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[RP] Une halte pleine de surprise...

Apolonie
Petit encart HRP : ce RP est un RP qui se tient au domaine de Varennes-sur-Allier, forum annexe, terres de la brunette là... Il prend place un soir de fin décembre. Même s'il serait très dur d'y poster, si vous souhaitez vous y insérer, prière de me demander d'abord...


[... Phase un : quand un Colosse rencontre un Vicomte...]

Un peu lasse. Le voyage en Languedoc a été gourmand en énergie... Une entrevue avec un Comte aussi taquin que lorsqu'elle l'avait connu. Mais aussi et surtout un retour de l'Apo en force, des nouvelles de l'Ouest qui avait fait trembler la carapace tranquille de l'auvergnate, ressortant du fond d'elle son autre, la violence de l'émotion, la culpabilité grisante avait fait affleurer la douleur, la souffrance qu'elle enfouit, depuis si longtemps... Une altercation violente dont sa main porte encore quelques stigmates, rencontre brutale entre un poing blanc et un mur de bois, entre des phalanges déjà meurtries et un sol de pierre... Mais le bandage se fait presque léger, l'os se ressoude comme se lient depuis ce jour les vies d'un vicomte et d'une brunette. Il a su au Puy calmer les velléités vengeresses d'une libertadienne blessée, la jeune femme s'est confiée à l'auvergnat, laissant son coeur s'ouvrir à des sentiments plus profonds que ceux d'un simple béguin.

L'Anjou ensuite et ses joutes royales qui avaient trainé en longueur tant et si bien qu'il avait fallu s'occuper en attendant la venue d'un régnant qui n'en a bien que le titre, attaqué par inadvertance en Poitou. Elle avait aimé jouter dès qu'elle avait pu s'approcher d'une lice. L'azur curieux, l'envie d'en découdre autrement que sur un champ de bataille, l'excitation qui s'ancre dans les tripes alors que le cheval s'élance... L'ambiance gaie du campement, et l'intimité relative des tentes... Deux semaines maintenant qu'ils étaient rentrés. Une halte nécessaire à Varennes, le temps de se reposer, de profiter un peu d'eux...

Leur relation avait pris un autre tournant pendant ces joutes. Après le rapprochement des âmes et des sentiments, était venu le rapprochement des corps et des êtres. D'une invitation lancée naturellement et d'un coup de froid qu'il fallait éviter avant d'entrer en lice s'était vécue leur première nuit, entre douceur et partage, une tendresse à fleur d'émotion qui avait scellé une relation amoureuse d'une cire d'éternité, du moins se plaisait-elle à le croire. Niaisement amoureuse, la demoiselle... Une des raisons pour lesquelles elle avait d'ailleurs convié à sa pause varennoise son frère.

Eikorc, son double, son âme soeur, l'homme de sa vie, son frère. Celui qui savait tout d'elle, celui qui la connaissait et la comprenait. C'est à la lueur de son regard qu'elle pèse chacune de ses décisions, parce qu'il ne veut que son bonheur, tandis qu'elle ne réclame que la vie, parce que parfois il sait mieux qu'elle ce qui la rendra heureuse, parce qu'ils s'aiment et qu'elle lui fait confiance. Et qu'avant de s'enfoncer totalement dans l'inconnu d'une relation sérieuse avec l'autre homme de son coeur, elle veut qu'ils se connaissent et s'apprécient.

Tant pour le Colosse que pour le Vicomte ceci dit. Si Alayn doit rester dans sa vie, elle tient à ce qu'il l'appréhende dans son entier. Il a déjà eu un bon aperçu de ce qu'elle pouvait être, certaines resteront à jamais secrètes et mystérieuses pour lui, mais ce qui compte, il doit le voir. Et rien ne compte plus pour Apolonie que son frère. Depuis leur rencontre, ou plutot leurs retrouvailles, elle a parlé à son aimé de son frangin des myriades de fois. La mine d'Alayn la fait souvent sourire dans ces moments-là... avant qu'elle ne le rassure d'un baiser grignoté sur ses lèvres inquiètes.

Jacques est venu les accueillir aux grilles, grommelant, elle en mettrait sa main à couper, contre le fait qu'elle ne l'avait absolument pas prévenu de leur arrivée, mais de cela elle n'a cure alors qu'elle guide Alayn jusqu'au salon, chassant dans un coin de la pièce sa cape, son épée, son bouclier, ses bottes; s'étirant tel le chaton moyen elle glisse sur le sol heureusement chauffé par un âtre à la hauteur du froid qui règne dans la campagne auvergnate jusqu'à se poser en tailleur devant le feu, attirant d'un sourire son aimé à la rejoindre. L'azur effleure sa silhouette, son visage. Sa peau frissonne du souvenir de ses mains sur elle, et le sourire trouve une place naturelle sur ses lèvres qui attendent que celles de son aimé les rejoignent. Un clin de pensée et d'azur vers les fenêtres. Il devrait bientot arriver, le grand blessé... Le ton se fait mi rassurant, mi taquin...


Ça va mon amour ? Pas trop impatient d'accueillir Eik ?
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Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Alayn
Première visite à Varennes-sur-Allier, découverte des lieux, petite seigneurie visiblement bien entretenue, un endroit agréable. Rencontre également avec Jacques, une personne pour le moins étrange, pour ne pas dire totalement... Une allure efféminée, des goûts vestimentaires douteux, une coiffure hors normes. Alayn avait du mal à imaginer que la propriétaire du domaine et son intendant puissent cohabiter normalement, ils avaient deux caractères bien opposés, il imaginait déjà leurs prises de becs.

Le vicomte et son aimée revenaient des joutes angevines, un court séjour, mais ô combien enrichissant pour lui qui n'avait jamais assister à des joues auparavant, cela lui avait même donné envie d'y participer. Et puis il avait eu cette nuit, où leur relation avait fait un pas de plus en avant, cet instant où l'amour pleinement partagé, où leurs corps s'étaient unis... Il le savait déjà bien avant cela, mais à présent ça ne faisait plus aucun doute pour lui, leurs vies seraient liées à jamais, et déjà il envisageait leur union devant le Très Haut. Mais pas avant d'avoir rencontré le « Colosse »...

Le Colosse, Eikorc, le frère d'Apolonie, celui qu'elle avait failli perdre, alors que le couple se trouvait en Languedoc. Un épisode de plus dans leur relation au cours duquel Alayn avait découvert la face sombre de son aimée, ou plutôt il avait découvert qui elle est vraiment, dans son entier, Apolonie. Dire que rencontrer son frère empêchait le vicomte de dormir serait mentir, et dire que ça ne le travaillait pas serait mentir également... Il appréhendait cet instant, elle l'avait décrit protecteur, très protecteur, tentant tout de même de le rassurer sur le fait qu'il ne ferait rien qui pourrait la contrarier. Mais ça ne le rassurait pas pour autant...

L'instant T approchait à grands pas, jamais il n'avait été aussi proche, et pour cause, le temps ne recule pas. Tous deux arrivés dans le salon, la dame se débarrasse rapidement de tous ses effets superflus, armes et vêtements de voyage en les jetant presque comme ils viennent. Alayn, lui, a ce petit côté d'enfant de noble ayant reçu une éducation maternelle qui l'empêche d'agir ainsi. Il abandonne également armes, cape et mantel, mais prend soin de les disposer convenablement pour ne pas donner trop de travail aux gens de sa dame, un réflexe... qui a dit qu'ils n'étaient pas si opposés ces deux-là ?
Une invitation d'Apolonie à la rejoindre, qu'il accepte aussitôt en venant s'asseoir à côté d'elle, devant l'âtre qui réchauffe alors la pièce, mais aussi les corps. Un bras passe dans le dos de la jeune femme, les rapprochant encore un peu avant que ce soit au tour de leurs lèvres. Et enfin cette question, que lui même ne cesse de se poser, mais pas de la même manière...


« Ca va mon amour ? Pas trop impatient d'accueillir Eik ? »

Il ancre ses yeux verts dans l'azur de sa compagne, une petite moue inévitable répond parfaitement à ses interrogations.

Allez Alayn, ça va bien se passer... ou pas.

Pour une fois ce ne sera pas sur le même ton qu'il lui répondra, mais le plus franchement possible, ne désirant pas cacher ses émotions.


Je t'avouerai mon amour qu'un noeud a décidé d'élire domicile dans mon estomac depuis ce matin et qu'il m'est difficile de l'en chasser... Mais je m'en fais peut-être pour rien, cette rencontre se passera finalement surement très bien... j'espère.

Comme pour se rassurer un peu plus, lui donner le courage dont il a besoin, il vient chercher à nouveau les lèvres de son aimée pour y déposer un doux baiser. Et profiter pleinement une dernière fois, avant qu'il n'arrive, des lignes parfaites de son visage, de son azur, il la regarde, amoureusement. Bientôt l'autre homme de sa vie allait arriver, il lui faudrait partager.
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--Crokie


Une invitation qu’il n’avait pas pu refuser… Sa sœur l’invitant à la rejoindre dans son domaine à la fois pour se reposer et pour rencontrer l’homme qui avait élu domicile dans sa vie… Qui était-il ? Un vicomte, un royaliste, l’homme qui avait réussi à amouracher et s’amouracher de la belle Apolonie… Tout d’abord lui qui avait dû rattraper le coche… Lui annoncer qu’il n’était pas mort comme la rumeur l’avait annoncé… Lui cacher que la faucheuse était passée si proche cette fois-ci… Les cicatrices ne pourraient être masquées à l’azur de sa sœur, mais il valait mieux qu’elle l’apprenne de visu et non par des mots couchés sur un papier…

Comment lui annoncer qu’il s’était arraché aux bras confortable de La Muerte simplement en pensant à elle ? Qu’il s’était extirpé tant bien que mal de la carapace de douleur dans laquelle les soins l’avaient envoyé… ? Aucuns mots n’auraient pu le faire, c’est pourquoi il ne lui avait rien dit… D’autres peut-être l’avait fait à sa place, mais elle devait s’en douter… Plusieurs personnes l’avaient présenté comme mort…

C’est pourquoi sa haute stature s’est glissée tant bien que mal sur l’étalon colossal qu’il s’est procuré… Autant voir les choses en grand, et surtout à sa mesure… La jambe gauche pendant le long du flanc de l’animal, essayant de tirer le moins possibles sur la cicatrice de sa cuisse alors que les rennes sont tenus d’une main ferme, le bras droit coller contre son torse… Tête dissimulée sous une capuche et penchée sur l’encolure de sa monture, laissant le cou se reposer pour être en meilleure forme possible lors de la rencontre…

Les lieues défilaient sous les sabots de l’animal… Le temps aussi… Le colosse se demandant s’il arriverait à temps pour le rendez vous… Peut-être, peut-être pas… Obligé de s’arrêter de temps à autres pour retirer la poussière des chemins qui semble décider à s’incruster dans ses cicatrices… Cicatrices que le voyage fait travailler… Quelques points ont sauté… Mais il ne peut pas s’en occuper lui-même… Juste sentir les quelques gouttes de sang qui s’écoulent sur sa peau…

Les jours ont défilés et enfin les grilles du domaine de Varennes se dévoilent à l’azur brillant de détermination… Serrer les dents lorsqu’il se retrouve face à l’entrée, la dernière étape n’étant pas la moindre… La descente de la selle se fait plus ou moins acrobatiquement… Réception sur la jambe blessée qui lui arrache un grognement d’ours mal léché… Arrivée discrète ? Certainement pas… Autant finir de s’annoncer… Longue inspiration alors que la tête se redresse lentement… Puis les poumons relâche l’air emmagasiné dans un beuglement tonitruant…


« Hey oh !!! Y a quelqu’un dans cette baraque où je dois enfoncer les grilles pour rentrer ?
Jacqouilles !!! Ramènes tes miches m’ouvrir et annoncer à ma sœur que j’suis arrivé avant que je lui demande de te pendre par les orteils !! »


Petit sourire qui étire la face de la montagne de muscle alors qu’il imagine la scène… Puis un sourcil se hausse lentement lorsqu’il se rappelle qu’il devait faire la rencontre de son potentiel beau-frère… Pour une entrée en matière, c’est une entrée en matière… Il ne comptait pas y aller de main morte avec ce vicomte qui a l’outrecuidance de se croire à la hauteur de sa sœur, de son autre… L’azur flamboie légèrement alors que le poing gauche se resserre… Un pas, puis un autre… Se rapprocher doucement de la grille en attendant que son esclandre face son effet…

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--Jacques_demaille


Et voilà... Ça recommence.. Mais mazette qui lui a donc fichu une dame pareille ? Jacques en est tout tourneboulé, l'organisation du château va encore en prendre un coup, elle ne fait jamais rien comme tout le monde... Et puis elle aurait pu prévenir. C'est impensable de rentrer comme ça, sans même avertir... Heureusement qu'il avait allumé le feu dans l'âtre du salon où elle se dirige en arrivant, lui laissant le soin de mander un des palefreniers pour s'occuper des montures, épuisées, pour changer, pauvres bêtes !
De la grille au hall d'entrée, il a grommelé, espérant qu'elle ne s'en rendrait pas compte, mais après tout elle n'avait qu'à s'annoncer... Cependant le ton se radoucit quand il observe en coin celui qui l'accompagne. Il n'a pas l'air d'être aussi mal éduqué que sa maîtresse, plus soigné... Une certaine carrure, une mise un peu poussiéreuse, mais cela s'excuse par le voyage...

L'oeil intéressé du zélé serviteur observe sans vergogne celui qu'Apolonie a bien daigné présenter comme le vicomte d'Ambert. Oui, on sent tout de suite qu'il a plus de classe que la brunette... Il n'y a qu'à voir comme elle jette ses affaires dans un coin, et comme il les pose délicatement. Le sourire se fait appréciateur, et le regard encore plus curieux.
Tout ça pour surprendre un baiser échangé... Perverti par la dame de Varennes sans doute, s'embrasser comme ça, hors d'une chambre... Elle lui a d'ailleurs signifié qu'ils partageront tous deux la chambre principale. Le pauvre... Il aurait pu être bien sans doute. Cette femme... n'a décidément aucun savoir vivre.


Hey oh !!! Y a quelqu’un dans cette baraque où je dois enfoncer les grilles pour rentrer ?
Jacqouilles !!! Ramènes tes miches m’ouvrir et annoncer à ma sœur que j’suis arrivé avant que je lui demande de te pendre par les orteils !!


Sursaut paniqué du Jacques, qui se reprend, la mine entre dépit et consternation. Elle n'est pas la seule, c'est manifestement de famille chez eux. Il la reconnait aisément cette voix. Celle du colosse passé furtivement il y a quelques semaines. Rien qu'à l'idée d'aller l'accueillir, il sent ses jambes se charger de plomb. Heureusement, un courant d'air vêtu de noir vient de lui passer sous un nez ahuri, lui piquant son travail, mais le déchargeant d'une lourde tâche.

Vous y all....

Ouais !

Elle a l'air. Il est l'heure d'aller chercher les rafraichissements. Il sent bien que ce ne sera pas de tout repos. Et plaint le vicomte alors qu'il porte ses pas vers les cuisines.

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Apolonie
Hey oh !!! Y a quelqu’un dans cette baraque où je dois enfoncer les grilles pour rentrer ?
Jacqouilles !!! Ramènes tes miches m’ouvrir et annoncer à ma sœur que j’suis arrivé avant que je lui demande de te pendre par les orteils !!


Un cri traverse une bonne partie du domaine, pour atterrir dans les oreilles d'une brunette qui à la première intonation est déjà sur ses pieds, bousculant avec une moue d'excuse son aimé. Il est là ! D'un regard pétillant elle le fait comprendre à Alayn, le temps d'un baiser glissé à la vitesse de la lumière et déjà elle glisse sur le sol. Seule la précipitation avec laquelle elle se rue dehors permet d'éviter une chute pourtant prévisible, en bas sur sol lisse, l'équilibre ne se rattrape qu'avec la vitesse avec laquelle elle sort en courant, rejoignant telle une flèche sombre son frère qui s'est déjà bien avancé dans l'allée. L'intendant se bouscule au passage...

Vous y all....

Ouais!

Et d'un éclat de rire arriver dehors, et se ruer sur un colosse à l'allure moins fière que d'habitude. La course se bloque d'un coup, alors qu'elle se souvient qu'il est blessé. Il n'a pas précisé où, et l'habitude s'interroge d'un clin d'azur observateur. La façon dont il se tient, et voilà une cuisse identifiée. Malgré le cuir sombre dont il est vêtu, quelques tâches obscures se devinent... Sa capuche est toujours rabattue... Son bras n'est pas ouvert pour qu'elle s'y jette... Et ce qu'elle a appris, de Varades à Moulins en passant par la Gascogne permet la connexion rapide des pensées et déductions. Le sang, les cicatrices, les blessures, ce sont là choses qu'elle connait, trop bien. Elle devine, alors qu'elle le regarde, à quel point la situation avait failli basculer... Elle a peur, a posteriori, en retard, si peur pour lui... Elle sait, elle sent, que la mort cette fois n'est pas passée loin. Et elle lui est reconnaissante comme jamais de s'être battu contre ça, d'être encore là aujourd'hui... L'azur se plante dans son reflet.

Tu t'es pas raté dis donc... J'te saute dessus comment maint'nant ?


De toute façon elle force l'étreinte, lui retirant sa capuche doucement, elle frémit alors que la plaie cautérisée sur la nuque se dévoile... Se nichant sous son bras gauche, et l'amenant sans en avoir l'air vers l'entrée. Bien sûr, elle ne coupe pas au rituel de la myriade de baisers déposé sur le visage creusé et fatigué du frangin, et pour chasser la culpabilité et l'émotion qui lui noue les tripes de le voir comme ça, elle entame un babillage dont elle a le secret.

Tu m'as pas dit que tu d'vais faire attention ? T'as vu l'état ?
C'est un truc pour que je te soigne hein ? Et encore c'tait y'a un moment...
J'suis désolée... Qui t'a recousu ? Et ça va maintenant ? Tu vas pas aller dormir direct hein?
Le voyage ça a été quand même ? Tu veux boire quelque chose ?


A cette dernière phrase, ils sont arrivés à la porte et la voix de la demoiselle s'élève, histoire de porter jusqu'aux cuisines où doit déjà se trouver son désespérant intendant.

Jaaacques !! Une bassine d'eau chaude, du vin, des chiffons, et à manger et qu'ça saute, foutrecul !

Un sourire en coin, l'azur amusé de l'air goguenard du frangin qui aime autant qu'elle choquer ce pauvre serviteur, elle s'avance vers le salon. Une grande inspiration. La rencontre est imminente. Entre les deux hommes de sa vie. Entre un frangin à l'importance colossale et celui avec qui elle envisage chaque jour un peu plus de passer sa vie. Une pensée qui s'effleure d'une mèche qui se replace derrière l'oreille... Dans un autre monde... Elle lève la tête vers son jumeau, son autre. Le sourire se fait presque timide, l'azur impérieux d'une supplication muette.

On y est...

Et ils entrent. La douce chaleur de l'âtre n'empêche pas un frisson sur l'échine de la belle. L'enjeu est grand pour elle. Et l'impression étrange. Glissée sous le bras de son frère, elle les fait avancer vers son aimé. Comme une frêle silhouette sombre, aux pieds trempés par la neige qui fond tranquillement dans l'allée, petite brunette à l'azur brillant d'espoir entre deux hommes qui déjà se jaugent du regard. Elle est le lien... Et comme toujours dans les moments de pression, quand elle est à la fois heureuse et mal à l'aise, c'est la taquinerie qui prend le dessus, un ton malicieux pour les présentations. Tant qu'à faire, autant y aller franchement... Le bleu se glisse dans les émeraudes de l'auvergnat qui a su conquérir son coeur, du moins toute la partie non occupée par le colosse.

Mon amour... Voici mon frère, Eikorc de Nerra, seigneur de Vautorte, angevin. Comme quoi nul n'est parfait...

Puis se faufilant hors de l'étreinte, sans la lâcher complètement, pour ne pas marquer d'ascendant, se plaçant entre les deux hommes, cherchant la main d'Alayn du bout des doigts un peu engourdis par la sortie dans le froid...

Mon double... Je te présente Alayn de Viverols, vicomte d'Ambert, l'homme qui m'a empêchée de sombrer.

Les épaules se sont redressées, redonnant sa taille à la jeune femme. Après tout, entre les deux hommes qu'elle aime, comment ne pas garder une place privilégiée. Apolonie sourit, croisant ses doigts mentalement, pour que tout se passe bien. Et d'un coup d'oeil avise dans le coin Jacques qui vient déposer ce qu'elle a réclamé. Au moins, s'ils se battent, elle aura de quoi se nourrir pendant le spectacle... et les soigner le cas échéant.
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Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Alayn
Ca y est, c'est l'heure... Ils sont pourtant bien installé presque confortablement, assis par terre devant le feu, mais l'un contre l'autre ce qui suffit à leur confort, dans le salon du castel, mais la voix de celui qu'ils attendaient se fait entendre, il est arrivé. A peine le temps de réagir qu'Apolonie est déjà debout et se dirige à toute allure à la rencontre de son frère, ne prenant même pas le temps de chausser ses bottes dont elle s'est séparée peu de temps avant. Et ce nœud qui prend à présent une taille démesurée. Pourquoi est-il si inquiet le vicomte ? C'est un homme comme un autre cet Eikorc, du moins s'oblige-t-il à le penser à cet instant.

Allez, ça va bien se passer mon grand.

Mon grand, mon grand... le coup d'œil qu'il jette par la fenêtre lui fait plutôt se dire qu'il n'est pas si grand que ça comparé à la silhouette du frère de son aimée qu'il peut apercevoir... Il saisi enfin le pourquoi du surnom de colosse. Il les observe un instant ainsi avant de se positionner à nouveau devant l'âtre, de faire les cent pas serait plus exact. Et il les entend entrer, il entend Apolonie demander – crier - à son intendant de faire préparer à boire, à manger, et une bassine d'eau, certainement pour Eikorc à qui le voyage n'avait pas réussi, ses cicatrices avaient du se rouvrir. Et...« foutrecul » ? C'est bien ce qu'elle a dit ? Non impossible, ce n'est pas sa dame qui a prononcé ce mot... ah ben si ! Il va faire comme si il n'avait rien entendu, ce n'est peut-être pas le bon moment de lui faire la remarque...
Et les pas qui se rapprochent inexorablement du salon pour qu'enfin la porte de la pièce s'ouvre. Elle, nichée sous le bras de son frère, lui déjà le dévisageant du regard, le vicomte n'en attendant pas moins. Il prend tout de même le temps de remarquer ces yeux, les mêmes que ceux d'Apolonie, le même azur dans lequel il aime se noyer lorsqu'il est avec elle ; aucun doute ils sont bien frère et sœur ces deux-là. Malgré ses blessures il reste quelqu'un d'imposant, avec une carrure exceptionnelle, un beau gaillard le frérot, pour sûr. C'est qu'Alayn en viendrait presque – j'ai bien dit presque hein - à remercier on ne sait qui qu'il soit dans cet état, il n'y aurait finalement peut-être pas d'affrontement, pas aujourd'hui du moins.

Le duo s'avance un peu plus dans la pièce, les deux hommes, eux, ne se quittent pas du regard, ambiance pour le moins tendue, un blizzard aurait balayé la pièce à cet instant que le résultat eut été identique. Puis la glace est enfin brisée, le petit bout de femme se décide à faire les présentations, comme toujours sur le ton de la taquinerie, mais là c'est plus pour détendre l'atmosphère qu'autre chose. Effet garanti ? Pas sûr...


« Mon amour... Voici mon frère, Eikorc de Nerra, seigneur de Vautorte, angevin. Comme quoi nul n'est parfait... »

Une petite main qui vient chercher celle du vicomte du bout des doigts, qu'il lui donne dans un sourire, ne se séparant pas pour autant du lien entre elle et son frère. Une manière de les aider à faire le premier pas, et aussi à les mettre sur un pied d'égalité.

« Mon double... Je te présente Alayn de Viverols, vicomte d'Ambert, l'homme qui m'a empêchée de sombrer. »

Voilà, ils y sont, c'est à eux de parler maintenant... lequel des deux le fera avant l'autre ? Impossible à définir à cet instant. Une chose est sure, c'est qu'Alayn n'a jamais apprécié ce genre de rapports de force, savoir lequel fléchira le premier, mais cette fois il est obligé de se plier à l'exercice. Pourtant c'est bien lui qui prend le premier la parole.

Messire Eikorc, je suis heureux de vous voir sur pieds, et de faire vostre connaissance en ce jour.

Le vouvoiement, les titres de noblesse, pour lui c'est une forme de politesse et de respect envers son interlocuteur. Et du respect il en a pour tout le monde. Si Eikorc est comme sa sœur, qu'il déteste ces politesses, Alayn risque d'avoir une belle surprise, mais il s'y est préparé, c'est quasi inévitable.
Peut-être aurait-il du s'en tenir à cette phrase, peut-être... Pourtant il poursuit.


J'espère que vous avez faict bon voyage, et que vous n'avez point trop souffert de vos blessures durant icelui.

Opter pour une tactique polie, inquiète de la santé du seigneur de Vautorte, sincère et franche en somme, la meilleure selon lui, rester lui-même, tel qu'il est. Il ne sert à rien de jouer avec des masques.
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--Crokie


Quelques secondes… Quelques malheureuses secondes seulement se sont écoulées depuis son beuglement que déjà une porte claque pendant qu’il pénètre dans l’enceinte du domaine de sa sœur… Faire mine de rien, serrer les dents alors que le visage reste masqué dans l’obscurité de sa capuche… Léger boitement qu’il ne peut cacher à chaque fois qu’il pèse de tout son poids sur sa jambe blessée… Plisser le nez en sentant les plaies suinter d’un liquide poisseux qui sans doute auréole ses vêtements… Comment essayer de faire croire qu’il est en pleine forme dans ses conditions ?

Des bruits de pas le font redresser la tête… Juste assez pour que l’azur trouve la silhouette qui accourt vers lui… Le regard flamboie de joie lorsqu’il reconnait le minois de l’Apo qui vient à toute vitesse vers lui, cheveux aux vents… La jambe valide glisse légèrement en arrière au cas où elle se jetterait dans ses bras… Mais non… Le nez se plisse alors qu’il la voit s’arrêter à quelques mètres de lui… Elle aura sans doute remarqué qu’il n’est pas en état de l’accueillir comme ça…

Les azurs se croisent et se retrouvent, il lui adresse un tendre sourire alors qu’elle s’immisce entre ses bras… La capuche est retirée habilement pour qu’elle puisse venir dévorer son visage de baiser… Douceurs des lèvres qui lui ont manqué… Tellement… Pour ça qu’il s’est arraché aux griffes de la mort… La frangine frémit et instinctivement le bras colossal resserre son étreinte autour d’elle, la collant contre son torse pour la rassurer…

Pas le temps d’ouvrir la bouche que déjà elle repart à lui poser mille et unes questions… Diversion ? Inquiétude ? Les deux ? Petit sourire qui étire le coin de ses lèvres alors qu’il la suit l’air de rien, l’écoutant attentivement en avançant, s’appuyant le moins possible sur sa sœur… Fierté oblige, il fait tout pour ne pas avoir besoin de quelqu’un pour marcher…

Malgré sa nuque douloureuse, le colosse se penche vers Apolonie juste après qu’elle n’ait crié, ses lèvres trouvant le creux de son oreille pour qu’il lui murmure ses réponses… Ralentissant le pas quelques secondes seulement pour qu’elle apprenne qu’une fois de plus c’était la blonde libertadienne qui s’était occupée de lui… Et que non, il n’irait pas dormir, quelqu’un l’attendait, non ?

La montagne de muscle se redresse lentement alors qu’il se rapproche du but… L’azur se durcit sans qu’il ne le veuille… Sans doute pour vouloir impressionner l’homme qui se pense capable d’être celui qu’il faut pour sa moitié… Sourire en coin pour toute réponse à la supplication muette de la frangine… A quoi peut donc bien ressembler ce royaliste…

Le coin de mur qui les masquait est dépassé… Sans un mot l’azur trouve l’émeraude du vicomte… Bleu glacial qui flamboie alors qu’un écrin gelé semble s’emparer de la pièce malgré le feu qui crépite dans l’âtre… Quelques secondes de silence… Il jauge l’homme qui se trouve face à lui… Le nez se plisse discrètement… Pas du genre à se faire un avis sur une apparence…

Apolonie s’écarte légèrement pour attraper la main du royaliste tout en entamant les présentations… C’est l’heure… Alayn hein ? Vicomte… Le colosse laisse filer encore quelques secondes… Laisser le loisir au noble auvergnat d’ouvrir la bouche en premier pour se présenter et surtout voir comment il parle... Etrangement voilà qu’il ouvre la bouche… L’oreille se dresse alors que les yeux se plissent… Habitué à entendre les accents nobles qui résonnent dans son esprit… Réprimer le petit sourire amusé qui voudrait naître au coin de ses lèvres…

Vouvoiement… Reniflement plus qu’indélicat en réponse, la tête se penche alors que le visage se crispe… Douleur contrôlé mais masque dur placardé… Dommage pour une première rencontre…


« Vicomte… »

Simple mot lancé alors que l’azur flamboie… Hésiter quelques instants entre faire du rentre dedans tout de suite… Lancer l’assaut dès le premier instant où attendre de le chopper plus tard, en tête à tête ? Nouvelles secondes qui défilent avant qu’il n’esquisse un fin sourire…

« Les Messires et autres ronds de jambes ne sont pas pour moi… Ça ne devrait pas vous paraitre étrange vu que vous sembler côtoyer ma sœur depuis quelques temps…
Quand a mes blessures… Elle ne concerne que moi… »


Le ton est donné… Peut-être plus dur qu’il ne l’aurait fallu, mais comment briser la glace avec un inconnu qui semble déjà si proche de la frangine dont il a dû s’éloigner… ? Comment réprimer le sentiment de jalousie qui l’étreint tout comme le froid glacial qui traverse son échine lorsqu’il aperçoit les regards qu’ils s’échangent tout deux… ?
Masquer les sentiments par un sourire en coin, si connu et si ravageur, peu utile pour un vicomte, sauf peut-être pour faire passer la pilule du ton froid, presque cassant… Essayer de rectifier le tir avant qu’Apolonie ne lui lance un regard meurtrier ou ne capte ce qu’il tente de cacher…


« Néanmoins, enchanté de te rencontrer enfin, Alayn… »

___________________
Apolonie
Deux mondes... On dirait deux mondes... L'azur oscille de l'un à l'autre au gré des phrases échangées. Finalement, elle préfère presque sa place que l'une des leurs. Entre deux hommes qui ne se lâchent pas du regard... L'attitude polie et naturelle d'Alayn, son phrasé, tel qu'elle le connait, une pression sur sa main, un léger sourire, elle se doute de la réaction d'Eikorc qui ne tarde pas à venir... Et son frère, tout en force, naturel... Avec une pointe de dureté qu'elle ne lui connaissait pas, pas vraiment, une lueur qui s'allume dans les prunelles bleues, une surprise qui n'en est pas une, un sentiment étrange qu'elle ne cherche pas à creuser...

Quant a mes blessures… Elle ne concerne que moi…

Vague grommellement de la demoiselle qui n'est absolument pas d'accord avec cette phrase. Mais alors pas du tout même, et qui tient à le marquer même ce n'est absolument pas là le sujet de la discussion. Bah tiens, depuis quand elle n'est plus concernée par ses blessures ? Le sourcil se fronce imperceptiblement... Mais elle ne dit rien. Pas le moment... Le sourire se glisse en coin sur les lèvres de son frangin, une attitude sur la défensive, quelque chose qu'il ne veut pas qu'on lise. La douleur de ses blessures ? Une gêne à rencontrer Alayn ? Autre chose ... ? Elle fouille du regard le masque du colosse, celui qu'elle ne voit que quand ils sont en public, qu'il n'a jamais porté avec elle... Et s'imagine à sa place. Le sentiment tente de se deviner alors qu'elle se voit présentée à une éventuelle conquête devenue plus que ça pour son frère, une femme qu'il aimerait au point de la lui faire rencontrer... Une femme qu'il aimerait plus qu'un béguin de passage... Une autre... Et le long de son dos un frisson, sensation désagréable qui la parcourt. Sans nul doute, ce serait difficile...

Néanmoins, enchanté de te rencontrer enfin, Alayn…

Le ton est donné... La politesse au moins est de mise. Le sourire retrouve sa place sur ses lèvres... jusqu'à ce que son regard effleure les tâches sanguines sur les vêtements de son frangin et qu'une grimace le remplace. S'excusant d'un baiser de délier leurs doigts, elle se détache d'Alayn pour rejoindre la table où sont posés chiffons, bassine d'eau et victuailles. Jacques... Il a prévu pour un régiment. A croire que parce qu'ils font peur, ils mangent comme des ogres... D'une main sure elle s'en saisit, et d'un ton sans appel, elle s'adresse à Eikorc.

Toi, tu poses tes miches sur ce fauteuil là, et tu me montres ce bras, voire cette cuisse.
On n'a pas idée d'venir voir sa soeur dans un état pareil...


Le ton se veut dur, mais la pointe entre taquinerie et inquiétude ne peut s'empêcher de tailler sa place dans ses mots. Et le geste autoritaire ne laisse pas d'autre choix au colosse. Oh elle sent bien qu'il n'est pas d'accord. Elle se doute franchement qu'il va détester, et que ça le place en situation d'infériorité, dur de s'imposer quand on est cicatrices à l'air à se les faire nettoyer. Mais sincèrement, à cet instant précis, elle s'en moque. Pendant qu'il ouvre ses vêtements en bougonnant, la rivière auburn coule le long de son bras alors que la tête se tourne vers le jeune vicomte. Le sourire se fait tendre, et l'intonation beaucoup plus douce. Alayn a la délicate attention de n'être pas blessé, au moins.

Mon amour ? Tu peux rapprocher le vin et les .. euh... trucs que nous a fait préparer Jacques ?
Tu sers tellement bien les coupes... A croire que tu t'entraines régulièrement...


La complicité tissée au fil des évènements vécus côte à côte ou face à face commence à se faire sentir... Comme s'ils s'étaient observés, jugés, aimés, avant d'oser partager et rire ensemble... Et ce pincement qu'elle ressent toujours en posant ses yeux sur lui lui fait penser qu'elle est dans le juste, qu'il est celui avec qui elle partagera sa vie, qu'elle l'aime, tout simplement. Sérénité amoureuse d'une relation qui s'intensifie de jour en jour. Ce pincement, elle le ressent bien là, nœud dans le ventre et respiration qui se fait courte. Fugace interrogation, aurait-elle serré plus qu'à l'habitude les bandes de tissus avec lesquelles elle enroule sa poitrine pour ne pas être gênée dans ses mouvements ? Ou alors elle a pris du poids ? Non, pourtant elle flotte toujours dans ses braies... Haussement d'épaule imperceptible alors qu'elle revient sur les blessures de son frère qui rechigne manifestement. L'azur rejoint le plafond un instant avant de se fixer sur quelques points qui ont décidé de jouer les filles de l'air, laissant le carmin liquide s'écouler au compte goutte d'une plaie qu'on devine profonde. Le colosse s'est tourné, dévoilant une omoplate franchement abîmée. Et cette nuque... Eclair de douleur dans l'azur d'une soeur qui imagine à peine la douleur d'une cautérisation pareille... Une marque au fer rouge qui au moins aura permis une cicatrisation rapide d'une plaie qu'elle n'aura pas à soigner... Quant à la cicatrice réouverte en dessous, c'est une autre affaire.

Et Apolonie, pourtant rodée à l'exercice sanguinolent, habituée des blessures et autres manifestations peu ragoutantes des combats et de la vie au grand air se sent soudain blêmir. Une bouffée de chaleur vient sécher une goutte de sueur sur sa nuque, un haut le coeur qui lui soulève la glotte.... Par Aristote, mais enfin! On dirait une donzelle qui aperçoit la chair sous la peau pour la première fois! L'est pourtant pas d'nature fragile Apo, elle en a vu d'autres... Elle a elle-même pu apercevoir ses propres tripes, et si son cou avait été plus long, elle aurait admiré il y a quelques mois les os d'son thorax transpercé... Alors pourquoi cette soudaine nausée à la vue d'un peu de sang qui perle à l'orée d'une plaie déjà recousue ?

Pour détourner l'attention, elle plonge un des tissus propres dans la bassine, l'essore. Et se concentre sur le dessin de l'omoplate de son frère pour pouvoir attaquer tranquillement le nettoyage. A c'qu'elle a vu avant de manquer tourner de l'oeil, ce qui semble d'ailleurs lui être passé depuis, il n'y aura pas besoin de recoudre... Un bandage devrait suffire. Léger geste, comme une caresse humide pour récupérer le rouge sur la peau de l'angevin, faire propre cette blessure dans dos, celle qui lui immobilise le bras. Pour la cuisse, elle aura compris, il se débrouillera. Pas la peine d'insister !

C'est pourquoi, sans transition aucune, parce que sur un campement on soigne, on boit et on mange en même temps, elle se tourne vers ce qui sert de table devant l'âtre dès qu'elle a terminé le noeud d'un bandage de fortune, et récupérant la position dite du tailleur, elle se pose de nouveau entre les deux hommes de sa vie, en hauteur par rapport à elle. Eikorc récupère sa chemise, lui qu'elle a pourtant vu se trimballer torse nu pendant une bonne partie de l'été. Et tandis qu'il leur fait de nouveau face, elle sourit.


Voilà, au moins tu peux tendre le bras pour boire sans foutre de sang sur le sol...
Merci Alayn. On boit à votre rencontre ? Ou c'est prématuré ?
Ou alors à moi ? Puisque j'vous réunis après tout !


Le sourire se veut enjoué, elle essaie de ramener de la couleur sur ses joues blanches, et d'envoyer au loin ce petit moment de faiblesse qu'elle ne comprend pas. Peut être le chaud-froid, ses pieds mouillés... Pas grave. C'est passé. Toujours est-il qu'elle se demande bien ce que les deux hommes vont trouver comme sujet de conversation...
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Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Alayn
La réponse du frangin est telle qu'Alayn l'avait imaginé... Il fallait bien commencer par quelque chose, il ne se formalise pas du « ronds de jambes » lancé par le colosse, ni du reste d'ailleurs, ce reniflement désagréable, s'il n'était pas venu de lui aurait été déclencheur d'une agressivité certaine, il en faut peu pour le faire partir au quart de tour quand il a décidé le vicomte. Mais là c'est autre chose, c'est dans le jeu, il ne relève pas, peut-être une manière pour Eikorc de se mettre sur la défensive et d'appuyer une distance déjà bien marquée.

Un petit sourire franc s'échappe lorsque le tutoiement s'installe et que les premiers mots de politesses sont prononcés par le seigneur de Vautorte. Presqu'aussitôt remplacé par un haussement de sourcil lorsqu'Apolonie vient lui donner un baiser avant de lui lâcher la main et ordonne à son frère d'aller s'asseoir pour qu'elle jette un œil sur ses blessures. Puis elle s'adresse au vicomte, lui demandant de faire le service dans un sourire tendre.


« Mon amour ? Tu peux rapprocher le vin et les .. euh... trucs que nous a fait préparer Jacques ?
Tu sers tellement bien les coupes... A croire que tu t'entraines régulièrement... »


Un « Bien sûr » accompagné d'un large sourire en réponse à la taquinerie lancée par son aimée, au moins ça aura eu le mérite de le mettre un peu plus à l'aise avant que la discussion se poursuive et que la rivalité reprenne sa place. Bien sûr ils auraient été que tous les deux, ou c'eut été une autre personne que ce colosse dans la pièce, il aurait répliqué, voir surenchéri, mais sur ce coup-ci il s'abstient et s'exécute. Il se rapproche de la table pour effectuer le service et apporte les coupe sur une table basse qu'il dispose entre les fauteuils. Il en fait de même avec quelques amuses-bouche , quelques, parce qu'il n'y aurait pas de place sur la petite table pour faire tenir tout ce que Jacques a apporté. Dommage qu'il soit si... étrange l'intendant, il fait pourtant bien son travail.

Tout en faisant le service il guète du coin de l'œil ce qu'il se passe du côté du blessé qui se fait soigner par les petites mains délicates de sa sœur. Un frisson le parcoure au souvenir du contact de ces mains sur sa peau, de cette nuit en Anjou, de... Et là le nœud dans le ventre reprend sa place, et si le colosse apprenait ce qu'il s'était passé cette nuit là... Déjà que le simple fait qu'il soit là le vicomte, dans la vie d'Apolonie, était un très mauvais point pour lui, il n'ose même pas imaginer ce qui se passerai s'il venait à le savoir. Ne plus penser à ça... surtout pas. D'un réflexe il va remettre une bûche dans l'âtre pour se changer les idées, et pour ne pas qu'il s'éteigne, ça va de soi... Et enfin il vient prendre place sur le fauteuil en face de celui d'Eikorc sur qui il ne peut s'empêcher de poser son regard pour contempler l'étendue des dégâts et ses blessures. Le vicomte n'ose même pas imaginer les souffrances qu'il a pu endurer, c'est qu'ils ne l'avaient pas raté, il a de la chance d'être toujours de ce monde. Il remarque aussi un petit quelque chose d'anormal chez sa dame, elle n'est pas comme d'habitude, un peu trop pale, ça ne lui ressemble pas. Est-ce la vue des blessures de son frère qui lui provoque un léger malaise ? C'est fort possible après tout.

Le quart d'heure médecine se termine, Apolonie toujours une peu blanche reprend sa place au centre, assise en tailleur entre les deux hommes. Alayn, lui, se relève pour tendre à chacun une coupe de vin pour qu'ils puissent trinquer. Un sourire tendre lorsqu'il donne la sienne à son aimée, et un regard non pas froid, mais détendu quand vient le tour d'Eikorc. Et la demoiselle qui brise de nouveau le silence.


« Voilà, au moins tu peux tendre le bras pour boire sans foutre de sang sur le sol...
Merci Alayn. On boit à votre rencontre ? Ou c'est prématuré ?
Ou alors à moi ? Puisque j'vous réunis après tout ! »


Oui mon amour, buvons à toi, qui fait que cette rencontre fut possible.

Il lève sa coupe pour accompagner ses dires et la porte ensuite à ses lèvres pour boire une gorgée de son contenu. Et puisqu'il est lancé le vicomte, il ne s'arrête pas... Inutile de faire trainer les choses, autant que tout soit clair, que ça éclate si ça doit éclater. Ca ne pourra qu'être mieux une fois que les deux hommes auront dit ce qu'ils ont à se dire.

Bien, Eikorc... puisque nous en sommes venus à nous appeler par nos prénoms et à se tutoyer... je te rassure je n'y vois aucun inconvénient, au contraire. Entrons dans le vif du sujet si tu veux bien, après tout nous sommes là pour une chose bien précise alors allons-y gaiement.

Une nouvelle gorgée de vin prise, le regard bien ancré dans l'azur du colosse pour capter sa réaction.

Je n'irais pas par quatre chemins, je suis quelqu'un de franc, d'avance je te prie de m'excuser pour ce qui va suivre, certains de mes propos ne te plairons peut-être pas.
J'aime ta sœur, plus que tout au monde. Aujourd'hui plus que jamais je sais que ma vie ne peut être possible sans elle à mes côtés. Cela ne fait que quelques semaines à peine que nous nous connaissons, mais déjà nous avons vécu tant de choses elle et moi...


Il est parti, il ne s'arrête plus, il se surprend lui-même des mots qu'il prononce, de la tournure que prend son discours... jusqu'où va-t-il aller comme ça ? Son regard se porte alors sur celle qui a gagné son cœur, qui elle-même le regarde avec étonnement. La tendresse, l'amour prennent doucement place dans les émeraudes du vicomte, le ton se fait aussi plus doux. Ce n'est plus au colosse qu'il s'adresse mais bien à Apolonie qui venait juste de reprendre un peu de couleurs.

Je n'ai jamais été aussi sur de moi qu'aujourd'hui. C'est pourquoi je te demande ta main mon amour...
Veux-tu devenir ma femme ?


Ca y est, c'est dit... Il a un genou à terre lorsque ses derniers mots sortent de sa bouche, il en oublie presque la présence d'Eikorc qui est assis juste derrière sa sœur, une erreur peut-être. Qu'est-ce qui lui a pris de dire cela ? L'amour, tout simplement. Cela faisait des jours que l'idée de la demander en mariage trottait dans sa tête, mais pourquoi là ? Pourquoi à cet instant précis ? Une manière de prouver ses sentiments au seigneur de la Vautorte... ? Non certainement pas, il a prononcé son vœu de la façon la plus sincère, les mots sont sortis d'eux-mêmes, dictés par son cœur.
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--Crokie


Un baiser qui lui fait lever les yeux au plafond quelques secondes… Comment se fait-il qu’il n’arrive pas à supporter de voir sa sœur heureuse et amoureuse avec cet homme qu’il ne connait pas ? Pourquoi alors que d’autres ne lui avaient fait ni chaud ni froid ? Serrer les dents imperceptiblement avant de glisser l’azur sur Apolonie qui s’approche… Ton impérieux qui lui fait hausser un sourcil… Comment ça lui montrer son épaule ? Ah non pas maintenant… Plissez le nez et froncer les sourcils pour lui lancer une demande muette… Rien à faire...

Grommellement alors qu’il se laisse tomber lourdement dans l’un des fauteuils… La main gauche vient délacer la chemise habilement et rapidement… Les épaules roulent pour se débarrasser du tissu qui glisse sur sa peau… Epaule douloureuse qui le fait ferme les yeux quelques instants… Le colosse se tourne légèrement pour dévoiler son dos à sa frangine… Il connait l’état de sa nuque… Aphélie lui a raconté comment elle s’en était occupée… Garder les yeux fermés en baissant la tête pour ne pas regarder le vicomte, ignorer les mots lancés par la brunette, ne pas relever…

Les cicatrices sont-elles si impressionnantes et sanguinolentes pour qu’il sente un Imperceptible tremblement venant de la main de sa moitié… La tête se redresse lentement, les soins sont tout de même effectués… Dou tissu qui vient récolter les gouttes de sang qui se sont échappés de son épaule… Rapidement pansé, assez pour qu’il puisse remettre sa chemise sans lâcher le moindre mot…

Le colosse réfléchi… Observant discrètement le vicomte qui semble dévorer sa sœur des yeux à chaque coup d’œil… L’aime-t-il vraiment ? Et elle ? Il finit de refermer sa chemise avant de se retourner vers eux, vers Apolonie en particulier… Il ne peut se résoudre à prendre une allure accueillante vis-à-vis d’Alayn… Comment faire alors qu’il sent son estomac se nouer à chaque fois que lui vient l’idée que peut-être son âme-sœur passera sa vie avec lui… ?

Un grognement sourd répond à la taquinerie sur sa blessure et sa grande paluche se referme sur la coupe que lui tend l’auvergnat… Mais il ne la lève pas comme lui, se contentant d’humer l’odeur du vin tout en venant planter l’azur métallique de son regard dans celui du prétendant… Il semblerait qu’il ait envie de causer… Tant mieux, c’est toujours plus instructif d’écouter plutôt que de parler soit même…

Le sourcil se hausse lentement au gré du discours… Ce gringalet aime sa sœur plus que tout au monde alors qu’il ne la connait que depuis quelques semaines ? Déjà savoir qu’il ne peut plus se passer d’elle ? Peu à peu la gorge se noue et les traits se durcissent… Le colosse jouant de ses doigts sur sa coupe pour calmer l’énervement qui monte… Contenant la jalousie maladive qui l’étreint et le fait frissonner… Puis tout à coup l’auvergnat se détourne de lui, l’émeraude quittant ses yeux pour se pencher vers sa sœur… A genoux ? Une demande en mariage ?

Les sourcils se haussent alors que les yeux s’écarquillent… La gorge devient sèche d’un coup alors qu’il imagine sa sœur accepté… Quelques secondes seulement s’égrènent alors que l’esprit semble figé… Mais pas le corps…

La montagne de muscle s’est arrachée de son siège sans réfléchir, son bras gauche s’envolant pour s’emparer du col du vicomte… Un puissant coup de rein l’arrachant du sol pour l’emmener s’écraser durement contre le mur de la pièce… Le choc se répercute dans son bras alors que son poing se referme autour du vêtement du prétendant de sa sœur… L’esprit cri de se calmer, de ne rien faire alors que tout son corps hurle de tuer cet avorton qui s’imagine capable de prendre soin de son âme-sœur…

Le sang bouillonne de rage dû à la jalousie qui creuse son ventre… Mais Eikorc s’empêche de lancer un coup d’œil à sa sœur qui doit être proche de la syncope, ne pas voir son visage pour ne pas calmer la rage qui l’anie… Mais il approche simplement son visage de celui du vicomte qu’il vient de plaquer… Lentement ses lèvres viennent au plus proche de son oreille alors qu’un murmure s’échappe… Ton froid et déterminé qui énonce une évidence, appuyant sur certains mots mais faisant en sorte que seul Alayn l’entende et que chacune des paroles restent gravées dans son esprit…


« Tu te proposes d’épouser la femme de ma vie…
Sache que si j’apprends que tu lui as fais le moindre mal… Physiquement ou moralement… Tu auras à faire à moi… Et ce qui vient de se passer ne sera rien à côté de ce que tu subiras… Cent fois, mille fois tu recevras la douleur que tu lui auras infligée… Et peu importe où tu iras, je te retrouverais… Tu sauras ce que veut dire avoir le diable à ses trousses… »



A peine a-t-il finit qu’il se redresse, relâchant l’emprise de sa main pour le libérer, le laissant glisser au sol alors qu’il se retourne… L’azur flamboyant et les dents serrés… Croiser l’azur de sa sœur, essayer de cacher ce qu’il ressent à celle qui lit dans son âme comme dans un livre ouvert… Mais comment faire ? Comment faire pour trouver une excuse à l’action qu’il vient de faire ? Rien ne peut expliquer si ce n’est la vérité… Amour étincelant dans les pupilles avant qu’il ne détourne les yeux et esquisse quelques pas sur le côté, rejoignant la fenêtre pour plonger son regard dans l’horizon… La question s’impose à son esprit… Devrait-il partir maintenant ? Laisser le couple se retrouver ? Peut-être…
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Apolonie
Le face à face continue... A croire qu'être assise en tailleur on en perd de la prestance. Le dialogue entre eux s'instaure... Ou pour être plus juste c'est Alayn qui l'entame. Elle se souvient qu'il en avait fait de même chez sa mère, abordant avec Gypsie le sujet de leur entrevue dès leur arrivée ou presque. Un sourire tendre se glisse sur ses lèvres, un léger rose vient recolorer les jours blêmies par le léger malaise de tout à l'heure. Les papillons dans son ventre recommencent leur danse endiablée, un noeud se coulant dans ses tripes qui depuis quelques temps semblent lui jouer des tours, provoquant ça et là haut-le-cœur et nausées dont elle se serait bien passée, comme lorsqu'elle a soigné son frère.

Il l'aime, et de l'entendre fait briller le ciel de ses yeux d'un éclat vif, tant les sentiments qu'elle lui porte sont réciproques. Il parle, il laisse les mots franchir ses lèvres, toucher son cœur, et elle remarque qu'ils touchent aussi celui du colosse, mais la réaction sur les pommettes du frangin est loin d'être la même que pour la brunette. Les traits durcis d'Eikorc se crispent encore, et sans s'en rendre compte, sans avoir conscience du geste, les ongles d'Apolonie viennent trouver la paume de sa main déjà blessée. D'un clin d'azur elle a déjà reporté son attention vers son aimé qui esquisse un pas vers elle, qui d'un coup d'émeraude a accroché son regard, le ton doux glisse comme une musique à ses oreilles attentives, tout son esprit désormais concentré sur la difficile tâche d'interpréter ses propos...


C'est pourquoi je te demande ta main mon amour...
Veux-tu devenir ma femme ?


La mimique se cale sur celle de son frère. La prunelle écarquillée, l'étonnement se fait silence. Mais là s'arrête la ressemblance, si Apolonie rougit soudain, si un battement de coeur se rate, le sang d'Eikorc semble lui ne faire qu'un tour. A peine a-t-elle eu le temps de bien saisir le sens des paroles prononcées par le vicomte qu'icelui se retrouve attrapé par le col et collé contre un mur par le colosse. Un hoquet de surprise, l'enchainement des évènements va trop vite, l'iris azuréen se perd dans les mouvements. L'ouïe résonnant encore de la demande en mariage ne peut capter une bribe des paroles de son autre, son double, qui arbore un mine qu'elle ne lui a jamais vue, même au plus fort des combats, même devant l'ennemi.

Le cœur se serre et tremble. Pour lequel ? Pour les deux, les deux hommes de sa vie. Celui qui la connait mieux que personne, et celui qu'elle laisse approcher... La rapidité lui coupe le souffle. A peine Eikorc a-t-il collé Alayn contre le mur qu'il le laisse retomber. A-t-il répondu, que s'est-il dit, elle n'en sait rien... Elle ne voit plus rien que l'éclair azur de son frère, que cet amour immense qui les unit, que cette folie dans le regard, cette douleur qu'il a, cette peur ancrée en lui. Ressentis et émotions se transmettent de l'un à l'autre... Amour, angoisse de se perdre, regret de ce qui aurait pu, promesse d'être toujours, courent le long du lien invisible qui les font se rejoindre dans une compréhension mutuelle quasi-parfaite. Une fraction de seconde... qui servirait à combler une galaxie tant elle est intense. Une fraction de seconde pendant laquelle elle s'est levée. Une fraction de seconde qui l'a vue glisser sur le sol de sa démarche furtive, rejoindre un frère qui doute sans raison... D'un haussement sur pointe de pied arriver à son oreille, et doucement, tout doucement, lui susurrer dans un souffle chaud et tendre :


Pour toujours et à jamais Eik... Pour toujours et à jamais...
N'oublie pas, c'est en moi comme en toi...


Puis revenir au sol, attraper son visage de ses deux mains, plonger son regard dans l'écho de son autre, y faire passer tout ce qu'elle ressent, savoir qu'il l'a compris avant de poser doucement ses lèvres sur les siennes, effleurement de baiser en caresse d'aile de papillon. Avant de le lâcher. Et de se tourner. Lui faire face. Observer son visage, marqué encore par l'action d'un frère qui n'a pu s'empêcher d'être lui-même... Le détailler, et n'y voir que l'amour qu'elle lui porte. Alayn... Défilé d'images et de souvenirs en impression fugace sur une rétine encore choquée de ce qu'elle vient de voir, eux, et le livre de l'âme de son double... La première fois qu'elle l'avait vu, sur l'estrade ducale, son premier discours, il y a plus d'un an... Comme elle l'avait trouvé mauvais, le "Ducaillon" comme on l'appelait à l'époque, que ce soit à la Coba ou à la Chancellerie, qu'elle servait toutes deux. Comme elle l'avait remisé dans le coin de son esprit. Comme elle l'avait revu il y a ce qu'il semble si longtemps, et pourtant seulement un mois et quelques ... Comme elle l'avait redécouvert, comme il l'avait découverte, comme il n'avait pas fui, dans cette ruelle languedocienne, comme elle l'avait aimé cette nuit en Anjou et comme elle l'aimait ce soir.

Il avance vers elle, elle le rejoint, liant leurs mains comme pour rappeler ce qui a fait débuter leur histoire, elle lui sourit, doucement, tendrement, amoureusement. Cherchant dans ses yeux verts le même éclat qui y brillait quelques instants auparavant, l'y dénichant, elle s'y fixe. D'une pichenette mentale elle chasse un instant une pensée... ce que ce qu'elle s'apprête à dire va pouvoir faire à son frère qui se tient là, juste derrière elle. Parce que ce moment est à eux. Parce que malgré la division de l'esprit et du coeur, elle ne peut s'empêcher de penser qu'elle est ravie de partager ça avec lui... Parce qu'elle regarde Alayn, et qu'elle sait. Oh oui, elle sait.


Mon amour... Si...
Si ta demande tient toujours... Si Eik ne t'a pas fait regretter tes paroles...
Si tu es sûr de toi... Alors oui... Oui, je veux devenir ta femme.


Elle ne peut empêcher un lueur d'inquiétude de scintiller dans l'azur. La vouloir c'est accepter son frère. La vouloir c'est accepter l'Apo aussi. La vouloir pourrait paraître évident, mais ne l'est pas. La suivre pourrait paraître simple et l'est encore moins. L'amener à vous suivre ? Les seuls à le pouvoir sont dans cette pièce. Elle a dit oui... Et soudain tout tourne. L'émotion, la surprise, l'amour violent, celui empli de tendresse et de compréhension, les battements effrénés d'un coeur mis à rude épreuve la font chavirer. Le tourbillon l'emporte, l'iris se couvre de noir, elle ne se sent pas partir en arrière, elle ne se sent pas arriver au sol, elle ne sent pas non plus le froid se couler le long de son dos, elle s'évanouit, purement et simplement, sous leurs regards.
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Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Alayn
Presque, il l'avait presque oublié le colosse, mais il se rappelle de lui-même à la mémoire du vicomte qui se voit soulevé du sol et plaqué contre le mur le plus proche sous les yeux d'une Apolonie qui en reste sans voix. Tout avait été assez bien jusque là, jusqu'à cet instant... Ce n'est pas du regret qu'il éprouve, non, il se maudit de toujours vouloir aller droit au but, de ne jamais avoir saisi le sens du terme diplomatie. Mais avec ce genre de personne en face, comment être diplomate ? Au moins là il pouvait voir sa vraie personnalité, non pas le masque qu'il avait arboré et gardé jusqu'alors, à présent tombé à cause de (grâce à ?) cette colère qui l'anime.

Tout se passe très vite, quelques secondes à peine, du soulèvement alors qu'il est toujours un genou à terre devant celle à qui il a demandé sa main au choc de la rencontre entre son dos et le mur. Il n'a même pas le temps de réagir, il ne cherche pas à le faire. Les éclairs que lui lance le colosse en disent long, mais Alayn ne détourne pas son regard, il ne l'a pas fait jusque là, ce n'est pas maintenant qu'il va le faire. Et ces mots qu'il murmure à son oreille, une mise en garde, une menace, et dans le lot un « la femme de ma vie ». C'est donc ça : de la jalousie, de la pure jalousie noyée dans une peur pour l'avenir de sa sœur, pour sa sœur elle-même. Peur que le vicomte ne soit pas à la hauteur de ses mots, de ses promesses, qu'il ne la choie pas comme elle le mérite ou encore qu'il la rende malheureuse. Au plus profond de lui l'auvergnat sait que toutes les peurs de l'anjevin ne sont pas fondées, il saura rendre Apolonie heureuse comme elle le rend heureux, mais tous les mots qu'il prononcerai n'y changerai rien, il le sait. Toutefois il laisse échapper un souffle alors que ses pieds retrouvent le sol de la pièce, une seule et unique phrase.


Je l'aime... rien, ni personne, ne pourra altérer mes sentiments, pas même le temps.

Là, maintenant, tout est dit.
La confrontation a eu lieu, plus vite qu'il ne l'avait imaginé, certes, mais elle a bel et bien eut lieu. C'est au tour de la maîtresse de maison, de celle qui est au centre de cette discussion, de venir à l'oreille de son frère pour y glisser des mots qu'Alayn ne peut percevoir, puis sous ses yeux ébahis ces lèvres qui rejoignent celles d'Eikorc... il comprend, il croit comprendre...
Et enfin elle se tourne vers lui, de son azur elle cherche ses yeux, son regard, le jeune vicomte s'avance vers son aimée, mais avec tout ce qui est arrivé il ne sait plus très bien comment il doit agir, ce qu'il doit faire, à quoi il doit s'attendre. La réponse à sa demande n'a toujours pas été formulée, il se met à douter... si... ? Les mains se joignent comme au premier jour, un doux sourire naît sur le visage d'Apolonie, et la tendresse qui a pris l'habitude de trouver dans ses émeraudes reprend doucement sa place alors que toutes les autres émotions s'effacent. Elle est devant lui, les yeux emplis d'amour, lui a son coeur qui ne cesse de battre à une vitesse folle, avant de s'arrêter lorsqu'elle s'adresse à lui.


« Mon amour... Si...
Si ta demande tient toujours... Si Eik ne t'a pas fait regretter tes paroles...
Si tu es sûr de toi... Alors oui... Oui, je veux devenir ta femme. »


A son tour il esquisse un sourire amoureux, sincère. Oui il est sûr de lui, ça ne fait aucun doute. Il revis mentalement une fois de plus les dernières semaines qui se sont écoulées depuis qu'il passe tous les jours avec elle, celui où elle s'est montrée telle qu'elle est, ces mots qu'elle avait prononcé, elle lui avait demandé de fuir, de l'abandonner et lui qui n'avait pu s'y résoudre, déjà certain de l'avenir qui s'offrait à eux, de ces instants de tendresse, de cette nuit d'amour partagé... Oui, il est sûr de lui.

Non, Eikorc ne m'a pas fait regretter mes paroles. Et oui mon amour je suis s...

Que se passe-t-il ? Pourquoi... ?
Les mains subitement froides de son aimée lâchent les siennes, doucement, involontairement, son teint devient blanchâtre, le regard se perd. Il la voit partir en arrière, impuissant. Il tente en vain de la rattraper juste avant que les bras d'Eikorc ne viennent accueillir le corps inerte d'Apolonie pour l'accompagner jusqu'au sol. D'un trait le vicomte efface la rivalité entre lui et le seigneur de Vautorte, il n'est plus question de poursuivre ces enfantillages, il faut passer à autre chose... Il lève des yeux interrogateur vers le frangin alors qu'il tombe à genoux à côté de son aimée pour lui prendre la main, toujours aussi froide.


Que lui arrive-t-il ? Elle est gelée...

Dans l'élan il crie par dessus son épaule :

Jaaacques !! Des couvertures, et vite !

Puis revenir poser ses yeux sur elle, la regarder, incapable de la sortir de cette torpeur. Le coeur qui peu de temps avant s'était comme arrêté reprend sa course effrénée, il est mort d'inquiétude. Et de nouveau il s'adresse à Eikorc, la lueur dans ses yeux verts et le ton de sa voix sont sincères.

Merci d'avoir été là pour la retenir.
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--Crokie



Dans son écart, l’azur est accroché… Multitudes de sentiments échangés… L’oreille capte à peine le souffle que lâche le vicomte… Des mots… Ce n’est pas le premier à dire ce genre de chose et ça ne sera sans doute pas le dernier… Tout homme cherchant à s’attribuer les faveurs et l’amour d’une femme sait user des mots… Ne pas relever et continuer sa route jusqu’à la fenêtre, l’épaule trouvant un coin de mur alors que l’azur fouille l’horizon, le ciel, les nuages… Tourbillon d’émotions qui traversent le corps d’un colosse dont tous les muscles sont tendus… Aucun combat n’est plus rude que celui contre ses propres sentiments…

Mais le seigneur de Vautorte n’a pas le temps de chercher à masquer ce qu’il ressent, de toute manière sa frangine à une fois de plus lu en lui… Il l’entend approcher, ses pas doux glissant sur le sol jusqu’à ce qu’une main se pose sur son épaule pour prendre appui… Doux mots murmurés à son oreille… Pour toujours et à jamais oui… Les paupières se ferment une fraction de seconde pour qu’il laisse les paroles résonner dans son esprit… Il n’a pas le temps de répondre que déjà les mains de sa sœur viennent sur ses joues, l’azur brillant d’amour plongeant dans le sien qui ne peut que vibrer en canon avec la même lueur…

Ils s’aiment, ils s’adorent, ils ne forment qu’un… Des âmes-sœurs… Et c’est une vague d’amour qui traverse le corps du colosse alors que les lèvres d’Apolonie se posent sur les siennes… Baiser auquel il répond juste avant qu’elle ne rompe le contact… Frisson qui parcourt son échine… Pour toujours et à jamais, même avec le vicomte dont elle semble éprise ? Frémissement qui parcourt ses muscles alors qu’il ne peut détacher son regard de la silhouette qui rejoint l’auvergnat…

Tout dans ses gestes, tout dans ses paroles, tout en elle montre qu’elle l’aime… Sincèrement… Nouveau creux au ventre alors que la pupille azurée s’étrécit… Les mains se lient… Il sait déjà ce qu’elle va dire… Il la connaît comme elle le connaît… Mieux que quiconque… Enfin les paroles prononcées… Le cœur se serre, vibre… Les paupières se ferment alors que la gorge se noue… Elle a choisit… Elle accepte d’être la femme de ce vicomte…


L’esprit part en questionnement… Doit-il faire place nette pour laisser les deux tourtereaux se retrouver ? Doit-il ouvrir la bouche et s’opposer à ce mariage ? En quel honneur ? Celui d’un amour caché qui est réciproque et que tout deux savent invivables ? Non… Eikorc l’aime de tout son cœur, de toute son âme… Et le ton qu’elle a employé suffit à faire céder ses envies de s’opposer… Que lui apporterait-il lui de toute manière à part sa présence, son amour et sa protection ? Sans doute pas ce que lui a apporté cet Alayn…

Quelques secondes seulement se sont écoulées… Il ouvre les paupières lentement pour regarder l’homme qui sera sans doute son futur beau-frère mais autre chose aussi… L’azur n’a pas le temps de tomber sur le visage du vicomte, l’œil habitué à l’observation aperçoit le vacillement presque imperceptible du corps de sa sœur avant qu’elle ne parte en arrière…

Les jambes poussent en même temps sur le sol et sur le mur alors que les bras se tendent… L’espace qui le séparait du couple est franchit en une fraction de seconde alors qu’il réceptionne sa frangine inanimée dans ses bras puissant, ignorant les cicatrices de son corps qui tirent sous l’effort du mouvement… C’est pas qu’elle est lourde, c’est qu’elles ne sont pas totalement guéries… Clignement de paupière pour repousser ses sensations alors que l’azur se pose sur le visage d’Apolonie…

L’estomac se noue alors qu’il la dévisage, inquiet… Que ce passe-t-il ? Depuis quand s’évanouie-t-elle comme ça ? Pourquoi surtout ? Le regard se détache du visage alors que ses doigts viennent passer en douce caresser sur la joue de sa frangine, effleurant sa peau jusqu’à passer sur ses lèvres, remontant le long de son nez pour caresser son front… Gelée… Elle est gelée… Pourquoi ?

Les mots du vicomte le font sortir de ses pensées et le visage se redresse… L’azur reprenant la teinte métallique alors qu’elle se plante dans l’émeraude… Lui aussi s’inquiète c’est donc que ça ne doit pas lui arriver souvent… Le sourcil se hausse alors qu’il la remercie… Puis un tendre sourire étire ses lèvres alors qu’il répond lentement d’une voix basse…


« Je serais toujours là pour elle… Toujours là quelque part, pas loin… Pour si elle a besoin de moi… »

Puis ajoutant pour lui-même, si bas que le vicomte ne l’entendra surement pas, juste pour que ces mots résonnent à nouveau dans son esprit…

« Pour toujours et à jamais… »

Les yeux se détachent de ceux d’Alayn replongeant sur le visage de sa sœur alors que ses bras se glissent sous elle… Il hésitait à partir, mais il restera… Il s’impose même, soulevant sa sœur aisément pour l’emmener vers une sorte de Sofa, entraînant le vicomte qui ne lâche pas la main d’Apolonie derrière eux… C’est avec des gestes tendres qu’il la dépose sur les coussins, ne jetant pas le moindre regard à la Jacqouille qui apparait en courant avec des couvertures dans les bras… Restant simplement penché au-dessus de sa moitié pour essayer de comprendre pourquoi elle s’est évanouie…
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Apolonie
Doux coton de l'inconscience qui l'enrobe et la dépose sur un voile éthéré et si accueillant. Apolonie au pays des rêves... Elle a sombré, comme si son corps la rappelait à l'ordre. Elle qui ne s'est jamais préoccupée de sa santé se fait rappeler à l'ordre au plus mauvais moment. Peut être cela lui apprendra-t-il à se surveiller, à écouter les signes précurseurs, à comprendre les symptômes... Peut-être la prochaine fois se rendra-t-elle compte qu'il est de plus en plus difficile de bander cette poitrine dont le volume a étrangement augmenté... Peut-être admettra-t-elle que les nausées qui l'assaillent ne sont pas dues uniquement à son dégoût de la connerie et de la mièvrerie...

Alors que tout devient noir, alors qu'elle s'évade d'un corps porté par son frère, une figure connue se présente devant elle. Sursaut d'horreur, grimace de consternation, sourcil haussé d'étonnement. M'enfin qu'est c'qu'elle fout dans son inconscient celle-là ?! Apolonie toute entière se crispe, révulsée que Poutou puisse s'infiltrer dans sa tête ainsi... Morte, elle est censée être morte. Mais l'ex montbrissonnaise n'est semble-t-il pas venue seule. Derrière elle, une nuée de donzelles se déploie sur les côtés jusqu'à entourer complètement la jeune femme d'armes qui d'ailleurs ne les porte plus et s'en étonne, elle est toujours armée normalement, même dans ses rêves, d'autant plus dans ses rêves d'ailleurs.... serait-ce un cauchemar ?

Tournant sur elle-même, elle observe celles qui la cernent. Nombre d'entre elles arborent fièrement un ventre digne d'une vessie de soule surdimensionnée. Ou alors pendent à leurs mains des mioches. Une myriade de gosses. Des chiards par centaines. Des tonnes de gniards. Marchant, deux par deux, paires gémellaires métronomiquement réglées, un garçon, une fille, régulière farandole de mômes. Et leurs mères, cet air niais de la béatitude parentale sur la trogne, si fières de leur progéniture fantôme, mièvres jusqu'au bout des ongles, si emplies de la certitude d'être bonnes - alors qu'objectivement, les gamins, ça sert à rien... - qui avancent avec eux, resserrant autour d'Apolonie l'étreinte fatidique. La panique se fait, le cœur se lance dans une folle gigue qui affole les sens et l'azur qui passe des unes aux autres, comme prise dans un incendie, pas de porte de sortie. Et devant elle, la Reyne des Pondeuses, la Championne toute catégorie du Cliché, l'Impératrice de la Grossesse en personne, Poutou, qui s'avance, un sourire dégoulinant de guimauve sur le visage, à en faire s'hérisser tous les poils et même les cheveux qu'elle a pourtant longs, d'Apo.


Bienvenue au club des Pondeuses, Apolonie de Nerra..ha... ha... HA HA HA HA HA!*

La prunelle s'élargit jusqu'à couvrir de noir tout l'iris bleuté qui se cache, disparait derrière l'effrayante et effarante révélation. Le coton dans lequel elle a sombré n'a plus de doux, sur sa peau, l'effet se fait rugueux, abrasif, plus du tout confortable ce lieu... Elle veut se réveiller, cette vision d'horreur, cette phrase qui résonne dans sa tête, se cognant contre les parois de son crâne pour mieux rebondir et revenir la frapper en pleine conscience. Le hurlement se forme, nuée de panique et d'incompréhension, se nourrissant dans son ventre, remontant le long de l'œsophage jusqu'à sa gorge où il se mue en un cri de colère ahurie, jusqu'à s'enfuir, franchissant la barrière de ses lèvres.

NoooooooooOOOOOOOOOOOOOOOOOON !

Elle est réveillée, et bien comme il faut. Du sofa où Eikorc l'a allongée elle saute d'un bond, les bousculant tous deux, arrachant sa main à la pression inquiète de celle d'Alayn, lueur désespérée de l'azur envers son frère, retour furibond sur le fiancé. Debout, de toute la hauteur de sa brusque compréhension des choses, les pupilles dignes d'un orage en pleine côte bretonne, tempête brune qui les regarde, le toise... Terminant son cri, affolant Jacques qui, le malheureux, arrive toujours au mauvais moment, d'un geste le renvoyant à l'extérieur, une main sur le ventre, l'autre pointant un doigt accusateur sur le promis qui la regarde hébété.

Mais comment as-tu pu me faire çaaaaAAAAAA ?!
A moi ?! Comment tu peux me faire ça ?


L'incrédulité se lit dans ses yeux, la panique sur son visage. Enceinte, elle est enceinte... Apolonie, enceinte... Elle n'en revient pas elle-même, l'idée qu'un truc pareil puisse en cet instant grandir dans son ventre lui donne envie de vomir, et rien de maternel dans cette nausée. Elle en retombe au sol, sur le cul, comme on dit, hallucinée même qu'Aristote ait un humour pareil, lui planter deux épées dans le ventre pour la libérer de la peur de concevoir un gamin, et quelques mois plus tard... Elle n'laisse pas le temps à Eikorc de réagir, ni à Alayn de réaliser. Un filet de voix se glisse entre eux.

J'vais être maman...

Et toute la détresse du monde trouve à se loger dans ces quelques mots...


[* oui, alors, normalement il devrait y avoir une tonne de fautes dans cette phrase, mais l'auteur tient à sa réputation et à ses yeux, elle est donc retranscrite en français correct.]
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Co-fondatrice avec Amberle du fan club de Constant Corteis.
Alayn
Alayn ne lâche pas la main d'Apolonie, il accompagne l'anjevin qui la porte pour l'allonger sur le sofa. Dans le même temps l'intendant du domaine arrive en courant, les couvertures demandées un peu plus tôt dans les bras, et ce cri, un « non » de peur, d'affolement. La jeune femme reprend conscience comme elle s'est évanouie peu avant - un peu plus brusquement tout de même – renvoyant Jacques d'où il est venu.
Elle se lève d'un bond rageur, lâchant la main du vicomte comme s'il était pestiféré, son regard allant de l'un à l'autre des deux hommes qui ne savent pas quoi penser à cet instant, empli de détresse vers son frère, haineux vers son fiancé. Il ne comprend pas, il cherche à comprendre ce que lui vaut cette soudaine réaction, restant sans voix, questionnant de ses émeraudes son aimée...

Qu'y a-t-il ?

Il ne voit pas la main qui se pose sur le ventre, juste celle qui le pointe du doigt, et ces éclairs, non plus lancés par l'azur d'Eik, mais bien par celui de sa sœur. Cette journée ne finira donc jamais ? Il veut comprendre... c'est tout ce qu'il demande, juste savoir.


« Mais comment as-tu pu me faire çaaaaAAAAAA ?!
A moi ?! Comment tu peux me faire ça ? »


Le voilà bien avancé... comment savoir de quoi elle parle ? Qu'est-ce qu'il a fait ? Le regard qu'il tourne alors sur le colosse parlent d'eux-même, il n'a nul besoin de parler, un « j'ai rien fait, je le promets. Je ne sais même pas de quoi elle parle... » muet mais tellement expressif. Et c'est bien la pure vérité, il n'a jamais fait de mal à Apolonie, et jamais il ne serait capable de lui en faire. Et la voilà qui tombe à nouveau au sol, mais consciente cette fois - il y a du progrès – et assise. Elle même cherche à savoir, ça se lit dans ses yeux, et lorsque les derniers mots sont prononcés le vicomte se voit déjà traverser le salon une fois de plus sans toucher le sol.

J'vais être maman...

Il voulait savoir, il sait maintenant ! Il sent soudain le froid glacial faire son grand retour dans l'atmosphère de la pièce, ou alors est-ce lui qui va s'évanouir à son tour... Ah non, il reste éveillé, et pourtant ce n'est pas l'envie qui l'en manque de s'évanouir... Il tente comme il peut de reprendre son calme, de rester serein, de ne pas montrer son angoisse au colosse, de ne pas montrer sa joie à sa fiancée qui visiblement prend ça assez mal. C'est que des enfants il en veut le vicomte, certes le moment est peut-être mal choisi, c'est possiblement un peu trop tôt pour eux deux, mais c'est une bonne nouvelle quand même. Il prend le temps de calmer sa respiration avant de prononcer ses premiers mots...

Mais...comment est-ce possible ?

Si c'était pour dire ça... Il y a des fois où il faut savoir se taire... Il le sait très bien comment s'est possible, il était là quand ils ont conçu cet enfant, tous les deux. Oui d'ailleurs, ils étaient bien deux ce soir là, pourquoi ce serait de sa faute à lui d'abord ? Hmmm... on va oublier cette question, visiblement le colosse et sa sœur sont bien d'accord pour dire que c'est de sa faute à lui.
Et de nouveau aller chercher dans les yeux d'Eikorc quelle va être sa réaction. Ils ont quand même pêché, et jamais l'idée d'aller à confesse n'avait traversé l'esprit du vicomte avant cet instant, entre pas mal d'autres idées et questions... Une myriade d'émotions le gagne, le cœur bat à une vitesse folle, il est heureux c'est certain, mais pourquoi Apolonie prend-elle cette nouvelle de cette manière ? Pourquoi il n'arrive pas à se calmer ? Il le faut pourtant.
Finalement le ton est doux, tant pis pour ce que pensera Eikorc, ça n'a plus aucune importance maintenant, au point où il en est...


Tu es bien sure ?
Pourtant nous n'avons... qu'une fois...

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