renards. Séduire le client et l’amener à quémander pour lui faire rembourser avec des intérêts ensuite quel jeu délicieux.

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Dernière édition par Owenra le 12 Fév 2018 08:06; édité 1 fois
Samaele
    Vraiment ?

    Les sourcils bruns se froncent soudain intrigués et méfiants. Jamais ils ne refusent un prêt ? L’affirmation est surprenante, la Cour des Miracles ne manquait pas de nécessiteux qui seraient bien incapables de rembourser la moindre piécette si on leur en avançait ne serait-ce qu’une petite centaine. Elle doutait fortement que l’établissement se risque à leur céder quoi que ce soit. Aucun intérêt.
    Quand on n’a rien, on n’a rien.

    Mais peut-être était-ce bon signe après tout, peut être que si la chaleureuse comptable attestait d’office qu’elle prêterait de l’argent c’était qu’elle avait déjà jugé Samaële digne de recevoir un prêt ? Peut-être… Toutefois cette explication ne pouvait lui suffire. Sa méconnaissance des lieux, des mœurs et des pratiques de la cour la rendait suspicieuse de tout. Et elle ne se refrénait pas, l’excès de prudence était la mesure. D'ailleurs la Renarde lui inspirait confiance, et c'était une bonne raison pour ne pas avoir confiance. Samaële se refusait de traiter avec quelqu’un d’autre que les frères, il était fondamental de pouvoir les rencontrer afin de savoir à qui elle avait affaire. Elle avait besoin de les observer, de chercher dans l’éclat d’un regard l’aveu du tempérament, de la personnalité et de l’esprit que renfermaient ceux auprès desquels elle s’endetterait.
    Peut-être en serait-elle incapable d’ailleurs, sans doute était-elle trop novice pour déterminer quoi que ce soit d’un simple regard, mais elle se devait d’apprendre, au moins. Elle réclamerait quelques milliers d’écus, alors si d’aventure on les lui accordait, il lui faudrait voir - à défaut de savoir - à qui elle se liait.

    Elle aurait dû chercher à couper court la conversation qui s’engageait avec la comptable.
    Mais.
    Impossible d’ignorer la tignasse flamboyante de son interlocutrice. Le doute s’immisce en elle, la rouquine est-elle de leur famille ? La fille d’un des deux ? Une sœur ? Pourquoi pas leur tante ? Ignorant l’âge des frères tout était possible. L’incertitude la décida à ne pas complètement clore leur échange.
    Pour autant elle ne se fit ni loquace ni chaleureuse. Pas qu’elle cherche à se donner des airs importants ou supérieurs, non, simplement qu’elle n’avait pas envie de s’empêtrer dans les convenances.


    Vraiment ? Quelle chance pour moi alors…

    Ses lèvres s’étirent en un fin sourire teinté d’espièglerie. L’ironie qui anime son regard laisse entendre qu’elle a du mal à croire qu’on puisse lui accorder un prêt si facilement.

    Jamais vous ne refusez ? N’existe-t-il pourtant pas des conditions pour que vous vous décidiez à confier votre or à une inconnue ?

    Le vouvoiement est spontanément conservé.

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Owenra
    L'air ironique que prend la jeune tressée ne peut qu'amuser la trentenaire. Si jeune et pourtant si méfiante. Comme elle use de bon sens cette candide innocente venue se perdre dans l'un des quartiers les plus dangereux de Paris. Se perdre ? Non, une personne perdue ne peut plus suivre une direction ou un but. Or cette petite sait exactement quelle est sa destination. L'Owen' hoche légèrement la tête sans se départir de son sourire avant de répondre à la nouvelle interrogation en faisant fi de la remarque sarcastique.


Chère enfant, tu ne manques pas de jugeote. Effectivement, il y a bien une petite, une insignifiante condition. On pourrait même la qualifier de "négligeable".

    Un instant, la comptable du lieu observe un silence éloquent. Les mains se joignent et les doigts se croisent sur le plan dur. Les pupilles fixent leurs homologues.


Nous pratiquons, ici, des prêts sur gage. Si tu veux un prêt, il te faudra nous confier un objet à hauteur de la somme que tu désires. Nous te le rendrons lorsque tu nous auras remboursé la somme que nous t'aurons accordée. Quant au remboursement... .

    Une nouvelle pause nécessaire tant pour laisser le temps à l'intéressée d'intégrer les paroles, que pour donner un peu de répit à la gorge de la locutrice.


Si nous te prêtons la somme, tu devras la rembourser selon un délai que nous aurons fixé au préalable, avec quelques intérêts, évidemment. Nous ne sommes pas une église, nous ne faisons donc pas dans la charité, comme tu dois t'en douter.

    Là, le sourire s'enfuit au coin des lèvres et le visage arbore un air amusé.


Nous prendrons aussi ton nom et ton lieu de résidence.

    Si la Renarde s'applique à garder le tutoiement ce n'est pas pour faire preuve d'un quelconque manque de respect. Après tout, les gueux n'ont pas à s'embarrasser de tant de convenance, surtout au sein de la Miraculée et face à une très jeune personne.


Que décides-tu ?
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Samaele
    Les paroles de la Renarde la déstabilisent légèrement, le regard émeraude de la gamine se trouble quelque instant. Justement, Samaële veut un prêt sans avoir à confier aucun objet puisque précisément, elle n’en a pas. Par chance la comptable poursuit ses explications lui donnant le temps de réfléchir à la façon d’aborder la suite de leur conversation.
    Samaële se fait attentive, toute information qu’elle peut grappiller avant de rencontrer les frères est un potentiel atout à ne pas négliger. Le tout sera d’en faire bon usage, car à ce jeu-là il faut absolument poser les bonnes cartes au bon moment. Chose qui est loin d’être évident pour Samaële.
    Elle songe à cette histoire de nom et d’adresse, vaut-il mieux s’inventer tout de suite une fausse identité ou leur confier cette information ?

    Mais déjà son interlocutrice lui cède la parole interrompant ses réflexions. Il n’est pas encore temps de jouer cartes sur table, mais il lui semble qu’elle devrait commencer à lui faire entrevoir ce qu’elle veut. Il est l’heure de se dévoiler un peu…


    Si j'avais un tel objet en ma possession, j’entends par là n’importe quelle babiole ayant la valeur de la somme qu’il me faut, j'irais la revendre et je m'épargnerais les intérêts.
    Je ne veux pas d’un prêt sur gage, je veux un prêt tout court.


    Stress. Les mains se font moites, mais cachées derrière le comptoir elles ne peuvent rien révéler de son état. La voix de Samaële est restée impassible et c’est avec flegme qu’elle poursuit en acquiesçant aux paroles de la Renarde.

    En effet, je ne suis pas venu réclamer la charité, mais un service. Et naturellement, j’entends bien payer pour cela. D'ailleurs, quel est le taux d'intérêt que vous pratiquez?

    Un court silence vient ponctuer l’échange, ne perdant pas de vue son objectif elle reprend.

    Quoi qu’il en soi, puisqu’il semblerait que je ne remplisse pas exactement les conditions habituellement demandées, je souhaite parler a un des responsables. Je souhaite parler aux frères.

    Puis le ton change, par précaution sa voix se fait plus basse. Pas de posture faussement mystérieuse, une simple et franche prudence vis-à-vis des clients qui emplissent l’avant-salle.

    Je ne suis pas venue pour quelques misérables piécettes, et en l’occurrence, plus j’emprunte plus les intérêts engendrés sont intéressant pour vous.

    Et de poser le point final de sa tirade.

    Je ne leur ferais pas l’affront d’être une perte de temps…

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Beatrix_
Et en parlant de clients qui emplissent l'avant-salle, une nouvelle tête vint joindre la masse. Elle se pèle les miches dans sa pèlerine élimée, mais garde tête haute et regard sûr. La Cour, dans la famille, on connait. De son temps Papa Volfant y avait entretenu quelques trafics réprouvés par l'Église, de la revente de substances ramenées de ses voyages aux Indes à la traite d'esclaves nubiens, passant par, occasionnellement, un peu de recel d'objets plus ou moins mal acquis. Il avait emmené avec lui Faustin, frère aîné, qui avait à son tour entraîné la cadette entre les murs lépreux de l'impasse, où, enfants, ils passaient inaperçu. Rien n'avait changé. Les mêmes combines, les mêmes trombines, cette ambiance à la fois gouailleuse et inquiétante, les odeurs de gras, de mauvais vin et de stupre.

Elle n'avait pas eu à errer longtemps, un grype lui avait indiqué la voie. Le mont de piété. Si un jour elle avait imaginé atterrir ici... Splendeurs et misères de la famille Volfant, qui en un claquement de doigts avait tout vu se réduire comme peau de chagrin, aussi bien le nombre de ses membres que ses richesses disponibles. A présent l'unique survivante tirait le diable par la queue, et ses atours d'un autre âge ne trompaient personne. Qu'à cela ne tienne. Peut-être se referait-elle un jour. Ou peut-être pas. En tous les cas elle n'avait pas besoin de toutes ces reliques d'un autre temps.

Alors elle se plante là, et elle attend.
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Judicael.
Le mont de piété? Pas tout à fait. Plus tard, peut-être, la petite combine servirait réellement à aider les indigents moyennant de faibles intérêt et à combattre l'usure. Mais pour l'heure, dans la petite salle des gages... Adieu le Grype , le client n'y trouverait tout au plus le sourire renard de trois roux tenant office, et la monnaie frappée qui n'en finissait plus de tinter. Le commerce valait son pesant d'or, et le recel des pillages servait à pratiquer des taux exorbitants partout dans la ville. Il fallait être riche, ou accepter de se faire écraser par la misère. Telle était la loi de Paris.

Découvrant un pan de rideau pour mettre un visage sur la voix qui échangeait avec l'Owen, Cael apparut. Il avait écouté vaguement, tout en terminant de remplir un coffre plus grand et plus épais que les autres, un coffre dont même Malicorne n'aurait pu venir à bout. Derrière; les coulisses étaient toujours agitées. On y mangeait, on s'y bousculait un peu. On y fumait ou on triait la dîme des brigands. L'endroit n'était pas très grand, sans fenêtres. Eclairé par de nombreuses chandelles qui faisaient rutiler l'or d'un éclat apétissant lorsque venait l'heure de compter.

Compter, c'était le passe-temps d'Owenra et le talent de Samael. Judicael lui, ne savait ni lire ni écrire, et compter bien moins encore. Il définissait des tas de piécettes ou de bijou au poids, ou au boisseau, tel un marchand de grain. Dégrossir le terrain était devenu sa spécialité. Aussi, il passait souvent dans l'avant salle, pour dégrossir le client. Trier le bon grain de l'ivraie, ceux qui avaient quelque chose à apporter et ceux qui n'avaient rien à donner.

Il découvrit d'un visage austère une gamine qui semblait peu sûre d'elle mais visiblement déterminée. La faim justifie souvent l'insistance. D'un léger mouvement de menton il l'apostropha, nouant ses mains sous ses bras, la toisant de pied en cap.

- Ton nom. Complet. Ton lieu de résidence. Le nom de tes parents, de tes enfants si tu en as, le montant et l'objet de ton emprunt.

Accueil des créanciers, peut mieux faire.

Il penche la tête de coté, observant une jeune femme brune qui patiente. L'avantage d'être le maître de son commerce, c'est que l'on mesure le temps à l'argent qu'il peut rapporter. Aussi rien ne pressait, les gens qui franchissaient leur porte le faisaient généralement de dernier recours, en désespoir de cause, et attendaient toute la nuit s'il le fallait. Les verts revinrent à la première, ne trahissant aucune once de jovialité.

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Samael.
Money, it's a crime
Argent, c'est un crime
Share it fairly but don't take a slice of my pie
Partage le équitablement mais n'empiète pas sur ma part de gateau
Money, so they say
Argent, comme ils disent
Is the root of all evil today
Est la source de tout le mal actuel
But if you ask for a raise it's no surprise that they're
Mais si tu leur demandes une augmentation il n'y a pas à s'étonner qu'ils
Giving none away
N'en accordent aucune
Pink Floyd



Maitre renard par l'odeur alléché vint pointer son pif .
Non pas que les lieux embaumaient la rose et le lilas, mais l'odeur des affaires et des écus qui tintent, rendait heureux notre zig agité.
Compter, à l'envers et à l'endroit, là se trouvait son passe-temps favori lorsqu'il n'avait aucune petite poulette à se mettre sous le vit ou la petite gueule d'amour de Montparnasse à fracasser.
D'ailleurs avec cette chaude-pisse, le roux se retrouvait en totale abstinence, ce qui le rendait plus nerveux et éparpillé que d'habitude.

Les clients affluaient déjà.
Entendons-nous bien, deux charmantes coquinettes attendaient, tapant la causette à une Renarde splendide et majestueuse sur son tabouret et un Judicael plus sérieux que jamais, un balai dans le fion ne l'aurait pas rendu si raide.


    Ha mon frère que tu es beau que tu es beau, j'en ai les fesses qui font bravo*.
    Ha Owen que tu es belle que tu es belle, j'en ai les roustons qui font des bonds.


Ami de la poésie fine, dîtes bonjour, Samael était arrivé dans la place.
Epaule roux-blarde contre épaule roux-fiane, les jumeaux se tenaient face à leurs clientes et si Cael détaille la première, Samael bouffait la deuxième des yeux, ses émeraudes brillant d'une folie perverse, il s'imagina la Mignonnette payant les intérêts avec sa petite personne.
Il gloussa.




*replique honteusement volée à Jd cael.

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le Renard
Samaele
    Un frisson fugace parcourt son échine. La présence du roux est tout de suite remarquée, sa prestance et la longueur de ses cheveux flamboyants ne laissent aucun doute sur son identité : En voilà un, un des deux frères.
    Malgré elle Samaële sourit, satisfaite. Pourtant elle angoisse, son ventre se serre et plus l’homme s’approche plus elle se sent insignifiante. Les premiers mots qu’il lui jette à la figure lui font regretter la chaleur d’Owenra. Sans doute surjouait-elle la sympathie, mais ça avait l’avantage de vous mettre un peu à l’aise. Elle regrette un court instant ne pas avoir traité directement avec elle. Mais non, c’était mieux ainsi. Elle avait voulu voir ses créanciers et ça avait son importance. Ces gens-là ne plaisantent pas, et on aurait tort de s’enchainer à eux sans avoir jamais croisé leur regard…

    Elle le toise à son tour, sans se départir de ce sourire insensé et contraire à ses émotions, peut-être qu’au fond, malgré la crainte, ces choses-là l’amusent. Elle va prendre la parole quand l’autre jumeau débarque. Elle l’observe, son attitude lui déplait, au-delà du langage c’est son comportement qui ne lui inspire pas confiance… Trop déséquilibré, à priori. Mais elle ne renonce pas à ses objectifs pour autant, ils sont deux après tout. A nouveau elle fait face à Judicael. Discutons.


    Je souhaite emprunter 32000 écus. Si vous les avez…
    Pour le reste, ce sont des informations que je consentirais à vous donner lorsque la cliente que je suis connaitra vos taux d’intérêt.


    Et rien d’autre. Elle voulait savoir avant de se dévoiler.


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Judicael.
Il l'observe se draper dans son caractère. Pour sûr qu'elle en a. Dans un autre contexte, cela aurait même pu exciter de bas instincts chez lui. Malheureusement, en affaire les frères n'étaient pas les oisifs qu'on pourrait croiser au sortir du tripot.. Ivres, insolents et insouciants. Il hausse une épaule légèrement.

- Cent trente pour cent ma mignonne...


Il étire un sourire renard, et se penche à l'esgourde de la visiteuse. Seize ans. Il lui donne seize ans. Alors, à cet âge, on peut bien fleurer bon la ténacité, on ne fait pas le poids contre la loi du plus fort. Les lippes goupiles murmurent , audibles d'eux seuls:


- ... Mais si ce n'est pas à ton gout, tu peux aller chercher ailleurs... D'autre s'en contenteront à la place.


Il désigne d'un léger coup de menton l'autre qui attend derrière elle, et que Mael commence à regarder avec un regard qui n'a rien à voir avec les affaires... Et soudain sans crier gare, il cogne du poing sur le comptoir qui les sépare, provoquant grand vacarme et vibrations en rehaussant brutalement le ton.


- Magne ! Le temps c'est de l'argent ici.


Faudrait pas laisser s'échapper la cliente qui ne moufte pas...


Plus bas, comme s'il avait repris son calme apparent habituel, il intime à son frère, le moins tranquille des deux:

- Occupe-toi de la demoiselle. Je m'occupe de celle qui prend racine derrière.


N'était-ce pas le commerce des deux? Il fallait de fait, pour ne pas vexer leurs ego traiter indifféremment avec les deux. Cael abandonne ainsi Samaele à son triste sort, pour contourner le comptoir de l'usure et aller rencontrer sa prochaine victime. Le sait-elle déjà, seulement?

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Dernière édition par Judicael. le 17 Jan 2018 16:28; édité 1 fois
Beatrix_
Elle n'a pas l'habitude d'observer. En temps normal, la reine des abeilles aime être active, voire au centre de l'attention. Ici c'est différent. A Rome, fais comme les Romains, mais pour cela encore faudrait-il en connaître les coutumes. Le faciès reste placide mais l'esprit fait risette : il lui semble être tombée dans un nid de rouquins, espèce venue des contrées du Nord pour coloniser le bon royaume de France qui, tout le monde le sait, est patrie des gens aux cheveux marronnasses.
La cliente d'à côté ne semble pas foncièrement à l'aise. C'était compréhensible. Les patrons n'étaient pas du genre accueillants. D'un autre côté... Elle n'aurait pas été franchement accueillante non plus si on lui avait réclamé trente-deux mille écus. Question de risque, les clients des Miracles n'étaient pas le type à s'attirer la confiance du chaland. Et le montant des intérêts... Ouaip. A la place de l'autre, elle aurait empoché le pognon et pris sa retraite aux Maldives.
    Ha Béa que fais-tu là, que fais-tu là, j'en ai la chair de poule sur l'bras.
« Celle qui prend racine derrière. »

- Ah, oui. C'est moi.

Elle approche du roux. Celui-ci, elle l'appellera Crieur, l'autre sera Chanteur. Histoire d'éviter les confusions à venir, et même si elle sentait déjà venir le strabisme, à essayer de conserver les deux dans son champ de vision. Il devait se demander ce qu'elle venait foutre là. Pas de sac ou de paquet d'aucune sorte, et une bourse où deux écus se battaient en duel. Eh, pas folle la guêpe, il ne serait pas dit qu'elle irait tenter le diable et jeter ses perles aux cochons. Commence alors le grand numéro de prestidigitation. La pudeur, c'est pour les faibles, elle trousse son cotillon jusqu'au genou et sort de sa botte une statuette toute en longueur, d'une vingtaine de centimètres, représentant une femme portant une coiffe pharaonique surmontée d'une plume d'autruche en équilibre.

- Or et ivoire.

Eh oui. Des années avant Howard Carter et lord Carnavon, Papa Volfant avait eu la riche idée de s'intéresser aux tombes anciennes, pour des motifs bien moins nobles que la science cependant, et avait ramené d'Égypte cette petite déesse Maât chryséléphantine, que Béatrix avait retrouvée au grenier parmi d'autres bricoles — que voulez-vous ma bonne dame, il était mieux vu d'exposer sur le dressoir familial des assiettes en vermeil que les reliques d'une civilisation dont tout le monde se battait l’œil jusqu'au coude.

Puis elle laissa retomber le jupon, se redressa, et retourna sa ceinture. Sur l'envers étaient retenues par quelques points de couture trois bagues en argent. Elle les arracha, et les déposa à côté de la statuette.

- Celle-ci est sertie d'une cornaline, elle d'un onyx, la dernière c'est du lapis-lazuli.

Et le meilleur pour la fin, elle avait dissimulé sous le col montant ras la clavicule de sa robe de drap brun un collier d'épaisses mailles d'or, à un pendentif représentant une croix formée de quatre perles de corail rouge. Il vint rejoindre les bagues et la statuette.

- A combien vous estimez le tout ?

Po-po-po-poker face.
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Samaele
    Merde.
    A la base elle s'était dit qu'elle ne négocierait rien. Qu'importe les intérêts, elle accepterait puisque soit son investissement rapporterait un maximum d'argent et elle pourrait couvrir facilement n'importe quelle dette, soit ses plans échouaient et... mais elle partait du principe que ça n'arriverait pas. Sauf que quand même... cent trente. Elle ne parvenait pas à savoir si c'était normal ou s'il se fichait d'elle. Samaële imaginait bien des taux élevés, mais pas à ce point.

    De nervosité elle se mord les lèvres lorsqu'il lui fait comprendre que c'est à prendre ou à laisser. Puis le poing vient frapper le comptoir et fait tressauter Samaële de surprise. La crainte lui impose un mouvement de recul tandis qu'il gronde. Dans sa poitrine son cœur tambourine comme un démon.
    Calme-toi, réfléchis, calme-toi.

    Elle fait le point sur la situation tandis qu'elle est confiée au deuxième frère. Ils réclament plus de 41000 écus d’intérêt... C'est énorme, tout dépendait du délai qu'on lui laisserait pour payer. Mais même avec du temps ça lui semblait fort peu raisonnable. Pourtant elle ne voyait pas où trouver ailleurs qu'ici la somme qu'il lui fallait. Il fallait tenter, elle n'accepterait pas cent trente, mais quitte a repartir avec rien, autant essayer de négocier. Elle se ressaisit et relance donc les hostilités.


    Quarante et un mille six cent écus...
    ... de perdu pour vous si je franchis cette porte.


    Elle regarde Samael mais parle assez fort pour être sure d’être entendu des deux.

    Enfin... cette somme vous ne l'aurez pas puisque c'est au-dessus de mes moyens et que je ne suis pas assez stupide pour vous emprunter ce que je ne saurais vous rembourser. Mais je vous laisse la possibilité de gagner vingt quatre mille écus, sans avoir à ne rien faire... Prêtez moi trente deux milles écus à soixante quinze pour cent.

    C'est déjà plus que malhonnête.


    A nouveau, le sourire presque insolent jaillit sur le visage adolescent. Elle a la trouille, mais elle n'a rien à perdre. Au pire elle rentre chez elle, ce n'est pas si terrible.

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Judicael.
Rien à perdre. En était-elle si intimement persuadée? Pour avoir perdu une dent dans un combat en face à face contre un gringalet danseur, Judicael savait qu'il restait toujours quelque chose à perdre à quelqu'un trop sûr de lui. Sa dignité.

Il s'arrêta un instant, passablement agacé par les manières de la gamine. Un index furieux se pointa sur elle, tandis qu'il prenait de sa main libre les objets de la seconde.


- Tu viens ici pour emprunter une somme colossale, et tu imposes tes conditions sans répondre aux nôtres? Tu te fous de notre gueule ?


Il garda la main sur la statuette qui ma foi, pesait assez lourd pour représenter une belle somme, si tant est que l'or était véritable. L'ombrageux colérique sentait sa patience s'étioler comme du bon vin dans un fut percé. Le roux avait une réputation qui n'était plus à faire. Celle d'être quelqu'un à qui l'on n'aimait pas chercher des noises. Et ce n'était pas une pucelle de seize ans qui allait en changer. Bien sûr qu'ils ne faisaient pas cent trente pour cent. Mais ils ne faisaient pas risette avec les clients non plus. Têtus et orgueilleux entre autres joyeusetés , les jumeaux aimaient montrer en tout lieu la longueur de leurs crocs.


- Foutrecul Samael, elle se fout de notre gueule. Répète lui les questions. On va commencer par là. Tu f'ras comme tout le monde ou tu te tires avec mon pied au cul. Pigé?

Judicael était du genre sanguin. Calme la plupart du temps, jusqu'à ce qu'un élément lui fasse grincer des dents. Il ne provoquait que rarement les rixes, et la plupart du temps finissait par démolir la trogne d'un connard en taverne qui se permettait de le faire. Et quand on vous dit que des deux, le Cael était le plus sage... Cela vous laisse entrevoir quelques réjouissances? Il serra un peu les dents, claquant la langue au palais et reporta son attention sur la brunette aux objets. Une vraie reine de recel sans doute. Il observa de près ses effets, les soupesa, les gratta un peu et tout se faisant posa l'éternelle série de questions protocolaires à une affaire bien menée.


- Ton nom. Complet. Ton lieu de résidence. Le nom de tes parents, de tes enfants si tu en as, l'objet de ton dépôt.

Il baissa les yeux sur la brune, et se gratta la joue.


- La statuette est d'une belle valeur, je t'en donne 700 écus. C'est l'équivalent de son poids en or. 100 écus par bague. Quant au collier, il vaut bien 1300 écus. Il y a là pour 2300 écus de marchandise. Si tu veux les revoir, tu as six mois pour ramener 2500 écus, enfin; si tu tiens à les racheter. Passé ce délais tes gages seront perdus.


Il fit un signe à Owenra de noter les détails qui n'en étaient pas sur la Liste, et qui servaient dans le cas d'un prêt d'argent sans dépôt à s'assurer de revoir la couleur de leur argent et les intérêts tôt ou tard... Qu'il s'agisse d'une jambe cassée ou d'un arrangement en écu bien mené.

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Samaele
    Les lèvres se tordent en une moue crispée, assurément Samaële n’est pas sure d’elle. Aussi chaque réaction abrupte de ses interlocuteurs la fait douter des prochains mots à prononcer. Elle cède.

    Inutile de répéter, je vais vous le dire.

    Même si le dénommé Samael n’avait pas dit grand-chose, elle estimait en avoir assez entendu de sa part. En deux phrases il lui avait paru totalement détraqué et le regard qu’il avait posé sur l’autre fille n’avait fait que renforcer cette première impression. Autant donner tout de suite à Judicael ce qu’il voulait, de toute façon s’il insistait pour avoir les informations c’était qu’un dialogue restait possible. A l’évidence elle serait déjà dehors à cet instant s’ils ne pouvaient envisager de lui accorder le prêt.

    Je m’appelle Samaële Santtha DiVarius.
    J’ai un pied à terre à Bourges et je suis souvent à Paris, selon mes activités…

    C’était vrai, mais elle ne mentionna pas le comté de Toulouse, province où elle habitait et travaillait réellement. De toute façon elle n’y serait bientôt plus, il était donc inutile de révéler cette information pour le moment. D’autant plus qu’elle mettait un point d’honneur à ce que personne à Toulouse n’ait jamais connaissance de ses affaires illicites. Là-bas c’était son chez elle, une bulle de tranquillité qu’elle voulait préserver de ses sombres activités.

    Mon père s’appelle Robert DiVarius. Feue ma mère, Rosa Santtha. Je n’ai pas d’enfants.

    Voilà pour les présentations.

    J’ai besoin d’écus pour relancer une affaire.

    Ses yeux surveillent tour à tour chacun des frères. On peut discuter maintenant ?

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