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[Rp] Tout est poison, excepté nos habitudes.

Alcimane_
Tes "aujourd'hui" seraient peut être plus beaux si arrivais à oublier tes "hier".





Quasiment deux ans.
Jean_jack n'était qu'un vague souvenir dans son esprit. Quelques frissons de temps en temps alors qu'elle a un geste plus saccadé d'une épaule voulant attraper un pot en hauteur. Deux marques sur ses avants bras qu'elle prenait le temps de camoufler la plupart du temps. Il l'avait drogué, violenté, vu quasiment nue, blessé, fragilisé, tué. JJ de son petit nom, avait disparus sans qu'on ne puisse lui mettre la main dessus malgré les recherches qu'elle avait entrepris. Comme un fantôme qui hantait la jeune femme, qui possédait bien plus de séquelles qu'elle ne laissait l'entendre. Au début, le traitement avait eu pour but de la soulager physiquement. Les drogues l'avaient sans doute sauvé et puis, jour après jour, elle avait été incapable de s'en défaire. Au contraire, elle y avait plongeait la tête la première dedans, se noyant doucement.

Le pire dans tout ça, c'est qu'elle était totalement inconsciente sur sa santé, et fermée sur le sujet. Tout allait bien.

Jean_jack n'avait plus jamais fait reparler de lui. Jusqu'à aujourd'hui où, glissant une plume un vélin, il venait de commanditer la suite de son cauchemar dans une lettre des plus directe, promettant une forte somme d'argent à qui pourrait lui mettre la main dessus et pourrait la marquer de nouveau. Comme en souvenir du bon vieux temps. Le contrat était simple : plus elle aurait mal plus le paiement serait important. La description de la jeune femme ne faisait pas de doute puisqu'elle était totalement conditionnée dans ses déplacements. Toujours les mêmes rues, les mêmes étales, les mêmes personnes aux mêmes heures. Conditionnée pour se rassurer.



Oc comme d'habitude.
Mêsme quantité.
Pouvait on entendre à proximité.

Vos n'auriez plus de pomme ?
Non pas rouges. Les vertes oui.


Elle avait reprit sa vie et de l'eau avait coulait sous les ponts depuis sa séquestration et, elle n'en parlait jamais. Ce souvenir était refoulé au plus profond d'elle et si par malheur elle y repensait, un petit cachet en bouche et tout disparaissait. Facile.


La Malemort n'était plus cette jeune femme souriante mais bien un bloc brut de froideur qu'elle prenait comme bouclier, limitant l'approche des non-désirés. C'était une pâle protection pour les personnes la connaissant. Elle ne faisait pas partie des femmes aux belles formes pour attirer la gente masculine : pas de hanche pour enfanter, pas de poitrine pour allaiter, ni lèvres gourmandes. L'on pourrait la qualifier d'un gabarit proche du "sac d'os", à la poitrine discrète et plutôt élancée en taille. Ce qui n'arrangeait rien à cette impression de refuser de manger pour le plaisir. Lorsqu'elle sortait pour se rendre sur les étales des marchés, elle fuyait largement les bouchers et se rapprochait volontiers des maraichers ou mieux, les paysans locaux vendant des herbes et des graines. Pas radine pour un sous, elle reconnaissait le travail de forcené des paysans, qu'elle admirait presque autant qu'elle s'en méfiait. Elle n'exposait pas condition sociale mais il aurait fallu être aveugle pour ne pas se rendre compte qu'elle n'avait jamais retourné la terre pour se nourrir. Ses braies étaient de bonne facture, ainsi que sa chemise. Elle arborait d'horrible poulaines vertes gazon offertes par sa cousine. Le tout recouvert d'un solide manteau à fourrure. Deux bagues et un collier. Rien de plus. Déjà trop sans doute.

Le trajet était souvent le même. Elle terminait en achetant un sachet de lavande pour finir dans les ruelles plus sombres, en contrebas. Vicomtesse, il lui était impossible de se fournir seule et de se faire voir. Avec le temps, elle avait prit l'expérience de ne pas se mettre en première ligne. Un homme de main pour faire ses achats moins catholiques, ou, au besoin, un jeune sur place. Il ne lui restait plus qu'à réceptionner le petit paquet et de fournir quelques pièces d'or en guise de remerciement. Pas de parole et elle tournait déjà les talons.


La machine était bien rodée. Son esprit était presque en paix avec ce nouveau voyage en vu. Bousculée plusieurs fois dans les ruelles, elle ne relevait pas, marchant stoïquement pour ne pas perdre de temps.

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Rouge_gorge
- Est-ce politique?
- Non, purement personnel, rassurez-vous.
[...]


- De quoi avez-vous besoin?
- D'un boisseau de sel et pas de questions.
[...]


- A qui ai-je l'honneur?
- Au Maitre-Chanteur.


A l'appel d'offre, Rouge avait raflé le contrat d'une main de maître, promettant des maux dont le corps se souviendrait et dont l'esprit...Pauvre de lui. Pourtant l'Oiseau n'était pas un psychopathe, il était méticuleux, créatif et détaché.

Cueillant les informations sur la victime, l'Oisal au Chapal avait pris le temps d'en vérifier la véracité. Quelques jours à flâner dans les rues, sans jouer la carte de la discrétion, lui avait permis de confirmer: la brune était réglée comme du papier à musique. C'était à la fois un avantage et un inconvénient. Sa disparation en alarmerait certains, pour sûr. Avant de songer à l'après, il fallait amorcer l'approche. Le plus simple, et ce dont usait souvent le Maitre-Chanteur, c'était d'endormir la confiance. Dans son allure de saltimbanque, on doutait fort de ses talents sous-jacents.

La Brune, comme prédit par le commanditaire, alla récupérer son pochon de psychotropes et Rouge, après avoir demandé la même chose au receleur, pressa le pas pour rejoindre sa cible. Une fois, à ses côtés, l'Oiseau travailla ses traits en une moue embarrassée pour plus de crédibilité et lança à voix basse:


Navrée de vous importuner, Dame. Je n'ai pu m'empêcher de vous croiser chez..hum..le marchand.

Avec la discrétion de ses gants de cuir, l'Oisal au Chapal dévoila son sachet pour être plus clair sur le vendeur en question. Elle reprit d'un ton aussi gêné que son air l'imageait:

Je suis nouvelle en ville et je suis nouvelle dans ses choses-là aussi... Je me disais que vous pourriez m'aider peut-être? J'ai...j'ai vraiment besoin d'aide, vous savez.

Une artiste en détresse, ça court les rues. Il n'y a qu'à les entendre clamer leur désespoirs dans leurs chansons....

J'ai une petite chambre dans une auberge à deux rues d'ici. Je vous demande juste de m'expliquer comment on prends...ça et je vous offre la moitié de mon pochon en guise de remerciement.

Un sourire troublé illumine les traits de la comédienne. Pourquoi avait-elle choisi cette sombre voie quand elle aurait pu briller sur les planches?
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Alcimane_
Sur le moment, la présence de la saltimbanque ne lui attira pas l’œil, et au contraire, elle continuait son trajet, relativement calme. Puis, au fil, l'ignorance ne semblait pas fonctionner, elle se crispa puis stoppa son pas, tournant les mirettes vers la jeune femme. Elle ne payait pas de mine mais le culot dont elle faisait preuve rendait notre Malemort très mal à l'aise. Une distance de sécurité d'au moins deux mètres étaient de mise.

S'assurant que personne n'allait entendre, elle lâcha du bout des lèvres.


Chez lo marchand.

De pomme ?
De lavande ?
De friperie ?
Évidement que non mais. Elle détailla l'incommodante et secoua la main. Agacée.

Les yeux ronds, le visage surpris et sur la défensive. Alcy recula encore d'un bon pas.


Enfin, vos êtes folle ? Je ne sais mesme pas de quoi vous parler et vos pensez réellement que je vais vos suivre ? Vos. Une femme que je ne connais ni d'Adam ni d'Eve, et qui m'invite dans sa chambre. Petite qui plus est ! Vos vos êstes vraiment dit "Ô, elle va sans doute me suivre". Je crois que vos en prenez depuy longtemps te.

Mettant son doigt sur sa propre tempe, elle mima un petit "vous êtes folle". La prenait elle pour une droguée de bas étage prête à vendre son fessier pour trois grammes de plus ? Pire, pour une catin. Dans un autre temps, elle aurait suivit les yeux fermés et la bouche en cœur. Il n'en était plus. Elle avait trouvé le bon dosage pour ne plus jamais être en manque, ni même laisser paraître qu'elle en prenait. Une vraie experte pensait elle.

Secouant la main, lassée.


Gardez vostre pochon. Et arrestez de l'agiter à tot va. Vos allez vos faire embarquer. Maintenant, permettez. J'ai des choses à faire. Adieussiatz.

Lui passant à côté, elle envisagea de reprendre sa route. Non mais.
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Rouge_gorge
Arborant une mine contrite en essuyant les remarques de la Malemort, Rouge se joue effarouchée quand cette dernière ajoute quelques pas de distance entre elles. L'Oiseau range discrètement son pochon dans son veston bariolé et se glisse en travers du chemin de la brune pour reprendre de plus belle.

Vous avez raison, ma dame! Ma détresse est telle que je m'accroche à maintes bras...

D'un pas de plus en avance, la Cendrée se joue des distances entre respect et intrusion dans l'espace vital.

On me nomme Rouge-Gorge, l'Oisal au Chapal. Je suis une artiste. J'ai perdu mon inspiration suite à une peine de coeur inconsolable... Je suis en quête de mes mots et d'un peu de compassion.

Les prunelles se font yeux de biche tandis que patte gantée se tend vers Alcimane.

Voilà, vous savez tout de moi et moi, je ne sais rien de vous...Pourtant, ma dame, je vois en vous beaucoup de sincérité, pourriez-vous me tendre la main et m'épauler un temps? Votre accent est si chantant, je suis certaine que je pourrais trouver quelques rimes à vous écouter...

Les lippes se fendent en un léger sourire. Ne montre pas les crocs si tôt, Oiseau.
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Alcimane_
Elle soupire.
Non pas que les mots la touchèrent, bien au contraire. Mais il lui semblait évident que de se débarrasser d'un morpion ne serait pas facile. Comme une sangsue en mal de sang, la jeune dénommée Rouge-Gorge l'angoissée. Rouge-gorge. Comme l'oiseau ? Naturellement, Alcy déposa son regard sur le cou de celle ci afin d'y trouver une explication des plus terres à terres mais en vain.

Plissant les plissant, elle croisa les bras.


Vos m'oppressez.
N'en prenez pas offense mais je me moque un peu de vostre histoire. Je suppose que l'on à tous nostre lot de cœur brisé ainsi que ... enfin. Vos devez vraiment êstre désespérée per parler ouvertement à n'importe qui en ruelle.

Qual es fol quand nais, toda la vida s'en patis *. Soit, une artiste. Je suppose que vos prendrez application à votre œuvre.


La main tendue est avisée. Méfiance.
Puis, elle acquiesce sans toutefois la prendre. Mon dieu que fais tu jeune candide ? Pars en courant.


Oc.
Entendu. Je vos suis. Montrez moi donc vostre "petite" chambre. Je vos accorde vingt minutes. Après ce délai, l'on viendra me chercher sans ménagement. Et cet homme
Le montre d'un signe de tête. se fera un plaisir de vos faire chanter si jamais.

Elle lui montra la ruelle, l'invitant à lui monter le chemin. Tout droit dans la gueule du loup, mais alors les deux pieds dedans. Limite à s'auto-tirer une balle dans le pied.

Dépêchez vos.


* Qui est fou à la naissance, toute la vie s'en ressent.
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Rouge_gorge
A la mise en garde de représailles, Rouge ne cille pas. D'ailleurs, à la désignation de l'homme, elle agite un gant pour le saluer. Jean_jack l'a prévenu qu'elle serait surveillée mais lui et ses petits sbires se chargeraient de distraire ses gardes. L'Oiseau a demandé trois jours et trois nuits pour défaire la Malemort de toute once de vie. Si son existence devait à nouveau avoir un goût après cela, il serait...salé.

Si Alcimane avait hésité encore, elle aurait pousser bien fort la chansonnette mais vu que celle-ci a cédé, la Cendrée se contente de siffler une ritournelle en la menant à son auberge. Ce n'est pas l'une de ces bâtisses avec pignon sur rue, non, il faut s'enfoncer entre les pans de mur pour atteindre l'huis. Pour une saltimbanque sans le sou, ça tient la route jusque là. La salle commune de cette enseigne est étroite et peu animée. Le tenancier est posté derrière son comptoir quand l'Oisal au Chapal fait son entrée colorée. D'un gant, elle tient la porte à la brune et de l'autre, l'invite à franchir le seuil. L'accueil est bien plus fade derrière le bar mais qui s'en soucie réellement?

Après avoir contourné la table centrale où deux hommes avachis sur les bancs se regardent dans le blanc des yeux sans piper mot, Maitre-Chanteur grimpe les degrés qui les mènent à l'étage. Sourire étiré depuis l'acceptation de la Droguée, Rouge réalise devant sa porte qu'elle a oublié sa clef en bas et s'excuse maladroitement, délaissant la jeune femme sur le pas de sa porte pour aller la récupérer. Le temps s'égraine et de nouveaux pas se font entendre dans les escaliers.

Ce n'est pas l'artiste qui monte mais l'un des deux hommes qui étaient attablée en bas. Il lègue un sourire dans son sillage avant que l'Oiseau ne réapparaisse, clef en main. La porte s'ouvre sur une chambre vide: pas de couche, pas de mobilier, il n'y a qu'un baquet qui trône sur les planches de la pièce.

Grande surprise, hein? Pour une pointe d'extrême rebondissement, un lourd poids s'abat sur l'échine de la Malemort. Maitre-Chanteur n'a pas bougé, tenant le battant de l'intérieur. Ce sont les bras musclés de l'homme trapu qui ont fondus dans le dos de la silhouette. La Cendrée est un compositeur-interprète et son plan est orchestré au millimètre près. En bas, la boutique a fermé. Le commanditaire est fou et riche, il n'a de limites que l'ingéniosité dont regorge l'Oisal au Chapal.

En scène, Maestro...

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Alcimane_
Parfois, elle se demande pourquoi elle est si bête. Si candide. Si pleine d'espoir. Depuis sa rencontre avec Jean-Jack premier, elle avait perdu foi en l'humanité. Du moins, pour une bonne partie. Et paradoxalement, elle se retrouve là, à monter les marches d'une bâtisse prête à rendre l'âme, à suivre une femme inconnue. Au moment où la clef tourne dans la serrure, quelque chose lui tord les tripes et, alors qu'elle s'apprête à faire demi-tour et fuir cet endroit, c'est le trou noir.

Rapide.
Efficace.
Le phasme bâton est Ko.

Elle se réveilla plusieurs longues minutes ? Heures ? Plus tard, un mal de crâne ambiant. Mais si seulement cela pouvait s'arrêter à un tambourinage dans son crâne. Elle en avait vécu des lendemains de soirée désagréable. Se jurant sur l'instant de ne plus jamais recommencer et de franchir la porte d'un club top select le soir même. Comme quoi, les convictions s'ébranlent plus difficilement encore qu'elles ne s'établissent.

Gémissements de réveil.
Elle ouvre les yeux et, désespoir, l'image est nette et sans bavure. Noir.
Remuant ses mains et ses pieds, elle constatera presque blasée, qu'elle est ligotée comme un rôti dominical qu'on s'apprête à enfourner. Impossible de parler également, sinon elle aurait hurler au moins pour reprendre son souffle. Privée de tous ses sens, Malemort n'en mène pas long et, l'horreur absolue semble lui courir sur l'échine. Il semblerait qu'elle soit nue comme un vers. Exposée à la vue de tous.

Panique.
Voulant se redresser de cette position inconfortable, elle se cogne durement le haut du crâne sur quelque chose de dur. Du bois ? Sous elle, elle peut sentir comme une toile. Autour d'elle, l'endroit est très étroit, trop étroit. De nature grande, elle se retrouve les jambes recroquevillées, bras dans le dos, la tête penchée. Plus aucun sens de valide. Ah non, elle entend mais pour le moment, pas un bruit. Mortuaire.

Angoissant.
Étouffant.
Oppressant.

Elle se pense dans un cercueil. Quasiment six pieds sous terre, avec sans doute, du public sinon pourquoi la mettre nue ? À la présomption de l'incompétence qui irrite, il faut savoir opposer la patience suprême, la douceur, et surtout essayer la conviction plus que la violence. Ne pas exiger l'autorité, mais la conquérir ; prouver et ne pas affirmer. Et quand tu ne peux prouver, il faut savoir se taire. Se taire et attendre, car pour le moment, elle s'en ferra saigner les poignets pour se détacher.

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Rouge_gorge
Lors de leur entrevue, Maitre-Chanteur a été très claire quand à la procédure à suivre sur les prochains jours en ce qui concerne les trois comparses que Jean Jack lui met à son service.

Messieurs, pas de viol ou de tripatouillage en tout genre. Vous gardez vos mains dans les poches! Vous vous pognez à l'écart de ma vue et de celle de notre invitée! Un écart et un seul sera regrettable de votre part. Comme on dit souvent "Les traîtres n'ont pas de couilles", vous ne voulez pas leur ressembler, n'est-ce pas?

Le milieu dans lequel évolue Rouge est difficile. Elle côtoie les chiens et doit se battre pour rogner l'os sans se faire voler dans les plumes. Mais elle a plus ou moins trouvé le filon du respect, à force d'expérience et de sympathie. L'Oiseau qu'elle est, n'épie pas ce type de lascars. D'ailleurs, elle ne lorgne sur aucun homme. Ça a le don de les frustrer, de les défier mais aussi de les rassurer en fond de leur carapace viril.

La suite des évènements est inscrit sur du papier à musique. Tous connaissent parfaitement la mélodie et s'ils chantent comme il se le doit, brilleront à leur tour sur les planches. C'était donc Roger qui avait assommé la Malemort. A l'aide de Joseph, l'homme qu'il observait à leur entrée dans l'auberge, ils ont déshabillé et ligoté Alcimane comme dicté par l'Oisal au Chapal. Philippe, tenancier des lieux, a préparé le décor de la pièce en amont et sert principalement, d’accessoiriste pour la mise en scène.

A tour de rôle, l'un des quatre comparses monte la garde devant la porte jour comme nuit. Au cas où, la brune saurait se désentraver, pousser la lourde plaque de bois sur son baquet et tenterait de fuir nue par la porte d'entrée de l'établissement. Aux désespérés, actes tout aussi désespérés.

Le trio restant coulent ses journées en bas, à voix basse et se séparent la soirée venue pour se reposer dans leur chambre attitrée. La Cendrée, pour plus de précautions, bloque même l'huis de la sienne avec une chaise. C'est dire à quel point, elle n'est pas sereine.

Quand Jean Jack lui a demandé de quel profil l'Oiseau a besoin, ce dernier a répondu: Joueur.

Début de soirée du premier jour, Philippe est posté devant la porte, Roger, Joseph et Rouge pouffent comme des cons, attablés dans la salle commune, à se raconter des boutades aussi nulles que grossières. Dans l'âtre, la buche craque et se fend.


Allez les amis, une dernière et on y va. C'est un enculeur de chèvres qui rentre dans un poisson en tenant son cerf!

Tandis que Roger et Joseph se meurent de rire dans leurs manches, Maitre-Chanteur encombre ses joues de pain et se couvre la bouche de son col incarnat.

Ché parti! Tout le monde chait che qu'il a à faire?

Les deux acquiescent derechef et vont chercher leur matériel avant de regagner l'étage. Philippe ouvre la porte avant d'aller quérir son propre attirail. Des bruits de seau se font entendre avant que Roger ne soulève la plaque de bois où "l'invitée" somnole. Rouge se penche sur la silhouette mise à nue et dégaine son arme fétiche. Celle qui la suit depuis des années maintenant. Un éclat de lame graisseux enroulé dans un cordon de cuir pour manche de fortune.

Ché l'heure du bain! Mais d'abord, on va vous donnéch' quelques couleurs!

Sur l'extérieur gauche de la cuisse au niveau de la jarretelle, sur le même côté extérieur du bras pour souligner le muscle de l'épaule et sur la joue gauche pour faire rougir la pommette, des entailles sont creusées. Petites et profondes, elles pourraient se refermer après quelques jours de soin. Apposées de la sorte, la marque est dérangeante sur le coup mais l'afflux de sang n'est pas très important. Peu de chance que la demoiselle succombe de ses premières égratignures.

Les prunelles sombres observent le carmin rouler en larmes sur l'ovale du visage. C'est une triste vision pour l'Oiseau qui ne fait qu'exécuter les directives de son commanditaire.


-Marquez-la! Qu'elle se souvienne à jamais de ce jour! Défigurez-la! Que plus jamais, elle n'ose se regarder! Je veux qu'elle s'oublie comme elle m'a oublié...

Rouge n'a pas osé demander le passif des deux. En vérité, elle s'en fout. Même s'il est sacrilège d'abimer un si joli minois d'après elle. Une fois, les couleurs redonnées, d'un geste de la main, elle invite les trois comparses à venir jeter leurs deux seaux d'eau froide dans le baquet. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça réveille!

Il y a exactement six seaux d'eau de quelques litres chacun retenu dans la toile du baquet en bois. L'Oisal au Chapal jette des poignées de sel dans le liquide. Assez pour le troubler.

Le niveau d'eau est encore bas, c'est à peine s'il baigne la demi-cuisse de la jambe posée à même la toile. Mais ce qui est sûr, c'est que c'est désagréable de croupir dans l'eau salée.

Joseph replace la planche de bois sans autre forme de procès, faisant fi de l'agitation à l'intérieur. Chacun repart alors un peu plus léger qu'à son arrivée. Les hommes avec leur deux seaux vides et la Cendrée avec son sac de sel.

Arrivée en bas, après avoir vidé et découvert son bec, elle siffle entre ses dents en remettant ses gants.


Ce que je déteste travailler les mains nues!
Pourquoi tu ne gardes pas tes gants, l'piaf?
Et prendre le risque d'en ronger le cuir, l'ami?


Parce que oui, le sel, ça ronge. Ça bouffe tout.
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Alcimane_
Somnoler est un mot assez faible pour qualifier son état. Les quelques minutes suivant son réveil, elle comate littéralement et retient des sanglots. Ce n'est pas le moment. Non, dure à la tâche, elle entrevoit l'idée de se détacher les mains mais pour le moment, c'est un zéro pointé. Elle fatigue même, voulant absolument se libérer, elle en oublie la douleur.

Puis vient le moment du bruit. Le premier qu'elle entend et qu'elle identifie. Elle entend parler. Deux personnes peut être. N'imaginant même pas être l’otage de cette femme aux allures grotesques, Alcy garde le visage baissé par simple réflexe de tendre l'oreille d'avantage. Va t'on lui demander de payer pour être libérer ? Ça ne lui posera pas de souci.

Une entaille sur la cuisse. Premier sursaut.
Une seconde quasiment au niveau de l'épaule. Froncement des sourcils.
Une troisième. Sur la joue. La plus douloureuse qui lui arrache un cris étouffé par le bâillon.


Hmmmmmmmmmm ! Elle est bâillonnée !

Le moment de se débattre est venu parce qu'elle a la mauvaise impression de subir quelque chose qu'elle connait déjà et qu'elle avait refoulé au plus profond d'elle. Deux années entières pour se reconstruire doucement. Lorsqu'on voit les dégâts que cela lui avait provoqué, il ne fallait pas être devin pour se douter qu'elle ne se relèverait pas si facilement de cette attaque. Elle sent le carmin glisser sur sa cuisse et sa joue et se recroqueville par instinct de protection. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle est incapable de laisser échapper la moindre émotion. Alors que son cerveau lui hurle de crier, son corps est incapable de le faire.

Splach !
Dans la tronche. Et de ... 6 !
Brutal réveil qui lui fouette le visage avant qu'elle ne détourne sa tête. Glacial, un peu comme un bain dans la Manche en plein mois de Février.

On lui balance quelque chose d'autre dessus mais elle est incapable de dire ce que ça sera. Pourvu que ça ne soit pas des vers, elle devrait s'en sortir qu'elle pense. En revanche dès que le sel lui touche la cuisse, elle se rend bien compte que quelque chose lui brûle et de nouveau, elle étouffe un petit cri.

De nouveau enfermée. Elle le sait par le manque de bruit qui lui arrive aux oreilles. le calme plat. Alors soit on l'a remise dans son cercueil, soit ils sont partis. Soit les deux. Voulant se redresser, la Malemort se reprend la planche de bois sur le crâne et peste intérieurement d'être aussi stupide deux fois. Sauf que cette fois ci, elle semble vouloir en sortir et après plusieurs manipulations de contorsionnisme dans son petit bain qui deviendra calvaire, elle donne un coup assez violent pour essayer de dégager cette planche de bois qui semble bouger.

Liberté ?

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Rouge_gorge
Après Philippe, c'est au tour de Joseph de prendre la garde. En bas, ça se baffre de charcutailles. Sur d'épaisses tranches de pain, terrines et autres pâtés sont étalés avant d'être englouties. Rouge a peu de tenue à table, elle se goinfre à s'en rendre malade, elle mastique le bec grand ouvert et bruyamment, ne termine pas sa bouchée pour discuter. La totale. Ces habitudes peu ragoûtantes et tenaces lui viennent de la rue, là où elle a passé le plus clair de sa vie. Se battre pour un bout de pain rassi ne l'a jamais dérangé ni même le partager d'ailleurs. Les couverts, c'est surfait pour elle. Son éclat de lame tranche ce qu'il peut, le reste se fera avec les doigts et les dents. Et sa bouche en a goûté des vertes et des pas mûres. Du fruit pourri mâché avec le trognon et parfois, les noyaux! Des plantes au goût savonneux jusqu'à celles qui foutent la coulante! Des cailloux...Parce que ça occupe le palais un temps et quelques uns ont un léger goût salé.

Le sel, parlons-en! L'Oiseau adore le sel! Ce goût piquant qui fait saliver. C'est le seul goût -avec l'amer- que son palais défoncé par la gnôle capte encore et lui procure des sensations. Mais le sel, c'est très cher... Alors pourquoi le gaspiller sur une pauvre victime qui barbote dans un fond de cuve?


J't'en pose des questions, l'ami?
Mais tu vas VRAIMENT gaspiller un boisseau de sel pour cette grognasse?!
Baisse d'un ton, putain...Et non, je vais pas gaspiller le boisseau complet pour notre invitée...Par contre, pose encore une question de trop ou dénigre-la devant moi et ton salaire* va diminuer drastiquement.
Tu fais chier, l'piaf!
Pardon, l'ami? Je t'entends pas, il y a tes grains de sel qui fuitent là...
Rien, j'ai plus faim.


Grosse ambiance à la tablée. La Cendrée ajoute un peu de graisse blanche et crémeuse sur sa mie et paf! Dans le bec, l'extase...

Le problème, c'est que son comparse est pas si joueur que ça et que l'autre a la conversation d'un bulot cuit. Dommage, elle, qui avait prévu quelques jeux pour passer la soirée, retourne à l'étage pour se poser dans sa chambrée. La piaule de l'Oisal au Chapal est mitoyenne avec la salle de bain de la Malemort.

Une plume griffe un parchemin de quelques vers, la mélodie tourne sous le couvre-chef démesuré. Elle l'entends prendre vie, en perçoit le rythme marqué comme de lourds tambours. De profondes sonorités comme si on cognait dans un fût de bois...


Putain de merde, c'est quoi ce bordel encore?!

Le bec sifflant est recouvert et dextre s'arme du coupe-bourse de fortune. Maitre-Chanteur ouvre sa porte pour jauger le Joseph assoupi à son poste. Senestre claque sous son nez.

Oh, l'ami?! Oh! Ça te dérangerait de faire ton boulot, hein? Va voir ce qui s'trame derrière. Et s'il faut, assomme-la, j'aimerai dormir en paix.

Ordre donné, l'exécution n'est plus de son ressort. Rouge retourne à sa composition, bercée par les bruits sourds qui éclosent derrière le mur.

En tempo, couillon! Et tape pas trop fort, didou! Il va m'casser, ce con...

* Le salaire était la ration de sel qu'on donnait aux soldats romains en contre-parti de leur travail. Le mot s'est ensuite étendu à l'argent qu'on donnait aux travailleurs pour qu'ils puissent s'acheter des vivres et, entre autre, du sel.

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Alcimane_
Liberté partielle.

Lorsque le bout de bois finit par chuter avec perte et fracas, elle n'en mène pas large et finit par se laisser tomber du baquet sur le plancher, la aussi dans un bruit sourd. Même si elle ne pèse pas lourd, un corps qui tombe de tout son poids, fait du bruit. La cuisse en feu, se demandant bien ce que pouvait être ce bain mortel. En position fœtale sur le sol, elle n'a qu'une envie, c'est de souffler sur sa cuisse pour faire passer la brulure.

La bouche ballonnée.
Les mains dans le dos.
Les pieds attachés.
Les yeux bandés.

Elle couine sur le sol. Sentant sa joue coulée et son cœur battre la chamade d'une mort certaine. Restant sur le plancher, elle active le seul sens qui lui reste : l’ouïe. Mais paniquée, elle ne peut entendre que sa propre respiration. Puis silence. Silence avant d'entendre la porte s'ouvrir bruyamment. Comme une enfant prise la main dans le sac, elle ne bouge plus. De toute façon, il lui était quasiment impossible de bouger : faire la morte. Un vers nu mort.


Hum ? Ça c'est le Joseph qui déboule.

Le Joseph en question ne semble pas prompt à mordre à l'hameçon et l'attrape par les pieds puis vient appuyer lourdement sur la plaie de sa cuisse. Oh, ça lui arrache un cri de douleur bien sur camouflé par ce foutu bâillon. Dans une lutte de survie, les deux jambes Malmortiennes se relèvent et viennent percuter le service trois pièces de l'homme. C'est justement à ce moment précis qu'elle réalise que c'est un homme, son ravisseur. Dans sa chute, il bouge le baquet dans un tintamarre digne des plus grandes bandas.

Qu'elle idée de faire ça. Joseph lâche prise, un instant, quelques secondes à peine avant que la sentence ne lui retombe dessus. Juste le temps à Alcy de reprendre son souffle, qu'elle reçoit sans doute, un coup de poing en plein ventre puis dans le visage. Huit côtes en moins -exagération- et une nouvelle marque sur le visage lui remettent les idées en place. S'en vient ensuite le coup de grâce : la tentative d'étranglement. Une belle pratique qu'elle repousse une première fois, toujours des jambes. Joseph finit contre le mur avant de l'attraper pour de bon.

Étranglée jusqu'à ce qu'elle perde conscience et retour à la case départ : dans l'eau salée, totalement inerte.

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Rouge_gorge
Le ramdam dure un temps, l'oreille aussi dressé que les plumes, Rouge écoute. Cet incapable serait-il capable de tuer la Malemort? Que faire si le plan échoue à cause de ce minable? L'Oiseau, visiblement anxieux, tourne et retourne dans sa cage. Il faut qu'elle rebondisse, toujours une mesure d'avance pour le Maitre-Chanteur. Les doigts gantés claquent nerveusement et les méninges s'activent sous Chapal. Les prunelles sombres erratiques vrillent dans un coin à l'autre de la chambrée. La vision s'arrime finalement sur l'imposant contenant cylindrique et bec se fend d'un sourire.

Un boisseau de sel, c'est environ 27kg de grains de ce condiment. C'est lourd, encombrant et extrêmement onéreux, hors de question pour la Cendrée d'en perdre le moindre gramme à cause de la maladresse d'un malandrin aussi con que ses chausses. Dans la taie d'oreiller, Rouge en verse une généreuse quantité avant de la nouer et de la ranger dans son armoire.

Là, le silence est assourdissant, l'Oiseau sort dans le couloir.


Alors?
Cette garce va bien dormir en paix!
Joseph, rassure-moi que tu n'es pas aussi con que tu en as l'air?
M'insultes pas, l'piaf! Elle ronfle putain!
Bien, en ce cas, je vais en faire de même, l'ami. Bonne garde.


Le reste de la nuit se passa sans encombres, dans un calme plat. Au petit matin, la Cendrée égraine une poignée de sel sur la table, en bon prince, dans le seul but d'apaiser les tensions du groupe.

Philippe? Tu sauras me sortir une nouvelle taie d'oreiller? J'ai bavé dessus cette nuit... Et sors du beurre tendre et tes miches les plus croquantes, veux-tu? A cette nouvelle journée, repas de roi!

Chacun va de sa tartine en y ajoutant son grain de sel. Les trognes retrouvent un semblant de sourire et une vague bonne humeur. Quelques instants plus tard, les hommes sont armés de leurs deux seaux d'eau et l'Oiseau au bec masqué, de sa poche de sel. L'huis s'ouvre puis la planche et l'oeillade noire couve l'invitée, baignant dans son jus. Son cou est violacé, ses côtes tuméfiés, le sang coulé a séché sur le cuir. D'un mouvement de poignet, les cuves sont déversées dans le baquet. Une à une, toujours aussi glaciale. Le nouveau niveau d'eau est troublée par la pluie de sel qui s'abat sur la silhouette. Le liquide blanchit un temps et avant qu'ils ne se dissoudent complètement, la planche est remise.

Les poings de l'Oiseau se mettent alors à en cogner le pourtour du bois. Sous les regards perplexes des trois comparses, la comédienne mime des clous que l'on enfonce. Coup de bluff, si ça ne dissuade pas la Malemort de se tenir tranquille dans son bain alors elle capitonnera vraiment le cercueil.

Pas un mot ne perce le silence, il n'y a que les bruits étouffés par le bâillon et l'agitation d'Alcimane pour résonner dans la pièce. Maintenant, place à la solitude, à la détresse, à l'abandon. Derrière la porte refermée, Rouge veille.

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Alcimane_
Le premier seau d'eau ne la réveille pas. Du moins, elle ne bouge pas et reste inerte presque volontaire. Presque parce qu'elle a l'impression d'avoir des couteaux plantés dans les cotes et que le moindre mouvement lui arrache des larmes et des cris. Toute la nuit, elle aura été en prise à des démons physiques mais surtout psychologiques. A pleurer, se calmer, se tourner, crier de douleur, reprendre une respiration qui semble impossible. Où est elle ? Dans une boite ? Pourquoi de l'eau ? Pourquoi la mouille t'on ? Pourquoi est elle nue ? Est elle en train de flotter sur un fleuve ? Non bien sur, elle a réussi à sortir une fois. Reprend toi Alcy. Et cette chose qui brûle lentement, qui lui grignote la cuisse, qu'est ce ? Des bêtes ? Est ce qu'elle va mourir ?

Second seau d'eau. Parlez moi. Dites moi quelque chose. Ce silence va la rendre dingue.
Ne rien voir lui laisse imaginer le pire.
Elle a soif et semble sécher de l'intérieur. Si seulement elle pouvait retirer son bâillon, elle pourrait boire son bain ! Malheur, si tu savais qu'elle était salée, tu oublierais cette idée rapidement.

Troisième. Pitié arrêtez. Mais qu'est ce que vous voulez ? Elle bouge, elle hurle.

Quatrième : Négociation interne. J'ai de l'argent pensa t'elle.

Cinquième : Désespoir de devoir subir sans pouvoir parler. Ça bouillonne dans sa tête mais pas dans le bon sens.

Sixième. Résignation totale. Elle profite que la planche de bois soit retirée pour étirer son dos. Et recevoir une nouvelle fois quelque chose dessus, en plein visage puis sur son corps. Elle n'a toujours pas conscience qu'on l'asperge au gros sel mais peut juste sentir que cette chose la ronge. Elle brûle même. Sur ses blessures, sur ses parties intimes, elle macère lentement dans une mixture qui lui arrive quasiment à la taille.

Un ... deux ... trois ... allez compte. Occupe ta tête même si tu entends qu'on tape autour de toi. Pourquoi tape t'on d'ailleurs ? On l'enferme encore plus ? Compte. Six, sept, huit. Silence. Dix, enfin non neuf, dix, onze. Nerveusement, elle se concentrera à passer le temps en des tentatives désespérées de retirer son bâillon. C'était là sa mission du jour. Arriver à le faire glisser dans son cou. Combien déjà ? Douze, treize, quatorze. Glissant dans le baquet pour se remettre, la Malemort décide de se mettre en position fœtale, le visage contre le baquet et de s'y frotter. Oh, elle n'a pas perdu la raison encore, elle fait simplement glisser le bâillon contre une surface dure. Jouant avec sa mâchoire et ses dents l'opération lui prendra bien des heures ; elle s'en fiche, elle n'a que ça à faire clairement.

Un, deux, trois. On recommence. Thylda. Que penserait elle ? De la honte. Elle aurait surement honte de sa cousine. Ou de la peine ? Non, non pas de peine. Que fait elle à l'heure actuelle ? L'on doit être le matin pensa t'elle, oui le matin. Elle se lèverait et râlerait qu'Alcy est fait cramer de la lavande. Parce que la lavande c'est pour les vieux. Elle prendrait de quoi manger parce que le gras c'est la vie aurait elle dit. Une baignade s'il fait beau, attisant toutes les convoitises. Quarante deux, quarante trois, quatre, merde, j'ai oublié. Un, deux, trois ... Combien de temps qu'elle est là ? Des mois dans son esprit. Surement deux jours en vrai. Tu perds la boule.

Le bâillon a finit par glisser légèrement sur son menton. Juste assez pour happer un peu d'air de sa bouche à moitié libre.

Crier ?


AHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !

Qu'elle question. Bien sur.

Survoltée par cette victoire, elle n'a que faire de sa douleur, et enrage de nouveau sur la planche de bois. La faire voler, exploser, la casser. L'espoir ! Elle se démène la petite, jusqu'au coup fatal qui réveillerait un mort. Pour la discrétion, c'est foutu. Soulagement extrême de sortir de ce bain toxique, elle rampera contre un mur, adossée. Concentre toi. C'est un plancher. Et elle a entendu la porte s'ouvrir tout à l'heure ? Hier ? Bref. Une maison sans doute. L'auberge de la femme rencontrée dans la ruelle, celle qui voulait de l'aide. Mais bien sur.


SORTEZ MOI DE LA !

Incapable de bouger, elle répètera sans cesse à voix basse. Qu'est ce que vos voulez ? En boucle.
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Rouge_gorge
Pour son tour de garde, Rouge s'est accoudée à la balustrade en bois. Son point de vue donne sur la salle commune au rez-de-chaussé. Les trois gredins attablés s'occupent les pognes avec des jeux de dés. Les prunelles sombres observent le hasard qui domine les parties. Quand la chance tourne de l'un aux autres, le brassages des cubes dans les godets est recouvert de piques gracieusement offertes par le gagnant aux perdants qui le menacent. Menton dans la paume de cuir, l'Oiseau se lasse vite de sa contemplation: son existence a assez été bercée de malheureuses opportunités jusque là pour vouloir défier volontairement sa bonne fortune - sûrement de peur que celle-ci lui échappe une fois de plus trop tôt-.

Maitre-Chanteur excelle là où il a longuement peaufiné son talent. Il n'a jamais eu de don, seulement de la persévérance et de l'expérience. Le reste, ce n'est que du bluff. La journée va être longue.

A l'heure du déjeuner, Rouge est assise en tailleur, le dos bien droit et sans support, sur le seuil de la porte à garder. Elle compte ses phalanges gainées cherchant la réponse à son éternelle question: "Pourquoi, quand elle boit, d'autres doigts lui poussent aux paumes?" Grosse interrogation qui l'occupe un bon moment, en vain. Son bec rieur accueille finalement Philippe qui lui apporte son repas. Au passage, il lui annonce à voix basse qu'il a préparé une nouvelle taie d'oreiller posée sur le comptoir. L'Oiseau le gratifie d'un énième sourire avant d'attaquer son écuelle fumante. La langue est brûlée dans un mouvement de hâte par le bouillon au lard. Perçons donc le second mystère de la journée en attendant que la soupe refroidisse: "Les pouces comptent-ils deux ou trois phalanges?" Vaste programme! Après tout, il faut bien passer le temps. L'Oisal au Chapal doit tenir le piquet jusqu'au coucher du soleil et il frôle à peine son zénith. Dans la pièce derrière c'est toujours le calme plat et en bas, ça joue aux cartes. La Cendrée déteste les cartes: elle perd toujours. La dernière fois, elle a servi de cible pour lancer de couteaux, nue et en taverne! Prochaine cogitation "Pourquoi toujours remettre son honneur en jeu quand on sait qu'on perd déjà beaucoup d'argent?".

Mais avant ça, petit foodcoma, adossée contre le bois de l'huis. Les échasses repliées, bras croisés sur les genoux, Maitre-Chanteur somnole sous son imposant couvre-chef plumé. Entre réalité et rêverie, les songes se tendent vers l'invitée dans le baquet. Nue comme un vers, l'asticot Malemortien baigne dans son jus depuis environ 17h maintenant. Elle n'a pas bu ni mangé depuis sûrement 24h. Le bâillon qui lui cisaille la bouche doit avoir un drôle de goût dans son palais desséché. Si les gars y sont allés comme les brutes qu'ils sont, l'étoffe doit bien lui irriter la commissures des lèvres. Les cordages rêches doivent aussi lui marquer les articulations à voir comme elle se contorsionne. La tension imposée par les bras retenus en arrière n'a pas l'air de peser trop sur son dos et ses omoplates non plus. Au vu de ses agitations, le sang coule toujours bien malgré la position recroquevillée dans le contenant. De sa vague et lointaine mémoire assoupie, Alcimane n'a pas l'air si ankylosé que ça pour le moment. Cependant, sa peau doit déjà être bien fripée aux endroits où elle trempe même rougie par la morsure du sel. L'eau est probablement même souillée. Les plaies rongées par le condiment vont-elles s'infecter dans l'impureté du jus?

L'écho le plus parlant à la semi-inconscience de Rouge est pourtant les séquelles psychologiques infligées. La faim et la soif doivent lui creuser l'estomac et lui baisser le moral. La privation de sens lui tordent sûrement ses repères spatio-temporelles. Mais l'angoisse de l'inconnu et du danger permanent stressent-ils plus l'invitée que son inconfort corporel? L'Oiseau a vécu dans d'autres circonstances tout ça. Ses longues années de misère, à errer comme un chien galeux dont tout le monde détournait le regard. La carcasse malade et amaigrie, bouffée de fièvres et de courbatures quand le froid la saisissait jusqu'à l'os. La perte du temps par le corps quand celui-ci n'est plus millimétré par des repas réguliers et des insomnies chroniques: déphasage complet du rythme circadien. Les saveurs ne réveillent plus les papilles, ne baignent, dans le palais, alors que l'arôme rance de la salive et la langue pâteuse: plus le goût de vivre. Les lippes ne s'ouvrent plus pour parler car il n'y a plus personne pour écouter: on en oublie le son de son propre timbre. Et le sel lacrymal qui font rougir les yeux, gonfler les paupières, ronger de sillons les joues.

Pourtant, il demeure cet instinct intrinsèque de survie. Cette rage sourde de se dire que tout n'est pas fini.


AHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !

Celui-là même qui résonne enfin dans la pièce.

SORTEZ MOI DE LA !

Pour unique réponse, il n'y a que la serre qui verrouille la porte depuis l'extérieur. Maitre-Chanteur avait crié un temps aussi. Elle dansait sans musique, la silhouette vacillante d'un pied sur l'autre, sur la place publique dans l'indifférence totale des bons gens. Elle avait ployé l'échine, la tête plus basse que le parvis de l'Eglise où elle tendait ses paumes ouvertes, dans l'attente du bon coeur et de l'altruisme des Enfants du Très-Haut. Que vas-tu faire toi, Alcimane, pour qu'on te regarde à nouveau?

L'piaf, Jean Jack est à la porte, il veut te voir.
Merci l'ami, prends ma relève, tu veux?
Tu veux que je la remette dans son baquet?
Laisse-là reprendre son souffle un moment. Si elle fait du grabuge, là tu interviens.


La Cendrée se redresse de toute sa hauteur, l'esprit encore embrumé, mais avec cette part d'humanité, que certains ne lui ont pas offerte.
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Alcimane_
A l'aide !

A l'aide.

Pitié.


Assise en basculant d'avant en arrière, marmonnant pour personne des : Que voulez vos ... pourquoi ... laissez moi ... La bâillon a chuté d'un côté mais pas entièrement et, Alcy ne ferra plus d'effort pour le faire glisser. Fatiguée. Compter la rendu totalement folle mais ça lui permet de garder une certaine attache à la réalité.

Qu'on m'amène de l'eau eut elle envie d'hurler. A la place de ce cri de rage, c'est un souffle qui est lancé, à peine intelligible

Pourquoi personne ne vient cette fois ? N'a t'elle pas crié finalement, l'a t'elle seulement imaginé ? Le cri de détresse la laisse se morfondre sur le plancher, maintenant couchée, arrachée par la douleur des cotes mais pas seulement. Sa cuisse lui brûle de plus en plus. Rongée et surement en train de s'infecter. Celle de sa joue lui tiraille et semble couler : de sang ou de pus ? Le bout de ses doigts semble fripé et ses bras positionnés ainsi dans son dos, commencent à lui tirer. Sans parler des liens qui lui cisaillaient littéralement la peau. Finalement, la seule position où elle mieux, c'est allongé sur le côté.

" L'espoir fait vivre " mais dans le fond je sais qu'il est faux. Je m'en délivre, l'oublie pour de bon, pourtant qu'est ce qu'il était beau. Au plus bas, il me faisait rêver, même croire que cet espoir m'aidait à avancer. Un peu optimiste, j'ai mis du temps à voir qu'il était surtout insensé d'espérer ainsi l'impossible, s'en nourrir pour mieux tout casser, il aurait fini par me terrasser si je l'avais laissé grandir. Il faut être réaliste, je me suis fais avoir, mais là c'est passé ; ne pas être attentiste, et surtout savoir s'il faut s'en délester.*

La porte finit par s'ouvrir et, attrapée par l'épaule, elle se laisse glisser sur le plancher sans aucune résistance. Cette main qui ose la toucher la répugne, lui prend aux tripes : lui donne envie de mordre mais en même temps de vomir. Elle finit par se débattre, légèrement. Oh, la punition ne tarde pas : le bâillon lui est remis sur la bouche encore plus serré. Les liens de ses jambes et ses poignet sont resserrés à leur tour et la plaie de son épaule qu'elle aurait presque oublié, est triturée lui manquant de tourner de l’œil. Celle de sa cuisse est ravivée par la main de l'homme s'appuyant sur ses cotes pour avoir sans soude plus de force. Reste éveillée ma petite. Des noms de bébé animaux. Allez envoie en cinq.

Le bécasseau. Un.
Le caneton. Deux
Un chaton. Trois.

.... Elle peut sentir craquer. Son épaule ? Ses poignets ?

Un agneau. Trois. Non deux ?
Un Raton. Trois.

Soulevée, elle est remise violemment dans son bain, tête sous l'eau appuyée par son bourreau puis la tête est ressortie. Plusieurs fois à la suite. Le calvaire jusqu'à ce que ses muscles finissent par se relâcher et qu'elle se tienne tranquille. Trop puisqu'elle a de nouveau retrouvée Morphée. La planche de bois remise en position et elle barbote dans son bain.






* Smailo
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