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RP [Brouillard]

Lison_bruyere
Dites, elle va s'en sortir et aller mieux hein?

La fauvette releva un sourire léger vers la jeune femme.

– Il le faut Emma.

Elle coula de nouveau un regard vers la victime. Fanette n'avait qu'une douzaine d'années quand elle avait dû apprendre à se débrouiller seule, Val accusait un an de plus. Si elle n'était pas tout à fait une adulte, elle n'était plus une enfant à qui on pouvait interdire de s'éloigner seule. L'Angevine était inquiète malgré tout, et il lui était pénible de voir la jeune fille ainsi diminuée.


    Plus tard dans la soirée

– Je pourrais aller la voir, enfin, si son père veut bien.
– Si j'ai confiance en toi, il n'y trouvera rien à dire.

Eirik n'était pas exactement le père de Val, mais à l'instant, cela importait peu. Vénus n'était pas plus médecin que Fanette, mais elle avait appris durant de longues années auprès d'une mère herboriste le secret des plantes et des remèdes, et depuis, elle les employait régulièrement et souvent avec succès.

Au lendemain, guère plus loin que les laudes, alors que le soleil étirait ses premiers rayons, Vénus toquait à la porte de la grande chambrée. Les voyageurs étaient pour la plupart déjà occupés ailleurs. Milo était sorti avec l'Anglais, laissant ainsi à la jeune mère tout le temps de veiller la Nordique.
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Vahllala
Une lumière, elle devine Lison, elle ressent ses mains sur elle, ses mots glissent sur elle et la maintient dans un semi coma, elle divague. Un kaléidoscope hypnotique, voila ce que forme les images entre ses paupières. Elle imagine des visages qui se floutent et grossissent puis changent de formes et de couleurs. Les sons, tantôt aiguë, tantôt grave, avec une fluidité rythmique des plus aléatoires. Le DJ semble reculer le son puis le ralentir. Elle prend chaud, la sueur liquéfiant la paille de sa couche . La fièvre la prend, elle délire. Dodelinant de la tête, la blonde s'enlise dans des rêves les plus lointain.

La voilà partie dans sa forêt, avec ses chiens de traîneaux, la neige recouvrent leurs chemins. Ils hurlent, s'appelant pour renforcer le lien social. Elle tend le bras pour les faire taire.
https://www.youtube.com/watch?v=H47XYvOY1Jg

Stäng hundar
Taisez-vous les chiens.


Un frisson, elle a froid! Instinctivement sa main agrippe ce qu'elle peut attraper pour se recouvrir. Les chiens, ils la protègent, seule dans la forêt, elle creuse un trou pour se protéger du froid qui entre dans ses os. Les loups ne peuvent pas s'attaquer à elle, pourtant elle devine leurs présences, ils passent et repassent devant ses yeux, discerne leurs ombres. Ses dents s'entrechoquent, la fièvre s’immisce en elle ralentissant la circulation sanguine et faisant pomper son cœur plus vite.

jag är kall
J'ai froid vient Caline

Des visages passent encore, essuyant la sueur qui coule sur son front. Elle sursaute et s’agrippe à cette main qu'elle ne lâche plus.

Mamma

Puis soudain, cette vision d'horreur, sa mère part dans une odeur de cochon grillée, elle hurle. Sa mère lui fait signe, un au revoir, elle fond et devient noir. Sa chair se déchire, ne reste plus que les os recroquevillés. Un bûcher. Ses souvenirs sont enfouient dans un coin de sa tête, et profitant de sa détresse, ils resurgissent pour lui sauter à la figure. Elle ne peut refouler ces visions d'horreur, qu'on lui a infligé. Les flammes lui lèchent les pieds, elle ressent cette douleur. Chaud, elle a chaud, agitant ses jambes, elle se débarrasse de ce qui la recouvre. La fièvre semble gagner du terrain, elle se déshydrate lentement. La plaie suppure.

Mamma.

Elle hurle, ouvre les yeux pour se réveiller et ne voir que la lumière qui l'aveugle. Devant elle un visage. Est-ce Lison? Sa tête se soulève, elle essaye de se redresser sur son coude. Chaque mouvement amplifie son mal de tête qui semble prit dans un étau. Les oreilles bourdonnent, le sang afflue et bat au rythme des contractions du cœur. Elle arrive à sortir de ses rêves pour demander à boire. Ses lèvres s'entre ouvrent, pour parler mais ne sait articuler qu'un timide petit couinement. Elle retombe et porte à ses lèvres son pouce pour le sucer, activant la salive et replonge dans le noir.
Lison_bruyere
Fanette accueillit Vénus d'une moue inquiète. Les cernes sombres sous son regard privé de sommeil soulignaient plus encore la pâleur de son visage. Après quelques heures de calme, la jeunette s'était mise à délirer, sans que la jeune mère ait su l'arracher à ses rêves, qu'elle devinait terribles.

– Vénus, elle est brûlante, et elle s'agite, dit-elle tout de go à la blonde, sans même prendre le temps d'un bonjour. Les compétences de l'Angevine s'arrêtaient là, à ces gestes qu'elle s'efforçait de répéter avec douceur et délicatesse, en tamponnant le front moite et les lèvres sèches de la jeune fille. Quand Vénus s'approcha de la paillasse, elle se releva. Un tiraillement inconfortable comprima son ventre, elle y glissa la main en silence, et céda sa place, accrochant un regard attentif à Vénus.

– Regarde sa plaie, je crois que les humeurs malsaines s'y sont mises depuis hier. J'ai nettoyé avec une décoction de thym pourtant.
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Eirik_gjermund


Lorsqu'Eirik avait déposé Val, Lison lui avait demandé ce qu'il s'était passé.

Un bandit l'a assommée et a tenté d'abuser d'elle.
Le reste n'avait été que des grommellements.

Il y avait avec Fanette une inconnue brune. Mauvais moment pour des salutations. Eirik était très contrarié. Il avait plein de sang sur les bottes, celui de l'agresseur. Et sur le bras et le torse, celui de Val.
Sachant qu'il ne pouvait qu'encombrer les femmes, Eirik se retira dans sa chambre pour se débarbouiller et nettoyer ses bottes en peau de phoque noir. Il changea de chemise. Il sortit et toqua deux coups là où Lison s'occupait de la blessée.

Si tu as besoin de moi, je suis en bas.
Il savait ne rien pouvoir faire. Hormis attendre.

En bas, Eirik s'enquilla la moitié d'une bouteille de whisky et il se retrouva un peu mieux. Il n'était pas complètement bourré. Sa voix ne serai pas pâteuse. Le Nordique encaissait très bien l'alcool. Ses yeux glace brillaient néanmoins plus que d'habitude.
Quand les femmes descendirent, Eirik demanda des nouvelles de Vahllala... Il était inquiet pour elle. Il voulait savoir si elle avait été violée. Il ne voulait pas poser cette question bien trop intime...

Plus tard, Lison s'inquiéta. La blessée était fiévreuse. Eirik savait qu'un plaie à la tête, d'apparence peu importante, pouvait être fatale. Des trucs devaient se passer dans le cerveau. Sans doute.
L'appétit coupé, Eirik buvait depuis la veille. Il avait dormi trois heures. Il se sentait totalement impuissant et détestait ce sentiment.

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Sa langue natale
Venus.de.minuit
La veille Vénus avait été prévenue par son amie qu'une jeune fille de leur groupe, la jeune Val, avait été blessée par un maraud qui arpentait les bois alors qu'elle s'était éloignée seule.
C'était son père un géant Nordique qui l'avait retrouvée et ramenée avec lui après avoir fait subir elle ne voulait pas trop savoir quoi au maraud en question, mais pour avoir vu l'un des hommes de sa peuplade à l'oeuvre elle se doutait plus ou moins du sort peu enviable qu'il lui avait probablement fait subir.
Elle se félicitait de ne pas avoir été l'un de ces marauds, car pour le coup sa vie n'aurait pas été sauve.

Ayant appris par Lison l'état dans lequel se trouvait la jeune fille elle se disait cependant que ce n'était que justice, car au vu de la description de l'attaque elle ne redoutait une atteinte sérieuse de la pauvre enfant.

C'est donc avec un peu d'anxiété qu'elle rejoint la chambre ce matin la.
A peine le coup d'annonce eût-il été porté que la future mère l'introduisit dans la chambre sur des paroles bien peu engageante avant de se diriger vers ce pauvre corps bien trop grand pour l'âge donné par Lison, la beauté de ses traits accentuée par la pâleur de son visage aux joues rougies par la fièvre.
Lison été déjà allée rejoindre son chevet ou elle s'appliquait à lui tamponner le front d'une eau fraiche sensée apaiser la fièvre.

Mais Vénus avisa tout d'abord l'état dans lequel se trouvait son amie et son regard ne manqua pas d'être attiré par la légère expression de souffrance qui passa brièvement sur son visage tandis qu'elle se relevait pour lui laisser la placer.
Plissant les yeux elle la détailla se demandant quand elle avait dormit correctement pour la dernière fois et nota mentalement de la surveiller de plus près car quelque chose n'allait pas.


Hmm Lison il va me falloir quelques linges propres pour nettoyer sa plaie, et aussi de l'eau chaud, bouillante même pour lui faire une infusion et un cataplasme.
Ensuite j'aimerai que tu aille dormir un peu, je vais m'occuper d'elle et j'irai m'occuper des enfants par la suite.


N'attendant pas qu'elle s'exécute, car elle savait pouvoir compter sur elle, Vénus s'approcha de l'adolescente, effectivement très agitée, pour poser la main sur son front moite et brulant. Son regard quant à lui parcourait son corp à la recherche de la moindre plaie, sa main écorchée n'était pas vilaine, Lison avait fait ce qu'il fallait, rien d'autre à signaler.
Elle entreprit ensuite de faire courir ses doigts très légèrement sur ses membres à la recherche de la moindre fracture ou bosse, il n'y avait rien de ce côté la non plus.
C'était déjà ça mais le plus difficile allait venir. Il lui fallait faire basculer Val sur le côté pour pouvoir regarder sa blessure dans sa nuque, elle ramassa donc une couverture posée non loin de la et qui vue la chaleur ne servait à rien, la roula en une sorte de boudin qu'elle plaça de l'autre côté de la jeune fille et la fit basculer contre pour qu'elle ne se retrouve pas à plat ventre et qu'il lui soit plus facile de la retourner ensuite, espérant que durant le temps des soins elle ne soit pas trop agitée sinon elle aurait besoin de l'aide de Lison, chose qu'elle voulait éviter dans son état.

Dégageant les longs cheveux blonds de sa nuque pour en chercher la plaie et elle grommela quand l'odeur piquant des humeurs lui parvinrent, si elle avait eu le maraud sous la main elle lui aurait fait subir le même sort que celui probablement déjà subit.
Et quand Lison revient avec le nécessaire elle entrepris de nettoyer la plaie avec un linge propre, en profitant pour lui expliquer ce qu'elle faisait. Quand cela fût fini elle pu observer les contours puis les palper pour voir si elle ne sentait pas quelque chose de plus profond, rassurée sur la bonne place des os malgré un énorme hématome elle prépara le cataplasme composé de fleurs de soucis séchés et de mille pertuis qui allaient aider à réduire la douleur et normalement désinfecter. Elle espérait que cela suffirait ca sinon il lui faudrait demander l'aide d'un médecin.

Pour finir elle entoura le cou d'un long linge pour maintenir la pommade en place et le noua sur le côté sans serrer pour éviter de l'étrangler avant de faire basculer Val sur le dos. Finalement prenant le sachet d'écorce de saule avec quelques baies d'aubépine l'un pour la douleur et l'autre pour aider au sommeil réparateur additionné d'un peu de menthe pour cacher le gout amère du total elle le donna à Lison.


J'aurai voulu lui en faire boire un peu mais elle dort pour le moment, une fois réveillée tu pourras lui en donner tout de suite, à moins qu'une autre personne ne la veille avant qui tu ne revienne.
Ca devrait l'aider pour la douleur et avoir un meilleur sommeil

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Lison_bruyere
La fauvette s'était empressée d'aller faire bouillir de l'eau et de ramener des linges propres en quantité, dès que vénus l'avait demandé. L'état d'abandon dans lequel l'aubergiste laissait sa maison s'avéra finalement utile. Elle ne se gêna pas pour se servir en draps dans les chambres voisines et inoccupées, qui le verrait ? Et qu'on ne vienne rien lui dire. Depuis leur arrivée, elle avait retrouvé ses habitudes du lupo en préparant les repas et en effectuant les tâches domestiques. Plus personne n'avait vu le tenancier.

Quand l'eau fut chaude, elle en remonta quelques seaux à demi-rempli pour ménager ses efforts, et en transvasa dans une cuvette en tôle qu'elle posa à côté du lit, à portée de main de son amie. Elle observa chacun de ses gestes avec attention, et prit note des remèdes qu'elle devrait administrer à la jeune fille à son réveil. L'Angevine posa le petit pochon d'herbe sur la table bancale, à côté du broc et des gobelets de terre cuite. Un parfum de plantes et de remèdes flottait dans l'air moite de la chambre. Il n'était pas si désagréable mais pourtant, elle se sentit soudain nauséeuse. Elle entrouvrit la croisée et se posa un instant devant, pour prendre l'air.

Val semblait dormir, la nuque enroulée d'un bandage. Son visage paisible contrastait avec l'agitation effrayée qui déformait ses traits un peu plus tôt. Vénus s'était relevée et la dévisageait d'un regard réprobateur.

– Tu devrais déjà être en train de te reposer toi. Profite, tant qu'elle dort.

Lison acquiesça d'un sobre hochement de tête. Elle repoussa la croisée et s'allongea à son tour sur la paillasse la plus proche de celle de la jeune Nordique. Vénus avait raison, elle avait besoin de sommeil, sinon, comment expliquer les tiraillements parfois douloureux qu'elle ressentait de plus en plus souvent dans le bas-ventre ? Il est vrai qu'elle ne s'était guère accordé de repos. Même en prenant le temps, le voyage était éprouvant, autant que la chaleur des journées. Puis, il y avait son fils qui réclamait de l'attention, et à présent sa protégée à veiller. Mais surtout, elle se chargeait d'une grande part des corvées. Elle avait besoin de se sentir utile pour ses compagnons de route. Chacun d'eux avait mis sa vie en suspens pour l'accompagner et assurer sa sécurité, elle se sentait trop redevable pour ne pas faire en sorte chaque jour de leur rendre le voyage agréable et facile.

Pourtant, sitôt allongée sur le matelas de paille, et en dépit du soleil qui inondait la pièce, elle s'endormit rapidement.
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Vahllala
Le silence est comme la nuit qui descend :
les objets s'y perdent insensiblement.
Airelles - Sophie Swetchine


Un monde glisse entre deux vagues de chaleurs, elle s'enfonce plus près des ténèbres, touchant du doigt la couche mortuaire, elle erre.
Un enfant s’échappe des bras de sa mère pour se réfugier plus loin des cocons de soies, cette fillette-ci rejoindra les spasmes d'une infernale douleur.
Toi la gamine réveille ton âme, ne le laisse pas s'engluer vers cette mort, elle te charme par le chants des sirènes, écoute ceux qui te veille.
L'esprit remonte comme une myriade de bulles de savons, tournoyant au vent pour exploser au soleil, s’échappe cette conscience qui se fraye un chemin rapidement, immédiatement, elle est là!

Ouvrant un œil difficilement, la glue jaune colle comme ceux des nouveaux nés. La lumière vive lui donne la nausée. Par un mouvement réflexe, elle libère la pesanteur qui lui obstruait le pharynx, du mucus s'échappe de ses lèvres.
Un crie, elle s'étouffe, le bouchon ne passe pas et semble se figer dans la trachée. Elle porte à son cou ses mains, s'agitant, recherchant la respiration, ses poumons brûlent.
Consciente, elle craint sa fin, se pourrait'il que la petite finisse ainsi, terrassée par la fièvre, par l’oppression des humeurs qui semblent s'évacuer? Le voile noir passe devant ses yeux vert cette fois-ci grand ouvert, injecté de sang, paniquée. Elle essaye de prévenir, de demander de l'aide.

Lison allongée sur le matelas de paille, Val ne peut crier, elle frappe de ses pieds, faisant enfin tomber un pot à terre, elle s'étouffe
.
Lison_bruyere
L'Angevine perçut un léger chuintement dans son sommeil, des draps qui se froissent, le bruissement de la paille prisonnière de l'épaisse toile du matelas... Le bruit sec d'un pot de terre se brisant sur le sol la surprit, achevant de la réveiller. Les limbes ensommeillés se dissipèrent vite en apercevant Val qui se débattait. Elle se leva promptement, ignorant son ventre, ouvrit la porte de la chambre espérant percevoir une discussion, un de ses compagnons de route qui pourrait monter l'aider, mais le palier était désert et silencieux. Elle revint affolée au chevet de la jeune fille.

L'image de sa propre fille s'y superposa, son teint grisâtre, ses petites lèvres bleues happant l'air sans parvenir à emplir de souffle sa gorge obstruée. Elle s'efforça de chasser le souvenir douloureux de la Piccolina pour s'occuper de Val. Elle glissa son bras sous ses épaules et l'attira à elle pour la redresser. Elle ne quittait pas du regard les traits déformés par la peur et la douleur, ne sachant trop que faire pour la soulager. Elle tapota son dos, doucement d'abord, puis un peu plus fermement, provoquant une quinte de toux un peu plus forte.
Contre toute attente, sa respiration se fit moins précipitée, moins sifflante, et son visage sembla se détendre. Lison lui sourit, mais n'osa pas pour autant l'allonger de nouveau. Elle empila les coussins d'étoupe qu'elle subtilisa sur les autres paillasses pour tenir la jeune fille en position assise.

– Ça va aller maintenant Val, ne t'inquiète de rien, tu n'es pas seule.

Elle s'appliqua à lui faire boire le breuvage préparé par Vénus. La jeune fille se laissa faire, en dépit de l'amertume à peine masquée par le goût puissant de la menthe. La fauvette resta assise au bord du lit, guettant les mouvements de sa protégée, soulagée de la voir reprendre conscience doucement. Elle voulait croire que le pire était derrière. Dans quelques jours, avec des soins et du repos, elle retrouverait la blondinette observatrice et volontaire qu'elle avait prise sous son aile depuis le départ de Limoges.
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Lison_bruyere
    Grandson, 5 juillet 1468

Une main inquiète posée sur son ventre, Fanette songeait à la discussion qu'elle avait eue avec Vénus.

– Je vais te préparer le mélange que m'avait fait prendre le médecin pour essayer d'empêcher la naissance de la petite, mais tu sais, parfois, l'enfant n'est pas formé comme il faut, et même au-delà des trois mois, il ne reste pas.

La mère en devenir l'avait dévisagée, partagée entre la gravité et l'incrédulité, mais la blonde avait soutenu son regard. Elle ne cherchait pas à l'affoler mais depuis quelques jours d'un quotidien partagé, elle n'avait pas manqué de voir la fatigue récurrente de la fauvette, et les moues d'inconfort qui déformaient fugacement ses traits au gré de certains de ses mouvements.

– Ça ne doit pas arriver, même si je sais que cet enfant ne vient pas dans de bonnes conditions. Je me suis faite à cette idée Vénus et tu sais, j'ai perdu Stella, alors, j'ai pensé qu'il était un cadeau, pour Milo comme pour moi.
– Lison, un enfant est toujours un cadeau. Je sais que tu l'aimes et je souhaite de tout cœur qu'il ne te fasse juste qu'une vilaine frayeur, mais, s'il arrivait quelque chose, dis-toi aussi que tu n'aimes pas son père comme il le faudrait, ou comme il le voudrait lui.

La fauvette acquiesça sobrement

– L'enfant n'y est pour rien.
– Tout comme celui que j'ai perdu, même si à ce moment-là, rien n'allait avec son père.

L'Angevine se mordit un coin de lèvre comme à chaque fois qu'une émotion la débordait. Elle songeait à sa grossesse précédente et au chagrin qu'elle en avait ressenti les premiers mois, regrettant la vie qui prenait racine au creux de ses entrailles. Elle n'avait pas commis la même erreur avec celle-ci, bien consciente que, avec ou sans père, elle aimerait cet enfant autant qu'elle aimait les précédents. Pourtant, il était un regret qu'elle se refusait à avouer, ne serait-ce qu'à elle-même, et il concernait l'Anglais. Elle consentit néanmoins à une demi-confidence.

– Je ne sais toujours pas ce que je ressens pour Oliver.
– Mais bon sang écris-lui ! Surtout maintenant, avec ce qui te tracasse.
– Je l'ai fait une fois, répondit-elle en secouant légèrement la tête, et il n'a pas répondu. Je crois simplement qu'il n'a plus envie de penser à nous, et en même temps, je l'ai repoussé, je ne peux ni m'en étonner, ni lui en vouloir.
– Alors, comment pourrait-il savoir s'il doit espérer encore ou non ? Eh puis, un homme a sa fierté, il t'a ouvert son cœur et tu l'as éconduit.
– De toute façon, il est trop tard à présent. Jamais je n'oserai lui écrire encore. Je lui ai fait du mal, et il a préféré ne pas répondre à mon courrier, même si chaque jour, j'espère en recevoir un.

La discussion était éprouvante. Fanette, Lison à présent, n'était pas à l'aise avec la façon dont elle s'était conduite. L'Anglais s'était montré prévenant. Tout au long de la lente agonie de Stella, et surtout quand elle avait cessé de respirer, il s'était tenu droit à ses côtés, l'empêchant de sombrer quand elle n'avait plus rien à quoi se retenir, pas même l'affection de son fils dont les frères Italiens la privait.

Au fil des semaines, les étreintes réconfortantes s'étaient teintées d'un désir inassouvi. Il l'aimait, et à chaque fois qu'il lui en faisait l'aveu, elle prenait peur et s'arc-boutait davantage. Néanmoins, elle lui céda, et dans ces moments de volupté lascive où elle s'abandonnait, chaque caresse la rendait plus vivante, éloignant d'elle le spectre de la mort et de la douleur. C'était comme si, au-delà du plaisir qu'elle puisait à la vigueur masculine, il avait le don de lui rendre l'avenir plus accessible et plus confiant. Et pourtant, aussitôt qu'elle délaissait l'écrin brûlant de ses bras, de sa bouche et de son vit, ses résistances revenaient museler les émois qui se bousculaient en désordre dans sa poitrine. La danse était inégale et vaine, elle en mesurait le gâchis à trop vouloir y penser, non seulement pour elle, mais aussi pour lui, et par-dessus tout, pour l'enfant qu'elle portait désormais. Elle releva un sourire d'excuse vers son amie. Vénus la toisa d'un œil amusé.

– Ma douce amie, je crois bien que tu te refuses à écouter ton cœur.

Evidemment elle refusait. Qu'avait-elle appris des hommes jusqu'ici, sinon que leurs paroles ne valaient pas plus qu'une poignée de sable que l'on jette au vent ? Le Corleone était revenu sur ses promesses avant même leur mariage, et, sans l'enfant qui arrondissait que trop son profil, jamais elle ne l'aurait épousé en dépit de l'amour qu'elle lui portait, et dont subsistait encore à ce jour des regrets. Et pourtant, il était de loin celui qui lui avait fait le moins de mal. Des autres, elle avait connu l'humiliation en plus du mensonge. Alors, elle n'avait trouvé d'autre solution pour se protéger et préserver l'aubier tendre de son cœur, que de le cadenasser solidement, quitte à s'infliger elle-même les coups de griffes. Les assauts tendres de l'Anglais s'y étaient heurtés et il avait rendu les armes bien avant elle, laissant à sa victoire un goût amer.

Alors, la réflexion de la blonde, trop pertinente, chiffonna d'une petite moue incertaine les traits de la jeune mère. Elle jugea inutile de se livrer davantage sur une histoire achevée avant même d'avoir réellement commencé. C'est sans doute pour mettre un terme à des remords stériles qu'elle accéda à sa demande. Elle délierait dans l'encre les secrets qui ternissaient son cœur jusqu'à troubler d'un éclat mélancolique son regard pailleté d'or. Et après cela, elle y verrait plus clair, et pourrait clore définitivement le chapitre Jaime Oliver Manering.

Validé par jd Vénus.de.minuit

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