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Novembre 1457. De passage à Blois, Karyl fait la connaissance de Milo...

[RP] J't'apprends à nager si tu m'apprends à m'battre

Milo
[Blois, quelques jours avant la délivrance]

On ne peut plus perplexe. Qui ne le serait pas, face à la demande ? Mais, avant toute chose, revenons à ce qu'il l'a amené ici.

Une autre rencontre pour le moins étonnante en taverne. Nulle question de sentiment ici, juste ce genre de rencontre que l'on fait parfois, au détour d'un chemin, d'une ruelle. De celle auxquelles on ne s'attend pas, qui restent gravées quelque-part. Pas de sentiments ici. Non. Juste la rencontre entre un gamin paumé et un géant désabusé par la vie.

Blois, encore et toujours. Au Vieux Forban, pour ne pas changer les bonnes vieilles habitudes. Une envie de voir la brune, si elle le veut, et peut-être aussi, de faire chier le monde comme il sait si bien le faire. Allez savoir pourquoi il est ainsi, lui-même s'en doute sans jamais se l'avouer. La porte du bouge est poussée, après une journée de plus passée à la mine. Un travail peu harassant pour le convalescent qu'il était, celui de distribuer pioches et pelles aux mineurs.

Et là, parmi les faibles lueurs des torches, il a vu un visage trop creusé, les yeux espiègles, curieux comme pas possible, et surtout, aussi bavard qu'une pie. Un peu comme lui, en quelque sorte. Ho certes, ils n'ont que ça en commun. Leur blondeur, leur curiosité, leur bavardage incessant. Mais ça, ça fait sourire le géant, et ça lui rappelle sa propre enfance. Alors il s'est assis, écoutant d'un air distrait la conversation entre lui et Alix. Souriant en coin quand la fameuse question franchit ses lèvres « Mais tu es qui, toi ? ».

Grande question, celle là. Qui est-il ? Un blond paumé. Désabusé et railleur, amusé de voir ses pairs chercher toujours à rentrer les gens dans des cases. Qui est-il ? Juste une âme égarée comme tant d'autres, cherchant la rédemption et à fuir ses propres démons. Pourtant... « Un blond... Ou Milo, c'toi qui vois ».

Et la conversation a ainsi dérivé, entre curiosité enfantine et amusement d'un adulte las. Comme toujours, sa senestre gantée attire l'attention, questions posées silencieusement dans les regards furtifs qu'il peut deviner parfois. Mais, par dessus tout, c'est ce compromis qui le laisse perplexe. En échange d'apprendre à nager, il doit lui apprendre à se battre. Situation ironique, pour lui qui n'aime pas se battre et qui n'a appris à manier l'épée que quelques mois plus tôt, sans avoir aucun rappel derrière.

Sa dextre vient masser sa senestre, alors que les Azurs observent l'enfant d'un air circonspect, et détaillent un peu plus l'endroit. La journée reste belle, bien que fraîche en ce milieu d'automne. Le soleil, bien que timide, ajout au rouge d'une feuille ou au vert de l'herbe une légère teinte dorée, scintillante lorsqu'elle accroche les gouttes tremblotantes, vestiges de la rosée du matin.

Une clairière comme il les aime, aux arbres bandant leurs ramifications haut vers le ciel, abandonnant les retardataires encore collées à leurs branches, feuilles qui, fatiguées par une trop longue route, abandonnent la partie sans demander leur reste. Pas de ruisseau pour une fois, mais une herbe que l'on devine grasse et abondante au printemps.


- T'es sûr qu'tu veux ça ? J'suis vraiment mauvais br'tteur. A peine si j'sais t'nir une lame.

Fait parfaitement acquis. Lui qui est gaucher, il a vite oublié l'apprentissage effectué avec une brune, un jour plus chaud que celui-ci. Et l'état de sa main gantée n'est pas fait pour l'aider. Mais le môme a voulu, alors il est bien obligé. La lame battant son côté droit lui semble soudain excessivement lourde, alors qu'il déglutit.

- T'veux pas plutôt m'dire c'qu'un gamin comme toi fout ici, tout seul ?

Ou comment détourner l'attention sur autre chose, priant pour que cette lubie s'efface aussi vite arrivée.
Karyl
[Sur les chemins]

Il avait marché, marché sans s’arrêter le long des routes qui devaient le mener à ses rêves. L’est face à lui… enfin. Il avait laissé Saumur dans son dos telle la page usée d’un livre que l’on tourne. Il avait fuit à dire vrai, sur un coup de tête, une blessure au cœur.

Touraine traversée. Hésitation au détour de Chinon … Le nord ou le sud ? Tours ou bien loches ?
Onyx tournés vers Loches, l’enfant se surpris à sourire revoyant, image fuguasse, le visage de celle auprès de qui il aurait du être en cet instant. Cœur serré alors que lui revenait en mémoire ce geste irréfléchi où simplement heureux il avait courut dans ses bras. Pas fébrile en direction du sud, espoir inavoué de vivre encore cette sensation mais l’enfant dodelina de la tête. Elle était avec les siens, lui n’était qu’un petit bout de rien pas même à la hauteur des espoirs d’un vieil homme. Tête baissée, regard voilé, il avait alors pris la direction de Tours. Elle voulait qu’il soit un homme. Il devait alors devenir digne de cette bague qui battait sa poitrine à chaque nouveau pas s’il voulait un jour aller voir la mer…

Décision avait été prise. Il aurait pourtant fait demi-tour le petit homme si seulement il avait su le tourment qu’il allait causer.
Mais voila, Il se disait homme et s’était pourtant permis de pleurer en rentrant à la ferme, avait pourtant émis une prière silencieuse de voir Félina franchir le seuil du cabanon cette nuit là, avait espéré que quelqu'un vienne le chercher. Il n’était pas un homme simplement un petit gamin apeuré. Alors comment concevoir que ses amis mercenaires tous si fort puissent encore vouloir de lui ?
Le cœur alourdit par la peine, la tête embrumée par ses certitudes et la crainte de lire dans les yeux d’une féline toute la culpabilité qui pesait sur ses épaules, il était si loin de se doute que son absence pourrait compter (*).

Il avait alors repris la route et marché, marché sans s’arrêter jusqu’à ce que le sommeil ne vienne l’emporter comme il emporte tous les enfants du monde quand la journée fut trop rude. Frêle silhouette émaciée, il devînt une proie facile pour les marauds des environs…
Et une nouvelle fois, l’histoire se répéta.



[Blois. Entre passé, rêves et insouciance]

Et malgré les épreuves qui l’avaient conduit et forcé à entrer dans Blois, le petit blond à l’allure encore plus bohème que d’ordinaire, dépouillé du moindre écu, n’avait rien perdu de sa curiosité enfantine. Ses blessures laissées aux portes de la ville, bien trop fier pour montrer un autre visage que celui d’une assurance sans faille, le mioche s’en était allé à la découverte des habitants. Peut-être parmi eux se cachait un de ceux que Karyl continuait de qualifier «d’intéressants » et qui pour l’heure prendrait le traits d’un habitant sachant manier l’épée… Nouvelle étape dans sa formation d’aventurier.


Une soirée en taverne plus tard, un poison revu et une tavernière amadouée, Karyl avait enfin trouvé un homme acceptant de l’initier. Presque aussi colosse que le colosse, le géant blond à la main gantée et à la parole acerbe accepta sa proposition et comme en d’autres temps, le petit vagabond à l’allure frêle se retrouva le lendemain dans une clairière, un sourire peint sur ses lèvres à l’idée de compléter son apprentissage.
Sourire qui se mua pourtant en une moue boudeuse lorsque le géant blond, resté muet durant le trajet, pris enfin la parole. Levant ses onyx vers un ciel azuré, Karyl, d’une voix neutre se contenta de répondre :


Tu me montres ce que tu sais faire et si je aime pas parce que tu fais pas bien et ben je m’en vais, d’accord ?


Nouveau compromis proposé à un géant tout à coup incertain essayant, comme la féline quelques mois plus tôt de détourner l’enfant de ses projets. Contrarié, le gamin porta ses poings sur ses hanches d’un air réprobateur fixant Milo de ses prunelles sombres et reprit :

Tu veux me apprendre ou pas ? Tu avais dit oui et les hommes ca dit pas non après avoir dit oui. Donc faut que tu me montres parce que moi je veux être un aventurier et que faut que je sais faire pour aller ou je veux aller.

Karyl éluda sciemment la dernière question du blond, il n’était pas vraiment là pour lui raconter sa vie et ne savait que dire de toute façon, Il était Karyl, juste Karyl, le reste appartenait à un passé auquel il ne souhaitait pas penser.

Après si tu me as appris bien on ferra le concours pour voir c’est qui le plus fort et si c’est moi qui gagne faut que tu me donnes quelque chose.

Le petit blond tacha de se mettre dans une position qu’il aurait qualifié de "position de combat" et attendit quelques instants, un sourire en coin au bord des lèvres que le géant commence la leçon et accepte sa dernière idée.


(*) Petit début de RP pour répondre au magnifique texte de Félina sur le RP le temps d'un Adieu... encore merci à toi
_________________
Un simple gamin des rues.
Milo
[Blois, une clairière quelconque]

Partagé entre l'hilarité et un certain malaise qui ne l'a pas quitté depuis sa rencontre avec le gamin, les Azurs subissent l'examen sans ciller. Ne pas faire part de ses sentiments dans certains cas est une chose que le géant a appris depuis longtemps, tant ils peuvent être sources d'attaques. Ce malaise qu'il éprouve, il y a réfléchit toute la nuit, guidé par la respiration légère de la brune. Et alors que l'enfant le regarde, indigné, la vérité commence peu à peu à s'imposer à lui. Il laisse de côté cette réflexion, alors que les Azurs railleuses plongent au coeur des Onyx, sourire tout aussi goguenard peint sur les lèvres.

- Soit... En même temps, j't'ai bien dit qu'j'savais pas faire grand chose, m'r'garde pas avec tes yeux d'morue fr'latée.

Sa dextre vient masser sa senestre alors qu'il reste silencieux un instant à la suite des paroles de l'enfant. Paroles qui prêtent à sourire, paroles que tous les enfants sont certains de pouvoir honorer, quand les adultes savent que c'est impossible.

- Pour sûr qu'j'vais t'apprendre. Il se baisse et penche la tête sur le côté, pour être à niveau. Mais t'sais, des fois, les hommes peuvent pas toujours honorer c'qu'ils disent. Faut jamais prendre pour acquis c'qu'on t'dit, jamais.

« Et je suis bien placé pour le savoir, mais comment pourrais-je t'expliquer, sans te raconter ce que j'ai vécu ? ». Il défait lentement la ceinture retenant le fourreau de l'épée, et l'épée en elle-même, puis va poser le tout près de Grani, lequel semble le regarder d'un air réprobateur. Haussement d'épaules alors que ses mains s'emparent de deux manches, l'un presque aussi haut que lui, l'autre beaucoup plus petit. Bâtons en mains, il s'approche du blondinet et l'observe prendre position, légèrement amusé.

- La preuve, j't'ai bien dit qu'j'savais pas m'battre à l'épée, alors j'vais t'apprendre l'bâton. Ca j'sais faire, et on pourra faire un concours ensuite pour voir qui qu'c'est l'plus fort. Clignement d'yeux alors qu'il se penche vers lui d'un air conspirateur. J't'avou'rais avoir emprunté l'épée d'Laudanum, comme elle dormait encore c'matin quand j'suis parti, m'suis dit qu'elle y v'rrait pas trop d'inconvénients. Puis, ajoutant autant pour lui-même que pour se justifier. D'toute façon, j'lui ai laissé un mot. Bien, on va commencer.

Gardant les deux manches en main, il prend le plus grand qu'il place entre les jambes de l'enfant, lui tapotant légèrement les mollets pour l'obliger à les écarter.

- Ecarte moi ça, d'jà. J'sais bien qu'on touche pas aux bijoux d'famille, m'enfin à ton âge, tu dois pas avoir grand chose à prot'ger. Puis, prenant à son tour la position pour lui montrer comment faire, il écarte les jambes, sa droite légèrement en avant afin de prendre appui plus facilement. T'es droitier ou gaucher ? Si t'es gaucher, t'fais comme moi, jambe droite en avant, s'non, c'est l'autre. Et tiens toi droit, t'vas pas faire un concours d'dos rond avec les hérissons.

Puis, il pose à terre le plus petit des bâtons pour Karyl, bout de bois qu'il a réussi à dénicher chez un bûcheron du coin, un peu trop grand pour lui, mais suffisant pour s'entraîner. De plus, cela ferait un bon exercice pour lui apprendre à maintenir son arme en équilibre.


- Prends ça, et tiens le comme moi. S'nestre en bas d'l'arme, dextre en haut, arme t'nue près du corps, mais suffisamment éloignée pour n'pas s'donner des coups par inadvertance. Compris ? Il se recule de plusieurs mètres avant de sourire en coin, lueur de défi jouant dans ses Azurs amusées fixant les Onyx, d'où perce une pointe de tristesse, vite enfouie parmi les éclats moqueurs. Allez, montre moi c'qu'tu sais faire, la b'lette.

Car ce malaise qu'il éprouve en présence de Karyl, il vient de le comprendre. C'est ce qui l'a poussé à fermer son coeur, lorsque Lycia a annoncé sans ambages qu'elle tuerait leur enfant. C'est ce qui lui a déchiré les entrailles, lorsque le sang abreuvait la terre, le visage crispé, aux Emeraudes sereines, lorsqu'elle a expiré son dernier souffle entre ses bras, il y a longtemps. Si Thor lui avait prêté vie, fille ou garçon, l'enfant aurait l'âge de Karyl. Si Thor lui avait prêté vie, il serait peut-être blond ou brun, aux yeux bleus ou verts, selon l'humeur de la nature à ce moment. Si Thor lui avait prêté vie... Ce serait à son enfant qu'il apprendrait ces gestes simples.
Karyl
[Blois, quand la leçon commence]

Toujours en position Karyl regarda le géant blond se dessaisir de l’épée qu’il portait pour prendre deux bâtons en mains avant de revenir vers lui. Une légère moue boudeuse se dessina sur ses traits quand il comprit que se ne serait pas encore pour cette fois qu’il apprendrait à manier une épée. Légère déception bien vite oubliée cependant car à la réflexion, apprendre à manier son bâton ne serait pas du luxe et puis, il n’avait pas encore d’épée à lui de toute manière. Pas question cependant de le montrer au blond aussi, il se contenta d’un : « Bon d’accord mais c’est parce que je sais que t’es nul en épée » qu'il accepta le changement de leçon.

Un sourire vînt tout de même remplacer sa moue boudeuse à l’idée d’un éventuel concours pour désigner le plus fort qu’il commenta d’un
« Si tu me apprends bien, je serais te battre. Si je sais pas c’est que tu me auras pas bien appris toute façon » qu’il lança provocateur à son professeur avant d’éclater de rire. Un rire qui s’accentua lorsque le géant lui expliqua la provenance de l’épée. Karyl n’eut pas grand peine à imaginer la fureur de laudanum qu’il avait qualifiée de « toute dure » en raison de son mauvais caractère et de sa facilité à expliquer à tous qu’elle n’aimait personne. Rien que pour cela, le géant blond gagna l’attention du petit blond lorsqu’il proposa de commencer la séance.

Les pieds presque joint, l’enfant baissa la tête pour regarder le géant lui faire adopter une position plus adapté. Position dans laquelle il se laissa entrainer sans ronchonner, curieux et attentif au moindre détail qu’il pourrait glaner. Et puis, lorsque son « professeur » se mit à son tour dans la bonne position à titre de démonstration, l’enfant s’appliqua à l’imiter avec fierté avant d’expliquer :

- Moi je suis gaucher, Georges il disait tout le temps que les gauchers c’était des enfants ratés mais moi je sais que c’est pas vrai et je sais que en faite il devait être jaloux. Tu es gaucher toi aussi ? On t’as grondé parce que tu étais gaucher toi ? Tu crois que je vais savoir faire aussi de la main droite? Louis il dit que son mère elle est euh.. abidex... elle sait faire les deux? Tu sais toi? Moi je serais abidex plus tard...

Le moulin à questions avait reprit sa place dans la bouche de Karyl dont l’esprit tournait à plein régime, trop content de pouvoir expliquait tout ce qu’il connaissait sur le sujet et d’en apprendre plus sur la question. Il finit pourtant par se taire lorsque le bâton qui lui était destiné fut posé à ses pieds et que le premier exercice commença.

A dire vrai, Karyl n’avait pas la moindre idée de ce qu’était une dextre ou une senestre mais il observa soigneusement la position du géant, ses mains, ses appuis. Et lors que se fut son tour de montrer ce qu’il savait faire le petit blond regarda son professeur avec assurance, se saisissant du bâton, se répétant dans la tête ce qu’il avait observé une minute plus tôt. « Jambe droite en avant, se tenir droit, la main gauche en bas de l'arme, la droite en haut, le bâton contre le corps ».
Ainsi en position, les mains surement trop proches l’une de l’autre et le bâton certainement pas assez, le petit blond regarda le géant d’un air triomphale, un large sourire au bord des lèvres, persuadé de sa position plus qu’exemplaire. Sa fierté se lisant sur le visage il dit alors :


T’as vu que je sais faire ? C’est bien hein ? Faut que tu me montres autre chose maintenant parce que c’est trop facile. Sauf si t’as peur que je sois plus fort …

Il regarda le géant avec un sourire narquois, légèrement provocateur puis, sans vraiment attendre de réponse de sa part par commença un combat féroce contre un ennemie imaginaire tout en s’avançant vers le géant à grand coup de bâton. Mouvements approximatifs, désordonnés accompagnés de cris censés faire peur à l’adversaire. L’enfant oublia déjà la rigueur nécessaire à tout entrainement préférant s’amuser tout en souhaitant montrer à son ainé ses différents enchainements longtemps répétés avec Louis au fond du champ de la vieille mère lucette.

Ce n’est qu’en arrivant presqu’aux pieds de l’homme ganté qu’il se stoppa et repris la position apprise quelques instants plus tôt, se figeant sur place avant de lancé :


T’as eu peur ? T’as vu hein que je sais déjà faire ? Tu me montre quoi maintenant ?

L’enfant leva alors ses onyx pour les plonger dans les azurs de l’homme en face de lui, le regard emplit d’excitation et un sourire devenu amadouant adoucissant ses traits juvéniles. La leçon ne venait que de commencer et une chose était sur, le géant blond allait avoir fort à faire pour canaliser et faire s’améliorer le gamin.

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Un simple gamin des rues.
Laudanum
[Interludes...]


L'auberge du Vieux Forban lui apparaissait désormais familière. Rien ou presque n'avait bougé dans la chambre, tout était disposé comme à son départ, comme s'il avait figé le temps dans l'attente de son retour. La chaise près de la porte, une pile de bandages, et quelques vêtements étendus près de l'âtre encore chaud, la poussière flottant dans un rai de lumière avec cette même légèreté. Seule l'aversion aujourd'hui affichée de la tenancière offrait une note folklorique au lieu. Le poison souriait aux silences expressifs, elle pouvait y lire le profond dégoût qu'elle éprouvait, et deviner les réalités renvoyées comme des miroirs aux angles tranchants. Deux mondes qui avaient tant de mal à cohabiter, des amis sécurisants à la naïveté désarmante, fidèles comme des chiens de compagnie qu'on a nourri contre un peu d'affection et qu'on a fini par aimer pour leur incapacité à juger. Ceux là lui laisseront toujours le sentiment d'être incomprise, et un accablant sentiment de solitude. Et puis cette routine à la saveur sucrée qui a fini par peser sur son estomac, qui a saturé ses papilles depuis si longtemps qu'elle en est devenue indigeste. Oui, la brune souriait à cette fuite inéluctable, dont elle percevait le sens caché et la détresse, elle souriait à son mépris, cynique. Elle en comprenait les raisons, des plus logiques aux plus inavouables, d'une gifle violente aux échos qui la firent retentir.

Le poison s'insinue dans les veines les plus fines et se mêle à sa victime, mais il n'est pas là pour la sauver. Laud ne faisait que de rares exceptions. Lorsqu'elle croisait un ange par exemple. Cet ange que le blond lui connaissait. Mais jamais il ne comprendrait leur lien, car il n'avait de sens que pour elles deux. Lucie était son ange, elle était son démon, et si elle était clairement éprise du blond, comme elle l'avait été de son atome, elle aimait Lucie comme une évidence, toute féminine.

Sa chevelure blonde, son sourire teinté de mélancolie, ses yeux qui se finissaient en amande et dont la profondeur ne connaissait pas de fin, ils inspiraient l'espoir de jour meilleurs...de jours meilleurs oui, mais à propos...quel jour étions nous? Il semblait déjà luire, tandis que ses yeux demeuraient clos mais elle n'aurait su le nommer trop occupée à s'extirper du songe dans lequel son 'esprit retors et plein de brume se complaisait.

Elle s'enroula dans la couverture, passa une main entre ses cuisses, et se retourna sur le dos, pour se rendre compte qu'il faisait plus frais dans ce lit, malgré le coton et la laine. Elle émergea, un oeil encore clos, contempla la place vide, et se redressa pour se lever. Sa nudité confrontée à l'air libre circulant dans la pièce provoqua une marée de frissons, qui s'intensifia lorsqu'elle se pencha au dessus du vasque posé sur la commode, et après qu'elle y eut versé un broc d'eau et entreprit de s'y laver.

Elle sourit, songeant avec humour à cette absence, se rappelant de sa conversation de la veille avec ce gamin recroisé en bas, qui réclamait qu'on lui apprenne à se battre. Elle imaginait les deux blonds en duel à l'épée, et ricanait intérieurement. Elle n'avait rien contre le mioche, mais comme elle s'était plut à lui répondre alors que de sa petite bouche il affirmait son aversion pour lui, elle n'aimait personne. Ce n'était pas vrai en totalité, car certaines exceptions confirment toujours une règle, mais une règle ne vise personne en particulier, rien de personnel donc.

Elle se vêtit ensuite et alors qu'elle allait attraper la ceinture de son fourreau, elle s'aperçut de la disparition de son épée. Un duel à l'épée, forcément... Haussant les épaules elle quitta la pièce et descendit en quête de quelque chose à manger avant de filer pêcher. Elle manqua de s'écraser au sol en marchant sur la queue d'un rat, et proféra quelques jurons de son cru en guise de châtiment. Sur que la bestiole y serait sensible.

Il se trouvait que la clairière où les deux apprentis guerriers s'exerçaient était sur son chemin, et bien que l'espérance d'un hameçon mordu par sa future victime la mettait en joie, elle s'attarda tout de même auprès d'eux, trop heureuse de pouvoir contempler leurs maladresses, et leurs possibles talents.

Elle les surprit tous deux aux prises avec des bâtons, ainsi ils avaient abandonné l'idée de croiser le fer. Pourquoi pas, après tout, avant de brandir l'épée il fallait être capable de brandir le poing.


Alors les blondes, la vieillesse pointe déjà à l'horizon? Le fer vous a déjà rouillé les articulations, ou vous vous apprêtez à construire un radeau?

La brune éclata de rire, et contempla le môme d'un oeil moqueur, mais dénué toutefois de méchanceté. Cet enfant allait grandir un jour, il fallait qu'il apprenne, maintenant, avant que l'orgueil et la virilité n'en aient fait un ennemi.
Milo
[Blois, deux blonds, une brune, une clairière]

Sourire en coin lorsque le gamin lui répond. Le géant a beau être bavard quand il le veut, il a trouvé son maître. Et quel maître ! Pas plus haut que trois pommes, un visage creusé, sale, une voix fluette, une carcasse maigre. Azurs aux éclats amusés qui plongent dans les Onyxs bavards, alors qu'il abandonne sa position pour planter le bâton dans le sol, et s'appuyer dessus. Pensif, il se demande si le môme a eu les mêmes remontrances que lui.

- Ouaip. Moins chez mes vieux. Il penche la tête sur le côté. Georges, hein ? Dis-toi qu'il d'vait et'jaloux. T'sais, c'pas grave si t'sais pas faire d'la main droite. D'façon, les gaucher sont les meilleurs, encore plus quand ils sont blonds. Nouveau sourire amusé. Ambidextre. L'est ambidextre. Etrange tiens, il n'avait jamais fait attention jusqu'à ce jour que le mot voulait dire « deux bras droits ». Comme quoi, les droitiers se prennent pas pour n'importe qui. Ca d'pend pour quoi. Mais vu qu'on m'a obligé étant gamin, pas trop l'choix.

Surtout obligé parce qu'on a mutilé sa main gauche, et que s'en servir lui devient difficile à mesure que le temps passe, plus particulièrement en hiver. Le sourcil est de nouveau haussé, alors que le gamin, explications finies, se met à faire une chorégraphie pour le moins étrange. Et, par mesure de précautions, le voyant ainsi gesticuler, le géant blond s'est lentement reculé, de peur d'être rendu borgne. Sait-on jamais, après tout, les blés n'ont rien à lui envier.

Perplexe. Ébahit. Se retenant de rire pour ne pas vexer le môme, lorsque son regard croise le sien, empli de fierté. Alors, pour gagner du temps, il masse sa senestre, pensif. Plongeant au plus profond des Onyxs. Tentant de deviner un peu l'histoire du bout d'homme qui se construit au fur et à mesure. Peut-être pour y voir des similitudes, sûrement pour le mettre en garde. Et préserver encore un peu de cette curiosité mêlée à l'innocence.

Tout à ses méditations, il relève les yeux lorsqu'une voix familière les interpelle.


- Parles pour toi belle brune. Un sourire moqueur se dessine sur ses lèvres, alors qu'il penche la tête sur le côté et fixe les deux charbons d'une lueur tout aussi railleuse. La nuit a donc été si courte qu'ça pour qu'tu t'lèves seul'ment ? Eclat de rire qui s'élève. J't'savais pas si peu endurante.

Et puis, sans crier gare, avec toute fois un clignement d'yeux à l'attention de la brune, il glisse les mains le long de son bâton et le relève prestement, lui faisant décrire un arc de cercle en direction des jambes du môme, y mettant assez de force pour le faire tomber. Puis, dominant l'enfant de toute sa hauteur, il se penche vers son visage, un rictus mauvais sur les lèvres.

- Première l'çon gamin, et c'est valable pour n'import'quoi. Dextre qui se pose sur son torse, appuyant légèrement, Azurs menaçantes, voix profonde de basse aux accents suaves qui tonne comme un avertissement. Ne jamais détourner son attention, pour quoi que ce soit. Alors que sa senestre gantée ramène le bâton, et la pose sur la jugulaire du petit homme. Si j'avais une vraie arme, tu serais mort. Il se relève lentement, l'arme le suivant dans le même temps. Allez, d'bout, et r'prend ta position. R'commence, mais en f'sant moins l'mariole. Ha et... Evite d'caqu'ter comme une poule effrayée, sauf si tu veux faire mourir d'rire ton adversaire.

Il se recule jusqu'à la brune, et récupère ses lèvres d'un baiser taquin, avant de se reculer et d'observer l'accoutrement de la jeune femme, nouveau sourire amusé prenant possession de sa bouche.

- Hé hé, t'vas encore choper des anguilles ? J'trouve tout d'même qu'elles s'int'ressent un peu trop près à toi. Haussement d'épaules circonspect. Faudrait pas voir à c'qu'elles prennent goût à l'inspection...

Le ton est badin, l'attitude nonchalante, mais la vigilance est de mise. Attendant ce que son « apprenti » va faire. Espérant qu'il redevienne un peu plus discipliné, avec cette étincelle de fureur dans les yeux, destinée à celui qui vient de le corriger d'une manière peu commode.
Karyl
[Pendant qu'un blond caquète avec une brune]

Cette là, le gamin ne l’avait pas vu venir et se retrouva le séant jouant avec le sol avant même de comprendre ce qui venait de lui arriver. Une mine boudeuse s’installa alors sur son visage tandis que le géant lui expliquait la première leçon « Toujours rester sur ses gardes ». Ca, le môme n’était pas près de l’oublier et son fessier moins encore.

Se maudissant de s’être ainsi laissé distraire par l’arrivée de Laudanum, Karyl se releva rapidement à la demande de Milo prenant soin de ne rien montrer de sa frustration à l’exception d’un regard noir lancé à la jeune femme alors qu’il tentait d’enlever la terre de ses haillons. Venir déranger des hommes qui s’entrainent, quelle idée ! Puis reportant son attention sur le géant, il lui rétorqua : j’ai pas caqueté comme une poule, tu dis des bêtises des fois!, haussa les épaules puis alla récupérer son bâton en grommelant.

Senestre armée, le mioche reprit la position enseignée plus tôt, la travaillant avec soin, faisant attention à ses pieds, la flexion de ses genoux, ses mains. Enfin stable sur ses pieds, il laissa le bâton tournoyer autour de ses mains, alternant les mouvements puis, réserva à un ennemi imaginaire le même sort que le sien quelques instants plus tôt, accompagnant son geste d’un « bien fait pour toi mécréant ». Un sourire ravi vînt saluer sa performance. Le gosse était fier de lui et releva alors la tête vers le couple pour s’apercevoir que ces deux là ne le regardaient absolument pas, notamment le blond trop occupé à palabrer. Déçu à l’idée qu’il n’ait probablement rien vu de ses actions, il patienta tout de même un instant mais la patience n’était guère la qualité première du petit homme qui se rappela bien vite à leur souvenir.
Hé Oh ! Je suis encore là hein !, fit-il alors pour attirer l’attention tout en croisant les bras contre sa poitrine, les yeux emplit de remontrance à l’égard des fautifs.

Toute façon ca compte pas comment tu m’as eu… et tu as pas fini de m’apprendre !, reprit-il d’un air assuré tout en gardant sa position dite de combat. Puis il regarda ensuite le poison, la détailla de ses grands onyx et fidèle à lui-même changea de sujet oubliant déjà le précédent.
Tu vas pêcher ? On peut venir quand on a finit ? Moi j’aime bien pêcher et marcel, mon copain qui à le cousin qui a que une jambe à cause de la guerre et ben il dit que je sais faire super bien. C’est pour ca que faut que je montre à Milo mais que si il me apprend bien le bâton sinon ça compte pas ! Et puis après on fait le concours!

Et l’enfant quitta sa position pour se rapprocher du couple, levant la tête pour les regarder dans les yeux. Vous allez pas faire que parler toute la journée hein ? Parce que Milo il est o-cu-pé !, fit-il en agrippant à dextre du blond et tirant dessus de tout son poids. Aller viens, on va pêcher après et pi c’est une fille, on va la rattraper même si elle va avant, aller !
L’enfant tira un peu plus fort pour faire bouger le géant. L’idée d’aller se pêcher après une séance d’entrainement était loin de lui déplaire ce qui l’incita à abréger d’autant plus les discussions inutiles de son point de vue.

Aller Milo, faut que tu me montres encore et que entre hommes !! finit-il après avoir lâché le blond. Il partait déjà à l’aventure à quelques mètres d’eux se battant cette fois contre toute une armée de monstres aussi effrayants et que puissant mais bien évidement, trop faible pour pouvoir inquiéter le petit intrépide. La discipline restait une notion encore flou pour le gamin.
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Un simple gamin des rues.
Milo
Un sourire en coin quand le môme lui répond, boudeur. Il se retient d'éclater de rire, mais la vague amusée dans ses Azurs prouvent aux arbres qu'il est à deux doigts de le faire. Ho, il s'imagine que son fessier doit souffrir, mais c'est le meilleur moyen pour apprendre. Toujours les yeux fixés sur Laudanum, il fait exprès d'attendre encore un peu, voir jusqu'où le môme ira.

Il le fait rire. Impatience de la jeunesse, qui veut tout, tout de suite. Ho, lui aussi a été ainsi, plus jeune. Mais la vie, parfois chienne, a eu rapidement fait de lui apprendre à attendre. Il se retourne lorsque le môme lui tire sur la main impatient. Faisant mine d'être contrarié, le géant prit les devants et tira à son tour le môme par le bras, le soulevant presque pour le ramener dans l'aire de combat. Trop maigre ce gamin.


- J'sais ben, qu't'es encore là, tu jactes comme une pie, comment veux-tu qu'on t'oublie ?

Un sourire carnassier sur les lèvres, le géant laissa l'enfant refaire sa petite démonstration, se battant sûrement contre une horde sanguinaire de barbares venus d'on ne sait où, bardés de haches et d'armures cloutées. A moins que ce ne soit une armée de zombies, dégoulinant de bave, bras tendus et mains crispées dans un signe d'agonie, formulant des « Bweuuuuuuuuuahhhhhhh » toujours plus forts que les précédents.

Reprenant son bâton, il s'approcha lentement du chevalier sans peur et sans reproche, occupé à exterminer la vermine. Un nouveau mouvement circulaire du bras amène le bâton dans les jambes enfantines. Prenant une voix légèrement sèche, Azurs tentant de garder leur sérieux. Aussi, pour ne pas se faire chopper par le môme, il les plisse à demi. Eclats bleutés brillants d'une lueur étrange, lueur qui ne sont en fait que les prémices du rire.


- Arrête d'gesticuler comme j'sais pas quoi la b'lette. Tu veux apprendre ? Ou tu veux avoir tell'ment d'bleus à la fin de la journée qu'tu vas m'd'mander d'arrêter avant la fin ?

Il fronce les sourcils, pose son bâton à terre, et s'appuie dessus.

- Tes sableuses sont nettoyées et rec'ptives à ma voix ? Tes esgourdes sont grandes ouvertes pour c'qu'j'ai à t'dire ou j'peux aller pioncer à l'ombre d'c't'arbre là ? Un arbre quelconque, pointé du doigt. Si ça se trouve, c'est même un trou entre deux branches, qu'il pointe. Qu'importe. Si t'es pas concentré, fier ch'valier, ça va pas marcher. Et tu vas t'prendre l'bâton d'l'adversaire à chaque fois en pleine trogne. Là, c'est moi, pas d'risque. Mais quelqu'un d'autre, et t'es bon pour bouffer les pissenlits par la racine !

Appuyé contre son bâton, légèrement penché, il attends une réponse. Azurs neutres, sourire moqueur. Allez petit, montre moi de quoi tu es capable...
Karyl
L'imaginaire...

La horde de barbares assoiffés de sang ne cessait de croitre face au gamin armé de son seul bâton qui dût ainsi faire monte de tout son courage et d'une parfaite maitrise de son arme pour les terrasser les uns après les autres sans souffrir lui-même de la moindre égratignure. Fatigués après quelques minutes d'une bataille acharnée, les ennemis s'accordèrent un moment de répit propice à l'observation. Moment de latence où les adversaires se jaugèrent tandis que les épaules enfantines roulèrent et que ses poignets faisaient tournoyer le bâton d'un air dissuasif. Et les coups se remirent à pleuvoir et s'enchainèrent avec rapidité et précision. La victoire était à portée de main, oui mais voilà...


Et le réel reprend ses droits...

Le petit héros trébucha et manqua de s'écrouler de tout son long une nouvelle fois alors qu'un bâton autre que le sien se glissait entre ses jambes. Équilibre retrouvé, les onyx vinrent se river à l'azur, menaçants. Froncement de sourcils, bras enfantins qui se croisent de nouveaux et traits qui se muent en une expression de reproche avant qu'enfin ne tonne la sentence :
Mais j'étais en train de gagner! Lèvres qui dessinent une grimace et l'enfant de reprendre : C'est nul, tu fais exprès en plus pour que je perds!

- Arrête d'gesticuler comme j'sais pas quoi la b'lette. Tu veux apprendre ? Ou tu veux avoir tell'ment d'bleus à la fin de la journée qu'tu vas m'd'mander d'arrêter avant la fin ?


Épaules du mioche qui se haussèrent alors que l'air boudeur peint sur sa bouille tardait à s'effacer. Karyl écouta pourtant le géant, non sans montrer son mécontentement face à la cette victoire triomphale qui venait de lui glisser entre les doigts. Et puis, les paroles firent mouche dans sa tête lui faisant aussitôt oublier sa déception chimérique. Un sourire de défis remplaça alors la grimace tandis qu'il se plaçait face au géant.
Tu es prêt? Tu vas voir ce que je sais faire! lança le gamin en guise d'avertissement, le bâton roulant autour de sa sénestre. Bâton qui, d'un geste vif, fut bloqué par la dextre et ramené près du corps alors qu'il avançait d'un bond rapide dans la même temps. Attaque en feinte vers l'épaule droite du professeur avant de frapper au dernier moment la pliure du genoux gauche. Mouvement de recul immédiat pour ne pas voler d'un simple revers de main géante. Pas le temps de savoir s'il à réussit son premier assaut que l'enfant pense déjà à sa nouvelle attaque. Vif et rapide, Karyl espère bien bien compenser le désavantage sa frêle carrure par une vivacité bien supérieure à celle du géant. Revenant promptement près de ce dernier, il tente alors, en se décalant légèrement sur le droite, de lui rendre la monnaie de sa pièce décrivant à son tour un arc de cercle en direction des jambes du Géant.

Échec cuisant qui attend l'enfant trop rêveur face à l'inégalité des forces en présence mais le bonhomme ne se démonterait pas et, faisant fi de tout le reste, tenterait alors une dernière attaque, prenant en sénestre l'extrémité de son bâton, il décrirait un petit arc de cercle visant l'oreille de Milo dans un cri enfantin censé distraire son adversaire.
La réaction du colosse blond ne se ferrait surement pas attendre offrant à l'enfant une nouvelle leçon.

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Un simple gamin des rues.
Milo
Azurs à demi-plissées, il ne bouge pas. Eclats bleutés railleurs, sourire qui prend le même pli. Il ne bouge pas, quand le bâton frôle son oreille, pour venir frapper son genou. Avec toute la force dont le môme est capable, mais trop peu pour que le blond lâche son bâton et se mette à hurler de douleur. Rien que de très logique, en somme.

Il a cru, un moment, ne jamais réussir à focaliser l'attention du blondinet, tant celui-ci n'avait l'air d'avoir qu'une envie. Sortir vainqueur d'un combat imaginaire, sûrement acclamé triomphalement par une foule en délire, pleurant son héros d'un jour. Comme tout rêve de gosse.

Mais, à son plus grand soulagement, le mouflet s'est repris de lui-même, bien que quelques points négatifs subsistent encore. Alors que le môme se recule rapidement, préparant sa prochaine attaque, le blond lui, a laissé ses mains descendre le long de son bâton, jambes écartées et position de défense prise, sourire railleur agrandit.

Sourire ironique qui s'agrandit, alors qu'il se recule pour échapper au second coup. Trop lent, il se prend l'extrémité du bâton dans les jambes, prenant garde à enfoncer ses talons dans la terre. Pas que le coup soit puissant, mais sait-on jamais, dans le mouvement, le déséquilibre est si vite arrivé.

Sa dextre agrippe fermement le bâton tandis que la senestre vient à la rencontre de son jumeau. Le géant serre les dents lorsque le choc se répercute dans sa main handicapée, sise par un grondement étouffée. Peut-être inconsciemment, le petit bonhomme a deviné l'une des faiblesses du blond. Cette main qui le torture en permanence, celle qu'il tente de protéger l'air de rien à tout prix.

D'un geste sec, il tire l'enfant à lui, alors que son bâton vient de nouveau voler dans les jambes du mouflet, avec plus de force que précédemment. Puis, se laissant tomber à terre pour s'accroupir, son pied gauche vient s'appuyer sur le bras tenant le bâton, tandis que son genou vient frôler le ventre du môme.

Son bâton, lui, sera posé en travers de la gorge enfantine, un sourire carnassier sur les lèvres, Azurs brillantes d'une fièvre étrange, destinée à faire peur à l'enfant. Masquant surtout l'éclat de rire qui menace à tout moment de sortir du torse puissant. Hilarité qui, si la leçon continue, finira bien par éclater au grand jour.


- Bon, t'vois quand tu veux. Pas trop mal. Evite par contre d'hurler comme une truie qu'on égorge, j't'ai d'jà dit. Là, j'ai eu plus envie d'rire qu'd'm'enfuir en courant. Il sourit avant d'appuyer un peu plus sur la glotte du môme. Par contre, une chose. Evite de tenir ton bâton à bout portant comme si tu voulais rabattre l'troupeau. T'es pas un chien, à c'qu'j'sache. Un sourire bienveillant prend place, avant qu'il ne se relève, tendant la main droite au morveux, bâton passé en main gauche. T'es encore trop p'tit pour t'le permettre. J'aurais pu t'avoir en t'mettant un coup d'poing... Et adieu l'aventurier.
Karyl
Karyl se maudit intérieurement de s'être à nouveau laissé prendre. Allongé au sol, un bâton en travers de la gorge, sa situation était pour le moins délicate. Finie la gloire imaginaire, la réalité venait de le rattraper, un peu trop brusquement à son goût. Conscient de sa vulnérabilité soudaine, il porta d'instinct ses mains sur le bâton tentant d'opposer résistance à la pression sur sa glotte. Résistance dérisoire aux vues des forces en présente certes, mais rassurante. Et puis, pas question de montrer sa peur, un Aventurier n'a, de toute façon, jamais peur.

Incapable de se soustraire à l'emprise du blond, karyl se tint tranquille pour une fois, se contentant de fixer son vis-à-vis de ses grands onyx, attentif. Dans son regard luisait une pointe d'inquiétude qui se transforma finalement en éclair boudeuse à la vue du sourire de Milo. Rassuré quant aux intentions de ce dernier, le môme se ragaillardit. Plus facile de faire le fier lorsque l'on sait que l'adversaire n'en veut pas vraiment à votre vie.

Il s'apprêtait alors à l'invectiver mais le géant relâcha soudainement la pression et se redressa main tendue en avant, sans qu'il n'ait eu le temps de dire mot. Légèrement vexé, Karyl ignora superbement la main tendue et se releva par ses propres moyens tout en maugréant entre ses dents une charabia compréhensible de lui seul. Finalement sur ses deux pieds, il fixa de nouveau le géant d'un air sombre.
"Toute façon t'es plus grand, c'est normal que tu gagnes! En plus tu t'es entraîné avant et t'as des gros muscles." Ronchonnage en règle mêlé à un brin de mauvaise fois, le gosse n'était pas prêt à s'avouer vaincu aussi facilement.

Une mine ferme et résolue sur le visage, il encra tant bien que mal de nouveau ses pieds au sol tachant de respecter la position enseignée un peu plus tôt.
"Faut que tu me montres comment je te bats! Et si tu me mets par terre encore et ben moi, tout à l'heure, je te mets à l'eau!" Menace futile qui rassura cependant le môme sur son futur immédiat. Ainsi persuadé de ne plus retomber de sitôt, il ajouta avec un petit sourire narquois "Et puis en plus, et ben, tu vas voir que moi je vais avoir pleins de poissons et pas toi.. Alors si tu te moques de moi et ben je vais me moquer aussi tout à l'heure!"

Karyl prit son bâton bien en mains, essayant de le garder près de lui comme le lui avait montré Milo. Attentif aux moindres gestes de son adversaire, ben oui, il n'allait de se faire surprendre encore une fois! il ajouta ensuite d'un air connaisseur : Toute façon faut pas que on tarde trop sinon on va pu pouvoir aller, mais avant tu me montres et si je fais pas assez bien, tu me montreras aussi demain d'accord?. Large sourire sur la mine enfantine qui essayait d'amadouer le géant pour obtenir une leçon supplémentaire avant de reprendre tout à coup avec assurance, sans même attendre de réponse : Aller viens me attaquer, je te attends!
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Un simple gamin des rues.
Milo
Un sourire, de circonstance, quand le môme refuse sa main et se relève par ses propres moyens. Etonné une fois de plus, de sa nature persévérante. Certes, les enfants ont l'habitude de rêver, de vouloir devenir chevalier ou héros. Mais le blondinet, lui, possède quelque chose en plus. Visiblement, le rêve de devenir aventurier n'est pas un simple caprice de môme, en attendant de trouver une autre occupation. Et pour cela, il a l'admiration du géant.

- Des gros muscles hein ? Eclat de rire franc, tandis qu'il secoue la tête. Vrai qu'il est musclé, mais... Les muscles, ça fait pas tout la b'lette. Moi, c'est les champs qui m'ont forgé. Bâton qui vient tapoter légèrement le crâne de l'enfant. Faut aussi en avoir dans la caboche. Si t'es qu'une bête montagne d'muscle, t'f'ras jamais l'poids face à un adv'rsaire plus réfléchit.

Nouveau sourire, quand le petit se remet en position de combat. Jusqu'à l'épuisement, il voudra apprendre. Alors, à son tour, le blond place ses pieds comme il faut, corps en éveil. Haussant un sourcil devant le chantage annoncé. Qui sera, qui plus est, dangereux. Le blond ne sait pas jamais, et si jamais le gosse arrive à le faire tomber à l'eau, il ne donne pas cher de sa peau. Fichu gamin qui sans le savoir, oblige le géant à se laisser faire.

- J'me moque pas, pisseux. J'me fend la poire et j'me gausse comme il faut, nuance. Il acquiesce aux propos de Karyl, levant la tête pour observer le ciel. Soleil déjà bien haut, mine de rien, le temps passe. Ouaip, dernière l'çon. Et si t'es toujours aussi mauvais, on verra d'main.

Le sourire devient narquois. L'attaquer, hein ? Lentement, il donne une impulsion, changeant ses appuis au sol, senestre vers le bas et dextre qui vise l'épaule du môme. Ne regardant pas s'il l'a touché, il se recule, puis, laissant une ouverture conséquente à l'enfant, il vise de nouveau ses jambes. Senestre en avant, sachant que si l'enfant le touche, les démons seront ravivés d'une douloureuse manière. Mais puisqu'il faut ça... Azurs moqueuses, attendant de voir s'il a compris les leçons précédentes ou bien si, comme auparavant, trop excité pour l'écouter, il se fera avoir.
Karyl
Le petit ne releva pas la remarque de Milo quant à sa maîtrise du bâton. Tactique classique de déconcentration, mieux valait ne pas relever et rester concentré. Les pieds toujours ancrés au sol, il préféra faire un rapide récapitulatif de sa position. Pieds ? OK. Mains ? OK. Regard menaçant ? Parfait ! Certain de ne plus se laisser avoir, Karyl tentait en effet de déstabiliser son adversaire par un regard qu’il voulait des plus effrayants. Il n’allait quand même pas se faire avoir une fois encore, pas trois fois de suite !

Il fallait bien regarder les jambes, tout le secret était là… Mais voila, trop sure d’une attaque vers le bas, le petit en oublia totalement de protéger le reste de sa personne et c’est sans difficulté que le bâton du blond vînt percuter son épaule lui arrachant un grognement qui tenait plus de l’agacement que de la douleur. Instinctivement et sans réfléchir à son mouvement, Karyl recula d’un pas et dans un mouvement de poignet fit s’abattre son arme sur la main du géant qui déjà revenait à l’offensive.

Il n’avait pas vraiment prit le temps d’analyser la situation. Sinon, il aurait surement profité de l’ouverture laissé par le géant pour remporter sa première victoire mais il n’en fit rien et manqua une nouvelle fois de se retrouver le séant par terre quand le bâton de Milo vînt taquiner ses jambes. Vacillement en règle d’un bambin tentant tant bien que mal de garder l’équilibre et qui ne prêtait déjà plus attention à son assaillant. Il lui fallut quelques secondes et un bond en arrière pour enfin se stabiliser et relever les yeux vers Milo.

L’attaque s’était déroulé si vite que Karyl n’avait guère eu le temps de réfléchir à ses coups aussi, se sont des yeux emplis d’une lueur de stupéfaction qui vinrent à la rencontre des azurs. L’enfant lâcha son bâton reculant légèrement sans détacher son regarde du colosse face à lui.


Je.. je te ai fait mal ?

Il avait murmuré ces quelques mots si faiblement que ceux-ci furent à peine audibles comme s’il avait eu peur de la réponse. Le grand aventurier prêt à combattre milles démons imaginaires ne s’était de toute évidence pas préparé à la possibilité de blesser quelqu’un réellement… Il lui restait décidément plein de choses à apprendre.
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Un simple gamin des rues.
Milo
Géant à la rencontre de l'enfant, senestre offerte intentionnellement. Bâton qui vient à lui, avec rapidité, tandis que le sien s'amuse une nouvelle fois avec les jambes de l'enfant, qui ne semble pas avoir retenu les leçons précédentes. Et la douleur, vive de le transpercer, alors qu'il se recule. Serrant les dents, un grondement sourd naît dans son ventre, s'insinue dans chacune de ses veines, avant de mourir étouffé à la frontière de ses lèvres.

Azurs légèrement noyées, il ramène son bâton contre lui, mâchoires serrées et tendues au maximum. La vitesse du coup de l'enfant, associé à la sienne, ont été suffisamment importantes pour éveiller le mal et l'amplifier. Aussi, à travers ses yeux brouillé, tente-t-il d'apercevoir la prochaine attaque.

A son plus grand étonnement, l'enfant a jeté son bâton à terre, l'observant avec un air étrange peint sur le visage. Mélange de stupéfaction, peut-être aussi d'autre chose que le géant blond n'identifia pas. Il ferma les yeux un instant, inspirant profondément. S'imprégnant des odeurs puissantes et musquées de la nature les encerclant. Essayant de calmer la pulsation sourde au creux de sa main, celle de ses tempes, rendant les sons étouffés et déformés. Avant de rouvrir les yeux, rictus de douleur qu'il ne peut retenir tandis qu'il regarde de nouveau le blondinet.

- Oui...

A quoi bon taire la souffrance qui l'habite ? A quoi bon taire que le bâton qu'il a tenu entre ses mains est avant tout une arme, plus défensive qu'offensive, mais une arme tout de même ? A quoi bon passer sous silence que ses rêves ne seront pas toujours comme il le voudrait, le souhaiterait ? Il ne veut pas faire s'effondrer les espoirs de l'enfant, non. Il veut simplement l'écarter des mauvaises chimères, celles qui font monter un goût amer en bouche, relents pleins de fiel nauséabond qui font parfois faire des actes inconsidérés.

Un faible sourire s'etire sur ses lèvres, qui se voulait amusé. Il comble la distance qui le sépare de l'enfant, avant de planter son bâton au sol, enroulant son bras autour. Dextre massant sa senestre. Il penche la tête sur le côté, avant de parler de cette voix grave et chaude, sans accent. Peut être pour éviter que l'enfant ne pense qu'il soit en colère ou agacé.


- N'oublie pas que le bâton est une arme Karyl. Au même titre que l'épée, même si, à priori, moins dangereuse. Il faut que tu gardes une chose à l'esprit : est-ce que ton geste tuera ton adversaire, et surtout, le veux-tu vraiment ? Un sourire, franc cette fois-ci, sa main droite ébouriffe la tignasse blonde du gamin, suivit d'un clignement d'yeux. M'enfin, y a pas eu mort d'homme, c'est le principal. On continue ?
Karyl
Le petit blond se rassura aux propos du géant. C’est même un sourire qui vînt orner son visage alors qu’il se penchait pour reprendre son bâton qu’il avait lâché sous le coup de la peur. Oh bien sur, il n’était pas particulièrement fier d’avoir blessé Milo mais l’idée qu’il ait enfin réussit à placer un coup suffit à le combler. Il oublia bien vite que celui-ci résultait plus du hasard que de sa technique et s’estima alors devenu un grand combattant. Ses rêves de guerriers étaient à portée de main, le doute n’était plus permit : il deviendrait le plus fort et le plus intelligent des aventuriers-combattants.

Fier de sa conviction le petit releva les yeux vers le colosse blond.
Maintenant je sais bien faire le bâton t’as vu ? C’est parce que tu me as bien appris je pense. Il se tut un instant ensuite et posa le regard sur la sénestre de l’homme face à lui, une légère moue se dessinant sur le visage. Par contre faut que tu sais un truc : les hommes ca dit pas quand ça à mal parce que ca fait un peu chochotte quand même, fit-il alors sur le ton de la confidence tandis que Milo continuait de masser sa sénestre. Moi je dis ca pour te aider, parce que je vais pas en profiter que tu as mal, mais des méchants eux…

Il haussa les épaules pour appuyez ses propos, laissant planer le mystère sur le sort que pourrait réserver d’éventuels raclures à un Milo leur témoignant sa douleur à la main. Puis, il leva le nez vers le ciel prenant un air d’expert en pleine réflexion et lança : Bon, faut que on va nager maintenant sinon il sera trop tard, on pourra pas pêcher après et Laudanum elle va gagner et avoir plus de poissons que nous. On continuera le bâton demain parce que faut que tu te reposes et je ai pas envie de gagner tout le temps. Ni une ni deux, l’enfant lâcha de nouveau son bâton, plus encombrant qu’autres choses à présent à sas yeux enfantins et se mit à courir vers la sortie de la clairière sans prendre la peine d’écouter la réponse de Milo.

Quelques mètres plus loin il s’arrêta cependant pour vérifier que son futur apprenti le suivait bien et se mit alors à lui expliquer d’une voix forte :
Pour bien nager il faut faire attention à ce que on fait et à pas couler et à comment que on choisit où on va et tout et tout… faudra que tu écoutes hein ! Et après si tu es bon on fait le concours. Poings sur les hanches, le petit garçon regardait l’homme d’un air strict prenant son nouveau rôle très au sérieux. La natation comme la pêche étaient des affaires d’homme et seuls les plus rusés pouvaient espérer tirer avantage des leçons qu’il prodiguait, la pêche n'était pas à la portée de tous en plus!

Revenu à hauteur du géant blond il reprit d'une voix plus douce :

Parce que moi je veux bien te apprendre à nager mais faut que on fait la pêche après. Parce que pour la pêche faut être rusé et tes gros muscles ils vont pas te servir mais comme moi je suis intelligent en plus et ben je sait faire. Alors je vais te expliquer pour la cannes, les hameçons et les appâts parce que on peut pas faire n'importe quoi hein... c'est la stra-té-gie!

Maintenant qu’il avait prouvé qu’il se débrouillait plus que bien de son propre avis au bâton, il ne lui restait plus qu’à enseigner son art au colosse et déjà quelques idées pour venger son séant lui venaient en tête. La fin d'après-midi promettait d’être intéressante mais cela était une autre aventure.

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