Eavan
Le combat est écrit à 4 mains
La main gauche d'Arystote tenait fermement l'épée à sa garde tandis que son pied droit lui, devançait son jumeau d'un pas. Il semblait prêt à engager le combat et pourtant, lorsque la Marquise lança l'envoi, celui-ci ne l'atteignit pas assez fortement, puisqu'il restait immobile. Seul son regard s'était plissé : Arystote était concentré.
Il eut fallut cependant que sa concentration ne soit dirigée que sur le combat mais il réflechissait au lieu d'agir. Devait-il la laisser attaquer la première ? Les empereurs romains semblaient dire que cela conférait un avantage de laisser l'adversaire attaquer le premier... Oui, mais, s'il n'attaquait pas le premier, Eavan y verrait-elle une faiblesse de sa part ou pire, pourrait-elle croire qu'il envisage de la laisser gagner, ce qui serait une offense ?
Il fallait pourtant bien que le combat commence...
Le signal fut donné et Eavan resta immobile. Aussi immobile que son adversaire. Le regard fixe d'Arystote trahissait une erreur trop commune. Il pensait. Alors la vicomtesse choisit de bouger, pour savoir à quel point le comte pensait. Pensait il suffisamment pour réagir trop tard ? Attaquer frontalement était trop risqué. Donc la Gaelig se contenta d'un premier pas sur le côté, suivis d'un second. Se maintenir en mouvement contraignait l'adversaire à corriger sans cesse sa posture pour ne pas offrir d'ouverture et avec l'obligation constante de se concentrer venait le risque de commettre une erreur.
C'était d'autant plus vrai qu'elle ne se contentait pas de lui tourner autour lentement. De manière infime, chaque pas la rapprochait un peu plus du comte de Cassis. Chaque pas rompait un peu plus la distance. Chaque pas grignotait la marge qu'il avait avant qu'il ne soit finalement à portée d'un coup. S'en rendrait il compte rapidement ou bien la laisserait il trop approcher ?
Elle approchait et il en était conscient. Le premier signe fut la veine de sa tempe qui se gonfla, ensuite ce furent celles de son bras qui semblèrent venir dessiner des arabesques telles les racines d'un arbre. L'arc de cercle que la Gaelig semblait vouloir dessiner autour de lui avait pour point d'arrivée Arystote lui-même.
Il inspira longuement et à son tour il fit un pas de côté. Sa première idée avait été de poser son pied dans la direction opposée de celle qu'elle prenait mais il ne pouvait faire preuve d'une telle couardise. Aussi, lui aussi s'approchait le regard parcourant le corps d'Eavan et les gestes qu'elle faisait. Il ne le faisait pas pour le plaisir bien qu'il l'ait toujours trouvée agréable, il cherchait les failles potentielles pour faire couler une pointe de sang. L'idée n'aurait été que désagréable s'il n'avait accordé autant d'importance à réparer sa faute en se montrant digne du duel lancé. Il cherchait les failles et à deviner les assauts pour ne pas être celui qui verserait du sang. Un autre pas suivi le premier tandis que sa main droite venait soutenir l'épée en renfort de la gauche.
Il réagissait. Bien. Pas tant perdu que ça dans ses pensées ? Tant mieux. Eavan n'eut pas été tendre autrement. Guettant l'attitude, la vicomtesse vit son opportunité. C'était infime mais c'était là. Dans son mouvement, le comte changea un peu sa prise sur son épée.
Là !
Eavan n'hésita pas. Deux pas rapides pour être à portée. Elle retarda le mouvement de son épée afin qu'elle reste le plus longtemps possible entre elle et son adversaire, de sorte de maintenir une défense. La Gaelig n'avait de toute façon pas besoin d'amplitude. Sa lame s'abattit finalement en balayage sur celle d'Arystote pour briser sa garde. Elle voulait profiter de son changement de prise pour fragiliser cette dernière. Et si cela fonctionnait, une fois l'épée de son adversaire dirigée vers le sol, elle aurait une bonne ouverture pour faire couler le sang.
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