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[RP] Tous les cris les S.O.S

Fanette
Qui de Roman et de son père ou d'Eleusio avait raison ? Fanette était complètement perdue. Elle s'était d'abord rangée à l'avis des deux premiers.

- Je ne ferai plus rien qui inquiète Roman ou agace ton père avait-elle affirmé au gamin.

Pire, la colère l'avait poussée à envoyer ce courrier aux ravisseurs, pour leur signifier qu'ils pouvaient bien tous aller au diable, et l'Irlandaise avec. Mais, les arguments avancés par le jeune Corleone n'avaient pas manqué de la faire douter et l'inquiétude était venue la ronger de nouveau, la réduisant au silence et à l'isolement, vu qu'elle rechignait à présent à s'en ouvrir à son diable, et que le cadet, de dispute en dispute, lui refusait le droit de faire machine arrière.
Elle aurait sans nul doute fait parvenir un courrier à l'Irlandaise si elle avait su vers quelle destination envoyer un pigeon, mais de cela aussi, elle n'avait aucune idée, et si le dernier à avoir reçu des nouvelles le savait, il se refusait à lui dire.

Et comme ça ne suffisait pas, Zilofus était venu la veille ajouter à sa confusion.

Quel lien unissait Meabh à Svan ?

En contrebas du jardin, la Vienne coulait un cours tranquille. La jeune fille ne prêtait attention à l'humidité de ce matin d'automne. Elle s'était posée sur la pierre froide du banc, laissant parfois divaguer ses pensées au fil de l'eau. Puis les noisettes indécises effleuraient encore l'encre qu'une main tremblante avait posé sur ce vélin froissé, quelques semaines plus tôt.

Je suis brune, je suis blonde ... Je ne suis que violence, je ne suis que bonté ... Je suis noirceur, je suis couleur ... Je jure de tuer, je prie à l'ombre des arbres ... Fin, commencement ...

Tant de coïncidences, soulevées par le mercenaire normand, et voici que ces poèmes dont elle n'avait pas compris le sens au début en prenaient un tout autre ... Se pouvait-il ? Svan la brune, celle qui lui avait été tout au long de ces mois de voyages aussi précieuse qu'une sœur. Celle dont l'âme ravagée par la violence qu'elle se plaisait à semer, semblait s'être apaisée en offrant sa protection à la jeune vagabonde. Meabh, joyeuse, bavarde, insouciante, qui était arrivée de nulle part et s'était mis en tête d'aider Fanette, prodiguant son aide et dépensant pour elle énergie autant que quelques écus.
Brune et blonde pouvaient-elles être une seule et même personne ?

D'un léger mouvement elle balaya cette possibilité. Elle l'aurait reconnue, tout de même ! Elle avait passé trop de temps avec la danoise pour se laisser berner par une simple teinte de cheveux, ou quelques robes en lieu et place des sempiternels vêtements d'hommes de couleur sombre.

- Elle rêvait d'être une autre, disait hier Zilofus, d'être une Angloise, ou une Irlandaise, d'être blonde et de se vêtir de jaune, de s'appeler Pebble ...

Et Fanette n'ignorait rien de cela, la brune le lui avait aussi confié dans les dernières lettres qu'elles avaient échangées ... avant ...avant qu'elle ne se cloître ... avant qu'elle ne se meurt.

Et plus elle y songeait, et plus elle luttait. Il serait bien cruel de se bercer de l'illusion d'une amie retrouvée si c'était pour la perdre encore. Si seulement tous pouvaient se tromper. Si l'ancien époux n'était jamais repassé par Limoges, si Eleusio pouvait se fourrer le doigt dans l'œil. Si Meabh ne pouvait être que Meabh, qu'elle ne court aucun risque et soit juste une vilaine menteuse s'amusant au milieu de quelques buses.

C'était déjà bien assez pour tourmenter les pensées de la jeune fille, mais il avait fallu que Zilofus en rajoute encore, au point d'avoir manqué de peu de se prendre le poing du Corleone dans le nez. Il avait de nouveau évoqué cette missive, cette soi-disant plaisanterie, lourde d'injures et de menaces qui avait tant effrayé Fanette qu'elle s'était résolue à ne plus jamais revoir son amie, pour ne plus être confrontée à son époux. Et voilà qu'il lui affirmait à présent que Svan était au courant de tout, et que, face aux craintes de la jeune fille, il lui avait été plus facile de ne rien dire plutôt que de mettre un terme à une plaisanterie plus que douteuse en avouant sa faute.

Là, c'en était trop ! Apprendre que son amie, par honte, remord, manque de courage ou Dieu sait quoi d'autres, l'avait laissé se rendre malheureuse pour elle, et en avait sans doute tout autant souffert. Quel gâchis !

Et Meabh dans tout ça, faisait-elle mieux ?

Il fallait que tout s'arrête, les questionnements, les remords. Elle ferma les yeux un instant, cherchant à se recentrer sur des ressentis plus terre à terre. Le froid doucement s'insinuait le long de son échine, quelques gouttes éparses commençaient à tomber, et dans les hautes branches d'un tilleul proche, un merle noir chantait. Alors accrochant son oreille aux notes rieuses, la jeune fille n'entendait plus que cela, oubliant dans le chant de l'oiseau la confusion qui finirait par aliéner sa raison.

Et soudain, un bras venait l'envelopper après l'avoir couverte d'un mantel de laine épaisse. D'une main, elle en resserra l'encolure sur sa gorge et releva un visage teinté de mélancolie vers le lichen d'un regard tendrement réprobateur. Dans son esprit, une voix murmurait ...

Tourne toi vers le soleil, l'ombre sera derrière toi.

Premier message, salvateur, lié d'un ruban de soie verte. Elle se laissa entraîner à l'abri de l'ondée, silencieuse, mais les yeux toujours posés sur son diable. Ses lèvres esquissèrent un sourire rêveur... l'ombre sera derrière toi ... C'était donc vrai ....
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Le printemps selon jd Svanja ;-)
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