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[RP]El toro y rojo libertad

Eikorc
[L’avenir est-il un long passé…?]
Quelque part, à Loches…

Ombre dans les ombres, une silhouette se promène… Seul le claquement de ses bottes renforcées pourrait le trahir, mais elles servent surtout à prévenir les tire-laines et autre brigands de bas étages que c’est un homme d’arme qui marche sur leur territoire… Main gauche négligemment déposée sur la garde de son épée, c’est un colosse détendu qui se promène dans les ruelles tourangelles.
Le sourire s’étire sur les lèvres du de Nerra dont le regard a chassé depuis quelques heures les volutes de folies et les étincelles métalliques… L’air de rien, dans son esprit navigue encore les quelques notes que sifflotait un andalou quelques jours plus tôt… Non loin, les berrichons sont arrivés, ses prédictions avérées exactes, il est bien décidé à retrouver le taureau libertadien pour lui apprendre que la guerre est à leur porte…

Arrivée à bon port, la montagne de muscle jette un coup d’œil sur la bâtisse que l’Andalou s’est choppé… Le nez se plisse, l’aurait pu trouver mieux... Haussement d’épaule alors que le battoir qui lui sert de main vient s’abattre violemment contre le mur, pas trois fois…


« Hey Hermano !! Nace tú!
Faut qu’on cause, y a des visiteurs dehors !! »


Sourire qui s’élargit, si avec ça, il a pas réveillé une partie des voisins et le libertadien… Lentement il se dirige vers la porte, l’ouvrant d’un coup d’épaule, bien décidé à réveiller la loque qui a sûrement dû se mettre une race la veille… Les yeux pétillants d’amusement balaient la pièce principal, cherchant la couche dans laquelle sera vautré son ami encore imbibé…
Mais ce sur quoi les yeux tombent fige les lèvres du colosse… Le sourcil se hausse alors qu’il trouve le taureau allongé au sol, sa longue crinière brune éparse autour de son crâne. Un frémissement traverse son échine alors que son poitrail s’emballe… Lui qui trouvait cette journée d’une légèreté enivrante se retrouve soudain avec un mauvais pressentiment…


« Fab’… ? »

Voix vibrante alors qu’il s’approche du forgeron… Les yeux se plissent et le regard s’embrase alors que le corps ne frémit pas d’un pouce tandis qu’il le rejoint… Azur qui retrouvent la glace alors qu’un poids soudain s’abas sur son corps. Sans réfléchir une main s’envole et vient s’abattre violemment sur la joue burinée… Le claquement résonne dans la pièce soudain silencieuse. Colosse qui déglutit de voir la tête bouger sans réaction…

« Hermano déconne pas ! », seconde baffe qui s’abat alors qu’il pose un genou à terre et que sa voix monte d’un cran.
« El toro ! Qué pasa ?
Nace tú! »


Froid glacial qui vient s’immiscer dans le ventre de la montagne de muscle penchée sur le libertadien… Un frisson traversant à nouveau son échine alors qu’il regarde les émeraudes autrefois si brillantes et qui désormais paraissent si ternes… Insidieusement, l’infos fait son chemin, comme un bon coup de genou dans l’estomac. Les paupières clignent par trois fois, pour chasser les images qui viennent s’incruster dans son esprit dans sa mémoire…
Souffle qui se coupe alors que le Colosse Diabolique percute qu’une nouvelle fois la Muerta vient de frapper… Les forces quittant son corps pour l’obliger à se rattraper juste au-dessus de la tête de l’Andalou. Les mâchoires se crispent alors que la douleur remonte jusqu’à sa cervelle, comme une puissante envie de vomir qui vient créer une boule énorme dans sa gorge…


« Déconne pas l’taureau… C’pas l’moment… Réveille toi ! »

Poings puissants qui s’abattent de toutes leurs forces de part et d’autres du crâne espagnol, peu importe la douleur qui traverse ses membres… Peu importe l’absence d’âme qu’il peut avoir. C’est une vague de douleur et de souvenir qui traverse tout son être alors qu’il percute avec violence le bois qui recouvre le sol… Tournoiement de folie qui se dessine, tripes qui se nouent alors qu’il se redresse, se laissant retomber sur ses talons, le regard vide, inexpressif, accroché à celui de l’homme qu’il aimait à appeler son frère… Les mâchoires se crispent, se serrant spasmodiquement…

« Puta de vida…»

Murmure qui s’échappe entre ses dents serrées… Lentement il se penche, ses bras se glissant sous le corps de l’Andalou… L’un sous ses épaules, l’autre, sous ses genoux, et d’un coup de rein, il se redresse, soulevant la dépouille de son défunt ami… Un masque de colère froide vient figer ses traits, le regard se durcissant à vue d’œil alors qu’il se dirige vers la sortie, serrant le corps contre son torse puissant… Chaque pas, chaque battement de cœur vient lui rappeler un souvenir avec cet homme qu’il porte…


Il le revoit arriver en Gascogne, crinière au vent avec l’Ellias et la troupe qui formerait les bases de l’armée avec lui… L’Andalou fier de son appartenance à libertad et au bagou espagnolien qui résonne étrangement à son oreille.
Il le revoit auprès d’Apolonie, son autre, lors de son retour… Affirmant un lien qu’il n’aurait pas soupçonné avoir avec ce taureau…


Lentement il sort de la bâtisse, le ciel qui lui paraissait d’un bleu éclatant lorsqu’il est arrivé lui semble désormais d’une teinte blafarde… Les larmes aux yeux, il revoit défiler devant lui toutes les années passer auprès du libertadien, faisant frémir son échine alors que certains passant s’arrêtent devant cette montagne de muscles qui supportent le corps sans vie de son compagnon d’armes et ami…


Retour en Périgord…
Retour sur les nuits et les jours passés tout les deux à créer des stratégies plus acadabrantesque les unes que les autres…
Retour sur les partages de doutes, de visions, de… Passion. Une Lune, Un Soleil… Deux liens, deux femmes qui les relient sans qu’il s’en aperçoive…
Retour à cette nuit où le sang à couler pour venger une enfant… Où c’est l’andalou qui l’a forcé à se relever pour rejoindre la carriole et les soins qui l’y attendaient…


Aujourd’hui c’est lui qui emmène son corps… Aujourd’hui c’est lui qui doit supporter le poids d’un Andalou inanimé… Aujourd’hui, c’est lui qui doit accepter la disparition…
Sans qu’il s’en rende compte, il hèle un gamin, lui aboyant dessus de trouver du vélin et de l’encre, sans quoi il le transformait dans la foulée en pâté pour cabot… Le tout balancé d’une voix glaciale et accompagné d’un regard de folie à l’état pure… Il ne faut que quelques secondes au colosse pour obtenir ce dont il a besoin…
Corps abandonné délicatement, comme la plus précieuse des marchandise, au fin fond d’une carriole alors qu’il griffonne à tout allure sur les vélins…

Citation:


« Rendez-vous au palazzo pour ceux qui veulent…
El Toro n’est plus… »


Mots qui dansent devant ses yeux alors qu’il ordonne au gamin d’aller planter l’un des mots sur la porte du nid d’vipère et de courir à toute allure chez lui pour en accrocher un à tout les pigeons qu’il peut pour qu’ils rejoignent qui de droit… Tandis que sans perdre de temps, il lance son convoi en avant d’un claquement sec de la langue .
Et alors qu’il mène le corps du libertadien jusqu’à l’endroit où il doit être… Il a le temps de penser, de réfléchir… Perdu dans ses pensées, il ne fais guère attention aux personnes qu’il peut croiser, ne pensant qu’à celui qui siège dans son dos… Il pense à toutes les confessions qu’il n’a pas faite.


Un amitié sincère entre deux hommes sans qu’aucuns n’en parlent ouvertement à l’autre…
Un lien fraternel qui lie deux guerriers dans le sang et la sueur des combats…


Les jours ont passé sans qu’il ne s’en soit rendu compte…
Les lieues ont défilé sous eux sans qu’il n’y fasse attention…
Et lentement, dans ce quartier mal-fréquenté de Paris, il vient rendre son dernier hommage à l’homme qui a été plus qu’un frère pour lui… Embrassant son poing serré, un dernier murmure s’élève avant qu’il n’aille frapper contre les grilles du palazzo…


« Adiós mi hermano, buen viaje...
Salude el para mi...
Viva la muerta… »

_________________
"Pour toujours... Et à jamais."

Zoko & Fablitos
--Apolonie
La nouvelle était tombée d'une lueur orange qui clignotait... Perchée dans ses nuages, joyeuse et emplie d'allégresse, elle l'avait accueillie d'un azur incrédule. Sonnée, la brunette, quand on lui avait signifié que Fablitos avait cessé de vivre, que l'Andalou avait baissé sa garde devant l'Ankou, qu'il avait passé l'arme à gauche, lui qui la maniait aussi bien que les mots... Sous le choc... L'ectoplasme s'attendait à tout, en cet après midi d'octobre, tout sauf à ça...

Fablitos...

Elle devrait se réjouir, la belle, de le voir la rejoindre au Soleil ou sur la Lune, lui qui avait aimé les deux. Elle devrait aimer le savoir revenu près d'elle, lui qui en fut si proche quand elle-même respirait encore. Mais non, elle n'arrive pas à esquisser le moindre sourire, dans ses yeux, l'éclat brillant n'a rien à voir avec des réjouissances, mais ressemble plutot aux perles salées qui viennent perler au bord des cils.

Fablitos....

Apolonie se souvient... de cet homme dont la rage de vivre l'avait séduite, au moment où elle était le plus mal. Blessée, meurtrie, abandonnée à contre-coeur par les siens, elle l'avait vu prendre le risque de la rejoindre sous le soleil d'un été caniculaire. Elle l'avait reconnu, elle l'avait écouté. Il avait su faire ressortir le bon et l'envie, il avait su la remettre sur le chemin, il avait su en se racontant trouver les mots pour la recréer. Zorro avait eu ce jour-là un accent andalou, une chevelure noir de jais qui flottait sur des épaules où elle nichait une caboche mise à mal. Du crépuscule à l'aube, ils avaient parlé des nuits durant, avant d'oser se sentir et se toucher. Les mots couraient entre eux comme un lien inaliénable, quelque chose qui les coupait du monde à un moment où tous deux en avait besoin, une confiance née de rien, englobant tout.


Le soleil ? Il se surprend à attendre la nuit avec impatience afin de le rejoindre, de se nourrir de leur longues conversations, de son oreille attentive, de sa frimousse délicate, de sa bouche se faisant rire ou sourire, de ses lèvres gourmandes qui s’étirent, se tordent et se mordent en réaction aux phrases lâchées. Besoin presque vital de sentir sa tête reposer sur son épaule, son beau visage enfoui dans le creux de son cou, respirant doucement avec chaleur. Se laisser aller à des confidences, extirper du fond de sa mémoire des bribes de souvenirs trop profondément enfouies en lui, jamais révélées, mais lui servant de clefs de lecture de ses sentiment. Son enfance, sa jeunesse, elle est la première, la seule à savoir de quoi il est fait, tout au fond, là où il n’a jamais laissé pénétrer quiconque…

Fablitos...

Leurs chemins s'étaient séparés... A l'arrivée de l'hiver, le soleil froid d'un mois de novembre n'avait plus suffi à réchauffer le coeur d'une auvergnate qui ne supportait plus l'absence... Elle l'aimait, mais avait réappris à s'aimer elle, et voulait égoistement se préserver d'une douleur constante. Sans ciller elle avait envoyé vers Libertad une brune aguerrie, une vagabonde au coeur assez grand pour aimer un Andalou, et avait pour sa part vécu un amour raté avec un vicomte pressé de mourir.

Fablitos...

Un homme de coeur, sa rage de vivre rendait jaloux quiconque l'avait rencontré. Un parler franc, une curiosité infinie... et le Père par excellence. Il avait pris sous son aile une brunette désespérée, une confrérie moribonde, un groupe de gamins turbulents, une fillette perdue... Discret, il savait se faire remarquer. Les bottes sur les tables des tavernes, l'espagnol au bord des lèvres... Roy d'la Vago et Princes des Ronces... Salud y Libertad, la générosité poussée l'extrême... Comme dirait mon Autre, à vouloir supporter le monde et le sauver, t'as l'coeur qu'a pété... L'palpitant si ouvert qu'tout le monde y trouvait sa place, même quelques cons, même une gamine indécrottable, qu'a fini par lâcher par une journée d'octobre... Vie de merde, mort injuste...

Fablitos...

Comme une promesse, jamais je n'oublierai... Comment le faire ? Toi que j'ai aimé, toi qui as partagé détresse et coups de gueule, toi qui m'aimais comme personne ne l'avait fait avant... Toi qui même après la trahison d'une rupture que tu ne méritais pas es resté proche et présent. Toi qui as appris l'espagnolien à une môme dont tu ne savais pas qu'elle partageait un bout d'âme avec moi... A jamais ma pensée t'accompagne, à jamais tu resteras dans mon esprit. L'ectoplasme de celle qu'un jour tu as aimée attend, postée en tailleur sur un nuage, ta venue. Mais sur ses joues les larmes roulent de savoir que tu meurs bien trop tot... Tu méritais bien plus...

Fablitos...


_________________________
En deuil d'un Andalou. ¡ Salúdalos para nosotros!
Felina
La Mala Reputación

En mi pueblo sin pretensión
Tengo mala reputación,
Haga lo que haga es igual
Todo lo consideran mal,
Yo no pienso pues hacer ningún daño
Queriendo vivir fuera del rebaño,
No, a la gente no gusta que
Uno tenga su propia fe,
Todos, todos me miran mal,
Salvo los ciegos, es natural.


Fablitos.

Dernière chanson … dernière rencontre, deux jours à peine avant sa brutale disparition. Et comme toujours la Rastignac s’était bouchée les oreilles et avait demandé au bel Andalou d’arrêter de pousser la chansonnette. L’avait répondu comme d’ordinaire, en la traitant d’inculte, elle avait grogné, il avait rit.
Y avait jamais rien eu à faire, El Toro aimait chanter. Et aujourd’hui, cette ritournelle refusait obstinément de la quitter, et seule, assise sur l’herbe humide des bords de l’Indre, elle se met à la chantonner pour elle-même, espérant peut être que de là où il se trouvait il l’entendrait. Loin des autres … loin des larmes … loin de la mort … Devant ses yeux défilent les mots leur annonçant la funeste nouvelle, rédigé à la hâte de la main du frère d’arme, du « compadre », Eik …

Que ne donnerait elle pas aujourd’hui pour entendre chanter l’Andalou de nouveau ? Elle serait la première au spectacle, applaudissant cette fois des deux mains, et l’exhortant à continuer si cette chance lui était donnée.

Mais non … il ne reviendrait jamais. Plus personne n’entendrait plus jamais sa voix de ténor, ni ses répliques cinglantes. Il était bel et bien parti, les laissant tous là, désemparés et incapables de digérer la nouvelle. Lui qui tant de fois s’était relevé, lui qui avait vaincu lors de tous ses combats … Le fier, l’orgueilleux, le courageux … Terrassé par un mal plus fort que lui, qui l’avait frappé en plein cœur sans crier garde.

Le Rouge, le Libertad … le Prince des grands chemins … L’ami, l’amant, le frère, le père … Une pensée pour Trella, déjà orpheline de père si jeune. Soupir …

Plus rien ne serait désormais pareil sans lui, car si l’Andalou était discret la plupart du temps, tous qui l’avaient côtoyé pouvaient dire qu’un jour il les avait aidé. Offrant ses denrées à ses compagnons d’armes affamés, les réarmant lorsque leurs armes se brisaient au combat. La bonté à l’état pur sous des airs d’insensible. Mais le cœur si généreux en avait débordé de gentillesse, et s’était définitivement arrêté de battre cette nuit là.

Resserrant la paume de sa main gauche sur la garde de l’épée qu’il lui avait vendu au plus bas prix à Joinville, la Féline lève le visage vers le ciel, laissant couler une seule et unique larme.

Demain elle partirait pour Paris, où elle n’avait jamais mis les pieds … Un dernier adieu qui valait qu’elle prenne la peine de faire ce voyage vers la cour des Miracles, battre le pavé de ce lieu qui lui semblait parfois n’exister que dans les légendes, une seule et unique fois.



Adiós El Toro …

_________________

A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Aodrenell_ker_laouen
A moitié morte

Saumur, soir de pluie

Le chemin pour rentrer jusqu’à son maigre chez elle se fait en trainant les bottes. La mairie, l’élection, elle a passé la soirée à convaincre, a réussi… mais là elle fatigue. Besoin de solitude. Les derniers jours ont été difficiles.
C’est le regard rivé au ciel dont aucune étoile n’éclaire son chemin qu’elle avance. Elle déteste les premières pluies qui annoncent des mois difficiles de froid et de nuits interminables.
Sortant de la poche droite de ses braies la clé qui ouvrira la porte de son petit logis, elle entend sur sa droite, là où se trouve la petite fenêtre quasiment jamais ouverte, un roucoulement. Tiens du courrier…
Elle attrape l’animal, inconnu d’elle, ou alors vieille connaissance dont elle a oublié les traits et le plumage. Peut être quelques encouragements pour sa course à la mairie…

Elle détache le message, redépose le pigeon près de la vitre et entre chez elle pour prendre une poignée de graines qui le fera patienter le temps d’une réponse. Si réponse il doit y avoir.
L’animal nourri, elle pénètre à nouveau chez elle, dépose le message sur la table et se tourne vers la cheminée, qui offrira un peu de chaleur dans l’humidité du soir. Un feu est allumé prestement, une chandelle suivra, puis une deuxième.

Dans un soupir de fatigue, elle s’assied à la table et, avant de récupérer le parchemin, se frotte le visage de ses deux mains, comme pour en effacer les traces de fatigue. Un verre, oui, un verre de quelque chose qui pique, histoire de se réchauffer de l’intérieur.
Le petit buffet récupéré près d’un vieux villageois recèle des maigres trésors de la brune. Elle y plonge le bras et trouve instinctivement la bouteille de gnôle qu’elle cache précieusement. Un godet suivra, et elle s’en retourne à sa table.

Le morceau de papier est entre ses mains, et déplié sans crainte, parce qu’elle ne peut imaginer ce qu’elle va y trouver.

Le verre de picrate qu’elle tient à la main tombe au sol. Se brise en mille morceaux. Mais elle n’entend pas le bruit. Elle ne l’a pas senti glisser, elle n’a pas eu le temps de réaliser que tous ses muscles d’un coup s’étaient effondrés. Tenir un verre est devenu impossible, trop difficile, une torture.
Comme sont une torture pour son âme les mots qu’elle lit sur le parchemin.

Cinq, dix, vingt minutes passent sans qu’elle ne soit capable d’émettre le moindre geste, le moindre son, le moindre battement de paupières. Ses yeux sont rivés sur le vélin, comme dans un cauchemar elle vient d’apprendre ce qu’elle n’aurait jamais voulu apprendre. L’autre moitié d’elle-même, le père de son enfant, de leur enfant…. N’est plus.

Alors reviennent en mémoire les souvenirs, bons ou mauvais. Leurs souvenirs. Et l’écrasante injustice de la vie.

Deux, trois jours auparavant ils avaient échangé des pigeons acerbes. Pleins de non dits refoulés chez l’un et l’autre. Oh, ils auraient fini par se retrouver, elle n’en doute pas, ils s’étaient toujours retrouvés. Embrouillés oui, parce qu’ayant chacun un caractère puissant et inflexible. Mais ils avaient toujours fini par faire se recroiser dans un sourire le sombre du regard de la brune, et l’émeraude de celui de l’andalou. Hasta la muerte se plaisaient-ils à dire, à se répéter. Jusqu’à la mort. Jusqu’à la mort.

Alors le hurlement qui sourdait en son ventre explose à l’air libre.
Alors la vagabonde devenue sage fait voler dans la pièce tout ce qui passe à portée de sa main. Alors les larmes inondent son visage.

Jamais elle ne pourra plus lui dire à quel point elle l’aimait.
Jamais elle ne pourra plus sentir sous la pulpe de ses doigts la chaleur de sa peau.
Jamais elle ne pourra plus entendre sa voix, son accent et cette musique dans sa voix.
Jamais elle ne pourra plus rire à ses blagues et autres attitudes purement Fablitesques.
Jamais elle ne pourra plus prendre avec lui de ces cuites mémorables qui les laissaient endormis dans les bras l’un de l’autre.
Jamais elle ne pourra plus se battre pour lui donner encore et encore l’envie d’avancer.
Jamais plus elle ne pourra……
Rien, elle ne pourra plus jamais rien.

Le banc sur lequel elle était assise commence à bruler… il a volé, puis fini pour partie dans la cheminée. D’un coup de botte elle le repousse au sol, et le regarde finir de se consumer, Visage trempé de larmes.

Le manque d’air se fait insupportable. Alors parchemin froissé dans la main, elle sort, comme une furie, air fou dans le regard. Et réalise qu’elle se trouve seule, là à Saumur, sous la pluie, alors que Lui. Là bas. Loin.
Il avait choisi l’exode. Durable ou pas, elle ne le saurait jamais.
Elle n’avait pu le rejoindre. Maudite Touraine qui avait fermé ses frontières.

La voix se brise, tant les cris de douleurs lui arrachent la gorge.
Le ventre se révulse, les yeux noient la terre, ajoutant à l’eau de pluie l’eau de ses yeux. Intarissable eau salée qui jusqu’à sa mort viendra sillonner ses joues.

Il n’est plus. Elle ne sera plus qu’une infime partie de ce qu’elle était jusqu’alors.

Assise au sol, dans la terre boueuse, elle ne sent pas la fraicheur de l’eau qui lui trempe le corps, les cheveux, sans pour autant réussir à la laver de cette douleur qui lui arrache chaque fibre d’elle, lentement, atrocement.
Le regard est vide… les pensées au loin… leurs voyages, leurs promesses, leurs rires, leurs projets, leur rencontre, leurs feux le soir au milieu de nulle part, leurs corps si bien conçus l’un pour l’autre, leurs…. Vies. Leur enfant, cette enfant qu’il avait emmenée avec lui. Leur étoile. Elle enverrait quelqu’un la chercher. Vite. Très vite. Elles devaient se retrouver pour mieux l’honorer jusqu’à leurs propres morts.

Au Palazzo lui annonçait le colosse. C’est au Palazzo que son corps reposerait, en tout cas le temps que chacun soit venu lui rendre hommage.
Elle n’irait pas au Palazzo. Non, elle ne voulait pas prendre le risque, une fois encore, de prendre dans les dents les petites piques acerbes de certaines anciennes libertadiennes.

Elle saurait, elle finirait par savoir où il serait mis en terre. Et elle irait, avec sa fille… toutes les deux. Elles iraient lui dire adieu. Dans le calme. Dans l’amour. Leur Amour. Si particulier si…unique.
Demain, elle écrirait au colosse, elle lui répondrait… lui expliquerait.

Ce soir, elle a juste… envie de mourir… de le rejoindre.
Mais se trouve être retenue du côté clair de la vie, par une enfant de cinq ans, six bientôt, qui aurait besoin d’elle pour grandir.

Pathétique brune, à présent allongée dans la boue, geignant, pleurant, gémissant, voix éteinte, comme vidée de tout. Morte en partie, en grande partie, avec cet Andalou qui lui avait donné les plus beaux jours de sa vie.
Estrella.iona
[Loches .. Adieu papa]


Elle entre en taverne, Trella. Elle entre et elle ne se doute pas de ce qui se passe. Elle a joué avec ses poupées toute la journée. S'est amusée toute la journée. N'a rien vu venir, n'a rien senti.
Elle entre et elle voit tout le monde. Ils ont tous de drôle de tête. Qu'est ce qui se passe ? Incompréhension qui monte quand tonton Mal' lui colle un bisou sur la joue et la fait grimper sur ses genoux. Lucie qui pleure dans un coin, Miss qui a les yeux humides, Mira et Féli qui sont au bord des larmes. Mais qu'est ce qui se passe ?!

Et là c'est le choc. Là, Mal' lui annonce que c'est fini. Que son père est parti. Qu'il est loin. Qu'il ne reviendra pas, jamais. Qu'il est parti en éclaireur dans le monde où l'on va après la vie. Qu'il faut qu'elle soit forte, qu'il faut qu'elle fasse en sorte qu'il soit fier d'elle.

Trella encaisse. Elle n'accepte pas. Son père, l'Andalou, son modèle. Il n'est plus. Elle était sur ses épaules la veille. Il faisait le cheval et elle, elle riait. Elle se doutait de rien. Comment pouvait elle penser que la vie lui arracherait son père, comme ça, sans prévenir ?! Son père, celui qu'elle admirait plus que tout. Qu'elle aimait autant que sa mère .. Sa mère. Il fallait qu'elle la retrouve, qu'elles soient fortes toutes les deux.

Trella encaisse toujours. Elle pleure sur les genoux de Mal, dans les bras de Féli. Elle pleure et elle ne s'arrête pas. Elle ne s'arrêtera jamais de pleurer, jamais. Son coeur est fendu en deux. Un coup de poignard qui lui a transpercé le coeur, oui.

Elle sort de la taverne. Elle va se trouver un coin, elle va aller réfléchir. Serrant ses poupées, elle ne sait plus. Elle l'entend encore ..


Hola chiquita, como esta ?
Ma jolie ...
Allez hop, grimpe sur mon dos chiquita !


Oui elle l'entend encore. Il est là dans son coeur.

Et elle pleure, elle pleure. Elle pleure encore et toujours. Cela ne le fera pas revenir ... Mais elle pleure sans s'arrêter.
Elle ira à Paris. Elle veut y aller. Elle veut le voir une dernière fois.


Papa .. Je t'aime.
_________________
Maleus
[La fin d'une époque]

Il se tourne les pouces le borgnes sur les remparts lochois..tellement qu'il en deprimerait presque.
Adossé à un créneau, entouré de plusieurs bouteilles vidées jusque la derniere goute, il pense..l'en a fait du chemin depuis le sud ouest..depuis sa rencontre avec libertad ça vie à changée..un nouveau gout..un nouveau sens.

Toujours le même sourire en coin qui s'affiche sur la frimousse du breton alors qu'il se decide enfin à descendre de ces fichus remparts pour aller causer à ses camarades, zokoïstes ou autres..pas d'importance..que des freres d'armes, des frangins de galere, une bonne bande de potes déglingués du bulbe.

C'est donc un ronchon legerment ivre après un stock important d'alcool avalé qui déambule dans les rues et ruelles lochoise, sifflant un air breizhou qui lui trote dans la caboche depuis déjà plusieurs jours et nuits.

Le chemin qu'il emprunte est le même depuis quelques jours..remparts-nid de viperes, ni de viperes-remparts..c'est donc d'un pas lent mais décidé qu'il se rend direction sa tav' sûr de trouver au moins un visage famillier dans ce bordelique rade qu'il a ouvert plusieurs jours auparavant.

Le commerce lui fait face..il n'a que quelques metres à faire avant d'atteindre la porte pour la franchir et faire profiter aux personnes presentes dedans sa mauvaise humeur quotidienne.
Mais déjà quelque chose retient son attention..un papelard placardé sur la porte de son rade.

Le cyclope ne peut retenir un grognement..habitude qui surement ne le quittera jamais.
C'est donc d'un pas rapide, le visage trahissant un agacement profond, qu'il s'en va virer le mot de sa porte et pourchasser l'auteur pour lui faire avaler bien entendu.
Mais autant le lire avant..l'oeil unique parcours les quelques lignes puis se fige sur la derniere phrase.

Pas besoin d'en demander plus..
Le message est très clair..peut etre trop..trop brusque..
Remontée acide..il manque de vomir la poiscaille qu'il a avalé quelques heures plus tôt..

Pas possible..non, vraiment pas possible..
Tout se bouscule dans sa caboche, comment un mec qu'il considerait comme increvable pouvait rendre l'âme là maintenant..comme ça..
Compagnons d'arme depuis déjà pas mal de temps..
Ils avaient appris à se connaitre à la création du Béarn..lui blasé du berry s'etait installé dans ce comté du sud ouest pour demarrer une nouvelle vie..c'est là qu'il avait fait la connaisance de Selene..debut d'une amitié..fraternelle...et recontre avec son amant d'andalou dans leur taverne...
Dès la premiere rencontre bonne impression..quoi qu'un peu déboussolé puisque pas habitué à c'genre de zozo.
Il causait espagnol..langue que lui breton ne pigeait absolument pas..l'andalou r'fusait aussi qu'on l'appelle "messire"..le borgne, pas encore borgne à cette époque, n'avait alors comme solution que de se foutre sa politesse toute formatée au cul..pour etre poli.

Puis vint la guerre du Béarn..Rencontre avec les gars de libertad et autres dezingueurs de gascons..un univers qui l'attire..vraiment.
Sel' lui dot qu'il peut les rejoindre quand il le veut..Il accepte..n'sachant pas où il s'engage..nouveau pour lui..mais l'andalou est là..il lui cause comme si cela f'sait déjà des années qu'il fait parti de la bande...il l'aide à s'integrer..une amitié nait.
Boarf sûr qu'il y eu la periode Apo..l'Fab' rafflant l'interet de la belle au borgne..mais point d'querelles..l'amitié est plus forte qu'toute ces histoires..ils sont guidés par leur soif de liberté..de dawa surtout..et les dawa bah ils en auront enchainé ensembles depuis la gascogne..souvent ça s'finissait avec un bon mois pour recuperer des blessures mais ça c'etait qu'un detail..l'tout c'etait de s'éclater sur les champs de bataille.

L'temps passe..un p'tit trio se forme..un colosse qui cavale avec eux d'puis déjà pas mal de temps..l'andalou fier libertadien et lui..ex libertad..actuel mercenaire borgne, grognon et blasé.
Ensembles, ils font des plans..ils grognent sur leur manque de chance..mais à jamais restent unis.
Ils ne desesperent pas..un jour ils l'auront leur Gascogne Bis..l'dawa d'enfer..celui qui rend jouasse..

Trop de souvenirs qui remontent..trop d'un coup..une multitude d'informations qui s'entassent dans la caboche trouée.
Le borgne essuie sechement une larme coulant sur sa joue..'tain Fab'..foutu spagnol..pourquoi t'as pas été patient..pourquoi t'es parti si vite...enfoiré..le crok' et moi t'y as pensé? On fait quoi sans toi..sans l'roy d'la spécualtion..sans l'amateur de poulpe..sans l'forgeron attitré de la troupe..sans l'spagnol qui chante faux mais qu'ça passe quand meme..sans l'gars qui a toujours été là quand l'moral n'y etait plus.

Le nuit est tombée sans qu'il y fasse attention..et quand il franchit la porte c'est des personnes silencieuses qu'il y trouve.
L'temps passe, il sort de vieux bibelots pour passer l'temps..passer l'temps jusqu'à la v'nue de la p'tiote qu'il considere comme une niece.
Punaise..l'annonce est rude..elle pleure la petite quand le borgne lui annonce la nouvelle...d'ailleurs lui ne peut retenir quelques larmes et quand c'n'est plus possible il s'en va s'isoler dans l'arriere salle du rade...

Quelques heures plus tard c'est de nouveau sur les remparts qu'il se trouve..flûte à la main il joue une douce mélodie..mélancolique mélodie en direction de la lune..là où surement se trouve son vieux compagnon d'arme..une sorte de plainte agréable à l'oreille..des pleures en notes...

Bientot il irait à Paris..la cour des miracles..son passé libertad..un instant il ira renouer avec cette periode importante de sa vie..de là bas..bastion de la confrérie il fera ces adieux à la dépouille andalouse..se disant au plus profond de lui que ce n'est qu'un au revoir...

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Alixane
[Cauchemar sans éveil - A quelques galops de là]

La nouvelle lui arrive à Blois comme un raz de marée s'abat sur une côte.
Inattendue, dévastatrice et nimbée d'une irréalité qu'on aimerait véridique.

Le ravitaillement alors qu'elle allait faire ses premiers pas dans la Compagnie... C'est le colosse qui le lui avait présenté.
Alix avait découvert un homme d'une d'une gentillesse rare, au franc parler et à l'humour qui ne s'étaient pas démentis les rares fois où elle l'avait recroisé.

Langres où à toutes forces il avait voulu la dépanner en denrées avant de rejoindre ses troupes.

Puis dans un tribunal Bourguignon au hasard d'un procès où il avait été son lien avec ceux qui étaient tombés avec lui.
Même sans avoir entendu la femme qui l'aimait en parler, elle aurait su qu'elle avait eu la chance de rencontrer quelqu'un de valeur.

Pourquoi, pourquoi fallait-il que le sort s'acharne encore et toujours, éprouvant des familles, des amis, laissant ce vide que seulent les larmes venaient combler?
Cela ne pouvait, ne devait être.

Et pourtant il faudrait s'y faire.
Douleur seraient les jours qui allaient suivre.
Douleur se répandrait comme le funeste message.
Un Andalou a rejoint le firmament au cœur duquel une petite étoile continuera de briller.

Et elle chiale tout son saoul...
Parce qu'elle se fout d'être faible devant la mort d'autrui.
Parce qu'elle enrage d'impuissance devant cette foutue sentence divine qui ne laisse aucune chance.
Parce qu'elle sait trop bien ce que telle absence engendre comme souffrances.
Pour les vies et les rêves brisés nets.
Pour éviter de le faire quand la dignité sera de mise.

_________________
Linon
Il était une fois une Chandelle qui ne savait pas qu'elle était chandelle.
Il était une fois un Toro andalou qui lors de leur première rencontre, lui proposa d'achever l'époux qu'elle pleurait.

Il était une fois Fablitos.

    Vas-tu me dire enfin pourquoi tu m'appelles la chandelle? je pue le cochon ou quoi?
    puer l'cochon ? nawak !
    juste que j'trouve qu't'apporte une jolie flamme au milieu d'la bande de branques qui composent Libertad


Il était une rencontre... de celles qui donnent de la couleur à la vie. Le rouge en l'occurence. Un rouge profond comme l'affection d'une chandelle pour un grand costaud qui l'impressionnait, à la gouaille ciselée, qui la taquinait ou la jetait selon l'humeur andalouse.
Rouge comme le sang qu'il avait versé en Périgord et dans tant d'autres combats. Rouge comme l'étendart qu'il brandissait fièrement, Libertad!

    ce soir on va s'friter et mourir tous ensemble pour vous venger

    hein???????????
    mais non !! vous pouvez pas mourir! qu'est ce que c'est que cette histoire?
    ça va servir à quoi de tous mourir? à part la beauté du geste? ce qui n'est pas rien c'est vrai...
    mais ... vous battrez cette armée? ça règlera le problème des faucheuses?

    80 % de chance d'y laisser notre peau, reste les 20% d'en sortir vainqueur
    c'est peu... et si vous suivez votre plan initial?
    voui
    mais nan

    ah.. vous avez décidé donc?
    oui
    vous êtes tous grav'ment s'coués...
    c'est super...

    vouais on adore ça


Il était une fois une amitié en forme de pilier taurin dans la vie d'une avocate trop naïve, trop sensible pour encaisser un accueil violent à son retour du Périgord. El Toro prit la route sans hésiter avec sa Natt' pour venir la sauver, et tous deux embarquèrent la décidément peu solide Linon loin des méchants, et il vécurent tous heureux jusqu'à la fin des temps.

Il était une histoire qui avait tout pour bien finir, c'était prévu, c'était écrit... jusqu'à ce qu'un pigeon trouvât l'avocate dans son bureau pour lui annoncer qu'il n'y aurait plus jamais de chanson andalouse pour détremper le campement des Libertad, plus jamais de jeter de bottes goguenard sur les tables des tavernes, plus jamais de dague menaçante sous son cou quand elle se montrait un peu trop respectueuse des curés, plus jamais de joyeux pillage de marché élevé au rang d'art, plus jamais de défense prenant tous les torts pour lui, plus jamais, plus jamais, plus jamais...

L'avocate avait tout lâché, ses clients, ses procés, les dossiers qui maintenant jonchaient le plancher de la chambre qu'elle louait à Paris où elle passait la moitié de sa vie, et suffocant de chagrin, elle courait à l'aveugle dans les petites ruelles inconnues et crasseuses de la capitale, bousculant les passants, en accrochant un de temps de temps pour se faire indiquer le chemin de cette cour des Miracles où elle n'avait jamais mis les pieds... Arriver à temps... et boire jusqu'à la lie le chagrin...

Il était une fois une chandelle qu'un andalou avait allumée, et dont la flamme menaçait de s'éteindre sous chaque larme qu'elle versait.

Il était une fois Fablitos.
Liamchaa
[Un pigeon de plus à bouffer...]

Le feux crépitait.
Battements d'ailes.
Le Sombre lève la tête.
Un piaf.
Lettroche à la patte.
Une presque inconnue.
Lecture.
La main retombe.
Parchemin toujours tenu.
Se balance au grès de la brise.

Alors comme ça.
Mort.
Les émeraudes fouille les flammes.
Un visage apparait.
Fab.
Un autre.
Nattascha.
Dernière rencontre.
Genève.
Tournoi de dupe.

Puis le retour.
Plus un rond.
Pour changer.
La main tendue de l'andalou.
Pas eu le temps.
Non.
Pas rendu sa pièce.
Les flammes dansent.
La fumée revient sur lui.
Les yeux lui piquent.
Un bras nerveux.
Passage sur les mirettes.
Traces humides.
Bien vite éliminées.

Parchemin chiffonné.
Balancé sur les braises.
Une branche les attise.
Le pigeon pas méfiant.
Termine sur la branche.
Tournée lentement.
Par une main noire.

La mort passe... La vie continue...
Gmat
[ Hasta pronto mi amigo....]


Une journée sombre, comportée d’ennuies et de fatigue...

C’était à peine arrivé en terre Bérrichonne qu’un pauvre petit gamin courrait aux côtés de sa monture...


MESSIRE !!!!
MESSIRE !!!!



Du haut de son étalon, Gmat jeta un morceau de viande à l’enfant à la silhouette squelettique...

Tiens mon grand, mange et laisse-moi tranquille, j’ai de la route et je suis épuisé, pas le temps de m’occuper de toi, alors retourne avec les autres et oublie-moi pour aujourd’hui c’est compris ?!

Messire ?!!!!!! Vous êtes bien Sir Gmat ?!!! Je vous reconnais, est-ce bien vous ????

Mouarf, oui c’est bien moi, alors maintenant prends ta viande et dispose avant que mon cheval te pince les fesses et t’empêche de t’asseoir jusqu’à ta majorité....

Sir..... j’ai une nouvelle à vous annoncer..... votre ami Fablitos.....

....................................................................................................


La triste nouvelle tomba..... le choc fût direct... les mots devenaient impossibles, les pensées fusaient, les souvenirs chassés son esprit...

Impossible...... ! Impossible..... !
Qui t’a dit ça ????
Qu'est-ce que tu me racontes ??????


Sir ! Sir ! je viens de l’apprendre et on m’a demandé de vous en avertir.... voilà Sir.... !

Il descendit de son cheval, attachant le licol ai premier endroit venu puis posa la tête sur sa monture.

Fab.....
Pourquoi ?
Il y a encore peu nous étions ensemble sur la route de l’Anjou...

Fab...
Pourquoi ?
Rappelle-toi nos diverses aventures, exploits, tous ces bons moments....

La Gascogne où l’on s’est rencontré.... Toute la troupe, Eik, Selene, l’Bireli, l’Borgne,....

Le Périgord.... toutes ces heures à parlementer tous ensemble à débattre sur les meilleures stratégies,... Lorsqu’on a voulu venger la troupe face au Poitou.... À vouloir tous tomber ensemble, tous les frères d’armes l’épée en mains, les coudes soudés....

Fab.....
Pourquoi ?
Imbattable au lancer de poulpes en taverne !

Il trouva un morceau de papier et de quoi écrire.




Citation:
Eik,

Quelques mots pour dire que je viens d’apprendre la terrible nouvelle...
Même si toi et moi avons eu il y a peu quelques différents qui nous ont poussé à prendre deux chemins séparés, je voulais faire part à toute la troupe, de ma plus profonde peine envers un ami cher à nos coeurs.

Il me manquera énormément...

A l’Andalou,

Mat



Il replia la missive et la donna au gamin toujours à ses côtés.

Tiens mon grand, trouve et transmet ça s’il te plait....

Puis leva les yeux au ciel, encore et encore des pensées...

Cher Fab, Hijo de la luna, El Toro Andalou.....
Je ne te dis pas Adieu.... mais à bientôt.

Veille sur nous tous mon ami....
Armand.
[Quelque part sur les routes de France]

pour lui...

Il a appris....Une lettre, une conversation, une annonce... quelle importance! Il sait, c'est tout...


Et il reste là, assis, sur le perron de l'auberge où il a pris une chambre y a quelques jours avec la brune. Il reste là à fixer l'azur d'un ciel d'été déclinant. Il a pas envie de causer le blond, il a envie de rien.
Il repense simplement, un sourire aux lèvres, à ces quelques fois où il a eu l'occasion de croiser la route de l'andalou. Il s'souvient d'cet éclat qui brillait dans les yeux de la troupe quand ils parlaient de lui là bas en Bourgogne et de leur indignation quand il n'avait pas pu suivre. Le blond avait noté ce jour là combien El toro pouvait compter pour eux, et c'est surement ça qui lui retourne le plus les tripes aujourd'hui. Il s'souvient aussi s'être dit que la prochaine guerre serait l'occasion de mieux le connaitre... Foutu destin!

Il est en colère le blond, de ces colères froides dont seuls des azurs orageux peuvent témoigner de la violence. Pas comme ça, on ne meurt pas comme ça! Pas quand on a des amis et une famille, pas quand on est un type bien. Les poings d'armand se serre face à cette injustice. Et il voudrait remonter le temps le jeune mercenaire pour plus avoir à imaginer ses amis vivre cet enfer, pour effacer leur chagrin. Chienne de vie!

Mais derrière cette colère, il retient un sourire, des éclats rires, des chansons. Il retient l'image d'un andalou qui savait vivre, rire, aimer à défaut de chanter. Il retient l'image d'un homme qui lui avait donné envie de mieux le connaitre et de faire un pas de plus dans la nouvelle voix sur laquelle il s'engageait. Il retient cette amitié qui l'unissait à mal, eik et les autres et qui l'avaient fait rêver.
Il se souvient enfin que malgré ses efforts la faucheuse jamais ne pourra lui voler l'espoir qu'il avait su lui insuffler.

Alors, se levant lentement des escaliers, il regarde une dernière fois les nuages murmurant du bout des lèvres un bon vent pour un taureau à jamais présent dans le cœur de ceux qui l'on aimé.



Buen viage, El toro....



*****
N'oubliez jamais de dire à vos proches combien vous les aimez... jamais...


____________
Courage à tous
Debrinska
Plus jamais le soleil ….

Je veux chanter Fab, je veux dire Libertad... je veux parler de la couche de sable blond de l'arène ! Dernier linceul pour l'ombre du sang noir du toro vaincu... achevé sous le glaive vengeur d'un vil pourfendeur....toro à terre mais de gloire recouvert... les yeux ouverts sur l'immensité de sa fierté


Il faisait soleil ce jour là, Guihlain et Debrinska règlent quelques affaires, assis à dans un tache de soleil d’automne…dans les vignes s’activent les vendangeurs….taches multicolores, comme un vitrail de lumière animé…les enfants jouent dans les venelles qui ceignent la place…ils jouent pour apprendre leur métier d’homme…

Les pensées de deb s’envolent et virevoltent…plus envie d’avoir des nouvelles de ceux qui sont partis, de ceux qui sont en guerre, que de s’intéresser à de viles transactions marchandes…elle presse Guihlain de questions : Où sont-ils ? Vont-ils bien ? Les nouvelles sont rares en ces temps troublés, ne pas se faire de souci. Ils les rejoindront bientôt!
Elle lève les yeux vers le ciel, ses yeux suivent la course des nuages…dont un particulièrement lui fait penser à un taureau… elle part avec lui sur les ailes du rêve...rêve blanc bordé d’or et de rouge, les couleurs du Toro… elle va en faire part à Guihl, alors elle réalise que depuis un moment il ne parle plus…il est blême, elle remarque le pigeon poser sur son épaule et le vélin qu’il tient dans sa main….


« Fablitos est décédé…le vélin vient d’Eikorc ! » il a presque crié....

Un coup… son coeur manque un coup ...pendant que le venin insidieux des mots s’insinue dans son âme!

Les jades cherchent un déni dans le regard de son ami…mais les yeux de l’homme restent opaques comme de l’eau trouble…Là-bas sur la place, les gosses ont arrêté leurs jeux, figés de peur du cri qui injurie les cieux…

Elle le regarde sans comprendre, avant de réaliser que c’est elle qui a hurlé...qui a jeté sa haine, sa révolte contre les dieux dans le seul mot qui veut sortir : NONNNNNNNNNN !

PUTAIN DE VIE.NONNNNNN. Nonnnnnnnnnnnnn, nnnnnnnnonnnnnnnn:

Et puis, les images affluent …une longue chevelure de fils de soie couleur d’une nuit d’été noire, lumineuse de reflets bleutés, des yeux de jais pailletés d’or, rieurs, sérieux, parfois colères mais toujours chaleureux. Des joues de barbe bleuies soulignées d’un bouc soigné. !

Voila ce que j’ai vu de toi sous la tente de campagne le premier jour où nous avons fait connaissance, ça et ta grâce de grand félin….et puis la force qui se dégageait de toi…né sous le signe du Toro !
Tu as remarqué avant que je le sache moi-même mon cœur en déshérence…tu m’as pris par la main, tu m’as conduit vers demain….Tu m’as ouvert des portes dont j’ignorais jusqu'à l’existence !
Je suis une de tes belettes comme tu affectionnes à le dire ! Bien sur, j’ai souvent renâclé, je me suis énervée, j’ai crié, tempêté… tu as eu droit à tous les noms de Viandox (Tu as hurlé de rire la première fois que je t’ai appelé comme cela) à Seigneur de guerre…la seule fois ou je t’ai senti presque fâché avec moi. Je te faisais injure de te nommer ainsi…c’est ce soir la que tu m’as donné l’épée si précieuse que je porte…elle a nom et tu le sais :
« SOUVIENS-TOI » Je me souviens, je te suis, je te suivrai encore !


Nos déconnades de nuits d’insomnie, la dernière il y a quelques jours ou les mésanges ont porté nos rêves et nos espoirs… Ce soir .la, nous avons parlé de nos vies, déconné comme d’habitude, tu as fredonné, je t’ai servi la même plaisanterie que d’habitude sur les attributs du taureau qui reviennent au gagnant ! Ironique, tu m’as répondu comme d’habitude. « hé, hé…on ne touche pas à mes esgourdes »… et puis avant de partir nous coucher, je t’ai fais part de mon plan pour ouvrir les portes d’un castel qui te tient à cœur. Ce soir-la, tu m’as regardé et tu m’as dit : « Tu es une fée ! » Ces mots si étranges dans ta bouche m’ont fait rire !

Fab…ma raison, mon esprit me disent que tu es bien parti dompter les chevaux des dieux… mais mon cœur sait que tu es vivant…Tu es l’esprit de LIBERTE qui est en chacun de nous !

MERCI …d’être toi ….. LIBERTAD !

J’avais écrit ces quelques vers lors de mon entrée chez libertad, je les lui donne, j’ai changé juste quelques rimes parce que c’est LUI !

Pour que ta mort ne soit pas vaine
Dans les nuages du ciel
Déchirés de tes ongles.
Gris des ombres éclairées...
Balancé de coups de poings rageurs
De l’envie d’écrire ton nom !
De tes mains et de tes dents.
Tu as tracé dans les nues…
Les couleurs de ces lettres:
LIBERTAD !

Haine de ce qui est¨
Serment bafoué !
Pleurs d’enfant dans la plaine
Cris de femme battue !
Le serf ploie sous les corvées !
Dîme, taxe et gabelle !
Tes tripes se tordent,
D’un cri vengeur !
LIBERTAD !

Le mot fait écho !
Surmontant les peurs ;
Des femmes, des hommes
Se sont levés
Ivraie, des sillons bien rangés !
Héritiers de la plèbe,
La terre est à vous !
Qui de votre cri l’ensemencés !
LIBERTAD !

Déni de ce qui fut,
Son esprit est nôtre !
Possédé l’âme d’un idéal,
Mais torturé de souvenirs!
Sous le fouet, relève la tête !
Le sang coule sur le sol¨
Fertilise le grain laissé !
La mort est tombée sur un os
Lorsqu’elle s’est emparée de toi
FABLITOS !


Debrinska, une belette.... ça pleure aussi


un matin de mal de tête avant de repartir!
_________________
Miramaz
La nouvelle lui était tombée dessus sans qu'elle s'y attende..comme tous les autres...quelques mots sur un vélin pour annoncer cette tragique nouvelle.. l'Andalou n'est plus..

Elle ne l'avait croisée que quelquefois.. à peine eu le temps de découvrir ses nombreuses qualités vantées par les autres..tout ce qu'elle retenait de lui tenait en quelques images..un fier andalou.. une voix profonde...une générosité exemplaire.. un père aimant sa fille.. et son talent inouïe pour la chanson découvert lors de la dernière soirée avec lui..

De lui elle garderait..en plus de ces quelques souvenirs épars..l'épée et le bouclier qu'il lui avait offert pour qu'elle participe à ses premiers combats.. Precieusement elle les gardera pour ne pas l'oublier..

Seule dans la nuit..les larmes aux yeux.. quelques paroles lui traversèrent l'esprit..elle s'empressa de les jeter vers la lune d'où il veillait sans doute..


Elle est à toi cette chanson,
Toi l'Andalou qui sans façon,
M'as donné bouclier et épée,
Quand dans ma vie il fallait guerroyer.
Toi qui m'as donné des armes quand,
La Bourgogne et ses habitants,
Tous ses gens mal intentionnés,
Leurs villes, nous avaient fermées.
Ce n'est rien qu'un bout de fer,
Mais il m'avait sauvé la vie,
Et ma main toujours il remplit,
A la manièr' d'une rapière.

Toi l'Andalou qui un soir disparut
Que les anges t'emportent
Qu'il te conduise à travers les nues
Pour du paradis te faire franchir la Porte.


Adieu Fab..j'aurai aimé avoir le temps de te connaître..
Veille sur nous de là haut..personne ne t'oubliera

_________________
Lorenz
[Conscience inconsciente]

Elle erre dans des rues qu'elle ne connait pas. A la dérive depuis des semaines. Elle a quitté un champ de bataille et elle a perdu. Non pas la guerre. Enfin si, aussi. Mais c'est une autre histoire... Elle a surtout perdu la mémoire de qui elle est vraiment. Là. Au plus profond.

Elle erre à l'Est, pour voir s'il y a du nouveau. Et c'est de l'Ouest que la nouvelle est venue la claquer en pleine face:


Citation:



« Rendez-vous au palazzo pour ceux qui veulent…
El Toro n’est plus… »


PALAZZO. TORO.

Deux mots qui lui déchirent la cervelle en même temps que le coeur. Les mains se crispent. Les ongles s'enfoncent dans la paume à s'en faire saigner.

Et TOUT lui revient.


***********************************************************************************

Ils ont erré des jours et des lunes. Marché côte à côte. Riant parfois des déconvenues de la route, des embuches sur le chemin. Piaffant contre les armées ennemies qui n'y comprenaient rien, et contre les leurs qui prenaient la déroute.

C'était il y a longtemps? Peut-être. Ou pas. Peu importe.

Lui, il ouvrait les barrières et faisait sauter les indécisions.

"Droit devant dame Lo' ! Tant qu'on passe... on trace !"

Droit devant...

***********************************************************************************

[Conscience réveillée]

Palazzo... La Cour des Miracles... Libertad.
El Toro... Fablitos... Un des gardiens de la confrérie... Un Frère...

Lentement les idées se remettent à leur place. Mais Lorenz n'a pas attendu pour prendre la route vers Paris et sa Cour des Miraculés.

Sauf qu'elle a compris que cette fois, il n'y aura pas de sauvetage possible. Il n'y aura pas de remise à flot, ni de vie qu'on re-insuffle.

Il y aura juste un corps, encore un, à honorer comme il se doit.

Il y aura un nom à graver dans les pierres du palais, pour qu'on ne l'oublie jamais.

Lorenz se surprend à murmurer Da viken Fablitos... tandis qu'elle talonne sa monture jusqu'à l'épuisement.

Bientôt les lieux ont été parcourus et c'est couverte de poussière, le regard hagard marqué d'une singulière larme de sang, qu'elle pénètre à la Cour.

Bientôt ce sont les grilles du Palazzo qu'elle aperçoit enfin...
Cerridween
[ A ceux qui partent... *]



Quelques part de l'autre côté de la "barrière", à Limoges .

L'hôtel d'Enguerrand de Lazare s'anime... dans la cour commence le bal des aller et venues. Cliquetis de métal, hennissements de chevaux. Cette tension presque palpable... qui s'installe dans l'air, comme dans les gestes.

L'automne lui ne s'étonne de rien... faisant son bonhomme de chemin, indifférent aux hommes, il commence à embraser les feuilles à petit feu, il souffle sur les matins une brise qui chante le déclin. Se jouant des lainages sortis trop tard, il frôle les corps des matinaux en piquetant les peaux sous les chemises de lin, rappelant aux étourdis que le temps passe. Et qu'il est temps... oui il est temps de se préparer à un autre temps. A une autre saison. Un autre chemin.

La Pivoine est attablée dans le petit bureau qui lui tient de tanière.
Les sinoples soulignent avec attention le fil qui se dessine devant elle, cherchant les imperfections. Sa main tourne lentement la lame de Miséricorde qui reflète les éclats du soleil naissant du petit matin. Elle l'a vu naître comme tous les matins l'astre du jour. Elle aime l'aube... ce moment tranquille, où tout dort encore, ce moment en suspension, où l'on attend. Avec cette petite pointe d'espoir qui vient au cœur. Cette petite pointe d'espoir et de bonheur simple de voir naître un jour, nouveau, qui peut être meilleur. Avec cette petite pointe d'inquiétude, de voir de nouveau passer un jour, qui peut être pire. Ce moment où l'on se questionne non sur demain, mais sur maintenant.

Elle s'est rendue près des écuries, dans le corps de bâtiment abritant la garde. Mains gantées de cuir, elle avait poncé la lame de son épée, avec soin, en silence. Prendre soin... de celle qui était son rempart, sa survie... sa compagne. Elle était à son côté depuis tant d'années. Depuis cette nuit, où à travers une clairière où scintillaient les torches, près de Paris, genou en terre, elle avait juré de servir. Il était là sur sa chaise des lieutenants commandeurs, le visage impassible... mais elle avait lu la fierté dans les azurs, la fierté du sang, et un amour incommensurable. Miséricorde l'avait vu grandir. Elle avait été de tous les moments et de tous les combats. Elle avait paré, taillé, détruit. Sans elle, elle se sent incomplète, nue, sans cette part d'elle, symbole d'un serment, d'un engagement, d'une vie. Elle a bien deux autres lames également qui se trouvent près du bureau. La dague et le couteau. Les pendants de Miséricorde qui laissent transparaître d'autres serments, moins lumineux. Elle s'en est occupé également. La pierre a aussi affûté les lignes et elle a paré de nouveau la lame de la dague d'une robe noirâtre aux relents de morts, aux parfums de jusquiame. Le couteau qui garde sur le manche la trace d'un passé douloureux, dans le sang et les larmes a aussi retrouvé l'éclat des arrêtes effilées.

La main dextre pose la grande lame de l'épée à deux mains sur la table près des deux autres. Les marques de dents sur le couteau de lancer lui arrache un soupir... et si ce chemin était le dernier pour toi, Pivoine... et si tu tombais toi aussi.... que laisserais-tu ? Une pièce pleine de parchemins, de remèdes, plein de souvenirs, à Ryes. Une chambre qui deviendrait vide et deviendrait celle d'un autre. Une petite brune qui court dans les champs de Delle. Un nom... peut-être... dans la galerie des Braves. Des ambres qui se fermeraient quelques temps après les tiennes... vous avez dit jusqu'à ce que la mort vous rapproche... il restera si peu...
Les yeux se reportent sur l'écu qu'elle va emporter, pièce de bois et de cuir aux quintefeuilles d'or lardé de sa cicatrice noire. Et si tu meurs Pivoine... que restera-t-il ? Que reste-t-il de lui à part cette tombe froide à Beaumont ce trou béant dans lequel tu as voulu te jeter ? Non... il reste... il reste... quelque chose... il reste ses mots. Toutes ses mémoires que tu as gardé sous clefs et que tu relis inlassablement avec ce sourire mélancolique le soir. Il y a tous ces souvenirs, ces souvenirs qui ne servent à rien mais qui te tiennent chaud où que tu ailles, quoi que tu fasses. Il y a son sourire et son rire, qui résonnent encore à tes oreilles. Il y a ces soirées si rares, mais si précieuses près de lui à entendre raconter ses récits, ses amours, ses amis, ses emmerdes. Il y a ses colères qui ricochent sur les pierres et dans ta tête. Il y a tes éclats de rires, ses taquineries, tes bouderies, son regard tendre. Il y a toujours sa main sur ton épaule... et elle y restera tant que tu t'en souviendras. Il vivra encore... il vivra encore... tant que son nom sera dans ta tête...
Elle se lève et s'approche, parée d'un plastron de cuir, de ses bracelets de force qui enserrent en reflets noirâtres ses avants bras, du grand écu. Ses doigts soulignent un instant les fleurs écloses sur le bois... pourquoi t'inquiètes-tu Pivoine... c'est ainsi. Si tu dois partir, tu partiras. C'est si simple en soi. Une lame dans ton corps. Le sang qui s'épand. Ton cœur qui s'arrête... et cela sera fini.

Tu es bien placée pour savoir que la mort n'a de sens que pour ceux qui restent...


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* A une plume gitane... que j'ai pu lire et appréciée.
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