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[RP] En la Baronnie de Barbezieux...

Erwelyn
Lynette tournait en rond. Bon, elle aurait très bien pu tourner en carré, mais la fontaine qui se trouvait sur la grand place était ronde. Et pourquoi tournait-elle autour de cette fontaine me direz-vous ? Et bien tout simplement pour essayer d'attraper Tralala qui avait bien senti que sa maîtresse avait besoin d'elle et, comme une bonne jument qu'elle était, avait décidé qu'aujourd'hui, elle n'avait pas envie de lui rendre service.
En revenant du lavoir, elle l'avait retrouvée attachée devant la taverne et, naïve comme pas deux, avait cru qu'elle la suivrait sagement et qu'elle n'essaierait pas de se faire la malle. Doux rêve que celui-là...
Évidemment, Tralala avait profité d'un moment d'inattention de sa part pour lui filer entre les doigts, et après avoir couru après cette stupide poule qu'elle avait laissé attachée à l'arbre, voilà qu'elle rejouait la même scène avec un cheval.

Bougonnant, elle était à deux doigts de rattraper ses rênes lorsque quelque chose lui fila entre les jambes. Elle essaya de se rattraper à la fontaine, mais son équilibre était trop précaire et elle se retrouva les quatre fers en l'air en quelques secondes.
Le tête dans la poussière, elle poussa un grand soupir.


Mais pourquoi je suis pas restée couchée ce matin ?

Erwelyn leva un œil pour essayer d'apercevoir quelle était la chose qui avait provoqué sa chute. Un chien, un gros chien plein de bave avec un parchemin tout mâchouillé dans la gueule. Et une gueule plein de paillettes !

Hannnn le chien de Mahaut !!!!
Comme il s'appelle déjà ?
Lui il doit savoir où il se trouve ce château...
Mox !! Mooooooox !!!! Viens le chien !


Le chien avait stoppé non loin de là, creusant frénétiquement un trou en aboyant, le parchemin mouillé posé à ses côtés. Des paillettes, un chien qui court partout, une poule écervelée qui lui ramène un mot de Mahaut et Orka... avec le bol qu'elle avait, elle pouvait être sûre que le parchemin tout mâchouillé devait lui être adressé.
Sournoisement, elle se traina à quatre patte, maculant sa pauvre robe de poussière bien collante et se rapprocha tout doucement du chien. Enfin, elle arriva à choper le parchemin alors que l'animal creusait encore hystériquement.
Une fois le parchemin déroulé, elle leva à nouveau un sourcil, en mode déchiffrage.


Pinaise, c'est encore pire que le dialecte du Cap quand elles s'y mettent ces deux là.

Bon, elles s'étaient appliqué quand même. Un super soleil en paillette à moitié désintégré, des poules à qui il manquait des pattes à cause de la bave répandue sur tout le papier, et pis des flèches de partout..
Se relevant, elle mit la carte devant les yeux, la tournant dans tous les sens pour essayer de comprendre vers où elle devait partir.


Bon alors, après le zozio bleu, tourner à droite, ensuite à l'arbre biscornu... à moins que ce soit une maison c'te chose ? Bon, arrivé là, tourner à gauche, et ensuite prendre le chemin et faire demi-tour... et normalement je devrais arriver devant le château... hmmm

Enfin, elle arriva à attraper Tralala et se mit en route avant de croiser un baluchon sur patte qui l'interpella. Nameho, c'était elle qu'elle traitait de poteau ?

Bonjour... la baleine ? Je connais la gambas, mais je sais plus qui c'est la baleine...
Euhhh et comment c'est coiffé un poteau d'abord ?


Et en plus elle lui répond même pas la mal polie ! Tout ce qu'elle trouve de bien à faire c'est lui refiler un énorme paquet de baluchons.
Erwelyn leva un doigt pour lui signaler que quand même, elle aussi elle avait sa besace à se trimballer, et que les bouteilles de liqueur de poire, ben c'était pas léger. Mais rien à faire, en un demi-tour, elle avait déjà reprit sa marche.


Groumph

D'un air dubitatif, elle la regarda commencer à s'éloigner avant d'appeler le chien.

Mox ! Moxeuhhh, oui toi là-bas !
Tiens le chien, prends les baluchons et emmènes les au château, gentil Mox !


Secouant les baluchons devant sa gueule, elle le vit arriver à toute vitesse et les choper, avant de repartir dans le mauvais sens.

Euh non mais... le château... c'est pas par làààà
Mox ! Mox ?
Ah ben tiens, il est parti.


Interdite, elle tourna la tête plusieurs fois des deux côtés, un coup vers la dame qui s'éloignait, un autre vers le chien. Bon, tant pis, lui au moins il savait où était le château, ce qui n'était pas son cas. Elle emboita donc le pas à Isabel l'air de rien, hochant la tête à chacune de ses réflexions. Autant essayer de faire diversion un maximum pour ne pas qu'elle voit que ses bagages étaient partis à l'autre bout de la ville, trainés avec acharnement dans la boue.

Arrivée devant le château, toujours en affichant un grand sourire angélique, elle fit de grands signes à Mahaut et Orka, sans pouvoir en placer une, et une révérence à l'homme qui se tenait là, se disant qu'elle l'avait déjà vu quelque part.
Un sourcil levé à la fin de la phrase d'Isabel, son histoire lui rappelant étrangement la guerre qui se déroulait en ce moment dans le nord du Royaume. Drôle de pique-nique cette histoire...

_________________
Le risque, c'est la vie même. On ne peut risquer que sa vie.
Et si on ne la risque pas, on ne vit pas.
.mahaut.
Nan mais c'est pas rien de gérer un château, je vous le dis. Entre les poules secrètes, la déco innommable, une sœur qui s'arroge la propriété de la meilleure chambre, des gardes complètement à la ramasse, un Didier de Barbélizien qui chante dans son cachot, un père qui regarde le plafond au lieu de proclamer qu'elle a évidemment raison... Elle était à bout.

Soit elle hurlait encore plus fort, soit elle... ben... elle hurlait encore plus fort.

Heureusement, c'est le moment que choisirent Isa et Lynette pour débarquer. La première réaction de la cruche fut d'avertir le cuisiner qu'on allait être plus nombreux que prévu pour midi. Mais quand Isa expliqua la raison de sa venue...


Les fiiiiiiiiiilles, les fiiiiiiiiiiiiiiilles, urgence, urgence !!!!
Je suis partie sans même coordonner mon chapeau à mes bottes parce que là, c’est l’hécatombe !!!!

Han, alors là c'était vraiment grave.


Mes amies, un fait inouï est arrivé !!!!
Si j’ai bien suivi, il parait que dans le Berry il y a lieu une énorme pique-nique et de un, Tef a été viré sans explication et de deux nous on n’a pas été conviées !!!! D’après cette missive, l’organisateur est un certain Georges…
On s’inviteeeeeee ?Moi j’ai apporté tout ma garde robe et Mahaut pourrait concocter un de ses fameux plats…Qu’ils ne disent pas que les perigoangoumoisines…ne savent pas festoyer !!!!


C'était une occasion en or de briller en société. Et de bouffer gratos. Y'avait pas à tortiller c'était pour elles. Elle se tourna vers Valnor.

Votre hauteur ? Hein qu'on peut y aller ? On prendra des serviettes et tout, hein, et une nappe à carreaux, tout comme il faut ! Papa s'il vous plaiiiiiiiiit ! Un pique niiiiique ! On peut ?

La mâchoire du comte retomba d'un coup. Elle prit ça comme un assentiment.


OUAIIIIIS !! Vite ! On fait nos valises alors ! Je prends mes boucles d'oreilles ? Et le chapeau, je prends quoi ? Celui avec la voilette ? Han je sais paaaaaaas ! Je prends tout ? Vite, camériiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiste !

Elle monta en trombe chercher ses affaires.

Camériiiiiiisteuh ! Comment ça y'a pas de camériste ? Pfff... Bon, je prends ça, ça, mes bas roses ! Il m'en manque uuuun ! Hiiiiiiiiiii ! Je fais quoi ! C'est pas justeuuuh ! Bon. Calme, Mahaut, reste calme. Un pique-nique. Chic et cazuale. Des bottines à lacets. Des bas. Braies ou jupe ? Robe coquetelle ? Oh et puis restons natures, des braies. Une chemise en soie rose brodée "La baleine rose". Un peu de pub ne fera pas de mal. Des colliers ! Ha mais j'en ai pas... Bon, on se fera des colliers de pâquerettes sur place. Ah et mon bibi à voilette. Un coup de bleushe sur les joues...PAR-FAIT !
Allons-y, je suis prête.


Elle redescendit dans la cour dans sa nouvelle tenue parfaitement adaptée au pique nique. Arrangeant le chapeau elle réalisa soudain trois éléments manquants. Le mantel pour pouvoir s'asseoir sur l'herbe sans se tâcher les fesses. Pis c'était un cadeau alors fallait le montrer. Les gants. C'est à ses gants qu'on reconnait une damoiselle noble. Ne pas se salir les mains, jamais. Et les poules.

Elle ne pouvait pas partir en abandonnant les poules du baron, il en ferait une syncope. Elle repartit en courant et revint avec un mantel 2 fois trop grand, des gants blancs et une poule sous chaque bras.


J'ai pris Orkaange et Mahaut, ce sont objectivement les plus belles représentatrices de la race.
Père ? On vous laisse Barbezieux ? C'est affaire de quelques jours tout au plus, vous savez qu'on est prudentes, hein... Pis c'est pas dur, il suffit de faire "Hep vous là bas, payez vos impôts" et ça roule tout seul.


Elle grimpa dans la charrette, les jambes pendantes se balançant en rythme et un immense sourire aux lèvres.

C'est ma première garden-party !
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Orkaange7876
A la nouvelle, pendant que demandait la permission à papa, Ork se mit à sautiller partout en battant des mains, toute joyeuse à cette merveilleuse idée si champêtre et si... si.. ben excitante quoi. Elle aussi voyant le comte Valnor sans voix prit ça comme un assentiment. Elle lui sauta au cou, plaquant deux grosses bises bien baveuses sur les joues du connétable au bord de l'apoplexie

HAAAAN MERCII PAPAAAAAAAAAaa.; t'es l' plus meilleur des papas tu sais, même si tu bois pas beaucoup.. J'vais chercher mes affaires aussi, pis passer par les cuisines.. On peut pas arriver les mains vides, ça se fait pas.; nan pis ils oublient toujours la mayonnaise aux piques niques.; Et moi j'dis un déjeuner sur l'herbe sans mayonnaise, c'est comme une guerre sans gascons, ça a pas de saveur..



Et hop lààà deux temps trois mouvements sa malle remplie de braies roses fut bouclée, et elle fonça vers la cuisine pour donner ses ordres

Vous là .. Ouii vous.. j'veux deux seaux de mayonnaise.. Et vous là deux seaux d'oeufs durs.. J'adooore les oeufs durs.. haan marguerite.. Elle est prête marguerite?? Son nouveau chapeau aussi?? Bon sortez les charettes.; yen faut une pour la mayo et les oeufs, deux pour la boisson.. Une pour Mahaut et les poules... Deux pour les bagages.; Pis deux encore passque on pourra tetre ramasser des clampins sur la route.; Allez hoop laaaa. Isa Mahaut spartiiiii
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Quand on est plus de quatre on est une bande de cons. A fortiori, moins de deux, c'est l'idéal.
Valnor
- Mais...mais...enfin !

Voilà comment se retrouver seul dans un endroit inconnu, avec des poules le regardant d'un oeil curieux.


- Et voilà, toute la famille et presque famille partis en excursion et c'est moi qui me colle le gardiennage des....poules.


Pointant du doigt une gallinacé.

- Toi ca doit être Mahaut !


Koooootttt kooooteuute !!!

- Je le savais, c'est le bout du bec rougeot qui m'a mis sur la voie.

Tout sourire il se tourna vers l'amas de volailles sur pattes. Puis là aussi désignant du doigt une autre poule.

- Et toi c'est Orkaange hein ?!

Heeeeuut kooook heuute !!!

- Et oui, fallait s'en douter, la mèche blonde sur la crête, c'est cela.

Il ne restait plus qu'à trouver un sac de mais pour tout le monde....
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Erwelyn
Les filles étaient parties après un adieu déchirant en taverne d’Angoulême la veille au soir. Entre plusieurs hips et des litres de larmes versées, promesse avait été faite qu’elles s’écriraient tous les jours, ou du moins qu’elles essaieraient un maximum de le faire.
Mahaut avait embarqué un bout de comptoir en guise de doudou, et Erwelyn s’était mis au louqueuh grungeu ou punkeu, en découpant en lambeaux la manche de sa chemise pour leur en donner un bout à chacune.
Et avant de partir, elle avait eu droit à son baptême et à son nouveau nom : Ratapotons. Fièrement, elle le porterait en souvenir de ces deux jeunes filles qui étaient devenues avec le temps des amies. Au fond d’elle, elle avait une peur bleue qu’il leur arrive quelque chose lors de ce fameux "pique nique" auquel elles devaient assister. Encore aujourd’hui, elle se demandait si elles avaient vraiment compris le but de leur voyage. A priori oui, mais en voyant les seaux d’œufs durs et de mayonnaise, elle avait comme un gros doute sur le coup là…
La liste des gens à qui elle s’était attaché et qui avaient aujourd’hui disparus s’allongeait de plus en plus. Elle n’avait aucune envie que les noms de Mahaut et Orka s’y rajoutent…

Elle les avait regardé partir, donc, la tête collée à la fenêtre de la taverne, finissant ensuite seule sa chope devant l’âtre où le feu commençait à s’éteindre. Encore une fois, elle se retrouvait seule. Pfff c’était même pas drôle ce coup-ci parce qu’elle l’avait pas choisi !
Traînant des pieds, elle avait ensuite repris sa route, très loin d’avoir sommeil, vers le château dans lequel les filles l’avait accueillie peu de jours auparavant. Orka lui avait dit : "mais Lynette, tu peux rester, t’as une chambre hein, pis faut s’occuper des poules".

Ça lui faisait tout drôle d’y aller sans elles, surtout que c’était le château du futur mari de Mahaut, mais d’une part, ça lui permettait de ne pas payer l’auberge, et d’autre part, Mahaut lui avait dit qu’elle aurait droit de faire des expériences culinaires avec les poules. Elle en avait donc déduit que le "faut s’occuper des poules" d’Orka voulait dire la même chose. Justement, elle en avait bien besoin la Lynette d’apprendre à cuisiner. Elle était juste assez douée pour préparer un ragoût de légumes accompagné de quelques bouts de lards. Là au moins, quand les filles reviendraient de leur "pique-nique" avec le fiancé de Mahaut, ils seraient contents de déguster un bon repas, comme une poule au pot par exemple. Non parce que des œufs durs à la mayonnaise, ça va un moment… Mais pour ça, il lui fallait de l’entraînement.

Elle arriva donc en vue de Barbezieux, et se présenta à nouveau au garde qui décidément, n’arrivait pas à la remettre à chaque fois qu’il la voyait, et alla s’enfermer dans une chambre. Au pif, la plus grande, celle avec tout plein de bazar et des habits jetés dans tous les sens, celle avec un gros panneau marqué : "Chanbre d'Orka, propriellété privée, Mao intherdit". Ben oui, c’était marqué Mahaut interdite, pas Lynette.

Erwelyn finit par s’endormir tard dans la nuit, enroulée dans sa cape et posée dans un fauteuil devant la cheminée, une fiole de liqueur de poire presque vide sur ses genoux. Ce n’est qu’en entendant un énorme BLONNNK dans la fenêtre qu’elle s’éveilla, un mal au crâne certain. D’un geste vif, un peu trop peut-être pour sa pauvre tête qui cria au scandale tout de suite après, elle se retourna pour apercevoir un pigeon éclaté sur la fenêtre glisser lentement au sol.


Pinaise, mais qui c’est qui les dressent ces bestioles ?

Difficilement, elle s’extirpa du fauteuil pour se glisser jusqu’à la fenêtre et y récupérer le volatile sonné et le parchemin enroulé autour de sa patte. D’un côté, il était écrit : "Oné a rochechouarre", ce qui lui décrocha un grand sourire. Il n’y avait que deux personnes sur terre qui avaient ce dialecte si particulier, si dur à déchiffrer pour des personnes non aguerries… euh bon d’accord, pour des personnes aguerries aussi c’est vrai. Elle retrouva vite sa place devant la cheminée où elle tisonna les braises pour refaire partir le feu, et après y avoir remis quelques bûches, elle entreprit de déchiffrer le message envoyé du Limousin.



Ayéééé on é arivé a Rochecouarre san enconbreu. On a déja u une letre de bienviendu de la parre dé flique de la réjion. Vizibleument il veule pa kon ail au piknik. On leur a di de se rensségné, passke le roudoudou de Mao nou avé di de viendre, é que maime il coné la contaisse, alor il fo kil fasse gafe a leur matricule kan maime, sinan roudoudou il va se faché tou rouje. Et cé pa bo quan il se fache tou rouje passque ça jure avec la couleure de sé cheveu.

Garel a bien suporté le voillaje, il a pa tro u mal o fondeman passque il étai assi sure lé coussain bag, mé il veu toujour poursuivre lé poule. Lé zotre von bien

Bizou Lynette tu nou manke déja

Orka


Hmmm, d’après ce que je comprends elle sont arrivées saines et sauves en Limousin, bien, c’est une bonne chose.
Ensuite, la bienviendue… ok, ça j’y ai déjà eu droit, je sais ce que ça veut dire.


Par contre, la phrase suivante était nettement plus difficile à décrypter. Zieutant la fiole de liqueur de poire, elle se demanda si ça ne l’aidera pas à comprendre un peu mieux. Réponse : oui, évidemment !
Ratapotons, dicte Lynette, ou Serpilynette pour les intimes mayennais, se saisit donc de la bouteille et avala quelques gouttes du précieux nectar en guise de petit déjeuner. Pas bien ça, pas bien du tout ! Mais elle s’en fichait, encore une fois, qui pourrait lui faire quelconque reproche sur sa façon d’agir…


Alors, alors… on les empêche d’aller au pique-nique.. d’accord… le roudoudou… ça doit être Matpel ça, Orka l’appelle toujours comme ça …

Mais après ça se compliquait encore. Lynette leva un regard perdu en direction des flammes, toujours emmitouflée dans sa cape.

La contaise, la contaise ? Mais c'est qui ?

Grand silence

Aaaaaaaaaaah mon Dieu mais c’est bien sûr ! J’avais oublié le s ! La Comtesse, donc. Ça doit être celle du Limousin. Alors qu’est-ce qu’elle a fait la Comtesse ?
Ah voilà, elle connaît Roudoudou qui va se fâcher tout rouge… hmmm.


Elle arrivait pas trop à s’imaginer à quoi pouvait ressembler un Roudoudou fâché tout rouge parce qu’elle ne l’avait jamais croisé. Pour le coup, elle imaginait maintenant le propriétaire des lieux comme un gars tout rougeaud avec une couleur de cheveux bizarre. Orka avait dit que ça jurait… peut-être qu’il avait les cheveux blancs ? Ben oui parce que rouge sur blanc, tout fout l’camp, ça devait être ça. Un vieux Baron à la tête rouge et aux cheveux blancs, Mahaut avait de drôles de goûts…
Elle se replongea ensuite dans la dernière partie de sa lettre.


Ah tiens, Garel aussi veut faire des expériences culinaires ? Ptêt qu’il s’y connaît mieux que moi en cuisine, faudra que je lui demande quand ils rentreront.

Sa lecture terminée, elle alla prendre un parchemin dans sa besace, son encrier et sa plume et se mit à griffonner.



Chères Mahaut et Orka
Et aussi Isa, mais j’aime pas trop qu’elle m’appelle le poteau, donc elle a pas droit au « chères »

Je suis heureuse et rassurée d’avoir si vite de vos nouvelles. Mise à part une mauvaise rencontre que vous auriez pu faire sur le chemin, je suis épatée que vos compagnons de route n’aient pas déjà essayé de vous jeter au bas de la charrette et de continuer le voyage sans vous.
Ils sont très résistants dans le Périgord !

D’après ce que j’ai compris, vous avez déjà eu droit à la bienviendue de la maréchaussée. Ne vous en faites pas, la situation va sans aucun doute se régler et Roudoudou n’aura pas à se fâcher tout rouge. D’ailleurs, un vieux aux cheveux blancs qui devient rouge ça pourrait les effrayer, vous devriez leur en parler peut-être qu’ils vous laisseraient passer sans poser de question.

J’ai passé la nuit au château, comme vous me l’aviez proposé, et je vais m’occuper des poules dès aujourd’hui pour mes expériences sur le monde merveilleux des gallinacés. J’ai même décidé de tenir un petit carnet que je vous montrerai dès votre retour. Et puis ça pourra sans doute servir au Roudoudou de Mahaut pour plus tard.

Faites très attention à vous surtout
Vous me manquez aussi

Lynette


Le pigeon étant trop sonné pour qu’elle puisse l’utiliser, elle accrocha le parchemin à la patte de Guertrude, qui s’envola prestement vers la Baleine et la Gambas.
Ensuite elle s'habilla chaudement et descendit direction les poules.

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Le risque, c'est la vie même. On ne peut risquer que sa vie.
Et si on ne la risque pas, on ne vit pas.
Erwelyn
Il m'aime,
un peu,
beaucoup,
passionnément,
pas du schtroumph

Il m'aime,
un peu,
beaucoup,
passionnément,
pas du schtroumph

Mais euh, ça fait deux fois !!!


Tôt ce matin là, Erwelyn plumait la poule consciencieusement après avoir passé un long, très long moment à essayer de l’attraper. Il avait fallu qu’elle attende qu’elle se faufile dans sa cage pour réussir à la choper, et la surprise avait été tellement violente pour elle qu’elle s’était arrêté net de bouger. D’ailleurs depuis, elle n’avait toujours fait aucun mouvement… Avant de la débarrasser de toutes ses plumes qui pourraient gêner la cuisson, elle lui avait enlevé la bague qui portait son nom : Ergottine

La veille, c’était Cocottine qui était passée à la casserole, mais cette fois-ci la poule bougeait dans tous les sens, et elle n’avait pas eu le courage de mettre fin à sa vie pour la mettre dans la marmite. Elle avait mis la poule dans un sac en toile et s’était faufilée à l’extérieur du château pour aller trouver un boucher à qui elle avait glissé une pièce au creux de la main pour faire le sale boulot à sa place.
Ben oui, pour mettre fin aux jours des animaux, Erwelyn était lâche, c’est comme ça.
Revenue au château après avoir plumé Cocottine, elle s’était rendue directement aux cuisines pour effectuer sa première expérience culinaire. Gentiment, elle avait refusé l’aide que les cuisiniers avaient voulu lui donner en lui proposant de s’occuper de la poule eux mêmes.


Merci, mais je souhaite faire une surprise au Baron et à sa fiancée pour leur retour, je dois m’entraîner !

Un regard étonné et sceptique avait été jeté dans sa direction, sûrement du au fait qu’elle voulait s’essayer à la cuisine en tant qu’invitée. Ça ne pouvait pas être pour autre chose de toute façon, ils devaient déjà assez bien connaître la future femme du châtelain, Mahaut, pour ne pas être étonnés lorsqu’on parlait d’elle devant eux. Tout en attrapant une marmite et balançant tout ce qui lui passait sous la main dedans, elle avait babillé :

Vous connaissez Mahaut j’imagine. Oui, la damoiselle qui est venue s’occuper du Château à la demande du Baron.
A mon avis, il souhaitait qu’elle s’en occupe pour qu’elle puisse avoir un aperçu de sa future vie de château, pour quand ils seront mariés.
Il a bon goût, votre châtelain. Une jolie jeune fille alors qu’il est vieux aux cheveux blancs et rougeaud, au moins elle lui donnera belle descendance.


Une bouteille de vin rouge avait été débouchée et avait arrosé copieusement Cocottine. Enfin, elle avait collé la marmite dans l’âtre, où un grand feu crépitait.
Elle avait bien précisé aux cuisiniers qu’en aucun cas ils ne devaient toucher à son plat, ni l’enlever du feu. Comme elle avait toujours vu faire Lora qui faisait mijoter les plats pendant de longues heures, elle s’était dit qu’elle pourrait en profiter pour faire une petite balade en attendant que son expérience mitonne.
Seulement, quand elle était revenue, Cocottine avait pris une étrange couleur noirâtre et la fumée avait envahie la pièce. Et que dire du goût de la pauvre poule ! Même un loup affamé n’aurait osé la manger….
A la première bouchée, un cri avait retenti à travers la cuisine.


Aaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhh mais c’est dégoutaaaaaaaaaaaaannnnnnnnttttttttt !!!!

Elle avait recraché illico la viande cramée et s’était retournée vers les cuisiniers.

Ben qu’est-ce que j’ai fait de mal encore ?

Levant un doigt, le plus jeune d’entre eux s’était rapproché d’elle.

Je crois, m’dame, que vous avez oublié d’la vider, la bestiole…. Faut lui enlever les tripes et toussa avant d’la faire cuire.
Et pis, j’crois bien que vous avez trop mis d’alcool aussi. Fin bon, z’avez du oublier quelques étapes en gros quoi.


Moui…

Elle avait regardé la pauvre Cocottine et avait été l’enterrer dans le jardin. Autant qu’elle ait une digne sépulture pour être morte pour rien. Enfin si, quand même, elle était morte pour la science ! D’ailleurs, elle planta un panneau en bois sur sa tombe, où elle écrivit en jolies lettres déliées :

Citation:
Cocottine, morte pour la science, octobre 1457

Le soir, elle avait reporté son expérience sur son carnet :

Citation:
Expérience numéro 1

Poule : Cocottine
Recette : poule au vin
Ingrédients : tout plein de choses plus du vin rouge

Résultat : une tombe dans le jardin du Baron

Notes : vider la poule et mettre moins d’alcool


Le lendemain, alors qu’elle était en plein plumage et qu'elle réfléchissait à sa nouvelle expérience, et à ce qu’il faudrait qu’elle change pour que la poule soit mangeable, un pigeon vint s’étaler devant elle, un parchemin à la patte.

Chouette ! Du courrier ! J’adore le courrier !

Abandonnant Ergottine quelques instants, elle repartit dans une séance déchiffrage de message à la Mahaut et Orka.



éééé Lynetteuh !

comman tu va ? On é à Limauge, la capitaleuh. Cé toute une istoire, on nou za di de partirre mé on veu pas. Garel essaille de plumé lé poul cé embettan.
Il paré que le piqueuh niqueuh se rapprauche de nou ! on é tré eksitées !!! An plusse on ma donné du chouchenne. Mon contoire doudou me suie partou é on chanteuh bocou.

Tu nou manque bocou auci.

Si tu veu, tu pourra rangé lé boutèyes que jé commandé ! cé du bon vain parsse queuh roudoudou n'y conné rien en bonne alcol.

pran bien souain de papa. Il é plu tou jeune alor il é émotiffe. Chui sur qu'on lui menque bocou é quil pleurre en secré. mé fo pas sinquiété ! On sé se tenirre en soiré ! tou irra biain !

on te fé de gro bisou é on panse bien na toi.

Mao

ps : il ressteuh combiain de poul ?


Sourire collé aux lèvres, elle grimpa dans sa chambre où le panneau planté dans la porte avait déjà perdu un clou et se balançait doucement à chaque ouverture, et s’empara d’un parchemin et de sa plume.



Chères Mahaut et Orka,

Encore une fois, je suis rassurée d’avoir de vos nouvelles et de savoir que tout va bien.
Vous n’avez toujours pas réussi à obtenir vos laissez-passer pour séjourner en Limousin ? Vous êtes la lance des poneys roses tout de même, vous devriez avoir droit à un peu plus de considérations. Enfin, à leur décharge, le pique nique qui se tient non loin de chez eux doit leur donner beaucoup de travail et demander une grande organisation.


Consciemment, elle évitait d’écrire le mot « guerre » ou encore « combat » dans ses lettres. Sûrement une façon de se dire que d’une part, ça n’inquiéterait pas ses deux amies et les conforterait dans le but de leur voyage, et elle, ça lui permettait de faire abstraction du fait qu’elles pouvaient se faire poutrer par une armée à tout moment…



Avez-vous essayé de faire cuire les poules que Garel plume ? Vous n’auriez pas une recette à m’envoyer que je pourrais essayer ? Parce que je dois à chaque fois oublier des étapes et mes plats sont toujours immangeables…

Ici tout va bien, mes expériences scientifiques avancent, je suis sûre que je tiens le bon bout et je vous promets une belle surprise à Roudoudou et à toi quand vous reviendrez.
Je m’occuperais des bouteilles que tu as commandé dès qu’elles seront arrivées. Pour l’instant, la piquette de Roudoudou sert à la cuisine.

Je suis sûre en tout cas que vous vous ferez remarquer lors du pique nique et que tous les regards seront posés sur vous.
Je n’ai pas encore croisé votre père, mais n’oublierai pas de le rassurer sur votre état de santé dès que je le vois.

Je pense à vous aussi, prenez grand soin de vous
Lynette

PS : il reste vingt-deux poules. Euh non, vingt et une si on compte celle qui est à moitié plumée dans la cour…

Elle redescendît quatre à quatre pour envoyer son message via Guertrude rapide et reprit son plumage, imaginant déjà quels ingrédients pourraient rejoindre Ergottine dans la gamelle pour sa nouvelle expérience, qu’elle avait décidé de nommer : poule grillée au four.
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Le risque, c'est la vie même. On ne peut risquer que sa vie.
Et si on ne la risque pas, on ne vit pas.
Erwelyn
La mine boudeuse, Erwelyn restait plantée devant les tombes des poules qui s’alignaient depuis quelques jours. Les noms défilaient devant ses yeux, et sur chaque petit panneau qui surplombaient leurs sépultures, elle avait soigneusement noté les noms suivi d’un « Morte pour la science ».
Cocottine, Jacquotte, Couqueline, Craquignotte, Pumette, Ergottine, nombre d’entre elles y étaient passées.
Y’avait vraiment pas moyen qu’elle réussisse à faire un plat correctement !
Elles avaient toutes finies cramées, et elle avait même testé la poule à la broche en lui gardant les plumes, recette qu’on lui avait expliqué, mais qui avait fini par déclencher un grand feu dans la cuisine…
Bref, ces expériences étaient loin d’être une réussite.
Son petit carnet s’était rempli de son écriture, et à chaque fois le résultat avait été le même : une tombe dans le jardin du Baron.
Dire qu’elle avait proposé à Mahaut de s’occuper de son banquet de mariage, c’était pas encore gagné cette histoire…

Du coup, elle avait décidé de faire une pause gallinacés et s’était rendue du côté des champs, suivant en sifflotant les charrettes remplies de divers outillages. Voyant qu’un pauvre vieux prenait le même chemin qu’elle en partant du Château, elle avait engagé la conversation.


Ah bon, vous allez vous occuper du champ de maïs du Baron ?
Rho, mais vous m’avez l’air bien fatigué mon pauvre monsieur.


Puis en chuchotant

Dites, il vous en fait voir de toutes les couleurs le vieux rougeaud j’imagine ? Ben oui, à votre âge, vous demander d’aller labourer son champ, tssss. Faudra que je lui dise à Mahaut, vous savez, sa future femme, qu’il vous maltraite comme ça, vous pouvez être sûr qu’elle fera ce qu’il faut pour y remédier.

Soudain (quel suspens n’est-ce pas ?), elle s’arrêta net, une lumineuse idée en tête.

J’ai une idée ! Laissez-moi donc m’occuper du champ à votre place aujourd’hui, vous avez bien mérité une journée de repos.

Voyant le petit vieux hésiter, elle attrapa les rênes du cheval qui traînait la charrue et le repoussa gentiment.

Aller, filez donc ! Prenez du bon temps, allez ramasser des champignons, voir votre femme, vous saouler à la taverne, allez au bord… ‘fin, profitez de votre journée !
Et faites-moi confiance, je sais labourer un champ de… un champ de quoi au fait ? Ah oui, de maïs.
Bonne journée m’sieur !


Toute contente de rendre service et se disant surtout qu’au moins aujourd’hui elle ne provoquerait pas une catastrophe culinaire, elle arriva bientôt en vue du champ. Rapidement, elle se mit au travail, félicitant le cheval de l’œuvre déjà effectuée. Il avait déjà accompli un aller-retour lorsqu’un pigeon plongea en piqué vers eux deux et alla se planter tête la première dans une motte de terre non loin.

Aahhhh, du courrier des filles !

Du coin de l’œil, elle observait de temps en temps le cheval, tout en continuant à avancer et à lire le parchemin envoyé du Limousin. Elle ne put s’empêcher de sourire au fur et à mesure de sa lecture, imaginant l’emprise de Mahaut sur le pauvre écrivain publique.



Chère Lynette !

J'ai trouvé un écrivain public aujourd'hui ! Et en plus il est gratuit (AU SECOURS SAUVEZ MOI CETTE FEMME EST FOLLE !) !

J'ai oublié de te donner les conseils pour la conservation des bouteilles ! Je suis impardonnable ! (ELLE EST ARMEE, JE RISQUE MA VIE LA !)

Alors voici quelques conseils que, j'en suis sûre, tu connais déjà. Allez, je m'assois parce que ça va être long, hein. (EN PLUS ELLE M'A FORCE A ÉCRIRE ÇA ! ELLE EST COMPLÈTEMENT BOURRÉE JE VOUS DIS !)

D'abord, il faut bien sûr laisser les bouteilles à l'horizontale ou comme ça. (LA ELLE MIME VERS LE BAS MAIS ELLE EST PERSUADÉE QUE VOUS LA VOYEZ...)

C'est pour éviter que le bouchon ne sèche, c'est très important. (ELLE M'A MIS SON ÉPÉE SOUS LA GORGE ALORS CROYEZ MOI C'EST IMPORTANT)

Ensuite, évidemment, pas de lumière. De l'obscurité, toujours.
Des casiers bien rangés avec des ardoises pour marquer les cépages. L'organisation est le maître mot de l'histoire. (ELLE A RÉPÉTÉ ORGANISATION TROIS FOIS ET ELLE A BU EN MÊME TEMPS, CETTE FEMME EST UNE ENVOYÉE DU DIABLE).

Pas de vibrations ! Il ne faut surtout pas stresser le vin ! Il a besoin de calme et de repos, comme les vieux. Sauf qu'il ronchonne pas, lui, pas comme l'écrivain public. (JE NE RONCHONNE PAS !)

Garde la pièce humide ! J'ai vu que la cave était saine (C'EST PAS L'CAS DE TOUT LE MONDE NOTEZ BIEN...) donc ça devrait aller, surtout avec l'automne.

Tous les quatre jours, tu peux tourner d'un quart de cercle les bouteilles de vin primeur. Dans le sens des aiguilles d'une... d'une... je sais pas quoi (J'AVAIS BIEN DIT QU'ELLE ÉTAIT FOLLE) et seulement les jours où la lune est montante. Je sais pas pourquoi mais c'est crucial.
Enfin, pense à bien fermer avec le gros verrou. Tu feras bien attention à remettre les pièges à loups en place (ELLE A MIS DES PIEGES A LOUPS DANS UNE CAVE ???).

Voilà. Embrasse bien presque père, bonjour à tout le monde, vous nous manquez beaucoup et en plus ici on s'ennuie comme des rats crevés. (C'EST FAUX ROCHECHOUART EST UNE VILLE CHARMANTE ! DU MOINS ELLE L'ÉTAIT AVANT LEUR ARRIVÉE ! SAUVEZ-NOUS DAME !)

A très bientôt ! Je vais signer moi même quand même.

MAO

ps : ELLE S'EST VAUTREE SUR MON LUTRIN ET A RENVERSE SA MIRABELLE SUR MOI. ELLE ESSAYE D'ESSORER MES HABITS POUR BOIRE PARCE QU'IL « NE FAUT PAS GÂCHER ». MAIS QUEL GENRE DE FEMME FERAIT ÇA ? N'AVEZ VOUS PAS D'ÉDUCATEURS ????


Pinaise, je pensais pas que c’était si contraignant de s’occuper d’une cave à v… m’enfin qu’est-ce que c’est que ce truc ?

Plissant les yeux, le parchemin en suspend, elle essaya de voir ce qui pouvait débouler dans le champ à toute vitesse, emportant des clôtures sur son passage.

Eyyy vous là-bas ! Les… les… mais, mais c’est des chèvres ?
Les chèvres, arrêtez de courir partout comme ç…
Ehhh le cheval naaaonnn !!! Reste ici !
C’est pas comme ça qu’on laboure un champ !!!!


Effrayé par le troupeau qui lui courait droit dessus, le canasson était parti en courant, la charrue encore fichée dans le sol.
Attrapant ses cheveux en grimaçant, le parchemin tombant droit dans la boue, Erwelyn ne put qu’assister impuissante au labourage du champ de Matpel façon Lynette. Des tranchées ici et là, formant de superbes zigzag, voire même des ronds par moments, ou d’autres formes géométriques tout aussi originales, une clôture sautant au passage d’un cheval apeuré, une charrue envoyée dans les roses alors que son conducteur filait à travers bois, et pour finir, les sacs remplis de grains de maïs pour semer le champ éventrés en plein milieu, le troupeau de biquettes déchaînées les dévorant à cœur joie.
Une seule pensée à ce carnage :


Le Baron va me tuer !

D’habitude, c’était elle qui libérait les animaux de leurs enclos pour qu’ils puissent aller se balader, mais là elle n’avait pas du tout prévu la tournure des événements !
Dépitée, elle récupéra le parchemin qui avait pris une étrange couleur marron après son séjour dans la boue et était devenu à moitié illisible, et entreprit dans un premier temps de faire fuir les biquettes du champ. A grands renforts de gestes au dessus de sa tête, elle courut vers les bestioles qui s’éparpillèrent sur le terrain, mais qui revenaient tout de même sens cesse en direction des sacs de maïs.
Au bout d’un long moment de course effrénée, elle abandonna la partie, quittant le champ au pas de charge, non sans avoir prévenu les bestioles qui continuaient à se bâfrer sans aucun remord qu’elle reviendrait pour les chasser de là, non mais !

D’une part, elle en avait marre de courir, et ensuite, elle devait aller s’occuper des bouteilles de Mahaut qui étaient arrivées ce matin aussi.
Direction la cave, elle ouvrit d’abord le gros verrou dont elle lui avait confié la clé avant de partir, et déplaça les pièges à loups dans un coin de la pièce pour éviter de se prendre les pieds dedans. Pas question de se retrouver coincée ici avec un pied déchiqueté. Quoiqu’avec tout l’alcool que Mahaut avait fait entreposer, elle aurait pu tenir un moment avant de décuver et de sentir vraiment la douleur… Peut-être même que la guerre serait finie et que ce serait les filles qui la découvrirait.
Munie de sa bougie, elle éclaira le parchemin où étaient rédigés tous les conseils de la future châtelaine. Plissant les yeux, elle essaya de déchiffrer les lettres effacées par le séjour dans la boue :


D'abord, il ***** les bouteilles à l'****al . C'est pour éviter que le bouchon ****, c'est très important.

Hmmm, ah ben voilà que c’était important et qu’elle ne comprenait que la moitié des consignes. Se saisissant d’une des bouteilles de vin, elle l’observa un instant, avant de se décider.

Bon alors, le al… horizontal ou vertical, pis le bouchon, faut éviter quoi ?
A mon avis, faut éviter qu’il tombe, logique, ça doit donc être à la verticale, avec le bouchon en l’air, comme çaaaa
Bah en gros faut la poser normalement quoi…


Toute fière, elle posa la bouteille sur l’étagère et aligna ses copines derrière elle, se demandant bien à quoi tous les casiers disposés dans un coin pouvaient servir s’il fallait disposer les bouteilles à la verticale… Elle s’approcha et constata qu’ils étaient remplis.

Oh là là, les malheureux ! Ils ont placé le vin n’importe comment !
Pfff, si Mahaut apprenait ça… Heureusement qu’elle m’a donné des conseils pour bien les ranger.


Consciencieusement, elle entreprit d’aligner les vieilles bouteilles recouvertes de poussières à côté des autres, fière de son ouvrage et d’avoir encore une fois rendu service au Châtelain.
Enfin, elle replaça les pièges à loup et referma à clé la cave avant de remonter en sa chambrée.
Demain, elle devrait se concentrer sur la chasse à la chèvre, si jamais les biquettes étaient encore dans le champ…

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Le risque, c'est la vie même. On ne peut risquer que sa vie.
Et si on ne la risque pas, on ne vit pas.
.mahaut.
Au petit matin de ce novembre brumeux, des charrettes approchaient de la baronnie, silencieuses.
L'aspect calme des charrettes rassura les gardes. Au moins les folles n'étaient pas revenues. Le baron avait du perdre l'esprit quand il avait confié la garde du domaine à ces deux furies. Dieu sait ce qu'elles avaient fait pour obtenir ça. D'ailleurs l'une clamait qu'elle allait épouser le Baron. Soit il était fou, soit il... ben il était fou.
Quand les charrettes s'arrêtèrent à l'entrée, ils jetèrent un œil circonspect sur les couleurs qui apparaissaient sous la boue. Non. C'était impossible. Pas ça, Aristote ne le permettrait pas.

Et pourtant.

Maurice, recule.
Hein, pourquoi ?
Y'a du rose...
QUOI ? NON !
Crie pas bondieu ! On dirait qu'elles dorment... Bon, gardons notre calme...
On va tous mourir...
Tu sais que tu n'aides pas, là ?
On va tous mourir... On va tous mourir... On va tous mourir...
Bon. On évacue la zone. Vite. On dira qu'elles sont entrées par effraction.

Elles ont les clés du château je te signale. Données en mains propres par le Baron.
Foutu noble... Bon. Donc on les laisse là, et on fait mine qu'on a du travail à faire. N'importe où mais pas là. Vite.


Les deux gardes s'enfuirent en courant. A l'intérieur des charrettes, le calme régnait toujours. Barbezieux connaissait ses derniers instants de répit.

Gnnn... NON PAS LE LIMOUSIIIN, NON !!!


Epée souillée de sang séché à la main, une Mahaut hirsute sortit en trombe de la charrette. Et se vautra par terre, comme d'habitude.

Putain de sol, pourriez dire qu'il y avait une marche ! Bon... Où est-on ? Voyons... Je me souviens d'une forêt, d'un ami attaqué par des renards, pis d'une taverne qui brûle...

Elle se concentra un instant en se pinçant l'arrête du nez. Elle s'était faite une promesse. Plus jamais le Limousin. Ou alors juste pour mettre le feu. D'ailleurs elles avaient foutu le feu en partant. En hommage à leur sens de l'accueil.
Bref, elles avaient pris la route du PA et vers 3 heures du matin, elles avaient décidé de rentrer à Barbez...


AAAAAAAAAAAAAAAH ! Je baise ton sol, pays adoré ! ON EST A LA MAISOOOOOOON !


Sautillant partout en hurlant de joie, elle fit le tour de la cour en saluant tous les éléments connus. Même les gardes, là haut sur les remparts qui faisaient mine de pas la voir.

Bonjour, botte de foin ! Bonjour, pierre ! Bonjour, arbre ! Bonjour, tombe ! Bonjour tombe aussi ! Et bonjour tom... Oh m.erde.

Pétrifiée elle regarda les tombes alignées dans un coin de la cour. Cocottine, Jacquotte, Couqueline, Craquignotte, Pumette, Ergottine. Oooooh m.erde... Matpel allait la tuer. Elle se précipita dans la cour réservée aux protégées emplumées du Baron.

Pourvu qu'il en reste, pourvu qu'il en reste. Youhouuuu, y'a quelqu'un ?


Les dernières rescapées se planquaient dans le poulailler, mortes de trouille.

Je vois. Bon, les filles, on va passer un accord, vous et moi. Je vous touche pas. Et en contrepartie je vais mettre d'autres poules pour remplacer les manquantes, d'accord ? Alors quand le Baron va rentrer, je vous demande de faire comme si de rien n'était d'accord ? Ça me paraît raisonnable... Restez naturelles surtout.

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--Leonard_de_chianti


Excusez-moi, mon brave, je cherche le domaine de Barbézié.
Gné ?
Ah, je vois. Regardez, le nom écrit ici. Je prononce mal, je m'excuse, j'arrive de loin et...
J'sais pas lire.
Ah ? C'est fort dommageable. Il existe des techniques assez simples, vous savez... Personnellement j'ai appris à lire dès mes 3 printemps et j'ai ainsi entamé l'étude du grec vers 4 ans ce qui m'a permis de... Vous ne m'écoutez pas.
Hein ?
Bon. Je vais chercher Barzébié seul, merci mon brave.
Ah 'tendez ! C'est Barbezieux que vous cherchez ?
Ah c'est fort possible, oui ! Comment dites-vous ? Je vais le noter dans mon calepin car j'ai trouvé un système de notation phonétique, voyez-vous, ce qui est fort utile pour l'acquisition des langues étrangè...
C'est la route là-bas.
Ah, là bas ? Vous avez pensé à mettre en place une signalisation ? C'est tellement plus simple et c'est très utile car je vous assure il est... Oh. Vous êtes parti. He bien au revoir messire.


Léonard remit son cheval sur la bonne direction et admira le paysage. Le Périgord. Bien loin de son Italie natale. Mais il était temps de voir du pays d'autant que l'offre était des plus alléchantes... "On vous paiera des miyions". Du vieux français sans doute.
Et puis le Duc avait été très clair, à Florence. Oui, son invention de catapulte améliorée avait été un succès. Oui, la bataille resterait dans les annales des maîtres en stratégie. Mais comme la bataille la plus catastrophique de tous les temps. Car un inventeur de génie avait eu la bonne idée de dévoiler au camp d'en face la technique mille fois plus efficace des canons à boulets rouges. D'un point de vue technique, c'était imparable. D'un point de vue mécénat d'inventeurs pour servir la gloire de la Cité, ça l'était moins.

Léonard avait donc jugé très opportun cette proposition de "fère revivr ce chato qui é pas bo é en fère une merveye".
Loin, très loin de Florence.

Au loin, il apercevait ce qui ressemblait encore à un château fort. Oui, les français avaient décidément besoin d'un peu de raffinement. Et en même temps, quelle réalisation technique ! Du haut de ses remparts on devait pouvoir jeter fort opportunément de la mélasse enflammée sur les assaillants, peut-être avec un système de poulie afin d'établir un roulement et une productivité accrue et...

Rapidement, il griffonna une arme de destruction massive sur son calepin. Le chant d'un oiseau lui fit lever la tête. Un oiseau...
Machinalement, il dessina la structure du squelette du moineau ce qui lui donna l'idée d'un appareil permettant à l'homme de planer s'il se donnait la peine de se laisser tomber dans le vide d'assez haut. A ce propos, il était urgent d'inventer un système d'élévation élaboré digne de ce nom et...

Aussi machinalement qu'avant, tout en se laissant porter par les pas de son cheval qui le menait aux portes du domaine, il dessina ce qui serait le premier ascenseur au monde, si seulement on pouvait trouver un système d'énergie suffisamment puissant pour pouvoir actionner la roue de...

Le cheval ne bougeait plus. Il leva la tête. Ah, les portes de Barbezieux, fort bien. Avisant un garde sur les remparts, il fit un signe de la main.


Bien le bonjour, messire. J'ai été mandé par les dames propriétaires de ce château et j'arrive d'Italie. Je suis fourbu et je souhaiterai aller poser mes affaires au plus vite, pourriez-vous me laisser entrer ? J'ai un papier qui prouve qui je suis ! dit-il en agitant le parchemin qu'il avait reçu.
ELLES NE SONT PAS PROPRIÉTAIRES TUDIEU ! Elles sont gestionnaires !!
Ah. Fort bien, fort bien, je note le terme. Quoi qu'il en soit, serait-il possible de les rencontrer ?
Ouais. Ça va pas traîner. Bougez pas.

Le garde fit tinter deux bouteilles l'une contre l'autre. Aussitôt, un brouhaha retentit dans le château.


Oh quel ingénieux système de sonnette ! Saviez-vous qu'on pourrait sûrement l'améliorer en posant ça et là quelques...


La porte s'ouvrit.

Ah, enchanté, Dame. Je suis Léonard, Léonard de Chianti. Vous m'avez fait venir à propos d'aménagements à apporter à votre domaine. J'ai hâte de m'y atteler.
Orkaange7876
Ork dormait dans la plus grande chambre de la plus haute tour du chateau.. Celle ousqu'il y avait marqué "Chanbre d'Orka, propriellété privée, Mao intherdite"en lettres dorées sur fond rose évidemment. Forcément dans une chambre noble on dort mieux. Surtout quand on a ses bouteilles doudou éparpillées à côté de soi. Elle bavait sur l'oreiller moelleux, émettant des petits cris de joie dans ses rêves éthyliques

ooh du pommard.. de la mirabelle.. mais oui j'en veux bien encore une bouteille, mais juste une hein? faut pas abuser quand même.. Oh qu'il est doux d'entendre des bouteilles tinter.. que ce son sonne bien à mes oreilles..
*dressage brusque de la blonde dans le lit*HAAAN LA SONNETTE MAOOOOOOOOOOO.. ON SONNE...MAOOOOOOOOOOOOOOO.... Pfff faut tout faire soi même ici, on peut même plus compter sur ses presques soeurs

c'est donc une blonde débraillée et échevelée qui se présenta à la grande porte de Barbezieux ce matin là, de fort mauvaise humeur passque réveiller la baleine sans lui présenter ne serait ce qu'un tout petit verre, s'était s'exposer à ses fourches caudines

Quoiii.. Zavez vu l'heure crétin?? scomme ça qu'on réveille ses patronnes??
Bah scuzez hein patronne.. grmbl grmbl ce qu'il faut pas dire.. chte jure que quand l'patron rentre, si il garde les deux alcoolos j'lui colle ma dem illico.. mais un messire avec un accent italien demande après vous..
Ah et il veut quoi le rital??
Ben chais pas moi.. vous voir stout..
gniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii... Blaaaaaaaaaaaaaaaam

Ah, enchanté, Dame. Je suis Léonard, Léonard de Chianti. Vous m'avez fait venir à propos d'aménagements à apporter à votre domaine. J'ai hâte de m'y atteler.

Aaaaaah.. Léonard.. zavez eu notre poule?? Et dites à ce propos l'avez pas ramené?? nan passque le cheptel s'amenuise drolement ces derniers temps, et le roudoudou de Mahaut il va pas être content je sens.. Mais là n'est pas le sujet. Entrez donc chuis contente de vous voir. Figurez vous que le propriétaire de ces lieux n'a Habsolument aucun goût pour la peinture.. Faut l'excuser, spas facile quand on est rouquin aussi.. faut comprendre, il part avec un lourd handicap.... Il a donc fait appel à nous.. 'fin surtout à moi hein, il sait bien qui a bon gout dans l'affaire.. et nous a donné carte blanche, ainsi que accès illimité aux écus du domaine, pour redécorer ce château. On aimerait que vous fassiez des protraits géants de nous pour mettre dans la grande salle.. Suivez moi j'vais vous montrer
MAOOOOOOOOOOOOOOOO.. Le barbouilleur rital est arrivé ramène ta fraiiiiise

[/i]
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Quand on est plus de quatre on est une bande de cons. A fortiori, moins de deux, c'est l'idéal.
.mahaut.
[Dans la partie la plus importante du château]
[Après la cave]
[Dans la cour des poules, donc]
[Suivez un peu, quoi...]


Mahaut regardait les nouvelles poules introduites en remplacement des victimes des expériences culinaires de Lynette. C'était parfait, Matpel ne se rendrait compte de rien.
Certes, elles étaient un poil plus petites que les vraies. Certes, les vraies étaient noires et les nouvelles rousses. Certes, elles n'avaient pas le panache des vraies.
Mais c'était des poules, non ? Puis rousses, ça allait lui faire plaisir au rou... au blond vénitien.

Elle hésitait quand même. Il risquait de se fâcher tout rouge, ce qui jurait vraiment avec ses cheveux (on l'a dit tellement souvent que tous les lecteurs le savent mais je redis juste au cas où). Et puis, même en étant bourrée, elle voyait bien que la différence sautait aux yeux. Non, décidément, il fallait faire quelque chose.
Soudain, ce fut l'illumination.


Je sais ! J'vais vous peindre en noir ! Il n'y verra rien ! Ha ha, quelle idée brillante !

Elle but une gorgée à la bouteille et s'attela à chercher de la teinture noire, ce qui n'est pas si évident quand on est adepte du rose. Parvenant par une chance insolente (et une narratrice complaisante) à trouver un pot, elle dégaina de sa besace un petit pinceau qu'elle trempa en tâchant de ne rien renverser. Ce en quoi elle échoua lamentablement.

Allez, les filles, viendez ! On va faire ça plume par plume, pour plus de réalisme. Ah et vous resterez les plumes en éventail le temps que ça sèche. Je ne veux pas que ça abîme la couleur. Faut souffrir pour être belle !
Alors, par quelle plume je commence ?


En farfouillant sur l'aile d'une poule parfaitement immobile par la peur, elle peint une petite plume en tirant la langue pour ne pas déborder. Rejetant la tête en arrière pour juger du résultat, elle siffla d'admiration.

C'est pas possible, j'ai un don !

Et modeste avec ça. Mais soudain, un cri autrement plus gracieux que les caquètements des poules retentit.


MAOOOOOOOOOOOOOOOO.. Le barbouilleur rital est arrivé ramène ta fraiiiiise

Elle reposa la poule gracieusement (c'est-à-dire qu'elle la balança par terre) et courut à la porte. Ork était là, les cheveux en désordre devant un homme. Ah, l'artiste était là, parfait !

Bonjouuuuur ! Oh j'adore votre pourpoint ! C'est Italien, non ? Ca se voit de suite, le coupé est parfait, c'est siiiii tendance ! Allez, entrez, soyez le bienvenu, on va vous faire visiter ! Hé, vous là haut ! chais plus votre nom, là... GAAAAARDE ! Ouais, vous, là ! Vous vous occuperez des affaires de messire. Il est notre invité.

Elle prit Léonard par le bras et le fit rentrer dans la grande pièce du bas qui servait auparavant de salle à manger et désormais de... ben d'étalage de soieries diverses mais colorées. Elle désigna le grand mur où étaient d'ordinaire accrochées les armes du baron.

Voilà, c'est là. On voudrait nos portraits. En grandeur nature. Et pourquoi pas une mise en situation, vous voyez ? Genre "les bienfaitrices du royaume apportant grâce et subsistance aux nécessiteux" par exemple. Enfin vous êtes libre. Ah et un portrait du baron aussi. Un petit, vite fait. Histoire qu'il ronchonne pas, quoi.


Espoir, quand tu nous fais vivre...

Ça vous inspire au moins ?
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--Leonard_de_chianti


Léonard recula sous le coup de la surprise. Fichtre, la dame était bien différente des grandes dames florentines. Manifestement, la retenue n'était pas posée ici comme vertu. Il en prit note mentalement.

Barbouilleur rital ?

Il en prit note également. Barbouilleur. Rital.
Une chanson de son pays lui vint en tête. "Je suis rital et je le reeeeeste, dans le verbe et dans le geeeeste !". Mais il était trop tôt pour montrer ses incroyables talents musicaux.
Une jeune fille arriva et admira sa tenue.

Ah.

Il nota mentalement que les nobles du coin ne pratiquaient pas la révérence. Etrange, il les pensait très à cheval là dessus. Après tout il s'était fait anoblir par le Comte quand il avait réalisé cet escalier à deux volutes pour orner la galerie principale du château. Oui, bon ça servait surtout à évacuer la maîtresse du Comte quand sa femme arrivait mais quand même, ça valait bien un anoblissement. Léonard DE Chianti. Nanmého.

La brune le prit par le bras et l'attira dans le château.

La pièce était de belles proportions et ornée d'une grande cheminée. Oh, avec un système de tourne-broches à trois niveaux, on pourrait certainement faire cuire à la fois du gibier et de la volaille par un système de manivelle qui assurerait une cuisson idéale et régulière. Et pourquoi pas un système de cuillers automatisées pour arroser le tout ?


Voilà, c'est là. On voudrait nos portraits. En grandeur nature. Et pourquoi pas une mise en situation, vous voyez ? Genre "les bienfaitrices du royaume apportant grâce et subsistance aux nécessiteux" par exemple. Enfin vous êtes libre. Ah et un portrait du baron aussi. Un petit, vite fait. Histoire qu'il ronchonne pas, quoi.

Il tourna la tête vivement.

Vous dites ? Des tableaux ? Mais naturellement ! Avec un effet de perspective et peut-être du sfumato bleuté, non ? Non ? Ne me regardez pas comme ça, vous me faites peur...

Bon, je vois. Une mise en situation donc. Plutôt mettre en avant le côté bienfaiteur donc, pas guerrier ou conquérant alors ?

Hmmm... Je vois. Je vois un miséreux au sol levant un regard éperdu de reconnaissance. Vous, dame Orkaange, vous lèverez vers le ciel une corne d'abondance. Vous, dame Mahaut, serez penchée en train de verser à boire à ce pauvre miséreux. J'ai bien noté votre ingénieux système de ceinture à bouteilles. Mes félicitations, je pourrais peut-être l'améliorer.

Au fond du tableau, le domaine avec le château et peut-être quelques réalisations personnelles ? J'ai un très joli trébuchet qu'il me tarde d'essayer sur des murailles bien épaisses. Ah et aussi des idées de sculptures. Bref.
Cela vous conviendrait-il ?

Ah et pour le portrait du baron, il faudra me le décrire, que je fasse un portrait réaliste.

Tout en devisant, il crayonnait diverses pages de son calepin, réalisant esquisses, plans d'armes de jet, crayonnés de drapés sur une chaise, une nature morte dite "à la mirabelle et au lapin, un matin d'automne" ainsi qu'un formidable concept de "bouteille à poignée intégrée soufflée d'un seul ensemble". Ah, et une ceinture porte bouteilles améliorées.

Oui, il était un peu fatigué ce matin, l'inspiration ne venait pas.
.mahaut.
Du sfumato ? Mais il avait sfumé lui ou quoi ? (pardon, c'est nul...)

Heureusement, le peintre sembla percevoir son désappointement, pourtant léger, qui s'était exprimé quand elle avait froncé les sourcils et esquissé le geste de lui montrer son arme.

Le Grand Machin devait être avec lui (et avec notre foie), car l'homme proposa bien vite un contenu pictural de haut niveau.
Elle se voyait déjà poser pour le tableau, un pied sur un gueux au sol, et une grande bouteille à la main, en train de verser le tout dans une chopine, tout en goûtant "histoire que ce soit pas bouchonné".

Oui, ça aurait de l'allure, c'est sûr. Enfin, dès qu'elle saurait ce qu'était une corne d'abondance. Sans doute était-ce une vache, répondant au doux nom d'Abondance, et Orka devrait tenir une de ses cornes pour euh... pour montrer qu'elle aimait les vaches ? Oui, certainement. Il faudrait qu'elle négocie la présence d'une poule aussi.


Ce serait par-fait, vraiment parfait. Bien, le mur ici est à votre disposition. Fresque ou tableau, peu importe mais que ça en jette hein ? Et que ce soit grand. Pour aider les vieilles personnes à voir, évidemment, pas par envie de se mettre en avant, on n'est pas comme ça.


Elle ne put retenir un léger sourire.


Ah et pour le portrait du baron, il faudra me le décrire, que je fasse un portrait réaliste.

Oh la la... Décrire le baron ? Alors il est à peu près grand comme ça, mais ça ne sert à rien vu que ce sera un petit portrait. Alors il est euh... Ben il a deux yeux, déjà. Un nez. De taille normale. Et droit. c'est assez rare pour un soldat d'ailleurs. Deux oreilles aussi. Une de chaque côté, voyez comme il est bien équipé. Ensuite... Une bouche ! Qui dit souvent "NON" ou "QU'EST-CE QUE TU AS ENCORE FAIT ?" ou "AARGH" ou même "GARDES ! EMMENEZ LA LOIN D'ICI". Sinon sa devise personnelle c'est "Beuaaaarh". Je sais. Ne dites rien. Faut pas chercher, c'est un truc de soldat.
Ah et sinon pour les cheveux il est...


Elle le regarda embêtée. Fallait-il privilégier la ressemblance ou mettre en avant le coté moral ?

Il est blond vénitien. Plus vénitien que blond d'ailleurs. Vous savez, vénitien comme ça, là.

Elle désigna une orange.

Vous voulez dire qu'il est rou...

Blond vénitien, voilà !! Au pire, vous lui mettez un casque ça donnera un air martial. Et n'oubliez pas le "Beuaaarh" aussi. En fond, mettez un truc guerrier. Et des petits chats, c'est mignon des petits chats. Ou alors un dauphin. Ou un ourson, j'hésite. Ah si je sais ! Un poussin, ça lui fera plaisir.

Un bruit de verre brisé retentit dans l'entrée, suivi d'aboiements frénétiques.

Ah, on a du courrier !! On a trouvé ce système de sonnette pour le courrier, c'est très pratique, ça vous plairait. On a mis une mangeoire juste au dessus de la collection de vases précieux du baron. Quand on pigeon arrive, il se pose en équilibre et quand Trax le voit, il saute pour l'attrapper, faisant tomber le vase, ce qui nous prévient de la présence d'un message. Astucieux, non ? bien sûr on recolle quand c'est possible hein...

Tout en devisant, elle était allée chercher un pigeon sanguinolent et déroula le parchemin. Au fur et à mesure de la lecture laborieuse, un gloussement s'échappa.

PAR-FAIT ! Ecoutez, on va vous laisser le château pour les travaux. Faites comme chez vous, entrainez vous avec vos petites machines hein. On a une escorte à faire, vous savez ce que c'est quand on a des responsabilités. Je pars refaire mes bagages. Voilà, levez des impôts quand vous n'aurez plus d'argent pour les aménagements, hein, faites comme chez vous.

Elle planta le peintre et grimpa les escaliers en hurlant :

EXCELLEEEENCEUH, faut m'appeler Excellence ! Yaaaahaaaa ! Tout le monde à genoux ! Oh mais mon dieu...
IL VA ME FALLOIR UNE ROBEUUUH !
J'ai rien à me mettre c'est affreuuuux !

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Léonard_de_chianti, incarné par Lotx
LJD Léonard n'ayant pas sa marionnette en PA, je poste pour elle en PNJ incarné.



L’italien regarda la pierre s’élever dans les airs et suivit son trajet avec attention. Au milieu de la trajectoire, il griffonna nerveusement un « trop long » sur son calepin. Se retournant vers la catapulte, il ignora superbement le bruit de pierres s’écrasant dans les murailles derrière lui.

Il va falloir réduire le cordage cette fois.

Les hommes réquisitionnés pour les travaux le regardèrent et l’un d’eux leva timidement un doigt.

Messire ? Juste comme ça, pour savoir… La muraille ouest est tombée. Celle du nord est criblée d’impacts. Celle du sud menace à tout instant de s’effondrer. On… On va peut-être arrêter, non ? Il paraît que le baron va rentrer et j’ai comme dans l’idée qu’il trouvera à redire sur quelques petits détails.

Vous croyez ? Vous pensez qu’il aura un point de vue sur les améliorations techniques ? C’est un homme de guerre, il doit avoir de l’expérience sur la question… Est-ce qu’il aime les armes de jet ?

Euh… Il jette souvent ses bouteilles vides par terre… Enfin il tire à l’arc aussi.
L’arc ? Une technique intéressante, mais réduite depuis mon invention de l’arbalète que j’ai fort bien vendue au roy anglois et qui… un arc vous dites ? Que n’y avais-je pensé plus tôt !! Vous êtes un génie, mon brave !

L’homme en question regarda bouche bée l’italien se précipiter vers la catapulte et ordonner aux autres de modifier le système selon les dessins explicatifs qu’il venait de réaliser à toute vitesse sur son calepin.
Après deux heures de travaux, que l’italien mit à profit en dessinant négligemment une étude du système nerveux de la main ainsi qu’une analyse pointue des principes optiques, une nouvelle catapulte fut placée à distance raisonnable de la muraille sud.


Cette fois, pas de problèmes, l’axe restera stable et non plongeant. Droit et fort, ce sera parfait. Faites tirer la corde par les bœufs !

Sur les ordres, la corde se tendit et l’on plaça un nouveau projectile en place.

Uno ! Due ! Tre !

L’attention retint son souffle.

Dites… Vous attendez quoi au juste ?
Ben… votre signal non ?
Ah, je vois. Donc on va dire que « tre » ce sera le signal, d’accord ? Ca veut dire « Trois » en fait, vous savez…
Ah, comme la ville ? Et pourquoi on ne dit pas « Barbezieux » ? Ce serait plus adapté non ?
Par Aristote, vous êtes fascinant… Il faudra que je pense à vous analyser. Soit, donc… BARBEZIEUX !

Silence gêné.

Bon, allez-y. Ce sera plus simple.

La corde claqua sous le coup de hache. La pierre fila vers la muraille sud qui s’effondra proprement.

Léonard sauta de joie et applaudit à tout rompre, inconscient du silence embarrassé autour de lui. Seul Dédé applaudit avec lui, mais lui parce qu’il croyait que c’était l’heure d’aller manger.


Fantastique ! Merveilleux ! Deux ou trois détails techniques à régler et… oui ?
Et si on visait autre chose que le château ? Comme je l’ai déjà dit, le baron va rentrer et… Ben, comment dire… On est là et tout pour surveiller hein ? Mais là… objectivement…
Allez au fond de votre pensée mon brave.
C’est-à-dire qu’il n’y a plus de murailles, là. Et niveau sécurité on a vu mieux, voyez ?
Oh, vous croyez que ça pose problème ? Moi à mon avis ça dissuadera les gens… Ils verront de suite qu’on possède ici une arme de guerre très efficace.
Euh…
Et c’est aussi de la guerre psychologique. Montrer une apparente faiblesse pour mieux surprendre l’adversaire.
Et c’est quoi la surprise ? Non parce que là ça pourrait servir hein…
Je n’y ai pas encore réfléchi mais ça viendra. Oh et regardez ! Ca fait une vue très dégagée vers le sud ! Plein de lumière dans le grand salon ! C’est merveilleux pour mes portraits ! Et voyez comme on peut admirer l’architecture du château ! Merveilleux, il faut que je dessine ça ! Où ai-je mis mon calepin ?

En silence, morts de peur, les habitants des hameaux voisins empilaient leurs affaires dans leurs charrettes et s’éloignaient précipitamment, enfants et animaux sous le bras. Les gardes les regardèrent faire, impuissants.

Il va pas aimer, le baron, hein ?
Non, il va pas aimer…
Faut avouer, c’est joli cette ouverture quand même…

Ben quoi ?
Ferme la.
Rabat-joie, va.
--Leonard_de_chianti
[Barbezieux, en décembre, arrivée d'Anatole auprès du grand et unique Léonard de Chianti]

Vous semblez perplexe.
C'est... c'est normal le trou dans les remparts ?
Une ouverture magnifique. Regardez comme on aperçoit les techniques de moulures sur les portants des fenêtres !
Ah oui. Ce sont des gargouilles ?
Ah non, ce sont des moulures d'oiseaux. Mais j'ai voulu montrer leur constitution en plusieurs étapes. D'abord le squelette, puis les tendons, après le réseau veineux, notez que c'est tout à fait unique parce que les ailes...
Non je ne veux pas savoir. Vraiment. C'est... pas très joli... C'est... instructif, voilà. C'est le mot que je cherchais.
Merci mon brave. Vous pensez que je devrais mettre des panneaux explicatifs à côté ? Oh, avec un système de poulie interne pour ne pas dénaturer l'harmonie de l'ensemble !
Si vous voulez. Dites, à la base, j'avais un courrier pour vous.
Oh ? De la part de ?
La folle. Brune.
Ah, la propriétaire. Et qu'est-ce que ça dit ?
Elle va bien, elle est à Bergerac, elle essaiera de passer rapidement voir les portraits. Elle demande si le baron est passé et si les poules vont bien. Elle a précisé "les fausses". Je vous avoue que ça m'inquiète un peu. Il y a de fausses poules ?
Ah, elle fait peut-être allusion aux poules-ours. C'est une légende qui court sur les hauts plateaux d'Arabie, figurez vous que c'est très intéressant, cet animal aurait le don de glacer les ennemis de peur par son cri. Et seuls des alcooliques pourraient l'approcher.
Ça pourrait coller. Vous en avez ici ?
Pas que je sache mais je vais lancer une expédition ! C'est follement excitant ! Regardez ! Pas plus tard qu'hier j'ai dessiné une vision personnelle du serpent-vache, un animal dont la légende dit qu'il peut...
JUSTE CIEL QUELLE HORREUR !
Ah, c'est les cornes. Vous trouvez que c'est en trop ?
Je parle du tableau derrière vous ! Que... Oh mon dieu... Tout ce rose...
Ah, ça ! J'ai tenté de garder leurs couleurs naturelles. J'ai eu du mal au niveau de l'harmonie "rose-vert-bleu-rouge-paillettes". Figurez-vous que ça jurait un peu. Du coup j'ai établi clairement un cercle de couleurs, j'appelle ça le cercle chromatique, et vous savez quoi ? Elles possèdent toutes les teintes dans leurs gardes-robes ! Inouï, non ? Oh, vous êtes tout vert. Vous vous sentez mal ?
C'est tellement réaliste que j'ai l'impression qu'elles vont me hurler dessus dans la minute qui vient. Je préfère vous laisser.
Comme vous le souhaitez. Attention en sortant, je teste un nouveau système de grille de défense avec abattage de pics sur un rythme irrégulier en 3-7-4 pour surprendre l'ennemi. Il faut que vous fassiez 3 pas puis une pause de 17 secondes avant de vous déplacer d'un pas à gauche. Ensuite pause de 5 secondes et avancez de 15 pas. Nouvelle pause de 36 secondes puis, courez très vite. Un coup à finir embroché si vous n'êtes pas reveillé. AH AH AH.
Ah. Ah. Ah.
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