Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP] Crouzeix : ville cacastrophique.

Jhoannes
Et il s'en alla par-par-là, ingrat comme tous les hommes et absolument inconscient de l'être. Adieu, instant d'émotion.

J'ai une Quête à mener, et maintenant qu'elle est apparue dans mon crâne, c'est vers elle que se concentreront tous mes efforts. Je ne pourrais pas la décrire réellement, cette Quête, si ce n'est par : coincer Paulin, cette grosse rognure d'ongle, en allant par-par-là, car c'est par-par-là que se trouvera la résolution de tous mes maux. Cette Quête a une lueur étrange et douce, et je fais confiance au hasard de mes pas pour me rapprocher d'elle, et que la lumière de l'apaisement baigne mon front d'or, d'ailleurs j'aperçois déjà un pan de mur qui scintille discrètement là-bas. Serais-je le seul à m'en rendre compte ? Suis-je entouré d'aveugles qui appréhendent le monde uniquement par les narines ? Ne sont-ils pas capables de percer la beauté du monde à travers les effluves nauséabonds qui flottent dans ce glorieux petit village ?

Là c'est le moment où Blondin reste debout tout contre un mur comme s'il voulait se l'enfiler.

Allons contemplez, pauvres fous ! Arrêtez votre course délirante devant la façade de cette cordonnerie ! Pourrez-vous ignorer encore comme elle brille, de l'intérieur ? Arrêtez-vous et regardez. Regardez bon sang. C'est comme si chaque brique ét… Oh, et cette petite fleur, là ? Cette petite fleur épargnée par le froid d'hiver, qui résiste entre deux rectangles d'adobe ? Bonjour, petite fleur. Bonj… Elle respire. Regardez comme elle respire. Elle aussi, brille en son cœur de petite fleur. Elle est animée par un souffle, je la vois qui inspire et qui expire, et nos respirations s'harmonisent peu à peu, inspire, expire, inspire, expire, car nous marchons ensemble dans un même souffle, le souffle du monde, car petite fleur et moi sommes liés, intensément liés… Inspire, expire…

Douze minutes plus tard, il détache enfin son regard de Petite Fleur. Merci c'est pas trop tôt.

… tout est relié. Nous nous laissons tous porter ensemble par la vague du monde… Tout resp… mais TOUT respire en fait. Les mais… Les maisons respirent… Les toits des maisons respirent… Le… Le ciel respire, et toutes ses étoiles, oh que c'est Beau, regarde mais regarde toi, femme accroupie… sèche tes larmes… Mais ? C'est toi Bérénice ? Bérénice… Bérénice, toi qui disais non à l'amour ce matin-même… Redresse-toi Bérénice, et vois. Toi aussi, tu brilles, je le sens. Tu brilles de l'amour dont on brille tous mais qu'on se refuse à laisser paraître. Toi, aussi, tu respires. Même tes rides se gonflent d'air. Ne pleure pas… Pourquoi tu pleures alors que nous ne sommes qu'Un ? Toi, Moi, Petite Fleur et les chats de berger… Les chats de berger, quelle belle idée, que…

DIX

Andréa. C'est la couleur de la voix d'Andréa.

NEUF

La Quête !

HUIT

Là c'est le moment où Blondin se laisse guider par le compte-à-rebours.

SIX

Non SEPT

CINQ

Là celui où il aperçoit la foule (huit pécores en train d'insulter Paulin, retranché devant sa boulange, si on doit basculer dans la rude réalité des faits).

QUATRE

Là le barbu observe la scène d'un air horrifié.

TR… TROIIIS

Là il comprend que ce Paulin-là, c'est pas le Paulin de Paris. Que ce Paulin-ci, c'est une victime. Comme lui. Il comprend le cercle infernal dans lequel on s'engage en allant par-par-là. Et Paulin aussi, brille et respire. Comme nous tous.

DEUUUUUUUUUUUX

- « ANDRÉÉÉÉÉA ! »

Les prunelles noires sont levées vers la guerrière perchée sur son cheval immobile. Entends ma voix d'humble mortel.

- « Je lui pardonne. »
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
Qui a dit que ce cheval en statue était immobile ? Est-ce que les choses faites de pierre, de bois ou de n’importe quelle autre matière sont obligatoirement immobile ? J’vous l’assure moi, ce cheval, il est vivant, au moins autant que la personne qui lui grimpe dessus. D’ailleurs si elle lui met quelques coups de talon sur le flanc, c’est pour le ralentir, car visiblement, il s’emballe, à moins que ça soit elle, ce que je peux vous dire, c’est qu’en cet instant, Colombe a la folle impression de traverser des villes et d’autres villes, et même certains villages, au quatrième galop, jusqu’à ce que

- Mais… Mais tu voooooleeees !

Jusqu’à ce que, les ailes déployées, Colombe et l’animal prennent leur envol. Pour aller où, personne ne le sait vraiment, mais à voir les yeux fermés de la Chiasse et son sourire on peut allègrement conclure que c’est un endroit merveilleux, avec des milliards de lucioles colorées. Le cri des habitants en délire –ils sont plus que huit, Colombe est défoncée, Colombe sait ce qu’elle voit-, se transforme doucement en rires. C’est visiblement la fête au village, et la Chiasse vole au dessus de tout ça, cheval devenue Pégase tourne au dessus d’eux en pétant des paillettes de lucioles multicolores et c’est beau, punaise, c’est tellement beau que lorsque son prénom est beuglé, elle ouvre une paire d’yeux bleus plein de larmes.

- « ANDRÉÉÉÉÉA ! »

Chiotte, c’était trop beau.
Entendre mon prénom, hurlé par Johannes, c’était le cornichon sur la tartine de pâté, ça ajoutait une dimension complètement folle à ce que je vivais déjà. Je laissais mon cheval atterrir, et reprenait les rênes le temps qu’il perde un peu de son élan. J’étais pas peu fière de voir qu’il avait pu se poser en stationnaire, juste au dessus d’une mer d’eau douce.
Une putain de mer d’eau douce jonchée de pièces.


Je crois en Dieu
- « Je lui pardonne »

J’avais aucune idée à qui Johannes pouvait bien pardonner. A moi de croire en Dieu ? A Dieu de me le faire croire ? A Paulin. Non je déconne, JAMAIS Johannes ne pourrait pardonner à Paulin. Parce que c’est un Paulin –hinhin-, et aux Paulin, on ne pardonne rien –hinhin, on tient un tube-.
Et en fait, ce qu’on tenait, c’était pas un tube, c’était le casse du siècle.
Vous expliquez cette dégaine d’altesse quand je descendais de ma licorne sauvage ne serait pas rendre hommage à ce qu’il s’est vraiment passé, mais je vais tenter, parce que vous devez assez vous en vouloir d’avoir raté ça.
D’abord j’avais rangé mes cheveux, un peu comme on le fait quand on a réussi un créneau avec une charrette format familiale alors qu’on pensait qu’il y avait à peine le place de garer un chien. J’avais sorti un petit miroir de poche et retouché mes lèvres avant de le ranger. J’avais passé une jambe du même côté que l’autre et, très dignement, je m’étais ramassée dans l’eau –qui paraissait super chaude après ma visite dans le ciel-. De là, en regardant Johannes avec des yeux énamourés, je m’étais mise à plat ventre, mains sous le menton, les talons relevés battaient la mesure que ma tête imposait en penchant de droite à gauche. N’est-elle pas mignonne ? DIS LE MERDE.
Elle était mignonne donc. Et après lui avoir envoyé un baiser avec sa main, elle avait pris une pièce dans le fond du bassin pour la montrer à Jojo.


On est mais… Tellement riche Johannes… Qu’on peut tout pardonner. A tout le monde. Même moi je te pardonne. Je me pardonne aussi. Je lui pardonne aussi. Même à eux, je leur pardonne. Parce que le pardon Johannes, c’est tellement, mais tellement important. Qu’est ce qu’on serait sans le pardon ? Encore dans les roupettes de nos pères tu sais, à un moment nos pères ont pardonnés à nos mères. Et hop, on est là. C’t’un peu le mystère de la vie qu’on vient de résoudre ce soir. C’est le pardon. La magie. La magie du pardon. Le pardon de la magie. Le pardon magique. La magie pardonnée. Le… Je suis certaine que si on récolte tout ce qu’il y a au fond de ce bassin, on sera au moins plus riche de quatre écus et au mois, AU MOINS soixante deniers. Mais peut être soixante dix. Est-ce que tu as envie de rester toute ta vie sur cette question alors qu’on vient de résoudre le mystère de la vie qui est le pardon ? Hein ? Est-ce que tu… Parce que là c’est qu’une pièce d’un deux deniers, mais elle est en fait la première d’une longue série de pièces de deux deniers. Deux plus deux, quatre, plus deux six plus deux huit, et combien y en a au total, hein ? On ne sait pas Johannes, cette pièce c’est le début de la richesse et c’est MOI qui l’ai débusqué, avec TOI, c’est NOUS, c’est…

Attends.


Oui, une femme peut faire deux choses en même temps. Et bien dites-vous que pendant que Colombe faisait un discours digne du prix Nobel du discours, son autre Elle, celui qui est supérieur, vient de comprendre. Sans certitudes.
Alors elle se relève, balance la pièce –qui était super importante y a deux secondes, oui, cette pièce- derrière elle avant de se relever, sortir de la fontaine pour se poster près de son co-pain –ohoh !-.


– Tu veux dire que tu lui pardonnes, à Lui ?

Alors là Johannes, j’te reconnais pas, mais je te lâcherais pas.
Les yeux se plissent vers la boulangerie et les couillons qui crachent leur venin –et pas que par la bouche- devant l’échoppe. Ça va être coton, parce qu’ils sont au moins huit.
La tête se tourne vers Jojo’ : Alors c’est quoiqu’on fait ?

_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
Bercé par le monologue d'Andréa, qu'il était sûr d'entendre parfaitement alors qu'en vrai, il captait un mot sur trois, Blondin fixait la flotte dans la fontaine. Elle aussi respirait. Elle brillait d'éclats d'or et de bronze, et il sentait que ce n'était pas uniquement dû aux pièces de l'espoir qui croupissaient au fond, non, c'était le reflet des étoiles. De toutes les étoiles du ciel en même temps. Oh le ciel… Le ciel était bigrement nuageux, et pourtant on y voyait luire les astres à travers. Blondin était certain que ça avait un rapport avec la fontaine. Obligé c'est là que ça se passe. Puisqu'il est là, et qu'Andréa est là aussi. Et que tout respire en même temps.

- « Tu sens ? Cet endroit est magique... », qu'il souffla.

Le sens-tu Andr…


- « Tu veux dire que tu lui pardonnes, à Lui ? »

... éa, sortie des eaux.

- « Lui ? Prends ma cape, tu es toute mouillée. »

Alors Christos Blondin bidouilla le fermail qui retenait les pans de sa cape et déposa sa nippe sur les épaules de son amie. Est-ce que ça servait à quelque chose ? Pas réellement. Avec les gestes rituels d'un mage, il déroba la couronne de marguerites qui s'était emmêlée dans les tifs bruns et en ceint son propre front de Quignon. Pour compléter l'échange, il rabattit — insigne honneur — son capuchon sur le crâne de Croûton. Et il sut que c'était bon, et juste. Et vrai. Et que les étoiles riaient dans la voûte en se donnant des petits coups de coude entre elles, et il rit légèrement aussi. Ouais, c'était bien flippant.

- « Lui. »

Non, il ne l'avait pas oublié. On oublie pas un Paulin aussi aisément, même au fin fond d'un délire de surpuissance christique. Paulin lui a fait du mal. Paulin est le troisième deuxième humain qui est parvenu à fendre son égo. Le blond devrait lui décerner une palme pour ça, mais bizarrement, il a pas envie. Pardonner, il peut. Il l'a déjà fait une fois. Mais faut pas déconner non plus. Ou alors une couronne d'orties frottée dans la pisse… Non. Le Pardon. On va pardonner. Le barbu prend le temps de considérer Lui, bloqué devant son commerce, dont la porte a été barrée par une sourde colère villageoise.

- « Oui… Lui. Je… On va pardonner Paulin. Ensemble. Parce que Paulin aussi, respire avec nous. On va pardonner, et on va aussi partager, Andréa. Parce qu'on est Beaux. Parce qu'ils sont Aveugles. Mais plus plus longtemps. Tu as amené le remède depuis le début… Oh, Andréa. »

Zieute ce pochon de champignons.

- « Et aussi... »

Soudain, il semble soucieux et amusé à la fois. Il passe ses doigts sur le bout de sa langue.

- « J'ai des poils qui poussent dans la bouche. Pas toi ? »
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
Il me couvrait de sa cape. Et ça aussi c’était magique, peut-être que c’était la cape du pardon. Johannes était soudain le roi du pardon, non, que dis-je, le Dieu du pardon, et Dieu me touchait les tifs pour replacer la couronne de marguerites pour qu’on la vo…Ah non, pardon il se la met sur le crâne, sur son crâne de Dieu du pardon Quignonneux –quignonneux c’est le mot qu’on peut penser mais pas dire quand on est dans mon état hein-.
J’allais ouvrir le bec pour protester –parce que bon, c’est MA couronne « comme même » -ils disent comme ça à Crouzeix City-, mais Johannes lève les mains, je ferme les yeux et me penche un peu comme s’il allait me faire chevalier. Je le sais, je le sens, il va bientôt m’adouber. Bon il se trouve qu’il m’adoube avec une capuche. Donc Quignon est comme ça, un Dieu du pardon un peu mégalo qui se met une couronne de pâquerettes sur la trogne mais qui cache un visage magnifique-le mien-.
Mais je lui pardonne.
Même quand il dit qu’il veut pardonner Paulin, je pardonne. Ça me fait un peu tousser mais je pardonne. Je reprends un champi au passage pour oublier le goût de l’eau de la fontaine, et je lance un regard étoilé sur Paulin.

Je nous voyais déjà sauver Paulin, j’vous jure que c’est ce que j’imaginais. Dieu du Pardon beuglant un « ça suffit ! » et la foule se dispersant. Ensuite on aurait tapoté l’épaule de Paulin, on aurait piqué sa caisse en dédommagement –sauver à un prix quand même-, et on serait rentré, bras dessus, bras dessous, en oubliant la nappe et les verres hors de prix. On serait riche d’avoir sauvé un Paulin, en gardant dans un coin de nos têtes qu’un Paulin peut en cacher un autre. Mais soudain, je comprenais.
Je comprenais tout. J’avais toutes les réponses à toutes les questions que tout le monde se posait. Et même aux questions que les gens ne se posaient pas, parce que j’étais –gros coups de tambour- : un être suprême. Je comprenais tout, mais j’avais rien écouté de ce que disait Johannes, parce qu’en effet…


-Putain ouais… T’as des poils qui poussent dans la bouche.

Avec la douceur qu’on lui connait, Colombe avait saisi d’une main le menton du blond pour inspecter sa bouche. Des poils. Partout. Des poils dedans. Dehors. Sur les côtés. Des dents en poils des… Un rire.

- T’as encore sucé une chattonne toi, coquin !
Mais PUTAIN ! Regarde, j’ai des ailes ! C’est une cape en plumes Jo’ !


Si ça c’était pas la preuve qu’on était une équipe gagnante, j’m’appelle plus Andréa. Il avait l’intérieur pourri d’poils, et moi, l’extérieur plein d’plumes. Mais fallait sauver Paulin, et si Dieu nous envoyait des signes aussi gros qu’un pif au milieu d’une figure, c’est forcément que ça devait nous servir. Tout est tellement évident avec des champis.
Mais là tout de suite, je voyais pas trop comment se sortir de ce bourrier. Je regardais ma cape, Johannes. Ses poils sur la langue, qui poussaient super vite. Mes plumes –belles plumes j’aime comme c’est doux, tu devrais toucher Johannes –comment ça on dirait que je me fais l’amour ?-. Johannes. Ma cape. Douces les plumes huuuuuuummmmmm. Ses poils et…
Ouvertures des mirettes, bouche en O et, encore une fois, réponse à une question existentielle. Inutile d’en parler à Jojo’, parce que lui aussi a du avoir la même idée, c’est évident, aussi évident qu’un Q dans un C.


ECOUTEz TOUS !
Ils sont sourds ?
Ohé !
C’est dingue Johannes fais quelque chOOOOOOOOOOose
KEKETTE NICHON
Merd’, ça marche dans le reste du monde pourquoi pas à CRou… OH je sais !
SAUCISSON GRATOS !
Héhé j’le savais.
JOh..AKIM est MEDICASTRE! IL A LE REMEDE !


Non mais me r’garde pas comme ça Jojo’, t’as juste à leur donner des champis. Tout ira bien. T’es déjà allé dans un enclos de biquette avec du pain dur ? Bah … Pareil. Exactement pareil.
T’as dit que j’avais amené le remède depuis le début moi je fais que t’écouter.

_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
« Non mais ils vont pas sérieusement bouffer les champignons... », murmura Clervie, qui observait la scène, au chaud, les intestins sereins, derrière son carreau de fenêtre. Clervie était née à Crouzeix, entre les vaches et les choux. C'était une fille du coin. Elle avait passé la première partie de son existence à économiser le moindre sou pour vite se barrer ailleurs. Et elle avait réussi ! L'âge ingrat à peine terminé, elle s'était tirée de ce hameau avec son baluchon, à la rosée du petit matin, direction n'importe où mais pas ici. Le hasard de la vie, et de quelque galatin rudement bien gaulé, avait poussé ses pas jusqu'à la ville la plus fournie du comté. Et ça fallait dire que c'était fourni, on y trouvait de tout. Sept ans elle était restée là-bas. Elle en avait vu pour une vie, pensait-elle. Même qu'elle avait finalement poussé les portes de l'université, tellement elle s'était bien débrouillée pour mener ses affaires, et qu'elle y avait appris les bases de la médecine. Elle avait négocié un louage pour ouvrir son propre cabinet, en plein cœur de Limoges, et avait laissé presque toutes ses plumes et ses écus dans cette sale affaire. Encore un arnaqueur. L'aigreur au creux du ventre, elle avait fait une croix sur les hommes qui font des beaux sourires et l'atmosphère puante des rues peuplées. Des mouches à merde déguisées dans des pourpoints de soie, qu'elle avait déclaré, en franchissant les portes des remparts sans se retourner. Elle était revenue vivre à Crouzeix, et elle comptait y finir ses jours.

Alors quand elle avait vu débarquer les deux oiseaux dans la place, Clervie, elle avait directement reniflé un fumet de limougeaud. La petite brune surtout. Elle, sûr qu'elle pétait dans du brocart, avec sa peau toute blanche épargnée par le soleil. C'était drôle et triste à voir, comment les gars du coin s'étaient agglutinés autour d'elle pour gober un carré de pain. Bande de pigeons. L'homme avec un capuchon, elle aurait parié plus difficilement d'où qu'il venait. Il était pas bien plus foncé que son amie avec des grosses loches, mais il sentait autre chose. Ah, et ce sourire, ce… Sauf que j'ai plus vingt ans, mon couillon ! J'vois bien l'éclair d'embrouille au fond de tes billes noires. Je l'ai déjà croisé plus de cent fois dans les yeux des autres. Quand il lui avait proposé de grignoter son truc, elle lui avait répondu, d'un ton à la fois poli et sec, qu'il pouvait se le garder, son bout de miche, et avait tracé directement jusqu'au tournant de rue. Quant à la femme, elle avait fait des détours toute la journée pour ne pas la croiser. Ils formaient un duo d'orgueilleux bien louche, ces deux-là. Bien bien louche, si les gens voulaient son avis. Malheureusement, personne n'avait voulu l'entendre, son avis, et elle s'était couchée à l'heure des poules, en le gardant en boule dans la gorge.

C'est les drôles de bruits, qui l'avaient tirée de son sommeil. Un chœur de trompettes et de lamentations. Elle avait écumé les demeures pour prodiguer ses soins aux villageoises en premier, à leurs enfants, et aux villageois ensuite, évitant consciencieusement les maisonnées qui abritaient ceux qu'elle avait aperçu rôder autour de la femme brune. Heureusement qu'elle était partie celle-ci d'ailleurs, en emmenant son acolyte sous le bras. Bon débarras, ruminait Clervie, juste avant de manquer de se faire percuter par Paulin, puis par la petite troupe en colère qui en voulait à ses miches de boulanger. La faute aux graines de courge ? Comment ça, les graines de courge ? Non mais les graines de courges c'est pas un file-chiasse les gens. Elle était sur le point de crier sa sagesse à l'attention des poursuivants, quand elle se coupa net. Là, juste devant elle. Les deux oiseaux de malheur, l'une pendue au bras de l'autre. Torchés comme des ronds. Ah ils sont beaux, les citadins. Mouches à merde, va. C'est le cas de le dire. À cet instant, Clervie avait décidé qu'elle en avait plein le cul, elle aussi, et elle avait rebroussé chemin jusqu'à chez elle pour s'y enfermer.

Comme elle vivait en face de chez Paulin, elle avait eu droit à tout le spectacle. Qu'est-ce qu'ils foutaient encore là, d'ailleurs, les limougeauds ? Et l'autre là, en train de gueuler, perchée sur sa statue ? Pourquoi ils avaient pas peur de tomber malade comme les autres ? C'est quoi, ils avaient les narines bouchées ? C'est quand elle avait vu le type se radiner, l'air totalement halluciné, et la brune se vautrer dans la fontaine, qu'elle avait eu une épiphanie. C'était eux. Les bouts de pain. Les petits salauds étaient venus faire de Crouzeix leur terrain de jeu. Du Limoges tout craché, signé mouche à merde de première classe. Oh jusqu'ici elle avait laissé faire, parce qu'il faut bien dire que Paulin était le prince des cons parmi les bouseux et que ça lui aurait arraché un petit sourire de le voir malmené, surtout depuis qu'il avait refusé ses avances dans la cabane à foin, l'hiver dernier. Une vengeance tombée du ciel. Mais quand elle avait vu la brune se hisser sur les toits en rigolant et le gars blond se mettre à semer des champignons sur sa route en criant
« Pardonnez et guérissez ! », ça l'avait mise hors d'elle, Clervie. Non, ils se foutaient vraiment trop de la gueule du monde. Comme les gens qui proposent de louer des cabinets pour te laisser sur la paille ensuite. Alors elle avait ouvert sa porte d'un grand coup et elle avait crié :

- « Bouffez pas les champignons ! C'est des empoisonneurs j'vous dis ! Lu… Lucien putain arrête, lâche le champignon ! RECRACHE ! »

Elle avait à peine eu le temps de croiser le regard apeuré du blond qu'il s'était mis à courir comme un dératé en criant le nom de sa copine. Andréa, c'est ça ? Bah bon courage pour qu'elle te sorte de là, parce qu'Andréa elle est en train de se prendre pour une cigogne en tournant autour d'une cheminée. Ouais j'sais ce que c'est une cigogne. J'ai lu des livres, connard.
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
Andrea_
J’me prenais pas du tout pour une cigogne, la preuve, est ce que j’ai un nid sous les pattes ? Non. Alors faut se rendre à l’évidence Clervie, t’as pas lu les bons bouquins. Moi, j’suis une Colombe : mi aigrette mi pigeon, et tu sais ce que font les pigeons ? Oui, ils chient sur les passants, mais même si c’est la foire à la défécation à Crouzeix ce soir, j’vous ferais pas cet honneur, non, ça roucoule un pigeon.
Je suis une COLOOOOOOOOOOMBE, RHOU RHOU RLOUUUUUULOULOUUUU

C’est que lorsque la foule s’est précipité vers Jojo’ pour avoir le remède miracle, moi, j’avais battu en retraite, et, faute de monastère, j’avais atterri sur le toit de la boulangerie. Ça s’est pas fait tout seul hein, mais plutôt de fil en aiguille. De pas en pas j’avais trouvé une échelle, puis des barreaux que j’avais gravi haut la main, puis un toit, un autre toit, un conduit de cheminé que j’avais escaladé pour ne pas perdre le cap et encore un toit, puis une coccinelle qui avait trois ans et…
Oui, je connais l’âge des coccinelles, on le devine en comptant les points noirs sur le rouge de son dos, notez bien que ça ne marche qu’avec elles hein, si vous prenez un adolescent en pleine fleur –bourgeons- de l’âge, y a peu de chance qu’il ait trois cent soixante quatorze ans.
Et donc la coccinelle m’avait amené là, juste là, en haut de la boulangerie. La vue était splendide, le monde était tout petit et moi terriblement grande, et puissante, un peu comme tout à l’heure sur le dos de ma pégase mais en mieux, parce que plus le temps passe, mieux je suis, c’est le propre des Déasses.
Alors oui, Clervie l’a dit, j’ai fait tout ça en rigolant, et vous voulez tous savoir pourquoi, alors je vais vous le dire, parce que je suis trop bonne –et parfois trop conne- : simplement parce que c’était drôle, non mais vous saviez qu’à Crouzeix, ils font des toitures en pain d’épice ? Super moelleux le pain d’épice, je m’enfonçais dedans, du pain d’épice mouvant et… ouai ça m’a fait rire, en même temps avec ce que j’ai bu, fumé, bouffé, sniffé, inhalé, partagé et tout, je peux bien faire ce que je veux.

Et donc j’étais là, en haut de mon clocher promontoire, aka la boulang’ de Paulin, les bras écartés à balancer des


Ecoutez le, JohAKim est un grand médicastre, reconnu du monde entier, même en Berry, SURTOUT en Berry, et en Maine, mangez ceci est son corps, le corps de Johakim, ses propres mycoses, des…
NAN LUCIEN recrache pas, c’t’un cadeau, c’est gratuit on dit jamais non quand c’est gratuit


Ça et là on entendait encore les concertos en raie majeur, ça tâchait des fons de slip et ça tuait des orgueils, mais qu’importe parce que JE vivais ça avec Lui.
Lui.
Ohé ?
Ohé Johannes j’parle de toi là.


Oh Maine !

Car Johannes m’avait abandonné, j’le voyais, lui et son petit cul se barrer en courant, vrai qu’il criait mon nom, m’enfin depuis QUAND on donne nos vraies prénoms quand on fait de la merde en barre ? Ce mec veut ma mort, j’le savais, oh mon dieu c’était un piège et je vais mourir là, toute seule et. Adieu monde cruel.
J’avais sauté du toit, accrochée à la cape de Johannes pour que lorsqu’il retrouverait mon corps, il puisse s’en vouloir toute sa vie, si j’avais eu du fil et une aiguille j’aurais gravé un « je t’aimais moi ! » mais j’avais pas de fil, pas d’aiguille et surtout j’aurais pas su faire, alors je m’étais contenté de me jeter.


YOlooooooo

Et bin tu vois, on se demandait depuis le début à quoi ça servait un Crouzien Crouzexien Crèmou habitant de Crouzeix, bin on a la réponse : ça amorti les chocs. Et ça le fait plutôt bien, car je suis pas morte, Lucien non plus, mais en prime il a recraché le champi’ –et aussi le reste de son estomac à moins que ça soit ses viscères, c’est pas super clair…

Et puis j’ai détalé, super vite. Super fort. Super loin. Jusqu’à ce que j’arrive, difficilement –fichu point de côté- à la hauteur de Johannes, la main sur l’épaule tente de le freiner –c’est qu’il est super rapide, la légende raconte même qu’il a battu Astana une fois sur une plage, à la loyale- avant de dégueuler entre deux souffles de veau à l’agonie


J’sais pas ce que t’en penses, mais j’crois qu’on devrait rentrer

Si j’ai pensé une seule seconde que c’est ce qu’il faisait ?Non. Et puis j’aime trop que les bonnes idées viennent de moi.
_________________

Merci Jd Sadella pour la ban et l'avatar, et merci Jd Nev' pour le fessier de ma Chiasse.
Jhoannes
Quelques temps avant cet épisode mémorable de la Vita de Blondin, ce dernier avait assuré à son épouse qu'il n'avait pas gerbé depuis l'hiver 1451, ou dans ces eaux-là. T'as marié un homme habité par un estomac d'acier, sa blondeur. Il venait de remettre le compteur à zéro. Peut-être c'était son échappée fulgurante de Crouzeix qui lui avait remué le bide, ou bien qu'il avait trop bouffé, et bu, et fumé, et les champignons magiques, et le bruit d'Andréa qui rendait ses tripes, et l'odeur des tripes rendues d'Andréa mêlée au parfum de merde molle qui flottait encore dans l'atmosphère ; en bref, les causes étaient floues mais le résultat net : il gerba. Mais alors tout, tout, tout. Et il était content.

- « Ah m… mes bottes, je crois j'ai niqué mes bottes. »
- « J’sais pas ce que t’en penses, mais j’crois qu’on devrait rentrer. »

Rentrer ? Rentrer ça voulait dire beaucoup de choses, qu'il pesa pendant un temps, avant de répondre, et de dégobiller un dernier morceau de tartine. Rentrer pour retrouver quoi ? Limoges ? Les journées à tirer la tronche sans savoir pourquoi et les nuits à avoir envie de se taper la tête contre les murs ? Enfiler ses habits de type fiable, qui enfume pas, qui tente de suivre les courbes de ses valeurs, et même quand ça penche un peu on s'y accroche quand même pour avoir l'impression de filer droit ? Ne pas empoisonner les gens, parce que c'est mal ? Apprendre à sa fille que c'est mal, d'empoisonner les gens ?

Non, il voulait pas rentrer.

Être un dieu sur Crouzeix, c'est simple. Être lui-même sur Limoges, ça l'était pas. Et ça n'allait pas aller en s'arrangeant pendant un certain temps ; il pouvait pas s'en douter, mais il sentait que le mois de mars allait apporter son lot de déprime. Lâchement, il avait pas envie de renfiler les casquettes de sa vie quotidienne tout de suite. Et franchement, s'il était absent un jour de plus, est-ce que sa gamine s'en rendrait compte ? N… Oui. Parce qu'il y avait une leçon de crochetage à donner. Même qu'elle en souriait d'avance avec sa petite bouille moins-deux-dents. Un sourire d'Hazel, c'était quand même plus glorieux à récolter qu'un pet de Crouzeix.

Peut-être qu'il voulait bien rentrer, en fait.

Retrouver la fille, et la mère. Ah, la mère. Ma danoise, l'aimée danoise. Je t'ai dit qu'on s'éloignait un peu plus tous les jours, Andréa ? Un petit pas en arrière, de rien, du tout. Un petit pas à chaque journée, un fossé qui se creuse sous mon regard désemparé. Et au-dessus de nos têtes, un orage, pas du genre à te faire pleuvoir des trombes de flotte sur la gueule, non, pire, un orage sec, lourd, avec des gros nuages violacés qui vont pondre un putain d'éclair qui frappera, c'est sûr, mais on sait pas où, ni quand. On sait juste que ça va douiller. Comment je suis censé retrouver quelqu'un qui m'échappe ? Hein ? En plus on va pas débarquer avant l'aube, elle sera en train de dormir et je vais la sortir de ses rêves, avec mes gros sabots. Tu vas me dire hé, t'as qu'à rentrer pioncer chez toi ducon, mais je vais te répondre que non, parce que je vais pas pouvoir m'en empêcher, d'aller me glisser sous ses draps — faut pas que j'oublie de me rincer dans sa baignoire avant — et de poser mon front entre ses seins comme tout à l'heure. Parce que les seins d'Astana, tu vois, c'est un endroit enchanté qui aspire les mauvaises pensées, c'est…

En fait il voulait totalement rentrer.


- « Ouais. Elle est où ta bourrique ? »

Croûton et Quignon rentrèrent sur Limoges, et ils firent un bout de route en marchant aux côtés de Bourrique. D'un, pour s'épargner les cahots et de nouvelles remontées acides, de deux, parce qu'ils étaient occupés à faire ce que les gens bourrés font : raconter en boucle les instants clefs de leur virée nocturne en se tapant des fous rires. Radoter le même épisode, sous des tournures nouvelles à chaque fois, l'enrichir, sauter du coq à l'âne, monter sur l'âne, déplumer le coq, mélanger le coq et l'âne, ça fait un coquelâne, quel animal rigolo, ah, j'ai encore des poils de barbe au bout de la langue, et regarde, t'as perdu une plume sur la route, ah non pardon, au temps pour moi, elle vient du cul d'un faisan celle-ci, comment je sais qu'elle vient pas d'Crouzeix ? Parce qu'elle est pas crottée, haha.

Aux portes de Limoges, au petit jour, avait eu lieu la passation retour des attributs. Capuchon contre couronne de fleurs.
Un merci silencieux à peine planqué dans un gros sourire.


- « 'nuit Croûton ! »
_________________
En noir c'est Jhoannes.
En vert c'est Caillou, une de ses voix intérieures. Caillou est vil.
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)