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[RP] C'est quand le bonheur ?

Fanette
Limoges, le 23 avril 1465

Limoges l'éloignait de Thouars et la rapprochait de la Bourgogne, autant dire, Limoges l'éloignait du joli bonheur d'un soir et la rapprochait des inquiétudes et des craintes qu'elle ne pouvait s'empêcher de nourrir pour ses amis. Et puis, cet après-midi, le royaume soudain s'était rétréci, le sourire et l’insouciance de nouveau s'étaient invités, occultant un instant les orages à venir.

Fanette souriait et la plume crissait sur le vélin. Elle avait retrouvé le parchemin, abandonné dans un coin de la taverne qui avait ouvert ses portes en lieu et place du blaireau pontife. Elle jurerait que les jolis déliés d'encre avaient été posés là, juste avant elle par Nannou. Elle pourrait sans doute bientôt le lui demander puisque les troubadours du clan de l'ours lui avait écrit rester un peu à Nevers eux aussi.

Elle s'attela à confier ses bonheurs du jour, avant que d'autres ombres ne viennent les lui faire oublier.



Ce jourd'hui, j'ai passer le pont Saint Martial et j'ai admiré les reflets d'argents sur la Vienne.

On m'a parlé de lui, et je me suis plu à me souvenir de cette soirée si douce à Thouars.

J'ai fredonné une chanson et j'ai vu un couple danser, j'ai lu le plaisir dans leurs yeux.

J'ai écouter la danseuse à l'étrange peau d'ébène devenir musicienne et jouer de ce si bel instrument qui m'a rappelé la viole de Mortemer.

Puis j'ai écouté cette femme me confier en dansant l'histoire d'une conteuse qui a pu faire d'un assassin le plus aimant des hommes, alors j'ai suivi ses conseils, j'ai pensé à lui, j'ai écouté le rythme régulier de la main sur l'instrument de bois, résonnant comme le battement d'un cœur et j'ai dansé moi aussi, cette même danse, sensuelle et envoûtante.
Fanette
Guéret, le 3 juin 1465

Fanette s'appliquait toujours à tenir les promesse qu'elle faisait, et quelques semaines plus tôt, à Nevers, elle en avait fait une à Dôn. Ainsi, elle était là, suspendue à la lueur tremblante des chandelles de la Witchoun, la senestre posée sur un parchemin vierge et la hampe de sa plume chargée d'encre.

Elle avait quitté la bourgogne confiante, heureuse, et à peine passée la frontière du duché, les angoisses et le chagrin l'avaient rattrapée. Quand elle songeait à tout ce qui s'était passé depuis sa dernière entrevue avec la bretonne, un sourire vint s'ébaucher à ses lèvres. Oui, il y en avait eu des petits bonheurs, même s'ils s'étaient distillés au milieu des craintes, des déceptions et des peines.

Alors, sûrement, la dextre se mit en mouvement, déliant dans les pleins et les déliés les mots qu'un petit volatile ne tarderait pas à emporter. N'y noter que les petits bonheurs, oublier le reste, et ainsi, se croire heureuse, et finalement être heureuse...




Dôn,

J'espère que ce courrier saura vous trouver, où que vous vous alliez. Et où que ce soit, j'espère que vos chemins sont agréables et que vous aussi, vous parvenez à les saupoudrer de petits bonheurs. Ils sont si importants Dôn, je me le rappelle à chaque fois que l'horizon s'assombrit, et que je suis persuadée que je ne pourrais plus en trouver aucun. Et pourtant, il en reste toujours, même fugaces, même simples, et ils aident à oublier le reste.
Ma liste sera peut-être un peu longue, car je vous fait le compte de tout ceux que j'ai ressenti depuis que nous nous sommes quittées à Nevers. Et ils me sont finalement bien utiles, comme toujours, pour oublier tout ce qui m'a créé soucis.


M'être baignée dans la Naute, avoir eu froid un peu, mais avoir renoué avec cette sensation oubliée tout l'hiver, de la rivière qui soulève et porte le corps, et l'entraîne au fil de son cours tranquille.

M'être allongée dans la chaleur du printemps, sous les frondaisons d'une berge discrète, et m'être laissée bercer par le chant de l'onde et le bruissement d'une brise légère dans les feuillages.

Avoir appris au côté de Jasmine à tenir une aiguille, et avoir pu avec elle, ajuster les deux robes un peu grandes que Svan m'a fait parvenir.

Les avoir passées, avoir tourné et rit dans l’échoppe de la tisserande en espérant ce jour où le danseur italien les ferait virevolter.

Avoir reçu ce soir un courrier d'Amthyne emplit de gentillesse, me retrouver un peu en elle, comme je devais l'être quand j'avais son âge, il n'y a pas si longtemps encore.

Avoir rit, avec Jasmine, avec Amethyne, avec Roman.

Brosser chaque jour la jument que Roman m'a confiée, et depuis hier, l'entendre me saluer d'un frémissement de naseaux quand elle me voit arriver.

Me souvenir de ce jour surprenant où il m'a emmené devant cette auberge au nom pantagruélique de "sanglier farci" pour y découvrir cette monture qu'il avait ramené pour moi. Ne rien avoir oublié du baiser que la timidité ce jour là m'a interdit de lui donner.

Me plaire à l'entendre me parler de ces endroits où il rêve de m'emmener, pareils à ceux de son pays, de l'intimité d'une cour joliment arborée et fleurie, avec une fontaine et un carillon, où l'on n'entendrait de la ville qu'un léger bourdonnement. L'écouter m'y conter le plaisir que l'on ressentira quand le soleil se couchera, que les grillons nous berceront et que la chaleur du jour peu à peu disparaîtra quand grandira la pénombre, cédant la place à la tiédeur, puis à la fraîcheur capable de vous faire frissonner. Avoir ressenti ce frisson quand ses doigts sont venus effleurer mon épaule.

Ne plus craindre qu'à trop m'égarer dans le lichen de ses yeux, je puisse oublier mes dernières réserves, et lui offrir ce qu'il n'exige pas de moi, et peut-être, même si j'ai du mal à me l'avouer encore, espérer ce moment où il m'apprendra à céder à cette brûlure que je ressens parfois au fond de mes entrailles quand ses mains glissent sous le lin de mon corsage.


Voici Dôn, pour ces quelques jours passés depuis Nevers.
Prenez soin de vous, j'espère vous revoir bientôt.
Fanette


Etait-il convenable de partager ces derniers petits bonheurs ? La jeune fille s'était posé la question un instant, mais Dôn, comme Leorique un soir, lui avait longuement parlé de l'amitié, de l'amour, de la soudaineté des sentiments, alors, elle s'était dit que finalement, mieux que quiconque, elle saurait les comprendre.
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Fanette
Guéret, le 10 juin 1465


Fanette était joyeuse, comme si, depuis la veille, depuis leur retour dans la petite cité limousine, la chape de sérieux et d'angoisse qui pesait sur ses épaules s'était soudain évanouie.

Pourtant, Jasmine était venue lui livrer une nouvelle inquiétante, elle craignait qu'il ne soit arrivé quelque chose de grave, voir de définitif à baguette. Elle avait réussi à se glisser dans la maison de l'ancienne bourgmestre, et toutes ses affaires étaient encore là, mais d'elle, aucune trace, comme si elle s'était volatilisée. La jeune vagabonde s'était refusée à envisager la mort de son amie. Alors, elle avait eu une idée, largement relayée par Amethyne. Elle lui avait expliqué, comment, un an et demi avant, Baguette et elle nettoyaient toutes les chopes de la Witchoun. C'est que la bourgmestre aimait l'ordre et la propreté, puis elle aimait aussi faire fonctionner les ateliers de potiers, nombreux en Limousin.

- Je vais le faire, avait affirmé la jeune fille en riant, et aussitôt, elle s'était saisie d'autant de chopes que pouvaient en contenir ses mains. Le raffut la fera revenir c'est sûr !

Et Amethyne s'était empressée de proposer son aide, partageant avec elle les rires autant que le fracas des argiles brisées, devant le regard décontenancé et un peu réprobateur du sieur Piastre. C'est alors que Fanette avait expliqué à Amethyne ces petits bonheurs, qu'un soir à Limoges, Dôn, Leorique et elle avaient décidé de partager. Il suffisait simplement de les écrire sur un bout de parchemin, qu'on laissait, dans la salle commune d'une auberge, pour que d'autres puissent le faire à leur tour. On les retrouvait un peu plus tard, agrémentés d'autres souvenirs, d'autres rires, de parfaits inconnus.

Ce matin là, dans la salle commune de la Witchoun, elle déroula donc un parchemin, fraîchement acheté au marché, pour y noter son petit bonheur du jour précédent.





- Hier matin, je suis revenue à Guéret, j'ai laissé mes affaires dans cette chambre de la Witchoun, où je me sens presque chez moi. J'ai respiré l'odeur du bois ciré, et j'ai déposé sur la petite table un bouquet de fleurs des champs. J'en ai piqué quelques unes dans mes boucles.

- J'ai porté de nouveau la si jolie robe de soie et de dentelle que Roman a fait virevolter un soir d'avril. J'ai fait tourner mes jupons pour faire plaisir à Jasmine et Amethyne et je me suis amusée autant qu'elles.

- Surtout, j'ai cassé des chopes, en souvenir de Baguette, et pour la faire revenir et sans aucun scrupules, fièrement plantée devant le comptoir de la salle commune, et j'ai ri à m'en étouffer, et j'ai rit plus encore quand Améthyne est venue elle aussi, à grand fracas de terre et d'éclats de rire, implorer le retour de l'ancienne bourgmestre.



Fanette déposa sa plume un instant. Une expression rieuse vint éclairer joliment les traits de son visage. Il y avait eu d'autres bonheurs... Un peu plus tard dans la soirée, quand une jeune femme s'était invitée, quand Amethyne avait sorti sa bouteille de vin "d'épinards" ! Quand elle avait laissé de côté sa tisane et que l'alcool doucement s'était répandu dans son sang, colorant sans doute un peu plus ses joues qu'à l'ordinaire. A moins que ce ne soit Roman, quand il l'avait poussé contre le comptoir, pour l'embrasser, et lui glisser à l'oreille quelques mots troublants. Et les tournées s'étaient enchaînées, autant que les rires, parfois si vite qu'elle n'avait pas le temps de vider une chope, qu'une autre venait s'ajouter au point que Fanette s'était demandés si elle ne voyait pas double. Améthyne s'en était amusée.

- T'vas avoir deux Roman pour l'prix d'un.

La jeune fille avait froncé les sourcils en regardant l'italien, rassuré qu'il soit toujours seul, mais le jeune homme avait fait savoir qu'il trouvait l'idée intéressante.

- Oh non mazette ! Deux ?!? S'était défendue Fanette, j'aurais pas assez de bouche !

Améthyne lui avait jeté un regard interrogateur.

- De bouche ?

- Ben .. pour embrasser deux fois plus pardi !

Aussitôt ces quelques mots échappés, elle avait porté sa main devant ses lèvres, honteuse, mais passablement amusée, et sa jeune amie l'avait regardé en éclatant de rire. Elle avait osé alors un regard vers Roman, pour saisir ses yeux, brillants de convoitise, et lui avait offert son plus joli sourire.
Et l'expression rieuse avait cédé la place à un sourire rêveur, celui d'un bras noué à sa taille, d'une phrase qu'il venait de murmurer à son oreille ... Reste avec moi ... dors près de moi ... ne t'éloigne pas ... jamais...

La plume alors avait ajouté quelques mots sur le parchemin.



Hier soir, j'été heureuse en entendant Amethyne accepter la proposition de Roman. Je sais à présent que je pourrais profiter encore quelques jours de son amitié, de sa gentillesse et de ses rires.

J'ai passé une soirée à rire, j'ai bu sans doute plus que de raison, mais je l'ai fait avec ceux que j'apprécie. Je me suis amusée comme une enfant, et quand tous les fûts étaient vides, je l'ai suivi en courant jusqu'à une autre taverne, sans jamais lâcher sa main.

Je me suis enhardie, à venir passer un bras derrière sa nuque, à lui offrir mes lèvres entrouvertes, alors j'ai glissé des rires de l'enfance à ces désirs inconnus qui brûlent mon l'âme quand je me perds dans le lichen de son regard, et je me suis endormie dans ses bras.

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Mythe12
Ayant revu Fanette qu'elle avait rencontrée la veille en taverne et dont, à sa grande honte, elle ne s'était pas souvenue, ayant trop bu la veille, celle-ci avait expliqué à Mythe l'idée de parchemins laissés en salle commune, ce qu'elle avait trouvé sympathique.

Elle avait donc lu les deux derniers parchemins laissé par Fanette et comprit enfin pourquoi ses compagnons et elle riaient tant à propos de chopes cassées.

Elle ignorait quelle était cette étrange coutume et avait serré sa chope contre elle pour éviter qu'elle ne finisse avec les autres, d'autant qu'elle avait encore soif.

Elle se souvint comment ils avaient changé de taverne parce qu'il faisait trop soif dans la communale et sourit.

Elle décida donc de gratter quelques lignes à la plume sur un parchemin qu'elle laisserait également dans la salle commune de la Witchoun.



Hier soir, j'ai rencontré des gens très drôles avec qui j'ai pu boire après deux jours d'abstinence, ce qui fait beaucoup pour une pochtronne.

Les fûts de bière étant vides et le vin de messe d'"épinards" offert par Amy étant très moyen, nous avons changé de crèmerie et j'ai terminé ... ronde comme un rond avec Amy.

Pour sortir de la taverne, les choses ont été d'autant plus folkloriques qu'Amy s'était dirigée vers le comptoir, tournant le dos à la porte et qu'ensuite, nous soutenant mutuellement, il nous a fallu choisir la porte du milieu vu que nous en voyions trois.

Comme d'habitude dans ces cas-là, j'ai eu quelques mots avec le contremaître de la mine qui m'a envoyée promener et n'a accepté de me réembaucher que vers 3h30 du matin, le bougre.

Et tout ça sous prétexte que j'avais gagné le concours de guirlandes.


Mythe leva sa plume, relit le parchemin, le roula et le déposa près de ceux de Fanette.
Fanette
Limoges, le 11 octobre 1465

Qui de Roman, de Meabh ou de Brune avait rendu à Fanette l'envie de renouer avec les p'tits bonheurs. La jeune fille ne s'en souvenait plus à vrai dire quand elle s'était attablée dans la salle commune de l'auberge de la Malemort, mais elle avait étalée devant elle un parchemin vierge et son nécessaire d'écriture.

C'est que, depuis leur arrivée, il n'en manquait pas à délier dans l'encre, comme elle le faisait plus tôt avec Dôn et Leorique. Même si, ce jourd'hui, ils étaient un peu gâchés par la fièvre qui la tenait depuis la veille au soir et par l'inquiétude de ce qui se tramait en Armagnac pour la famille de Roman, comme pour la Princesse qui leur avait offert refuge et protection.

Elle réfléchit un instant, puis, la hampe chargée d'encre se mit en mouvement, traçant dans les pleins et les déliés les souvenirs heureux.




- J'ai retrouvé Baguette, ou Baguette m'a retrouvée, peu importe si nous n'avons pas cassé de chopes cette fois-ci, puisqu'elle est en vie, et que nous nous sommes promis de nous écrire.

- J'ai partagé avec Brune, une poésie et un conte, doucement mélancolique mais qui a ramené à moi d'autres souvenirs d'une amitié précieuse.

- Chaque jour, avec Meabh, je ris, j'organise, je réfléchis, je ris, je m'instruis, je ris encore, et je ris tant que j'en oublie que bien souvent qu'elle me fait peur.

- De mon banc dans le parc de l'hôtel Malemort, j'admire chaque jour les chaudes teintes de l'automne dévorer le vert de l'été, je peux voir le ciel se peindre de gris, et je peux enfin profiter pleinement de cette merveilleuse saison, sans crainte de devoir dormir au froid quand le soir vient.

- Bien au contraire, je peux m'endormir chaque nuit au creux de son épaule, et laisser ma main posée si près de son cœur, que je le sens battre sous ma paume.

Fanette releva la plume un instant, les yeux rêveusement posés sur les deux rubans enlacés à son poignet. Ce soir elle avait lu à Roman le dernier message mystérieux, reçu un peu plus tôt, lié dans la soie jaune.
- On dirait qu'il lit dans tes pensées !
Elle avait acquiescé, car, ces derniers mots, comme les précédents parlaient de ce qu'elle était, de son amour du vent ou de la rosée des chemins. Un rappel à l'insouciance et à la liberté, qui tombait précisément à l'heure où on lui offrait une terre pour élever son enfant.




- J'ai enroulé les deux rubans autours de mes poignets, j'ai donné le troisième à la jeune Elise. Et je me suis rappelé que j'ai rêvé un jour d'emprunter tous les chemins que les hommes ont tracés, et d'espérer qu'ils me portent jusqu'aux confins de la terre. Et aujourd'hui, je sais avec bonheur que le chemin qu'il m'importe le plus de suivre, c'est lui.

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Rohnan
Il avait retrouvé Fanette. Et en elle un peu de l'âme de sa soeur. Il était heureux en sa compagnie, tout simplement, tout bêtement. Mais la petite fleur semblait fanée, ces derniers temps, et le jeune homme ne savait plus quoi faire pour lui redonner le sourire.
Tenir la conversation, tenter des conseils qui ne semblaient pas toujours appropriés, ou bien la faire parler... Et ça avait fini par payer. Car elle avait parlé des petits bonheurs, et l'idée était venue de les relancer.

Courant chercher un vélin, une plume, il s'en cassa même la figure avant de tout lui proposer, et d'écrire à côté d'elle, les bonheurs du jour, et ceux de la veille. Voire même plus!




Bonheurs d'hier :
Revoir Evroult. Revoir Dôn. Rencontrer la charmante Isaure.

Bonheur d'aujourd'hui :
Revoir Fanette enfin éveillée.
Vois le sourire de Fanette.
L'aider un peu à manger.

Bonheurs de demain :
Une soupe au girolles promise par Mariette!


De sa plus belle écriture, et de toute sa concentration, il nota. Pour lui faire plaisir, et parce que Rohnan est un éternel heureux, et qu'elle avait eu des mots si tendres quand il lui avait appris la mort de sa sœur. Il devait bien ça à son petit Bonheur...

Je vous fait lire? Cela vous convient-il?!

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Fanette
- Oh ... demain, on mangera de la soupe aux girolles ?

Elle avait relevé sur lui un regard teinté de gourmandise. A présent que les nausées semblaient moins souvent tordre son ventre, elle recommençait à manger, et d'autant plus facilement que les plats préparés par Mariette étaient délicieux. Et puis, Rohnan venait partager avec elle la majorité de ses repas et s'assurait du même coup qu'elle en finisse chaque assiettée. Fanette se réchauffait à cette amitié, comme à la promesse de retrouver bientôt la danoise, et surtout, elle nourrissait un espoir qui suffisait parfois à sécher ses larmes.

Elle saisit à son tour la plume, trempa la hampe dans l'encre et suspendit son geste au-dessus du vélin, semblant réfléchir un instant. Un léger sourire étira ses lippes, rien qu'à l'idée qu'elle pourrait faire grogner le vieux Corleone en le rendant responsable d'un de ses petits bonheurs. Alors, l'oeil brillant de malice, elle ne se priva pas de le consigner à la suite de ceux du Von Frayner.




- Avoir écouté le père de Roman me dire qu'il pensait que son fils avait encore de l'amour pour moi et qu'il me reviendrait. Me raccrocher à cet espoir à chaque fois que l'envie de pleurer me prend, et parvenir le plus souvent à éloigner les larmes.

- Avoir retrouvé le sire Von Frayner, savoir que nous sommes suffisamment amis à présent pour que je puisse l'appeler simplement Rohnan. L'entendre me promettre lui aussi que tout ira bien. Avoir guetté ses pas dans l'escalier, apprécier son amitié réconfortante chaque jour, et me régaler de nouveau des mets qu'il m'amène.

- Ne savoir que sourire à l'idée des bonheurs de demain, une soupe aux girolles, une amie précieuse bientôt retrouvée et la promesse d'aller danser avec Svan et Rohnan.



Fanette s'interrompit un instant, hésitant à ajouter là que si un danseur italien venait l'arracher à ses amis lors de ce bal, pour faire lui-même virevolter la jolie robe de soie et de dentelles, elle en serait bien plus heureuse encore. Mais ce bonheur là semblait trop incertain, alors elle préféra garder le secret espoir de pouvoir l'ajouter un jour à cette liste. Elle se contenta de relire ce qu'elle venait d'écrire, et reposa le vélin sur la table en regardant s'éloigner Rohnan qui allait assumer un tour de garde sur les remparts. Il fallait bien avouer que, depuis son arrivée, et malgré la fièvre qui l'avait clouée quelques jours au lit, elle avait souri bien plus souvent que pleuré.
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