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[RP] Par le fer et le fil - Partie 2

Gerfaut
Suite de ce qui précède, déportée pour cause de ville franche.

La prévoyante Astana avait des rouleaux de lin dans son barda. Un instant, traverse l’esprit de Gerfaut que quelque part dans cette tente doivent aussi se trouver l’attèle, la jambe de bois, et les six planches du dernier recours. Excessif, évidemment. Mais toutes considérées les traces d’anciennes coutures qui se sont révélées au fur et à mesure des contorsions de la blonde, le minimum de lin fait sens.

Après la pose d’un rectangle de toile sur la couture débute le déroulage de bandage, devant de gauche à droite, derrière de droite à gauche. Deux tours de son épaule gauche, nécessairement en diagonale. Plus un horizontal. Jeu de tension sur le tissu, économie de gestes. Gerfaut manœuvre sans gêne apparente, et même s’il passe les bras autour d’elle, sans la toucher au-delà du verso qui lui est visible. Lorsqu’une bande se pose mal sur le dos de son sujet, il la remet en place, lui laissant le soin d’en faire autant de son bras valide pour le devant. Il exécute deux tours de son épaule encore, entre lesquels il faut lier une seconde bande à la première, avant deux autres complets autour de son torse. Enfin, demeure un brin de bande, trop court même pour un tour d’épaule. Il le lui tend sous son bras gauche :


Coincez-le.

Et aussitôt se relève, silencieux hors un froissement d’habits.

Je prends l’air un instant. Appelez-moi pour l’écharpe, lorsque… – seconde suspendue, puis de reprendre – que vous saurez m’indiquer où trouver de quoi l’improviser. Je reste de l’autre côté du pan.

On entend un flottement de toile épaisse, et la lumière se fait quelques secondes plus vive, lorsque Gerfaut quitte l'intérieur de tente.
Astana
Bah t'es belle, tiens. Mais tu manques un poil de crédibilité pour une momie tout droit sortie de son sarcophage.

Astana a œuvré par automatismes tout du long, se contentant de répéter des gestes appris et maîtrisés - qui à force de pratique lui sont devenus aussi naturels que de respirer - et découvre à peine le travail abattu afin de la garder en un seul morceau. Une légère moue appréciatrice fait son apparition, bientôt suivie d'un hochement de tête. Gerfaut a fait du bon boulot. Et puisqu'il n'est plus en vue, la pudeur n'est plus de mise non plus. Plutôt que de s'imposer de nouvelles gesticulations désagréables, à presque s'en démettre l'épaule pour en montrer le moins possible, Astana défait un nœud et se met simplement debout. Certes, l'on a vu la mercenaire faire preuve de plus d'équilibre, mais cela lui permet de récupérer sa chemise passée de sa poitrine au sol ; en plus de se bidonner bêtement. Elle a dix piges à nouveau et a l'impression de faire quelque chose de répréhensible en ne la repassant pas immédiatement. Quoi ? J'aère ma peau. Si.

Sinon, l'écharpe ? ...

Dans le coffre situé non loin, un compartiment contient tout le nécessaire. Au milieu des fioles, des onguents et des bandelettes : un large bout d'étoffe déchirée dont elle s'empare.


- « Gerfaut ? »

La dextre s'avance comme pour brandir la future écharpe en trophée, et Sørensen remarque alors qu'un truc cloche. Pourquoi deux couleurs différentes en main ?


- « NON. 'ttendez ! »

Ta chemise, Sørensen. Ta chemise. Elle se couvre à nouveau en prenant soin de ne pas brusquer l'épaule amochée, reboutonne le tout en quatrième vitesse, loupant un bouton au niveau du ventre. Avant de le rappeler, elle lance un mauvais regard à la bouteille en contrebas, qui a manifestement fait un peu plus que l'anesthésier.

- « Vous pouvez entrer maintenant. »


Petit rire foireux. Parce que tout de même, on a frôlé la sacrée bourde.
_________________
Gerfaut
J’ai réfléchi, et peut-être qu’on aurait du panser comme on pourrait…
… mettre l’écharpe en travers.


Il est entré en essayant de ne marcher sur rien, entre la bouteille, la chemise tachée, et d’autres choses. Lorsque Gerfaut a finalement levé les yeux sur la blessée, son débit de parole déjà calme s’est soudainement ralentit encore. Trois secondes de silence. Il finit par tendre le bras et récupérer l’étoffe, tout en formulant le constat que :

Comme dans mon souvenir… Vous avez boutonné dimanche avec lundi.

Mais il ne s’y attarde pas. Déjà il est passé dans son dos. Quelques plis lui permettent d’obtenir de l’étoffe un lé de largeur d’avant-bras plus un empan, qu’il vient placer en bavette autour du coup d’Astana – mais une bavette dotée d’un repli, où elle peut poser le bras.

Si votre nuque fatigue, et si vous ne craignez pas que l’écharpe appuie dans votre dos sur la plaie, on pourra toujours essayer de la poser en travers, de sous l’aisselle gauche à l’épaule droite. En attendant, placez votre bras, que je noue à bonne hauteur.

Et tout en finalisant l’opération :

Après ça, vous vous posez, et vous fermez les yeux.
Astana
Avant toute chose, Astana appose la dextre contre sa nuque pour l'aider à craquer. Chaque articulation aurait besoin d'être soulagée ainsi, tellement t'es toute de traviole à force de ne jamais prendre soin. Ou si peu. Ho, les courbatures sont déjà là, tapies dessous l'étoffe et la chair. En attente. Mais ne se pointeront vraiment en grande pompe qu'au réveil. Le constat provoque un long soupir résigné de la part de la blonde qui, en plus d'être consciente de la chose, oscille entre surexcitation due à l'alcool et fatigue intense. Elle n'a pas envie de rester seule, mais n'entrevoit aucun futur possible sans un lit où elle serait vautrée. Un pincement désagréable au niveau de l'omoplate gauche renvoie ses réflexions au placard.

- « Les prochains jours me seront de toutes façons des plus inconfortables. »

C'est déjà le cas puisque le pincement se manifeste à nouveau. Elle fiche immédiatement la main dessus et le regrette tout aussi vite. Astana s'est fait mal, aspire de l'air entre ses dents pour ne pas dire « aïe », le front plissé. L'écharpe ainsi placée fricote de trop près avec sa plaie à peine recousue. Et...


- « Je me connais... »

Rire nerveux. Raclement de gorge. Elle se tourne pour lui faire face, lutte pour étouffer dans l’œuf un nouvel éclat. Non, je me fous pas de votre gueule à vous mais de la mienne.

- « Si on laisse l'écharpe ainsi, je ne tiendrais pas dix minutes avec et préfèrerai me trimbaler avec un bras mort dès que vous aurez franchi le seuil de cette tente. »

Un point pour l'honnêteté. En temps normal, la danoise n'avertit pas quand elle compte faire quelque chose de foireux.

- « Je suis une vraie plaie, oui, mais je tiens à préserver votre travail de couture. Après, je vous laisse tranquille. Sous l'aisselle donc ? »
_________________
Gerfaut
A quelle occasion se sont-ils déjà trouvés ainsi, debout et si près l’un face à l’autre ? Le sol d’aujourd’hui est égal comme il y a presque deux mois au Blaireau Pontife, et de même à hauteur de ses yeux, ceux d’Astana grisonnent.

Soit. Si vous voulez bien vous retourner, que je recommence.

Le nœud premier n’était pas si serré. Il est rapidement défait, et l’étoffe repositionnée non plus en bavette mais en véritable écharpe. Le bras de la blessée est ainsi davantage maintenu contre son torse, et désormais, le large bandeau traverse son dos en diagonale depuis sous l’aisselle gauche jusqu’à l’épaule droite. C’est à cette hauteur que Gerfaut, attentif à ce que le maintien ne soit ni trop lâche ni trop serré, noue finalement les deux bouts de tissu.

Mieux ?
Astana
Quelques secondes de flottement trahissent la perplexité d'Astana. Non, ce n'est pas mieux puisque j'ai toujours un bras en moins, mais ça pourrait être pire. Le bras droit plutôt que le gauche, la carafe ou une jambe. N'empêche que ce n'est pas mieux. Juste, plus confortable. Il arrive souvent que la danoise ait une vision pessimiste des choses et s'avère incapable de laisser entrer la lumière, aussi infime soit-elle. L'esprit embué par un flot réflexions noires. En se tournant à nouveau, elle lui sert un sourire fade qui devra faire office de réponse puisque déjà, la blonde amorce un mouvement pour le dépasser et se saisir, non pas de la boutanche, mais de sa pipe laissée à l'abandon. Et au regard peut-être réprobateur dans son dos :

- « Vous vous êtes bien débrouillé. Mais apaiser mes nerfs, ça, nous ne pouvez pas faire. C'est ma dernière. »

Après ça, bourrer une pipe deviendra plus compliqué. Et l'allumer au briquet n'en parlons pas. Alors un peu de pitié.

Deux pas en arrière et la voilà revenue à sa position initiale. D'un geste du menton elle désigne une bougie plutôt que son briquet à silex en acier.


- « M'aideriez à l'allumer avant... d'y aller ? »
_________________
Gerfaut
Réprobateur, le regard ? On y lira ce qu’on veut, les traits de Gerfaut s’expriment peu.

Si c’est la dernière…

Il recule un peu, englobant du regard le petit espace de tente avec l’échalasse en son centre, avant d’entreprendre en quelques mouvements mesurés de remettre de l’ordre sous la tente.

Nous sommes déjà en fin de matinée. Qu’importe la méthode, reposez-vous. Mais ne vous assoupissez pas tout l’après-midi, ou vous manquerez de sommeil pour cette nuit. J’y veillerai.

Ce qui avait déplacé plus tôt retrouve sa place ou son rangement : le plateau d’accessoires de couture, le couchage. Au passage, il pousse du chemin la bouteille vidée, et ramasse au sol la chemise souillée qu’il glisse à sa ceinture. Enfin, il se dirige vers la bougie, et tout en s’y affairant :

Votre eau doit encore être changée, et votre chemise sera bientôt propre. Des fois que vous dormiez, je ne m’annoncerai pas, mais si vous êtes éveillée, vous saurez à la lumière que c’est moi ; j’entrouvrirai le bas de toile quelques secondes, avant d’entrer.

Une lueur rouge éclot entre ses doigts. Lorsque l’allumage paraît certain, il s’en écarte. Un dernier regard sur Astana, qui éclairée par contrebas, est sublimée dans ses contrastes. Puis il sort.

Dehors, contraste aussi : le camp baigne dans la lumière et la chaleur d’un soleil de juin, mais un petit souffle court dans les allées, véhiculant le brin de fraîcheur bienvenu et balayant les dernières fatigues de la nuit. Entre les tentes et les brouhahas annonciateurs de déjeuner, l’humeur semble bonne. C’est un beau lendemain de bataille. Tout en rejoignant son quartier, Gerfaut se frotte machinalement le bras, et remarque une chair de poule. Sa chemise est encore un peu humide dans le dos, mais elle aura tôt fini de sécher.
Astana
Une fois le museau décemment enfumé et son pieu retrouvé, Astana lâche prise. Elle sombre dans un sommeil lourd, sans rêve, tant et si bien qu'elle peine à ouvrir les yeux pour faire acte de présence lorsque Gerfaut se pointe dans les parages. Même, elle grogne presque lorsqu'il l'oblige à se redresser pour changer ses bandes souillées. Un vrai poids mort. Les courbatures sont là, bien à leur place, la barre au crâne aussi. Elle n'aspire qu'à faire taire le monde alentour qui lui esquinte les esgourdes et la rend nerveuse, puis à fermer les yeux à nouveau afin que les heures filent.

Je m'en bat l'orbite de pas avoir sommeil cette nuit, qu'elle lui dirait bien. Ce soir je guette nos pertes alors tant mieux. Qu'est-ce que tu crois ? J'aimerais bien aller me faire chauffer les os au soleil et tout balancer aux orties, moi aussi. Mais je peux pas. Alors pioncer tu vois, c'est pas si mal comme perspective d'avenir. Ça empêche d'être trop aigrie, ou d'envoyer paître cette maudite écharpe qui rend bonne à rien. Laissez-moi faire la gueule un temps, plisser le front et songer à des choses pas bien nettes. J'ai peut-être les crocs qui rayent le plancher, comme on dit, mais ça passera sûrement avec la venue de la sorgue.

Au deuxième passage, il lui rend une chemise propre qu'elle s'empresse de ficher contre son front après l'avoir trempée dans la bassine d'eau claire, en quête de fraîcheur. Les pires heures, celles où le soleil tape fort et haut, sont encore présentes bien que sur le déclin. Son homme de main veille au grain, lui porte de quoi s'hydrater. Quand bien même ce ne soit que de l'eau. Si la danoise prend des airs à demi scandalisés en reniflant le breuvage ? Si fait. Mais lui doit bien voir que ce n'est que pure comédie et qu'elle est bien contente de trouver de quoi s'abreuver correctement. Elle n'aurait de toutes façons pas pu avaler autre chose, sous peine de vomir son dernier repas, tripes comprises. Comme il s'apprête à prendre congé, il demande : souhaite-elle manger ? Non. Autre chose ? Non plus. Il soulève le pan de la tente au moment où elle murmure « quoique, fumer c'est possible ? ». Trop tard. Sûrement qu'il ne l'a pas entendue, pas plus qu'il n'aura saisi le « merci » qui a suivi.

Le troisième passage est un loupé complet, ils ne sont pas croisés. L'obscurité couplée au silence au-dehors lui indiquent que le gros de la troupe doit se trouver au front. Mais depuis combien de temps ? La langue claque contre son palais. Astana n'est pas femme d'adieux, ni d’au-revoir, mais dans le cas présent elle n'a pu voir personne partir et bien que ne versant pas dans la superstition en général, Sørensen a tendance à croire que ça porte la guigne. Il lui faut aller à la pêche aux infos. Elle s'extirpe du lit, constatant au passage que certains muscles se sont dénoués, et s'écrase le pied gauche sur quelque chose de dur. Juron qui fuse. Quel est le blaireau qui...


- « Oh. »


Faible sourire de contentement.

- « Vous m'avez laissé dormir, en fait. »

Sous ses yeux une pipe bourrée, prête à l'emploi.
_________________
Gerfaut
Pendant ce temps, ailleurs.

Il n’a pas vu venir le coup. Paré trop tard, trop de travers, la puissance portée lui arrache son bouclier. Il sent l’arme lui pénétrer le ventre, puis s’en dégager en même temps que le sol se rapproche et qu’un coup de pied le cueille dans les côtes. Et déjà, l’adversaire s’éloigne avec son fer rougi.

A un moment, il a trouvé une palissade contre laquelle s’appuyer. Ses deux mains sont en compresse sur le flanc gauche, et d’entre ses doigts fuit un sang noir. On court devant, sans s’arrêter pas, car la nuit est loin d’être finie. La vue brouillée, les dents serrées, Gerfaut lutte contre l’inconscience. Second combat perdant.




~ Campement des Lames d’Amahir, près de Vesoul.
Dimanche 14 juin, autre lendemain ordinaire de bataille. ~


Retour à une réalité confuse. Ballet de bourdons à ses tympans, de lumières sur l’écran de ses paupières closes. Ça fourmille jusque dans ses doigts gourds, lorsqu’il porte mollement la main gauche à son front moite. Puis ça se réveille d’un coup. Peut-être un faux mouvement, une inspiration mal inspirée : vannes ouvertes sur une déferlante de douleur.

Pas de transition de l’engourdissement total à une conscience aigue de ses blessures. Il s’entend gémir, serre les dents, crispe les poings, et tente de modérer son souffle. Après une courte série de cycles respiratoires qui lui arrachent chacun une grimace, il finit par dégager ses yeux de leur colle. Il est temps de constater visuellement l’étendue des dégâts. Mais ce temps est très court ; il rompt l'effort dans un halètement douloureux. Il a tout juste entraperçu de généreuses fleurs purpurines couvrant la surface d’une main – ou plutôt d’un pied – d’homme au niveau de ses dernières côtes gauches ; et à peine plus bas, à trois pouces de son nombril, des pièces de charpie imbibées d’écarlate.

Il referme les mirettes sur un sourire crispé. S’il est torse nu, c’est qu’on a sans ménagement déchiré son vêtement du col au bas. Cette chemise n’échappera donc pas à son destin – celle-là même qu’il avait pris soin de recoudre la veille après la démonstration d’Astana.

Astana. Il rouvre des yeux attentifs sous un front froissé. Quelque part sous la grande toile de tente, entre les soignants qui circulent, ceux comme lui allongés à même le sol, et dans les relents de sang et de sueur, quelqu’une gueule d’un accent inimitable. D’autres semblent tenter l’apaisement du sujet vociférant, sans succès.

Gerfaut expire silencieusement, renonçant à garder les yeux ouverts. Son flanc gauche entier irradie d’une sensation chaude, sourde, martelée, qui l'assaille par vagues de souffle. Il attend.
Astana
- « C'est ça, et moi je suis la Reyne des Blaireaux ! C'est non. »
- « Écoutez, vot' gars est complètement à l'ouest de toutes façons. Qu'est-ce que ça change ? »
- « Qu'on ne saigne pas les gens pour un rien ! On est plus en 1420 ! »
- « Mais puisqu'on vous dit qu'il sentira rien dans son étaaaaaaat... »
- « Elle pue votre logique. Dans ce cas laissez-moi vous assommer et vous charcuter, puisque vous sentirez rien ! »


L'Astana cassante se fraye un chemin entre les deux énergumènes tel un couteau entre deux os. Ils ne se repointeront pas avant un moment, jusqu'au prochain éclat de génie foireux. Comme la fois d'avant et celle d'encore avant, lorsqu'ils avaient découvert Gerfaut inanimé, tout sombre sur sa planche, et qui profitant que leur chef était parti en vadrouille, avaient suggéré de peaufiner leurs points sur son cuir avant de brûler son cadavre encore chaud et même-pas-mort. Bande de charognards.

La chaise à son chevet est regagnée en quelques enjambés. Une fois assise, elle observe longuement son homme de main inerte, la mine peu amène. T'as quelque chose de coincé dans la gorge, Sa Blondeur ? Le problème c'est que t'as assez d'âge pour savoir comment tourne le monde et assez de jeunesse pour pouvoir encore en être déçue. Rester trop longtemps dans le flou use les nerfs déjà bien éprouvés de la danoise. Le rouge qui lui est monté aux joues n'est pas encore redescendu, si bien que lorsqu'elle se penche à son oreille pour lui parler, l'accent sonne encore tout tranchant :


- « Ça fait trois fois que je vous sauve de leurs griffes. Je ne vais pas pouvoir continuer comme ça éternellement. »


Froncement de sourcils et raclement de gorge. Tentative d'adoucissement.

- « Voulez pas arrêter de faire votre sucrée et vous réveiller ? Criez, je sais pas... »

C'est ça, t'as raison. Avec un accueil pareil, il y a de quoi vouloir traîner dans les limbes encore un peu.

Plis sur front soucieux. Elle fiche le dos de sa main contre sa joue, puis son front. C'est moite. Ni brûlant ni glacé.

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Gerfaut
L’inconscience guettait derrière l’attente. C’est d’abord par réflexe animal qu’il s’est vivement dégagé du contact, un peu comme en somnolence, on se débarrasse d’une mouche sans ouvrir les yeux. Et comme on ne souhaite pas qu’elle revienne, on s’en protège derrière le couvert de son bras.

Quelques minutes.

Gerfaut finit par tomber mollement le rempart, après s’être recomposé un peu d’esprit derrière.


Vous ne dormez pas.

Des mots empotés, ou en potée : ça manque de clair dans sa bouche. Ses yeux en revanche recouvrent peu à peu de leur flou, et l’effort de rassemblement mental est lisible sur son visage. Celui de de ne pas céder à la douleur l’est tout autant, lorsqu’il entreprend de se dresser sur les coudes. Le projet avorte cependant sur le cuisant rappel de ses blessures aux côtes et à l’abdomen. Il serre alors les dents, et laisse échapper :

Partez.
Astana
Cette réaction épidermique était à prévoir. De sa main rejetée, Astana n'a rien fait, elle est restée suspendue dans l'air le temps de lui trouver une place plus adéquate. Sur son propre genou. Trop abrupt, comme réveil ? Sûrement. La danoise n'a jamais su faire ça correctement. Et comme il n'a pas l'air particulièrement réjoui par le fait de la trouver à son chevet, tandis que la douleur doit l'assaillir de toutes parts, Sørensen garde la lippe scellée. Laisser passer l'orage d'une situation familière, faire le dos rond.

Lorsqu'il lui indique gentiment la sortie, aucune réaction ne vient. Moment de flottement.

Nez baissé sur son genou, la blonde s'est fabriqué une mine absorbée et gratte une tache de terre de l'index, front plissé, puis balaie le surplus d'un revers de main. L'esgourde est à l'affût d'une suite qui ne vient pas, et comme le tissu a repris sa teinte charbon, elle relève la tête. La grisaille accroche directement son regard.


- « Navrée, vous disiez ? »

Sans le quitter des yeux, elle se penche à sa gauche pour s'emparer d'un verre rempli d'eau, qu'il finira bien par boire à un moment donné.

- « J'ai cru que vous me viriez, mais j'ai dû mal entendre. »

Oh, t'en veux probablement à la terre entière, mais je t'assure que ça aurait été pire si tu t'étais réveillé au beau milieu d'inconnus gémissants, sans l'ombre d'un faciès amical à l'horizon.
_________________
Gerfaut
Les bras le long du corps, après avoir sommairement rabattu ses deux pans de chemise déchirés sur la peau, il n’a plus bougé d’un iota. Sinon pour soutenir du regard le jeu de l’autre. A l'issue de quoi, prenant la peine d’articuler, et bien planté dans ses mirettes :

Partez.
Astana
Haussement de sourcils. Verre d'eau reposé.

C'est ça, enveloppe-toi dans un semblant de pudeur, et surtout sois désagréable Gerfaut. Parce que j'ai jamais vu un torse d'homme avant, ni recousu personne, et que j'ai pas le souvenir d'avoir été un jour en rogne ou blessée non plus. Elle ramène son bras droit contre le gauche comme pour les croiser, serre jusqu'à s'y enfoncer le bout des doigts. La mâchoire est crispée pour faire barrage à certaines choses qu'elle pourrait dire. Agacée, parce que ne pigeant pas si c'est son égo qui cause ou qu'il ne veut effectivement pas la voir dans les parages, elle finit par froncer les sourcils et rétorque :


- « Non. »


Et peut-être que c'est une mauvaise idée, n'ayant pas forcément envie de tendre l'autre joue pour prendre une deuxième gifle, mais Astana ne compte pas bouger d'ici. Pas encore en tout cas. S'il l'envoie sur les roses à nouveau, elle lui tournera le dos et lui fera probablement comprendre à quel point l'être humain peut s'avérer stupide et borné. Dieu sait que la danoise n'est pas en reste d'actions foireuses, et que le dédain n'est jamais bien loin. En attendant, elle ramasse le verre qu'elle tend à mi-chemin entre eux.

- « Vous êtes faible. Devriez boire quelque chose. »
_________________
Gerfaut
C’est la main poisseuse de son propre sang séché que Gerfaut couvre l’écart restant. Est-ce parce que le sens du haut et du bas ainsi que celui de ne pas épancher de liquide est un peu faussé lorsqu’on est allongé, que la douleur handicape son mouvement, ou que le geste est de mauvaise volonté ? ; il cueille lentement son verre.

Merci.

Il a cependant posé la timbale sur le côté sans y boire. Son regard s’est lui tourné vers le plafond de toile. On devine la pensée faire son chemin, et la souffrance aussi, qui remonte occasionnellement de son ventre pour paraître sur ses traits soudain crispés. Hors le souffle, il demeure taiseux. Et tout aussi silencieusement entame-t-il une nouvelle manœuvre en vue de se redresser.

Par gestes lents mais continus, il bascule sur son flanc droit – l’intact –, tournant ainsi le dos à la blondeur. Puis, repliant les jambes et s’appuyant sur les bras, il parvient, à grand renfort de respiration retenue et sans excessivement solliciter sa ceinture abdominale, par atteindre une position assise de tailleur. On devine ensuite qu’il entrouvre le pan gauche de sa chemise pour examiner ses blessures. Un sifflement s’échappe d’entre ses lèvres lorsqu’il écarte le bouchon de charpie qu’on lui avait apposé, sans doute pour pour étancher l’écoulement de sang. Il le remet rapidement en place, et moins rapidement, récupère de son opération.

Enfin, il s’empare du verre d’eau pour en vider le premier tiers. Puis, sans se tourner par-dessus son épaule, il s’adresse à celle qui est demeurée.


Rien ne vous oblige à rester plutôt que de vous reposer comme vous le devriez.
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