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[RP]Préparatifs de la St Géraud ou Genèse d'un mariage forcé

Martymcfly
Pffff.... Bettym le ferait toujours tourner en bourrique... Elle l'envoya paitre en regagnant l'entrée laissant apparaitre son désapointement, et laissant son filleul dans le désarroi. Vraiment ?

Marty n'était pas désolé. S'il avait trouvé un époux pour Bettym, c'était qu'il le devait. Depuis la missive reçue du Lyonnais, lui annonçant la nouvelle de l'événement pas si heureux que ça, il avait tout de suite pris cette décision : l'honneur de celle qui avait tant fait pour elle ne serait jamais bafoué. C'en était devenu une priorité, mais aucun candidat sérieux ne se présentait à lui. Il cherchait sans chercher... Et c'est finalement chez lui qu'il trouva. Bien sûr, il aurait préféré que ce soit un Comte ou un Duc... Mais encore eut il fallut que la fiancée soit noble... Ah si elle avait accepté de devenir Baronne, tout aurait sans doute été différent.

Heureusement, Beths suivit Bettym vers la chambre où cette dernière résiderait tant qu'elle n'aurait pas convolé puis accouché. Son épouse saurait trouver les bons mots pour lui faire comprendre que la situation était grave et que Marty avait pris la bonne décision.

Il guettait donc la sortie de Beths... Et quelle sortie...

Un regard de glace, qu'il connait, et qui ne laisse présager rien de bon. Des pas bien marqués sur les marches du grand escalier. Et finalement...


Comment as-tu pu ?

Bon là c'était sûr, il allait en prendre pour son grade, sans savoir de quoi il en retournait. Et pour demander une explication posée, c'était pas vraiment le quart d'heure, Beths semblant être au bord de la crise, comme quand un Duc instaure la loi martiale en Bourbonnais-Auvergne.

Haussement de sourcil, cherchant malgré tout à comprendre ce qu'il avait bien pu faire. L'avait on mise au courant qu'il avait terminé une caisse entière d'alcool de châtaigne depuis son retour des joutes de Touraine ? Non, cela ne pouvait pas être ça...

Il la laissa arriver près de lui, comme un coupable qui sait qu'on va trancher sa tête. C'est bien ce qu'il se produisit.


Comment as-tu pu choisir un époux à ma jumelle de cœur sans même m’en parler avant de lui en faire part, sans même que je puisse avoir mot à dire dans cette histoire ! Sans même savoir si celui que TU choisis est une personne que j’apprécie ?! Je n’aurais jamais, jamais du te prévenir, et j’aurais du emmener Bettym loin de tout, loin du BA, loin de toi !
Tu es odieux, tu es infâme, tu es ignoble !
Pourquoi avoir tout gâché ! Pourquoi je t’ai fait confiance ! Pourquoi ?!


Mais c'est qu'elle le frappait la bougresse ?! Mouvement de recul spontané qui n'empêche pas de se prendre les poings fermes de sa tendre en plein ventre. Elle frappait mais pas au point qu'il se torde de douleur, et il se laissait faire, comme s'il savait qu'il fallait que toute la hargne que Beths ressentait sorte.

Ainsi c'était donc ce mariage qui était la raison de ce courroux. Tandis qu'elle lui assénait ses si mignons doigts refermés dans l'estomac, Marty emmagasinait les paroles de son épouse et restait impassible aux attaques de celle qu'il aimait. Ainsi, il était odieux, infâme, ignoble. Ces mots dans la bouche de l'être aimé le surprenaient tout de même, le peinait, lui faisait doucement monter une boule de colère, comme si, par ses poings, elle lui transférait toute son ire, et que celle-ci empruntait son oesophage pour atteindre bientôt sa bouche. A coup sûr, il allait vomir quelques paroles qu'il ne penseraient pas, et qui ne feraient pas plaisir. Mais, il la laissait faire... Jusqu'à ce qu'elle s'arrête net et se dirige vers la porte, lançant ses derniers mots.


Finalement je préfère la compagnie des sangliers qui arpentent ton domaine. Au moins avec eux je n’ai pas de surprise, je suis consciente qu’ils m’attaqueront !

Il bouillait, mais demeurait ferme, la colère arrivait à la glotte... Il lui emboîta le pas, sans prêter attention aux affolements des servantes.

Elle avait déjà pris le temps de monter son cheval, prête à aller se mesurer aux monstrueux sangliers velus qui peuplaient les alentours et qui ne feraient qu'une bouchée d'une Duchesse, c'était certain !

La rage lui rongeait les papilles alors qu'il affrontait le regard rougi de Beths, assise sur Canasson. Marty leva les yeux vers elle, et ce qui devait arriver arriva... La tempête franchit la porte de ses lèvres...


Bettym est ma marraine, elle aura l'époux que je lui aurais choisi. Un point c'est tout. Insistance sur quelques pronoms... Tu aurais préféré t'éloigner de moi, emmenant Bettym avec toi ? Et bien soit, fait donc. Tu peux quitter ce château et revenir quand bon te semblera. Et Bettym peut t'accompagner. Si ce que tu souhaites c'est qu'elle soit déshonorée, qu'elle accouche en pleine forêt ou dans un hospice miteux, où elle trouvera probablement la mort. Et au mieux, si ce n'est pas le cas, si ce que tu souhaites c'est qu'on ne cesse de lui rappeler jusqu'à la fin de ses jours qu'elle n'est qu'une trainée, fais donc ! Pars ! Je ne suis que ton époux qui ne pense plus qu'à cette terrible nouvelle que tu m'as appris dans une lettre, et qui fait au mieux pour éviter toute cette misère. Oui j'ai estimé que le père de mon Intendant était la meilleure personne pour élever un enfant. Oui j'ai estimé qu'il ferait un bon époux. Et pourquoi ? Parce qu'il l'a déjà fait et été.

Même si son regard était dur, il parvenait à se radoucir, au fur et à mesure qu'il déballait ses propos. Beths était son épouse, et même en colère contre lui, il avait promis de l'aimer dans les pires moments, comme dans les meilleurs.

Evidemment, il ne plaira pas à Bettym. Qu'il fut Duc ou manant, cela aurait été la même chose... Mais il me plait à moi. Un point c'est tout. Elle apprendra à l'aimer. Je sais ce qui sera bien pour cet enfant, et pour elle ce qui sera le mieux.

Une assurance certaine dans les paroles du Duc. Tenir tête à son épouse, l'avait-il déjà fait ?

Tu peux partir si tu le désires. Mais si ce que tu désires vraiment c'est l'honneur de Bettym et de son enfant, alors tu resteras.

Et sans même attendre quoi que ce soit, il tourna les talons, d'un pas décidé pour rejoindre le château.
_________________
Beths
[Apoptose … ]

Furieuse, désespérée, enragée, malheureuse, Beths s’était hissée sur le dos de Canasson, des larmes de rage et de tristesse l’aveuglant. Perfidie de la traitrise … une fois en selle, essuyant méchamment son visage couvert de boue, de larmes, et faisant faire demi-tour à son équidé, elle croisa le regard de son époux. Ainsi il l’avait suivi jusqu’ici … et la réponse à sa colère arriva.
Un même sarcasme que sa jumelle de cœur l’avait habité lorsqu’elle s’était adressée à elle, et là, avec son époux, présentement une colère semblable à la sienne lui revenait en plein cœur. Touché … et le navire coulait. Tout ce qu’elle avait été s’effondrait, des murs jusqu’aux fondations au moindre des mots prononcé par son époux.
Il la détruisait, il était sa perte.


… Et bien soit, fait donc. Tu peux quitter ce château et revenir quand bon te semblera….
Pars ! Je ne suis que ton époux qui ne pense plus qu'à cette terrible nouvelle que tu m'as appris dans une lettre, et qui fait au mieux pour éviter toute cette misère …



Qu’avait-elle espéré au fond ? Qu’il s’excuse ? Peut être sans doute … qu’il attende qu’elle se calma, elle serait revenue à lui malheureuse et pleine d’espoir? Mais Marty, lassé sans doute de ce qu’elle était, de son caractère impétueux, direct, franc, avait préféré faire souffler le vent, la tempête, désordonnant l’eau qui se trouvait sous elle, rendant impossible toute tranquillité à la surface et qui serait après responsable d’un ras de marée, plus loin, plus tard … mais il n’en avait nulle consciente.
Beths faisait face à son époux, impassible visiblement, son cœur se tordant de douleur. Elle lui avait remis entre les mains, et il le broyait d’un simple geste.


Evidemment, il ne plaira pas à Bettym. Qu'il fut Duc ou manant, cela aurait été la même chose... Mais il me plait à moi. Un point c'est tout. Elle apprendra à l'aimer. Je sais ce qui sera bien pour cet enfant, et pour elle ce qui sera le mieux.

Il connaissait si bien les femmes et leurs désirs en le lui prouvant comme il le faisait, furent les pensées fugaces qui traversèrent son esprit, mais contrairement à son habitude et à sa verve continuelle, Beths ne dit mot, ne cherchant rien, plus rien, ne l’avait-il pas renvoyé ? Pars lui avait-il clamé … tout était dit. Inutile de perdre salive à se défendre, elle avait besoin de cette eau pour laisser libre cours à son chagrin, sa douleur, plus tard.

Tu peux partir si tu le désires. Mais si ce que tu désires vraiment c'est l'honneur de Bettym et de son enfant, alors tu resteras.


S’était il seulement interrogé sur leur bonheur ? L’honneur avant tout ? Oui, oui elle avait été ainsi, infroissable, intraitable, son honneur et celui de ses proches valant plus que tout le reste. Elle avait même été d’accord avec lui, Bettym devait trouver époux, non point tant pour l’honneur, mais surtout afin de pouvoir élever et aimer son enfant sans les quolibets et les rires.
Aujourd’hui elle ne savait plus, elle doutait, elle regrettait ce choix, cet honneur, le sien, pourquoi avait-elle parlé … tout aurait été plus simple si elle n’avait rien dit … Oui, mais Bettym n’aurait jamais pu aimer cet enfant. Cruel dilemme où la solution ne donnerait jamais satisfaction.
Mais à deux, elle avait naïvement pensé qu’ils réussiraient, Marty et elle, trouver une personne exceptionnelle et rapidement. Un homme bon, gentil, agréable, tendre, qu’elle pourrait apprécier … Son époux la privait de tout cela.

Il avait fait demi-tour, fermant là toute possibilité, lui faisant comprendre que c'était la fin.Fusillant son dos du regard, le maudissant tout bas, Beths tourna casaque à son tour en talonnant Canasson. Marty l’avait chassé.



[Quelques jours plus tard, sur les remparts de Thiers]

Son regard, rougi d'avoir trop pleuré toutes les nuits, tourné vers l’horizon, l’adjointe au prévôt scrutait le moindre mouvement là-bas, au-delà des remparts, surveillant les faits et gestes, surveillant sa ville, celle qui pensait toujours ses blessures. Sauf qu’aujourd’hui son cœur saignait. Sauf qu’aujourd’hui le BA était en alerte, la guerre contre le Berry avait été déclarée, et il fallait veiller. Le ban avait été levé, et elle savait qu’il était à Bourbon. Elle-même se devait de veiller, elle qui avait toujours tout sacrifié pour la prévôté. Elle aurait du être heureuse, elle avait toutes ses journées et toutes ses nuits de disponible pour son cher BA. Mais le cœur n’y était pas … pas depuis qu’elle avait quitté le domaine de Billy … combien de jours ? Et … rien … pas un mot … pas une lettre …
En parlant de lettre …
Doucement, la jeune femme tira de son pourpoint les deux dernières lettres de son petit frère … de nouveau à la lecture de ses mots, une larme lui échappa. Après son époux … son petit frère, le seul être dans lequel elle aurait pu avoir une confiance illimité sans se poser de question, de doute, depuis qu’ils s’étaient retrouvé, un lien fusionnel les liaient, mais ce lien n’avait du existé que dans sa tête … il l’avait quitté pour une maraude.


Citation:
Ma chère soeur,

Je suis toujours à Guéret où tout se passe pour le mieux, même si les relations avec certains soldats sont parfois assez difficiles.

Des nouvelles plutôt bonnes arrivent du Berry, et je dois bien t'avouer que je compte m'y rendre moi aussi. Je sais que cela ne va pas te plaire du tout, j'en suis conscient, mais je suis là mon instinct et crois moi, il me pousse à suivre le groupe avec lequel je me trouve maintenant depuis de nombreux jours. Tu sais pourquoi.

Pour ce que je t'ai confié dans ma précédente lettre, il semble que cela soit réciproque, mais pourtant la situation est étrangement figée. Je ne saurai te dire mon sentiment là dessus, il est indéfinissable, mais ta présence me manque pour me conseiller et m'ouvrir les ye(mots raturés) apporter un soutien dans mes décisions et mes choix.

Ma chère soeur demain je serai sans doute parti, et je penserai à toi de là bas. Que Marty veille sur toi s'il m'arrive malheur(mots raturés), et que tu saches et n'oublies jamais que quoi qu'il arrive, je t'aime et t'aimerais toujours.

Je repense à ce fabuleux jours où nous nous sommes enfin retrouvés, mais je repense continuellement au jour où nous avons été séparés toi et moi, séparés à jamais de nos parents.. Nous n'avons pas encore pu parler de cela , pourtant j'aurai tant de choses à te dire, à te demander. Le désir de vengeance m'habite Beths.

Curtius, ton petit frère


Ce premier courrier, elle lui avait répondu, lui demandant de revenir, de faire attention, de ne pas participer à cette guerre qui n’était pas la sienne, il n’était pas prêt, il n’était pas formé, il était trop jeune, il y avait trop de mercenaires, elle allait le perdre …
Mais il était trop têtu, trop … cette femme c’était cette femme qu’il suivait, qu’il accompagnait ! Cette Dénéré ! Comment l’avait-il appelé déjà ? Aelyce, oui oui c’était ce nom qu’il lui avait dit lorsqu’il avait quitté la ville comme un voleur, le surprenant avec une femme au ventre proéminent … elle devait, elle devait se renseigner … non, non elle n’avait pas le droit … si, si elle devait c’était son unique frère et qui sait qui cette femme était.
Cruel dilemme, une nouvelle fois … la jeune femme se rappela son erreur avec Bettym et craignait la même chose avec son petit frère qu’elle adorait et qu’elle ne voulait perdre.

Et puis ce matin même nouvelle missive, plus enjouée, plus gaie, porteuse de nouvelles agréables … permettant à la jeune femme de reprendre un peu espoir.



Citation:
Bonjour Soeurette,

Je suis à Bourges où je participe à l'attaque du chateau du Poilu.

J'ai eu le plaisir de rencontrer ton parrain hier au campement, Azdrine. Il m'a soutenu au cours de la nuit lorsque j'ai eu à faire à une trés forte déconvenue.

Je compte rentrer au Bourbonnais Auvergne au plus vite, il accepté de m'aider. Il me semble être un homme bon, et je sens qu'il m'aidera du mieux qu'il le peut.

A bientôt j'espère,

Curtius



Vérifiant que chacun était à son poste, vérifiant que la nuit était calme, la jeune femme s’assit à même les pierres froides et rédigea à la hâte sa réponse


Citation:
Mon petit frère,

Tes missives m'inquiètent au plus au point. Curtius, je t'en prie, je t'en conjure, prends soin de toi. Je n'ai pas assez de larmes pour te pleurer.

Puisque tu as rencontré mon parrain, ce dont je remercie Aristote, demande lui protection, il te l'accordera surtout si tu lui montres ta valeur, reste avec lui, suis-le. Ne reste pas en Berry, s'il te plait.
Mes fonctions royales m'empêchent de venir te chercher. Néanmoins, si je n'ai pas d'autres solutions, je viendrai te rejoindre et qu'importe les conséquences. Tu m'es trop précieux pour que je te perde à nouveau.
Et cette femme que tu suis, que tu as suivi, elle ne peut être qu'une Bête immonde du sans nom ! Elle met son ventre en avant tel un bouclier qu'il faudrait protéger. Quitte là Curtius, je te l'ordonne pour ton bien, pour ta vie. Elle ne t'apportera que du malheur. Je suis sure que tu pourras trouver femme aimante et exceptionnelle partout ailleurs dans notre beau royaume.

Curtius, reviens !

Je t'aime trop pour te perdre

Ta grande soeur.



Son désespoir transparaissait dans sa lettre sans qu’elle n’en eut conscience, mais elle se mourrait, elle se perdait, elle était broyée, et pour une fois, pour une unique fois, elle tendait les bras pour qu'on l'aide, et inconsciemment, naturellement, elle s'était tournée vers son frère, elle avait besoin de lui, de sa force tranquille, de sa douceur, de sa compréhension, elle avait besoin de lui pour se reconstruire.

Le pigeon auquel elle accrocha sa lettre repartit aussitôt, alors que de nouveaux arrivaient. Porteurs d’ordre, de mission, la prévôté reprenait ses droits. L’adjointe au prévôt devait aider à veiller, à vérifier. Elle avait pris quelques rapports de garde avec elle, elle se plongea aussitôt dans son étude … des mouvements vers le nord … mauvais signe …

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BANNIERE EN COURS DE MODIFICATION
Bettym
[Seule contre tous !]

La colère se lisait sur son visage mais elle préféra regarder par la fenêtre tant la haine qu'elle ressentait en ce moment précis lui faisait perdre toute notion de réalisme. Elle se haïssait surtout elle plus que ceux qui cherchaient à l'aider. Elle qui n'avait su se préserver de la tentation comme elle préconisait à son entourage, elle qui aimait un homme qu'elle n'avait pas droit d'épouser et pour cause ! Elle qui n'avait pas usé de prudence et qui se retrouvait future maman. Elle qui, maintenant, devait assumer toutes ses erreurs en commettant la plus grossière celle de sauver son honneur et d'épouser un homme qu'elle ne connaissait pas et de lui imposer un enfant de surcroît.

Plus Bettym repensait à sa situation, à tout ce qui s'était passé jusqu'à aujourd'hui, plus le mal qui la rongeait grandissait. Elle ne fit pas attention à Beths qui était partie aussi furieuse que la juge était. Ce n'est qu'en apercevant le couple en bas devant ses fenêtres qu'elle comprit qu'il y avait de l'eau dans le gaz. Intriguée, elle voulait comprendre ce qui se disait. Son filleul avait élevé la voix ce qui était rare mais elle n'arrivait pas à entendre ce qui se disait. Elle prit le loquet en main et ouvrit la fenêtre. Un air froid pénétra la pièce mais elle s'en moquait. Quelques bribes vinrent à ses oreilles...


... emmenant Bettym avec toi ? ... où elle trouvera probablement la mort. ... Pars ! Je ne suis que ton époux... Oui j'ai estimé qu'il ferait un bon époux... il ne plaira pas à Bettym... Elle apprendra à l'aimer... l'honneur de Bettym et de son enfant...

Beths, sur Canasson, partit du Domaine sans un regard en arrière mais Bettym pouvait sentir le mal être qui consumait sa soeur jumelle. Elle venait de se rendre compte qu'elle avait été injuste avec son amie de toujours et son coeur se brisa encore une fois. Cette situation était insoutenable. Elle ne savait que faire si ce n'était de mettre le trouble partout où elle passait.

Sa décision était prise. Dans l'état actuel des choses, elle ne pouvait rien faire ou presque. Elle referma la fenêtre, regarda son ventre qui commençait à se montrer et y posa ses mains d'un geste tendre qu'elle n'avait jusqu'alors pas eu tant son désarroi avait été grand lorsqu'elle avait compris ce qui lui arrivait.


Pardon de te faire tant de mal... murmura-t-elle à son petit à naître. Elle releva la tête, apaisée face à la tempête qui avait déferlé quelques minutes auparavant. Elle sourit même pensant que ce petit être avait le don de son père. Il savait la calmer. A y regarder plus loin, elle se dit que sa diplomatie naissante était peut-être grâce à lui...

Elle ramassa ce qui était à terre suite à sa colère et tomba sur la lettre qu'elle avait préparée pour l'homme qu'elle aimait. Elle la cacha sur elle puis prit une cape avant de se diriger vers la sortie. Elle observa les mouvements, écouta les bruits et quand elle s'aperçut que tout était tranquille, elle sortit sans faire de bruit. Marquant une pause dans le hall d'entrée, pour se précipiter à nouveau vers la sortie...


Ouf ! Pas vue pas prise. Se dit-elle, adossée à la grande porte sur le parvis. La nuit commençait doucement à se montrer, plus facile à passer incognito mais plus dangereux aussi. Elle n'en avait cure. Elle se savait protégée...

[Moulins... les pigeons... la guerre... les remparts...]

Elle s'était échappée de Billy sans demander son reste. Certes, son intention n'était que pour quelques heures, le temps de retrouver son pigeon particulier et d'envoyer son pli mais les circonstances ont fait comme d'habitude... Rien ne se passait comme prévu.

Elle était arrivée à Moulins, la nuit était tombée depuis pas mal de temps. Il faisait froid et pour couronner le tout les routes étaient peu sûres... C'est en se trouvant devant les fortifications de sa ville natale qu'elle comprit qu'il y avait du souci. Un nombre impressionnant de personnes se trouvait en patrouille. Heureusement que les villageois la connaissaient ! Elle put entrer immédiatement sans être obligée de passer à un interrogatoire fort ennuyeux.

Elle se dirigea vers la taverne de sa soeur où ses affaires avaient été envoyées quand elle y passa quelques jours après son accouchement. Dans les écuries, elle put voir Mistral qu'elle gratifia de quelques tapes et caresses avant de chercher la cage dorée où son ramier l'attendait. Elle le prit délicatement, lui attacha le message préparé plusieurs heures auparavant avant de sortir et de le lâcher...


Va le rejoindre... les yeux au ciel essayant de voir le volatile s'envoler.

Elle laissa échapper un soupir sachant qu'elle n'aurait peu de chance encore une fois d'avoir de ses nouvelles. Mais, elle lui avait promis d'être toujours honnête et de tout lui dire. Et elle se tiendrait à cette promesse.

La tête basse, elle retourna vers la porte du sud pour reprendre sa route vers Billy mais pour son malheur, le groupe qui s'y trouvait n'était autre que celui d'Arthur. Grimace...


Je veux partir ! Je ne peux rester ici ! Fit-elle, contrariée.

Mais la réponse était catégorique. NON. Décidément, la chance l'avait quittée pour de bon. Partout où elle allait, elle était prisonnière mais cette fois-ci la raison était tout autre. Un danger courrait sur le BA et ce, depuis quelques jours. Bettym n'en savait rien et pour cause ! Enfermée à Billy peu de rumeurs circulaient.

En désespoir de cause, elle dut rebrousser chemin et trouver refuge chez sa soeur. Elle patienterait jusqu'au lever du jour et reprendrait sa route vers... Billy puis Thiers.


[Plusieurs jours après, toujours à Moulins...]

L'alerte était grande, Bourbon avait été prise et des menaces courraient sur Moulins. Il fallait être sur ces gardes et surveiller les portes de la ville. Elle n'était plus Bourbonnaise mais savoir que ses amis risquaient leur vie... Sans réfléchir, elle alla voir Legowen et proposa son bras armé. Certes, elle ne serait pas en première ligne mais elle ne voulait pas que Moulins tombe dans de mauvaises mains. Elle écumait les rues, observait les gens et informait dès qu'elle le pouvait tout ce qui lui paraissait bizarre.

Mais cette défense entraînait aussi un retard dans les desseins que Marty avait à son encontre. San compter que l'homme qui lui était destiné, elle ne le connaissait pas. Elle avait besoin d'en savoir plus et pour cela il lui faudrait lui parler. Elle prit une plume et rédigea un mot...


Citation:
Mon Sieur,

Veuillez excuser mon départ prématuré mais les circonstances ont fait que...

Vous allez apparemment devenir mon époux et je souhaiterais avant cela avoir quelques explications avec vous. Je n'ai certes pas le choix de refuser cette alliance mais j'aimerais au moins mettre les choses au clair.

Prenons rendez-vous. Je vous laisse le choix du lieu, de la date et de l'heure.

Dans cette attente, veuillez agréer, Mon Sieur, mes salutations distinguées.

Béatrice.


Elle chercha un messager qui avait de bonnes jambes...

Dis petit, je te donne 3 écus pour apporter ce courrier à Sieur Alberic. Je pense que tu le trouveras au Domaine de Billy. Sinon donne le à Barbelivien, l'intendant du château. Il saura à qui le remettre. Elle sortit les 3 écus de sa bourse et les lui tendit. File vite et prends garde à toi ! Evite les routes, passe par les champs c'est plus sûr ! Lui conseilla-t-elle alors qu'il prenait déjà la route...

Quant à elle, elle reprit sa ronde comme tous les jours depuis plus d'une semaine maintenant.

_________________
La Confrérie de la Source
Bannière en construction
Beths
[Thiers, toujours, conflit déclaré]

Rien … Un regard vers le nord-ouest, vers l’ouest … toujours rien … des yeux qui scrutaient le ciel … oui des pigeons messagers arrivaient et partaient, mais ils venaient du sud ouest … de Clermont … les ordres donc … au moins cela l’occuperait … mais malgré toute sa volonté, ses prunelles miroitantes de larmes, d’inquiétude, de tristesse, ne pouvait faire autrement qu’observer, rechercher, sonder … espérer.
Las, cœur plein d’espoir jamais ne pouvait être exhaussé, elle aurait du le savoir pourtant. Et ce fut la mort dans l’âme que l’adjointe au prévôt se résolut à descendre des remparts … elle n’aurait pas de nouvelles … ni de son époux, ni de son frère.
Elle qui pensait ne plus avoir assez de larmes, une nouvelle glissa délicatement le long de sa joue blême se maudissant de sa propre faiblesse. Ainsi preuve était faite s’il eut fallu encore le prouver, elle avait un cœur, et ce dernier se morcelait, lui apportant souffrance et désespoir. Lui apportant aussi colère et ressentiment. Et son humeur, son état, ne faisait qu’empirer de jour en jour au grand dam de certains de ses amis, au grand étonnement de sa famille de la prévôté, dont certain préféraient alors raser les murs, voire même faire un détour, afin de ne pas la croiser, s’évitant ainsi remontrances ou autres gai langages.

Lorsqu’elle passa la porte du bureau de la maréchaussée de Thiers, Beths comprit immédiatement qu’il y avait un problème à en voir l’agitation de ses collègues. Se précipitant vers les différents rapports de Clermont … ses yeux s’emplirent d’effroi


Par Aristote, c’est impossible !

Elle tenait sous les yeux une brève note, Bourbon la belle était tombée. Impossible, il y avait forcément erreur. Et le meilleur moyen d’en savoir plus était de chevaucher jusque Clermont, elle avait le temps et pourrait être revenue à temps pour ses gardes.


[Clermont, aile ouest]

Hélas sur place, le plus grand désordre régnait, les informations, contre-informations, tout circulait. Sommes toutes, l’aile ouest était en émoi et la réaction était parfaitement compréhensible : comment Bourbon était tombée ? Les premières missives indiquaient qu’il n’y avait pas eu de combat, mais alors quoi ? Enfin quand même, ils ne pouvaient pas avoir fait le tour des remparts pour les surprendre …. Hum réflexion faite, si ils auraient pu, ils avaient pu.
L’adjointe au prévôt, une fois n’est pas coutume, exerça peu de sa voix, mais aida à remettre de l’agencement dans l’agitation régnante et les bureaux de liaison aidèrent particulièrement à ce que la communication entre les unités de défense puissent analyser la situation, et décider de la réponse à donner. Oui, au moins de ce côté-là, COBA et prévôté étaient unies dans un même objectif. Un souvenir fugace amena un sourire sur ses lèvres, celui d’un Capitaine qui avait écouté ce qu’encore jeune maréchale elle avait argué, argumenté et exprimé vivement, l’inexistence de ces bureaux. Et il l’avait aidé à ce que tout soit mis en place, elle avait pu ensuite œuvrer à son tour pour que ces bureaux soient utiles et répondent à leur fonction … Cet homme était parti trop tôt …
Revenant au présent, revenant aux résultantes de la prise de Bourbon, Beths s’attela à la tache avec l’aide du prévôt et de certains membres de la COBA, étalant une carte de leur duché sur la table, les décisions furent prises. Et les ordres de garde, les indications de surveillance et les alertes de vigilance furent envoyé. Chacun avait du pain sur la planche. Mais au moins, un semblant d’ordre régnait de nouveau, élément indispensable pour le bon fonctionnement de leur unité, et elle était rassurée.

Mais son sang n’avait fait qu’un tour, son Duché attaqué, en danger, elle ne pouvait rester inactive, elle ne pouvait rester simplement à Thiers alors que le nord du duché tremblait sous des coups traites et barbares. Androlyne avait été kidnappée, son père blessé, et les nobles restaient pour défendre … Marty … son cœur s’emballa et elle imposa ses conditions, elle partait vers le nord !
Après de nouvelles discussions, et le cœur déchiré entre le devoir et ses sentiments, Beths accepta la concession qui s’imposait : Moulins avait besoin de davantage de renfort que Bourbon où la COBA arrivait.
Moulins … sa marraine y était … et puis elle serait proche de Bourbon … à tout moment elle pourrait sauter sur Canasson le … non les … oui les … bien sur les .. .les ses amis … et son suzerain aussi, lui aussi était là-bas avec Kory … bref, elle pourrait y aller à tout moment, voila.



[Moulins, les remparts]

La vie était-elle un éternel recommencement ? Mêmes prunelles torturées, même espoir aussi idiot qu’inutile, même être qui chaque jour un peu plus s’enfonçait dans la tristesse, le désespoir … lente agonie pour celle qui préférait user de son épée, et qui avait été terriblement blessée.

Depuis combien de temps ? Combien de jours ? Elle ne savait plus ... trois peut être ? Oui, cela devait être cela. Trois jours, trois jours qu'elle était de retour sur Moulins pour aider aux gardes.
Et combien de jours qu'elle avait quitté le domaine de Billy ? Combien de jours qu'elle était partie hurlante et vociférante ?
Combien de jours déjà ? Et depuis, quelles nouvelles avait-elle eu de son époux ? Aucune. Strictement aucune. Hum ... non, c'était faux, elle avait reçu une invitation ... par le biais de son propre secrétaire. Regardant alors l'horizon les mâchoires serrées de telle façon qu'elle en eu mal au crane, elle laissa libre cours à sa hargne en hurlant au vent



Je savais que j'aurais du haïr tous les hommes jusqu'à ma mort, j'ai été folle de l'aimer, de l'épouser!


Car elle l'aimait, à son coeur, à son corps défendant, elle l'aimait. Et présentement, alors qu'elle se trouvait dans le froid des remparts, sur le qui vive, elle cherchait à se rappeler pourquoi elle lui avait dit oui. Parce qu'il lui avait sauvé la vie ? Peut être. Parce que sans lui elle mourrait ? Quelle différence avec aujourd’hui ?
Aujourd’hui alors qu’elle essayait de vivre, elle s’échinait, stupidement, comme une idiote, notamment à la prévôté, pour au final … ne rien faire. Rien. Aider à la défense, oui mais ensuite ?
Une folle envie d'arracher ses insignes la pris. Tout enlever, aucune obligation, aucun devoir, oublier, et partir retrouver son frère pour ne plus jamais revenir ... la jeune femme poussa un triste soupir. Jamais elle n'en aurait le courage. Jamais. Et pourtant, petit à petit, la solitude, la mort, la gagnait.

Et puis soudain un oiseau, un messager en piteux état arriva. Réagissant immédiatement, Beths couru jusqu’au pigeonnier, peut être que ?
La personne qui s’occupait de recevoir les lettres rit en la voyant. Il fallait avouer que les missives de la prévôté pleuvaient ces derniers temps et qu’elle était maintenant connue au moins du service de pigeon exprès !


Encore pour vous m’dame l’adjointe

Un sourire, et Beths tendit main vers la lettre qu’elle décacheta immédiatement tout en sortant du lieu pour se rapprocher de nouveau et instinctivement des remparts … A la lecture des premières lignes, elle cessa immédiatement de marcher un hoquet de surprise, de peur lui échappa.

Citation:
Chère soeur,

Voilà un moment que je cherche à t'écrire mais ne trouvant pas les mots, je préférais patienter.

Je me porte bien, la guerre en Limousin semble s'être calmée, je suis dans l'armée Memento mori avec laquelle nous avons traqué les berrichons qui malmenaient les voyageurs limousin.

Je me suis essayé à la hache durant les combats, mauvaise idée ! c'est incroyablement inefficace et je l'ai cassé !

Je suppose que tu te poses pas mal de questions sur ma relation avec Aelyce, celle que j'ai aimé, détesté, pour en revenir à l'aimer aujourd'hui. Beths, le coeur a des raisons que la raison ignore, j'ai choisi de lui donner ma confiance la plus totale, et je puis t'assurer que je ne peux lui reprocher quoi que ce soit depuis Chateauroux.

Il me semble que Memento mori repart pour le front berrichon, j'ai entendu parler de Bourbon malmené également. Je te promets qu'à l'issu de ce conflit je reviendrai vers toi, soit accompagné de la femme que j'aime, soit seul, mais dans tous les cas heureux de te retrouver.

Je pense fort à toi, je t'aime,

Curtius

PS : J'ai un peu honte de te le demander, mais je ne me souviens plus du prénom de notre père. J'étais si petit. Pourra tu me le rappeler dans ta prochaine missive.



Les larmes qui coulaient tel un flot ininterrompu le long de ses joues rendirent la tache de la lecture difficile. Mais elle avait compris le sens de chaque mot, chacun d’entre eux, et ce fut de rage, de colère, d’aigreur, de chagrin, d’abandon qu’elle froissa la lettre et qu’elle se mit à courir … pour s’arrêter un peu plus loin devant le rempart qui se dressait devant elle … exactement comme cette femme entre son frère et elle … entre deux jardins … un mur. Son frère l’avait trahie lui aussi. Pour une autre femme, il était désormais mercenaire ... le mercenaire petit frère du prévôt royal des provinces vassales ...
S’écroulant au sol la tête entre ses genoux que ses bras entouraient, maintenaient, Beths pleura son désespoir, la déloyauté de son époux, de son frère, de tous qui un à un l’abandonnait. Etat émotionnel intense, étrange, anormal, si l’on réfléchissait au passé de la jeune femme …comment et pourquoi pouvait-on changer à ce point ? Et pourtant les larmes ne tarissaient plus, le découragement non plus … pourquoi se battre désormais …

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Beths
[Moulins, deux jours plus tard, 2 novembre]

Enfin, enfin, la tension palpable des derniers jours se levait. Le risque d'attaque diminuait, et même si leur vigilance était toujours en alerte, las sollicitations seraient moindre, les mobilisations aussi, et l'adjointe au prévôt qu'elle était pourrait souffler un peu.
D'autant qu'un échange en taverne lui avait fait prendre conscience ... recomptant une nouvelle fois sur ses doigts … Leg, sa marraine lui avait ouvert les yeux … rapide calcul mental … les joutes avaient eu lieu … hum … oui … cela concordait …

Redescendant des remparts la jeune femme ne portait que peu d'attention à ce qui pouvait bien se passer autours d’elle, se concentrant sur certaines données, certains éléments, certaines adéquations. Fatigue imposante, épuisante, larmes qui ne séchaient plus, humeur morne, mauvaise, prête à étrangler la moindre personne passant à sa portée, hum, ou alors une elle aurait peut être préféré mordre. Quoi qu’il en fut le résultat était le même … fatigue, humeur changeante et exécrable, et quelques temps auparavant des joutes, merveilleuses joutes, rouge au joue qui revient, moment inoubliable au sein d’un campement bruyant, triomphante elle était venu retrouver son époux le consolant de sa défaite. Apparemment, Marty n’était pas ressorti vaincu du tournoi, techniquement peut être mais pas dans les faits, il s’était montré victorieux à la faire devenir mère.
Et puis … elle avait pu présenter son petit frère à son suzerain aussi …
Curtius … pourquoi as tu changé ? Pourquoi as tu grandi, muri, pourquoi vouloir devenir homme … La jeune femme soupira se remémorant la dernière lettre qu’elle avait reçu de lui, se remémorant aussi sa réponse, brève, sèche, démontrant la dualité des sentiments qui se battaient en son esprit. Elle aimait son frère tendrement, et pourtant elle le maudissait également, il avait su plus que tout autre percer son armure protectrice, elle s’était livrée totalement, intégralement à lui, lui faisant confiance, il avait connu la moindre de ses pensées, de ses doutes …un lien fusionnel, fraternel fort les avait unis … son petit frère étant naturellement l’être qui la comprenait le mieux et qui jamais ne pourrait lui causer du tord … las … la fourberie en avait décidé autrement. La vie lui démontrait une nouvelle fois qu’il ne fallait jamais, jamais, jamais faire totalement confiance à un autre être, jamais. Elle avait été bien naïve, bien stupide, elle qui pourtant pensait avoir déjà été suffisamment éprouvée sur le sujet, suffisamment punie. Elle se trompait.

La vie était étrange. Elle avait une fois porté enfant en son sein, mais Aristote en avait décidé autrement. Être trop fragile devant l’apprêté de la vie, devant la perfidie des hommes choisissant plutôt la facilité d’alliances immorales que de préférer la noblesse, celle du cœur et de l’âme. Cet être encore immaculé était reparti rejoindre le Très Haut avant même d’avoir vécu, Aristote le rappelant à lui, et alors que son cœur s’emplissait d’accablement et de chagrin, un cadeau prodigieux, merveilleux, pour apaiser ce cœur accablé … un frère, son petit frère, son autre fait homme et encore bercé par l’innocence … elle devait le protéger … elle qui n’avait pas su protéger les autres …
Et aujourd’hui … aujourd’hui alors qu’elle portait de nouveau la vie, son frère lui était arraché. La boucle s’achevait ?

Cœur battant la chamade, cherchant confirmation dans le moindre aléa, dans le moindre mouvement, dans la moindre pensée, Beths n’était qu’allégresse et effondrement, et terriblement vulnérable ... réactive ... émotive.

Elle avait tant désiré cet enfant, fruit de leur amour, fruit de leur union, elle avait tant voulu rendre Marty père, elle savait que seul cet aspect lui manquait pour être le plus heureux des hommes voyant ses amis un à un devenir père, lui qui avait eu la douleur de perdre ses enfants … or jusqu’à ce jour, son ventre était resté plat, désespérément plat. Et pire, elle avait réussi à perdre le seul petit qu’elle avait un jour porté.
Peste soit des hommes et de leur inconscience … pourquoi cet enfant arrivait-il alors que tous l’abandonnaient ? Était-ce une consolation ? Une compensation ? Une sorte de dédommagement, Aristote surveillant ses ouilles se rendant compte que certains étaient heureux, d’autres malheureux, il accordait parfois un peu de bonheur ? Mais elle voulait plus, elle voulait tout, tout sans distinction et discernement, sinon, elle ne voulait rien même pas cet enfant …elle pourrait partir, revoir la mer, et mourir ... Ses yeux se fermèrent à cette idée ... non, non elle ne pouvait pas ... l'ordre ... oui voila l'ordre, elle ne vivrait que pour son ordre .... oui sûrement ...

Rouvrant les yeux, elle ne put s'empêcher, son esprit cogitait toujours. Pourquoi aujourd'hui, alors que Marty et elle … étaient … séparés de corps si ce n’était devant le Très Haut, elle apprenait cette nouvelle, cette heureuse nouvelle ?
L’indécision la gagnait, que faire … que faire ? Elle mourait d’envie de courir dans les bras de celui qu’elle aimait toujours, qu’elle aimerait toujours, pour lui dire, pour qu’il la protège et soit présent à ses côtés pour partager l’émerveillement. Mais ... revers de la médaille sa fierté bafouée l’en empêchait : depuis ce tragique jour où elle avait quitté le domaine de Billy, rien, pas une nouvelle, pas une lettre, pas un mot de sa part.
Non elle n’irait pas ramper jusqu’à lui ! Non, elle ne lui annoncerait pas la venue de cet enfant pour le voir la rejoindre. Non, elle voulait que cela soit pour elle, et non pour l’enfant qu’elle portait, qu’il lui revienne tout simplement parce qu’il l’aimait … Et il devrait se racheter aussi, se faire pardonner les larmes dont il avait été responsable. Un pâle sourire moqueur put se lire un instant sur ses traits … se moquant d’elle-même, jamais ceci n’arriverait, et il serait sans doute plus aisé qu’il pleuve des hallebardes.
Désirs et idées de femme …
Beths s’était donc mis martel en tête et jamais elle n’en démordrait.

Une missive l’avait informée qu’elle devrait se rendre à Bourbon afin de régler des dédommagements via un mandat ducal. Devant l’information, le doute la gagna de nouveau … Marty était à Bourbon également. Elle le savait d’autant plus qu’elle guettait chaque jour les rapports de ses collègues, anxieuse de savoir qu’il n’était pas blessé … Et si elle le croisait à Bourbon ? que dirait-elle ? Hum …. Aristote, dans sa grande mansuétude, permettrait peut être justement un dénouement heureux ?
En tout cas, elle ne chercherait pas à le voir ! Non, non et encore non ! Nononononononon.
Et si elle le croisait, elle se détournerait. Un petit ‘hum’ féminin et gracieux lui échappa alors. Elle aurait dit un ‘toc’ que tout aurait paru normal.

Décision prise, il lui restait un détail à régler … une lettre. Pour sa marraine, puisqu’elle seule savait aujourd’hui. Beths ne doutait pas que jamais Leg la trahirait. Elle était femme et pourrait comprendre son ressentit, son mal être, sa tristesse. Mais ce combat, la thiernoise ne pouvait que le mener seule. Parchemin, plume, encrier … et les mots volèrent sur le vélin.


Citation:
Ma chère marraine,

Depuis notre discussion d’hier soir je ne cesse de compter, recompter, re re compter, et je pense que personne ne sait mieux compter que moi dans ce royaume !
Bref, Leg, je pense que tu l’auras compris, je crois que je suis enceinte.
Cette nouvelle me réjouit et m’afflige à la fois m’étant disputée avec Marty avant le début des alertes. J’avais quitté Moulins pour Thiers, et depuis … je n’ai aucune nouvelle de lui. Si je t’écris tout cela c’est pour que tu comprennes la demande qui va suivre.
Leg, s’il te plait, n’annonce à personne ma grossesse.
Mon plus grand désir est de rendre Marty heureux, mais pas à mes dépends. Il m’a selon moi causé du tord. S’il me revient, je veux qu’il le fasse parce qu’il m’aime, pas parce que je porte son enfant. Et alors, alors seulement, c’est avec joie et allégresse que je lui ferais part de l’existence de ce don du Très-Haut. Sinon ... sinon je ne sais pas ce que je ferai.
Je compte sur ta discrétion mon amie.

Je dois m’en aller sur Bourbon dès ce soir. Rassure toi, je ne ferai aucune folie, cet enfant que je porte est ma plus grande joie, je ne ferai rien pour le mettre en danger.

Prie une nouvelle fois pour moi marraine

A bientôt, je t’embrasse

Beths



Sa missive achevée, elle appela un enfant à qui elle demanda avec une piécette et un doux sourire, s’il pouvait porter sa correspondance au maire. Le gamin s’exécuta avec plaisir, heureux de gagner si facilement pitance. La future mère qu’elle était ne put que regarder ce petit, sa joie, sa force, sa candeur … qu’il perdrait tôt ou tard apportant amertume et désolation. Fermant les yeux, Beths se détourna pour aller préparer ses affaires. Bourbon l’attendait.

[Bourbon …]

Dire que la ville était bien gardée désormais était un doux euphémisme. Toute adjointe au prévôt qu’elle était, jamais elle n’aurait réussi à entrer discrètement dans la ville. A peine à quelques lieux des remparts, elle sentit miroiter mille regards sur elle, ce qui la perturba quelque peu. Le dos bien droit sur Canasson, n’hésitant même pas une seconde, elle poursuivit son chemin. Se rapprochant petit à petit de la porte de la ville, la thiernoise constata que ce n’était point mille, mais des dizaines de regards qui convergeaient vers elle, la jaugeant, s’assurant de son identité, la reconnaissant … elle aurait presque ressentit ce soupir de soulagement qui anima les gardes …
Oui, désormais, Bourbon sur le qui vive était bien gardé.
Elle passa les portes sans aucune difficulté. Etre une voix connue servant … parfois.

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Legowen
[Moulins , sur les remparts , où une missive s'envole ]



Une autre nuit, depuis le début de la guerre , Leg les passait sur les remparts , en groupe de maréchaux ou en lance personnelle avec des amis , des Moulinois, tous surveillant et patrouillant pour assurer la défense de la ville

Cette ville qui lui avait été confiée encore pour un autre mandat et qu’elle ne voulait , qu’ils ne voulaient pas voir entre les mains d’ennemis , tout avait été vérifié et plutôt deux fois qu’une , soldats et gardes postés aux endroits sensibles .

Un état d’alerte élevé au moment de la prise de Bourbon, de nombreuses patrouilles et groupes tout au long des remparts , visages creusés et yeux rougis par la fatigue accumulée mais ils tenaient bon .De retour , Bettym était venue les rejoindre et Leg avait accueilli la proposition de son amie avec plaisir , avec aussi la promesse de ne pas s’exposer outre mesure . les nuits s’étaient écoulées, guetter la moindre ombre , le moindre bruit , flèches prêtes à être encochées , épées dégainées , le ballet des pigeons s’était maintenu

Rapports , ordres , nouvelles ………entre deux , des courses éclairs sur illiun pour se rendre au château, son temps se partageant entre la gestion de la mairie , la prévôté et les différentes chambres pour y suivre les débats et prendre ordres et informations .
Certaines pouvaient être transmises aux Moulinois et elle avait tenu depuis le début de la guerre à les informer , tout au moins pour les plus importantes .Elle se souvenait de ce triste jour où le cœur en berne , elle avait affiché cette triste nouvelle de la prise de Bourbon par l’armée de Gmat
Combien d’amis tombés là –bas ? Androlyne prisonnière et Kénane , sa filleule de cœur, qu’était-elle devenue ? et eux tous ? Al , Kory, Aigue, Marty montés à Bourbon pour sa défense

Et puis , quelques pigeons avaient pu passer, la résistance s’organisait , attendant la venue de l’armée de Silec sans laquelle ils ne pourraient reprendre la ville , cette armée qui devrait affronter celle de Gmat

Elle avait su qu’elle était en route, puis campait sous les remparts de Bourbon , un courrier reçu confirmant les nouvelles apprises au château , un combat en prévision ,imminent, et un cœur en détresse comme surement nombre de compagnes ou compagnons avaient du éprouver depuis le début de cette guerre

Major de la COBA, fier et combattant , elle savait qu’il serait en première ligne lorsque les deux armées se rencontreraient , et au soucis de ses amis volontaires qui rejoindraient les rangs des soldats venait s’ajouter cette crainte qui la prenait au plus profond d’elle
Séparés de longs mois , se retrouver pour une guerre avec tous les dangers que cela impliquait, dont ……. non elle ne le supporterait pas , ne supporterait plus
Son amour, sa vie

Un pigeon fit écho au ballet d’un autre , et elle s’apprêta à passer l’une des nuits les plus longues de son existence, cœur lié à un autre tandis qu’elle donnait les consignes aux membres de son groupe , les postait et échangeait quelques murmures avec les autres veilleurs , offrant le calme de son visage, esquissant un sourire alors que tout en elle était inquiétude
Ils étaient nombreux bien sur, il avait de l’expérience, mais elle ne pouvait s’empêcher de trembler pour lui , comme lui sans doute l’aurait fait pour elle

Et cette nuit avait pris fin, cette aube qui se levait , chassant les ombres qu’apporterait –elle ? Dans les premières lueurs qui teintaient les nuages de pourpre , sinistre témoignage pour l’une des deux armées mais laquelle ? la jeune femme vit apparaître une tache qui s’agrandissant se révéla être un pigeon
le premier a être envoyé ce jour ,se posant juste devant elle , sur le parapet et porteur d’un message qu’elle déroula fébrilement en reconnaissant le sceau
soulagement intense , jambes qui ne la portent plus d’un coup la forçant à prendre légèrement appui sur le parapet , révélant toute l’inquiétude éprouvée tout au long de cette nuit sans fin

il n’a rien et Bourbon est reprise , un cri de joie qui lui échappe et c’est radieuse qu’elle se tourne vers ses collègues pour leur annoncer la bonne nouvelle
Bourbon reprise , redevenue ville de leur Duché , grâce à la résistance de ses habitants et aussi grâce à l’armée de Silec venue défaire l’armée de Gmat

Et puis elle s’avance vers sa filleule, Beths venue les rejoindre pour participer à la défense de Moulins, avec un autre groupe de maréchaux, Beths qui a du elle aussi passer une nuit éprouvante
Et elle lui chuchote


c’est un courrier de Guy , il va bien et Marty aussi

amenant un soulagement dans les yeux de son amie

Depuis, quelques jours avaient passé, Silec et ses hommes toujours à Bourbon pour réorganiser la ville avec les volontaires et les habitants , des ennemis blessés ou en fuite que des soldats pistaient
Et Moulins en défense toujours . Surtout , ne pas la relâcher cette vigilance , elle avait contacté les volontaires pour que les plus aguerris poursuivent leurs efforts , fassent des roulements et les rejoignait toutes les nuits après le travail de la mairie , prenant à peine le temps de dormir une poignée d’heures et de grignoter par ci, par là ,amenant forces protestations de Pol

Si Guy était là !!

oui mais justement il n’y était pas et de plus lui non plus ne devait guère prendre de repos comme elle le connaissait et puis avait –elle dit à sa chère nourrice dont elle comprenait l’inquiétude , oui quand cette guerre serait finie, promis elle prendrait du repos , comme beaucoup , car tous en avaient bien besoin

Fatigue ....

Cela la ramena à ce moment en taverne avec Beths , les deux femmes heureuses de s’y retrouver pour un court instant de repos et de repas sur le pouce avait discuté
Propos entre une filleule et une marraine où il en avait découlé que Leg avait attiré l’intention de sa chère Beths sur une cause probable de l’état de fatigue , stress et désarroi qu’elle éprouvait

Bien sur il y avait ce long silence de Marty qui n’était pas pour soulager sa filleule mais aussi les émotions étaient exacerbées en certain état , calcul, comptage , recomptage et re re , une Beths rougissante qui avait évoqué une fatigue et un sourire en coin de la marraine qui savait à quoi se tenir et avait bien l’intention de veiller sur sa filleule .Si elles avaient rejoint toutes les deux les remparts , Leg avait obtenu de son amie que sitôt la garde achevée elle irait se reposer à Nöthrim .

Faisant une légère moue , elle repensa au courrier qu’elle y avait trouvé en entrant , pas de Beths partie pour Bourbon pour raisons officielles , elle aurait du la prévenir, elle aurait au moins demandé à l’un des gardes de l’accompagner , une femme seule sur les routes , en plus dans son état car pour Leg il n’y avait eu aucun doute , confirmé par la suite de la missive
Elle poussa un léger soupire , elle comprenait son amie , elle aurait peut-être fait de même , vouloir se réconcilier par amour et non par devoir , oui ce ,n’était pas un peut-être , c’était un

"elle aurait fait de même"

Elle repensa à la lettre puis ouvrant les mains pour libérer le pigeon qu’elle avait amené , elle le regarda prendre son envol vers la direction de Bourbon
Porteur de deux messages , l’un pour Guy et l’autre pour sa filleule


Citation:
Ma chère Filleule

J’ai appris que tu étais bien arrivée à Bourbon et me voilà rassurée . Tu aurais du me prévenir , j’aurai dépêché l’un des gardes pour qu’il t’accompagne , te savoir seule sur Canasson par ce temps peu sur , certains ennemis se cachant encore , m’ a, je te l’avoue, inquiétée . Enfin tu es arrivée à bon port et c’est le principal

salue nos amis pour moi, tout spécialement un , tu dois te douter duquel . Ma chère filleule , je crois bien que je t’envie d’avoir pu te rendre à Bourbon , dis lui …. Dis lui simplement ….. non rien …. il le sait

Tu me parles d’une dispute avec Marty, je ne peux croire que cela soit aussi grave que ta lettre le laisse supposer , vous vous aimez, chacun de tes mots en est la preuve . Je ne sais pas le tort qu’il a pu te causer mais je vous connais bien tous les deux

Il a , c’est le moins que l’on puisse dire, un caractère fort , habitué à commander , à prendre des décisions , les fonctions qu’il a exercées n’en sont surement pas étrangères . Toi aussi , mon amie, tu as , tu le sais , du caractère et il est bien normal que par moments entre vous deux, cela fasse quelques frictions .

Mais vous vous aimez , et il n’est rien que l’amour ne puisse aplanir si chacun y met un peu du sien et fait un peu l’un vers l’autre au lieu de camper sur ses positions . Au lieu de se heurter de front , une discussion permet souvent de mettre les choses à plat , au point et de repartir sur de bonnes bases
Vous allez vous retrouver après ces jours de séparations , ces inquiétudes que vous avez l’un et l’autre ressenti. Il t’aime sois en sur, souviens toi les jours qu’il a passé à attendre ta réponse .Souviens toi de sa joie , de son regard , tous ces détails qui confortent ce qu’il ressent pour toi .

je souhaite de tout cœur que ce malentendu qui vous séparent trouve sa solution. Profitez l’un de l’autre, ayez foi en votre amour, les absences peuvent quelques fois être si subites et si longues

Ce que tu m’annonces me remplit de joie, et je te fais entièrement confiance pour la justesse de tes calculs , donc 1 + 1 +1 faisant 3 , chouette , tu vois j’ai bien retenu tes cours ^^

Ou Retard + fatigue + stress faisant dans quelques mois une famille de trois , pas de jumeaux hein, ça fausserait tous les calculs ^^

Ma Beths, crois moi, cette famille de trois vous le serez , mais je te comprends et n’aies crainte cette si belle nouvelle restera entre nous , secret de femmes ou le mot amour ne peut reconnaître celui de devoir .

Je te comprends , mais tu sais si Marty agissait par devoir je suis sure que tu le ressentirais , l’amour que tu éprouves le devinerait , je suis certaine aussi qu’à l’annonce de cette nouvelle , il ne pourrait rester impassible, et quand bien même il le voudrait , il ne pourrait empêcher qu’un éclair de joie traverse ses yeux

Prends soin de toi ma chère filleule ,tu sais que Chaptuzat t’es ouvert , que jamais tu ne me dérangeras ou ne nous dérangera , Guy et moi, nous serons toujours heureux de t’accueillir , de vous accueillir car j’espère bien que votre visite se fera en couple

Mes prières t’accompagneront mon amie , à très bientôt , je t’embrasse

Leg


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Bannière en cours de réédition
Bettym
[Mortel Ennui... Coups de fouet]

Les jours se suivaient et se ressemblaient. Bettym tournait en rond dans cette ville où elle se sentait prisonnière. Elle avait bien tenté de se divertir en prenant les chemins de ronde lorsque Moulins était en alerte mais à quoi bon ? A part perdre toutes les économies qu'elle avait fait, cela n'avait servit à rien d'autre et encore moins à oublier qu'elle allait devoir se marier sous peu avec un homme qu'elle ne connaissait pas et qui ne daignait même pas répondre à ses courriers.

Pourtant c'était pas faute d'avoir scruter le ciel à la recherche d'un pigeon égaré mais rien de rien. Elle soupirait de penser à cet avenir morose puis elle regarda son ventre qui dardait de plus en plus, histoire de se remonter le moral. A défaut du père, elle avait un petit monstre qui grandissait en son sein.

Au bout de plusieurs semaines, elle était allée se promener dans les rues et faire de temps à autres un tour en taverne pour se changer les idées mais c'était là encore peine perdue. Sa soeur qui montrait sa fierté et les quelques personnes qu'elle rencontrait et qu'elle devinait le même destin que le sien ou presque, la rendaient encore plus triste.

Elle devait se faire une raison et c'était à force de discussion via mésanges ou pigeons qu'elle avait décidé de garder ce petit monstre quoi qu'il arrive. Même le Grand Aumonier avait réussi à la convaincre ce qui n'avait pas été sans mal tant elle avait l'impression de ne pas mériter la clémence de l'Eglise. Mais comme il lui avait expliqué les représentants de l'Eglise ne savaient rien sur le fait qu'un homme soit "saint" ou non. Seul le Trés Haut reconnaissait la valeur des hommes ce qui l'avait beaucoup amusée. Les longues discussions qu'elle avait avec Monseigneur Navigius lui remontaient toujours le moral et lui rappellaient celles qu'elle avait eues avec Monseigneur Smithy_smith ou Madboris.


C'est décidé... Nous partons ! Rester à Moulins ne sert à rien et puis il y a tant de choses à faire. Ne pas passer pour une victime déjà et prendre le problème à bras le corps ! Marty veut que je me marie ? Eh bien soit ! Elle regarda vers son nombril et sourit. Nous allons lui faire ce plaisir !

Et d'un pas décidé, elle alla jusqu'à l'auberge, prit un parchemin et commença à rédiger quelques petits mots....

Citation:
Ma chère Beths,

Je prends ma plume pour avant toute chose m'excuser de t'avoir cru capable de me faire un tour de cochon. J'ai compris tout cela lorsque je t'ai vu ce soir là te prendre le bec avec mon couillon de filleul.


Elle sourit en écrivant la qualité qui lui venait à l'esprit concernant Marty puis elle poursuivit...

Oui c'est un imbécile de t'avoir laissé partir ainsi et surtout de nous avoir mis dans une telle posture mais je comprends également pourquoi il a fait ceci. Sache que je ne vous en veux pas le moindre du monde. Je vais partir dans les jours qui suivent à Billy afin d'aider les gens du château à la préparation de mon mariage.

D'ailleurs en parlant de ces noces, j'ai un petit souci et je me demandais si tu voulais bien encore me sortir d'une galère....


Elle marqua une pause en s'interrogeant sur la manière dont elle allait amener la chose et sourit en coin.

Tu te rappelles ? Il y a près d'un an maintenant, je t'avais demandé une chose et tu avais dit oui. Ben je crois que tu devras t'y tenir !

Elle riait intérieurement avant de finir.

Je vais maintenant te laisser car la bagatelle m'appelle.
Je t'embrasse bien fort.

Bettym, ton amie.


Elle sabla le parchemin, le roula et le cira avant d'en prendre un autre.

Citation:
Mon cher filleul,

Désolée de m'être emportée après toi et d'avoir été la cause de votre brouille. Je sais que tu n'as pensé qu'à une chose mais je n'étais pas prête à l'entendre.

Je ferai comme tu en as décidé pour moi et le bien de mon enfant. Dans quelques jours je me rends à Billy pour aider Berthe, Margilie et Barbelivien. J'ai appris que les premiers bans étaient posés, j'ai même entendu le crieur de Moulins ! Il a de la voix d'ailleurs !

Bref, je rentre au château. Tu n'as pas de soucis à te faire et avec un peu de chance, je pourrais discuter avec l'homme que tu m'as choisi.

Par contre, j'ai une requête à te faire. Je souhaiterai que tu te réconcilies avec Beths. Ne fais pas ton mufle. Elle a besoin de toi et c'est ta marraine qui te le demande. Ce serait adorable de ta part.

Je t'embrasse bien fort et espère te voir très bientôt en compagnie de ta chère et tendre épouse.

Bettym
Ta marraine.


Elle pratiqua le même rituel puis resta un moment à regarder dans le vague... Il lui fallait un autre témoin mais elle n'avait aucune idée à qui demander sans pour autant que son secret soit percé à jour. Elle se promettait d'y réfléchir le temps de préparer ses affaires ainsi que sur le trajet. Avec un peu de chance, elle aurait une illumination !

Rassemblant ces deux rouleaux, elle alla jusqu'à la première auberge et topa deux hommes à qui elle donna un parchemin à chacun avec une piécette.


Tenez ! Vous ce sera pour Dame de Gondole, Duchesse de Billy et vous, pour le Duc de Billy. Je sais que la Duchesse est à Bourbon quand au Duc ben le plus sûr est d'aller à Clermont au bureau de l'Hérauderie. Allez filez et ne trainez pas en route !leur fit-elle, comme une menace avant de s'en retourner à la recherche d'un petit boulot.
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La Confrérie de la Source
Bannière en construction
Martymcfly
Désolé de n'avoir pu poster plus tôt, et de faire un mix des deux topics... La longueur de mon post va vous effrayer, pour aller à l'essentiel, vous pouvez lire seulement les missives et les derniers paragraphes. Bon jeu à tous.


[Bourbon, le soir de l’attaque…]

Ils avaient rejoints l’armée de Silec, comme prévu dans la journée. Ce soir là, les murs allaient trembler, le son du tocsin allait résonner. Bourbon allait redevenir Auvergnate. Tous unis pour le Bourbonnais-Auvergne… Tous unis pour Bourbon. La reprise d’une cité laissée à l’abandon par ses dirigeants… Mais ce soir là, peu importait le manque de communication du Duc et du Conseil, ces affaires se règleraient plus tard. 

Ils avaient bien souri, mais souri jaune, en voyant l’affiche du félon Gmat cet après-midi là. Il n’avait pas tort sur certains aspects mais sur d’autres, cela laissait à désirer. Dans le campement de fortune où s’étaient installés les soldats, les nobles, toute gens de conditions diverses, les rumeurs sur la stratégie à employer ce soir allaient bonne charrette… 

Et dans sa tente, Marty priait… ?!

Ce n’était pas tous les jours qu’il se battait… Pourtant il avait déjà affronté des brigands, épée au poing… Sa jambe ainsi qu’une vieille cicatrice à la taille étaient les témoins de ses duels. Mais cette fois c’était différent. Il défendrait les couleurs du Bourbonnais-Auvergne.

L’armure était prête… C’était un peu comme s’ils allaient jouter, sauf que l’adversaire ne devait pas se relever… L’attente ne faisait que commencer pour le héraut… Et c’est une missive qui le fit sortir de ses prières…


Citation:
Bonjour Marty

Je ne sais pas trop si ce pigeon vous arrivera, mais si les vents me sont favorables, il est probable que oui. J'ai mis assez longtemps, compte tenu des évènements, à savoir que vous vous trouviez à Bourbon. Je cherchais en fait un contact là bas pour vous assurer de notre soutien à Moulins. Nous sommes nous mêmes sur les dents, veillons chaque nuit aux remparts, et si la situation l'avait permis, nous aurions envoyé un groupes de volontaires vous prêter main forte.

Malheureusement, les temps ne le permettent pas, d'autant que beaucoup de rumeurs disent que Gmat veut s'en prendre à Moulins par la suite. Je ne sais pas vraiment quelle est votre situation à l'heure actuelle entre les murs de Bourbon. Les informations ont du mal à circuler, et notre bien aimé duc est d'une incompétence totale en terme de communication.

Bref, nous avons déjà discuté avec Legowen quant aux aides que Moulins fournira à Bourbon, et nous tenions à assurer les Bourbonnais que nous les soutenions dans l'épreuve, malgré notre immobilité plus ou moins forcée.

J'espère que cette situation se règlera bientôt. Si vous avez besoin d'une aide quelconque, ou d'informations, n'hésitez pas à m'en faire part.

Courage à vous et à tous ceux qui se battent pour Bourbon.

Avec tout mon respect

Arthur


Arthur… Moulins… Comme tout lui semblait loin… Apparemment même les plus proches voisins de Bourbon ne savaient pas ce qui se passait ici. Il fallait le prévenir… Marty se le devait. Si ce n’était pas pour lui, c’était pour sa femme… La Duchesse de Billy… Depuis son départ du château, elle ne lui avait donné aucune nouvelle. Mais il savait au fond de lui qu’elle reviendrait vers lui.

Il prit alors la plume pour répondre à son ami.


Citation:
Mon cher Arthur, 

Je reçois ta missive ce soir, alors même que nous défendons les couleurs du Bourbonnais-Auvergne en organisant la reprise du village de Bourbon. Sache que nous avons rejoint l'armée de Silec, le Duc de Saint-Nectaire, afin que notre Duché reprenne possession de Bourbon, nous repousserons les attaques de la félonie berrichonne. 

Demain, à l'aube, peut-être ne serais-je plus de ce monde, si Aristote le décide. S'il me prête vie j'espère pouvoir boire une bière avec toi en taverne prochainement, en reparlant de cet épisode au passé. Si le Très Haut me rappelle auprès de lui, c'est que telle aura été sa volonté. 

Je garde bon espoir car j'ai foi en la détermination des soldats et des vaillants défenseurs de la cause juste du Bourbonnais-Auvergne et du Roi. Je suis certain que nous triompherons. Mais si ce n'est pas le cas, je te prierais de garder un oeil sur mon épouse. Je n'ose l'avertir du danger que je cours à l'heure où j'écris ces quelques phrases. 

Je te fais confiance pour administrer notre Moulins avec la compétence qui est tienne, et avec le talent de Legowen, d'Amandine et de tant d'autres qui font que Moulins est ce qu'il est aujourd'hui. 

Je te remercie finalement de tes bons mots d'encouragement. Nous allons en avoir besoin cette nuit. J'espère bien que je t'enverrai un courrier pour t'annoncer notre victoire ce vendredi 30 octobre. 

Que le Très Haut vous garde, toi et les Moulinois. 

Deo Juvante. 

Martymcfly de Montfort-Balmyr


Le courrier partait vers l’Est, dans l’espoir d’être remis à son destinataire… 

Ce soir là les combats firent rage. Lames qui s’entrechoquent. Sang qui coule. Des odeurs qui ne sont pas familières pour le Duc de Billy qui guerroie pour la toute première fois… La force de l’assaut est terrible et les félons sont rapidement délogés. Les coups pleuvent.

Et un… et deux… et trois… zéro… Trois fois la lame du Billy vint à transpercer l’ennemi… Trois personnes à terre, très sérieusement blessées. Allaient-elles s’en tirer ? Bien que la préoccupation première du Duc était la reprise de Bourbon, l’état de santé d’un frère aristotélicien lui importait également… de trois frères pour être exact.

Et un… et deux… et trois… zéro… L’épée de Marty avait fait un "carton" comme on lui dira le lendemain, avant que tous s’écrient : "on est les champions"… !

Bourbon redevenait auvergnate peu à peu, à chaque cri de victoire des uns, cri de souffrance, voire d’agonie des autres… Mais pas de trace du chef… Le fourbe et vil Gmat s’était enfui…



[Deux journées jours plus tard, encore à Bourbon]

Compter les victimes… dénombrer les morts… Attendre une déclaration… Finalement obtenue ! Victoire !!! Toutes les victoires étaient bonnes à fêter… Mais toujours aucune nouvelle de Thiers… ou de Moulins… ou de Billy ! 

Oh mais si, Marty reçut des nouvelles ce dimanche là. Après une matinée dominicale à la messe, une après-midi de défense sur les remparts, un messager lui avait remit une lettre. Arthur s’inquiétait de ne pas savoir ce qui s’était passé.


Citation:
Bonsoir Marty

Deux jours ont passé, la bataille a eu lieu. Les rumeurs vont bon train, et certaines d'entre elles affirment que vous n'êtes pas tombé au combat. Moulins devra donc encore compter avec son duc de Billy, et je n'aurais pas, grand merci, la lourde charge de garder un oeil sur votre épouse. Je ne sais si vous êtes toujours à Bourbon, ou si les nécessités du ban vous ont mené ailleurs.

La ville a été rattachée à notre duché, c'est le principal, mais quelques questions hantent mon esprit malgré tout. Qu'en est-il de Gmat? La rumeur veut qu'il ait fui, mais qu'il soit toujours dans le duché. En savez-vous davantage? Je crains en effet qu'il ne tente une ultime action et que ce geste désespéré, puisqu'il n'a plus rien à perdre, ne soit porté contre Moulins. Comme je vous en ai fait part dans ma précédente missive, nous avons quelques raisons de penser que Gmat vienne régler quelques vieux comptes contre nos murs. La rumeur, toujours elle, veut qu'il ait envoyé un courrier aux habitants de Bourbon, expliquant que sa venue en Bourbonnais Auvergne ait été motivée par un ancien maire de Moulins contre lequel il aurait quelques griefs. Avez-vous de plus amples informations à ce sujet?

J'ai ouï dire par ailleurs que le duc avait enfin réagi, chose confirmée par des actes de légitimation officiels des différentes révoltes ayant eu lieu à Bourbon. Je crois reconnaître là votre coup d'oeil exercé quant aux aléas tortueux de notre codex... Grand bien fasse en tous les cas à notre duc de prêter l'oreille aux conseils avisés, d'où qu'ils viennent.

Cette guerre semble s'acheminer vers sa fin, néanmoins, du fait entre autres des craintes dont je vous ai fait part, nous continuons à défendre Moulins. Grand merci des informations ou confirmations que vous pourriez m'apporter sur le sort et les intentions de Gmat.

Que le courage qui vous a guidé jusqu'à présent, vous et vos compagnons d'arme, continue de vous protéger. Que les heures noires prennent fin bientôt, qu'un jour serein puisse se lever sur Moulins et le BA.

Avec tout mon respect

Arthur


Il fallait lui répondre… Mais Marty ne le fit pas tout de suite. Il aurait sans doute dû…


[Quelques jours plus tard, toujours à Bourbon !]

Pénitence… Prière… Toujours sans nouvelles de son épouse… Pour sûr qu’il n’en donnerait pas lui. Elle avait quitté le château de Billy sur un coup de sang, elle avait son caractère, il le savait, mais lui aussi avait le sien. Ou peut-être était-ce à son contact qu’il s’était forgé le sien. Quoiqu’il en soit, il avait sa fierté et il détestait qu’on lui montre qu’il avait tort. Son choix avait été fait. Elle devrait le respecter. Elles devraient le respecter.

Et c’est bien ce qui clochait… Ils ne s’étaient pas brouillés à cause d’eux, mais à cause d’une tierce personne. Enfin… Beths dirait – ou crierait – que c’était de sa faute à lui… Et quand bien même ! Bettym épouserait Alberic, c’était le meilleur choix. 

Depuis quelques jours, les remparts du village devaient être à nouveau gardés. Pour quelle raison ? Personne ne savait. Mais c’est qu’on l’estimait nécessaire, alors il s’y pliait. Il ne demandait pas d’explications, mais un peu de communication. Toujours est il que le petit groupe défendait… 

Les journées se ressemblaient… Toujours les mêmes gestes… Saluer les mêmes personnes… La vie devenait monotone à Bourbon, et les siens lui manquaient. Plus le temps passait, plus il pensait à son épouse… Il avait peut-être fait une erreur… Il aurait peut-être du la retenir… S’excuser… Sa fierté en prendrait un coup… 

Il préféra coucher sur le papier son ressenti… Une lettre pour Arthur…


Citation:
Mon cher Arthur,

Je te prie d’excuser le délai, un peu j’en conviens, de ma réponse à ton précédent courrier. Tu as du t’inquiéter, de même que les Moulinois. Je te demande pardon.

Les combats ont fait rage cette fameuse nuit où je t’écrivais. Je ne sais, encore aujourd’hui, ce qu’il est advenu du félon Gmat, je crois qu’il est en fuite à l’heure où j’écris ces lignes. Certains parlent même d’une percée à l’intérieur du Bourbonnais-Auvergne.

Il me tarde de rentrer à Billy et vous revoir tous. Nous devions organiser des festivités au château pour la Saint Géraud, la guerre n’a fait que les repousser. J’espère que mon épouse et moi-même pourront te compter parmi les convives. Ta fille est bien évidemment la bienvenue. Je me souviens encore de son sourire l’an passé, comme de ton hardiesse autant aux jeux d’esprit que d’adresse. 

Salue pour moi les habitants qui te demanderaient de mes nouvelles. Embrasse la mairesse également.

Que le Très Haut te garde.

Martymcfly de Montfort-Balmyr


La lettre partirait dans la soirée, car une nouvelle missive lui parvint… Une qu’il n’attendait pas… 

A la lecture, le sentiment de culpabilité le prit. Comme s'il était en faute, mais l'était il vraiment ? Devait-il s'excuser du comportement de Beths ? Elle l'avait frappé, l'avait traité d'infâme, d'ignoble... Était-ce ignoble de vouloir le bonheur de sa marraine ? Était-ce infâme de s'occuper de l'avenir d'un enfant en proies aux quolibets ? En pensant à tout ce qui s'était passé ce jour là, avant toute la mobilisation, avant la guerre, Marty croyait avoir pris la bonne décision. S'obstiner, tenir tête à son épouse, bien sœûr qu'il fut affecté, bien sûr qu'il regrettait certaines paroles... Mais bien sûr qu'il avait fait le bon choix. Son jugement était le bon, il en restait persuadé.

Il relut plusieurs fois la missive de sa marraine pour trouver les bons mots pour lui répondre...


Citation:
Mon cher filleul, 

Désolée de m'être emportée après toi et d'avoir été la cause de votre brouille. Je sais que tu n'as pensé qu'à une chose mais je n'étais pas prête à l'entendre. 

Je ferai comme tu en as décidé pour moi et le bien de mon enfant. Dans quelques jours je me rends à Billy pour aider Berthe, Margilie et Barbelivien. J'ai appris que les premiers bans étaient posés, j'ai même entendu le crieur de Moulins ! Il a de la voix d'ailleurs ! 

Bref, je rentre au château. Tu n'as pas de soucis à te faire et avec un peu de chance, je pourrais discuter avec l'homme que tu m'as choisi. 

Par contre, j'ai une requête à te faire. Je souhaiterai que tu te réconcilies avec Beths. Ne fais pas ton mufle. Elle a besoin de toi et c'est ta marraine qui te le demande. Ce serait adorable de ta part. 

Je t'embrasse bien fort et espère te voir très bientôt en compagnie de ta chère et tendre épouse. 

Bettym 
Ta marraine.


L'inspiration venait d'elle même... Il savait ce qu'il devait écrire, ou plutôt il savait ce que Bettym devait lire. Aussi, en prenant à nouveau la plume, il rédigea la lettre suivante...

Citation:
Ma chère marraine,

Ta missive me rassure. Je suis bien aise que tu te résolves à épouser l'homme que je t'ai choisi. Je suis conscient que tu ne dois pas beaucoup l'aimer, que tu as pu le détester, peut-être moi également...

En revanche, je pense comprendre, à la lecture de tes mots, que tu as quitté Billy, en mon absence. Outre le fait que je trouve cela innaceptable, je te pardonne, et je te prie s'excuser mon caractère probablement un peu trop paternaliste à ton égard. Je ne fais que penser à cet avenir qui s'annonçait malveillant pour toi et ton enfant. J'aimerai que tu le saches. Je n'ai agi ainsi que pour ton bien.

A présent, en ce qui concerne Beths, je n'ai aucune nouvelle de sa part. Certes, j'aurai pu lui en donner. Mais tu conviendras comme moi que c'est elle qui est partie. 

Je n'ai aucun doute que nous nous reverrons très bientôt, et que nous nous réconcilierons. Je l'aime et je n'imagine pas vivre à Billy sans elle.

Je t'espère en bonne santé et que la fin de ta grossesse se passe au mieux.

Je t'embrasse.

Ton filleul,
Marty


Pas la peine de sceller cette lettre la. Il n'y aura plus qu'à faire partir le courrier jusqu'à son château.

Bientôt un mariage... Bientôt des fêtes... Bientôt une naissance... Bientôt la fin de la guerre ? Bourges était tombée et des Auvergnats en avaient pris le contrôle. Mais pourquoi la guerre n'était pas terminée ? Personne ne le savait. Il fallait que Marty sache pourquoi cela prenait autant de temps, pourquoi les autorités continuaient à faire la sourde annonce, pourquoi les forces armées stationnaient toujours sur les remparts, pourquoi les défenseurs défendaient... Bref beaucoup de questions, peu de réponses... Il devait trouver quelqu'un qui lui donnerait les raisons. Et... contre toute attente... c'est Beths qu'il aperçut ! Elle était à Bourbon ! Elle était venue le rejoindre !!

Son coeur bondissait dans sa poitrine, comme si tout était dissipé, tout oublié. Tout ? Vraiment ? Sûrement pas !

_________________
Beths
[Bourbon : maturations et pensées ]


Le premier jour de son arrivée à Bourbon, elle ne voyait que de mornes et sombres journées en perspective, que même le soleil chatoyant de l’automne n’arrivait pas à éclaircir. Lugubres pensées rodaient alors dans son esprit, et où qu’elle tournait la tête la vision était la même : mur infranchissable, difficultés insurmontables. La mélancolie se transformait en désespoir, et même plus la prévôté n’arrivait à lui soutirer un sourire. Elle envoyait missives et rapports n’y prenant aucune joie, ni aucun réconfort.

Ses seuls échappatoires furent ses dossiers grande prévôté qui arrivaient toujours et qu’elle devait traiter d’autant que la fatigue accumulée aidait plutôt à la constitution de château en parchemin qu’à faire vide et classement.

Et puis, il y avait eu la lettre de sa marraine, qui encore une fois avait amené perles au coin de ses yeux. Legowen avait tellement raison, et pourtant elle se trompait. Comment, comment pourrait elle trouver Marty et lui parler ? Elle refusait de faire le premier pas. Et sa marraine ou quiconque pourrait lui répéter qu’elle avait un caractère de chien, elle ne changerait pas d’idée. Il lui avait causé du tord, c’était à lui de s’excuser. Pas l’inverse ! Et puis, s’il apprenait son état, il serait persuadé que cette seule raison l’aurait poussé à aller vers lui. Et puis de toute façon, ne lui avait-il pas promis le jour de leurs épousailles devant le Très-Haut, devant leurs témoins et leurs amis qu’il l’aimerait, la chérirait, la comblerait, et l'honorerait outre le fait de la faire taire de ses baisers ? Et pour l’heure elle n’avait pas idéalement l’impression d’être aimée, chérie et comblée …

Néanmoins Legowen était femme et son amie, et elle avait entièrement compris son désarroi, sa détresse, et l’amour qu’elle portait toujours à Marty. Néanmoins elle ne savait que faire … ou si, une réponse, une lettre pour rassurer, pour conter une histoire amusante … un timide sourire naquit sur le visage de la Dame de Gondole, Leg fêtait son anniversaire, et cet événement ne pourrait pas passer inaperçu. Elle se doutait même que quelques réjouissances se préparaient à la prévôté, entendant quelques chuchotis … le jour serait arrosé !
De son côté, même si elle aurait loisir de croiser son amie, elle se décida à lui écrire


Citation:
Ma chère marraine,

Je t'écris aujourd'hui pour plusieurs raisons.

Tout d'abord ... pour te souhaiter mille douceurs pour ton anniversaire.
Que ce pigeon que je t'envoie t'arrive bien dans la journée est mon premier vœu. Le second vœu que j'émets est que tu sois heureuse marraine, pour cette journée et les suivantes.

Ensuite, je vais te donner quelques nouvelles. Je suis bien arrivée à Bourbon comme tu t'en es doutée en recevant ma première lettre. Sache que je ne voulais pas t’inquiéter, surtout pas. Mais si je t’avais prévenue tu aurais dépêché deux gardes, or c’eut été impossible, nous n’étions que peu pour assumer certaines défenses.
Et, depuis que je suis à Bourbon, les journées passent, tristes, mornes ... je ne vois personne ... et pourtant les murailles sont pleines de défenseurs. Je dois être devenue invisible que veux tu.
Bon, je ne suis peut être pas objective, je souhaitais voir une personne et ...
A défaut j'ai eu plaisir à converser avec ma tutrice au sein de l'ordre de la cosse de genet, ordre auquel je fais désormais partie. Il s'agit de Dame Kalimalice, peut être la connais tu.
J'ai aussi eu loisir de croiser Silec il y a quelque jours, et ce vieux soldat m'a fait rire, il m'a proposé de venir avec lui au sein de la COBA ... étonnée j'ai demandé s'ils avaient besoin d'un porte voix. Et après une très belle démonstration, les malheureux présents avec nous ont compris la proposition de Silec : les soldats COBA, si je me trouvais derrière eux, ne pourraient que courir vers l'ennemi pour s'atteler avec cœur à gagner rapidement afin d'être libérés de ma présence!
Je ne sais si je dois être réjouie ou fâchée, mais … au moins j’ai ri sans arrière pensée aucune et cela fait du bien.

Pour finir, j'espère que tu as d'excellentes nouvelles de Guy.

Je t'embrasse

Amicalement,
Beths



Et puis les heures étaient passés jusqu’à … l’ordre … la Cosse de Genêt … nouveaux principes, nouveaux objectifs, et le Grand Consistoire avait décidé de l’aider à son apprentissage de chevalerie en nommant Kalimalice sa tutrice.
Une longue promenade en forêt avec sa sœur marraine avait apaisé son esprit si ce n’était son cœur. Kalimalice avait répondu avec sincérité à ses questions, nombreuses comme toujours, à ses doutes également, la tranquillisant, l’entourant avec sagesse et bonté, tachant de lui apprendre … la patience … ce premier précepte qu’elle devrait maîtriser si elle voulait devenir un jour chevalier méritant. Et lorsqu’elle pensait à ces deux femmes exceptionnelles, la première sa marraine, son amie, celle avec laquelle elle découvrit la mer, et puis cette nouvelle amitié naissante avec sa tutrice, oui indéniablement, patience et douceur faisaient parties de leurs qualités. Tenter de leur ressembler était un honneur.
Sans compter les planches de réflexion conduites par son parrain qui là encore la poussait à la sagesse et à la réflexion, plus qu’à la fougue de la jeunesse.

Imperceptiblement Beths changeait. Les questions étaient toujours aussi nombreuses, mais les réponses plus muries, plus posées. Au sein de l’ordre elle se redécouvrait, elle était autre … elle apprenait, et sa soif de découvrir avait don de faire sourire sa tutrice et lui permettait d’analyser la situation avec son frère, son époux. Pourquoi l’un et l’autre avaient-ils ainsi agit ? Avaient ils réellement et volontairement cherché à la blesser, à la trahir ?

Deux lettres supplémentaires servirent sa réflexion. La première la faisant de prime abord hurler de rage, de colère, sa voix faisant un magnifique écho aux différents entraînements aux armes qui se déroulaient au centre même du village de Bourbon.
Comment son frère avait-il pu se montrer aussi idiot en clamant à son amante mercenaire qu’elle était prévôt royal ? Et cette maraude comment osait-elle lui écrire ?

Elle s’était joint alors aux divers exercices d’armes, se défoulant furieusement, avant épuisée, de méditer et raisonner.
Cette femme, Aelyce, fille de Namaycush … elle prétendait l’aimer … soit, que pouvait-elle connaitre de l’amour ? Elle qui d’après son désir de vengeance qu’elle lisait dans sa lettre plaçait l’honneur au dessus …

Les pensées de la jeune femme s’interrompirent … et elle-même ? Ne plaçait-elle pas son honneur de femme au dessus de l’amour qu’elle portait à Marty refusant de le trouver ? Certes, le contexte était différent car elle ne partait vers nulle vengeance, mais elle eut tôt fait de se moquer d’elle-même … ce n’est pas pareil … tu plaisantes, c’est exactement pareil, cette femme par certains côtés … te ressemble, tu ne peux le nier. Certes l’impétuosité de la jeunesse s’est assagie chez toi … mais pour le reste … et comment crois tu que ton propre frère est ?

Petit à petit idées et compréhensions faisaient chemin dans son esprit, dans son cœur. Elle était persuadée que son petit frère l’aimait toujours tendrement comme elle-même pouvait l’aimer. Mais il devait faire sa vie, ses choix, et en cela, elle ne pouvait intervenir. Elle n’en avait pas le droit. Et si jamais il lui arrivait malheur … cette femme en paierait le prix.

Bien que triste et désespérée de le savoir loin, elle était en paix avec son âme, et elle devrait écrire à Curtius à défaut de répondre à la femme ne sachant que lui dire.

Elle n’eut guère le temps d’attraper une plume qu’une nouvelle lettre lui parvint. Bettym … un pauvre sourire … elle n’avait pas revue sa jumelle de cœur depuis cette terrible journée à Billy.

Et depuis cette journée, elle avait eu le temps de faire le point, de se poser, de chercher à comprendre … Kali avait raison, la sagesse et la patience venait d’elle-même tant qu’il s’agissait d’un sujet qui nous tenait à cœur et pour lequel nous aurions donné notre vie. Son époux et les sentiments qu’il éprouvait pour elle était … lui était indispensable. Tous pourraient se moquer, mais elle l’aimait, son cœur l’avait choisi, avec réticence sans doute au départ, avec peur, mais désormais …

Et les premières phrases de Bettym la firent rire … incroyablement rire. Ainsi sa jumelle avait encore une fois compris le trouble qui l’avait habité. Oui Marty avait été couillon, mais oui elle aussi, têtue, trop sans doute, courageuse dans son espoir de réussir à ce qu’il vienne à elle sans donner signe de vie … Oui, Marty et elle étaient … fautifs d’avoir trop bien voulu faire. Néanmoins, la politesse et la bienséance faisaient qu’il aurait du amener un parterre de fleurs devant elle pour se faire pardonner ! Et en cela, elle ne changerait pas d’idée.

Lorsque Bettym aborda la promesse qu’elle avait faite un an plus tôt, la jeune femme paniqua un instant … non … ? Et puis un sourire qui s’acheva en gloussement. Bettym ne changerait jamais et en cela elle était ravie. Une réponse, oui, elle devait lui répondre



Citation:
Ma Bettym,


Concernant ton filleul, c’est effectivement un imbécile d’avoir cru pouvoir se passer de moi pour te trouver un époux. Parce que bien évidemment je me rappelle de ma promesse sur laquelle je ne reviendrai jamais. Et justement de part cette promesse que Marty ne doit pas connaitre, j’ai voix au chapitre, sans quoi ma main ne signera rien !
Or … je suis mise devant le fait accomplie.

Bettym, je ne cherchais pas à te piéger lorsque nous fumes en Lyonnais, mais vraiment, simplement, à ce que tu puisses élever et voir grandir l’enfant que tu portes, et ce … sans qu’aucun quolibet ne vienne entacher le tableau.

Mais, je ne souhaite pas que tu sois forcée. Si tu peux arriver à t’entendre avec l’homme que mon époux t’a destiné, alors c’est avec joie que je me tiendrais à ma promesse. Sans quoi, je préfère la rompre que te voir malheureuse.

Mais … en ce qui concerne Billy … tant que Marty ne se sera pas excusé … je refuse d’y retourner. Et oui, j’ai un caractère de cochon moi aussi, mais je te rappelle mon amie, que tu es ma jumelle de cœur et que par là même, tu sais parfaitement ce que je ressens.

Et … je suis à Bourbon en ce moment.
Rassures toi, je vais bien.

Je t’embrasse

Beths



Bon, elle devait écrire à son frère, mais elle ne savait pas encore quels mots … ni où il était. Et puis, elle avait à faire à Bourbon. Elle n’était pas là uniquement pour contempler la place et s’entrainer. Elle avait un mandat à écouler … la chose allait s’annoncer difficile … car en dehors du remboursement de la paye, le duché n’avait pas proposé d’indemnité quelconque pour les défenseurs qui s’étaient retrouvés terriblement blessés pour certains. Et elle haranguait la foule

Eh oh ! Toi! C’est où l’hopital ?

Yo po

Ben alors où sont les blessés

C’trahison d’vouloir voir l’berrychons ! Sont en prisons ! Elle inspira un bon coup pour ne pas le traiter d’idiot

Gnnnnn Mais je ne parle pas des prisonniers gnnnn ! Je parles des braves bourbonnais blessés !

C’change tout … par la

Et Beths suivit du regard le doigt qui s’était levé montrant un bâtiment effectivement dans le fond, mais lui montrant surtout … gloups … Marty.
Son cœur rata un battement dans sa gorge, et elle sentit ses jambes se mettre à trembler sans qu’elle ne puisse rien y faire. Elle ne réussi même pas à remercier l’homme qu’elle avait apostrophé pour qu’il l’aide et qui partit sur un grondement précisant que les nobles et la politesse …
Elle était tétanisée, il était là, elle se mit à déglutir avec difficulté, l’étudiant, ses yeux manquant de sortir de leurs orbites.
Elle ne voulait pas le voir, non, surement, si, et d'abord, pourquoi ne tendait-il pas ses bras vers elle? Pourquoi la regardait-il ainsi ? Il avait maigri, il avait l’air en forme …
Elle se mordit la lèvre hésitante, faisant un pas vers lui, s’arrêtant, reculant, s’arrêtant encore …


Marty … pourquoi ?
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