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[RP] Vous avez… Un… Nouveau message !

Marwenn


    En haut des remparts de la cité paolitaine, un œil attentif pouvait distinguer une frêle silhouette. Parfaitement immobile, les cheveux aux vents, les yeux tournés vers l’horizon, la jeune femme semblait pensive... Au loin, lorsque la pupille remontait les reflets argentés d’un cours d’eau, là même ou le regard ne pouvait plus porter, il y avait la France. Ce pays dont on lui avait tant parlé enfant mais qu’elle ne pensait jamais voir de ses yeux. Elle, l’irlandaise sensée resté au pays…

    Mais le destin avait trébuché, il y a un an maintenant. Et c’est bien à cette année écoulée que l’esprit est accaparé. Méticuleusement, Marwenn se remémore chaque étape. L’annonce par son père de son mariage, la découverte de l’époux, la fuite, la traversée en bateau, la Bretagne, la vraie vie… Maewenn et son anoblissement sur les terres du Croisic, l’atelier de couture et… Duart.

    Duart Royce Solta.

    Lui, qu’elle avait tant aimé et qui avait disparu du jour au lendemain. Laissant son cœur et sa vie telle une jachère infertile durant des mois. Plus rien ne pouvait poussé dans son coeur depuis son départ. La pucelle s’était cloîtrée chez elle, là où seul le vent salé venait la déranger. La Rose s'était laissée faner. D’un coup. Sans prévenir personne. Elle s’était tenue à l’écart, acceptant même une mission de plusieurs mois en mer pour se couper de ce monde qui l’avait tant fait souffrir. Rien n'aurait changé si une petite phrase n'avait pas bousculé ses lèvres un soir durant la traversée.

    « Je ne sais pas vivre. »

    Avait-on le droit, a 17 ans à peine, de renoncer à ce point ? Comment avait-elle pu en arriver là ? Pourquoi avoir tout abandonner si c’était pour s’abandonner soi-même ensuite ? A quoi bon ? Son propre désarroi l’avait travaillé durant le reste de la mission ducale. A chaque moment de solitude, l’esprit se mettait en branle sur le sujet. Durant deux mois quotidiennement, la rousse jouvencelle s’était interrogée sur le bien fondé de sa propre existence. Et c’est le cœur regonflé que Le Croisic avait remis pied à terre pour écrire à son nouveau Grand-Duc en quête d’une mission, d’une occupation ou d’un nouveau souffle. Et c’est une demande toute personnelle que Lemerco de Montfort Toxandrie lui fit en retour. Porter un pli scellé de pourpre à Perigueux.

    La déception vient avant la fierté, comme le son avant la lumière. Pour celle qui s’attendait à sauver la Bretagne de l’obscurantisme, c'était peu. Puis après mure réflexion, l’irlandaise préféra se convaincre que sa Majesté n’aurait pas confié ses missives privées à n’importe qui et prit la route le lendemain à l’aube. Deux semaines passèrent avant que la frêle ne puisse poser les yeux sur la muraille de Périgueux. Elle les avait passé, les yeux dans le vague à contempler le défilé des paysages. A regretter la disparition de la totalité de ses baguages au court d’un brigandage et à se demander quel pouvait être le contenu de ce pli cacher contre son sein et ce mystérieux jeune homme qu’elle devait retrouver.

    Le nom qu’on lui avait transmis, avait porté ses pas fragiles dans l’antre sombre d’un confessionnal. L’ironie fit sourire la diaconesse. Ô cher Lemerco, qu’as-tu donc fais de si grave pour envoyer ta frêle messagère quérir si loin un clerc ? Tandis que l’esprit spécule, un sourire tendre étire les lèvres de la demoiselle alors qu’elle s’installe. L’Ours, bien qu’extravagant n’était pas si méchant.

    De l’autre côté des moucharabieh de bois, une présence semble prendre place…



    Je cherche Nicolas de Montfort Toxandrie…



    Est-ce bien vous ?

    Vous avez un message mon cher.

_________________
L_aconit
La confesse.

Haut lieu de tous les rendez-vous secrets qui n'en sont pas,
et de tous les secrets qui n'en sont plus.


- Vous me cherchez.

La déclaration a l'heur de le fendre d'un sourire, maigre, effacé, mais d'un sourire tout de même.


- Je suis bien, oui. Je vous écoute. Baptême, funérailles, confesse sans doute, tout simplement?
- Un message plutôt, mon bon seigneur.


Il tressaille un peu à l'évocation. Tous ses malheurs avaient commencé par une lettre ...


- Seigneur? Allons... Je ne suis qu'un humble clerc.
- De Bretagne. Sa majesté Lemerco de Montfort Toxandrie m'a confié un pli pour vous.


Il la regarde enfin.


- De quoi mon... Père veut-il m'entretenir? De si... Important pour amener jusqu'ici dans les confins de ma campagne une si jolie fille que vous?
- Votre père ?


La jeune femme ouvre de grand yeux. L'Aconit penche un peu le visage.


- Oh, je vois...


Faust Nicolas se gratte la joue et se remet à regarder devant lui, les mains jointes. Elle le regarde avec attention a son tour.


- Moi aussi, j'étais un messager, fut un temps. Un messager ignorant. J'apportais les courriers les plus importants à l'autre bout du pays, et j'ai même...

Il chuchote soudain, évoquant l'affaire confié par le prince de Retz, qui n'était autre que le début des révélations familiales.


- Cambriolé une ambassade, pour l'une de ces foutues lettres.
- Grand dieu !
- Si j'avais su qu'elle était si importante, et me ferait perdre toute mes économies... Gagez que je l'aurais gardée pour moi.


Marwenn tâtonne dans les replis de sa robe à la recherche de son chapelet. Lui, défroisse la soutane nerveusement. Toutes ces lettres de malheurs. Celles qui font partir. Celles qui font savoir. Celles que l'on redoute d'ouvrir.

- Comment cela?

Le jeune clerc fait un geste vague, peu désireux de raconter les origines de sa phobie des courriers, qui finalement était trop souvent justifiée. Mais anxieux, il ne peut tout de même se détourner de l'éventualité de son contenu. Lorsqu'il avait aperçu son géniteur il y avait de cela un an ou deux, il avait fuit. Lâche, terrorisé par l'idée de passer d'un mystérieux idéal à ça. Lui. Le Marquis de Dol. L'ogre hirsute de Bretagne. Le célèbre, le connu. Lui, côtoyé sans savoir... Quelle injustice. Peut-être que s'il n'avait pas été traité en écuyer, étranger à tous les égards, sous les carreaux du marquis lorsqu'il accompagnait le Prince de Retz... Peut-être que s'il n'avait pas été l'échanson, l'ombre de discussions d'hommes où se tenait l'ours, droit et tonitruant comme à la droite de Dieu... Peut-être. Peut-être. Peut-être. Trop de peut-être pour une seule lettre.


- L'avez-vous ouverte?
- Non, elle est pour vous, voyons !


Nicolas de Montfort Toxandrie incline doucement le chef, assimilant les mots, leurs enjeux aussi. Méfiant, échaudé, il s'autorise enfin à être surpris plus que frileux.


- Qui vous l'a remise exactement?
- Votre... père.


Elle a d'ailleurs du mal a admettre la nouvelle.


- En personne?

Léger claquement de langue. Malheureux, échappé d'entre les dents. Son père aurait-il quelques élans de paternité? Lui sans doute aussi surpris que l'avait été Nicolas à l'annonce. Ou peut-être savait-il. Savait-il depuis toujours? L'avait-il laissé se faire élever par Taliesyn de Montfort par facilité? Peut-être. Peut-être. Peut-être. Les peut-être sont assassins. Et cette lettre , amenait-elles les réponses aux questions qui n'avaient jamais osé franchir ses lèvres?


-Oui.


Elle hausse un sourcil, il a un dodelinement de tête malheureux.

- Alors, c'est que cette lettre est importante.
- Vous ne voulez pas la lire ?
- Hé bien... Le feriez-vous, vous? Si vous saviez...Qu'elle pourrait vous être funeste, sinistre, ou vous délivrer?
- Et bien...


Marwenn se caresse le menton pour mieux réfléchir. L"Aconit gratte le banc du bois, pensif et torturé à la fois. Et elle, qui était-elle ? Une jeune amante de son grand duc de père? Il la détaille. Elle est jeune, rousse, et pâle. Une vraie Bretonne, comme il l'a été toute sa vie. Elle a les yeux clairs, comme lui, mais d'un vert qui n'a rien à envier aux prunelles de turquoise.


- J'en prendrais connaissance, quitte à l'oublier bien vite si le contenu me déplaisait. Mais je ne suis pas certaine d’être une bonne conseillère vous savez. Les choses que je fais le mieux dans la vie c'est la fuite et le déni.
- Qu-a-t-il dit, lorsqu'il vous l'a donnée? A-t-il eu des mots pour moi? A-t-il dit... "Allez quérir mon fils ", ou "allez quérir le garçon" ? Ou a-t-il seulement tapoté le vélin, sur mon prénom écrit en toutes lettres, pour vous sommer de me la livrer?


L'oublier bien vite. L'oublier bien vite... Elle en a de drôle, cette fille-là. A cet instant, il se fiche bien de sa vie, de ses conseils et de ses faiblesses. Oui, à cet instant précis Faust Nicolas sent revenir en lui ses désillusions, ses espoirs naïfs et ses angoisses d'abandon. Un père qui ne vous aime ni ne vous sait, peut-il vous abandonner? Et si c'était une seconde fois? Peut-être le détesterait-il? Détester est toujours mieux que de ne pas savoir... Le plein, toujours mieux que le vide. Peut-être, peut-être, peut-être... Les peut-être sont maîtres de grands destins.

Elle ne le quitte pas des yeux. Il sait ce qu'elle pense. Il voit à chaque fois que sa filiation est dévoilée les mêmes yeux. Ecarquillés. Les mêmes bouches. Tordues de ne pas parler. Lemerco de bretagne est un sacré personnage. D'envergure. Rien en commun avec le frêle clerc, discret et fidèle, qu'on lui supposait avoir engendré.

- Il m'a dit d'aller en Périgueux quérir Nicolas de Montfort Toxandrie, rien de plus. Je m'imaginais un cousin, un oncle ou autre... Pas vous.

Toxandrie tente de masquer sa nervosité, ses angoisses, sa plaie ouverte. Mais ses yeux, toujours, couronnés de deux sourcils plus foncés que ses crins, soulignent l'importance capitale de ce qui pourrait passer pour des détails à la profane.

- Il a dit Nicolas de Montfort Toxandrie...
- Oui.


Aconit opine plus vivement, comme pour passer à autre chose et cesser de traîner sur des tournures de phrases qui éveilleraient de trop la curiosité de la jeune femme.


- L'avez-vous, là, sur vous, cette missive?
- Oui je l'ai. C'est bien vous n'est ce pas?
- Oui, c'est bien moi... Je le jure devant Dieu.


La jeune missionnée glisse sa main blanche dans son corsage à la recherche du pli.


- Voici.
- Montrez... Montrez-la moi, voulez vous? Là... Juste à la hauteur de vos yeux, et des miens. Là, collez-la à la grille... S'il vous plait.


Marwenn lui montre a travers les croisillons de bois Il déglutit un peu, peinant à voir les détails du pli qui n'est jamais qu'un pli ordinaire dans l'obscurité . Il se détourne soudain vivement de la lettre, hochant la tête de nouveau, chassant la vision d'un geste.


- Oui, bien.
- Ne voulez vous pas que nous sortions ?
- Merci. ça ira.
- Allez-vous bien ?
- Laissez la lettre sur le banc avant de vous en aller. Si vous avez quelque chose à confesser... C'est le moment. Sinon, revenez demain.
- Bien.


Le ton de la bretonne trahit l'agacement. Le jeune confesseur reste prostré , emberlificotant ses doigts.

- A demain Mon seigneur .

Il tique. Monseigneur. Monseigneur! Il ne faut pas vendre la peau du curé avant qu'il ne devienne évêque. Toute comparaison avec son tyran est encore difficilement acceptée.


- Appelez-moi l'Aconit.

Il se signe.
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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
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Marwenn


    « Revenez demain. »

    Pardon ?

    PARDON !!??

    Assise sur son banc de bois dans l’ombre du confessionnal, Marwenn n’était pas certaine d’avoir bien compris. Avait-elle vraiment fait deux semaines de route et perdu toute sa garde robe pour ces quelques minutes sans interêt ? La Rousse était agacée. Loin d’imaginer les tourments dont elle était le messager, la demoiselle se disait simplement qu’en terme de mauvaise manière, le fils rejoignait le père.

    Le séant finit par se décoller du bois froid tandis que l’esprit maugrée. Ce Nicolas, n’avait même pas eu la politesse de se présenter au grand jour. Laissant en suspend toutes les questions qui tourmentaient l’esprit breton. Était-il beau ? Hirsute ? Avait-il ses yeux, son nez, sa bouche ? Ses gestes trahissaient-ils sont ascendance ? Était-ce vraiment son fils ? Jusqu’ou l’hérédité avait porté ses fruits dans la chair de la chaire ? La grille de bois fut un solide obstacle à ces réponses, et celle dont la patience n’était pas la prime qualité fut contrarié de cette nouvelle attente. Ma’ reviendrait donc demain. Ainsi soit-il.

    La fin de journée fut occupée à négocier le gîte et le couvert dans un couvent non loin. Dieu merci, son titre de noblesse bien qu’étranger et sa fonction de diaconesse lui facilitèrent grandement la tâche. Les soeurs du couvent de Sainte-Marthe l'accueillir comme l’une des leurs sans pour autant se montrer curieuse sur les raisons de sa présence. La Rose put dîner au calme et l’on lui prêta même une tenue le temps de laver la robe de velours émeraude qu’elle remettait de jour en jour depuis l’attaque et qui trahissait désormais la longueur de son voyage. Cette soirée fut salvatrice pour le corps usé et l’âme épuisée de la jouvencelle. Au soir de son arrivée, sa Bretagne lui manquait.



      [Aux premières heures du jour, le lendemain...]


    Les premières lueurs de l’aube s'installait doucement dans les rues encore endormie de la cité périgourdine lorsque la Dame du Croisic passa la porte de l’Eglise. Elle n’avait pas prit le temps, la veille, de détailler l’antre naturel du jeune homme qu’elle était venu troublé. L’édifice était beau mais conservait une certaine austérité qui forçait le respect et le recueillement. Aucune présence ne semblait troublé les lieux. Ainsi dans le silence parfait du saint lieu, le corps frêle de la jeune fille prit place parmi les rangs de bois. Les pupilles irlandaises caressèrent un instant les voûtes de pierre avant de reporter leur attention entre les lignes serrées d’un vieux livre des vertus. Aucune heure de rencontre n’ayant été convenu la veille, la demoiselle avait décidé d’attendre ici la réponse du français, espérant que sa présence sous la nef serait suffisant désagréable pour qu’on ne la fasse point trop attendre.

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L_aconit
Et il avait lu la lettre, fébrile, bien moins fier que derrière la grille qui cachait à l'émissaire son visage de porcelaine. Là posée sur le banc au départ de la jeune femme. Il l'avait lue d'une traite. Avait-il tremblé? Pas plus que le jour où il avait été confronté à son histoire pour la première fois.


Citation:
    De nous, Lemerco
    A toi, Nicolas,

    Demat.

    Fils, puisqu'il convient de t’appeler ainsi. Ce serait étrange de commencer une lettre par… « Bâtard, puisqu’il convient de t’appeler ainsi ».

    Fils, donc, puisqu’il convient de t’appeler ainsi, je t’envoie ce courrier et la rousse qui va avec accessoirement, afin de te signifier plusieurs choses, peut-être les premières après la découverte de nos liens familiaux.
    Tout d’abord, sache que je suis devenu Grand-Duc de Bretagne, raison pour laquelle je vais être immobilisé dans mon chez-moi pendant plusieurs mois, le temps de mon règne, d’où l’envoi d’une Marwenn pour parfaire le boulot plutôt que moi-même.
    A cette occasion, que sera mon Sacre en mars, j’aimerais beaucoup que tu viennes y assister, pour plusieurs raisons.
    La première est que cela me ferait plaisir. La deuxième est que j’en profiterai pour te présenter à l’officialité bretonne et à l’hérauderie pour te reconnaître officiellement avec Loukia. La troisième est qu’il me semble important que tu sois officiellement présenté à la fratrie à laquelle tu appartiens de par ton sang. La quatrième est que cela pourra peut-être nous permettre de nous découvrir mutuellement.
    Je laisse à disposition la rousse le temps que tu concoctes ta réponse à ce courrier. Bien évidemment, si tu ne souhaites pas répondre, je te prie de me la renvoyer, dans un carrosse, dans un tonneau, dans une caisse, peu importe, tant qu’elle me revient en un seul morceau en Bretagne.

    A te lire,

    Lemerco de Montfort Toxandrie

    Grand Duc de Beizh





Il s'assit près de la jeune femme sur le banc esseulé de l'église. comment s'appelait-elle, d'ailleurs. Le lui avait-elle dit? Il défroissa les plis à ses genoux.


- Bonjour. Je ne vous ai pas remerciée. Merci... D'avoir parcouru tant de lieues pour m'apporter cette lettre.

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    (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil
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Marwenn


    Alors qu’elle est plongée dans sa lecture, imperméable au monde qui l’entoure, la rousse eut un sursaut quand la voix, pourtant douce, de l’Aconit retentit à son oreille. Il était là, assis a ses côtés. Elle ne l’avait pas sentit venir. Croisic découvrait enfin le visage de ce nouveau bourgeon sur l’arbre Montfort. Sans un mot, l’iris émeraude détailla chaque parcelle du jeune homme. Son visage, sa peau fine et blanche, son nez, sa mâchoire, ses yeux… La pupille s’aventura ensuite sur l’épaule, contourna le bras, en arriva aux mains. Blanches et délicates. Du moins en comparaison à celle du père. Elle lui sourit.

    Vous lui ressemblez si peu…

    La messagère inclina la tête aux remerciements.
    Elle l’avait peut être jugée un peu vite la veille. Il n’était pas lui.


    J’avais besoin de voyager. C’était l’occasion…

    Puis d’ajouter.

    Je m’appelle Marwenn, enchantée.

    Bien que maintes questions lui brulaient les lèvres, la curieuse n’en laissa s’échapper aucune. Le contenu de la lettre l’intriguait. Qu’avait il pu lui dire ? Que c’était il passé entre eux ? Pourquoi ce jeune homme qui avait l’air pourtant charmant restait il dans l’ombre. Lemerco n’était pourtant pas du genre à faire des manières. A moins que…

    L’esprit stoppa sa course folle puis après quelques secondes,
    Ma’ se contenta de lui énoncer les options qui s’offrait à lui.


    Je peux lui rapporter une réponse si vous le souhaiter, ou vous faire une place dans le coche qui m’a mené jusqu’à vous.
    Ou simplement repartir comme je suis venue, en espérant que votre père ne me fasse subir un trop long interrogatoire…


    A la fin de sa tirade, la rousse osa.
    Sa main délicate se posa sur l’avant bras du jeune homme.


    C’est à vous de voir l’aconit.

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L_aconit
Il retira avec autant de délicatesse qu'elle, la main qu'elle venait de poser à son bras. Pas assez qu'une telle lettre génitrice venait ébranler son petit monde en vase clos, voilà qu'une femme frôlait sa peau. Gast. C'était trop pour une seule journée.

Il occulta volontairement la remarque sur sa ressemblance avec Lemerco. Ce couplet, il y avait droit à chaque fois que ses origines étaient dévoilées, aussi les taisait-il férocement en France, las de devoir expliquer la pure vérité: Il ressemblait à sa mère. Puisqu'ainsi il n'avait aucun trait commun avec son père... Non? N'était-ce pas la meilleure explication à cette absence de rustrerie, d'hirsutisme, de tactique acérée et de répartie paillarde propre au Grand Duc de Bretagne? Assurément que oui. Si Nicolas avait eu l'heur à quinze ans, de connaitre le visage du pater, il n'avait pas eu à son grand désarroi celui de connaitre les traits de sa mère, emportée avant que ne se révèle le secret. Il s'était contenté des descriptions de Dana, qui en portait aussi l'héritage.


- Je m'appelle Faust Nicolas.


Il inclina à son tour le chef, planté d'une foret blanche dense et balayée par les vents de Bretagne.

La Bretagne. La revoir était un vrai crève coeur. Il l'avait quittée plusieurs années auparavant, sans un mot, pour suivre la course distraite d'un voleur poète et ainsi prendre son indépendance de force, sans l'aval du Retz. Tout n'était pas question de cette lettre. Il était question de son passé. Des terres de son enfance. Des frères et des soeurs qu'il avait fantasmé sans jamais savoir qu'il en avait. De ses années au service des Montfort, sans savoir qu'il était lui-même un Montfort.

Il froissa un peu l'extrémité de la corde qui ceignait sa taille entre ses doigts, le regard obstinément fixé sur elle. Parler n'était pas le fort du jeune homme. La confesse l'avait pourtant sorti de sa réserve, et malgré tout l'idée de quitter l'église avait été son plus féroce souhait pendant des mois. Mais tout avait changé. Nicolas avait attrapé la foi. Grace à Alphonse et bien malgré lui. Grâce au savoir faire immuable des hommes du clergé, qui avaient, à grand coup de prières, solitude et étude des textes, fait rentrer dans cette petite tête conditionnée à obéir et à servir, l'engagement saint.


- Mon père me demande à ses cotés pour le Sacre. Il désire aussi me présenter ses enfants. Ainsi que me reconnaître.


Il avait dit "ses enfants" avec une pudeur infinie. Une de celle qui malgré tout ce qu'il avait perdu en s'abandonnant aux ordres, avait au contraire de disparaître, perduré.


- On ne refuse pas d'exaucer le vœu d'un Grand Duc... Preuve en est.


Et il la désigna d'un mouvement de menton. Puisqu'elle était là, par le souhait seul de l'Ours.


- Alors, je viendrai. Mais point longtemps. Pour la cérémonie... Ici, on a grand besoin de moi...

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Marwenn


    Nous sommes toujours libre...

    Le nez se plisse alors que le menton Monfort la désigne, il était loin de la vérité. En y réfléchissant bien Ma' n'était vraiment pas du genre à obéir aux ordres. Elle avait plutôt été élevée pour en donner. Exiger même. L'ex-héritière irlandaise avait beau être rester au pays, la bretonne qu'elle était devenue conservait quelques reliques de son éducation passée... Quoiqu'il en soit, ce long voyage, était sa volonté. La lettre n'avait été qu'un prétexte pour se retrouver seule avec elle-même, à la merci de l'inconnu. Alors le sous-entendu l'irrite un peu, mais elle le passa sous silence. L'ange blond à ses cotés lui semblait bien trop fragile pour être malmené. Du moins pour l'instant. Elle esquissa un sourire poli.

    Je connais votre frère, Naoned, et votre soeur, Margot. Elle sourit. Vous êtes bien tombé. Vous.
    Le sacre à lieu dans un peu plus de deux semaines... Quand pouvez vous être prêt à partir, Faust Nicolas ?

    L’appeler ainsi lui procurait une drôle de sensation. Comme s'ils étaient proches mais pas vraiment. Comme ces inconnus qui vous tutoie en taverne dès la première rencontre. Marwenn et Nicolas avaient beau avoir tous deux le même age, le même amour pour Dieu et un paternel à lourde couronne, la comparaison s'arrêtait là pour le moment et ce prénom prononcé au milieu de cette église, c'était comme un premier pas dans le no man's land qui séparait ces deux inconnus. Étrange, dangereux mais excitant.

    J'ai des emplettes à faire, nous avons été brigandé à l'aller, mais ça ne me prendra pas longtemps.
    Je peux être prête à partir aux sexte si cela vous convient.


    Elle posa son regard émeraude sur lui... Un long moment. Puis murmura : Ça va aller ?

    Doucement, la rousse se faisait empathique. Il avait beau faire le chemin inverse au sien, cela ne devait pas être moins douloureux après tout. Elle avait fait le choix de quitter sa famille au bout de 15 ans, alors que lui s'en découvrait une alors qu'il n'avait rien demande. La vie était mal faite...

    Je suis là si besoin...


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L_aconit
Les bleus revinrent à la conversation. Bavards, parfois. Pensifs, souvent.
La nuit l'avait décidé à prendre la grande décision. Au moins il ne lui en coûterait pas dix mille écus, cette fois. Juste dix jours de route à partager avec cette inconnue.
Il osa sourire un peu enfin, de ce sourire tendre qui étirait rarement ces derniers temps ses lèvres fines.
Nicolas avait des idées. Il ferait halte à Paris à leur retour. Sa promesse de revoir Alphonse serait honorée.
Et qui sait, il trouverait au delà d'une chambre, l'opportunité d'y revenir plus souvent. Une place de chapelain, quelque part.


- Oui. Je pense que ça va aller. Partons demain. Il me faut déléguer à Saint Front, et préparer Salomon à partir avec nous...

Il précise tout de même. Des fois que.


- Salomon est mon neveu, le fils d'Equemont du Salar. C'est un petit oblat confié à mes soins par ma soeur Dana. J'imagine que deux bretons revenant à la Bretagne feront parler un peu dans les chaumières...

Redoutait-il l'accueil de Breizh? Possiblement.
Pourtant, il demeurait tiraillé par l'envie d'en savoir davantage sur sa mère, et ses réponses restées en suspend se trouvaient là bas. Il en était persuadé.


- Je prendrai des provisions au Diocèse, nous n'en manquons pas et les donnons justement aux voyageurs éprouvés et aux villageois dans le besoin. Vous me parlerez de... Toutes ces personnes... En route.

Bon. Nicolas était indubitablement et naturellement bon de nature. Mais aussi incommensurablement prude, à parler avec une inconnue de cette famille qu'elle connaissait mieux que lui.
Il se leva, décidé à faire partir avant eux un pli pour répondre de son acceptation.

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Marwenn


    [Le lendemain, peu après l'aube...]

    Le parvis de Saint-Front était vide de toutes silhouettes quand le coche aux hermines s'y arrêta. Le jour commençait seulement a poindre en haut des cimes et des clochés, et la cité périgourdine peinait encore à sortir de sa torpeur. Dans les échoppes aux alentours, le labeur commencait tout juste a se murmurer. Il était tôt quand la rousse mit pied à terre sur la pavé. Elle portait une tenue acheté la veille d'un bleue pâle dont la couleur ne lui convenait pas du tout. Mais les échoppes semblaient crier famine, rien a sa taille, ou qu'elle puisse acheter tout de suite. Juste... cette chose. Non pas que ce ne soit grave en sois, mais le Croisic est mal à l'aise d'apparaitre ainsi. Un oeil avisé y verra une nouvelle réminescence du passé.

    Tout doux... Oh.

    La main d'albâtre flatte doucement l'encolure du quadripède. Les jours à venir ne seront pas facile pour lui et se trois congénères. Heureusement pour eux la mesnie Bretagne est généreuse et les bestiaux y sont bien traiter. L'oeil connaisseur caresse le crin alezan, admire la ligne, et jauge la silhouette de l'équidé. Le contenu des écuries paternelles aurait pu rivaliser sans doute. Les étalons à la robe sombre qui s'y trouvait étaient les plus beau du pays disait-on. Son père les avait fait venir de loin... Marwenn avait toujours été persuadée que ces fameux canassons seraient sauvés avant elle si un jour le château brûlait. A cette pensée, la mâchoire du Croisic se crispe un peu alors que le cœur remue les souvenirs. Dans son dos, des pas viennent la tirer de son cauchemar. Le corps fluet de la demoiselle mit un moment avant de se retourner. Le temps qu'il faut pour chasser la tension et faire naître un sourire de facade sur les lèvres roses de l'irlandaise.

    Le bonjour, messieurs. Salomon je présume ?

    Les yeux vert de la jeune fille se posèrent sur l'enfant.

    Marwenn, enchantée.

    Le corps, par habitude, se ploie, se plie. La nuque, les genoux aussi. Même le ton trahit la répétition polie des salutations réflexes. Marwenn, enchantée. A vrai dire elle ne l'est pas. Personne ne l'est. «Enchantée» Vivait-elle vraiment un enchantement à la vue de ces deux inconnus, et de tout les autres avant eux à qui elle avait servit cette formule toute faite ? Pas vraiment. Le seul pour qui la politesse avait failli se vérifier l'avait abandonnée il y a un an maintenant. Brisant ainsi l'espoir dans le cœur de la jeune fille qu'un homme puisse un jour lui faire vivre un conte de fées. Foutu Duart ! Mais l'irlandaise revient à ses - deux - moutons.

    Mes affaires sont déjà à l’intérieur.
    Un maigre sac en cuir avec les armes de sa famille brodé dessus. Précieuse relique passée
    La Bretagne nous attends si vous voulez bien monter...

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L_aconit
Alors ils montèrent. Et c'est ainsi que leur voyage commença.

Il devait se prolonger dix jours durant, avec haltes tous les deux jours dans les auberges pour profiter d'une vraie toilette ainsi que d'un repas chaud. Faust Nicolas avait emporté pour tout bagage une mystérieuse malle fermée à clef, ainsi qu'un petit reliquaire tout autant bouclé. Leur contenu? Rien qu'il ne souhaitait révéler à la jeune femme. L'Aconit partait en voyage et emportait avec lui ses secrets.

Dès la première heure de route, l'enfant s'endormit aussi sec. C'est globalement ce qu'il ferait d'ailleurs tout au long du périple, alternant parfois avec des moments d'intense excitation difficile à contenir, d'envahissantes et embarrassantes questions sur la vie, et d'innombrables crises de colère gérées plus ou moins avec brio par les deux jeunes adultes qui l'accompagnaient ... Salomon demeurait malgré son jeune âge un petit oblat, peu exercé à la vie civile, tout comme Nicolas se la réappropriait après des mois d'enfermement au palais épiscopal et à Saint Front.

Dans son dos, les lacérations profondes d'une longue nuit de flagellations l’empêchèrent immédiatement de s'adosser avec confort, aussi tenta-t-il parfois de s'étendre un peu sur le coté, lorsque les cahots devinrent trop durs à supporter et le silence trop pesant pour résister à l'envie de somnoler un peu. La chariotte qui les abritait laissait parfois çe et là passer un traitre courant d'air, une mince arrosée de pluie. Courtepointes de mises, le périple commença emmitouflé et calfeutré dans un silence religieux.

Nicolas trop ailleurs et trop peu imaginatif pour trouver un sujet de conversation avec la jeune femme décida de taire ses craintes toutes relatives à la Bretagne, à ce père Ursin et à ses pairs. Bâtards et légitimes formant la famille qu'il n'avait pas pu connaitre. La lettre qu'il avait rédigé en réponse à celle du Grand Duc avait d'ailleurs été succincte, teintée de pudeur et de questions non écrites. Partie la veille par cavalier, elle arriverait sans doute quelques jours avant eux.

Citation:


    De Faust Nicolas
    à Lemerco de Montfort Toxandrie,

    Demat.

    Voilà bien des mois que Marzina nous a réunis en Anjou sous un jour nouveau. Acceptez lors mes félicitations pour votre accession au Trône de Bretagne, et mes remerciements. Au regard de votre missive, m'accorder un peu de vos temps et intérêts n'était je le sais, nullement une obligation.

    Je viendrai en mars assister au grand sacrement, car si le devoir d'un fils l'en incombe, l'invitation d'un bâtard l'en honore. Du reste, plus encore, la Bretagne m'a manqué. Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai quitté le Prince de Retz, Taliesyn de Montfort depuis plus de deux années. Découvrir et redécouvrir Breizh et cette famille pourtant si proche de Rézé, que je n'ai regardée que d'un carreau opacifié, sera un précieux présent. Nous serons à bon port, si dieu le veut, avant le sacre.

    A galon vat,

    L'Aconit.



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Marwenn


    [4 jours de voyage plus tard...]

    Le monotone suivait sa course. Marwenn, calée contre la parois du coche, observait d'un oeil absent, le défilé des paysages. Sur sa cuisse, la tête de l'enfant assoupi reposait tranquillement. Les doigts fin de la diaconesse se perdaient parfois dans l'épaisse chevelure de Salomon. Par moment, Marwenn peinait à détacher son regard du jeune garçon tant ce dernier lui rappelait son plus jeune frère. Les souvenirs remontaient aussi à la surface. Les questions aussi. Que devenait sa fratrie depuis sa fuite? Son père avait-il donné sa sœur Margaret au tueur d'épouse qui lui était initialement destiné? La question hantait les songes de Marwenn depuis des mois... Elle avait bien tenté de se renseigner lors de son récent voyage dans les mers du nord, mais aucune information n'avait filtré. Aucunes unions ne semblaient avoir été célébrée au château paternel... Tant mieux. Ainsi sa cadette avait peut-être encore la vie ! A la pensée que sa cadette puisse être morte par sa faute, une larme s’échappa de l’iris émeraude, dévala l'ovale de la joue jusqu’à être chassée d'un revers de main.

    Pourvu qu'il n'est rien vu ! Au bout de quelques secondes, elle osa un regard en coin dans sa direction. Avec un peu de chance, le Montfort n'avait pas remarqué cette faiblesse qu'elle peinait de plus en plus à maîtriser à mesure que les jours passaient dans l'espace exigu de leur carrosse. Tant mieux. Alors qu'il regardait ailleurs, elle le regardait lui. Durant un long moment. Voila cinq jours qu'ils vivaient l'un sur l'autre et elle ne savait toujours rien de ce royal bâtard avec qui elle faisait route. Alors, les yeux rivés sur lui...


    Veuillez cesser vos bavardages, Faust. Je ne m'entends plus penser avec tout ce bruit !
    Au coin des lèvres, une esquisse de sourire...

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L_aconit
Les joues pâles s'empourprèrent immédiatement.

Bien sûr qu'il n'avait rien vu, tout comme il n'avait rien dit depuis... Des heures. Le regard bleu de Nicolas s'obstinait à regarder soigneusement ailleurs que vers le mince espace vital de Marwenn... Voyager face à une femme était malaisant. Ses contacts avec la gent féminine depuis qu'il avait quitté le Retz et ses maitresses se réduisaient la plupart du temps à un vague aperçu au delà d'une petite grille, dans le confiné d'un confessionnal...

Cette fille là avait à sa charge un statut encore plus malaisant. Elle était envoyée par son Père. Son Père dont il ne connaissait que les manières grasses et les éclats de voix, et qu'il n'avait jamais connu jusqu'à il y a un un an autrement que comme le "Marquis de Dol". Petit il accompagnait souvent le Prince de Retz, Taliesyn de Montfort, à Dol ou dans les tripots, où les deux hommes se retrouvaient pour discuter de stratégies et du sort de la Bretagne et où lui, petit écuyer, s'occupait en lançant des cailloux dehors... La vie s'écoulait sans toutes ces préoccupations, il était la petite main du Prince, et le Dol n'était qu'un personnage grossier.

Oui mais voilà. Les dés avaient été redistribués. Les vérités avaient éclatées. Le Dol s'y était bien soustrait un temps, mais désormais Grand Duc, il fallait bien compter les points. Et dans la partie, deux bâtards seraient reconnus.


- Voyez, votre calvaire prend fin, cette auberge fera notre bonheur. Je pense que les chevaux vont être changés...


Il désigna une grande maison esseulée au milieu de la plaine, pas mécontent d'y arriver. Une question le taraudait aussi. Il hésita un peu, puis finalement décidé à s'armer un peu avant de mettre un pied en Bretagne il la posa, un peu maladroitement, un peu de but en blanc.


- Le Prince de Retz sera-t-il au Sacre?


C'est qu'il fallait bien savoir à quoi s'attendre... Bien sûr, jusqu'ici il n'avaient parlé de rien ni de personne et la glace avait demeuré, les figeant dans une expectative silencieuse de l'autre. Si beaucoup de questions demeuraient en suspend entre les deux jeunes gens, d'animosité il n'y avait pas. Juste l'assurance de deux mondes qui se rencontrent et qui se jaugent dans leur miscibilité.

La chariote s'arrêta enfin. La route avait été si difficile sur les dernières lieues. Lorsque l'on s'éloignait des villes, les routes devenaient impraticables voir inexistantes, ce qui ne facilitait pas les transports. Faust Nicolas glissa ses mains sous les bras du petit oblat endormi pour le prendre dans ses bras. La campagne poitevine s'offrait à perte de vue, et malgré l'isolement de a bâtisse qui semblait être le seul point de repos des environs, une certaine agitation semblait régner à l'intérieur, par les bris de voix qui filtraient jusqu'à eux.

Un bain, un lit et un écritoire pour Alphonse, voilà tout ce que désirait l'Aconit. Dusse-t-il les payer cher. Il avait emporté avec lui une partie du trésor diocésain, et ne s'était pas inquiété de l'éventualité de se le faire voler en route. La grosse malle recelait plus de richesses que l'on n'imaginait pour un jeune prêtre...

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Marwenn


    Le Prince de Retz ? Pourquoi ?

    La voix trahissait l'étonnement. Quatre jours qu'aucun mot n'avait franchi le seuil de ses lèvres et voila qu'il s'inquiétait pour un hermite breton encore moins sociable que lui... Étrange. Marwenn ne chercha pas pour autant à creuser d'avantage, le Montfort avait des secrets qu'il ne semblait pas vouloir partager. Ainsi soit-il. La rousse s'en accomodait parfaitement. La sangle de son sac de cuir se calla dans le creux de son épaule, alors qu'ils entrèrent dans la modeste auberge. Ell ajouta succintement.

    Il ne sera sans doute pas là. Il ne fait pas vraiment d'apparitions publiques depuis que je suis en Bretagne...

    Nous sommes trois.


    Marwenn n'avait accordé qu'un bref regard à l'aubergiste et s'était contenté de déposé une bourse sur le comptoir. Le tenancier empocha le pactolle, comprenant qu'il ne servait à rien de perdre du temps en palabre inutile avec l'étrange trio. Une clé fut décrochée du tableau qui ornait les maigres murs de l'accueil et l'escalier fut monté dans un silence que seul les grincements des marches de bois vinrent troublé. Aux éclats de voix et de rire qui emplissaient le rez-de-chaussée, on devinait aisément que la recette du jour était honorable.

    C'est notre dernière chambre !
    Ha ! Qu'est ce que je disais !

    Ha... Qu'est ce qu'elle disait déjà ?
    Marwenn s’était figée sur le seuil de la chambre. Il y avait un soucis. un gros souci.
    Du genre qui prenait toute la pièce afin de ne laisser place au doute.


    Il n'y a qu'un lit ?
    Elle avait beau savoir que ce genre de choses existaient, étaient courantes même. Ma' du haut de ses 17 printemps n'avait jamais eu a partager sa couche avec qui que ce soit. Il en allait de sa vertue ! Le regard se porta aussitôt sur Nicolas. On fait quoi ?! Le problème avait beau être assez large pour contenir une famille de 4 enfants, la rousse avait quand même du mal a s'imaginer dormir auprès du Montfort. Dieu merci c'était le fils et non le père. Elle aurait préféré le Saint Esprit ! Entre les temps de la jeune fille, d'improbables solutions s'inventent. Repartir ? Toutes les auberges avant celle ci étaient remplies, sans doute que les suivantes aussi. Et puis la nuit n'allait pas tarder. Mettre à la porte les deux garçons ? Elle l'aurait sans doute fait en Irlande, mais a la vue de l'oblat endormie dans les bras de Nicolas, elle n'eut pas le courage de les priver de sommeil...

    Que fait-on ?
    Pourvu que ce ne soit pas sa première nuit avec un homme !

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L_aconit
- Que fait-on, que fait-on... Je ne sais pas moi...

Et d'ajouter avec détermination et empressement:

- Je ne peux pas dormir avec une fille. Le Très haut m'en est témoin.

Etre curé avait quelques avantages, notamment celui de la couverture. Car s'il ne dormait pas avec des femmes, le Seigneur n'y était pas pour grand chose, si ce n'est de l'avoir façonné dans un moule bien contraignant. Toucher une fille était relativement impensable pour la bonne âme qu'était Nicolas, à moins qu'elle n'ait quelques attributs plus utiles que deux jolies pommes sur le poitrail et une fente à offrande...

Il déposa l'enfant sur l'unique lit et se massa la nuque, raidie par le voyage. L'aubergiste monta la grosse malle, et les surprit ainsi, comme deux ronds de flancs à se regarder dans le banc des yeux. Impossible de dormir parterre, il n'aspirait qu'à cette couche qui manquait depuis deux jours... Adieu bain, écritoire pour Alphonse et couche? Certainement pas! Rompant le silence dans une petite déclaration agacée, le blanc jeune prêtre s'empara de l’édredon et le plaça au centre du lit.


- Là! Vous n'avez qu'à dormir ici; moi ici. Et ne pas dépasser la limite de cet édredon. Vous prenez Salomon de votre coté, cela va sans dire. Il n'a pas tété sa mère depuis... Pfiouu.


Bien évidemment, Salomon avait passé l'âge de téter. Mais le plaisir de voir la trogne de l'émissaire à cette idée était trop grand. Il pencha la tête de coté, observant Marwenn. Pas démonté, continua sur sa lancée en tendant une main de céruse vers le baquet vide.

- Et puis pendant que vous irez mander repas en bas, vous me laisserez me baigner un peu, une toilette que je ferai sommaire pour que l'eau ne refroidisse pas.

Et pour adoucir le marché, quelques mots furent ajoutés à voix basse:

- Je ne laisserai même pas le savon dans l'eau... Hum?

- Ouais, ben en parlant d'savon, mettez-en sur vot' malle pour la faire glisser jusqu'à l'étage la prochaine fois 'cré nom d'nom! On a pas idée de voyager avec de tels bagages...


L'aubergiste avait bien compris que ces deux là ne désiraient pas dormir ensemble. Ah la jeunesse! S'il avait eu une si belle jeune femme dans son pieu à sa belle époque, pardi qu'il n'aurait pas chipoté... Il repartit dans un petit rire moqueur qui ne fit pas du tout, mais alors pas du tout sourire Faust.


-'bruti.
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Marwenn


    Marwenn était là, planté sur le pas de la porte quand un sentiment étrange la parcouru. Cela commença doucement. Une lègère tension à l'arrière de ses mollets qui remonta en un frisson le long de ses jambes. Puis il y eut ce noeud dans le ventre, dans le coeur. La mâchoire qui se sert. C'est l'héritière irlandaise qui revenait au grand galop. Piqué au vif par l'inpertinence du français.

    Tóg tú, beidh tú ag dul síos go díreach !!! *

    C'était sorti tout seule. D'un coup. Trop fort. Le poing s'était serré, dans sa paume les ongles avaient creusé la chair. Salomon qui jusque là dormait ouvrez des yeux ronds comme des billes. S'en était trop. La longueur du voyage, le silence pesant, la fatigue et maintenant ce comportement detestable. Croisic n'absorbait plus. La coupe était pleine. D'un doigt qui ne souffrait aucune contradiction, la bretonne ordonna a l'oblat de passer par dessus l'edredon.

    VOUS dormirez avec Salomon, et VOUS irez vous cherchez à manger.
    Je suis pas votre bonne, bordelaqueue !


    De colère, un pied vola dans la malle qui s'ouvrir en grand, laissant apparaitre une tenue qui devait couter une fortune, ainsi que de l'or pour couvrir bien plus que les sommes engagés dans ce maudit voyage. Les yeux émeraudes se posèrent sur le périgourdins.

    Que foutez vous donc avec tout ça ? Vous êtes fou ???!!!
    On va se faire brigander a coup sur avec pareil chargement.


    Est-il complètement bête ou simplement inconscience ? La rousse ressentait encore la peur qui l'avait étreint quand les brigands a l'aller avaient attaqué le convoi. Elle avait cru mourir et était resté des heures prostrée sous la banquette du coche en frémissant à chaque bruit de peur qu'on la trouve. A bout de nerfs, Marwenn fit demi tour en claquant la porte, plantant les deux garçons dans la maigre piaule. Celle qui ne sortait jamais de ses gonds, eut besoin de marcher une demi heure dans le froid avant de réussir à se calmer. Ce n'est qu’après avoir retrouver son calme, qu'elle rentra à l'auberge et prit place près du feu avec un dîner. Elle pria pour qu'a son retour en haut, les deux jeunes hommes soient endormis et qu'elle n'ai pas a faire a Faust avant le lendemain.


* Espèce de connard, vous allez redescendre tout de suite
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