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Enlèvement de Fanette di Medici Corleone - janvier 1466

[RP] Comment changer une fauvette en saucisson ...

Lison_bruyere
Quelque part, entre Toulouse et Limoges, peu après la Saint-Noël

Dans ce coin du royaume, la nature s'était mise en sourdine, enveloppée dans son linceul blanc qu'une brise légère soulevait çà et là en une poudre scintillante, dans les pâles rayons du jour. Fanette allait d'un pas tranquille sur le chemin. Les pleines goulées d'air froid lui piquaient le nez, et baignaient ses yeux de larmes avant de ressortir par sa bouche en volutes vaporeuses. Les joues presque aussi rouges que sa pèlerine, elle s'arrêtait de temps en temps pour reprendre son souffle, pestant en souriant contre la rondeur de son ventre et de sa poitrine qui, s'ils ajoutaient quelque forme avantageuse à sa silhouette d'ordinaire plus gracile, entravaient ses mouvements et son agilité. Le panier à son bras débordait de branches de houx dont les baies rouges contrastaient joliment avec le vert luisant des feuilles dentelées. Elle s'était passablement abîmé les mains pour le cueillir, mais le plaisir de Mariette, de Rohnan et de son diable quand ils découvriraient les gros bouquets décorant leurs chambres respectives suffisait bien à supporter quelques égratignures. Un sourire étira finement ses lèvres, alors que sa paume se fit caressante à travers l'étoffe, comme pour apaiser la petite vie qui s'agitait au-dessous. Elle entonna la berceuse qu'une femme lui avait apprise quelques jours plus tôt à Toulouse.

♫ ♪ Ninna nanna a sette e venti,
il bambino s'addormenti, ♫ ♪
♫ ♪s'addormenta e fa un bel sonno,
e si sveglia domani a giorno ... ♫ ♪


Elle s'arrêta, avisant une souche sur laquelle elle se laissa choir un instant. Non qu'elle veuille endormir le petit loir confortablement installé au creux de ses entrailles, mais surtout parce que sa petite escapade matinale avait duré un peu plus que raisonnable. Fanette avait appris à se ménager depuis sa mésaventure, entre Toulousain et Comminges. Ses imprudences lui avaient valu de douloureuses crampes, des reins moulus et une bonne frayeur, alors elle prenait soin à présent de s'éviter trop d'efforts à la fois. Mais depuis le matin, tout à son idée de trouver du houx, elle crapahutait, sortant des chemins pour grimper les talus ou enjamber quelques roches pour dénicher les buissons aux jolies baies, et finalement, elle ne s'était pas rendu compte qu'elle s'était peut-être un peu trop éloignée du village. L'écho lointain des cloches de tierce vint le lui confirmer. Si elle revenait mal en point, elle subirait les réprimandes de Roman, tout autant que celle de Mariette ou de Rohnan. Si son époux s'appliquait à veiller sur elle, le Von Frayner et sa cuisinière n'étaient pas en reste non plus, de sorte qu'il y avait toujours quelqu'un pour rappeler à la jeune femme de faire attention, de manger en suffisance et de se reposer ... A nouveau, ses lèvres étirèrent un léger sourire. Elle n'allait pas leur reprocher leur amicale bienveillance, surtout en ayant une fois de plus, omis d'écouter leurs conseils.

Un tintement de fers sur le chemin caillouteux, assorti du grincement régulier de l'essieu d'une charrette la sortit de ses pensées. D'un bond, elle se redressa, saisit son panier et avisa d'un coup d’œil rapide les bas-côtés. Mais le trot actif de l'animal aurait bien tôt fait de porter l'attelage à sa hauteur, il était trop tard pour se cacher. Sa dextre s'aventura dans le fond du panier, les doigts s'allongeaient, effleurant le manche du couteau. Elle eut à peine le temps de le saisir pour le dissimuler dans un repli de sa pèlerine que derrière elle, le pas du cheval ralentissait. Elle pouvait en sentir le souffle chaud et l'odeur musquée de cuir et de sueur mêlée.
Son gros ventre lui avait-il donc fait perdre tous ses réflexes de vagabondes ? Maintes fois elle s'était précipitée dans des fourrés quand elle était seule sur les routes, et à ce prix, en trois ans d'errance, seule, pas une fois elle n'avait fait les frais des marauds qui détroussent les voyageurs.
Cependant, la voix qui venait d'imposer au roncin l'immobilité ne lui était pas étrangère, avec cet accent si particulier, qui parfois avalait les v, aspirait les h ou confondait un peu le an et le on. Elle tourna la tête, surprise et tranquillisée de reconnaître le Normand.

Ses traits cependant se froncèrent en une petite moue revêche, et avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche elle l'apostrophait.

- Faut-il encore que le hasard vous remette sur ma route ! Il me semble que dans mon dernier courrier, je vous avais demandé de m'oublier !

Elle n'allait sûrement pas lui avouer qu'elle était soulagée que ce soit lui et non quelque malandrin qui ait pu la surprendre, et préférait garder un peu de défiance, tant elle avait eu souvent du mal à le situer. Et s'il s'était parfois montré bienveillant, elle n'oubliait pas qu'elle s'était battu avec lui lors de leur dernière rencontre. Sans attendre de réponse, elle pressa le pas, s'appliquant à poser ses bottes dans la neige qui ourlait encore le bord de la route, afin de laisser tout loisir au cheval d'emporter son normand de propriétaire plus loin.
Non, elle ne lui demanderait sûrement pas de la ramener au village !

- La bonne journée à vous ! Lui asséna-t-elle pour clôturer ce qui n'était pas même le début d'une conversation, et sans lui jeter un regard, enfonça le bout de son nez dans la fourrure qui bordait son col et s'efforça d'allonger ses foulées. L'oreille à l'affût traînait derrière elle, espérant entendre un "Huuue" et le claquement des guides sur la croupe de l'animal qui la dépasserait aussi vite qu'il était apparu derrière elle.
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Zilofus
Mi décembre, quelque part dans le Poitou, tout va - presque - bien, la vie suit son cours, un bébé commence à faire ses bagages pour quitter son logis occupé durant les derniers mois, des promesses d'un avenir meilleur prennent formes, une relation qui aura quasiment tout braver perdure, quand soudainement le tout se transforme en rien, il s'envole sans prendre son élan, sans préavis, sans quoi que se soit, il disparait. Même son chant si grave n'aura pas fait vibrer l'air une dernière fois pour laisser transparaitre sa tristesse, sa colère, sa peur, non rien, le silence et la calme avaient été de mise et avaient rendu le moment encore plus incompréhensible en plus de la meurtrissure qui s'agrandissait dans sa poitrine.

Les jours qui suivirent passèrent inexorablement où il cherchait à comprendre ses erreurs, les dits, les non dits, à se remémorer les moments passés pour savoir là où il avait pu fauter mais rien ne lui vint, enfin si, il était coupable de certains faits, c'était indéniable, il le reconnaissait lui même, mais rien qui aurait pu aboutir à cette conclusion. Tant la surprise avait été importante que ni lui, ni les autres présents ce jour là n'avaient compris de toute façon, tout le monde en était resté sur le cul à ce moment là, la bouche grande ouverte de stupéfaction, le silence plana un long moment où chacun s'était regardé dans les yeux pour savoir si quelqu'un avait compris ce qui venait de se passer, encore une fois il n'en était rien, à voir les têtes que chacun tiraient c'était plutôt du dégout et de la déception qui étaient exprimées plutôt qu'une quelconque compréhensibilité à cette décision qui bien que réfléchit ne semblait trouvée aucune approbation ou soutien des personnes présentes et mises dans la confidence au moment des faits. A vrai dire, s'en était tellement devenu habituel de se faire planter par tout le monde que la douleur ne fût que momentanée et de courte durée, cela ne faisait qu'une personne de plus à caser dans la catégorie des pourritures que comportait le royaume et une de plus à inscrire sur sa liste noire pour un jour prochain se venger, la seule différence qu'elle pouvait avoir était qu'elle avait l'unique privilège de passer en tête, devenir l'ennemie numéro un.

Un courrier lui parvint dans la foulée lui annonçant la naissance de l'enfant, missive de laquelle débuta une longue série d'échange où il ne modéra aucunement ses propos, il ne chercha même pas à le faire de toute manière, tout y passa, reproches, insultes, intimidations, puisque s'en était terminé autant balancer tout ce qu'il avait sur le cœur, ne plus faire semblant et s'abstenir de ces souffrances inutiles, mettre un terme à toute cette mascarade car c'est bien à ça que tout cette histoire ressemblait malheureusement.

Son seul et unique regret était ce pauvre enfant qui se retrouvait au beau milieu de ce qui allait devenir un champ de bataille, car oui, ce premier message était bel et bien une déclaration de guerre, guerre à laquelle il ne refuserait pas de prendre les armes pour revendiquer ce qui lui revenait de pleins droits, sa légitimité était indéniable et il comptait bien user de ces pouvoirs pour récupérer son enfant. Il était tout simplement impensable que ce pauvre petit être grandisse auprès d'une folle instable qui n'était pas fichue de modérer ses propres choix et gérer sa petite personne, alors non, jamais ô grand jamais il ne lui permettrait de passer plus de temps que nécessaire en compagnie de sa fille.

Et pour parvenir à ses fins il était prêt à employer les grands moyens, tous les coups seraient permis, il s'abaisserait à toutes sorte de vilénies et fourberies, il passerait pour ce qu'il n'est pas, il ... Bref il fera ce qu'il n'a jamais fait tant que cela lui permet de repartir avec l'objectif accomplit et son enfant en sécurité avec lui. Alors la première étape de son plan murement réfléchit commença par partir à la recherche de l'unique personne qui ferait penché la balance en sa faveur, évidemment cette personne en voyage de noces ou un voyage dans le genre ne répondrait pas favorablement à sa requête alors il irait directement la chercher et ne lui demanderait pas son avis, si elle avait ceci ou cela à faire avant, s'il fallait qu'elle prévienne son nouvel époux ou peu importe quelle excuse elle trouverait le moment des faits.

Non il ne voulait pas la voir, il en avait pas grand chose à faire de savoir si elle allait bien, si son marmot grandissait bien ou encore si elle avait enfin découvert comment se servir d'un peigne pour se coiffer, son intention était tout autre, il allait la kidnapper, la k-i-d-n-a-p-p-e-r oui. Malgré ses essais infructueux par le passé, il allait changer la donne cette fois, il n'allait pas essayer mais le faire vraiment, sans lui demander son accord, sans se préoccuper si elle doit aller voir machin ou bidule je ne sais où, sans oublier non plus cette fois de ramener un os pour distraire le chien du tonton qui bien que pas très téméraire serait bien chiant. Sans le savoir elle serait son argument de taille lors des pourparlers pour négocier avec son opposante, la mère de l'enfant, elles qui l'une comme l'autre c'était envoyée promener pour se faire soit disant la gueule, mais il savait, il savait pour avoir été présent avec n'importe laquelle des deux quand l'autre n'était pas là qu'elles étaient plus attachées qu'elles ne le savaient et que malgré que chacune prétendent le contraire elles dépendaient de celle qui était absente. Avoir été présent quand l'une des deux n'était pas là lui conférait un avantage non négligeable dont il abuserait fortement pour obtenir ce qu'il attend.

C'était là l’œuvre de toute sa vie, ce pourquoi il c'était tant entrainé avec différentes personnes, non seulement Fanette mais aussi quelques mioches qui avaient croisé sa route, il ne s'aventurait pas dans l'inconnu et savait bien ce qu'il faisait. Un bon kidnapping dépendait uniquement de trois facteurs, une bonne corde, un tonneau assez large et une victime qui valait quelque chose. Alors où que se terrerait la mère, espérant que jamais il ne la retrouve, que jamais il ne découvre son enfant, il lui mettrait la main dessus et elle regretterait amèrement d'être née un jour.

Enfin revenons en aux faits, sans s'attarder sur des préparatifs qui seraient plus longs qu'utiles il ne prit avec lui que le strict nécessaire pour un voyage rapide et sans encombres, sans oublier bien évidemment de prendre le matériel nécessaire pour l'enlèvement, une charrette pour embarquer le tout, un vieux cheval de trait et il ne lui restait plus qu'à prendre la route vers le sud pour retrouver le Saucisson, aka Fanette, qui serait une pièce de charcuterie de choix pour la boucherie à venir.

La route fût entamée rapidement, pas de halte ne fût prévue ni même souhaitée, tout serait tracé d'une traite, le repos ce n'était qu'une perte de temps de toute façon puis quand bien même il pouvait très bien faire un petit roupillon assit pendant que le cheval ferait son boulot à suivre le chemin. Là ne sont que les détails d'une route qui passera passablement, le peu d'arrêts qu'il aura fait n'auront été que pour demander si les autochtones ont vu passer une jeune femme avec un des spaghettis sur la tête et qui papote tous le temps afin de savoir s'il suivait toujours la bonne route et dans quelle direction il devait se diriger ensuite.

Pas très loin se dessinait une silhouette, de loin on pouvait simplement déterminer que c'était une femme juste par la forme du corps, rien de plus, rien de moins, mais au fur et à mesure qu'il se rapprochait il se disait que cette silhouette lui était familière, encore une fois ce n'était que des détails mais des détails qui avaient leur importance et dont à leurs reconnaissances il ne pouvait empêcher un léger sourire de se dessiner sur ses lippes à l'idée de savoir qui c'était. Cheveux en pagaille, ventre légèrement arrondi, panier pour amasser des végétaux, seule ... il ne pouvait y avoir de doute, c'était elle, c'était Fanette. A la fois impatient de voir la tête qu'elle ferait en le voyant mais aussi de l'embarquer pour repartir dans l'autre sens aussi vite qu'il était venu il pressa le cheval d'accélérer le pas pour arriver à sa hauteur. Elle ne lui avait même pas laisser l'occasion de la saluer qu'elle s'empressa de lui faire une réflexion qu'elle n'était pas ravit de le voir icelieu et de donner un semblant d'intimidation à ses propos alors que tout ce qu'elle parvint à faire ce n'était que le faire sourire.


Fanette !

A nouveau un coup de rênes vint fouetté la bête pour le faire avancer plus vite et se mettre au même niveau que l'entêtée qui préférait marcher à pieds que de profiter du moyen de transport lui parvenant sans même qu'elle n'ait à demander quoi que se soit. D'un simple geste de main il tapota le siège à coté du sien pour l'inviter à s'assoir sur la charrette avant de reprendre le fil de la discussion en lui remémorant des paroles qu'il lui avait déjà dites par le passé.

Dès la troisième fois où nous nous sommes croisés je vous ai dis que nos destins seraient comme nos chemins ... étrangement croisés ...
Allez, ne vous faites pas prier, montez.


Il se garda bien de lui dire la suite parce qu'il n'avait aucunement l'intention de la ramener en ville pour qu'elle puisse retrouver son époux et ses amis, alors des rênes qu'il tenait entre ses mains il indiqua au cheval de garder le rythme pour toujours rester à sa hauteur, le regard alternant entre la route devant lui et la vagabonde qui restait à faire le piéton, se demandant si ce jeu durerait longtemps pour savoir qui aurait raison de l'autre, car lui aussi pouvait se montrer très têtu quand il le fallait ...
Lison_bruyere
Fanette tourna la tête à l'invitation, et planta un regard incrédule dans les saphirs normands.

- Pourquoi donc le ferai-je ? Dois-je vous rappeler que la dernière fois que je vous ai vu, vous m'avez fait valdinguer par deux fois sans vous soucier du petit loir que je couve ?

Elle haussa les épaules, consternée d'un souvenir.

- Et votre dernier courrier ? Vous m'avez écrit que vous pourriez venir me suspendre par les cheveux à la poutre de mon auberge et me démembrer de manière longue et douloureuse avant d'aller jeter mes restes dans tous les fleuves de France. J'suis heureuse que nous ne soyons pas dans une salle commune. Vous m'auriez presque fait peur !

En vérité, elle ne le pensait pas capable d'une telle vilenie, d'autant que ce n'était pas la première fois qu'il lui faisait ce genre de promesse. Après tout, s'il l'avait blessé au fil des mois c'était plus par ses paroles que physiquement. Néanmoins, elle se souvenait que, presque un an plus tôt, sans l'intervention du dogue de son oncle, il serait bel et bien parvenu à la kidnapper, et que seules les dents du molosse l'avaient convaincu de la libérer du lien qui la saucissonnait.

Alors elle s'efforçait de maintenir un pas rapide, mais là où le cheval semblait aller d'une foulée nonchalante, la jeune femme, avec ses courtes jambes avait bien du mal à s'aligner, et plus encore à le dépasser. Elle qui prenait plaisir, à peine quelques mois plus tôt, à courir, à sentir le vent glisser sur son visage et emmêler ses boucles, la voilà qui ne parvenait même plus à forcer l'allure quelques minutes d'affilées. Point besoin de tourner encore la tête pour sentir le regard du mercenaire, toujours posé sur elle. Elle se renfrogna davantage de son incapacité à le planter là, avec son gros canasson et cette charrette qui aurait pu la ramener au village si facilement. C'est qu'elle devait être un peu fière la Fanette, elle ne voulait pas lui devoir une gentillesse. Il n'avait pas vraiment l'intention de lui en accorder une non plus, mais ça, elle l'ignorait encore.

Mâchoires serrées, regard rivé devant elle et sourcils irrémédiablement froncés assombrissant la teinte claire de ses noisettes, elle s'appliquait déjà à ne pas céder à l'essoufflement, quand une crampe vint lui durcir le ventre, la coupant net dans son élan. Manquait plus que ça !
Les dents pinçaient la lèvre pour juguler la douleur qui tenta d'échapper par sa gorge, tant qu'elle en laissa tomber son panier. Inspiration reprise dans une grimace, elle s'arrêta net, retrouvant d'une main l'appui d'un arbre proche, tandis que l'autre balayait l'air d'un petit mouvement à l'adresse du normand. La surprise passée, elle s'empressa dans un souffle de lui donner le change.

- C'est bon Zilo, vous pouvez poursuivre votre route, je peux rentrer sans votre aide, je voudrais pas vous retarder. Merci !

Et se laissa glisser le long de l'arbre, posant séant sur une racine un peu proéminente que la neige avait épargné et releva vers lui un sourire qu'elle espérait convaincant.
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Zilofus
Comme à l'accoutumé c'était du grand n'importe quoi, du Fanette tout craché, on pouvait bien lui écrire tout un tas de choses véridiques, essayer de sauver la mise, de faire perdurer une relation qui ne devait pas aboutir aussi bêtement, tout ce qu'elle avait retenu c'était qu'il l'attacherait à la poutre de la foutue taverne qu'elle squattait depuis des semaines pour faire un saucisson en pièces détachées, c'était tout de même aberrant que malgré tout ce qu'il avait bien pu écrire c'était là la seule chose dont elle se souvenait. Cela le consternait tellement qu'il en soupira longuement, si bien qu'on aurait pu confondre son souffle à celui du cheval tant il découlait de lassitude à toujours devoir rabâcher la même chose, s'il n'avait pas une bonne raison d'être ici il aura déjà accélérer la cadence pour repartir ailleurs en faisant exprès de faire plein de poussière pour être sûr de la plonger dans un épais amas soulevé par les sabots et les roues, il s'abstint de le faire et garda son calme en prenant une longue inspiration avant de lui rétorquer d'un ton légèrement agacé.

Non mais franchement, vous en êtes encore là ?! A chaque fois que l'on se croise je trouve une nouvelle façon pour me débarrasser de vous et pourtant vous êtes encore là, vous ne croyez tout de même pas que si j'avais eu l'intention d'appliquer mes menaces vous ne seriez plus là aujourd'hui ? Je ne me serais pas embêté à vous aidez à de multiples reprises alors que rien ne m'y poussait et que nous n'avions aucunes affinités.

Puis il la regardait poursuivre son chemin en accélérant le pas, comme si elle parviendrait à le semer à pieds alors que dans un effort moindre il pourrait lui mettre dix lieues dans la vue sans être essoufflé tandis qu'elle recrachait déjà ses boyaux au bout d'une vingtaine de mètres. La voyant prendre ses aises contre le tronc d'un arbre après avoir subit une douleur soudaine il stoppa net sa charrette, ne prêtant guère attention à son geste et encore moins à ses mots lui indiquant qu'il pouvait poursuivre sa route il posa son regard sur elle afin de s'assurer qu'elle allait pas trop mal quand même, il n'avait pas l'intention de kidnapper une maladive ou un jeune femme qui lui claquerait entre les doigts à la première ville traversée, c'est lui qui serait dans une merde noire ensuite.

A la fois las et impatient de repartir, il crocha les rênes contre le bois de la charrette avant de descendre rapidement pour la contourner et aller se planter face à la souffrante qui malgré sa fierté n'était pas capable de le dissuader de poursuivre sa route comme elle l'espérait tant. D'un geste de bras il l'invita de nouveau à gagner la charrette pour lui faciliter son trajet et ne pas avoir à employer la manière forte mais têtue comme elle était c'était peine perdue et il ne s'acharna pas à essayer de lui faire entendre raison, préférant l'aviser d'un signe de doigt que s'il était là, ce n'était pas par pur hasard comme bon nombre de fois auparavant, il avait l'intention de l'emmener coûte que coûte.


Bon ça suffit, on n'a pas le temps pour ses gamineries.

A peine lui avait il asséner ses mots qu'il récupéra la corde qui trainait à l'arrière de la charrette pour la lui balancer avant de reprendre d'un air plus sérieux et moins enclin à la laisser lui dicter si oui ou non il devait la laisser sur le bord de la route.

Vous avez le choix, soit vous venez de votre plein gré, soit je vous ligote encore une fois ...

D'un signe de tête il lui indiquait la corde qu'il venait de lui jeter avant de lui désigner la charrette derrière lui pour lui laisser une dernière fois le choix de la suite, si elle préférait encore une fois se faire bousculer et mettre la vie de son enfant en danger inutilement ou si elle ferait preuve d'un peu plus de discernement et qu'elle se prêterait à suivre la voie la plus sage. Puis tant qu'à l'obliger à venir avec lui, autant lui donner les raisons qui la ferait sans doute changer d'avis et la rendrait plus docile quant à son kidnapping qui n'avait pas de raison d'en être un.

Vous devez m'aider. C'est Tartine ... elle n'est pas en sécurité là où elle est actuellement.

Bon certes il n'allait pas lui dire qu'il avait une dent contre la mère de l'enfant et qu'après tout ce qu'elle avait fait, la confiance n'était plus, à tel point qu'il doutait sérieusement de son aptitude à gérer un nouveau né alors qu'elle n'était pas capable de prendre les décisions adéquates pour elle, et ça, ça lui était juste impensable de laisser sa pauvre petite entre les mains d'une femme qui mettrait sa vie en danger sans s'en rendre compte, alors sans le savoir et sans qu'elle sache tous les détails Fanette lui serait un précieux atout pour recouvrir son enfant et la ramener en sécurité.
Lison_bruyere
Les deux mains sur son ventre, Fanette s'était appliquée à rester immobile le temps que la douleur cesse, puis, elle l'avait vu sauter prestement à bas de la charrette, et un instant, elle s'était attendu à ce qu'il vienne l'aider. Après tout, il avait aussi su se montrer gentil quand elle se sentait s'étioler jour après jour en l'absence de son diable. Mais non, il n'en était rien ! Tout à sa douleur, elle douta d'avoir bien saisi ce qu'il venait de lui dire. Il n'avait nulle intention de la ramener au village, et il n'était pas là par hasard. Elle releva le visage vers lui pour se heurter à son regard déterminé. Un fugace instant, le souffle lui manqua tant elle ne savait plus ce qu'elle devait faire, mais elle était bien certaine de ne pas vouloir le suivre, où qu'il veuille aller. Elle tenta de calmer l'affolement soudain qui s'emparait de sa raison pour rebondir sur sa dernière phrase, dans l'espoir de pouvoir encore le raisonner, et s'efforça de prendre un ton apaisant.

- Allons Zilo, votre fille va bien. Elle ne risque rien là où elle est. Et je suis bien certaine que jamais Svan ne vous refusera de la connaître. Mais tout ceci ne me concerne pas. C'est entre elle et vous. Vous saurez vous en sortir sans moi.

Elle ferma les yeux une poignée de secondes, réfléchissant à la meilleure chose à faire. Elle prit le parti d'ignorer ses menaces, il n'oserait tout de même pas l'enlever, et plus encore dans son état. Alors, tendant la main sans complexe, elle s'accrocha à son bras pour s'en aider à se relever. Une fois debout, s'appliquant à faire montre d'un air détaché et serein alors que tout bouillonnait au fond d'elle, lui faisant même oublier le froid mordant de ce matin d'hiver, elle se baissa pour ramasser son panier.

Tandis que son autre main fouillait le repli de sa pèlerine pour saisir le manche du couteau qui y était dissimulé, elle se haussa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur la joue du mercenaire normand, puis, jouant toujours son rôle de fille légère et décontractée, elle força ses lèvres à lui étirer un joli sourire.

- Félicitations Zilo ! Il paraît qu'elle est belle comme un cœur et qu'elle a vos yeux. Qui aurait cru qu'un vilain comme vous pourrait être père d'une jolie petite enfançonne toute rose et toute joufflue.

Serrant ses doigts sur le couteau, elle le bouscula d'un coup d'épaule pour se frayer un passage et regagner le chemin.

- Faut que je file, Roman va s'inquiéter s'il ne me voit pas rentrer. Au revoir et embrassez Svan pour moi quand vous la verrez !

Elle le laissa là, reprenant sa route en évitant bien de se retourner. Bon, s'il était aussi déterminé que le disait son regard d'acier et ses traits un peu crispés, il ne la laisserait sans doute pas même dépasser le cheval, mais qui sait si, sur l'effet de surprise, il ne la laisserait pas filer ? Peut-être même se fierait-il à ce qu'elle lui avait dit et irait simplement voir la danoise pour faire connaissance avec sa gamine. Ou alors s'inquiéterait-il que le Corleone s'inquiète à son tour et renoncerait-il pour ne pas s'attirer d'ennuis ? Et dans le cas contraire, elle tenait toujours son couteau.

Courage, fuyons Fanette ! Le seul hic, tu fuis bien doucement ma pauvre fille !
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Zilofus
Ses yeux grandirent à la voir partir l'air de rien, comme si ce qu'il venait de lui dire ou bien la corde qu'il venait de lui envoyer n'avaient pas été, elle avait littéralement passer outre ses deux invitations à gagner la charrette ou sinon il lui arriverait de bricoles, elle savait pourtant que ce n'était pas des paroles en l'air et qu'il les mettrait en application si elle avait l'audace de s'y confronter, pourtant elle prit tout de même le risque ...

A grandes enjambées il la rattrapa avant qu'elle n'ait le temps de dépasser le cheval comme elle se l'imaginait, lui barrant le passage de son corps et la dévisageant une nouvelle fois d'un regard aux sourcils froncés et l'air plus que sérieux, d'un geste rapide il la stoppa net dans sa tentative de fuite avant de l'aviser d'un signe de tête pour la dissuader d'insister dans cette entreprise.


Hop hop hop ! Vous allez où comme ça ?

A peine le temps de l'interrompre dans sa lancée qu'il posa sans préavis ses mains sur ses épaules pour lui faire faire machine arrière et la remmener là d'où elle venait, essayant au moins de ne pas trop la brusquer pour ne pas qu'elle trouve encore l'excuse qu'il l'ait soit disant violenter et mis en danger le petit être qu'elle abritait. Sa tête remua doucement et négativement pour lui faire comprendre qu'elle ne s'en irait pas, elle resterait ici et elle grimperait dans la charrette qu'elle le veuille ou non, un simple mouvement suffirait à lui adresser cette fatalité à laquelle elle ne pourrait échapper et que si elle tentait de s'échapper encore une fois il aurait recours à la manière forte.

Fanette ! lui lança t-il d'un ton plutôt agressif, las de perdre du temps de cette manière et peu enclin à palabrer pendant des heures sur l'état de santé de l'enfant, ou de qui que se soit d'autre d'ailleurs.

Après lui avoir coller un taquet sur le crâne pour lui remémorer qu'elle était seule, en pleine campagne, sans qui que se soit aux alentours et qu'au cours de leurs différentes rencontres elle n'avait jamais eu l'ascendant d'une quelconque manière sur lui, espérant que ce coup sur la tête suffirait à lui remettre les idées en place il l'entraina comme il pouvait jusqu'à la charrette parce que fallait dire que oui en effet, elle était plutôt du genre têtue la Fanette, quand elle avait une idée en tête il était difficile de l'en défaire et de lui faire penser à autre chose, et pour le coup elle ne se laisserait pas faire. Alors c'est avec quelques légères difficultés qu'il la poussa, contre son gré, dans la direction opposée où elle voulait aller pour la ramener vers la charrette et où la ferait grimper de force, en l’assommant s'il le fallait mais où elle finirait de toute manière puisqu'il n'avait pas trouvé mieux que de l'utiliser pour parvenir à ses fins.

Vous allez venir avec moi que vous le vouliez ou non. Ce n'était pas une question quand je vous ai dit que vous deviez m'aider mais une nécessitée. Vous ne savez rien à propos de ma fille, ni si elle va bien, ni à quoi elle ressemble, ni si elle n'est pas en danger, vous ne savez rien ... Absolument rien ...

Voyant que ce n'était pas gagné d'avance et qu'elle lui donnerait du fil à retordre il se décida à lui enserrer un bras de ses mains pour l'attirer avec lui, ne se souciant pas s'il lui ferait mal ou non, jusqu'à la faire assoir sur le siège passager de la charriote comme on l'aurait fait pour un enfant, puis comme il conduirait l'engin à toute allure il valait mieux user de la corde comme d'une attache pour la maintenir à sa place et ainsi l'éviter de sauter dans un fossé lors du voyage, mais ça ... c'était une autre histoire, il lui fallait déjà réussir à la maintenir assise et l'enrouler avec son objet favori : la corde.
Lison_bruyere
Elle encaissa le coup sur le crâne dans un souffle, s'efforçant de retenir les larmes qui perlaient à ses cils. Dans un réflexe, la main lâcha le couteau dans la poche pour se porter à sa tête. Après tout, savait-elle vraiment de quoi il était capable et de quoi il pourrait l'épargner ? Jamais elle n'était parvenue à le situer, mais en l'instant, ce qui lui revint, c'est la crainte qu'elle avait déjà eue de lui à bien des reprises.

Quand il la repoussa, elle tenta de lui asséner la vérité qu'elle savait sur sa fille, espérant encore le ramener à des considérations plus raisonnables.

- Je sais parfaitement qu'elle va bien, qu'elle vous ressemble, sauf les cheveux, qu'elle s'appelle Astrid Fanny Lucie, et que vous n'avez choisi que le premier prénom des trois qu'elle porte. Et je sais qu'elle fait le bonheur de sa mère. Vous voyez, j'en sais plus que vous.


Quand la grosse pogne du mercenaire vint se refermer sans ménagement sur son bras, elle paniqua.

- Lâchez-moi ! Lâchez-moi j'vous dis ! Hurlait-elle en tentant d'échapper à son emprise. Roman vous retrouvera si vous m'emmenez de force, il vous retrouvera et alors, vous regretterez de pas m'avoir écoutée.

Mais peine perdue, l'homme la hissait déjà sur le siège de la charrette, et elle n'avait pas grande force à lui opposer. Le panier empli de houx s'était renversé au sol, et les branches éparpillées gisaient dans le chemin. Mais dans la poche, il lui restait son couteau, elle devait l'attraper. C'était son unique chance d'en réchapper, avant qu'il ne parvienne à lier ses poignets, car, le bougre s'était de nouveau saisi de sa corde. Alors, avec l'énergie du désespoir, elle parvint à libérer une main pour la plonger dans le repli du vêtement. Les doigts fébriles en fouillaient les recoins jusqu'à se refermer sur la corne du manche. Le regard rageur dilué par les larmes se planta dans les saphirs du Normand, tandis que les phalanges blanches, crispées sur l'arme s'élevaient dans un ultime effort pour lui faire lâcher prise.
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Zilofus
Et c'était repartit, des paroles futiles, des menaces en l'air qui ne verraient jamais le jour, des promesses qui ne seraient pas tenues non plus, ça ne lui faisait plus aucun effet à force, il la connaissait la Fanette, il savait qu'il n'avait pas grand chose à craindre d'elle, ni même de sa grande collection d'amis en tout genre, alors il la laissait déblatérer encore et encore sans même lui porter plus d'attention que cela, préférant se focaliser sur sa corde pour bien serrer le nœud qu'il était en train de nouer afin de pas la perdre en route ou qu'elle lui colle un coup en plein trajet.

Tout d'un coup, alors qu'il essayait de la faire tenir en place quelques instants il la vit sortir sa main de la poche avec un couteau, quelque peu surpris par l'arme mais surtout dans les mains de la jeune femme plutôt naïve et farouche, il porta ses yeux dans les siens afin de soutenir son regard et la questionner par la même occasion pour savoir ce pour quoi c'était que cette arme, avait elle réellement l'intention de le planter ? A vrai dire il n'en savait trop rien, il est vrai qu'à première vue et en connaissant un minima Fanette il n'aurait jamais pensé qu'elle soit capable de blesser qui que se soit, même en le voulant, mais sous l'effet de la peur la question était tout autre ...


Ne jouez pas avec les couteaux Fanette ! Bon dieu ! Vous voulez que ça finisse mal ? Encore ?!

Profitant de la distraction et ne voulant laisser de place au doute il s'empara de son poignet avant qu'elle n'ait eu le temps de faire un geste brusque ou malencontreux et que la situation ne dégénère pour lui extraire. Il fallait dire que laisser un pareil couteau à une personne qu'il s'amusait déjà à appeler saucisson c'était le meilleur moyen de finir le moment en une belle scène de charcuterie où elle se serait complus à lui faire passer l'envie de renouveler l'expérience, de toute manière cela n'aurait pu être le cas s'il était passé en pièces détachées.

Le regard s'aggrava à la voir tenter de le planter avec son couteau et la toisa une fois encore pour savoir ce qu'elle comptait faire avec, agitant d'une main sûre l'arme qu'elle tenait quelques secondes auparavant pour la menacer de l'utiliser contre elle. Avec son doigt il vérifia le tranchant de la lame parce que connaissant la jeune femme il n'aurait pas été étonnant qu'elle se trimballe avec une lame complètement émoussé et qu'elle veuille faire croire à ses agresseurs qu'elle aurait pu se défendre, surprenamment ce n'était pas le cas, rien que de tâter la pointe il réussit à se faire un petit trou dans la peau d'où commença à couler un léger filet de sang, c'est à ce constat qu'il ouvrit grandement ses mirettes azures pour regarder d'un air choqué sa presque victime qui aurait été prête à lui en mettre un coup.


Bordel de merde ! Vous vouliez me saigner comme un cochon avec ça !

Paf ! L'air de rien et sans qu'elle ne s'y attende il lui recolla un taquet derrière le crâne pour être sûr que tout ça lui soit bien rentré dans sa petite tête de fauvette mais comme cela ne lui suffisait pas pour être sûr qu'elle est bien captée le message et d'en plus la faire davantage flipper à son sujet il saisit une petite quantité de cheveux si on pouvait les qualifier de la sorte vu leur forte ressemblance pour beaucoup de choses sauf des cheveux pour les découper avec la lame bien affûtée avant de lui montrer la mèche en question. Sans rien lui demander d'autre il lui mit la touffe de cheveux dans la main et garda le couteau pour lui, peut être lui rendrait il, peut être pas, il prendrait le temps d'étudier la question plus tard, mais surtout de regarder la qualité de l'arme si elle valait le coup qu'il la garde ou non.

Et cessez donc avec votre Roman ceci, Roman cela, je vous rappelle que lorsqu'il n'était pas là il n'a rien fait pour vous rassurez de son absence ou de son attachement pour vous. Vous croyez que parce que vous êtes mariés quelque chose à changer ? Hein ? Mais vous rêvez, comme toujours ! Il n'en a rien à foutre de vos soucis, de votre poisse et de votre misérable vie !

L'essentiel était dit, maintenant que les choses avaient été remises au clair il n'avait plus vraiment besoin de la ligoté ou de réfléchir à comment il aurait pu la faire rentrer dans le tonneau qu'il avait prévu si elle ne se montrait pas coopérative puisqu'elle allait passer le reste du voyage à chouiner et à se poser tout un tas de questions, c'était là la fragilité des femmes enceintes, elles étaient vulnérables à tout et n'importe quoi, un tout petit rien pouvait rapidement se transformer en une affaire d'état dramatique, il le savait pour en avoir fait les frais quelques semaines auparavant et il comptait bien profiter de cette faiblesse pour l'utiliser comme il l'entendait.

Un sourire narquois apparu sur ses lèvres et à peine était il remonté à sa place qu'il lui fila les rênes pour lui laisser les commandes de l'engin, à se préoccuper de son sort et de la route qui se dessinait devant elle, elle ne trouverait pas le temps de vouloir le saigner avec une autre lame cachée ou une idée saugrenue pour se sortir de cette histoire.


Tenez, conduisez. Et emmenez moi jusqu'à mon enfant, vous savez où elle est.

Pendant ce temps là il aurait tout le loisir de profiter du paysage ou bien de faire un petit somme ...
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Ça tourne ... Tout tourne autour d'elle, le fil s’accélère et la laisse hébétée un instant, la longue mèche bouclée dans la main. Alors, quelques pleurs échappent à ses cils, pour rouler sur ses joues. Est-ce le coup sur le crâne, la peur du couteau, ou la crainte qu'il ne l'emmène contre son gré ? Ou encore les paroles cruelles qu'il vient de lui asséner sur le Corleone. Vrai qu'il a toujours su s'y prendre pour les mots blessants. Entre deux sanglots elle va lui dire qu'il se trompe, qu'il ne sait rien de ce qui s'est passé à Limoges, qu'il ne faut pas qu'il songe que parce que la danoise l'a abandonné ... mais le Normand tout à fait indifférent la coupe dans ses réflexions, lui confiant les longues guides de cuir, et s'installe comme si de rien n'était pour contempler le paysage.

La fauvette incrédule ravale ses larmes et l'observe du coin de l’œil. Pour un peu, elle pourrait deviner l'esquisse d'un sourire assuré au coin de ses lèvres et la lueur narquoise dans son regard d'océan.
Il lui faut faire cesser sur le champ la ronde dans sa tête. Les noisettes tour à tour se portent de l'homme au chemin devant eux, elle ferme les yeux et réalise qu'il veut qu'elle mène l'attelage. Le dos de sa main passe sur ses joues pour en essuyer le surplus inutile de chagrin et de peur tandis qu'elle inspire profondément.

Soit ! Elle n'a jamais guidé d'attelage, mais ça ne doit pas être bien difficile, et elle connaît le chemin, il a raison.

- Huuuue !

Le roncin s'arque dans le collier, tend les traits et arrache la charrette aux cailloux dans un fracas grinçant. Il ne marche pas très vite l'animal, mais qu'importe, elle pourra peut-être plus aisément se glisser à terre, et surtout sans prendre trop de risques, s'il en était besoin. Mais à une demi-lieue de là, une fourche sépare en deux le chemin. Elle prendra à dextre, un petit raidillon et elle les ramènera à la cité d'où elle est partie au matin.
Le pas du cheval berce ses pensées, il n'est tout de même pas aussi crétin que ça ? Ne se doute-t-il pas qu'elle va tenter de le ramener dans les pattes de son diable ? Il ne croit tout de même pas que les quelques pleurs qu'il lui a arraché vont suffire à ce qu'elle le suive docilement ?

Et la vagabonde se penche pour évaluer la hauteur du siège au sol. Mince ! Cette foutue roue ferrée au mitan, va falloir éviter de poser le pied dessus, de se prendre les jupes dans les rayons, de se faire rouler sur les arpions ... Elle échafaude déjà les mille et une façons dont elle pourra lui fausser compagnie sans blesser le petit loir, au cas où il réagisse avant d'être passé tranquillement sous la poterne de la ville.
Les deux mains serrées sur les guides, elle les claque sur la croupe de l'animal, et déjà, la fourche s'annonce au détour du chemin. Elle tourne un regard vers son voisin ... pourvu qu'il s'endorme ...
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Zilofus
Ses prunelles allaient et venaient sur les différentes choses qui détaillaient le paysage avoisinant, tantôt un oiseau, tantôt la végétation, enfin le peu qu'il y avait en cette saison froide et de couleurs tristes. Ce qui lui paraissait bizarre dans ce décor c'est que ça ressemblait pas tellement à celui qu'il avait vu plus tôt avant de trouvé la fauvette sur le bord de la route, pourtant il ne semblait pas y avoir vu d'autre chemin pour venir jusqu'ici alors cela voulait dire que ... non ! Bah si ! Elle avait osé guider le cheval pour retourner vers la ville où elle séjournait avec ses amis et son époux, surement pour y trouver de l'aide et hurler à l'agresseur ou quelque chose dans le genre, malheureusement pour elle il s'en était rendu compte à temps et il ne la laisserait pas faire.

Juste le temps qu'il faut pour la bousculer sans ménagements tout en essayant de récupérer les rênes pour stopper l'attelage avant qu'il ne soit trop tard. Tandis qu'une main essayer de freiner le cheval dans sa course, aussi lente soit elle, l'autre essayait avec difficultés de pousser la vagabonde pour la faire lâcher prise, il fallait dire que ce n'était pas des plus facile de se concentrer sur deux choses distinctes tout en essayant à la fois de garder le cap pour ne pas finir dans un fossé mais aussi de ne pas trop abîmer la victime qui n'aurait plus trop d'utilité avec des bosses partout.

Malgré tout elle ne lui laissait pas tellement de choix et la force semblait être la solution la plus viable sans qu'il n'est à perdre trop de temps dans des futilités pour essayer de la raisonner encore une fois sur le fait qu'elle n'avait pas d'autre choix que de venir avec lui. Sans chercher plus de complications il saisit une poignée de cheveux à Fanette avant de la pousser plus fortement comme pour l'éjecter de la charrette, suffisamment fort pour la rapprocher de la route défilant au rythme des sabots tout en la retenant par sa longue tignasse ainsi que le col pour ne pas qu'elle tombe, juste ce qu'il fallait pour bien la faire flipper et qu'elle craigne pour l'intégrité de son enfant suite à une possible chute. Pour agrémenter le tout il rajouta d'une voix rauque et assurée, à la fois las de ses petites tentatives de fuite mais aussi perdant patience de perdre du temps à de pareils enfantillages alors que son enfant se trouvant je ne sais où doit subir la présence de la diablesse plus longtemps.


Vous voulez vraiment que j'vous tabasse ? Que j'vous écorche le corps avec votre couteau ? Que votre enfant ait des soucis ? Vous croyez que je ne me suis pas rendu compte que vous nous rameniez en ville ?!

A croire que c'est ce qu'elle cherchait véritablement, tester jusqu'où il s'abstiendrait de lui faire du mal, ou bien était ce encore sa naïveté qui faisait des siennes et qu'elle ne se rendait pas compte de la gravité de la situation, cette fois il n'était pas des plus coopératif et encore moins prêt à écouter quoi que se soit pour le persuader du contraire, il était borné et déterminé à parvenir à ses fins, qu'importe ce que cela lui couterait et comment il ferait pour y arriver, il y arriverait comme il l'entendait.

Vous faites chier Fanette ! Vous allez finir le voyage dans le tonneau, ça sera nettement moins confortable et moins agréable ! Surtout avec les deux rats qui trainent dedans ...

D'un signe de tête il lui indique le dit tonneau qui lui pendait au nez, habituellement il s'en servait pour les gosses trop chiant qui n'en faisaient qu'à leur tête mais cette fois c'était tout de même une adulte, enfin presque, une demie femme. L'autre solution aurait été de l'attacher par les pieds et la trainer derrière la charrette, la laissant se faire écorcher par les bosses et caillasses se trouvant sur la route mais elle aurait été méconnaissable au bout de deux lieues et ne lui plus été d'aucune utilité. Bon les deux rats étaient un petit rajout imaginaire pour lui faire passer l'envie d'insister, d'un coté ça aurait pu être amusant de l'entendre hurler alors qu'elle se faisait bouffer par les deux bestioles mais d'un autre il n'avait pas tellement envie de l'entendre - encore - pleurer toute les larmes que pouvait contenir ses yeux.

Ne voulant plus jouer à ce petit jeu qui n'aurait permis rien d'autre que de perdre plus de temps pour lui permettre de créer des diversions afin de tenter encore une fois de fuir il lui colla une baffe pour lui remettre les idées en place, aussi pour la surprendre sur le coup et profiterait de ce petit laps de temps où elle dramatiserait la scène pour aller se munir de la corde afin de la ligoter pour de vrai cette fois. Sans perdre un instant il fit plusieurs tours de corde, ni de trop, ni pas assez, juste ce qu'il fallait pour l'attacher et l'empêcher de se mouvoir avant de serrer les liens pour faire le nœud dans son dos, petite vérification que c'était bien fait, petite claque derrière le crâne pour la forme pour pouvoir finalement se réinstaller en soupirant, fatigué par tout ce cirque alors que les choses auraient pu être beaucoup plus simples.


A présent, indiquez moi la route. Et pas de duperies ! Sinon ... tonneau !

Le doigt préventif l'avertit qu'il ne pouvait plus y avoir d'encart maintenant avant de reporter son attention sur la route tout en se munissant des rênes pour reprendre lui même le contrôle de l'engin et décider d'où ils iraient ...
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Elle était bien décidée à ne pas lâcher les guides. Les doigts fermement agrippés, elle tentait encore de faire accélérer l'animal vers la direction voulue. Le roncin ameuté par le chahut au-dessus de lui consentit à allonger le trot dans l'amorce d'une descente. Si elle parvenait à le guider sur le bon sentier, du haut des remparts, quelqu'un finirait bien par les voir et donner l'alerte. Quand le dos d'une main passa à sa portée, elle y planta solidement les dents, tandis que d'un pied elle tentait de repousser son agresseur. Mais les doigts empoignant ses cheveux pour précipiter le haut de son corps au-dessus de la route eurent tôt fait de lui faire lâcher prise. Elle hurla, ce qui resta sans effet sur le mercenaire, mais encouragea le cheval à adopter un petit galop, entraînant à sa suite l'attelage tressautant sur les reliefs de la route à grand renforts de grincements et craquements en tous genres. Fanette était terrorisée, ses mains battirent l'air jusqu'à trouver le cuir du pourpoint de Zilo auquel elle se raccrocha désespérément de peur qu'il ne la fasse tomber. Si les larmes brouillaient sa vue, il lui semblait que le sol défilait bien trop vite à son goût à présent. La gifle qu'il lui colla aggrava plus encore son incapacité à reprendre son souffle, et le coup de pied qu'elle lui asséna dans les tibias s'avéra bien insuffisant à l'empêcher de la saucissonner. Une douleur lui vrillait les tempes au rythme saccadé de sa respiration, et la crainte qu'elle avait à présent que le petit loir souffre de toute cette agitation la força à tenter de prendre sur elle. Le bougre était bien décidé à l'emmener ... mais jusqu'où ?

L'animal avait repris un petit trot tranquille, et d'un coup d’œil derrière son épaule, Fanette voyait la silhouette lointaine de la cité disparaître derrière un relief. Elle s'était gardée de répondre à la question du Normand, mais de toute façon, il avait l'air de savoir où il allait pour l'instant. Sans doute récupérer quelque part son inséparable acolyte, trop occupé à cuver sa vinasse au coin d'un feu de camp pour émerger avant sexte. Combien de temps faudrait-il à Roman pour s'apercevoir qu'elle n'était pas rentrée. Il était si fiévreux, qu'elle n'était même pas sûre qu'il se soit rendu compte de son départ à vrai dire. Elle laissa échapper un sanglot, se sentant soudain lasse. Le froid s'insinuait le long de son échine, nouant son dos et ses épaules, et bleuissant ses extrémités. Son ventre lui semblait si dur qu'il en était presque douloureux. Le petit loir ne bougeait pas, lèvres pincées, la jeune femme tentait de se rassurer. Peut-être dormait-il ou sentait-il qu'il était temps de se faire discret, mais une bouffée d'angoisse la submergea soudain, noyant ses joues sous les pleurs. Un long moment lui fut encore nécessaire pour reprendre le dessus sur ses craintes, ou du moins en donner un semblant d'impression. Alors, elle releva les yeux vers le mercenaire.

- Zilo, vous ne pouvez pas me laisser attachée ainsi. Liez-moi les poignets si vous voulez, mais là, ligotée de la sorte, vous allez finir par blesser mon enfant. Croyez-moi, si ça arrivait, je vous écorcherais de mes propres mains, et quand j'en aurai fini avec vous, Roman recollera votre couenne sur vos os pour pouvoir recommencer.

Les paroles étaient sans doute plus menaçantes que le ton employé, et ses noisettes éclaircies par les larmes s'étaient fait suppliantes. La corde qui l'entravait passait sur son ventre et suffisait bien à lui faire craindre le pire. Elle détaillait l'homme assis à côté de lui, et se demandait s'il serait capable de sacrifier un enfant en devenir pour revoir la sienne.
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Il n'accorda aucune attention à ce que Fanette lui disait, à ses plaintes, ses pleurs, ses supplications, il s'en moquait éperdument, il l'avait prévenu à maintes reprises de se méfier pour ne pas finir saucissonner comme bon nombre de fois auparavant, têtue comme elle est elle n'a pas tenu compte de ses avertissements, ce n'était là que le résultat de son entêtement. Du coin de l’œil il la regardait gigoté dans tout les sens, maugréer tout ce qu'elle savait, lui proférer des menaces qu'elle lui affligerait elle même ou que son mari lui ferait s'il venait à apprendre la nouvelle mais tout cela le laissait totalement indifférent, il n'écoutait que la moitié de ce qu'elle disait à vrai dire tant la situation l'avait saoulé et d'un vaste geste de main il lui fit signe qu'elle ferait mieux de parler au vent pour qu'il porte ses paroles à ses éventuels sauveurs.

Que la corde soit trop serrée, mal positionnée, ou que sais je d'autre était bien le cadet de ses soucis et il n'accorda même pas une seconde pour vérifier quoi que se soit à ce sujet, elle pouvait bien continuer à geindre le reste du voyage qu'il ne s'en souciait guère. Pour lui faire part de son désintérêt total que lui infligeait l'étreinte il commença à fredonner un petit air, à la fois pour ne pas l'entendre pester tout ce qu'elle savait mais aussi pour se passer l'envie de la bâillonner car tel qu'elle était partie, c'était probablement la prochaine étape qui l'attendait, si c'était le seul moyen pour avoir la paix il le ferait sans hésiter.

Il ne connaissait pas la destination finale, ne sachant où était la mère de son enfant il ne pouvait savoir dans quelle direction il fallait précisément, c'était encore assez flou bien qu'au fil des jours les informations collectées s'accumulaient avec les retours de courrier qu'il avait envoyé à des amis dans le royaume. Cependant pour l'heure il devait aller récupérer son acolyte qui serait aussi de la partie, bien qu'en train de cuver de sa cuite du nouvel an ou de celle pour ne pas perdre ses vieilles habitudes il avait insister lui aussi pour venir, bien que se soit pour d'autres raisons il n'avait pu lui refuser sa place dans la charrette. Le temps du trajet jusqu'à ce premier point laisserait Fanette réfléchir sur son éventuelle coopération afin de réduire les taquets qu'elle se mangerait et lui rendrait sans doute le voyage plus confortable, pour elle comme pour son loir comme elle se plaisait à l'appeler.
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Le trot régulier du roncin martelait le chemin de sa cadence monotone et infatigable. La vaste plaine s'élevait à présent en plateaux parcourus de cours d'eau, du petit ru serpentant entre les galets à la rivière plus tumultueuse, qu'il fallait parfois longer une lieue ou deux, avant de trouver un gué ou un pont. L'eau dessinait le paysage, adouci des vallons qu'elle traçait, saison après saison, en s'écoulant au gré des fontes de neige et des crues d'orage. Le mercenaire évitait les axes menant aux plus grosses cités.

Ils avaient bien contourné quelques hameaux, dont la fumée des cheminées, s'élevant dans le ciel blanc en gracieuses volutes, rappelait cruellement à Fanette combien le froid, glissant entre les fibres de son vêtement, lui mordait la peau. Les larmes s'étaient taries, laissant deux sillons de sel sur ses joues pâles. La tension et la douleur qui lui tenaient les tempes et le ventre, ajoutaient à la fatigue que trahissaient ses traits. Si elle s'était réfugiée dans le silence, pinçant ses lèvres bleuies en une moue renfrognée, le regard ne cessait d'observer les alentours, cherchant encore un moyen bien dérisoire d'échapper à son ravisseur.

Que pouvait-elle, ainsi entravée ? Elle tenta bien de prétexter un besoin pressant, à deux ou trois reprises, mais Zilo, prudent choisissait avec soin ses arrêts, bien loin de toute habitation. Malgré leurs altitudes moyennes, les plateaux successifs, balayés par l'autan blanc offraient un écrin à la neige qui ne fondrait pas avant les beaux jours, couvrant par endroits les reliefs de plaques épaisses rendant la marche difficile. Si la jeune femme avait pensé s'échapper, la crainte de succomber seule, perdue sur le plateau, en condamnant l'enfant au creux de son ventre l'avait ramenée à plus de raison. Vaincue par l'évidence, elle s'était finalement décidée à revenir vers le Normand avant qu'il ne vienne la chercher un peu plus brutalement. Au moins avait-il accepté de lier ses poignets et ses chevilles au lieu de la saucissonner comme un rôti.

Combien d'heures s'étaient écoulées ? Toulouse devait être bien loin à présent, et l'obscurité s'était abattue sur eux quand elle avait distingué un bivouac. Lucus devait attendre là, installé au-dessus d'un petit escarpement rocheux que bordait une futaie de chênes dont les hauts branchages se perdaient dans la noirceur de la nuit. Sa longue silhouette se délia en entendant le cliquetis de l'attelage, pour se porter à la tête du roncin. Il n'avait pas fallu longtemps pour le débarrasser de son harnais, et que l'animal entravé, se mette à fouiller le sol de son bout de nez agile, à la recherche des meilleurs brins d'herbe cachés sous la neige.

La clairière baignait dans la lueur diaphane de la lune pleine, que réchauffaient les lueurs orangées du feu de camp. Quand on avait consenti à faire descendre la fauvette frigorifiée de la charrette, elle s'était laissée tomber au plus près du foyer. Les flammes tourmentaient les bûches, indifférentes au craquement du bois ardent qui se fendait en laissant monter des volées d'escarbilles vers le ciel noir.

Les deux hommes discutaient, sans doute de la route qu'ils emprunteraient au lendemain, sans se soucier d'elle. Elle s'était adossée comme elle pouvait, les bras toujours maintenus derrière elle. La vieille souche qui lui servait d'appui était dévorée d'une mousse humide, mais elle était trop épuisée pour s'en soucier. Et malgré le crépitement du feu et la douce chaleur qui calmait un peu ses douleurs et l'engourdissait doucement, elle luttait pour ne pas succomber au sommeil qui alourdissait ses paupières.

Qui sait si, à la faveur de la nuit, il ne serait pas possible de profiter de l'assoupissement des deux hommes pour tenter de se défaire de ses liens. Elle parviendrait peut-être à leur dérober une lame et leur fausser compagnie. Il lui suffirait d'ôter les entraves du roncin et trouver un promontoire pour se hisser sur son large dos.

Et puis, après tout, autant prendre des forces si le moment propice venait à se présenter, un peu plus tard. Elle ferma les yeux en se laissant basculer sur une épaule, toute à l'écoute du petit loir qui venait de se remettre à gigoter. Elle pesta de ne pouvoir poser une main caressante sur son ventre, comme si ce simple contact suffisait à s'affranchir des barrières de chair. Alors, pour l'apaiser, autant que pour s'apaiser elle, elle entonna doucement la berceuse italienne qu'elle avait pris l'habitude de lui chanter.

L'enfant de Roman semblait vigoureux, l'heure n'était pas encore au désespoir.
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Lison_bruyere
Ils avaient repris la route avant l'aube. Fanette avait été reléguée à l'arrière, pieds et poings toujours liés. Allongée, contre la ridelle, elle somnolait plus ou moins, la tête posée sur des sacs et le corps abrité d'une couverture. A côté d'elle, le tonneau s'était renversé, et oscillait doucement au rythme des cahots de la route.

A présent, le soleil commençait à jeter quelques touches claires sur l'horizon, disputant à la nuit les faveurs du ciel. De sa place, elle pouvait voir le ventre de quelque nuage pourpre s'ourler d'or. Les étoiles perdaient doucement en intensité pour s'éteindre, les unes après les autres alors les ténèbres se teintaient de mauve et d'orangé. Elle gardait les yeux rivés sur la magie de ce spectacle dont elle ne pouvait se lasser, ultime petit bonheur que ses ravisseurs ne lui prendraient pas. Bientôt, le ciel serait d'un bleu profond et glacial, seuls quelques cirrus accrochés à l'azur viendraient en ternir l'éclat, et le soleil de janvier serait bien impuissant à réchauffer l'air sec.

Ses pensées s'étaient tournées vers Toulouse. Trois ou quatre jours déjà qu'elle en avait été arrachée, elle ne savait plus très bien. Roman était-il toujours trop souffrant pour réagir à sa disparition ? Si les cabaretiers ne s'étaient pas déjà inquiétés de son absence, peut-être que Hope ou Epi la trouveraient suspecte à leur retour. Après tout, dans la correspondance qu'elle entretenait avec l'espagnole, il n'avait jamais été question qu'elle quitte la cité sans son époux. Ils finiraient bien tenter de la retrouver, s'ils n'étaient déjà sur ses traces.

L'espoir fut vite balayé, le royaume était si vaste et comment pourraient-ils savoir où venir la chercher, alors qu'elle s'était montrée incapable jusqu'ici d'échapper à la vigilance des deux vilains. Pire, les coups reçus et les menaces promises lui faisaient craindre pour l'intégrité de son ventre et avait annihilé toute idée de fuite. Elle attendrait son heure, elle viendrait forcément. Cet instant où sa docilité aurait endormi leur vigilance, où ils seraient suffisamment près d'un hameau pour espérer leur échapper sans mettre son enfant en danger. Et quand bien même elle ne le pourrait, si le Normand voulait l'utiliser comme monnaie d'échange, il avait plutôt intérêt à la garder en vie.
Et après ? Quand ils auraient retrouvé Svan, et malgré tout l'attachement qu'elle pouvait avoir pour la fauvette, quelle mère échangerait son enfant contre une vagabonde ?

Elle s'efforça de chasser de son esprit les pensées délétères, laissant libre cours à son regard qui s'accrochait à ce qu'elle pouvait voir du paysage, du fond de la charrette. La route largement boisée s'assombrissait parfois à l'ombre des falaises calcaires qu'elle longeait sur quelques lieues pour retrouver ensuite d'autres vallons forestiers. Le soleil était déjà bien haut quand il lui sembla que le paysage autour changeait ostensiblement. Peu à peu les arbres semblaient se raréfier, et l'écho de quelque voix lui parvenait de temps à autre. Elle se redressa tant bien que mal pour retrouver position assise. La couverture glissa sur ses jambes, sans qu'elle n'y prête attention, de toute façon, elle était bien trop occupée à détailler ce qu'elle voyait. L'ébauche d'un sourire étira discrètement ses lippes. L'attelage progressait au milieu de champs et de prairies, et au loin, dans le méandre d'une rivière, elle put apercevoir une cité, s'étirant sur des coteaux en pentes douces dans l'ombre d'un impressionnant clocher carré d'une trentaine de toises. Le bourg devait être de bonne taille si on tenait compte de la surface des terres arables qui avaient été défrichées alentour.

Avant qu'elle n'ait trop le temps de se réjouir, Zilo avait enjambé le dosseret du siège pour venir s'asseoir à côté d'elle. Elle fronça les sourcils en décelant l'expression caustique qu'imprimaient ses traits. Son cœur ne fit qu'un tour quand il sortit de sa poche le couteau qu'il lui avait dérobé. Mais, d'un geste vif, la lame vint rompre ses liens. Elle ramena ses mains devant elle, se frottant les poignets endoloris avant de relever sur lui un regard interrogateur.

Allait-il lui offrir là l'occasion d'échapper ? Il serait aisé, aux abords d'une grande cité, de se cacher et d'ameuter les gardes. Mais avant qu'elle n'aille plus loin dans sa réflexion, il vint nouer un bras qui n'avait rien de protecteur autour de ses épaules, et entama d'un ton jovial :

- Périgueux ce jour ! Et sans doute une nuit à l'auberge pour vous reposer, et après vous direz qu'on n'est pas gentils !

Elle s'efforça d'adopter un maintien roide et impassible, pour ne rien laisser paraître de l'espoir qui venait de saisir son cœur. Mais il se pencha davantage, glissant un murmure à son oreille, dont la froideur du ton contrastait avec le sourire qu'il lui étira, glaçant instantanément ses idées de liberté.

- Ne songez pas à vous tirer, ni à prévenir quelqu'un. J'ai déjà eu l'occasion de vous dire que je connaissais du monde partout moi aussi. Et puis, si l'envie vous prenait malgré tout de nous fausser compagnie, sachez que dès que nous vous aurions rattrapé, ce qui arrivera fatalement puisque vous ne resterez pas sans surveillance, je m'occuperai d'extraire moi-même le p'tit Corleone de votre panse.

Fanette se demandait s'il serait capable d'une telle vilenie, mais, comme pour l'en convaincre, le bras qui l'enlaçait saisit ses poignets tandis que l'autre appliquait d'un mouvement sec la pointe de la lame sur son vêtement. L'acier affûté en déchira les fibres sans difficultés pour venir érafler la peau tendue de son ventre où perlaient déjà quelques gouttes de sang. La jeune femme pétrifiée n'émit pour toute réponse qu'un long sanglot, portant la main qu'il venait de libérer sur l'éraflure sanguinolente.

Noyé de larmes silencieuses qui se déversaient sur ses joues creusées d'inquiétude, son regard était toujours planté dans les saphirs normands, alors que déjà, l'attelage passait la poterne de la cité, et s'engageait dans les rues menant à la grand place. Lucus savait où dénicher une auberge peu fréquentée et une écurie pour le roncin. Quand il intima l'immobilité à l'animal, Zilo s'empressa de sauter à terre, attrapa négligemment sa besace et fit descendre Fanette. Il la poussa dans la salle commune, saisissant son bras comme s'ils étaient les meilleurs amis du monde, et, un large sourire aux lèvres héla le cabaretier pour louer une grande chambre tandis qu'il lui soufflait :

- Et pas d'entourloupe, sinon vot'mioche en fera les frais.


Elle se dégagea d'un coup de coude et pour toute réponse, acquiesça d'un imperceptible signe de tête, dents serrées et regard rivé aux dalles de pierres mal jointées qui composaient un sol irrégulier. Elle n'entendit que son ton moqueur qui raillait les femmes engrossées et leur tempérament lunatique auprès de l'aubergiste qui s'avançait en riant de la blague.

Ecrit avec zd Zilo

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Zilofus
Le voyage se poursuivait, après avoir retrouver son inséparable acolyte l'autre soir ils avaient repris la route en direction de la ville suivante, Angoulême. Bien qu'en route ils durent faire quelques arrêts sur le bord du chemin pour les pauses pipi de certaines personnes à la vessie rétrécit par leur état, la route fût parcourue assez rapidement, le temps était précieux et ils ne pouvaient se permettre plus de haltes que nécessaire, les piques-niques prolongés dans un champ pour profiter de l'air libre et du paysage n'étaient pas prévu, ni même envisagés, que le strict minimum était permis. Faut dire que les arrêts vidange étaient obligatoires pour ne pas avoir à supporter la douce odeur de pisse le reste du voyage, niveau discrétion c'était pas terrible, puis surtout que ce n'était pas des plus agréable à supporter malgré le plein air ambiant et le vent qui venait rafraichir les pommettes à l'allure tenue par le canasson.

Si la route empruntée se passa sans problèmes, que la passagère à l'arrière de la charrette semblait avoir compris qu'elle ne retournerait pas auprès de son cher et tendre époux avant d'avoir fait sa part dans l'histoire, il n'en était pas moins qu'en ville les risques étaient accrus. C'était un risque qu'il avait déjà prit la veille dans la ville précédente, où tout semblait s'être bien passé, l'enlevée avait respecté les consignes et n'avait pas trop fait de vague pour ne pas attirer l'attention, enfin ça c'est ce qu'il croyait, il ne lui avait pas collé au train pour faire la nourrice ou surveiller ses moindres faits et gestes, malgré les conditions de ce voyage il n'en était pas pour autant moins confiant à l'égard de Fanette, il la connaissait suffisamment pour savoir quels risques elle ne prendrait pas pour tenter de s'évader ou de chercher de l'aide.

Malgré leurs nombreuses rencontres, le doute quant à son sujet et ce qu'il était réellement persistait, il le savait, c'était un facteur qu'il ne pouvait passer outre mesure et dont il abusait pour qu'elle reste tranquille. Les menaces n'avaient sans doute pas été assez effrayantes, ni même dures, il manquait de pratique pour se faire plus effrayant qu'il ne l'était vraiment, cependant cela ne le rendait pas pour autant moins convainquant. C'était là tout l'intérêt du doute, comme elle ne savait quelles parties étaient vraies et quelles autres étaient fausses elle ne pouvait pas vraiment savoir quand est qu'il fallait vraiment flipper et quand elle pouvait rire intérieurement, cet avantage lui permettait d'intriguer à sa guise et de lui faire croire ce qu'il voulait.

Certes ses intentions n'iraient nullement jusqu'à la charcuter pour extraire l'enfant qui grandissait dans son ventre, mais lui couper quelques cheveux par contre ... Non seulement ça ne lui ferait aucun mal mais en plus ça lui serait bénéfique, elle aurait moins de nœuds, au lieu d'avoir un paquet de spaghettis ça ressemblerait plus à des pennes, rien de bien méchant en soit. Bon après quand on écouterait sa version ça serait forcément un drame très largement amplifié pour rendre l'histoire terrible et qu'on la plaigne, mais ça c'était une autre histoire ...

Toujours est-il qu'à leur arrivée en ville il lui fit signe à Fanette comme quoi elle était libre jusqu'à un certain point, le temps pour lui d'aller trouver quelques provisions pour la suite du voyage, de s'occuper du cheval et de la charrette et surtout de se dégoter un endroit pénard où il pourrait faire un petit somme pour se requinquer, laissant ainsi à la victime de l'histoire tout le loisir de faire ce qu'elle voulait car ce n'était pas son partenaire à l'alcool très facile qui irait la surveiller.
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