Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >>

[RP] La Traque

Aertan
La charrette

Il n'était pas aux commandes, Lys l'était, tout comme elle était aux commandes de son destin et, quelque part du leur aussi.
Il s'était assis à l'arrière de la charrette, taciturne et pensif. Il n'envisageait plus rien, ayant maintes et maintes fois tenté de deviner les scénarios, arrivant à chaque fois à la même conclusion, il y avait tellement d'issus imaginables qu'il ne pouvait se préparer à chacune d'elle.
Il se concentrait plutôt sur ce qu'il savait. Lys allait se jeter dans la gueule du loup, poison en poche. Eux deux attendraient dehors, à vue, pas trop loin des chevaux, tout ça n'avait rien de bien ficelé. Les plans décousus, il n'aimait guère, lui, le maniaque du contrôle.
Il ferma les yeux, sa tête se balançant au rythme des secousses. Son cœur se mit à battre plus fort contre ses temps. Ils étaient dans cette phase d'attente, tels deux gladiateurs qui attendaient que les grilles de l'arène s'ouvre, sachant qu'ils devront y aller corps et âme pour en ressortir vivant.
Quelque chose clochait. Son mental combatif soiffard de sang contrastait fatalement avec l'attentisme dont ils feront preuve. Comment, alors que leur ennemi juré se tiendrait à quelques encablures de leur position, pourraient ils rester inertes en laissant leur destin aux mains d'une quasi étrangère.


Tous à vos postes !

L'auberge se devinait à travers les branchages, songeur il noua la longe autour d'un tronc. Il se retourna et tapa sur l'encolure de la brave bête, quelque chose le taraudait. Il passa à coté de Déa alors que celle ci chuchotait à l'oreille de Lys. Son regard s'alourdit sur la courageuse libérée et il étira un sourire triste de façade. Ses doutes grandissaient à mesure qu'ils approchaient du but, était il en train de flancher ? n'avait il pas la raison assez solide pour outrepasser la folie qui le guettait ? il était en train de tout remettre en doute, depuis le rocher à l'émeraude, depuis l'informateur, depuis ce camps de bandit, depuis son isolement, depuis la découverte des filles jusqu'à maintenant. Il n'avait pas les idées claires et il se haïssait d'être aussi fébrile alors qu'ils touchaient enfin leur but.
Lys quittait l'orée du sous bois, après quelques pas légers sur le chemin qui se transformait en sable elle se retourna à l'interpellation d'Aert :


Lys ! reviens ! je crois qu'on s'est trompé de moment, il faut attendre l'élévation de la lune.

Au loin, sur le sable, près des murs de l'auberge, il aperçut un groupuscule d'hommes à coté de chevaux, ils semblaient attendre quelque chose, comme un ordre de départ. Les craintes de monsieur propre grimpèrent en flèche et elles furent confirmées par les mots de la catin :

Le soleil se pare de rose Aert, il est l'heure !

Elle se retourna et accéléra la cadence, ce changement de rythme laissait une drôle d'odeur de nervosité, avait elle aperçut cette lueur dans le regard d'Aert ?

Alerte générale !
(dédicace au commissaire Gibert)

Sans plus attendre il se précipita vers Andréa, lui attrapa le poignet et l'entraîna à toute vitesse vers les chevaux. Il détacha nerveusement les longes et frappa sèchement sur la croupe des deux bourrins qui ne se firent pas prier pour disparaître au galop entre les conifères. Bientôt leurs sabots résonneront au loin.
Disposant d'une fenêtre de temps limitée, il entraîna sa complice, qui devait bien se demander ce qui lui passait par la tête, à l'abri derrière les racines imposantes d'un chêne allongé. Depuis leur cachette il tourna son visage vers elle, à ce moment là elle devinera dans son regard qu'il n'était pas fou, que ses craintes n'étaient pas le fruit de ses hallucinations alimentées par une fébrilité supposée car, au loin, d'autres bruits de sabots s'amplifiaient. Il se contentera de quelques mots résumant la situation, ils n'avaient pas le temps :


Lys est une traîtresse, comment aurait elle su pour la phrase sur le bois autrement ?

Il plaqua l'arrière de son crâne contre la terre froide du pied de l'arbre mort. Il était tiraillé entre l'amertume d'avoir failli s'être fait piéger et le soulagement d'y avoir échappé de peu mais pour l'heure, la situation était largement à leur désavantage, encore une fois, mais dos au mur, ils étaient les meilleurs. Il posa son regard profondément noyé d'assurance sur elle, son sourire machiavélique défigurait à nouveau son faciès. Certains appelleront ça du masochisme mais il se délectait de ces situations quasi impossible comportant de hauts risques fatidiques, c'étaient ces moments qui le faisaient se sentir en vie et il ne remerciera jamais assez la femme qui se tient à ses côtés pour les réveillés un jour à Bordeaux.
Il jeta un regard furtif par dessus les racines. Un, deux, trois...et quatre ! Il s'accroupit à nouveau, posa sa main sur celle de Déa et secouant la tête négativement. Heureusement qu'ils se connaissaient parfaitement, le langage des signes était désormais fluide contrairement à leur première prise de muraille il y a ...déjà longtemps.

Il attrapa une branche solide qui jonchait le sol argileux. Un cheval, deux chevaux, trois chevaux et...BIM ! Il surgit tel un ouragan et de sa batte de baseball forestière il explosa le crâne du cavalier à la traîne. Homerun ! Le corps fit un vol plané en marche arrière et s'écrasa lourdement sur le dos. Si la situation n'était pas si urgente il aurait couru partout en agitant sa branche dans les airs comme un Cro-magnon qui aurait découvert le feu. Il se contenta d'un sourire en coin vers sa complice, sourire appuyé de fierté. Il avança lentement vers la gueule cassée et, voulant s'assurer qu'il porte bien son nom, il écrasa sa semelle sur le visage du gisant. Il profita du tortillage de douleur de la limace pour lui soutirer aisément son sabre. Il s'approcha calmement du cheval apeuré en cachant l'arme fraîchement saisie dans son dos, l'autre main tendue vers lui. Il lui murmura quelques mots apaisants dans le genre "tout doux" ou encore "hola" ou bien "du calme du calme", pas après pas, il finit par poser sa main sur son flanc. L'animal expulsa l'air de ses naseaux et Aertan le chevaucha. Il enroula la corde autour de son poignet pour bien être cramponné et la pression de main gauche sur le manche du sabre se raffermit.


La donne change Déa, rattrape Lys, je m'occupe des deux gardes restants.

Les éperons s'enfoncèrent dans la chair de l'équidé et ils partirent au galop. Le lien lui rongeait lentement la peau par les frottements, le vent s'engouffra dans sa chemise, les sabots levèrent des filet de sable. Les cheveux de jais furent dépassés, il ne lui prêta pas attention, son regard était rivé sur les deux gardes sur la plage. Ils se retournèrent, trop tard, le dothraki improvisé leva son sabre et trancha une gorge. Il tira de sa main nouée sur le mors et fit demi tour, il prit en chasse le fuyard et bientôt la lame de carmin déchirera un dos. Il tira sèchement sur la corde, le cheval se cabra. Décor digne d'une toile. Il descendit de son destrier et ses bottes foulèrent le sable. Il s'assura de la mort des hommes en enfonçant la pointe de sa lame dans le coeur des vaincus.
Dénué de toute peur, il s'avança lentement, vers Lys. Métaphore d'un messager funeste, regard luisant d'un éclat diabolique, il la fit reculer tout en se nourrissant de la peur qu'on pouvait lire dans ses yeux.
Alors oui elle devait avoir ses raisons, oui elle avait du s'être fait guider par la pression, par la terreur mais elle les avait trahi et sur ça, il n'avait aucune pitié.
La noiraude pourtant si fière s'écroula dans le sable, terrassée d'effroi.
Aertan leva la tête.


Elle est à toi.
Andrea_
Je suis naturellement quelqu’un de clairvoyant. C’est d’ailleurs le premier compliment que m’avait fait Aertan, lorsqu’il m’a vue. Plus récemment, un blond m’a fait la même remarque. Sans compter toutes les autres personnes avant eux. Je peux donc en déduire sans aucun doute possible que : je suis clairvoyante.
Et puisqu’on en est à un jeté de fleurs, j’ajouterais que je suis pragmatique, ascendant lucide, doublée d’une faignasse.
En gros : si on me dit d’aller d’un point A à un point B, je ne vais pas faire des ronds de jambes, j’vais prendre le chemin le plus court. J’vais pas me demander ni pourquoi on me l’a demandé, ni si c’est une bonne idée. J’vais encore moins peser le pour et le contre. On me dit d’y aller, j’y vais. Surtout si le « on » en question, c’est Aertan.
Il me semble ne jamais avoir eu autant confiance en quelqu’un. Je pourrais marcher des heures les yeux bandés qu’il ne m’arriverait rien. Je pourrais le laisser des semaines entières sans qu’il ne chercher à m’entuber. Je pourrais lui confier mes tourments, sans qu’il ne s’en serve contre moi. Je pourrais lui cracher ma haine au visage qu’il chercherait à comprendre pourquoi je suis dans cet état, sans se demander un seul instant si mes mots sont pensés. Il sait que je tiens à sa vie plus qu’à la mienne, et je sais, avec certitude, qu’il en est de même pour Lui.

Tout pour vous dire, que j’avais bien vu que Lys avait changé l’ondulation de ses hanches alors qu’elle s’éloignait de nous, mais que j’avais pas compris un seul instant qu’elle pouvait nous la faire à l’envers. J’avais vu le regard de mon Autre se teinter d’un voile et j’avais simplement pensé qu’il s’en voulait, de la sacrifier ainsi, après l’avoir sauvé, par deux fois déjà. Etais-je ainsi naïve de croire qu’on devait reconnaissance éternelle à celui qui nous avait offert la liberté ?
Le soleil se parait de rose, il était l’heure, quoi d’autre ?

En moins de temps qu’il en faut pour le dire, Aertan m’avait sorti de ma torpeur d’une main tirant un poignet, et je ne comprenais pas. Etait-il une femme pour changer d’avis en plein milieu d’un plan ? C’était ça, sa put’ain de marque de fabrique, il était INCAPABLE de suivre un fichu plan ! Et les chevaux, non mais allo Moet’, t’es juste en train de laisser filer le seul moyen qu’on avait de fuir.
Chevaux en fuite, me voilà plaquée contre une racine, mais qu’est ce qui n’allait pas, il avait ses ragnoufs ou quoi ?
Il m’avait suffit de croiser son regard pour comprendre qu’il était bien plus clairvoyant que moi –faudra que je lui dise aussi-. Bientôt le bruit des sabots se firent entendre tout autour de nous. Ses mots me firent froncer les yeux. Lys était une traitresse, et j’avais déjà envie de la tuer. Tout s’imbriquait, ses silences, ses mots et son attitude. Posée à ses côtés, la tête contre le bois mort, je fomentais déjà tout ce que je comptais lui faire subir, tôt ou tard. Son sourire était à l’image du mien, nous avions une petite longueur d’avance, grâce à Lui, et je nous savais assez clairvoyant –bah oui, plus aucun doute- pour savoir que nous en sortirions, quoiqu’il advienne.
Je lui avais vendu du rêve en barre, et il avait su le rendre vivant. Sa main sur la mienne m’avait fait l’effet d’un électrochoc, au point de raviver les picotements à mon échine. Puis il avait hoché la tête, et avait anéanti mes espoirs de foncer comme un taureau au milieu des cavaliers pour buter Lys. Heureusement, oui, qu’ils se connaissaient parfaitement.

J’vous cache pas que j’ai rien loupé des minutes qui ont suivi. J’étais un mélange de fierté de partager la vie de cet homme là, et d’adrénaline. J’avais envie d’en finir avec tout ça, et je regrettais déjà que l’histoire s’arrête ici. Je voulais le beurre, l’argent du beurre, et le cul de Moet. Y en a qui épousent un boulanger et qui trouvent très sensuelle, la manière qu’ils ont de pétrir leur pâte, alors, même si ça vous parait étrange, moi, je trouvais ça très érotique, de voir mon acolyte en tabasser un autre.
Il était fière de son Homerun, et moi, j’étais fière de Lui, et je regrettais seulement de pas avoir une mini jupe, deux couettes et des pompons au bout des mains. J’aurais pas fait le grand écart mais j’aurais pu sauter en l’air en dessinant un M, un O, un E et un T.
Puis signature, semelle imprimée sur la gueule cassée. Puis l’homme murmura à l’oreille du cheval avec une patience dont j’aurais bien été incapable. Perso, j’aurais plus été du genre « bon ça va oui ! » que « du calme du calme » mais le principal, c’est bien qu’il y arrive.

La lame fût tirée de son lien, et la pression de mes doigts faisaient blanchir mes phalanges. Je n’étais plus qu’une boule de rage, et le regard glissé dans le dos de Lys ne lui laissait déjà aucune chance. Je pris soin d’écraser mon talon sur le menton du crevard amoché, et fût satisfaite du craquement de sa mâchoire. Son sourire, s’il survivait, ne serait plus jamais le même, surtout une fois que j’eu agrandi sa bouche de part et d’un autre d’un coup de lame bien affûtée.

J’avais abandonné mes bottes avant de m’enfoncer sur le sable vers Lys, et en silence je m’étais élancée à sa poursuite. Au second plan un cheval dépassait deux hommes avant que l’un tombe au sol, arrivée à quelques mètres de la catin perfide, j’éclatais de rire en voyant Aertan sur le cheval cabré. Dieu qu’il était beau, Dieu qu’il était doué, J’étais dingue de ce mec, et comme pour parfaire le tableau, voilà qu’il achevait les deux mercenaires.

D’après mes calculs ils ne restaient que les chefs de clans et Lys, qui reculait inlassablement face à Aertan, jusqu’à venir d’elle-même contre moi. Si c’est pas beau.
Elle s’écroula au sol, offerte sur un plateau de sable, et j’en fus presque déçue.
Quel plaisir y a-t-il, à retirer la vie à quelqu’un qui n’essaye même pas de la garder ?

Le regard démoniaque rivé sur Elle, je posais genou à terre pour la regarder, faussement ennuyée, avant d’approcher mes lèvres de son cou, où la lame déjà semblait tracer un sillon.


Y a pas de hiérarchie des catins, c’est pas parce que tu baises un chef que tu vaux plus qu’une autre. T’avais la liberté, mais même en amitié tu fais ta p’ute. T’aurais pu nous servir, s’il en avait eu quelque chose à foutre de toi, mais tu n’es rien.

Elle aurait pu servir. Être amenée devant Crusta, gorge barrée d’acier et servir de monnaie d’échange. Elle aurait pu servir, si Crusta tenait à Elle, si entre eux, il avait eu ce lien indéfectible qui nous unissait, Aertan et Moi. Mais…
Mais elle n’était rien. Et ne serait plus rien. Sinon ce visage marqué par la peur, figé, à jamais. Et ce corps qui pourrirait probablement ici, sans personne pour lui offrir une sépulture digne de ce nom. Elle ne serait plus rien, sinon cette tête par le jais suspendue à ma main.

Je ne saurais décrire mon visage, lorsqu’il s’était relevé vers Aertan. Fierté et satisfaction. Insolence et impériosité. Mais mes yeux, eux, ne criaient qu’une chose : personne, jamais, ne pourrait le trahir sans en payer le prix.

J’avais soif de sang, et un besoin viscéral d’en finir. Ils n’étaient plus que trois, et pas forcément les plus faibles, mais l’heure n’était plus à la réflexion, bientôt les hommes à notre poursuite comprendrait le subterfuge et reviendraient. Je déglutissais, difficilement, en me demandant ce qui soudain faisait trembler mes lèvres et engourdissait ma nuque.

Je ne savais pas alors, que le rose se chargeait de bleu, que la bassesse de Lys l’avait poussé à échanger les fioles lorsqu’elle nous avait rejoint à la cascade. Que ce qui brûlait ma peau n’était pas simplement le fait des déchirures du verre, mais bien plus insidieusement celui d’un liquide qui à haute dose pouvait être fatal.

Ma tête se tourna brusquement vers la forêt, et une ombre s’avança.

Elle était là, la frêle. Elle était là, et avançait aussi vite que lui permettait son jeune âge, et n’avait pas ralenti ses pas, quand son regard s’était attardé sur le morceau de Lys qui gouttait à nos pieds. Il n’avait suffit que d’un hochement de sa tête vers les nôtres, pour qu’elle prenne dans la main encore tiède la fiole qui s’y trouvait.
D’une loyauté sans pareil, elle avait murmuré au mot près, ce que je lui avais soufflé, ce « ad impossibile neno tenatur* », avant de s’avancer vers l’auberge du Crapaud, de rosé paré.
Et il y avait quelque chose de beau, dans cette démarche vers la mort.
Quelque chose qui alourdissait considérablement nos épaules, et qui marquerait probablement nos vies à tout jamais. Sans connaitre son nom, elle nous offrait un point d’avance pour ce combat qui n’était pas le sien.

Bientôt la porte se refermait sur Elle et je ferais signe à Aertan d’aller vers la gauche quand je prendrais à droite.
Bientôt, il y aura des rires gras et l’alcool coulera à flots. Bientôt, que Crusta boive cette fiole, ou pas …


Ils sont à nous.



* « A l’impossible nul n’est tenu »

_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Aertan
Il n'était pas si évident pour lui de voir la tête de Lys se séparer de son corps.
La vue du sang et monstruosités (anneau !) qui s'y jumelaient n'en étaient pas la cause. Il était coutumier de ces effusions de carmin et il y en avait eu plus que de raison dans cette aventure rocambolesque. L'horreur que certains pourraient voir dans ce chef d'oeuvre déassien laissait place à une profonde admiration dans les prunelles du chauve et ça serait un crime de décrire cette scène comme tel, de crime. C'était d'une beauté à en couper le souffle, depuis la scission de la chair qui s'éventre lentement jusqu'à la giclée de la fontaine grenat, en passant par les craquements macabres du cartilage sans oublier l'âme qui s'évapore des yeux de la muse. Van Andréa, le talent, à l'état pur.

Donc, nous disions que ce n'était pas la forme qui le dérangeait cette fois ci mais plutôt le fond, et pour cause...

Laissez moi vous expliquer :
Le Moet dédicace une place faramineuse à la liberté dans le livre de sa personnalité. S'il existait une centaine de chapitres on pourrait aisément en laisser soixante-dix pour ce trait. Sur certains points, sans trop vouloir spoiler, il n'accordait pas une liberté "totale" mais vous en dire plus serait effectivement malhonnête et un peu trop intime à mon goût.
Donc, la liberté, ce gros chapitre que nous allons tenter de synthétiser en quelques lignes.
Son passé a fait l'homme qu'il est aujourd'hui, sur ça, aucune surprise, aucun rebondissement, ne partez pas ! ceci est une introduction.

Sa mère était esclave, libérée par son père, double agent, lui même esclave de deux couronnes, cette prison lui aura coûté la vie. Aertan a vécu en captivité, au sens propre, derrière des barreaux crasseux et glacials, à maintes reprises et il n'y a pas si longtemps si vous n'avez pas la mémoire courte (là pour le coup, si vous vous en souvenez plus je vous conseillerais de consulter tout de même), il a vécu une captivité émotionnelle en refoulant ses sentiments envers la mère de sa fille adoptive et ce, durant des années, allant même jusqu'à s'exiler et passer à côté de cette chance sans savoir si elle aurait été LA bonne. Il s'est ensuite infligé une captivité onirique en bridant ses ambitions et ses rêves les plus secrets pour vivre sur un long fleuve tranquille en compagnie de sa fille de coeur, sauf que, la vie n'est pas un long fleuve tranquille et se mentir à soi même est certainement la plus grosse erreur que l'on pouvait commettre. Fort heureusement sur terre, il y a souvent un élément déclencheur, perturbateur et le sien était la femme qui avait une lueur impérieuse dans son regard carnivore en face de lui.

Alors oui il éprouvait une satisfaction ombragée lorsque la punition tomba sur Lys car cette dernière était le symbole d'une liberté pour laquelle il s'était battu. Il se torturait l'esprit alors, qu'au loin, une silhouette fondit sur eux.
Certains prisonniers avaient une peur effroyable de la liberté car, trop longtemps détenus captifs et sous la domination d'un autre, ils pouvaient se sentir à nu lorsque le lien se brisait, comme si tous leurs repères foutaient le camp. Leur façon de raisonner a été lobotomisée par les affres des années et leur donner la jouissance de réfléchir par eux même pouvaient s'avérer terrifiant. Le spleen de la liberté, vérité tragique dont Lys avait fait les frais.
Ombragée car, malgré ceci, il vit en Déa, sa partenaire, l'affirmation qu'elle était prête à tout pour lui, c'était une preuve forte, au delà des simples mots dans le genre "tu peux me faire confiance." Ils s'étaient promis que le temps leur donnerait l'occasion de le prouver. Voici une pièce maîtresse dans le schéma de leur complicité sans faille.

C'était déjà plus qu'assez en terme de réflexion dans ce laps de temps étroit dont ils jouissaient avant de lancer l'assaut final. Cet instant ils en avaient rêvés maintes et maintes fois et il était là, dans leur tête, prêt à exploser.

Une vague d'hésitation saisit le corps dessiné du protagoniste masculin, il semblait déceler en sa partenaire un souffle de fébrilité. Il n'eut pas le temps de demander quoique ce soit que la silhouette grossissante se transforma en un visage familier. Qu'est ce qu'elle foutait la celle là ? elle prit la fiole et disparut vers l'auberge.
Dire que les yeux d'Aertan s'étaient écarquillés était un euphémisme. Plus aucun plan n'était sur la table, ils devaient agir et vite ! bon, avouons qu'il adorait faire des plans mais au fond, il ne les respectait jamais, mettons ça sur son amour pour la liberté et l'improvisation, c'est bien plus louable ainsi.

Regard à droite, regard à gauche, "ils sont à nous" et il se dirigea vers la droite, non la gauche, bref dans le sens opposé à celui de Déa. Adossé contre les pierres de l'auberge, agent 0069, il longea le mur en s'y croyant dur comme fer. Bien que d'un point de vu externe nous pouvons nous fendre la poire, croyez moi quand dans sa tête c'était tout sauf un jeu.

La pression montait, chacun de ses pas était calculé, poser le talon à l'endroit exact, la pointe sur le centimètre carré parfait, la respiration était contrôlée avec brio, il ne devait pas échouer, il pensait à tout, peut être trop. C'est un peu comme lorsqu'on passe le permis de conduire, tout est surcontrôlé, surréfléchit jusqu'à parasiter notre lucidité allant parfois jusqu'à l'échec.
Le gaillard là, était sur la corde raide de l'échec. Le moment était attendu depuis si longtemps, il y avait eu tant de sacrifices tant d'étapes, le soir sur le rocher semblait si loin mais pourtant bien ancré, tout comme toutes les autres étapes qui ont suivi, que la peur de l'échec était en train de le pousser à l'échec.

Lorsque les rires gras des chefs se firent entendre à travers les murs, son instinct reprit le dessus et son sens de l'improvisation réapparut au meilleur des moments. Quand je vous disais que c'était dans la difficulté qu'ils se sublimaient...

D'un pas leste il prit appui sur un rebord de fenêtre et sauta avec agilité jusqu'à un balcon. Ses mains saisirent le rebord et il se hissa à la force de ses bras. La fenêtre était ouverte, il s'y glissa.
La pièce était calfeutrée et une odeur d'encens l'embaumait, certainement pour cacher les vapeurs d'ébats futurs ou passés. Sans surprise, l'envie d'aller vérifier la fraîcheur des draps n'était pas au rendez vous.
Dans le feu de l'action, enveloppé d'adrénaline, une pensée dérangeante surnageait.
La porte donnant sur le couloir était entrouverte, oreille dans l'interstice, il se concentra de toute ses forces pour percevoir des indices sur la situation au rez de chaussée. Il cueillit quelques mots "Ptit cul" ..."fraîche comme la rosée..."elle tremble".

1. La jouvencelle était entrée en piste
2. Elle devait se rendre compte de la difficulté de la mission qu'elle s'était imposée.

C'est pas le tout de jouer aux héros, il fallait assumer désormais ma p'tite.
Des pas firent grincer les marches, un cri aiguë s'en suivit. Le dégoût d'Aert aurait pu se lire sur son visage.
Il se cacha derrière la porte, certainement la cachette la plus vieille au monde depuis l'invention des portes, peut être même que monsieur Porte avait crée cette "objet" dans le seul et unique but de se cacher, qui sait ? c'est comme l'histoire de l'oeuf et la poule, enfin non mais vous me comprenez...

La pucelle, dont on ne connait toujours pas le nom d'ailleurs, pour des raisons pratiques appelons la Jeanne, fut balancée sur le lit comme un vulgaire chiffon de papier. Elle se retourna vivement sur le dos tout en faisant une marche arrière rampante peu gracieuse jusqu'à ce que sa tête vienne cogner le mur. Ce qui était sûr c'est que cette Jeanne là ne savait certainement pas bander un arc.
Un homme imposant la suivit. Sa carrure dépassait allègrement celle de Moet. Celui ci d'ailleurs suivit le mode opératoire "taureau" emprunté à sa complice. Il sauta sur le dos du gus et encercla sa tête dans une tentative d'étranglement. Ses muscles bandés au summum, ses yeux se remplirent de cet éclat sanguinaire qu'on lui connaissait. L'étranglé fit un bon en arrière en se débattant comme un beau diable, ses mains s'agitaient de manière désorganisées et frénétiques afin de choper le parasite qui était accroché à son dos. Il recula comme un forcené et le dos d'Aertan s'explosa contre le mur. Il dut lutter de toutes se forces pour surmonter l'interruption de son souffle. Il gueula à la biche qui semblait s'être pris les phares dans la gueule /

"Simule ! jouit !"

Alors là, demander ça à une pucelle...c'était surement la pire idée au monde mais fallait que les deux autres du bas ne s'alarment pas. Sans surprise, il lui fallut tout d'abord d'interminables secondes pour qu'elle comprenne où il voulait en venir et, tout compte fait il aurait préféré qu'elle n'ait jamais compris sa requête car des "oh"..."ah'..."oui c'est bon" aussi inexpressifs, il s'en serait passé. Il aurait aimé avoir le temps de lui expliquer qu'elle devait y mettre un peu d'entrain en utilisant moultes métaphores pour que la greluche comprenne mais la paluche ennemi se saisit de son avant bras et, dans une roulade aérienne, il l'envoya voler par dessus bord. Aertan atterrit, par chance (pour une fois qu'il en a !) sur le lit. Un reflet fit briller un espoir. Il enfouit la main dans le décolleté (meilleure cachette des femmes) de l'effarouchée pour lui subtiliser LA fiole de poison.

Le boeuf se releva et d'un bond Aert sauta du lit. Faisant face à la bête, il lui envoya un coup de poing dans les cotes et sans attendre que la bouche de l'essoufflé se referme, il y glissa la fiole de poison. Profitant de réflexe humain qu'est, malheureusement pour notre cible, de refermer la bouche, le chauve lui envoya un coup de boule monumental et ça ne faisait aucun doute, en plus de quelques dents, c'était bien du verre qui venait de se briser dans la gueule du chef, le poison devait désormais couler tranquillement dans sa gorge.
Sourire des grands soirs, Lucifer observait son chef d'oeuvre se contorsionner comme un ver alors que de la mousse fissurait ses lèvres. Cependant, dans cette extase victorieuse jouissive, sa pensée dérangeante grandissait, le coup de mou d'Andréa de tout à l'heure.
Andrea_
Moi, je n’ai jamais eu aucun souci avec le concept de liberté à proprement parler. Aucune sombre histoire liée à mon enfance pour expliquer ce besoin d’être libre. Je suis née dans un foyer heureux, je crois, de voir arriver presque dix ans après l’ainé, une petite fille qui serait le centre de toutes les attentions. Des parents qui ne manquaient de rien sans vivre dans l’opulence, des gens de la terre, des pecnos, comme j’appellerais plus tard leurs semblables. Des gens dont le regard ne criaient pas l’intelligence mais qui se contentaient de ce qu’ils avaient, et c’est bien là le principal.
Quand l’heure fût venue pour mon père de quitter Terre, mon frère avait rejoint l’armée pour tenter de subvenir aux besoins de sa famille. Il ne rêvait pas de se battre, je crois même me souvenir qu’il exécrait l’idée de devoir un jour tuer un homme, il ne rêvait pas de partir, lui qui se serait contenté de travailler la terre si les récoltes avaient suffit. Maman est morte peu de temps après, de chagrin, du manque d’un époux et d’un fils, d’un chagrin qu’une petite fille de huit ans n’arrivait pas à combler.
Je ne suis pas née avec l’envie d’arpenter le royaume. Je n’ai pas été élevée dans le culte du sans nom, bien au contraire puisque recueillie par une famille on ne peut plus pieuse. Je n’ai jamais été retenue contre mon gré, et lorsqu’à quinze ans j’ai décliné mon envie de partir, personne ne m’a retenu. « Sois heureuse », c’est tout ce qu’ils avaient dit.

Non, je n’ai jamais rien vécu qui puisse expliquer ce besoin de liberté, au contraire, aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours cherché à appartenir à quelqu’un, pour, lorsque j’y arrivais, toujours m’en détacher avec une facilité déconcertante. Bien sûr j’ai aimé, au point par trois fois de mêler mon sang à celui d’un autre pour donner la vie, mais là encore, personne ne m’a jamais retenu lorsque je passais la porte, en invoquant cette satanée liberté.
Quand j’aurais du temps, je me poserai la vraie question : peut-on être libre à deux ? Et peut être qu’au fond, la réponse est dans le spoil dont Aertan a refusé de parler, c’est intime, il est vrai.

Mais quand j’aurais du temps, pour l’heure, ce n’est pas vraiment le cas. Après un moment d’hésitation, Aertan compris le message et parti à gauche –je pense qu’il a du mal à savoir où est la gauche, c’est pas compliqué pourtant, la gauche c’est le côté où on a le pouce à droite-.
Arrivée à droite-l’autre gauche donc-, j’avais longé le mur en digne Agent 0099 que j’étais –cherchez, vous comprendrez-, j’avais même osé un pas chassé suivi de quelques pas à genoux le temps de passer sous la fenêtre avant de me déplier à nouveau. Le temps de jeter un oeil furtif et voilà que j’apercevais la botte de mon acolyte suspendue dans le vide. Je collais à nouveau le dos au mur en me demandant quelle fichue idée il avait eu encore. Ce mec, c’est un singe, faut toujours qu’il grimpe quelque part ou quelque chose –hahin-. ( Je parlais des cailloux hein.)

L’acier bientôt fût recouvert, les yeux fermés elle massa sa nuque. Son visage se crispa un instant avant que son instinct reprenne le dessus. Bien sûr elle sentait que quelque chose ne tournait pas rond, mais… Mais vraiment, c’était pas le moment.
Un nouveau regard à travers l’ouverture et je vis monter notre alliée, suivi d’un gaillard dont la main baladeuse accélérait les pas de notre danseuse d’un jour. Et Aert’ qui se trouvait à l’étage, voilà qui me faisait grincer des dents. Je vous jure, celui-ci, la prochaine fois qu’on se retrouve dans un merdier pareil, je lui fais tatouer les bras et le corps si ça ne suffit pas. J’y ferais ancrer les plans pour qu’il les suivre à la lettre, il n’aura plus d’excuse, je peux vous le dire !

Rapidement les pas la mènent de l’autre côté de la bâtisse. A l’arrière se trouvait quelques tonneaux qui ne contenaient que de l’eau dont elle s’arrosa rapidement le visage pour tenter de garder une certaine contenance. Visiblement, l’adrénaline sécrétée par cet assaut final ne suffisait pas à effacer les nuits sans sommeil. Et c’est là, juste sous le balcon qu’elle entendit la voix d’Aertan.


« Simule ! jouit ! »

Autant vous dire que demander à une pucelle de jouir, ça donnait le même résultat que de balancer un violon à un berger en lui demandant de jouer les quatre saisons de Vivaldi. Sans surprise donc nous assistâmes à un concert de « ah », de « oh » et de « oh oui » avec autant de vivacité qu’une plante verte qu’on aurait pas arrosé depuis plusieurs semaines. Sur ce coup là, j’avoue que je n’ai pas compris où il voulait en venir, peut être une future reconversion en chef d’orchestre, allez savoir. Armée d’un brin d’herbe, je le lissais et le glissais entre mes pouces avant de souffler dessus de toutes mes forces, j’avais déjà vu des gens faire et j’étais assez admirative même si je pensais que ça cassait pas trois pattes à un canard, ERREUR, c’est vachement compliqué.
Aertan ne saurait probablement jamais que sous le balcon, une couillonne avait tenté de lui faire part de sa présence et prié pour qu’il lui réponde que tout allait bien.
Rapidement des bruits de lutte proviennent de l’étage, et il n’avait fallu qu’un coup d’œil aux carreaux pour voir que ça n’échapperait pas longtemps aux deux gros durs qui attendaient en bas en se rinçant le gosier joyeusement. Je maudissais Aertan, je maudissais les plans du début, et ceux qui n’avaient pas eu le temps de voir le jour. Je maudissais la greluche, et la méthode Taureau qui aurait probablement fonctionné. Je maudissais le fait d’être seule, et aussi celui qui engourdissait le haut de mon corps. Je maudissais le Homard et son con’nard d’ami chef de clan de mes deux de s’être levés d’un coup, les yeux rivés vers l’étage. Et plus encore, je maudissais de ne pas savoir si Aertan était encore en vie.

J’avais quelques secondes pour trouver LE plan. Il fallait réfléchir aussi méthodiquement qu’Aertan rangeait ses chopes quand les tournées s’accumulaient. Procédons par élimination.
L’armée, pas le temps de trouver des gens.
Des alliés, visiblement y en avait pas dans les parages.
Se déguiser en catin, j’suis pas sûre que ça changerait grand-chose, en plus avec une paire de braies et une chemise deux fois trop petites, vraiment, je vois pas comment faire. J’ai peut être un charme naturel, mais quand on ressemble à un rôti dont les coutures peuvent péter d’un instant à l’autre, c’est compliqué.
Rien pour allumer un feu –et vu le temps qu’il me faut quand j’ai tout ce qu’il faut pour le faire, on abandonne.
Pas de soufre sous la main. Seulement trois tonneaux d’eau, pas de quoi faire un tsunami même si je prenais de l’élan et m’élançais du toit en faisant une bombe.


Oh et merd’ !

Attention, je préfère vous prévenir. Ce n’est que trois mots, ça semble pas grand-chose hein, c’est peut être un détail pour vous, mais moi, je sais que c’est pas le cas. Je sais que quand la Chiasse commence à parler toute seule en utilisant un ratio d’une insanité sur trois mots, qu’elle serre les mâchoires et qu’elle fonce tête baissée vers une porte, c’est rarement pour faire dans la dentelle ou pour enfiler des perles.
La porte est ouverte à la volée –et à la volette- ce qui a au moins le mérite de faire se retourner les deux grands couillons dont l’un était déjà rendu à la troisième marche. D’ailleurs en étirant un bon sourire de con’ard, le voilà qui redescendait. Ça s’appelle le talent, partout où elle passe, les escaliers trépassent en ce moment. Alors oui, le plus grand s’avance en dégainant sa lame, et l’autre arbore un sourire carnassier, mais pas de panique, j’ai un plan !

Ouais non je déconne. Disons que mon plan c’est de ne pas en avoir, ça vous va ? Parfait, faisons comme ça. Le temps de refermer la botte d’un coup de talon et la voilà campée solidement sur ses jambes, grande seigneur, sourire aussi parfait que le chignon qu’elle avait pris soin de refaire avant cette entrée fracassante. Ouais, c’est dingue ce qu’on peut faire en réfléchissant, nous, les femmes.

Si j’avais eu un plan –enfin un autre que celui-ci-, j’aurais pu avoir l’air apeuré et entrer en chialant –parce que j’avais encore la tronche un peu mouillée tu vois- en hurlant « ils m’ont piqué mon fiiiiiiiiiiiils » , « au secours ! » ou, plus sobrement « c’est mon seul fils, pitié, faites quelque chose, vous les hommes grands et forts même que tout le monde a peur quand on vous voit, rendez le moi, pitié, j’f’rais ce que vous voudrez ». Put’ain, j’aurais du avoir un plan, au moins pour que quelqu’un savoure mes talents d’actrice.

Mais parfois, on se sent invincible. L’adrénaline, la quête de frissons dont elle a besoin pour se sentir vivante était à son paroxysme. Elle avait promis à Aertan il y a quelques semaines déjà, que le Homard ne passerait pas l’hiver, alors si prêt du but, et même si ça semble –même si c’EST- suicidaire, elle ferait tout pour y arriver. Et sa main de jeter à leur pied la tête de Lys quand l’autre porte à ses lèvres la lame qui l’a décrochée du corps pour en lécher les quelques gouttes carmins qui s’y trouvaient encore.


J’sais pas vous, mais moi, j’la préfère comme ça. Moins bruyante, moins… Vivante.

J’avais clairement sous estimé la capacité d’un homme à bouger son gras quand il est en colère, car si l’un des deux hommes restait étrangement stoïque, l’autre déjà fonçait vers moi avec une rapidité déconcertante.
A-t-il été surpris qu’à sa première bourrade je m’écrase le dos contre la porte ? Peut être.
S’attendait-il à prendre un bon coup de genoux dans les roupettes en moins de temps qu’il en faut pour le dire ? Oui.
J’vais pas vous mentir. J’ai mangé, non pas que j’avais faim hein, mais j’ai mangé quand même. Une fois plié il avait, d’un revers de bras, confondu mon corps avec celui d’une poupée de chiffon jusqu’à ce que j’atterrisse dos contre la table, mon pieds l’avait envoyé contre le mur avant que je ne puisse lui faire face. Il avait visé la tête en grognant que c’était bien dommage d’abîmer un si beau visage. J’avais postillonné un « merci » avec un doux mélange de sang et de salive avant de planter ma lame à son épaule. Puis il m’avait collé le dos contre son torse en s’excusant, il aurait voulu me faire plaisir avant de me tuer. Mais comme j’étais contre j’avais tiré d’un coup sec la lame –parce que c’est MA mienne- avant qu’il ne me rejette contre la table –un souci avec la table, merd’, le mobilier !-.

Je devais avouer que même avec son gras, il se battait bien. Et j’eus besoin de faire quelques pas en arrière pour reprendre un peu mon souffle, autour l’auberge n’en finissait pas de tourner et je voyais mon gros porc s’avancer lentement, s’essuyant d’un revers de main le visage.
Et l’autre s’approchait, jusqu’à empoigner mon chignon –pas de respect pour les cheveux non plus donc, je note, je note- pour souffler à mon oreille.


Trente et un… Trente deux en comptant Lys, dommage collatéral, dommage d’ailleurs, elle me manquera, mais merci de renouveler mon stock avec Mélisandre, elle est prometteuse, elle aussi.

Je ne comprenais pas où il voulait en venir. C’est à peine s’il cilla des yeux lorsque j’envoyais ma rage sous forme de glaviot à son visage, mais il rit, de ces rires qu’ont les fous lorsqu’on les enferme. Il arracha ma lame pour la planter lui-même entre les deux yeux du chef de clan.

Trente trois… La vie de trente trois hommes, pour en tuer un seul, ma femme avait raison, je suis rancunier. Tu sais l’organisation qu’il a fallu pour arriver à l’attirer ici ? Il a fallu corrompre bien des gens, et en sacrifier d’autant plus. Il a fallu brouiller les pistes, pour vous attirer ici, ce soir. Mais… Ce fût assez simple au fond.

Et la poigne de fer de m’attirer au milieu de la pièce, pour à genoux faire face aux marches. Avec ma lame et sur mon épaule dévoilée, il grava quelque chose, un « 34 », que je découvrirais bien assez tôt. Avant de se pencher à nouveau à mon oreille.

Je sais qu’IL est là. Et je sais qu’un loup solitaire n’emporte avec lui que quelqu’un qui lui est cher, alors… Tu vas l’appeler. Avec conviction. Et tu ne bougeras pas d’ici.

La chaleur de sa voix m’arracha un frisson, les pièces s’emboitaient et je comprenais désormais que nous étions dans une impasse. Une impasse fomentée depuis le début par un Homard bien plus malin qu’on l’avait pensé. Cette histoire n’était pas la mienne, mais la leur, et j’allais servir le dessin de Crusta. Et si la rage bouillait en moi, je n’avais pas d’autre choix que d’obéir. Rien, encore, n’était écrit, tout, tout était possible.
Son regard en disait long sur sa détermination, et d’un mouvement de menton, toujours affiché d’un sourire, il m’encouragea.
Crusta se posa à l’abri du regard de ce qui descendrait les escaliers. Dans un coin sombre de l’auberge du crapaud, puisque c’est ici, que tout devait finir.



Aer.. AERTAN.

Le temps d’une respiration, des plus profondes, et je restais les yeux figés sur le haut des marches. Sûre, qu’il comprendrait qu’elle n’est pas femme à se mettre à genoux sans y être contraint.
_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)