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[RP] Crouzeix : ville cacastrophique.

Andrea_
Les promesses.
J’ai jamais été très douée pour les tenir, parce ce que mes lèvres les formulent souvent plus rapidement que mon esprit ne les comprend. Parce que j’aime les défis mais qu’ils sont parfois hors de portée. Parce que le temps passe tellement vite qu’il ne reste souvent que des regrets sur des mots formulés sans qu’il ne se passe rien.
Mais cette promesse, j’y tenais.
Parce qu’elle était faite à Johannes.
Parce qu’elle était à notre portée.
Parce que le début d’année nous avait abîmés.
Parce qu’on avait besoin d’un peu de réconfort, l’un et l’autre.
Et parce que merd’, qu’est ce qu’on allait s’amuser !

Et demain me semblait être la journée idéale. J’avais donc passé commande chez le boucher, qui était aussi charcutier –ça n’a aucune espèce d’importance mais je voulais le souligner, ça manque de bons gars par ici-. Demain, à l’heure où il faudra trinquer, Johannes et moi aurons du bœuf, tranché fin s’il vous plait !
Il m’avait fallu pas moins de deux heures pour imbiber du pain dur d’un étrange mélange aux odeurs vraiment infectes, au moins autant de temps pour confectionner –avec amour !- des biscuits que je m’appliquais à napper de gelée de groseilles, chose qui, je le compris trop tard, ne servait à rien une fois que je les emballais dans un torchon. Pas grave Jojo’, on se lèchera les doigts ! –chacun les siens, bien sûr-. Une bouteille de rhum fût délicatement posée dans la besace, suivi de ses copines, j’ai nommé chouchen et vin rouge, parce qu’on peut mourir de tout, mais pas de soif. Un petit sachet de chanvre, et quelques champignons séchés –de ceux qu’on achète pas aux marchés, sauf dans les ruelles sombres de Paris-. Bientôt une terrine de légumes les avaient rejoint, et je pus donc entamer une danse de la joie, en chantant lalala.


– Lala laaaaa Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus, je ne connais pas les paroles, mais étrangement, on était plus proche d’ »un jour mon prince viendra » que de « la digue du cu’l ». Etrangement oui, car la scène semblait irréelle : Colombe prépare un pique nique, et ça semble la rendre heureuse.

Car Colombe n’est pas du genre à chanter sans gros mots, pas plus qu’elle ne soit du genre à préparer un pique nique, sans compter que la confection des gâteaux, en acte isolé est déjà impensable, alors pourquoi ? Qu’est-ce ? Que se passe t-il pour que soudain elle allie les TROIS ensemble, en affichant un sourire niais et en osant même quelques pas de danse presque gracieux ?


– Oh merd’ !
Là on la reconnait, mais une fois la missive rédigée à l’attention de Johannes, pourtant, elle recommencera son cirque, sourire béat à penser au lendemain. Parce qu’elle l’avait promis, et que… c’est demain !


Citation:
Cher Quignon,
C’est en croûton accompli que je vous écris. Demain est un grand jour, demain est LE grand jour. Demain, je vous emmène à Crouzeix, ville de trois cent quarante habitants situé au sud-est de Limoges, pour pique-niquer. Bien évidemment comme le nom ne l’indique pas, nous n’allons ni piquer, ni niquer.

Je vous attends à Huit heures, je sais, c’est tôt mais l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, c’est ainsi. Vous n’avez qu’à apporter votre carcasse, je m’occupe de tout –tu s’occupes de rien-.

Bien à vous,
Croûton chiassique.



– Vole petit oiseau, voleeeeee voooooooooooole mon amoooouur puisque le nôtre est trop loooourd, vole tu l’as pas voooooléé, c’moi qui t’ai donné c’bout d’papiiiieeeeeeer

Quand j’vous dis qu’on la perd…


Et la nuit avait été mémorable. De parce qu’elle avait été partagée de la plus douce des manières avec un mercenaire au top de sa forme, mais aussi parce que depuis quelques minutes, le soleil était levé : nous étions demain.
Un baiser au Lansquenet et Colombe prenait la route sans demander son reste, avec son balluchon à carreaux –un pique nique sans nappe à carreaux est-il un pique nique, vous avez trois heures- et sa besace qui faisait « driling driling » à chaque pas.
Le sourire était large ce matin, alors qu’elle descendait la rue, et même si l’évidence était là, tout le monde semblait louer son passage. Aujourd’hui, décidément, était un jour nouveau, un jour à part. Personne ne comprenait combien l’instant était grave. Ni le boucher qui lui a offert la moitié du bœuf parce qu’elle était vraiment rayonnante, ni le boulanger qui lui a dit bonjour sans relever qu’elle se servait gratuitement deux grosses miches de pain. Elle chantonnait, et les oiseaux semblaient l’accompagner, un chat a même tenté de se frotter à sa botte et le miracle était dingue : il avait survécu. Bientôt un enfant lui demanderait un écu et elle lui en donnerait la moitié en disant de partager avec sa sœur. J’vais vous dire, si elle avait croisé Jeni, y a fort à parier qu’elle l’aurait embrassé.
Vous savez pourquoi ?

Parce qu’on est aujourd’hui.
Et que cette promesse, je l’attendais avec impatience.

A la sortie de la ville, sourire toujours vissé sur le visage, Colombe semble irradier de bonheur en imaginant une couronne de marguerites sur leurs têtes. Les mains se tiennent à plat, portant fièrement un sachet orné d’un nœud.
Ceci est le pain d’hier Johannes. « Cuisiné » pour toi. TON pain.
Le départ de cette journée.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
Les cloches sonnaient le prime lorsque Blondin ouvrit les paupières, directement après un rêve halluciné qui s'enfuit de sa mémoire comme l'amant d'une ribaude au chant de l'alouette, sans demander son reste, et sur la pointe des pieds. Le soleil étant encore trop jeune pour foutre un pied au sol, il plongea en immersion sous le drap, dans l'intention de se rendormir et… Oh. Ils étaient là. Les seins de son épouse. Bonjour vous. Elle dort encore, mais c'est pas grave, on va juste poser son front, là. Tranquille. On est bien. Et il s'était rendormi une petite-demi heure fatale.

À sept heures trente, il avait rouvert les yeux une seconde fois, fait une croix sur la perspective d'une grasse matinée, et s'était extirpé de la chambrée en douce pour faire une toilette sommaire à l'eau froide. Et puis il s'était mis à faire la tronche. Ce qui n'était pas alarmant, puisqu'il venait de se lever. Blondin-pas-du-matin. Le problème, ces derniers temps, c'est qu'il tirait la tronche aussi les après-midis, certaines nuits, et même derrière la plupart de ses sourires. Après un enchaînement de merdes hivernales, il filait, comme on dit, un mauvais coton. Un coton tout pourri.

Quitte à faire la gueule, autant aller prendre l'air pour ne pas polluer celui de la maisonnée familiale. C'est en enfilant sa pelisse qu'il vit du coin de l'œil un petit carré de papier tomber au sol. Le pli qu'on a reçu hier et qu'on s'est dit qu'on le lirait après sa troisième pinte, et que finalement, on a totalement oublié de le lire. Mais il n'est jamais trop tard. Blondin fait péter le sceau et parcourt le message du regard. C'est quoi ? Le Périgord qui s'excuse encore d'être un comté pérave ? Qu'est-ce qu'on me veut ? Hein ? Qu'est-ce… Hon. C'est une bonne nouvelle. L'annonce d'une journée claire.

D'une journée, simple, à Crouzeix. Crouzeix, un nom de bled qui fleure déjà le bousin et les gens qui mangent leurs syllabes, même hors temps de famine. D'une journée de franche poilade, où personne va piquer personne, où personne va niquer personne, et par conséquent, où on peut se permettre d'en avoir rien à foutre de plein de choses. Et qu'est-ce qu'on en a besoin d'en avoir rien à carrer des choses en ce moment… Et toi Crouzeix, tu vas payer pour ça. Grand sourire. Puis grimace douloureuse. Est-ce qu'on serait pas sacrément à la bourre ? Hein ? Si. Total.

Et de déplier une carte pour repérer Crouzeix, histoire de pas tourner trois heures dans Limoges pour rien. Crouz… Mais c'est où ce… Ah ! Crouzeix. Là. Aux portes sud-est, donc. Pas celles d'à côté, va falloir presser l'allure et ignorer les potentielles têtes connues sur le trajet. Mais on peut encore le faire. Et de boutonner sa pelisse nerveusement, et d'attraper sa besace au vol, et de s'arrêter net au seuil de la demeure. Merde. La gosse. Et de déchirer un lambeau de lettre au pif, puis de tracer, la porte convertie temporairement en bureau vertical, quelques lignes maladroites pour sa fille :


Citation:
Bouchon. Papa doit aller régler une affaire dans la campagne. T'apprendrai à crocheter les serrures un autre jour. Promis. T'embrasse. Essaie d'être sage. (Dis à ta mère de ne pas s'inquiéter).

Huit heures sept. Ding dong. Portes sud-est. Blondin se radine vers Andréa, et avise le paquet qu'elle tient contre son cœur. Le gage d'une promesse réussie, sans doute, parce qu'il voit mal Andréa faire un câlin à une brioche, par exemple, ou à des côtes d'agneau.

- « Salut Croûton. C'est… c'est ce que j'pense ? »
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
Il était en retard. Il parle de sept minutes mais je vous jure qu’on était plus proche de neuf. Est-ce que ça m’emmerde ? Non. Enfin c’est pour ça que j’ai fini par serrer le pain « béni » contre moi, plutôt que de le tenir à plat sur mes mains. Je suis pas contre le fait de me muscler un peu les bras mais y a des limites. Et puis ça me donnait un petit air con et les gens me regardaient bizarrement. Est-ce que j’étais en colère pour ce retard ? Non. Car rien, aujourd’hui, ne pouvait m’atteindre. Rien. Je n’étais qu’un petit oiseau –beau et pur- dont le chant envoutant ressemblait à une mélodie, et je volais au dessus de tout ça. D’ailleurs je vole au dessus de toi, de toi, et de toi aussi.
Même pas je te chie dessus, parce que je ne suis pas un pigeon, je suis un doux et merveilleux oiseau coloré qui porte une robe blanche comme les colombes, et une couronne. Voyez, si on devait écrire un truc sur Moi en cet instant ça serait un peu : « Maitre Colombe sur son trottoir perchée, tenait en ses mains du bon pain ». Bien qu’il faille revoir le passage sur le trottoir parce que ça fait un peu catin sur le retour.

Neuf minutes environ hein –huit minutes et quarante sept secondes exactement- plus tard, Johannes nous faisait l’honneur de sa présence. Si j’avais pas les premiers rayons du soleil dans la face –ce qui devait me faire un teint de folie, à moins que ça soit moi qui éblouissais le soleil ?-, j’aurais peut être aperçu les traces d’oreillers imprimées en filigrane sur la joue de Johannes.


- « Salut Croûton. C'est… c'est ce que j'pense ? »

Et j’agrandissais mon sourire, de droite à gauche laissant apparaitre deux rangées de dents parfaites –privilège de riches-. Solennellement je lui tendais son présent.

Quignon.

Inutile de vous expliquer comment je me suis inclinée pour qu’il prenne de mes mains le tas de pain. Inutile, vraiment on imagine tous, comme un chevalier le ferait pour offrir son épée à un seigneur. Et c’était beau.

On s’extasiera plus tard, on a du pain sur la planche

C’était beau le temps que ça avait duré, car sitôt messire Quiqui’ avait récupéré son cadeau, que Colombe déjà grimpait sur sa Bourrique, invitant son ami à faire de même.

Accroches toi à ta culotte, c’est moi qui pilote
Beau, court, avant de devenir poétique. Crouzeix ne le savait pas encore, mais on arrivait.

Nous voilà maintenant à la question existentielle : qu’allons nous faire là bas ?
Je ne peux pas y répondre pour le moment, alors je vais répondre à une question dont vous n’avez strictement rien à faire, histoire de combler un peu de votre méconnaissance, tout en me donnant l’impression de vous apprendre quelque chose afin de ne pas vous laisser totalement ignorants.
Pourquoi Crouzeix ?
Et bien mes amis, profitons du voyage de nos deux gus pour répondre. Il se trouve qu’à notre époque, Crouzeix* est un petit village isolé. Perdu au milieu du plat –pas de montagne, on est en Limousin hein-. Nous avions besoin d’une ville avec quelques habitants, juste assez pour pouvoir s’amuser. Il fallait un promontoire, et la SEULE colline du coin se trouvait là bas. Les habitants vivaient beaucoup de la pêche, et surtout, surtout, la milice était inexistante. J’aimerais bien continuer à vous raconter des âneries aussi grosse que la mauvaise humeur de Johannes, en vous parlant du prix du pain défiant toute concurrence, d’une spécialité super bonne et de, peut-être une super offre promotionnelle sur les paires de braies teintées comme j’en cherche depuis des mois mais la vérité, c’est que Crouzeix avait été choisi pour une seule et unique raison : son nom pourave.
Vous me huerez plus tard, pour l’heure, nos zigotos sont arrivés.
En bas d’une colline.
Et Bourrique ne veut plus avancer.
Mais là encore, super Colombe se contente de sourire avant de lancer, presqu’en chantant**


On ne récolte que ce que l’on sème. Semons maintenant.

Il n’y a pas besoin de beaucoup de mots pour se comprendre car nous sommes au plus chiant de la promesse. Distiller petit à petit les bouts de pain dans la ville. Dans les puis, aux mendiants –mes préférés !-, à a sortie de la messe. A cette magnifique mariée qui dira oui dans une heure. Dans les lacs, aux enf… -nan pas les enfants !-.

Apprenez Quignon, que tout chieur vit aux dépends de celui qui le nourri.


Et Déasse dit : prenez, ceci est mon pain, empoisonné pour vous.


*Crouzeix existe, mais je n’ai aucune idée de ce à quoi ça ressemblait à l’époque, pardon.
** Peut être est il temps d’avouer que Colombe s’était léché les doigts après avoir manipulé les champis.

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Jhoannes
Et Jhoannes déclara : « Et mangez-en tous... »

Et il multiplia les pains, les transformant en petits carrés de dégustation à offrir.

Les échantillons partagés entre eux, il rabattit son capuchon sur sa blondeur suspecte, invoqua depuis les limbes de sa jeunesse parisienne son plus beau sourire d'enfumeur, et franchit les portes de Crouzeix.

Et il sema.
Il sema de ouf.
Tout au long du jour.


Il sema avec Christine, qui semblait inquiète dans son coin de taverne.

- « Alors la préparation est faite à base de farine magique... »
- « Mogique ? Pour exaucer quo ? »
- « Ah mais tout ! Le grain a été moulu par une sorcière… il ex-auce, tout, et plus encore. »
- « Plus encore que quo ? »
- « Que vos rêves les plus fous. »


Avec Jean-Louis, qui sortait de la messe, frais comme un gardon.

- « Ce pain a été béni par le pape lui-même, le saviez-vous ? »
- « Le pope ? »
- « Lui-même. C'est pour ça qu'il est encore si frais. »
- « Oh ? »
- « Imaginez… il vient de Rome, il cheminé une trotte. »
- « C'est loin. »
- « Très. Goûtez, voir comme la mie est encore tendre ! »


Avec Bérénice, qui lui donna un peu plus de fil à retordre.

- « J'aime po l'pain. »
- « Oui mais là c'est bien plus que du pain... »
- « Vos avez dit qu'c'était du pain. »
- « Essayez de voir au-delà des apparences. C'est quoi votre p'tit nom ? »
- « B'rénice. »
- « B'rénice. Prenez le temps de mater cette croûte, Bérénice. »
- « ... »
- « Non ? Vous sentez pas ? »
- « Boh quo ? »
- « Ce pain, il a été cuit avec de l'amour. De l'amour en barre. »
- « Jo sens rien. »
- « J'sens pas que vous êtes pas dans votre assiette aujourd'hui... »
- « Boh... »
- « Ne dites pas non à l'amour, Bérénice. En plus c'est gratuit. »


Avec Germaine, et tant pis pour la grosse boulette.

- « Ah c'est gentil d'offrir un bout de bectance comme ça ! »
- « Oh, plaisir d'offrir... »
- « Nom, nom… et puis ché bon dis donc ! »
- « Ah bah, j'me foutais pas d'vot'gueule hein... »
- « Glups. J'peux en avoir deux autres ? »
- « Bon, c'est juste parce que c'est vous hein... »
- « Merci, c'est chic ! C'est les gosses qui vont être contents ! »
- « Oh bah m… oui. Oui. »


Avec Paulin, qui avait juste le malheur de s'appeler Paulin.

- « Alors comme ça vous êtes boulanger ? »
- « De père en fils ! »
- « Fascinant. Et vous l'trouvez comment ce pain ? »
- « J'vous volerais bien votre recette, y a un arrière-goût de reviens-y. »
- « Ah, ça c'est l'ingrédient secret. Et les graines de courge aussi. »
- « Ah oui, les graines de courges... »
- « Hé, vous savez quoi Paulin ? J'vous en file une douzaine. Pour vos clients. »

Et avec tous les autres innocents qui croisèrent sa route prophétique.

À l'heure du crépuscule, lorsqu'il n'eut plus une miette de pain entre les mains, et qu'il eut soigneusement rincé ces dernières, il vint retrouver Andréa en bas de la butte qui surplombait le patelin limougeaud. Qu'elle était belle, cette butte. Comme dans ses rêves. À son sommet, il y avait un tilleul desséché qui leur tendait ses branchages. Venez. C'est ici le point de fuite ultime de cette journée. De là, que vous pourrez jouir à pleine balle du labeur accompli.

Alors Blondin, menton levé vers l'appel de la colline, pivota le museau vers Andréa, Andréa mon amie, les billes noires émues, et lui dit que c'était parfait.

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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
Et Johannes se mit en route. Johannes et son sourire d’enfumeur. Je comprenais sans mal que c’est avec ce sourire là qu’il avait chopé Tana dans ses filets, et je prenais un peu la mesure sur un fait que je n’avais encore saisi « Comment avait-il survécu à Paris ? ». Avec un tel sourire, on pouvait emm’erder le monde entier, et clairement, ce mot était choisi à la perfection.
Et si Johannes semait au Nord, j’avais donc pris d’assaut le Sud de la ville.
Vous avez remarqué comme les gens ne se méfient pas assez les uns des autres ? Moi, personnellement, si on m’offre à boire ou à bouffer, la première chose que je me demande, c’est ce qu’il va m’arriver. Pourquoi. Où. Quand. Comment. Et je refuse poliment, parce que si j’ai bien reçu une leçon dans ma vie c’est que rien –jamais- n’est fait gratuitement. R’garde, rien que le vin et le pain à la fin de la messe : c’est pour fidéliser le client, rien de plus ! Et puis surtout ça fidélise le client rabougri du ciboulot là, parce qu’on parle quand même de gens assez cons pour croire que c’est le corps de Déos : nan mais allo, t’as cru que le Déos était obèse ou quoi ? On l’a peut être bien bouffé à un moment, mais depuis il reste plus rien. Bref.

On avait donc pris d’assaut le Sud de la ville, moi, ma belle robe blanche, ma couronne et mon sourire avenant. Je suis toujours surprise de voir comme les gens m’apprécient tant que je ne parle pas, et c’est bien pour ça que je faisais des économies de mots, et que je les choisissais précisément.

Et je semais. Avec Milou, le clodo près du bordel.

- « Qu’é ‘to qu’o l’est qu’che *?
- Du pain
- Mercé ! »
Oui, c’est toujours simple avec les clodos, ils crèvent tellement la dalle qu’on pourrait leur faire bouffer n’importe quoi.

Et je semais encore, avec la grosse Guéguète, qui s’appelait comme ça parce qu’elle avait toujours un œil partout.

- « Olé beun **?
- Du pain.
- Do pain, do pain, mais olé beun ?
- Du pain ?
- Ola pas l’air futfut’ che***…
–Bin non ,puisque c’est du pain… »

Et je semais toujours
- Du pain ?
- Do pain por l’drôle **** ?
– Naon… Du pain pour tout l’monde
- O’r’semb’ bien à do pain por l’cheun d’même*****

J’avais ri nerveusement, en me demandant ce que je foutais là. Vraiment, je me demandais comment une population si peu avisée avait pu survivre. J’ai ma théorie sur la chose qui implique une possible reproduction entre personnes de la même famille, voir même entre les espèces mais pour ce point j’hésitais encore : humain + chèvre ou humain + âne ? Qui faisait la femelle ?

- « Olé du pain ?
- OUI !
- Avec d’la b’eu ?****** Ça puait la question piège.
– Naon… Avec un ingrédient mystère…
- L’fameuse figu’latine ?

Vu que dans le sud de la ville je ne comprenais pas un mot de ce qu’on me racontait et que je n’avais pas envie de me retrouver au milieu d’un énième combat entre les amateurs de figue’latine ou de pain à la figue, je décidais de faire ce que j’adore faire. M’asseoir et attendre que ça passe.
Je sais qu’on avait dit pas les enfants, mais quand on s’assied sur le bord d’une fontaine avec un sachet de choses comestibles, on est rapidement pris d’assaut. C’est simple, je me sentais comme une miche de pain lancée en plein milieu d’un champs de chèvre. Et vas-y que ça voulait tout toucher. Le pain, les cheveux de la painnière, sa robe, que ça foutait ses doigts dégueulasses partout –j’ai une robe blanche j’vous rappelle,J 'abandonnais le fond du sachet, et le sachet avant de me replier. il est où le respect HEIN ?-.

Le respect était visiblement mort. Un peu comme moi alors que je remontais la butte pour rejoindre mon acolyte. Il semblait ému, et moi aussi, je ne sais pas lequel des deux a accusé les fleurs de l’arbre mort et l’arrivée précoce du printemps mais on savait tous les deux qu’on passait une journée inoubliable.
Maintenant, il fallait attendre. Nous avions une heure devant nous, sauf peut être concernant le p’tit gros roux aux oreilles décollées. C’lui ci semblait féroce, férocement affamé, j’crois même l’avoir vu bouffer un de ses camarades tout à l’heure. Lui, à n’en point douter devait déjà avoir envie de courir.
Alors nappe fût dépliée. Nourriture déposée au milieu. Vin servi –dans de vraies verres- -des vrais ouai, ils m’avaient coûté une fortune-. Et bientôt, Colombe, balancerait le sachet de chanvre à Johannes, parce que


« -T’as toujours été plus doué pour les pipes que moi. »

Pour les pipes, et pour bourrer, nan mais faut savoir reconnaitre les qualités de chacun. Je pris le temps, de mon côté de graver sur le tronc du prunier –je sais que c’est un tilleul mais Andréa n’est pas botaniste- un Q et un C entrelacés. Parce qu’un Quignon et un Croûton qui distribuent ensemble du pain, c’est bien une put’ain de preuve que tout ça était écrit.

Et bientôt, alors qu’entre les orteils nus de la Colombe se glissaient quelques marguerites, Colombe tournait un regard accusateur vers Johannes.


–« Tu sens c’que j’sens ?
C’est toi ?


Tu sais Jojo’, si c’est toi c’est pas grave, faut pas renier son cul pour un pet.



* qu’est ce que c’est que ça ?
** c’est bon ?
*** Ça n’a pas l’air fûté
**** Du pain pour les enfants ?
***** Ça ressemble bien à du pain pour l’chien quand même.
****** Avec du bœuf ?

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Jhoannes
- « En effet, j'ai eu des échos comme quoi c'tait pas votre fort, les pipes. 'ttendez j'vais vous montrer. »

Patiemment, il lui avait décrit toute la procédure pour préparer une pipe d'exception, joignant la parole au geste, puisqu'Andréa ne regardait pas, puisqu'Andréa était en train de graver leurs initiales secrètes sur de l'écorce. Entre deux pincées de verdure, il jetait de temps à autre un regard amusé sur ce symbole adolescent et très à-propos. C&Q se tinrent ici, et ici contemplèrent la chute de Crouzeix.

Les chambres des pipes furent tassées dans le souci du détail, il s'agenouilla consciencieusement devant une lanterne pour enflammer un brin sec, et avançait cette allumette bricolée vers le foyer de sa pote lorsque la Question fut posée. Les plumes de la blanche Colombe atteignent rarement la bave du Blond crapaud, mais la brûlure de l'injustice le fit réagir. Comme un gamin de quatre ans. Menton relevé. Trop pas juste.


- « J'aurais trouvé une excuse pour m'éloigner, j'sais encore me tenir auprès des dames, enfin merde Andréa, j'sais pas, y a un respTCHA ! »

La brûlure du feu sur ses doigts le fit réagir aussi et il balança la brindille fumeuse dans l'herbe trempée de boue, parce que c'était l'herbe de Crouzeix, et que sans doute les hivers il y neigeait de la boue, ou un truc marron glacé, mais certainement pas de jolis flocons immaculés. On venait d'éviter de cramer la nappe. Est-ce que ça aurait condamné l'issue de cette nuit pour autant ? Absolument pas. Car soudain, il sentit.

Un fumet passager, bref mais intense, vint lui décoller les poils des narines. Il repartit comme il était venu, mais le signal était enfin arrivé jusqu'à eux. L'annonce du commencement de la fin. L'heure était venue de se mettre en place pour assister au premier chant des trompettes. Johannes posa sagement son cul sous celui du troisième témoin, le tilleul écorché, alluma la pipe de chanvre pur qui avait tout d'un racle-gueule, toussota sur les premières taffes puis se tut.

Le temps de l'attente fut uniquement perturbé par des bruits de mâchonnements, d'expirations de vapeurs et de craquements d'articulations, et sans doute par tous les autres sons qu'Andréa était capable de produire dans ces moments-là. Le noir vint poser son voile sur le paysage, et Blondin renifla, parce que même emmitoufflé comme il était, une pelisse dans une cape, il avait encore le bout du nez froid. Il tua la bouteille de vin et partagea son sang — en essayant d'être le plus réglo possible, abaissant même ses pupilles défoncées à hauteur des lignes rouges — entre les deux verres.

Venu d'en bas, l'écho d'un prout monstrueux vint déchirer le silence. La première trompette de Crouzeix venait de retentir. Johannes avala son pif de justesse. Après des semaines à tirer une tronche pas possible, il sentit son bide se secouer, ses épaules se dénouer, les commissures de ses lèvres s'étirer large et, sans chercher à s'en défendre, il rit.

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En noir c'est Jhoannes.
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Andrea_
Quand Johannes m’avait lancé sa phrase sur le fait que les pipes c’étaient pas mon fort, je m’étais même pas offusquée, pire, ça m’avait fait salement ricaner. C’est ça qu’est bien avec Jojo’, y a aucun doute qu’il fasse un appel de phare, aucun risque que ça dérape, on rit –comme des con’ards- et ça s’arrête là.
J’avais mis un temps fou à graver l’arbre, parce qu’armée d’un couteau à beurre j’en chiais un peu, mais rassurez-vous, je jetais parfois des regards à mon acolyte qui distille son savoir faire pipal. J’avais même suspendu la raye du Q le temps de le voir enflammer un brin sec, j’sais pas pourquoi mais j’étais persuadée qu’il était du genre à se cramer la tignasse et à s’enflammer d’un seul coup, mais tout se passait bien, Quignon m’enflammait le foyer –le foyer de la pipe hein, n’allez pas voir un truc dégueulasse-.

Et puis le fumet avait fait son apparition et j’avais accusé le Blond. Oh j’avais pas fait ça gratuitement hein, j’imaginais tout à fait la Blondeur capable, dans un excès de zèle d’avoir pris un bout de pain empoisonné pour se caler une dent, et puis vous l’auriez vu, absorbé par sa pipe, se dandiner de droite à gauche comme s’il avait le ver solitaire, c’était tout à fait crédible qu’il soit en démoulage de prout en spray.


- « J'aurais trouvé une excuse pour m'éloigner, j'sais encore me tenir auprès des dames, enfin merde Andréa, j'sais pas, y a un respTCHA ! »

Ah, au temps pour moi, Johannes est tout à fait du genre à s’immoler, heureusement l’alcool n’avait pas encore troublé son sang et l’instinct de survit avait pris le dessus, envoyant la fameuse herbe dans la pelouse boueuse. Parce que oui c’est boueux, c’est Crouzeix.
Mais ce petit fumet, cette petite raclure de slip, c’était le début. Une sorte de préface. Bientôt ça sonnerait douze coups et plus encore. Sortez les trompettes et les clairons, l’orchestre va jouer une cacophonie, la cacacophonie si je puis me permettre.
C’était l’heure de se poser, Lui sur sa souche, et moi pas loin, le coude squattant son siège ne se levant que pour aspirer une bonne taf de chanvre, tout en faisant un constat, implacable


Hummm, c’est vrai que t’es doué en pipe

Il fallait maintenant attendre. Manger, fumer et attendre. Et si Johannes faisait du bruit en mangeant la bouche ouverte, de mon côté je tentais l’expiration de fumée en faisant des formes. Je ne faisais que des ronds, ce qui était déjà un bon début. Parfois je toussais, il grinçait. J’en profitais pour dégazer en silence car quelque chose me disait que ça ne changerait pas grand-chose à la qualité de l’air. Bientôt Johannes servirait les verres de façon totalement équitable, clairement cet homme était fait pour être père de plusieurs enfants, seul un être comme ça est capable de séparer à la goutte près une bouteille de vin. Je venais de trinquer et de lever mon verre quand on entendit un cri dans la nuit. La complainte de l’anus brisé. Le déchirement du sphincter, la stupeur de la culotte, c’était effroyable.
Ça avait quelque chose de beau et de poétique.

J’ai pensé que ce cri ferait office de discours, et je ne saurais jamais si le pet ou mon visage choqué avait arraché un rire à Johannes mais je lui en étais reconnaissant. C’est que je m’étais demandé plusieurs fois si le Blond savait rire, lui, archiviste, qui semblait toujours le pif dans ses bouquins ou accoudé à la planche semblait toujours tirer une tête de trois pieds de longs. Je l’enviais, parfois, de pouvoir tirer la tronche sans que personne n’en dise rien. Quand les gens ont l’habitude de vous voir ainsi, ils s’étonnent de vous voir rire, quand ils ont l’habitude de vous voir en pleine forme, il suffit d’un pet de travers –on pardonnera l’expression- pour qu’ils vous accusent de tous les maux de la terre et cherchent à savoir ce qui ne va pas. Johannes est dans la première catégorie, et moi la seconde.
Pourtant je peux vous assurer, que voir Johannes sourire, et même rire est quelque chose d’exceptionnel, un des rares spectacles dont je ne me lasserai jamais. Pas parce qu’ils sont rares, mais parce que put’ain, qu’ils sont bons !
Enfin bons… Faut être initié quand même hein, y a trois secondes quand j’ai vu ses épaules se dénouer et ses lèvres s’étirer j’ai pensé qu’il faisait un accident vasculaire et j’ai finalement opté pour la crise d’épilepsie quand son corps tout entier s’est mis à trembler, heureusement que le son avait suivi, sinon je serai en ce moment même à chercher un médecin qui n’aime pas le pain dans ce beau patelin.

Ce patelin justement, qui semble s’éveiller à l’heure où tous devraient diner. Des lanternes comme des centaines de lucioles prenant possession des rues. On dirait des rats, des milliers de petits rats fuyant leurs habitations pour rejoindre le fond du jardin. Le processus était en marche, et je souriais en repensant au blair rouge de mon ami, bientôt Jojo’, t’auras le tarbouif tout émoustillé.


C’est le moment Quignon, si tu veux assainir ton corps, c’est maintenant. Inspire longuement, garde l’air, et recrache le par petits bouts.
R’garde.
Uuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh uh uh uh uh uh uh.
Uhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh uh uh uh uh uh uh.


Et Colombe de joindre le geste à la parole, inspirant à s’en faire péter le corset, à pousser presque Robert et Deniro –les jujus- à l’expulsion pour finalement recracher l’air, bouche en cul de poule.
Les yeux se plissent un instant avant qu’ils ne tournent vers la ville.


T’entends ?

Trompettes et tambours semblaient jouer les premiers accords. Près du moulin on jouait en La, au niveau de la mairie en Si bémol.
Et puis un nouveau bruit déchire la nuit, un cri. Celui d’une femme visiblement. Lanterne vacille avant de courir jusqu’au bout de sa parcelle.


- V’la ti pas qu’ol a chié dans son bèn’ !

Décès de la première paire de braies : 19h42.
Sourire vers Johannes, merci mon ami.

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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
Le premier accès de rire passé, Blondin se prête à la séance de méditation. On va en avoir besoin. Andréa gonfle ses poumons. Il l'imite. Andréa continue de prendre une inspiration. Il retient la sienne. Oui, à trente-neuf ans, il est capable de faire des cycles respiratoires continus, et oui, il est déjà au courant que sa pote a des globes conséquents : c'est l'imminence d'une catastrophe a priori inévitable qui fige son élan. Il se retrouve dans la posture du chaton au milieu de la route en train de fixer, tétanisé, le camion qui va lui rentrer dans le lard. Le barbu a une certaine intuition des lois de la physique : là il y a trop de monde au balcon, soit il va s'écrouler, soit les gens vont sauter dans le vide. Sa gêne est similaire à celle qu'on peut ressentir quand on remarque un bout de salade coincé dans le sourire de son interlocuteur. Question : faut-il prévenir ? Réponse : Oui, parce que c'est plus sympa.

- « Croût… Croûton vous débord… » Ah non, ça passe ! Au temps pour moi. Faudra que je pense à te demander l'adresse de ton tisserand parce qu'il fait pas ses coutures avec des macarons celui-là. Et on expire longuement.

Uh uh uh uh uh uh uh uh.

- « T'entends ? »

Son regard se plisse en réponse au regard qui se plisse en face, sauf que lui ça lui dessine des pattes d'oie inquiètes au coin des yeux. Hein ? N… Oh. Grand sourire. Si. Si, il entend. Il se tourne vers le panorama qu'il prend le temps d'admirer et un nouveau rire vient lui chatouiller les côtes. Le même rire que l'escorté qu'il a pris sous son aile, celui qui fait « krkrkrkrkrkr ». Il est même pas vingt heures, Crouzeix s'éveille. Et quelle vision fabuleuse… D'autant plus quand on a les tempes cotonneuses après une fumette. Est-ce que ce serait pas le moment idéal pour deux nouveaux bourrages, d'ailleurs ? Blondin pense que si. Blondin pense qu'ils peuvent, qu'il doivent, flotter plus haut encore, depuis la butte qui surplombe les gens en train de perdre leur dignité humaine, là-bas tout en bas. Après avoir confié à Andréa le choix crucial de quelle-bouteille-qu'on-ouvre, il s'attèle à sa sainte tâche, en n'oubliant pas de jouer au commentateur sportif :

- « Et c'est au tour de Bernard d'entrer dans la course à la chiasse, Bernard qui se précipite dans ce… dans son potager qu'on dirait ben, et il court, il court Benard… il court encore et… eeeeet il se croûte à moitié, semble ben que le pauvre Bernouille vient de niquer ses plants d'oignons… krkrkrkr… »

À la voix-off, un ton plus grave, d'un documentaire animalier :

- « Maugalie est plus maligne que les autres femelles de sa meute. Elle s'est isolée. Tapie dans les hautes herbes, Maugalie se concentre. Elle se contracte. Elle pousse. Imperturbable Maugalie. Quelle femme. Voilà pourquoi on l'a toujours surnommée : cuisses d'acier. »

À imiter, de manière totalement foireuse, la voix d'une épouse furieuse :

- « J't'ovais dit d'réparè l'pollissade Jean-Louis ! Depuis c't'été qu't'dois la réparè ! Y a to l'monde qui nous voye bordel ! T'qu'un con Jean-Louis ! To'jours t'dis ouais puis t'fais po ! Vise-lo comme qu'on a l'air bien con maint'nant ! M'en fous, t'dégage Jean-Louis, t'vos vider ailleurs, j'vé plus d'voar ! »

Et puis…

- « Putain… J'crois qu'j'vois la mariée… krkrkrkr… »
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
Et Colombe de ricaner. Au début avec une certaine retenue, parce qu’il est hors de question de Johannes l’entende imiter le goret. C’était un gros rire, un peu gras, mais putain’ement digne. Le souci c’est qu’au bout d’un moment, tout devient hors de contrôle. Alors la respiration a du mal à atteindre les poumons, le cerveau n’est plus alimenté en oxygène et…
Et c’est le drame, tout ça à cause de « cuisses d’acier ». En même temps, si la situation n’était pas aussi risible, Je me serais extasiée, j’aurais jalousé ses cuisses d’enfer. C’est quand même pas donner à tout le monde de rester aussi longtemps dans cette position, qui peut se targuer de débouser au moins soixante quinze décilitres –équivalent colombin : quatre- sans bouger d’un cil ?

Et j’peux vous dire que c’était pas simple de servir la bouteille suivante –laquelle, j’en sais rien, j’ai pas le temps de voir l’étiquette-, parce que la première commence à faire son petit effet mais surtout qu’en riant comme une baleine, j’pleurais comme une madeleine –mais une madeleine heureuse-. Suivons d’ailleurs le parcours du vin : Verre 1 –yes-, verre 2- YEEES-, nappe, verre 1-2- Robe


Rho merde pas la robe !
Verre1, verre1, verre 1, eeeeeeeet verre 2.
Tiens, marié dans l’année Johannes, c’pas comme si c’était déjà fait. DEUX FOIS

Mais bientôt, plus de rire. Silence quasi cérémonieux : la mariée s’avance.
J’ai toujours aimé les mariages, c’est un secret pour personne. J’aime les organiser, les pourrir, les décorer, les encourager, les casser. J’aime tellement ça que c’est devenu ma spécialité : l’incruste aux mariages, et même si c’est un avantage pas négligeable, c’est pas du tout pour bouffer à l’œil non. Non, c’est juste pour la magie du moment.
Alors oui, je plisse les yeux. Je regarde la mariée balancer son bouquet à la va vite avant d’aller se cacher dans une ruelle. Elle se paye tout de même le luxe de regarder si elle est suivi, s’agirait pas que le marié déboule pour récolter son dû –y a des pressés ouai-.

Alors je fais ce que tout le monde fait mais qui ne sert à rien : je mets mes mains en jumelles et j’ajuste la vision, parce que c’est flou. Je me rends d’ailleurs rapidement compte que c’est pas une question d’objectif mais de taux d’alcoolémie, peu importe, je vois, je vois…


Elle se penche en avant Jo’… Oh non… Elle va s’asseoir.
Elle a pas levé le jupon.
Et la peur dans ma voix tu la sens ?
Me dis pas qu’elle va s’asseoir. Non faut pas qu’elle s’assied. Putain. La main vient se poser sur le bras du Blond, peu importe s’il avait le verre à ses lèvres, l’heure est grave.
Elle s’assied RESTE DEBOUT BERDOOOOOOOL PAS LA ROOOOOOOOBE !

De là à dire que je ressemble à Roberta sur le bord d’un terrain de foot un dimanche matin à Panazol –c’est le bled d’à côté, tu peux pas test, ça a failli être ma cible d’ailleurs- y a qu’un pas.
Le corps tout entier de la Colombe se crispe, jumelles se transformant soudain en porte voix. Ce qui ne changera rien non plus –alors que cette fois l’utilité des mains est prouvée- : La mariée s’est assise. Ruinant sa robe.


Nan mais pas la robe…

Heureusement le verre était servi –moi j’ai le verre 1, c’est celui où y en a plus-. Couronne de marguerites est posée sur les cheveux Colombesques. Colombe reprend son sourire car bientôt les enfants de chœur entame un chant en écho : mais sans paroles, il n’y a que les percussions, que Colombe accompagne en entrechoquant sa bague armure contre le verre.

Jésus revient, Jé ésu revient, Jésus revie… Outch.
Pourquoi ils vont tous vers le boulang…
Johannes, t’aurais quand même pas démarché le boulan..
Johannes.

Lourd regard accusateur vers Johannes, avant que le sourire ne s’élargisse et que la main ne vienne tapoter le genou Blondesque

Bien joué ça ! Vraiment bien joué !
Mais la révolution était en marche, car on pouvait déjà entendre, aux milieux des percu’

-C’est sa graine de COURGE
– NON AUX GRAINES !
–Mort à PAULIN !


Et Colombe de rire encore plus fort « grouink grouink » dans le package, oh oui, c’était vraiment très bien joué.
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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
Taux d'alcoolémie : en très bonne voie. Ne baissez pas les bras.
Taux de verdure : troisième pipe en route. C'est bien. Continuez.
Âge mental : en régression notable (43%). Maintenez vos efforts.
Scores : verre 2 un point, pèlerine une bavure. Peut mieux faire.

Aveuglé parce qu'il chialait de rire, il n'a pas vu la scène de la mariée. Hélas. Mais il l'a vécue, à travers les yeux d'Andréa. C'est comme s'il y était. Guidé par ses descriptions, il a visualisé la fraîche épousée en train de remonter la ruelle plus vite que l'allée centrale de la petite église locale, et s'accroupir dans la boue — d'où t'as cru que les rues étaient pavées à Crouzeix — en lançant des petits coups de museaux alarmés autour d'elle, se demandant si c'était normal de se sentir si ballonnée pendant la nuit de noces, si ça faisait partie du rituel ou si c'était la faute aux andouillettes de Gérard, d'ailleurs, en parlant d'andouillette, est-ce qu'elle était vraiment si pressée que ça de faire la connaissance de celle de son époux, non, pas forcément, ça faisait du bien, un peu d'air frais, qu'elle songeait en s'accroupissant, le bidon agité par les crampes, et puis il avait imaginé sa bouche tordue par l'écoeurement quand elle avait saccagé sa robe, ah le drame, elle en avait enfoui son visage dans ses mains, de honte, et Blondin avait fait pareil, mais pour étouffer ses petits hoquets foireux d'ado boutonneux.

Andréa avait chanté, Jhoannes avait battu le rythme d'une botte en reprenant son souffle.


- « Pourquoi ils vont tous vers le boulang… »

Expression n°1 : Le boulanquoi ? Le boulanger ? Y a un boulanger à Crouzeix ? AH BON ?

- « Johannes, t’aurais quand même pas démarché le boulan... »

Expression n°2 : Johannes ? C'est qui ? C'est moi qu'on m'appelle Johannes ? AH BON ?

- « Johannes. »

Expression n°3 : Parisien tête de chien, version chiot qui te fixe, la gueule penchée.

- « Bien joué ça ! Vraiment bien joué ! »

Oui, évidemment, bien joué. J'avais tout calculé. Et c'est bien parce qu'il est boulanger, que je lui ai refilé une petite montagne d'échantillons de pain malveillant, en aucun cas parce que le gars s'appelle Paulin. Paulin. Paulin, je t'ai parlé de Paulin, Andréa ? Andréa, tu m'entends ? Non, puisque je suis en train de parler tout seul dans le château de mon crâne. Paulin, Andréa. Le Paulin de Paris. Le Paulin qui m'a défoncé la tronche et rayé le cuir pour une histoire de cul vieille de deux siècles ? Le Paulin qui m'a humilié ? Le Paulin qui a menacé de s'en prendre à ma fille ? Non, ça te dit rien ? Non. Mais moi ça me dit bien, de le voir se faire battre à son tour, même si c'est pas le même Paulin, ça reste un Paulin. Et le voir souffrir me donnera du plaisir. Alors je vais me recaler bien droit sur ma souche, relever le menton sous mon capuchon de druide, m'enfumer de chanvre encore et laisser les ténèbres de mon âme couler le long des saignées de limon qui descendent jusque dans l'âme des crouzeya… des gens qui vivent ici, et ma haine deviendra leur haine, et je rirai pendant qu'ils l'enterreront vivant sous une montagne de merde et je…

- « L'idée des graines de courge aussi c'était moi... »

Jhoannes plongea son regard noir vers l'arène, étira un petit sourire de connard et tendit mentalement son bras pour baisser le pouce vers le bas. J'espère que tu vas prendre cher Paulin. Très cher.
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En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
Dans la vie, les gens ont plusieurs façons de gérer leur taux d’alcoolémie. Alors attention, je ne parle pas d’avoir bu un petit digeo’ après le dessert, ni une petite binouze après la journée à la mine. Je parle de la bonne grosse biture des familles, où on picole plus qu’on ne mange : en gros, ce que Johannes et moi sommes en train de vivre.
Johannes fait partie de la première catégorie : ceux qui sont hyper expressif. Blondin n’avait même pas besoin de parler que je comprenais déjà tout ce qui se passait dans sa caboche. J’pouvais mettre ma main à couper qu’il se souvenait même pas de son prénom. Il était si convaincant que je me demandais si j’avais pas mal analysé la situation, et pourtant pour que je doute d’un truc, fallait se lever tôt –et c’était pas son cas-.
Il était presque craquant, Blondin, avec ses sourcils haussés de celui qui n’a rien à se reprocher, si j’avais eu une Ostie sous la main je lui aurais glissé sur la langue, j’aurais pardonné tout ses pêchés et j’aurais même construit une auréole pour lui coller au dessus de la tête. Oh oui, si j’avais eu une ostie, j’aurais fait de Lui un enfant de chœur.
Mais j’avais pas d’Ostie, alors je me contentais de faire ce que font les gens de la seconde catégorie : je riais grassement avant d’agir.
Car je vais agir, bon, pas tout de suite parce que je continue de me marrer comme une grognasse, que je tape sur le genou de Johannes en tentant d’avaler une gorgée, que cette gorgée ressort par le nez, ce qui me fait encore plus marrer. Ouai, l’idée de démarcher un boulanger c’était très fort, et je venais de comprendre le super pouvoir de mon ami. C’était un arracheur de dents. Si le mec avait été capable de filer à un boulanger des bouts de pains pour qu’il en distribue, j’imaginais sans aucun mal ce dont il était capable. Johannes, en fait, était une arme de destruction massive qui s’ignore. Ou qui se connait mais que moi j’ignorais. Johannes, en cet instant, devenait mon Dieu. Je le voyais déjà vendre des binocles à un aveugle et des cannes à un manchot. Oh oui, Johannes était un Dieu, et ça me faisait plus marrer, mais presque chialer d’émotion.
Sauf qu’on est bien d’accord que c’est le vin qui fait ça. Ou le chanvre. Ou les deux.

Et son petit sourire de connard s’étendait sur un visage déjà habillé d’un regard noir vers l’arène était le coup de grâce. Je me levais, bousculant un fond de verre sur la nappe –mais on s’en fiche, là, tout de suite-, posée face à la scène, je dévisageais le chaos, altière et museau plus décidé que jamais je comprenais l’ampleur de la situation.
Lentement je remontais mes manches et attachais mes cheveux. Je me sentais puissante et invincible, parce que c’est ce que je suis. C’est aussi le vin ça, et le chanvre, mais j’suis clairement pas en capacité de l’avouer-, j’avais probablement l’air d’une pissotière en démolition en vrai, mais l’principal c’est de se sentir.
Et je sentais bon.
Puis je me tournais vers Johannes. Mon poing se serrait avant de lever doucement, à la fin du discours, il pointerait le ciel.
Parce que j’étais de la seconde catégorie de personne. Trop d’alcool, pour, comme la première, être expressive du visage. Moi, je parlais, beaucoup.


Les graines de courge, Johannes c’était une putain de bonne idée , viser le boulanger c’étaitencore mieux mais on sait tous les deux que maintenant que tous les villageois ont de quoi fertiliser le terrain pendant des années , maintenant qu’ils ont tous l’oignon en choux fleur faut agir. Et agir bien.
Alors on va aller défoncer Paulin.
Et on passera pour des Dieux aux yeux des villageois !
ON VA TOUS LES BAISER !



Parce que j’étais dans la seconde catégorie de personne, et qu’après avoir parlé, j’avais besoin d’agir.
Sans réfléchir, c’est bien le point commun à toutes les personnes qui ont plus d’alcool que de sang dans les veines.
Est-ce que j’attends l’approbation de Johannes pour dévaler la colline ? Non.
Est-ce que j’ai un plan ? NON. Mais j’ai un couteau à beurre, tu peux pas test’.

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Jhoannes
Mise à jour des scores : verre 2 un point, pèlerine une bavure, verre 1 deux points, braies niquées à droite. Marge de progression encourageante.

Andréa dévale donc la colline et le barbu observe Andréa, qui dévale la colline, armée d'un couteau à beurre, en clignant des yeux, encore frappé par la beauté du monologue auquel il vient d'assister. Tout cette conviction inébranlable, il pourrait la jalouser, car il n'est pas un meneur dans l'âme, non. Plutôt du genre à observer les gens partir à l'assaut en restant bien derrière, comme par exemple là, maintenant, le fion sur sa souche, alors qu'il balance à voix basse — au cas où son alliée aurait développé une perception auditive surnaturelle — un pauvre :

- « And… Andra att... »

Oui, Andra. Dur. Mais c'était plus simple à dire comme ça. Est-ce que Blondin va s'endormir ? Nenni. Blondin contemple. Et il y a réellement de quoi, admirez cette Reine de Guerre qui s'en-va-t-à-Crouzeix, couronnée par les dieux de la Nature, brandissant sa lance d'argent pour péter du gueux, enfin, surtout du Paulin, et arracher son droit divin dans la sueur et la mouscaille ; sans même lancer un regard par-dessus son épaule, non, pas besoin, puisqu'elle est sa propre armée. C'est comme si des centaines d'Andréas étaient en train de dévaler la pente, des mill…

Sinon on la rejoint ou bien ?
Ah ouais merde.

Comme s'il l'était pas suffisamment, rond, il s'arrose le gosier une dernière fois avant la prise de Crouzeix. Au goulot, les verres appartiennent déjà au passé. Sous le tilleul, il abandonne sa cape, histoire d'éblouir les gens avec sa blondeur vieillissante insolente, et attrape le sachet rempli de champignons sur lequel il lorgne depuis tout à l'heure. C'est mignon, les psilocybes, on dirait des petits têtards albinos qui auraient séché au soleil. C'est un peu magique aussi, donc c'est parfait, pour une nuit magique. Vraiment, elle a pensé à tout, elle… elle est où d'ailleurs ?

Faut qu'il décoince. D'un pas bourré souple, il entre dans le sillage de Croûton, en mâchant des champis.

Un, deux, trois.

En horizon direct, à quelques toises au carré de l'angle de Jean-Bourré, il aperçoit Paulin qui court, défroqué, puis qui disparaît, suivi par des villageoises et villageois qui crient, avant de disparaître aussi. C'est vers là qu'on va.

Quatre, cinq, six.

Ou alors c'est pas vers là qu'on va. Il se met à courir, atteint finalement le niveau d'Andréa et tapote son épaule pour qu'elle se retourne. Avant de lui refiler le pochon, il pique un septième bonbon. Sept, c'est un bon chiffre.


- « Faut qu'on l'bloque ce salaud. À rebours. »
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Andrea_
Et bin mon goret, je peux te dire que tu rates un truc épique : Colombe qui dévale la colline.
Le décor était idéal, le ciel était découvert et s’apparentait à une voute céleste où brillait des milliers d’étoiles. Entre les branches de l’arbre –celui gravé d’un Q et d’un C-, reposait la lune. Elle, belle dans sa blanche immaculée –immaculée moins quelques tâches de vin, quand c’est ressorti par le nez-, le point levé. En arrière plan Johannes continuait sûrement de craquer quelques volutes blanchâtres en se touchant la pipe. En bas, les villageois criaient à la révolte, on entendait gronder les sphincters et la complainte des paires de braies, on entendait des bides qui couinaient et des femmes qui pleuraient, le tout au milieu de centaines de lanternes dont les flammes vacillaient au milieu de tant de gaz.
Non vraiment, tout semblait parfait.
Mais c’est Andréa. Et elle a bu.
Alors quand j’ai dit qu’elle dévalait la colline, clairement, c’était à prendre au pied de la lettre. Elle dévale. Ça commence par une prise de conscience « oh tiens ça descend ! », puis par un « ola, mais ça descend sérieusement c’t’histoire », un petit pas chassé, un petit saut de cabri, les bras qui tente une nage papillon, ça tente de relever le jupon trop tard -l’herbe ça tâche-, avant de finalement se prendre les pieds dedans et de… Vous voyez Carrie Ingalls ? Bin à côté, elle était vachement gracieuse.

Mais moi, il me restait ma dignité, et même après avoir dévalé la colline, je gardais le point dressé, en plus ça permettait à Johannes de me repérer si jamais il se décidait à vouloir me rejoindre. Un grognement plus tard et je l’attendais toujours. Je crois que Jojo’ s’est mis en tête de toujours me faire patienter, je pense que c’est un test.
Et le voilà qui se ramène, tranquille pépouze en s’envoyant je ne sais pas trop quoi. C’est vrai que c’est moi qu’avait amené ce truc ? Merd’, j’m’en souvenais pas.
Alors voilà, quand Johannes se pointe, en plus de mon sourire, j’accueille son pochon sans regarder ce qu’il y a dedans et j’en vide une bonne bouchée dans le bec. Combien ? J’en sais rien, six, sept, ou douze j’en sais foutre rien, parce que j’suis concentrée à écouter mon ami.


- « Faut qu'on l'bloque ce salaud. À rebours. »

Et d’hocher la tête, parce qu’on parle pas la bouche pleine.

– J’chu bien d’accord, c’t’un salaud. Et de parler la bouche pleine, parce que j’réponds plus de rien.
– Quand tu dis à rebours... ? Et de répondre, ou du moins essayer de comprendre. Moi j’veux bien bloquer le Paulin, m’enfin à rebours…
– Ça serait pas plus simple d’y aller à trois ?
Ou.. à deux… HINHINHIN
Allez, avoue qu’elle est bonne ma blague !

Le bras vient se coller sous celui de Johannes, après lui avoir coulé un sourire qui, à la base, se veut charmeur, qui, en vérité, fait pitié. D’ailleurs, le temps qu’il range le sachet que je lui tends, j’ai soudain l’envie, que dis je le besoin, besoin complètement vital –et dicté par l’alcool-, de lui faire… Une déclaration.
Totalement sobre. Digne et avec beaucoup de retenue. Une déclaration de personne avinée, comme l’a tous vécu une fois dans notre vie. (En regrettant soit d’avoir été présente, soit de l’avoir fait, ce discours.)


Jojo’, faut que j’te dise. Et de lui écraser un index sur la bouche, pour pas qu’il puisse répondre, des fois qu’il me rachèterait une dignité et me ferait fermer ma gueule hein… T’façon c’est trop tard, je vois ma dignité se barrer en courant, et elle a même pas pris l’temps de mettre une culotte.
T’sais Jojo’, j’crois que t’es vraiment un ami toi. Pas un pote t’sais, mais v’vv’vvv’vvvvraiment un ami. J’chu sûre que j’peux vvvv’nir à n’importe quelle heure du jour et du jour et même dans la nuit, que tu s’ras toujours gentil avec moi, parc’que toi, t’es vvvraiment un ami.
Même que j’ai jamais connu un gars comme toi, et qu’j’avvvais même pas envie d’le baiseeet j’dis pas ça pour ttttt’blesser, t’sais j’pourrais m’enfin j’ai tellement pas envvvie parce que…. Oôôô le Veeeeeent dans mes cheveuuuuuuuuuux et entre mes …
Johannes !
Index qui lâche ses babines pour se poser entre ses yeux, 'tention c'est du sérieux!
J’te laisserais jamais tomber, pas b’soin d’avoir peur que les étagères des archivvvvves t’t’ombent sur le coin de la gueule ttt’sais, j’s’rai toujours là pour tttoi.
Mais vvvvraiment.
Vvvvraiment.
J’sais pas où c’est rebours.



Ça t’apprendra à mettre trois heures à ranger un pochon aussi. Allez Johannes, on compte sur toi, Colombe est plus que prête là, bon, elle s’est enroulée à ton bras comme du lierre à un chêne, elle en est rendue à avoir du mal à sortir le V et certains T –mais pourquoi ???-, maintenant montres lui.
Montre lui ce que c’est que d’prendre quelqu’un à rebours.
Et si tu veux un conseil, fais le avant que les champi’ fassent effet. Il te reste sept minutes.

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Jhoannes
À trois ou à deux ? Hinhin. Il a pouffé comme un guignol, mais il était en train de penser à autre chose, en fixant le pochon d'une nuit magique. Il était en train d'assister à l'éclosion d'une idée, qui émergeait depuis les limbes de son cerveau embrouillé, une idée qui lui parut fantastique, aussi brillante et dangereuse qu'un diamant noir.

Hé… T… Tu sais c'qu'on dit, non ? Tu connais, cette loi universelle des charlatans ? Un remède, ça se vend bien mieux qu'une maladie. Le commerce de la peur, y a rien d'mieux ! Et là, les gens ont peur. Les gens sont perdus dans un vent de panique. Crouzeix s'effondre. Alors comme on a tant donné du cœur à l'ouvrage pour empoisonner tout ce village, qu'il y a déjà un gars qui a une bonne tête de coupable, est-ce qu'on n'aurait pas envie d'aller jouer les sauveurs maintenant ? Regarde, mais regarde ce pochon de champignons ! Est-ce que ce ne serait pas l'antidote rêvé, là, juste entre tes m…

- « Jojo’, faut que j’te dise. »
- « Hpf ? »
Compliqué d'aligner un mot entier avec un bâillon de doigt. Attends, c'était quoi ce sourire ? C'est quoi ce regard qui luit ? Qu'est-ce qu'elle fout soudain à mon bras ? Mais me dire quoi putain ?

- « T’sais Jojo’, j’crois que t’es vraiment un ami toi. »
Jusqu'ici on est bon.

- « Pas un pote t’sais, mais v’vv’vvv’vvvvraiment un ami. »
Oui, je suis vraiment vrrrrrrraiment ton ami. Vraiment vraiment.

- « J’chu sûre que j’peux vvvv’nir à n’importe quelle heure du jour et du jour et même dans la nuit, que tu s’ras toujours gentil avec moi, parc’que toi, t’es vvvraiment un ami. »
C'est vrai qu'en général je suis gentil. Sauf avec Paulin.

- « Même que j’ai jamais connu un gars comme toi... »
Les sourcils se pincent. Oh non, ça ça pue. Oh merde… Non pas ça… Pas toi…

- « … et qu’j’avvvais même pas envie d’le baiseeer j’dis pas ça pour ttttt’blesser... »
Les sourcils se haussent. Il balance un bref regard à la ronde, en cherchant son épouse du regard, au cas où elle aurait décidé de quitter Limoges pour faire une balade nocturne sur Crouzeix, par le plus épique des hasards. Ce qui n'est bien évidemment pas le cas. Flûte. Parce qu'il y a pas si longtemps que ça qu'elle lui a sorti une petite pique bien injuste, sa dame, un petit truc qui lui était resté en travers de la gorge, une fine remarque qui voulait dire, en somme, hé, peut-être qu'un jour vous allez vous trouver une amie qui cherchera pas à vous agripper le manche, hein ? Ah si t'étais là Astana… Je pourrais te dire « Ah-HA ! ». Comme elle n'est pas là, il se contente de cocher son haut-fait dans le silence, sans témoin. Quelle tristesse.

- « … t’sais j’pourrais… »
Non non non non… C'était bien… Enfin moi aussi, je pourrais, dans le sens où mécaniquement, c'est réalisable. Comme décapiter sa grand-mère, ou enculer des chèvres. C'est faisable, oui. Est-ce qu'on veut le faire pour autant ? Non, on veut pas. Ou alors c'est qu'on a un gros problème, mais du coup c'est clairement pas le mien. Bon, j'ai peut-être pris des exemples un peu extrêmes sur le coup...

- « … m’enfin j’ai tellement pas envvvie parce que…. Oôôô le Veeeeeent dans mes cheveuuuuuuuuuux et entre mes… »
Oui, le Vent chaud, et ton cœur fendu. Tu crois qu'on est ici ce soir parce qu'on vit des journées incroyables en ce moment ? Bon…

- « Johannes ! »
Le regard louche un instant sur le bout de l'index et se refocalise sur Andréa. J'écoute.

- « J’te laisserais jamais tomber, pas b’soin d’avoir peur que les étagères des archivvvvves t’t’ombent sur le coin de la gueule ttt’sais, j’s’rai toujours là pour tttoi. Mais vvvvraiment. Vvvvraiment. J’sais pas où c’est rebours. »

Oh. Alors là, il lui offre le sourire le plus chaleureux qu'il soit capable d'esquisser, et comme il s'agit de Blondin, c'est un sourire qui fuse par les yeux. C'est qu'il aurait beaucoup de choses à répondre à tout ça, mais il pige bien que ça n'aurait aucun intérêt. Il aurait aussi beaucoup de questions à poser à Andréa, du type, pourquoi tu t'excuses de pas vouloir te faire quelqu'un ? Tu sais que c'est pas malpoli, hein ? C'est pas comme ça qu'on dit bonjour. Mais c'est hors-propos. Ce qu'il sait, c'est qu'Andréa est vulnérable et biturée, et que dans cet état, la meilleure chose à faire, c'est de la rassurer. Comment qu'il le sait ? Bah il est pareil, quand il est vulnérable et bituré. Comme tout le monde, en fait. Mais lui beaucoup. Alors il dit un truc dans son oreille :

Spoiler:
- « N… non mais moi non plus j'te… j'te lâcherai pas au bord d'la route Croût... Croûton. J'te l'ai écrit déjà. »


Et un truc pas dans son oreille :

- « À rebours c'est qu'on… c'est qu'on l'coince… Comme un rat. Alors tu vas par-là, on dit, et moi par… par là... »
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
J’savais qu’il me l’avait déjà écrit, mais bordel, qu’est-ce que c’est bon d’l’entendre dans le creux de mon oreille ! Peut-être bien que j’avais un bon sourire niais sur le visage, et qu’il est resté posé là quand Johannes m’expliquait ce que voulait dire « à rebours ».

C’est après que tout se complique. Une fois qu’il a dit que moi, j’allais par là et que lui, il par… par là. C’était pas le même endroit. Et j’avais soudain envie de chialer, voilà comment sont les hommes, on s’accroche à leur manche, on leur dit de jolies choses, on leur balance des sourires, et ensuite nos chemins se séparent. Put’ain d’poussières dans l’œil. J’avais lâché le bras de Johannes avec émotion, l’œil brillant d’un je ne sais quoi, je savais qu’on allait se revoir, bien sûr que je le savais, m’enfin j’peux en rajouter un peu non ?

Alors voilà, alors que je tente une marche arrière, ma main se pose une dernière fois sur son bras avant que je ne lui lâche, menton relevé et reniflage en cours :


-Adieu.

Avant de me barrer par là, pile par là où il m’avait qu’on avait dit que je devais partir pour coincer le boulanger.
Bon, j’tiens quand même à vous rassurer, j’ai pas fait toute la route en marche arrière hein, non à un moment j’ai fait un demi tour –j’ai peut être même fait deux tours entier parce que j’avais peur de plus être dans la bonne direction une fois que j’avais fait un demi, mais pas de panique, on allait coincer Paulin, toutes les routes mènent à Paulin, la preuve, même en allant à Paris, Jojo’ en avait trouvé un.

Je dois avouer que l’odeur dans la ville n’était pas propice à l’envie de visiter, et je peinais à savoir si c’était pire que d’habitude ou vraiment pire que d’habitude. Je prenais une précaution toute particulière à marcher entre les bouses et à lever le jupon de ma robe, qui, déjà tâchée d’herbe et de vin, ne serait déjà pas facile à détacher. J’ai jamais apporté d’importance à mes tenues, dans le sens où j’avais tellement d’argent et de flemme qu’il était plus simple d’en racheter que de les laver, mais si la tenue bleue nuit avait souvent eu la primeur –portée plus d’une dizaine de fois quand même !-, je pense que celle-ci est en passe de le devenir : JAMAIS je n’oublierai cette nuit. Et je compte bien m’en rappeler chaque fois que j’ouvrirai mon armoire, chaque fois que je déprimerai, chaque fois que j’aurais un coup de mou.

Un regard vers le ciel et je compris rapidement qu’un truc ne tournait pas rond. Ou plutôt qu’un truc tournait rond mais que c’était pas normal. Je scrutais le sol avant de déposer mon tissu et me tenait au mur à ma droite pour m’assurer de pas me vautrer et relevait encore les mirettes vers le ciel.
La lune les amis, la lune faisait la danse de la joie. La lune tournait sur elle-même, et autour d’elle-même, et s’offrait même des petits sauts. Pour fêter ça, les chauves souris –à moins que ça soit des mouches à merde, à Crouzeix ce soir, elle pourrait franchement avoir des tailles folles- tournaient sur elles même, un peu comme le feraient les moulins à vent.
Je sais que ça parait invraisemblable mais c’est bien ce que je vois.
D’un coup les lumières provenant des lanternes prenaient elles aussi des teintes particulières. Des lucioles ouai, de toutes les couleurs, qui tournent et qui virent. Alors forcément, j’croise un habitant avec sa fourche, et j’suis bien décidée à lui demander des comptes.


- Toi, dis moi c’qu’il se passe ici
- Ché pô trop, m’dôme
- Tu sais pas trop tu sais pas trop, t’es quand même avec un pioche
- C’pô une pioche, c’t’une bèche
–Pour péter la gueule à Paulin ?
- Oh non !

Mais j’aime pô –PAS, putain j’aime pas prendre les accents des gens !- qu’on m’prenne pour une conne, alors le mec, j’le chope par le col et j’le coince contre le mur. En r’gardant de plus près, j’vois qu’il a les oreilles décollées, le menton en galoche, un œil qui dit merde à l’autre et le tarbouif à piquer des gaufrettes. En clair : son visage est un puzzle dont les pièces n’auraient pas été assemblées comme il faut.
Sauf que ce mec, se chie, littéralement dessus. Quand j’dis littéralement c’est qu’après le p’tit pet –qualificatif : foireux-, et le fumet désagréable qui s’en échappe jusque par sa bouche-oh tiens, il reste deux dents-, j’ai qu’à regarder ses pompes pour voir que ça se remplit doucement.


- J’allais juste au fond du jardin pour faire côcô, c’pas juste, c’est vraiment trop injuste !
- Bin fallait l’dire aussi !

Deux secondes douze plus tard, le pauvrin se prenait une patate de forain dans la gueule, et je récupérais les deux ratiches qu'il venait d'abandonner sur le sol: souvenirs. C’est dingue, le mec me dérange pendant que je regarde le ciel et en plus je devrais m’excuser parce qu’il est pas capable de se retenir ? Mais où on va là ?
Ah oui, Paulin.
Ce village est de plus en plus étrange, j’crois qu’après ça, j’verrais Limoges comme le paradis. J’entendais bien des bruits bizarres, en rejoignant l’attroupement formé près de la boulangerie, et oui, j’avais peut être l’air de ce que j’étais –une femme, seule, bourrée, chanvrée et champignonnée- à me retourner toutes les trois minutes. Sans parler du fait que j’me suis fait piquer par un moustique transgénique et que j’ai maintenant un bouton de la taille d’un œuf en plein milieu du front –je sais, j’le sens, j’le gratte !-.

Si bien que mes souvenirs du plan de Jojo’ n’étaient plus super clairs une fois arrivée sur la place. Rebours, c’est l’seul truc que j’avais retenu.
Mais j’laisserais pas Jojo’ dans un coin, j’le laisserai pas risquer sa vie tout seul, alors forcément, j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai failli me noyer en traversant le bassin municipal –j’avais de l’eau aux genoux mais me demandez pas comment au moment de rentrer d’dans j’me suis ramassée et … j’ai froid-. Personne m’a vu quand j’ai escaladé la statue, faut dire que j’suis vraiment une escaladeuse professionnelle.
Et c’est donc, assise sur le cheval de j’sais pas qui de super célèbre, le point levé -un peu ensanglanté par Pauvrin -ça ressemble vachement à Paulin, c'est sûrement un signe- en direction de … par là, là où est censé se trouver Johannes- que j’annonce la suite du plan, du moins ce que j’me souviens.


DIX
NEUF
HUIT
SIX
Non SEPT


Rebours on avait dit, non ?
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Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
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