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suite du RP :la pilosité des bourguignons s'en doit aller toute verte

[RP] Malementer ou tourmenter, telle est la question

Ingeburge
Suite du RP La pilosité du bourguignon s'en doit aller toute verte


[Devant la prison de Joinville - matinée du 29 juillet]


Dans deux jours.
C'était la pensée qui l'avait traversée et qui avait fait serrer son cœur tandis qu'elle restait là, le dos appuyée contre la porte qu'elle avait si vivement refermée.

Et les deux jours s'étaient rapidement écoulés, inexorables, aussi inexorables que le train ducal filant à tout allure vers le lieu où elle avait désiré aller.
Accoudée à la portière de son carrosse, elle pouvait maintenant nettement distinguer les deux tourelles crénelées de la prison de Joinville.


Après avoir laissé Eusaias, elle était demeurée de longues minutes immobile, tâchant de repousser les idées qui lui venaient. Elle se refusait à s'interroger sur cette volonté qu'elle avait si clairement affirmée. Et elle mesurait combien ce qu'elle disait, plus de coutume, revêtait toujours un caractère implacable. Elle avait voulu, le Sémurois s'était incliné sans tenter de la dissuader de l'accompagner, sans même chercher à savoir les raisons de cette requête. Elle avait voulu et cela seul importait. Elle-même ne savait pas pourquoi bien qu'au fond, elle pressentait que là était son devoir. Point de curiosité macabre ou d'envie condamnable, la simple conscience qu'elle devait y aller ne serait-ce que pour obtenir certaines réponses. Et une interrogation en particulier la taraudait : qui. Car le pourquoi ne comptait plus maintenant que l'ennemi avait été repoussé, tué, blessé et emprisonné.

Elle avait finalement repris pied dans la réalité et avait arpenté cette pièce dans laquelle elle était entrée sur un coup de tête, pour rompre la bouffée d'appréhension qui montait en elle et qui aurait fini par masquer complètement ses traits indifférents.
Et elle avait eu fort à faire : prévenir le personnel à son service de son absence impromptue, faire reporter des rendez-vous, demander que ses malles de voyage soient préparées et que des vêtements de voyage soient sortis, s'enquérir des papiers urgents à signer et enfin envoyer quelques missives... dont une qui importait plus que les autres. Ce courrier capital avait été porté avec diligence et les clercs à qui il était destiné ne s'étaient pas demandés pas pourquoi le Cardinal-Archevêque de Lyon réclamait avec fermeté les objets évoqués dans son court billet. Ils s'étaient simplement exécutés.

Après s'être frugalement restaurée, elle avait rejoint ses appartements privés, se préparant pour la route qu'elle avait à faire.
Et par un funeste hasard, elle avait fait son apparition dans la cour du Palais des Ducs de Bourgogne au moment même où les caisses réclamées arrivaient de l'Abbaye du Petit-Cîteaux. Elle était restée un moment interdite et avait finalement élevé la voix, frissonnante, afin que les caisses soient chargées dans l'un des chariots qui suivraient son carrosse.
Puis, ne pouvant garder son calme, elle avait continué de jeter des ordres aux gens l'entourant, vérifiant que tout a avait été entreposés dans les voitures et donnant ses dernières recommandations quant à l'installation de la salle qui accueillerait les prisonniers en vue du procès qui serait ouvert pour réparer l'honneur violenté de la Bourgogne.
Eusaias avait enfin paru et elle avait pu cesser de penser, s'ingéniant à lui poser des questions futiles et se réjouissant de s'accrocher avec lui — que n'aurait-elle fait pour ne plus réfléchir — à propos de l'escorte. Il n'avait pas voulu en entendre parler, prétextant la nécessité de laisser Dijon sous bonne garde, repoussant un à un tous ses arguments. Non loin, ses bellâtres lombards, formant la Garde de Carpentras, malgré leur connaissance rudimentaire de la langue, avaient d'ores et déjà compris qu'ils ne seraient pas de l'escapade. Elle pourtant ne s'était pas tout de suite résignée, montrant que ce serait ses hommes à elle qui viendraient, avançant qu'elle se trouvait déjà dans l'obligation de voyager sans ses suivantes et qu'elle devrait se débrouiller seule par la suite. C'est qu'elle tenait à ses habitudes et qu'aucun événement ou projet ne l'avait jamais contrainte à y déroger; ne s'était-elle pas rendue à Genève, bastion de l'hérésie barbare, entourée de son train habituel? Elle avait finalement capitulé, du bout des lèvres, songeant que le Sémurois aurait été capable de la planter là et de partir sans elle, songeant davantage encore aux malles renfermant sa garde-robe qu'il aurait pu lui faire descendre des chariots. Son argument final la laissa vaguement irritée mais pas abattue pour autant, elle avait eu le temps de glisser un message à transmettre à un homme qu'elle ne connaissait que peu mais qui elle avait placée sa confiance, cédant comme toujours à son impulsivité native.

Dijon et son palais centenaire avaient été quittés, puis la capitale. Le voyage avait été agréable, malgré les circonstances qui y présidaient et elle était parvenue, à la faveur d'un sommeil qui lui avait été toujours été aisé, à dormir durant la plus grande part de la route.
La Champagne avait été ralliée, tard dans la soirée, et elle ne s'était pas attardée après le souper qui leur avait été servi dans l'auberge dans laquelle ils avaient fait halte pour la nuit. Et son appréhension l'avait à nouveau gagnée car elle se trouvait seule. Pas de chambrière pour la frictionner avec vigueur, pas de suivante pour l'assommer de son babil incessant. Elle s'était alors abîmée dans la prière, agenouillée à même le sol, ses yeux grands ouverts ne quittant pas le mur nu qui lui faisait face. Elle s'était finalement jetée dans son lit, au petit matin, ouvrant l'œil bien trop tôt. Elle n'était pas parue à la collation du matin, ne descendant qu'au moment où il avait été question de reprendre la route.
Et la même routine de la route avait repris, le paysage champenois défilant cette fois sous les yeux des voyageurs. Langres avait été traversée, avec hâte, afin de rejoindre pour la nuit un relais proche de la frontière bourguignonne. De nouveau, la nuit fut partagée entre de longues prières fébriles, ses doigts ne cessant de jouer avec les grains du chapelet enroulé autour de son poignet droit et un sommeil trop court.


Deux jours s'étaient écoulés, elle se trouvait à Joinville, face à la prison du bourg.

Elle se laissa aller contre la banquette, les yeux clos et la bouche légèrement entrouverte. Elle ne pourrait rester indéfiniment ainsi, à l'extérieur, Eusaias l'attendait. Il était pour le moins étrange qu'elle qui avait tout fait pour ne pas se retrouver confrontée à ses pensées prenait maintenant le temps de réfléchir. Et elle s'accordait cette pause car elle savait qu'il était désormais trop tard. Elle était arrivée, il n'était plus question pour elle de se dérober.
Et curieusement, elle se sentait vide, comme si ses efforts pour ne plus être assaillie par ses doutes avaient porté leurs fruits. Mais était-ce vraiment une victoire? N'était-ce pas plutôt un ironique répit présageant qu'elle allait douter davantage sous peu? Il n'était plus temps de s'interroger, il fallait profiter de cette accalmie, elle serait de toute façon bien trop rapidement confrontée à ce qu'elle redoutait alors qu'elle l'avait appelé de ses vœux.

Après un dernier coup d'œil à son miroir dépoli afin d'ajuster quelques mèches s'échappant de la natte enroulée sur l'arrière de son crâne, elle prit une profonde inspiration et murmura quelque chose, suffisamment fort pour que la portière de son carrosse fut aussitôt ouverte. Et elle apparut dans l'encadrement, drapée dans sa mante de drap noir avant de poser sa main gantée dans celle que lui présentait un des valets. Elle mit pied à terre et fit quelques pas tant pour se délasser pour donner le change.
Elle posa alors son regard clair sur Eusaias. L'exécuteur des basses et hautes œuvres de Bourgogne. Le bourreau. Le tourmenteur.
Elle était prête à entrer.

Et, toujours enroulé à son poignet, le chapelet se balançait doucement, bercé par les mouvements lents de la duchesse.



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Malementer = tourmenter... ^^

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Eusaias
Le carrosse de madame est là. Du bout de sa botte, Eusaias martèle le sol, ou plutôt un caillou pour extraire celui-ci de la terre. Pour en faire quoi ? Rien, comme d'habitude, mais ceci l'aide à se concentrer sur ce qui va se passer après. Il pivote sa tête face à sa Grace qui se montre enfin. D'un pas décidé il la rejoint.

" Madame, il va falloir que nous mettions d'accord sur un ou deux artifices. "

D'une manière peu protocolaire, il la saisie par l'avant bras et l'entraîne, en tentant d'être doux, loin de toutes oreilles.

" Ingeburge, il va falloir vous montrer des plus froides..."

Une soudaine envie de rire le prend, il ne l'a jamais vu autrement à vrai dire. Mais se retient et appuie un peu plus sa demande.

" Votre visage et votre regard devront être de marbre face aux supplices, face à la méchanceté dont je vais me vêtir, face aux plaintes que je vais leur arracher."

Il marque une courte pose afin de tout remettre en place dans sa tête.

" Je serai avec vous, servez vous de moi comme d'un appui. Si cela devient trop insupportable, déposez votre main sur mon épaule et annoncez-moi que nous devons régler certains détails avant de reprendre. Je saurai alors que vous en avez assez supporté pour aujourd'hui."

Il veut se montrer attentif, la rassurer, mais il n'a jamais été bon diplomate et sait qu'il sera maladroit, alors il se tait. Il libère enfin l'avant bras, afin que ses deux mains puissent lier ses cheveux d'un ruban. Puis une de ses pattes sort un flacon de sa besace et il le tend à Ingeburge.

" Prenez ceci et marquez vos narines d'une infime goutte de cette élixir. Je vous préviens cela sent très fort, mais c'est fait pour masquer les mauvaises odeurs des prisons. J'ai connu nombreuse prisons, même si c'est la première fois que je suis du bon côté des barreaux. Je peux vous assurer que cette fiole vous sera utile. "

Il porte son attention sur la porte qui conduit aux geôles.

" Il va falloir y aller, prenons deux archers, deux piquiers et deux vougiers avec nous. "
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Dara_
Il été aux champs lorsqu'un clerc extrêmement pressé et suspicieux vint lui apporter un pli.
Tout était calme autour d'eux. Les hommes taillaient les épis, les femmes étaient occupées plus loin à les trier, quelques enfants jouaient ou aidaient à droite et gauche, l'ensemble contrastait donc plutôt avec l'attitude du religieux.
Posant sa faux, Adalrik saisit le pli, le clerc reparti aussitôt non sans regarder derrière lui étrangement le nordique. Qui pouvait lui faire parvenir ceci, pourquoi, qui savait où le trouver, sans doute étais-ce la tenancière qui avait indiqué où il travaillé ce jour ...
Rien, aucune arme ni cachet à l'extérieur, pas un mot non plus. Il déplia alors la lettre. Quelques mots, une signature, une demande.

Quelques instants plus tard après être passé à l'auberge prendre quelques affaires, ses armes et avoir réglé une avance confortable pour la chambre, il était en route vers le nord, Joinville.

... Joinville. Après avoir galopé le plus rapidement possible pendant près de deux jours, tout en octroyant à sa monture et à lui même quelques haltes afin de se reposer et de se nourrir il arriva à destination. La prison renfermant quelques un des brigands de la pire espèce devant être jugés sous peu par la Duchesse.
Après s'être présenté à la porte et être entré dans la cours de la garnison, le robuste nordique fût conduit au commandant des lieux.


Je suis Adalrik Torensen, Sa Grâce la Duchesse Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg a requise ma présence en cet endroit, veuillez la prévenir de mon arrivée.

Sous la chaleur de plomb de l'été, au milieu de la cours d'une prison Ducale, Adalrik attendit.
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Ingeburge
Eusaias avait perçu son appel silencieux et plutôt de manière claire car déjà il l'entraînait loin des oreilles indiscrètes pour lui dire... mais quoi? Elle l'écouta donc poliment, notant dans son esprit les recommandations qui lui étaient faites et hochant vaguement la tête, l'air très concerné.
A vrai dire, elle avait plutôt envie de sourire tant le Sémurois semblait s'inquiéter pour elle. Lui même ne semble pas très convaincu, elle le perçoit mais ni l'un ni l'autre n'en laissèrent rien paraître.

Mais tout de même... il lui demandait d'être froide et ça, c'était bien la première fois qu'un homme lui faisait cette requête! Pourtant, sa réputation de ce côté-là n'était plus à faire.
Son époux n'avait-il pas dû user de toutes ses ressources, tant physiques que spirituelles, pour pouvoir entrer enfin dans la couche conjugale dont elle lui avait refusé l'accès durant des semaines et ce, depuis le jour de leurs épousailles? Et ce refus s'ajoutait à celui qu'elle lui avait opposé durant tout le temps de leurs fiançailles.
Non, elle n'était ni émotive, ni émue, elle était glaciale, indifférente et son regard était, dixit Kreuz, " aussi réfrigérant que les steppes sibériennes. "
Alors, rester froide? Facile quand on est indifférente de nature, facile quand son cœur est enserré dans une gangue de pierre, facile quand que ses veines charrient des monceaux de glace et facile quand les hommages masculins font autant d'effet sur elle que l'ennui le plus profond. Et encore plus aisé quand on a perdu presque tous les êtres aimés.

Mais, dressée à être courtoise, elle dodelinait de la tâte, concernée en apparence mais surtout pressée d'en finir.
Oh, elle se disait bien que des gens voir souffrir la remuerait, son insensibilité de façade étant tout de même plus grande que celle de son âme mais elle saurait se tenir. C'est pourquoi le conseil d'Eusaias sur la conduite qu'elle devrait tenir si le spectacle devenait par trop insupportable fut précieusement assimilé.

Quand il eut terminé de lui dispenser ses dernières recommandations, il lui confia une fiole dont le contenu lui serait apparemment utile. Elle murmura un remerciement mais se contenta de glisser l'objet dans une des poches de sa mante; son parfum au Lys de Florence produit par l'Officine de Santa Maria Novella était déjà assez capiteux pour qu'elle en rajoute et ses mouchoirs étaient eux même abondamment habillés de la même senteur.

Eusaias parla encore mais elle regarda vers la prison, tâchant de voir si l'homme auquel elle avait écrit était arrivé. Et elle le vit, en conversation avec l'un des gardes. C'était une bonne chose.

Elle s'exprima enfin, sa main gantée se posant sur le bras du Mauvais afin qu'ils pénétrèrent dans le bâtiment de la prison :

— Bien, entrons donc. Et n'ayez crainte, je resterai maîtresse de mes nerfs... d'autant plus que cet homme qui se tient devant la bâtisse me servira de soutien durant le temps où vous exécuterez ce pourquoi vous avez été nommé.

Ce qu'elle taisait, c'est qu'elle craignait plus de défaillir si jamais le bas de ses jupes devait être crotté que d'assister à l'administration de la question.
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Dara_
Il se tourna alors et aperçu celle à la demande de qui il était venu jusqu'ici.
Abandonnant immédiatement le militaire il se dirigea vers celle qui de noir vêtu s'apprêtait à pénétrer en ces murs sombres et humides en compagnie d'un homme à l'allure plus qu'étrange.
Il portait des braies beiges et une large chemise brune ouverte sur son torse puissant et bruni par le soleil, était ceinte à son côté une épée courte scandinave au manche ouvragé d'un dragon.

Il avança observant autour de lui l'entrée des lieux qui étaient vraiment lugubres, loin de ce que le Royaume avait fait de mieux architecturalement parlant. Arrivée à proximité du couple il inclina la tête vers eux.


Vous m'avez fait mander votre Grâce ...
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Ingeburge
Aldarik l'avait vue et s'était aussitôt dirigé vers Eusaias et elle.
Quand il les eut salués, elle répondit :

— Effectivement et merci d'avoir fait diligence pour nous joindre.

Ses paroles étaient sincères car toute forte qu'elle paraissait et et toute forte qu'elle voulait paraître, elle ne pouvait s'empêcher de sentir l'anxiété poindre en elle. Certes, elle ne montrerait rien, par habitude et indifférence généralisée mais ne pas être seule lui serait utile.

Elle déclara ensuite :

— Votre Excellence Aldarik, laissez-moi vous présenter messire Eusaias, le nouveau bourreau de Bourgogne.
Elle se tourna vers ce dernier :
— Messire Eusaias, voici Son Excellence Adalrik Torensen, Ambassadeur de Bourgogne près le Duché de Normandie.

Elle jeta un nouveau coup d'œil vers le bâtiment dans lequel ils devaient pénétrer et elle indiqua :
— Vous n'aurez ainsi pas à vous préoccuper de moi le temps de votre ouvrage, je ne serai pas seule.
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Eusaias
Les présentations furent faites et le Mauvais les ponctua d'un geste simple de la tête. A vrai dire, il n'avait pas trop prêté attention, son esprit se focalisait alors sur ce qu'il devait faire.

Ses doigts pianotent sur le garde de sa maitresse de fer, geste sans doute trahissant son anxiété. Il avait par le passé fait du bien mal. Le meurtre avait été un de ses passe-temps favori et les prisons avaient peu de secrets de pour lui.


" Bien je vais prendre un peu d'avance et me préparer. On se retrouve en bas. Monsieur Aldarik, ravi de vous croiser même si les raisons sont quelque peu spéciales."

Pourquoi a-t-il dit ça ? Il n'en sait rien, mais il est clair qu'il a besoin de calme, d'être seul un peu. Il prend alors la direction de la prison, une petite salle l'attend. Son regard balaye la salle, elle est quasiment vide hormis son "costume". L'humidité ronge les murs, tout est sombre. Son premier geste est pour Victoria, il la caresse du bout des doigts avant de la libérer de sa ceinture. Il pose l'épée et le fourreau sur la table, unique meuble de sa cellule.

" Tu restes là, maudite maitresse."

Ses doigts dextères délacent les cordelettes de sa chemise et celle-ci glisse de ses épaules avant de rejoindre la "bâtarde" sur la table. Son corps noueux révèle nombreuses cicatrices, vestige de guerre ou de fouet. Il passe un tablier de cuir sur lequel le sang ne prendra pas place et noue à sa ceinture un fouet.

Paumes et front contre le mur, yeux clos :


" Ma douce Zhaïa pardonne ma folie, car c'est au nom de notre Bourgogne que je fais ça."

Moment de silence, puis se recule et prend la direction des geôles.
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Dara_
La présence de la Duchesse était puissante comme lors de leur précédente et seule rencontre. Son visage était froid, comme beaucoup des femmes de chez eux mais chez elle c'était différent. Quelque chose avait du la marquer, quelque chose d'ancien et de profond, d'après ce qu'il avait entendu, les gens l'avaient toujours connus ainsi. Était-ce uniquement pour se protéger elle ? Pour protéger les autres ? Pourquoi. Autant de questions qui se bousculaient dans la tête du nouveau diplomate Bourguignon.
Il remit d'un geste de la main dextre une mèche de ses cheveux en place et salua l'homme d'un petit geste similaire au sien.
Lorsqu'il fut parti, il prit la parole tout en proposant son bras à Sa Grâce.


Vous n'êtes pas obligée de le faire, néanmoins, si vous êtes ici je suppose que vous y avez réfléchis avant. Je suis prêt si vous l'êtes.
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Ingeburge
Eusaias les quitta et elle regarda la silhouette du Mauvais s'éloigner avant d'être avalée par la bouche béante de la prison. Et son regard resta rivé sur l'ouverture sombre, comme fasciné.
Les mots utilisés par le Sémurois défilaient dans son esprit. " Me préparer... me préparer... me préparer... " Mais se prépare-t-on vraiment à cela? Certes, il y a les gestes à effectuer, les instruments à mettre en place... les caisses avaient d'ailleurs d'ores et déjà entrées dans la prison.
Mais pour le reste, en dehors des considérations techniques, se prépare-t-on à cela? Si oui, comment procède-t-on? Elle-même ne se sentait pas prête, si tant est que l'on puisse l'être.

La voix d'Aldarik la tira de ses pensées et de sa fixation visuelle; elle regarda le Danois, comme si elle ne comprenait pas ce qu'il venait de dire. Mais elle avait entendu. Distinctement.
Et c'est fouettée par ce que ses mots sous-entendaient — " partez, vous le pouvez, partez, cela vaut mieux, personne nd trouvera rien à y redire " — qu'elle se redressa et déclara, contredisant par ses mots ce qu'elle venait de penser :

— Je suis prête, pour sûr.

Et pour confirmer cette résolution qui ne souffrait aucun commentaire, elle posa fermement sa main gantée sur le bras d'Aldarik et déclara, son regard froid planté dans celui du diplomate :
— Allons-y, entrons.

Ce qu'ils firent.
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Eusaias
Eusaias descend à pas lents les escaliers menant au geôles. Ingeburge et Aladrik sont déjà présents. La demie douzaine de gardes est prête aussi. Eusaias se penche et murmure à l'oreille du plus grader d'entre eux. L'homme solidement bâti est armée d'un vouge. Son visage bourru montre un signe d'incompréhension mais l'homme acquiesce d'un geste de la tête.

Le Mauvais referme ses doigts sur le fouet à sa ceinture. Ses articulations reliant ses phalanges à ses métacarpes blanchissent sous la pression de la main. Il fait signe de la tête à la duchesse pour qu'elle sâche qu'il va commencer sa basse besogne.


Soldats ! Saisissez vous d'elle !

Doigt désignant Luciedeclairvaux, regard menaçant. Il la fait placer au centre de la pièce pour que tous puissent la voir. Il tourne autour tel un balbuzard décrivant des cercles au-dessus de sa proie.

" Voilà qui devrait ravir nos soldats. La petite n'est pas vilaine et eux s'ennuient sans doute. " La fixe dans les yeux. " Peu ont dû croiser d'aussi jolies filles."

Il passe sa main sur le visage de la petite.

"Qu'on la porte en pâture à nos soldats, qu'ils se déniaisent !"

Plus bas :

"Ah moins qu'elle nous fasse un joli aveux écrit sur le fait que ses compagnons sont comme tout le monde pense... des hérétiques. Ainsi après cet écrit, elle sera mieux traitée et ses amis connaîtront le bucher."

Quelque chose de malsain illumine son visage face à la petite qui le défie du regard.

" En attendant capitaine portez-la comme demandé ! "

Le Mauvais aperçoit dans le regard du capitaine que celui-ci vient de comprendre sa demande à voix basse. Le Mauvais lui avait réclamé qu'il porte la désignée dans une cellule bien plus loin que celles de ses amis. Il n'a pas l'intention de la donner à des soldats, mais le fait que ses compagnons le pensent apporte un côté bien plus diabolique au Tourmenteur.

Le Mauvais regarde Ingeburge et espère qu'elle n'interviendra pas, puis se retourne vers la couloir des condamnés et tente de ne pas laisser la parole à la duchesse.

" Bien commençons l'entretien. Soldat saisissez vous d'elle et portez-la jusqu'au chevalet."

L'index est tendu en direction de Felina.

" Place aux dames ! Je sais que l'étiquette veut qu'on s'occupe des têtes pensantes en premier, mais j'ai un faible pour les jupons, tu seras donc la première !"
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Felina
Trouver la force de tenir.


Courage ...

Voilà la Féline de nouveau prostrée au fond de sa cellule, désormais enchaînée ... Elle ne s'alimente plus depuis qu'ils ont mis un terme à leur tentative d'évasion, ne boit que quand sa gorge la brûle affreusement. Elle n'a plus mal, elle n'a plus froid, elle n'a plus faim, elle n'a plus peur ... Elle attend, elle veut en finir. Mais elle ne trouve pas la force nécessaire pour se saisir de sa lame dissimulée dans sa botte pour se la planter en plein cœur. Facile de dire que l'on veut crever, c'est une toute autre histoire de se tuer. Elle est déjà morte, et le fil qui la relie au monde des vivants de plus en plus ténu. L'envie de vivre a définitivement disparu avec leur fuite avortée.

Courage ...

Les autres ... elle s'en carre désormais. L'égoïsme a repris le dessus sur la solidarité avec la troupe. Elle est seule face à sa mort, elle ne songe même plus à ses compagnons d'infortune. De toute manière ils vont tous subir le même sort qu'elle, et ils se retrouveront de l'autre côté. Là seulement ils pourront la juger et la haïr comme elle le mérite, elle l'incapable. Le silence pesant a envahi les geôles, rendant l'atmosphère encore plus étouffante. Une envie de hurler se saisit parfois de la sauvageonne, qui enfermée ne supporte plus sa condition. Mais aucun son n'est prononcé. L'esprit est déjà presque mort, et le corps n'est plus loin de le rejoindre.

Courage ...

Soudain du bruit dans les corridors. Des pas, des voix ... des hommes.


Qu'on la porte en pâture à nos soldats, qu'ils se déniaisent !

De qui parlent ils donc? Lucie ... Adye ... qui est donc la victime désignée de l'homme qui vient de prononcer ses paroles, d'une voix si glaciale. Les poings de la mercenaire se serrent, les mâchoires se crispent de rage. Non ... pas ça ... Tout mais pas ça !!!
Elle ne peut retenir un sursaut lorsque la serrure de sa cellule est actionnée et que la porte s'ouvre.

Courage ...

En une fraction de seconde, elle s'est remise sur ses pieds, oubliant ses douleurs, fixant de son regard noir corbeau le garde qui s'approche d'elle. La flamme dans ses yeux se rallume alors légèrement et la panthère s'imagine fondre sur lui et le massacrer à coups de lames, le saignant comme le pourceau qu'il est. Jamais la Rastignac ne se laissera forcer par un homme, ça c'est certain, pas sans se battre. Mais rien à faire, entravée et affaiblie, elle ne peut l'empêcher de se saisir d'elle. Alors qu'elle tente de mordre et de griffer pour se défaire de l'étreinte du soldat, les paroles de l'homme qui semble diriger les opérations lui parviennent enfin, et prennent leurs sens dans son cerveau embrumé par la rage. Chevalet ...

Un frisson lui dresse alors l'échine. Ce mot elle en connaît la signification, pour en avoir entendu parler dans les histoires que l'on raconte aux enfants pour qu'ils soient sages. La question ... l'ultime moyen de faire parler le plus courageux des hommes.

Courage ...

Ainsi donc est ce là le sort qui lui est réservé? Malgré la peur qui s'insinue lentement dans chaque pore de sa peau, et contre laquelle toute sa détermination ne peut pas faire grand chose, la Féline pose son regard haineux sur le bourrel, le détaillant et imprimant dans sa mémoire l'image de son tortionnaire.
Son visage, émacié, comme taillé à la serpe. Ses yeux, aussi noirs que les siens, sans aucune étincelle, sans aucune douceur. En d'autres circonstances, peut être l'aurait elle trouvé séduisant mais là dans son esprit le diable personnifié se tient devant elle. Pourtant la Rastignac soutient ce regard, les onyx affrontant les onyx, avec toute la force et la détermination qu'il lui reste. Mourir oui, plier jamais.

Se débattant comme elle peut, la Féline tente une dernière fois d'échapper au garde qui l'entraîne hors de la cellule.

Lache moi gros porc ... enlève tes sales pattes de bourgui-con de là !!

Lorsqu'elle passe à proximité d'Eusaias, le fusillant une dernière fois du regard, elle lui crache alors à la figure, dernière et inutile provocation d'une mercenaire plus fière et plus têtue que jamais, luttant à force inégale contre l'inéluctable, puisant en elle tout le courage dont elle est capable. Ne pas ployer, surtout pas !!!

Courage ...

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Ceux qui jouent avec des félins doivent s'attendre à être griffés.
Ingeburge
Ultime hésitation avant de pénétrer dans le sordide.
Ultime indécision avant d'entrer dans l'abject.
Ultime inspiration avant de franchir les portes de l'innommable.

Ils entrèrent, sa main à elle enserrant solidement le bras d'Aldarik.

Elle ne discerna rien au premier abord, ses yeux encore pleins du soleil estival du dehors mais elle s'accoutuma peu à peu à la pénombre ambiante., son aveuglement ne dura qu'un laps de temps trop court. Elle voyait bien maintenant et l'on ne manquerait pas d'allumer des chandelles afin qu'elle voit davantage.

Elle marcha un peu à tâtons au début, se laissant guider par le Danois, s'accrochant à lui afin de ne pas se perdre dans ce dédale de couloirs sombres et humides, ne le quittant pas peu désireuse de se retrouver seule.

Ils progressèrent donc vers le lieu qu'on leur avait indiqué, il s'agissait de rejoindre le bourreau qui les avait distancés.

On pouvait entendre ça et là le ruissellement de l'eau qui s'infiltrait et qui clapotait, entêtante, dans de petites flaques de liquide croupi, on pouvait percevoir le cliquetis des chaînes entravant les prisonniers qui changeaient régulièrement de position, on pouvait se rendre compte que ce bruit ténu et plaintif qui s'élevait d'on ne sait où, sorte de mélopée insistante et glaçante, n'était autre que le râle de certains détenus.
Elle frissonna l'Insensible, resserrant l'étreinte de ses doigts gantés autour du bras de son compagnon tandis que son autre main se portait brièvement à ses tempes bourdonnantes.


Eusaias fut enfin trouvé, il se tenait dans une couloir, entouré de plusieurs soldats. Le Sémurois s'était changé afin d'accomplir sa besogne et dès qu'il la vit, indiqua d'un signe silencieux qu'il allait débuter.

Ingeburge resta en retrait, peu désireuse pour l'heure de s'approcher des prisonniers dont elle découvrait les visages aux joues creusées.
C'était donc eux qui avaient tenté de terroriser la fière Bourgogne? Des femmes, des hommes qu'elle aurait pu rencontrer dans d'autres circonstances, sans se douter un moindre instant qu'ils étaient des mercenaires, guerroyant là où il leur été assuré de s'emplir les proches, se mettant au service du plus offrant. Ils n'avaient rien obtenu en Bourgogne, ni or, ni marchandises. Ils avaient simplement obtenu le gîte et le couvert, loin de ce qu'ils avaient pu escompter même s'ils connaissaient sans l'ombre d'un doute les risques d'une telle entreprise. Et du reste, tout homme se mettant sous une bannière, légitime ou franche, romaine ou hérétique, savait que l'échec était une des fins possibles sinon, ce n'était pas un réel combattant.
Et ceux qui se tenaient là avaient été défaits puis capturés. Demain, ils triompheraient peut-être mais pour aujourd'hui, le Bourreau de Bourgogne exigerait d'eux le tribut dû à la Bourgogne victorieuse.

Eusaias débuta donc son ballet de souffrance, choisissant les suppliciés en devenir comme il faisait son marché. Il la regardait de temps à autre, guettant ses réactions.
Mais elle n'était pas disposée à intervenir, suivant à la lettre les consignes données et demeurant comme à son habitude distante et glaciale. Elle s'animerait bien assez tôt. Pour l'heure, elle n'était qu'une spectatrice lointaine et passive. Et elle suivait avec attention, comme ses sourcils se fronçant légèrement de temps à autre le trahissaient. Certains mots la heurtèrent, elle ne goûtait pas vraiment la galanterie ironique d'Eusaias.

Cris, protestations, insultes, invectives, crachat.

La Duchesse de Bourgogne ne bougea pas.

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Eusaias
Sursaut d'orgueil certainement, la petite crache sur son faciès d'oiseau de proie. Dans un autre temps il lui aurait retourné gifle, lourde et vengeresse, mais il va avoir le temps de la briser aujourd'hui. Il lance son regard dans le couloir des condamnés et perçoit quelques plaintes fondées.

Il prend alors la direction du triste cortège jusqu'en salle des tourments. Il avait fait demander qu'une petite cellule soit changée pour l'événement. Une cellule toute proche de celle qui détient les prisonniers afin que les hôtes puissent apprécier les plaintes de leurs amis en plein travail.

Il passe la porte du purgatoire en premier, il doit le faire. Le chevalet est sur la gauche en entrant et face à la terrible dame de Nuremberg qui se dresse contre le mur opposé. Un gril, une chaise à garrot avec à ses pieds des brodequins sont aussi présents. Ses yeux parcourent la table sur laquelle sommeille pinces et poucettes ainsi que quelques autres objets tout aussi intéressant.


L'index de sa main gauche montre le chevalet.

" Dénudez là et qu'elle soit solidement entravée ! "

Son attention se porta sur le brasero, il plongea un tison à l'intérieur et revient faire face à la Rastignac malmenée par les hommes.

" Tu vas passer le pire moment de ta vie. Je vais... Bruler tes chairs et briser tes os, à moins que tu fournisses quelques informations qu'aimerait entendre sa Grasce. Si j'étais à ta place je me montrerai très coopératif. "

Il soupire, il sait qu'il va en falloir plus pour briser la mercenaire.

" Je compte jusqu'à cinq et nous commençons. Un !"

Ce qu'il ne dit pas c'est qu'il compte sur les doigts de la prisonnière. Au chiffre "un" ses doigts saisirent l'auriculaire de la petite et d'un geste vif, le brisent.

" Deux ! "

Cette fois c'est le pouce qui cède dans un craquement horrible.

" Trois ! Quatre ! Cinq ! "
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Linon
[Loin de là.. Sémur ou la croisée des chemins]

Se souviendrait-il? L'homme qu'elle avait découvert alors qu'elle riait avec lui, être le bourreau de ses amis et leur vouer une haine féroce, se souviendrait-il de la blessée de Sémur, qui avait essayé de... le convaincre, le retenir... Ils avaient parlé, puis échangé des promesses et Linon avait commencé à réfléchir sérieusement à l'après, à ce qu'elle ferait quand elle pourrait à nouveau monter à cheval pour un long voyage.

Elle s'était accrochée à lui quelques jours plus tard pour le supplier de ne pas faire ça, revenir sur la parole donnée alors qu'il sortait fou de rage de la taverne, elle avait tout promis, avait évité les tavernes pour ne pas donner prise à cette colère dont elle n'avait pas compris l'origine. Et à la veille de son départ pour Joinville, il avait enfin réitéré sa promesse...

Joinville... C'est seulement quelques jours avant qu'elle avait appris par Marie que ceux qu'elle pensait rentrés en Anjou depuis longtemps étaient tous tombés, et emprisonnés. Et chaque jour depuis qu'elle avait compris qu'ils seraient en plus torturés, l'odeur du sang, du fer, de la peur envahissaient son imagination et lui provoquait des vomissements. Quand cela aurait-il lieu? Aujourd'hui? Demain? Hier? Peut-être était-ce déjà passé... combien... qui avait survécu?

Ces pensées funestes n'arrangeaient rien à la mélancolie qui s'était sournoisement emparée d'elle, lui faisant parfois regretter la mort dont elle avait réchappé. Seule et oubliée à Sémur...la solitude... brièvement brisée par la visite d'Hiji, par ses rencontres avec les sémurois qui se faisaient plus rares... même le géant blond qui semblait avoir si bien pris la mesure de sa langueur, ne sortirait de sa retraite que pour repartir vers ses Flandres natales.
Alors elle serait complètement seule. Seule avec son fils, ses codex et un destin qu'elle n'arrivait plus à percevoir.
Qu'en ferait-elle?

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Felina
Quand le corps se brise et que l'esprit renaît.

Rien à faire … L’homme l’entraîne malgré ses protestations et sans qu’elle puisse rien y faire, la Rastignac se retrouve nue comme un vers, entravée et étendue sur le chevalet. La pudeur ne faisant pas vraiment partie du caractère de la sauvageonne, le fait d'être nue comme au premier jour de sa vie face à cet homme ne l’émeut absolument pas, mais se retrouver de nouveau privée de sa liberté de mouvement, voilà qui la met dans tous ses états. Elle fixe de son regard noir le bourel qui se tient près d’elle, mémorisant chacun des traits de son visage. S’il ne la tue pas et qu’elle survit à tout cela, elle passera les jours qui lui restent à tirer dans cette chienne de vie à le chercher et à lui faire payer … Voilà les pensées qui l'occupent en cet instant, penser à la vengeance lui redonner une fougue qui avait disparu il y a peu.

Mais l’heure de la vengeance est loin … très loin même, aussi la jeune mercenaire décide t-elle de détourner le regard vers la femme qui se tient légèrement en retrait, le bras posé sur celui d'un autre homme, qu’elle n’avait pas remarquée plus tôt. Qui est donc cette greluche ? Encore une « de la haute » dans les cachots, mais pourquoi donc ? Le cerveau embrumé de la Rastignac a beau se triturer dans tous les sens, il ne parvient pas à comprendre la présence de cette femme ici, mais pour autant, le regard se soude au sien, pour ne plus le lâcher tandis qu'Eusaias commence ses basses œuvres.

Alors qu’un premier craquement se fait entendre dans la cellule, Féline se mord la langue de toutes ses forces et crispe son poing gauche , contenant comme elle peut le cri de douleur qui ne demande qu’à jaillir de sa gorge. Mais à quoi joue-t-il ? Il lui demande de répondre, mais de répondre à quoi bon sang ??!!

Que veulent ces gens ? Lui faire avouer certes, mais avouer quoi ?
Qui sont ils ? Qu’ils parlent et elle répondra, Félina n’est pas femme à se défiler devant l’adversité, et elle assume ce qu’elle a fait et se fera même un plaisir de leur dire ce pourquoi elle est venue. Tuer, piller, se battre, s’amuser quoi … Une vie de mercenaire tout ce qu’il y a de plus normal. Mais non seulement aucune question ne vient, mais en plus le bourel continue de lui briser les os de la main droite, pour, ce qui semble être son propre plaisir. Mais que diable attend-t-il d’elle ? Les regards que l’exécuteur lance vers la femme prennent lentement leur sens … C’est elle … c’est elle qui va poser les questions. Qu’elle se magne !!!

Elle voudrait crier, lui hurler de poser ses satanées questions, mais elle se contente de gémir, lèvres serrées et mâchoires crispées alors qu’un à un ses doigts se font briser, irradiant à chaque fois une douleur à la limite du supportable dans le corps affaibli et amaigri de la sauvageonne. L’envie de fermer les yeux est si intense que la Félina doit mordre plus fort dans sa langue, jusqu'à sentir le goût du sang dans sa gorge, ce qui lui permet, pour le moment, de rester consciente. Les iris noirs comme du charbon fixent toujours aussi intensément la Duchesse, attendant qu’elle parle et pose ses maudites questions.

Si le corps est diminué et brisé, l’esprit lui revient à lui, et la sauvageonne semble retrouver sa hargne, le désespoir disparaissant d’elle au fur et à mesure que la douleur se fait plus forte. Le bourel veut la briser, mais paradoxalement, sans le savoir, il est en train de la faire revivre, la flamme dans les prunelles de la jeune femme en témoigne en cet instant. Sa nouvelle détermination lui redonne pour un moment cette force de vivre qui avait disparue il y a quelques heures.

Ne pas lui donner le plaisir de l’entendre hurler !! Tenir pour sa fierté, tenir pour la Zoko. Ne plus penser qu'à eux et au serment qu'elle leur a fait. "Zoko Ad Vitam Eternam". Puiser en elle la force qui lui manque , afin d'enfin mériter la confiance qu'ils ont placée en elle. .. oui ... la confiance. Maleus, Eikorc ... ne surtout pas les décevoir.

Les paroles du Colosse le jour de son acceptation au sein de la Compagnie lui reviennent alors en mémoire :


Bienvenue à la Zoko ma belle…
Je vais faire en sorte de t’apprendre ce qu’il te reste à apprendre… De te former à ne jamais plier, à ne jamais céder…


Oui ! Pose tes questions crevure ou achève moi, mais je ne plierai pas !!

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Ceux qui jouent avec des félins doivent s'attendre à être griffés.
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