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RP - Doomsday ?

--Orthonorme
Citation:
La peste rose, ou les aventures de Hagaär le Varègue.

-Hé la dinde, agite tes tentacules et donne-moi donc trois pains, avant que je ne sépare ta tronche de morue de la masse adipeuse qui te sert de tronc !

La boulangère de lui balancer les trois pains, en grimaçant :

-Tiens, sac à vin, et étouffe-toi avec, ça nous soulagera. Et oublie pas d’allonger l’artiche que tu as soutiré à ta catin de femelle.

Comment en était-on arrivé là ? Comment ce qui aurait du être une charmante scène champêtre dans ce village côtier d’Armorique était en fait une empoignade digne du plus vulgaire des bouges crasseux ?

Il faut pour le comprendre, revenir longtemps en arrière, d’autant de lunes qu’il y a d’abeilles dans neuf ruches pour être précis, dans le Grand Nord, où les aurores boréales émerveillent les yeux bleus et naïfs des marins de là bas. Laissez-moi vous conter ça.

Hagaär le Varègue s’était perdu. Ses cales étaient enflées de son butin, des choses brillantes qu’il avait été cherché là où se couchait le soleil, ainsi que le faisaient ses pères et les pères de ses pères. Mais sans doute avait-il été un peu chiche sur les sacrifices car si les dieux lui avaient accordé la victoire, ils lui avaient envoyés sur le retour quelques vents taquins qui l’avaient fait dériver vers le grand Septentrion, loin des autres embarcations du convoi.

Mais la tempête était retombée, et il dérivait lentement. Après avoir longtemps hésité, on sacrifia le petit mousse qui avait déjà beaucoup servi et on garda la chèvre aux longs cils prometteurs. Il ne restait plus qu’à attendre en cabotant que les vents soient favorables et ramènent les marins vers leur terre natale où les attendaient leurs femmes aux bras épais et au caractère forgé par les rudesses du climat, et qu’ils n’étaient pas si pressés de retrouver.

C’est pourquoi Hagaär prenait son mal en patience en pêchant distraitement. Ils avaient vu large et avaient en réserve plusieurs tonneaux de vin de Sicile ramenés par ces crons de Normands, et ce qu’il fallait en biscuit. Un peu rêveur, il scrutait l’horizon en pensant à rien quand il aperçut une sirène à fourrure qui prenait un bain de soleil sur la côte glacée. Son attention fut un peu piquée, car on disait que la vie éternelle était accordée à celui qui dépucelait une sirène à fourrure.

Hagaär aimait la vie, et s’il ne craignait pas la mort, il comptait bien l’embrasser le plus tard possible. En plus de ça, il se demandait comment la chose était anatomiquement possible, avec la sirène. A première vue, ça n’était pas évident. C’est mu autant par l’espoir de la vie éternelle que par l’aspiration au progrès des connaissances des choses de la nature, qu’il commanda à ses hommes de souquer en direction de ce machin.

Il fut en peu déçu en s’apercevant que la sirène à fourrure n’était en fait qu’un ours blanc. La navigation par trop prolongée altère parfois l’entendement comme la vue. Il s’accouda sur le bastingage pour observer le plantigrade qui s’ébattait joyeusement en semant la panique dans un banc de phoques. Ce qui l’amusa beaucoup, en plus de lui donner une idée pour briser un peu la monotonie de la mise à sac dont il avait fait son cœur de métier.

Hagaär le Varègue était très content très satisfait, et il riait d’avance du coup qu’il avait préparé. Cette fois, il avait multiplié sacrifices (vingt et une génisses aux sabots larges, dix-sept livres d’épices d’orient, trois coffres de choses qui brillent, entre autres choses) et manqué aucune libation, et avait fait abstinence pendant huit marées. Ce qui fâcha un peu sa femme Grida la Mauvaise, mais lui laissa tout le loisir d’aller boire des coups avec les copains et mettre au point le prochain pillage.

Donc, il avait bien préparé son coup, et c’est les cheveux au vent et le sourire aux lèvres qu’il filait droit vers le soleil qui rougeoyait. Ce coup-ci, il fallait pousser un peu plus loin, il avait repéré un village isolé sur la côte nord de la Bretagne. L’idée était de débarquer quelques lieues à proximité du village en question pendant que le leurre, une vieille barcasse qui contenait tous les vieux et éclopés de l’équipage (Si on y comptait un nombre pair de bras et d’yeux, c’était bien un hasard) faisait croire à une attaque par la mer, comme il est de coutume pour les gens de ces contrées.

Hagaär se félicitait de cette idée lumineuse, mais le clou de l’opération, c’était la demi-douzaine d’ours blancs qu’il avait capturés à grand frais : 52 condamnés à mort furent nécessaire pour les prendre, mais ils étaient maintenant là, pas nourris depuis trois jours et prêts à déferler sur le village pour semer la panique comme Hagaär l’avait vu faire avec les phoques. Que d’histoires à raconter aux gosses, que de grosses poilades à venir ! C’était de l’humour typiquement Varègue.
--Rutebaf
Retour au campement des sicaires, fin juin

Robert se dirigea vers une sicaire qui restait à l’écart et qui faisait la lecture à deux autres. Il écouta quelques instants, l’histoire lui disait vaguement quelque chose…

Citation:
Hélas ! L’intendant était un soulot et il avait mal fermé la cage aux ours, qui avaient dévoré le stock de chèvres. Affamés qu’ils étaient, les ours blancs avaient bâfré à s’en faire éclater la panse, et le sang carmin sur le poil blanc des plantigrades leur donnait un éclat rosé des plus charmants. Et bon, ils n’avaient plus trop envie d’être féroce, mais plutôt de faire une bonne sieste. Si bien qu’il fallut les amener au village à coups de pieds au cul, auxquels ils ne protestaient que mollement.

Hagaär était furieux, Hagaär était frustré, Hagaär était confit dans le plus profond désespoir. Sa farce était manquée. Et pour parfaire le tout, le leurre n’avait pas marché. Les vieux éclopés avaient préféré montrer drapeau blanc plutôt que de se faire massacrer héroïquement. Pire, ils avaient vendu la mèche et les portes avaient été fermées après le passage des quadrupèdes et de leur rose pelage.


-Alors, Lita, qu’est-ce que tu leur lis, fit Robert ?
- L’histoire de « La peste rose, ou les aventures de Hagaär le Varègue », tu connais ?
- Ca me dit quelque chose, mais bon, je suis pas sûr ?
- Une histoire qui a été transmise par un des nôtres, Zarathoustra le Zigzagueur, un héros grand défenseur de la cause…
- Ah, ben, si c’est une exempla, une histoire exemplaire comme celles d’Aristote ou Christos, ne t’interromps surtout pas, continu, continu, j’écoute, ça m’intéresse d’autant plus !
--Rutebaf
Citation:
Les assaillants n’étaient pas préparés pour un siège de longue durée, mais il n’était pas question de revenir au pays les mains vides et d’affronter le courroux de leurs mégères aux tresses blondes dont l’ire pouvait se montrer redoutable. Il réfléchit dans le dedans de sa tête, des pensées profondes qu’exigeait l’urgence de la situation. Et il tenta un coup de ramponneau. Il héla une des sentinelles qui les narguait et leur jetait des choses molles et puantes, et de la nourriture pour montrer qu’ils en avaient tout le tour du ventre, et il lui parla comme suit :

« Riez, riez, mais déjà la défaite à l’haleine puante est à vos chausses. Car les bêtes roses qui sont en vos murs sont porteuses d’une terrible malepeste venue d’orient : le Bizhou. Cette maladie terrible rend celui qui en souffre incapable de combattre, car empreint d’amour pour son prochain. Jadis un prophète de Judée en était atteint, qui ne cessait de prôner l’amour pour celui qui contre lui levait le glaive. Et il condamnait tous ceux qui étaient contaminés par ce terrible mal à se faire empaler dans les plus brefs délais. Bientôt vous nous ouvrirez vos portes et nous prierez de vous battre. Et nous le ferons. ». Sans être un intellectuel, Hagaär avait appris la langue locale, à force de piller dans le coin.

La sentinelle était perplexe. Il s’entretint de cette nouvelle avec les autres villageois et il fallut peu de temps pour que la nouvelle se répande comme traînée de poudre, qui n’existait certes pas. Ou peu. Ou loin. La peste était dans les murs, et ses symptômes étaient terribles.

Les défenses tenaient mais la suspicion rongeait la cohésion des assiégés. Chacun épiait son voisin, cherchant à déceler les signes fatals. Si bien que les habitants forçaient le trait pour bien montrer comment ils n’aimaient pas leur prochain, et même combien ils étaient prêts à le passer par le fil de l’épée.

C’était une chose étonnante de voir une jeune jouvencelle aux traits charmants cracher par terre et insulter son propre fils, qui le lui rendait bien. Chacun redoublait de vigueur pour faire belle démonstration de vilenie, et écarter ainsi les soupçons.

La mésentente régnait, et les soldats envoyaient paître leurs supérieurs, et il n’était possible de se procurer du pain, qui ne manquait pourtant pas sans se battre à mort.

-Hé la dinde, agite tes tentacules et donne-moi donc trois pains, avant que je ne sépare ta tronche de morue de la masse adipeuse qui te sert de tronc !

La boulangère de lui balancer les trois pains, en grimaçant :

-Tiens, sac à vin, et étouffe-toi avec, ça nous soulagera. Et oublie pas d’allonger l’artiche que tu as soutirée à ta catin de femelle.

Et de se taper dessus, avec force et ardeur.

On voit bien que dans ces conditions, il était impossible de soutenir un siège. Hagaär le Varègue et ses joyeux compagnons n’eurent aucun mal à enfoncer les portes et mettre à sac ce bucolique village d’Armorique. Ce fut un très joli pillage qui resta longtemps dans la mémoire Varègue. On se le racontait de père en fils, en se tapant très fort sur les cuisses. Ce qui fait qu’aujourd’hui encore, on reconnaît les descendants de ce peuple valeureux à leurs cuisses plates.

Et quand dans les peuples du Nord on s’en va gaiement piller, on n’oublie jamais de se munir d’une demi-douzaine d’ours blancs et de quelques chèvres. Ce qui explique que les ours blancs se font si rares. Mais par un grand mystère, les chèvres pullulent. Il n’y a pas de justice.

Et quand j’entends quelqu’un pointer du doigt un tiers en l’accusant d’être atteint de la maladie du Bizhou, dicte peste rose, et cracher par terre et parler mal pour bien montrer que lui même en est exempt, je m’en écarte. Faites donc pareil, ou racontez-lui cette histoire.


Une bien belle histoire, non, fit Lita ?
--Orthonorme
Garde apostolique, début juillet


- Oui, une bien belle et sainte histoire, répondit le Père Fides au Repurgator.

- Heu, oui, certainement, fit d’Escouffier, qui préférait ne pas être en reste malgré son manque d’intérêt, en général marqué, pour les exempla, les histoires exemplaires. Avec le Bernardo Guy (*) de service, mieux valait ne pas trop la ramener…

- A propos dé bélla historia, comment avez-vous eu ces lista qui vont grandément nous aider dans notré lutta contra les sicarios dou Pharaón, d’Escouffier ?

- Oh, une patrouille de la garde épiscopale qui a capturé un des leurs qui les avait sur lui…

- Commé ? Esta oun prisonniero, et vous né lé dites même pas ! Vous n’avez pas lé sens des priorités, capitano !

- Vous savez, il a disparu au bout de trois jours…

- Commé ?!?! Il s’esta évado ?! Ils n’ont pas de prisons, en Lorraine ?!

- Oh si, certes, mais d’après eux, il était d’une bêtise et d’un appétit peu communs, à tel point qu’il leur a vidé leurs réserves d’une semaine en deux jours. Après quoi, il se plaignait tellement, sans rien leur apporter de plus, qu’ils ont préféré le laisser partir !

- Commé ?!?! Yé né m’étonne pas qué la Lorraine sé porte mal !?

- Vous savez, je crois que les patrouilles frontalières de la Garde épiscopale ne sont pas si bien payées que ça, ni très régulièrement… De plus, s’il s’est en effet fait capturé alors qu’il était à la chasse aux champignons, ce ne devait pas être quelqu’un de très important chez les sicaires…

- Ma qu’est-qué yé vais faire dé ma pétite vierge de Nuremberg ? Yé né lé quand même pas amené por nada !?


* hrp : le méchant inquisiteur dans « le Nom de la Rose », revoyez vos classiques, bon sang (quand on pense qu’il y a 007 aussi dans le film…) !
--Rutebaf
Retour au campement des sicaires, fin juin

Robert, satisfait, quitta Lita et les deux autres. Allons, tout n’allait pas si mal. C’était de la bonne graine de sicaires, ceux-là, tous les membres de leur équipe n’étaient pas des Gradoc !
Tiens, d’ailleurs, qu’est-ce qu’il devenait celui-là ? Il ne le voyait plus ? Et ses compagnons « boulets de concours » ne s’amusaient plus autour des listes à reconstituer ?


- Où est Gradoc ?

- Oh, il est parti à la chasse aux champignons, sur la route de l’Ouest. Il avait un petit creux…

- C’est bien le moment, tiens, grommela Robert

- Alerte, alerte !

- Qu’est-ce qui se passe, encore ?!

- Sur la route de l’Ouest, une patrouille armée ! On a reconnu les armes de la garde épiscopale ! Ils arrivent droit sur nous !

- Tout le monde en selle ! On se retrouve dans la forêt au pied du castel au sud-est !

- Ben, et Gradoc ?!

- Tu prends son cheval avec toi. On avisera là-bas, on n’a pas le temps !
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