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Info:
Xm rouvre sa boutique d'herboristerie et de médecine orientale pour soigner Musaraigne, le compagnon de son amie Caël. Tout ne va pas se passer comme elle l'avait imaginé.

[RP privé ] Au Tigre blanc Remèdes d'Asie et d'Orient

Xmanfe1999
Bonjour, bonsoir,
Suite à des interventions incohérentes je suis au regret de requalifier ce RP en RP privé... Merci de me contacter avant si vous souhaitez intervenir.


Depuis de longues semaines, qui avaient fini par s'additionner pour
faire des mois, Xm avait fermé son échoppe, clos les volets de son domicile. C'était comme si elle s'était ainsi fermée elle même au monde après le départ de Mahéfik.
Un moment aveuglée par le chagrin, puis comme égarée, ignorant quelle direction donner à sa vie, elle avait erré dans les bois jour et nuit, ne faisant que de courtes apparitions dans les tavernes pour se réchauffer et se restaurer.

Si on l'avait questionnée sur les raisons de cet abandon de domicile, elle aurait été bien en peine d'en expliquer la raison, mais elle sentait confusément qu'elle n'y avait plus sa place.
Cette maison avait été le théâtre de tant de bonheur et de tourments - ses quelques semaines de vie simple et joyeuse avec Na-Kai avant sa disparition, son retour tragique et sa mort, mais aussi sa passion partagée et dévorante avec Méliandulys. Zeus aussi y avait vécu avec elle des nuits enflammées et lui aussi avait fini par partir pour toujours.
Y pénétrer alors la mettait au supplice.
Elle préférait marcher dans les rues obscures au cœur de la nuit et rejoindre ses fantômes dans les bois, plutôt que de les affronter à la lumière chaleureuse des bougies dans la chaleur familière de son foyer. Leur présence muette était bien plus facile à combattre dans le froid humide de la forêt automnale.

Et puis un événement avait provoqué son retour parmi les hommes. Une nuit qu'elle entrait dans une taverne pour se réchauffer après une longue et frigorifiante partie de pêche, Xm avait trouvé son amie Caël attablée avec l'homme qu'elle avait presque réussi à oublié: Mahéfik.
Le ciel s'était à ce moment écroulé et Xm avait voulu croire pendant quelques jours que peut-être il était revenu pour elle. Sa raison lui criait que non et chaque nouvelle rencontre le lui prouvait. Chaque soir elle se haïssait d'entrer en taverne alors qu'elle voyait bien qu'il n'y était pas seul et ne souhaitait pas sa présence.
Mais une force supérieure la poussait néanmoins à la lui imposer et à se venger de son indifférence en l'accablant de sarcasmes et de propos agressifs.
Comble d'infamie, un soir où sa barque qui prenait l'eau et avait finalement coulé sous elle, la laissant glacée et trempée jusques aux moelles, elle était allée jusqu'à se dévêtir devant le feu en taverne pour y sécher ses vêtements, avec l'espoir secret - pas si secret sans doute, Caël et lui n'avaient pas dû être dupes - que le spectacle de son corps à moitié nu ranimerait la flamme dont les yeux de Mahé l'avait, elle aussi, caressée à un moment. La honte, la rage et un insurmontable sentiment d'impuissance cuisante l'envahissaient au souvenir de cette humiliante exhibition.

Et puis soudain, presque comme elle était venue, la douleur s'était calmée. A force de pêche de nuit et de sommeil le jour, fortement induit par la consommation de sa drogue favorite, la folie s'était à nouveau tapie au plus profond d'elle même. Présente mais supportable.
Pêcher la nuit, dormir le jour. Aller de temps en temps en taverne.

Un soir, elle y avait rencontré Musaraigne, seul, plongé dans ses pensées. Quelques jours auparavant, passant devant son ancienne échoppe, elle avait perçu des mouvements à l'intérieur, bien qu'il ait pris soin d'être très discret... Et voilà qu'il était là, pâle, amaigri, les yeux brûlants de fièvre. Mais lucide, l'esprit toujours aussi tranchant, même si une douceur et une indulgence qu'elle ne lui connaissait pas jusque là teintaient par moment ses propos. Ils avaient eu une longue conversation. Il était presque résigné à cesser de lutter.

A bien y réfléchir, Xm ne savait pas trop maintenant qu'elle y repensait, pourquoi elle lui avait proposé son aide. Une voix perfide au fond d'elle-même ricanait ce que de méchantes langues diraient sans doute: que si elle parvenait à soigner Musaraigne, Cael et lui reprendrait la vie commune, que Caël oublierait Mahé, qu'ils seraient blessés sans doute mais qu'elle, Xm, serait là pour lui et que peut-être il la verrait à nouveau.

La veulerie et la bassesse de telles pensées remplissait Xm de honte mais elle ne pouvait pas nier qu'une part d'elle-même souhaitait qu'il en soit ainsi.
Mais elle voulait croire également que ce qu'il y avait de bon en elle était capable de prendre le dessus. Et par dessus tout, la guérison de Musa était le plus grand défi qu'il lui ait été donné de relever en tant qu'herboriste et guérisseuse depuis son arrivée à Genève. Elle ne pouvait pas échouer: il en allait de son honneur et de sa sérénité. Soigner Musa lui prouverait qu'elle était encore capable de dévouement désintéressé. Elle devait y parvenir...

Depuis sa conversation avec Musa, Xm n'avait pas pris de repos. Elle était allée récupérer ses maigres possessions dans la maison inachevée où elle les avait cachées à la fin de l'été. Elle avait marché sans cesse dans la forêt jusqu'au moment où elle avait trouvé le courage de diriger ses pas vers son ancienne échoppe. Elle se tenait maintenant devant la porte, la main posée sur le chambranle, saisie d'une dernière hésitation.


Et si j'échouais?
se dit-elle. Si je l'empoisonnais? Car après tout ce traitement a marché sur moi, qui dit qu'il lui conviendra? Elle soupira et secoua la tête, prononçant comme à chaque fois qu'elle était troublée et dans le doute le mantra qui lui apportait la force qui lui manquait si souvent "Om mani padme um...".
Rassérénée, elle puisa dans sa besace la lourde clef et la fit tourner dans la serrure et souleva le loquet. La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre.
Xm eut un petit rire sec.
Et bien voilà qui donne le ton...
Elle entra. La poussière avait tout envahi en son absence. Elle posa son sac et alla ouvrir les volets. Et bien, dit-elle en jetant un regard circulaire à la pièce. Autant m'y mettre tout de suite! J'espère avoir fini quand Musa arrivera...
_________________
Musaraigne
Musa vint frapper à la porte du tigre et vit Xm dans un nuage de poussière.

Il ne put s'empêcher de rire et de lui dire:
Bonsoir Xm, je ne viens pas exactement pour une désensibilisation aux acariens, mais c'est bien dommage, cela fonctionnerait certainement du feu de dieu!

Il posa ses yeux sombres et vifs sur cette femme étrange et rajouta:
Veux-tu que je repasse un peu plus tard, quand tu auras terminé ton ouverture?
Cael
*le volatile revient chez Xm avec le message exactement accroché de la même manière que lors de son départ. Aucun doute : Il n'a pas trouvé son destinataire et n'a pas été lu.*

Citation:
Ma très chère Cael,

J'emmène ce soir Musa chez moi pour qu'il ne reste pas seul cette nuit. Je l'ai trouvé très abattu et brûlant de fièvre en taverne et j'ai cru plus prudent de l'emmener prendre un bain pour la faire baisser. J'espère que tu me croiras si je te dis qu'il a insisté malgré l'heure tardive pour que je te prévienne. Je t' assure que je prendrai bien soin de lui. Prends soin de toi et de tes enfants pendant ce temps. Xm

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Caëlliane Woronvë : En transit
Musaraigne
Musa s'était laissé traîner par Xm, sans vraiment résister.
Il était rarissime qu'il se laisse aller et s'en remette ainsi à quelqu'un. N'ayant certainement jamais été materné, à part par des loups, il en avait hérité un caractère incroyablement trempé et indépendant.
Mais là, c'était moins la fièvre que son état mental qui le rendait ainsi docile... Tout lui semblait incroyablement vain et si Xm n'avait pas insisté, il se serait effectivement couché dans un fossé sous la pluie.

Arrivé chez elle, dans un sursaut de fierté il l'avait empêché de le déshabiller:
Laisse Xm, je vais le faire.

Il sourit légèrement et rajouta:
Ce n'est pas que je ne me laisse pas déshabiller par des femmes, mais cela se passe généralement dans un autre contexte...

Xm n'avait pas protesté et Musa, qui possédait une grande pudeur des sentiments mais pas vraiment de pudeur physique, avait fait valdinguer ses habits d'une main fébrile, se retrouvant nu et maigre devant cette femme qu'il connaissait depuis si longtemps et en même temps si mal.

Il sentit son regard inquiet sur lui et eut un petit sourire ironique:
C'est sûr qu'on ne me mangera pas à Noël...

Puis il avança vers le bain et tâta l'eau précautionneusement avant de grimacer: il l'a trouvait glacée mais savait que cette perception était dûe à sa fièvre. Il entra donc dedans sans maugréer.
Xmanfe1999
L'état de Musa inquiétait grandement Xm.
Quand il était passé, quelques heures plus tôt, alors qu'elle était encore en plein ménage, elle l'avait trouvé beaucoup mieux que ce soir et elle l'avait gentiment prié comme il le lui avait proposé de repasser plus tard.
Elle s'en mordait maintenant les doigts.
Son attitude tantôt résignée, tantôt badine, tantôt caustique l'inquiétait particulièrement. Le traitement qu'elle se proposait de lui administrer risquait d'entamer sa résistance déjà sérieusement amoindrie. Pour y résister, son moral, écorné par ses différents avec sa tendre Caël, devait à tout prix être plus solide et la fièvre ne l'y aidait évidemment pas. Il fallait à tout prix qu'elle trouve un moyen de le sortir de son humeur noire (autrement dit de sa mélancolie, comme disait les anciens...du grec "mélas" noir "cholia" bile...

Tandis qu'elle s'affairait pour préparer le divan pour la nuit et à mettre des braises dans la bassinoire pour chasser l'humidité des draps qu'elle y avait étendus, elle surveillait Musa du coin de l'oeil.

Quand il lui avait dit:

Citation:
Ce n'est pas que je ne me laisse pas déshabiller par des femmes, mais cela se passe généralement dans un autre contexte...

elle n'avait pu s'empêcher de sourire elle aussi.
Envisager la nudité de Musa autrement qu'en tant que médicastre lui semblait tellement incongru! Elle avait ressenti une certaine admiration aussi. Parvenir à plaisanter alors qu'il était visiblement si souffrant!
Cela n'augurait finalement pas si mal de sa résistance à la maladie et au traitement.

Pour bien lui montrer cependant qu'il pouvait compter sur son imperturbable stoïcisme, Xm lui rétorqua sur le même ton:


Mon cher Musa, loin de moi l'idée de vous fourrer dans mon lit... Vous m'évoquez plutôt pour le moment, les images de Christos au supplice que l'on voit dans les églises. Et je ne suis point une de ces nonnes que le spectacle de la douleur de leur époux mystique emporte dans des transes extatiques. Ne vous tourmentez point...

Xm allait et venait dans la pièce, transportant couvertures et coussins dans la partie de son logement qui lui avait auparavant servi de cabinet d'auscultation.
Elle y transporta aussi le grand fauteuil à bascule qui trônait d'ordinaire dans un angle de sa chambre. Elle y passerait la nuit à veiller Musa. Non qu'elle pensât qu'il y eût un risque que son état s'aggrave brutalement, mais simplement parce que, pour avoir vécu une épreuve similaire dans la solitude, elle savait par expérience que la nuit tout parait plus sinistre et plus angoissant aux personnes dont la vie ne tient plus qu'à un fil.

Elle revint dans la grande pièce où elle avait installé le cuveau dans lequel elle prenait d'ordinaire son bain, où Musa semblait somnoler maintenant.
Elle passa sa main fraîche sur son front et le trouva encore très chaud, quoiqu'un peu moins que tout à l'heure, quand elle l'avait saisi par la taille et qu'elle avait senti sous sa chemise humide de sueur sa peau tendue et sèche.
Voyant qu'il commençait à frissonner au contact de sa main froide, elle rajouta un peu d'eau chaude dans le bain. Le but de l'opération n'était pas qu'il attrape une fluxion en plus du mal qui rongeait sa poitrine comme un crabe tapi sous ses côtes.

Musa ronflait doucement, la tête un peu renversée en arrière. Xm glissa une touaille pliée en quatre sous sa nuque pour que le rebord aigü de la cuve de bois ne le blesse pas. Il était si maigre que le moindre contact un peu rude était susceptible de le meurtrir.
Xm tira un tabouret à côté de la cuve et s'assit.
Elle observait Musa d'un œil professionnel, mais ne pouvait s'empêcher d'y mettre un peu plus qu'un intérêt médical.

La finesse et la netteté de ses traits, accusés par sa grande maigreur lui apparaissaient comme jamais auparavant. Certes elle avait toujours pensé que Musa exerçait auprès des femmes un charme indéniable, mais sa personnalité parfois cassante - surtout envers elle en fait- l'avait jusqu'à maintenant empêchée d'en évaluer toute l'étendue. Il était étrangement et indéniablement beau. Cael avait bien de la chance.

Musa remua faiblement dans son sommeil fébrile et en émergea doucement.
Xm chassa bien vite les pensées qui l'avaient absorbée quelques instants auparavant et sourit à Musa qui frissonnait à nouveau.


Musa mon ami il va falloir sortir de ce bain et vous mettre au lit. Ne protestez pas, je ne vous laisserai pas repartir dans l'état où vous êtes... Levez-vous je vais vous aidez à vous sécher. Et puis vous enfilerez cette chemise. Elle a appartenu à Zeus et sera évidemment trop grande pour vous, mais elle est propre et douce.

Les taches rouges qui marquaient les pommettes de Musa il y avait un petit moment, disparaissaient progressivement et ses mains, froides encore quelques instants plus tôt, signe d'une mauvaise tolérance à la fièvre, devenaient tièdes.
Xm commença à respirer un peu mieux. Elle aida Musa à sortir du bain et enroula autour de lui une grande serviette de lin qu'elle avait pris soin de réchauffer un instant devant le feu. En aidant son patient à se sécher son coeur se serrait de compassion. Sous le mince tissu souple, elle sentait
chaque côte, chaque articulation saillante.


Il est grand temps, se dit elle, pourvu qu'il ne soit pas trop tard.
Musa une fois séché et revêtu de la chemise de Zeus qui pendait pitoyablement sur ses épaules anguleuses, Xm le mena avec douceur vers le divan derrière le beau paravent rouge. Elle avait allumé la lanterne de papier, rouge elle aussi, et une lueur chaleureuse et intime englobait la pièce.

Allongez vous là, mon ami. Je vous ai préparé une infusion d'écorce de saule et de pétales de pavot qui devrait faire baisser encore votre fièvre et vous aider à dormir...

Musa, épuisé, ne résista pas. Xm lui mit entre les mains le bol qu'elle avait pris soin de refroidir en le posant un instant sur le rebord de la fenêtre pendant que Musa dormait dans son bain.

Elle se garda bien de dire à son hôte que le pigeon, qu'elle avait envoyé plus tôt dans la soirée pour prévenir Caël, s'était posé sur le même rebord de fenêtre dans un bruissement d'ailes et qu'elle avait constaté qu'il n'avait point délivré son message. Elle l'avait prestement libéré de son infime fardeau et l'avait renvoyé à son pigeonnier.

Elle s'installa dans le fauteuil à bascule et étendit sur ses jambes sa précieuse couverture de soie matelassée, parant à une longue veille.

Vous devriez dormir maintenant, Musa, enjoignit-elle d'une voix hypnotique à son patient qui restait assis sans rien dire, le regard fixé sur le bol qu'il tenait entre ses mains fortes de tisserand. Vous devez vous reposer, ne craigniez rien, je veille sur vous, vous n'êtes pas seul, tout ira mieux demain...
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Musaraigne
Musa avait demandé à Xm si elle voulait bien le loger encore pour cette nuit.
Il se sentait absolument incapable d'affronter sa maison vide et se rappela d'ailleurs qu'il avait laissé la porte ouverte derrière lui..
Il haussa les épaules. Qu'importait les biens matériels? Les seuls vrais trésors de sa demeure s'étaient envolés et étaient dieu seul savait où!

Une fois de plus son coeur se serra à lui faire mal et il ne put s'empêcher de se parler à lui même avec ironie:
Bravo Musa! Tu vas vaincre ta tumeur en ayant une crise cardiaque, bel exploit...

Il arriva devant la maison de Xm et sentit une vague de reconnaissance le submerger. Il ne pouvait même pas dire qu'il était surpris de l'aide que Xm lui apportait, mais il en était profondément touché.
Il avait toujours su que Xm avait un caractère incroyablement difficile, et n'étant pas lui même la personne la plus conciliante du monde, il ne s'était jamais laissé impressionner de ses éclats, ce qui de toute apparence, agaçait prodigieusement Xm!
Mais il savait aussi qu'elle était intègre, fière, courageuse, intelligente et entière. Et toutes ces qualités, d'un autre côté, ne pouvaient que lui plaire.

Il la revit se dévêtir devant lui en taverne et fût secoué d'un bref frisson.
Musa était suffisamment intuitif et fin pour ne pas avoir besoin que Xm se déshabille devant lui pour savoir qu'elle avait grandement souffert dans sa chair, cela se sentait tellement!
Mais là, oui, il avait vu... Et bizarrement, cette impressionnante cicatrice avait rajouté à ses yeux de la sauvagerie, du mystère et de la beauté, à cette indomptable nature...

Musa frappa deux coups à sa porte et dit d'une voix feutrée, vue l'heure tardive:
Xm, c'est Musa. Je peux entrer?
Musaraigne
Musa gratta à la porte de Xm:
Xm, c'est Musa. je ne te dérange pas?

Elle lui ouvrit la porte et le laissa entrer en lui lançant un coup d'oeil interrogatif.
Musa lui tendit une magnifique étoile de Noël en pot, rouge et verte et lui décocha un sourire lumineux:
Merci pour ton aide et ton hospitalité Xm. Ces deux derniers jours chez toi m'ont énormément aidé à y voir un peu plus clair et je t'en remercie.

Il vit l'étonnement ébahi de Xm qui prit la fleur avec hésitation, mais il fit comme si de rien n'était et continua:
Ensuite je voudrais que nous parlions très franchement de mon traitement et de la façon dont nous devons procéder...

Il hésita un instant mais poursuivit finalement:
Cael est revenu ce soir et souhaite que je revienne à la maison. C'est évidemment également mon souhait, mais Cael est peu versée en soins et pourtant elle désire vraiment s'occuper de moi, même en sachant que ce sera très éprouvant. De plus, elle a l'allaitement et 3 enfants à s'occuper, c'est à dire les nôtres!
Il rit brièvement:
Non seulement je ne pense pas beaucoup pouvoir l'aider dans les tâches quotidiennes, mais je risque en plus de peser très lourd sur ses épaules... je ne voudrai pas qu'elle soit épuisée, ni qu'elle panique pour un rien en me voyant ou que au contraire, elle ne panique pas alors qu'il faudrait le faire...

Il se tut un instant et murmura: je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça, mais bref... Ma question est simple en fait: penses tu que sous ta houlette, Cael peut s'occuper de moi de manière à ce que cela ne nuise à personne et que je puisse ainsi rester à la maison, le temps du traitement?

Musa regardait attentivement Xm en se demandant ce qu'elle allait lui répondre, mais il rajouta, très vite cependant: et si tes doses sont prêtes dès ce soir, sache que moi je le suis aussi...
Et ses yeux lancèrent un éclair résolu.
Xmanfe1999
Un peu interloquée, Xm regardait la fleur que venait de lui offrir Musa.

Une euphorbe? Où avait-il bien pu trouver une rareté pareille. Quel symbole approprié pour ce que je dois lui expliquer,
se dit-elle.

Elle lui fit signe de s'asseoir et prit place face à lui, posant la fleur sur la table. Le discours de Musa bien qu' apparemment confiant, laissait transparaître son angoisse. Xm ne pouvait lui en tenir rigueur, sachant que ce que l'on ignore fait toujours beaucoup plus peur que ce que l'on connait.

Vous soigner chez vous Musa? Je ne crois pas que cela soit une bonne idée, en tout cas pas la première fois. Ensuite, quand vous saurez à quoi vous attendre, peut-être pourrez vous essayer. Je ne serai jamais loin de toute manière mais pas la première fois, je vous assure.


Elle désigna la fleur que Musa lui avait apportée d'un geste gracieux...

Vous voyez cette fleur? Savez-vous ce qu'elle est? Nous autres herboristes et botanistes l'appelons "Euphorbia pulcherrima". Son nom est si charmant et pourtant c'est une plante que jamais on ne devrait offrir sans connaître des propriétés... A petites doses, elle soigne la fièvre, mais si elle est mal utilisée elle peut provoquer des diarrhées ou des vomissements et sa sève, si elle entre en contact avec vos yeux, vous rendra - temporairement heureusement - aveugle...


Xm suivait Musa du coin de l'œil. Elle avait perdu son attention depuis un petit moment et il oscillait doucement sur sa chaise sans même avoir l'air de s'en rendre compte. Cela en disait long sur son état général.

Xm poursuivit, mine de rien.

Et pourtant elle est si belle et semble si inoffensive, n'est ce pas?

Ce que j'essaie de vous dire, Musa, c'est que tout est question de dose... et qu'avec ce que je vais vous administrer il ne va pas falloir se tromper ne serait-ce que d'une goutte...
Cela ne va pas être une mince affaire et que la frontière entre médicament et poison sera des plus ténues. S'il faut prendre la responsabilité d'une erreur de dosage, je préférerais qu'elle m'incombe entièrement...

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Musaraigne
Musa sourit en écoutant parler Xm de sa fleur:
Je t'apporte cette fleur juste pour le plaisir des yeux chère Xm, mais oui, je connais très bien le pouvoir des plantes, pas de toutes et pas autant que toi sans doute...
il lui sourit encore:
mais tu ne vas pas avoir à soigner un totalement naïf...

Il réfléchit:
cela peut simplifier et compliquer certaines choses car j'ai totalement conscience de la gravité de mon état et de l'aléatoire qui existe forcément dans tout traitement, surtout lorsque - comme c'est notre cas aujourd'hui - il est nécessairement empirique.

Musa leva ses yeux de velours sombre sur elle et continua:
j'ai bien compris que tu vas essayer d'appliquer sur moi, quelque chose qui jadis a fonctionné pour toi. Et que tu vas tout faire pour que cela fonctionne sur moi, aussi bien que cela a fonctionné pour toi...

Il prit une longue inspiration et rajouta:
Et je suis complètement d'accord pour tester cela avec toi.
Premièrement, je n'ai absolument aucune autre alternative à part me mettre en route pour le Cathay
- il rit -
Et deuxièmement, que cela marche ou pas pour moi, cela servira nécessairement à la science et à la médecine et à d'autres malades en général...

Musa vit le regard surpris de Xm, se tut un instant et continua:
Il serait bon que tu puisses parler avec Cael de tout ça et j'espère que tu arriveras à lui faire comprendre que les raisons pour lesquelles je dois rester chez toi, sont purement médicales.

Musa esquissa un sourire las:
Je suppose que même mort, elle me soupçonnera encore de faire du gringue au vers de terre femelles... C'est assez injuste mais c'est comme ça...

Il secoua la tête vigoureusement comme pour chasser les idées noires, ce qui eut pour effet d'ébouriffer totalement sa chevelure de jais brillant:
On commence ce soir? - Xm fit oui de la tête -
Alors je vais prévenir Cael et je reviens.

Musa sortit rapidement de chez Xm et revint une bonne demie heure après.

Ses traits étaient à nouveau tendus, comme après une discussion pénible, mais il se contenta de dire laconiquement:
Cael est informée, nous pouvons commencer.
Xmanfe1999
Me voilà au pied du mur, se dit Xm. Plus moyen de repousser encore l'inévitable. Il va falloir plonger...

Bien que n'ayant pas prêté serment en tant que médicastre, Xm était tourmentée depuis qu'elle avait convaincu Musa de la laisser le soigner par un aspect particulièrement sensible: "Je ne remettrai à personne du poison"...
Stricto sensu, le traitement qu'elle s'apprêtait à administrer à Musa répondait à la définition que le commun des mortels attribuait au mot de poison... Elle ne savait pour l'instant que penser de la perspective de confier les soins à une autre personne mais avait décider d'éluder la question.
"Chi vivrà, vedrà" aurait dit Gianni qui avait un penchant certain pour la philosophie de bazar...

Musa semblait calme, trop calme peut-être. Un mouvement involontaire de ses muscles maxillaires (étrange comme elle s'appliquait à le détailler d'un point de vue médical- sans doute un symptôme de son angoisse à elle?) révélait la tension qui l'habitait. La phrase qu'il prononça l'atteignit comme à travers de multiples couches d'ouate:

Citation:
Caël est informée, nous pouvons commencer...


Xm emmergea de sa rêverie inconfortable.

Soit, tu as raison, il est plus que temps. Et puis si tu peux dormir un peu ensuite, cela se passera mieux. Je t'ai préparé une tisane anti-émétique que tu peux prendre tout de suite, pour prévenir les effets de la drogue...

Elle alla dans la cuisine à l'arrière de la maison et en rapporta un pot fumant d'un breuvage à l'odeur piquante. Connaissant l'intérêt de Musa pour la médecine elle expliqua tandis qu'elle posait devant lui un bol et qu'elle l'encourageait à se servir de miel pour sucrer sa tisane:


J'ai fait infuser dans l'eau bouillante des tranches de Zingiber officinalis... du gingembre, si tu préfères... Le goût en est un peu fort et quelque peu amer, mais il est fort apprécié au Cathay pour prévenir les nausées, même chez les femmes enceintes... J'ai réussi à m'en procurer une bonne quantité par des voies qu'il est préférable que tu ignores, mais sache que tu aura tout loisir d'en user tant que cela te sera nécessaire...

Musa l'écoutait avec attention tout en soufflant sur le breuvage pour le refroidir.

Prenant son courage à deux mains, Xm se leva et ouvrit un tiroir dans le grand meuble d'apothicaire à tiroirs et à étagères où elle rangeait ses plantes séchées, dont elle extrait une boîte de laque noire ornée d'un chrysanthème rouge. Elle la posa sur la table devant Musa.
Elle s'éclaircit la gorge mais ne réussit qu'à produire un murmure tant l'angoisse l'étreignait:


J'ai beaucoup réfléchi à la manière de t'administrer la drogue. Pour moi, le traitement a été si violent qu'il a bien failli me tuer, et j'étais pourtant dans un état de délabrement physique moins avancé que tu ne l'es actuellement...

Xm regretta un instant d'être aussi brutale mais elle savait pertinemment que Musa préférait la vérité à des circonlocutions mielleuses.

Le médecin chinois qui me l'a administrée me l'avais donnée sous la forme d'une potion que j'ai plus d'une fois rejetée avant même de l'avoir complètement absorbée. La durée et la pénibilité du traitement en ont sans doute été je pense, augmentées.

Xm mesurait chacune de ses paroles.

J'ai donc décidé de procéder de façon différente.


Elle ouvrit la boite pour en révéler le contenu. Une vingtaine de petites boules d'un noir verdâtre étaient logées dans un mélange de graines de céréales en partie broyées.
Musa les examina avec curiosité.


C'est pour les préserver de l'humidité, expliqua-t-elle et pour qu'elles ne se collent pas les unes aux autres. J'ai pensé que pour que tu supportes mieux la substance curative - mais hautement toxique- contenue dans l'if, la meilleure solution était que celle-ci ne parviennent dans ton organisme que le plus tard possible. C'est pourquoi j'ai imaginé de fabriquer ces pilules ... Je t'épargnerai les détails de leur confection, à moins que tu n'insistes pour les connaître...

Xm en fait ne tenait nullement à révéler cette partie des opérations, mais elle songeait cependant que bien utilisée, cette nouvelle préparation pourrait rendre d'immenses services...Elle poursuivit.

Il convenait cependant qu'elles ne se dissolvent qu'une fois passée la phase de "disgestio" dans ton estomac...

Xm essayait de ne pas trop révéler par ses paroles qu'elle avait elle aussi acquis des connaissances médicales par des moyens que l'église condamnait.

Je les ai donc enrobées d'une fine couche d'une mélange d'amidon de blé et de cire d'abeille...

Xm priait pour que l'enrobage ne soit ni trop mince ni trop épais et que le principe actif se libère au bon moment...
Elle essayait de cacher de son mieux à Musa qu'elle tâtonnait... Si elle avait été aristotélicienne elle aurait en ce moment invoqué l'aide de Déos, de Christos et de tous les saints, mais Bouddha dans ce genre de circonstances enseignait surtout qu'il fallait apprendre à rester calme et avoir confiance en ses propres capacités... plus facile à dire qu'à faire.
Après avoir fermé un instant les yeux elle regarda Musa qui sirotait sans trop grimacer sa tisane.


Tu es prêt? il va falloir en avaler une toute les trois heures, jusqu'à demain midi... Tu as en as cinq à prendre.

Xm préféra omettre que chacune correspondait à un élément du Wu Xing, ne sachant quelle serait sa réaction face à quelque chose qu'il considérerait sans doute comme de la superstition.
Elle posa sur la table un sablier.
Musa examina, circonspect, le contenu de la boîte.


Il y en a bien plus que nécessaire... J'ai déjà prévu la deuxième cure.
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Musaraigne
Musa écoutait Xm avec intérêt et qui plus est, se régalait avec le goût fort et poivré du gingembre.

Quand elle en arriva à la confection des pilules, son regard s'éclaira d'un regard vif et intelligent:
De l'amidon et de la cire?! Malin, particulièrement ingénieux! Bravo Xm!


Il la regarda avec un amusement teinté de respect:
Bien évidemment, on n' a pas vraiment de moyens de savoir comment cela va fonctionner avec les sucs gastriques, mais c'est une idée fort prometteuse en tous les cas...

Il atrappa une de ces boules noirâtres et la fit tourner entre ses doigts fins et musclés puis la porta délicatement à ses narines à l'odorat surdéveloppé ce qui eut pour effet de lui faire froncer le nez immédiatement.
Il siffla entre ses dents: Mazette, c'est pas pour les mauviettes ton machin...
Regarda Xm, ouvrit la bouche et avala sa première dose sans aucune autre forme de procès.
Alea jacta est, chère Xm. C'est parti...

Il se leva de son fauteuil et alla s'alllonger sur le divan qui semblait être là pour lui en permanence, puisque Xm lui avait laissé ses draps.
Il sourit à Xm et murmura:
Merci pour tout, Xm, je vai suivre ton conseil et me reposer un peu... Au bout de combien de temps, c'est sensé me retourner les tripes, que je sache...?
Xmanfe1999
Xm considéra Musa avec gravité.
Lui retourner les tripes? Certes c'était bien de cela qu'il s'agissait. Cette médication ravageait les entrailles comme une tempête sur le lac. Ni brûlure, ni douleur à proprement parler mais une immense lassitude et une nausée féroce. La sensation de sentir le monde se liquéfier autour de soi et de ne plus pouvoir trouver ni appui ni repère.
Les tripes, en effet. Mais pas seulement.

L'herboriste répondit avec calme.


Tu n'as rien à craindre avant plusieurs heures, peut-être même avant demain. Cependant, au cas où...

Elle alla chercher dans la cuisine une bassine et une serviette de lin blanc.

Tiens, mets ça à portée de ton lit.

Elle refit un aller retour vers la cuisine pour en rapporter une cruche d'eau fraîche et un gobelet. Elle les posa sur la table basse à côté du divan.

J'y ai versé quelques gouttes de vinaigre de framboise. Tu verras, tu en apprécieras sans doute l'acidité parfumée quand tu te sentiras mal...

Elle s'approcha de Musa et posa une main rassurante sur son épaule un peu tremblante. Il avait beau faire le brave, la peur était là. Comment l'en blâmer? Elle même avait fui pendant des mois avant de réussir à l'affronter.

Tout va bien se passer. Ça va être dur mais tu vas y arriver. J'y suis bien arrivée moi. Et je ne suis qu'une faible femme!

Xm ne put s'empêcher de sourire à cette affirmation. Musa semblait désemparé, ne sachant pas trop quoi faire de lui-même.

Couche-toi et essaie de dormir un peu. Si tu as du mal à t'endormir, ou si tu es malade, appelle-moi, je serai juste de l'autre côté du paravent, près de la cheminée.

Sur ce, elle empoigna les bras du fauteuil à bascule sur le quel elle avait passé la nuit précédente à veiller Musa et le transporta près de l'âtre.

Elle s'installa, posa ses pieds sur un tabouret et se couvrit soigneusement de sa couverture matelassée préférée. Le feu rougeoyait doucement dans l'âtre.


Bonne nuit, lança-t-elle à Musa à travers la mince cloison qui les séparait.
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Musaraigne
Musa prit doucement la main que Xm avait posé sur son épaule.
Il exerça une légère pression de sa main sur ses doigts avant de les effleurer d'un rapide baiser, puis il la regarda, gardant toujours ses doigts au creux de sa paume et lui décocha un sourire taquin mais tout de même assez démuni :
Faible femme, laisse-moi rire! Tu es une vraie lionne, tu as dû lui faire peur à ta tumeur...!

Musa laissa retomber lentement la main de Xm et étira prudemment son corps meurtri avant de murmurer d'une voix lasse:
Encore merci pour tout, Xm. Je dois t'avouer que cela me rassure de ne pas te savoir loin...
Puis il ne dit plus rien, considérant qu'il s'était déjà suffisamment livré et la regarda partir derrière le paravent, avant de reposer précautionneusement sa tête sur l'oreille frais et parfumé
Musaraigne
Pendant la nuit, Musa fut pris de spasmes et de hoquets violents.
Comme il ne voulait pas réveiller Xm dans un premier temps, il se leva à tâtons avec l'idée d'ouvrir un peu la porte afin de respirer l'air froid et vivifiant de la nuit.
A peine eut-il posé le pied au sol qu'il sentit qu'il ne ferait pas un pas de plus. Il eut tout juste le temps de se rattraper à la chaise où étaient posés ses habits, avant de s'effondrer au sol, entraînant la chaise avec lui, dans un bruit mat.
Ses intestins se révulsèrent, en une seconde tout son corps fut recouvert d'une fine couche de sueur huileuse, dûe aux médicaments qu'il ingurgitait à espace réguliers, et il eut juste le réflexe de tendre la main pour attraper la bassine que Xm avait posé au pied de son lit, afin de ne pas vomir au sol.
Xmanfe1999
Xm se réveilla en sursaut en entendant un bruit de chute de l'autre côté du paravent ouvragé. Elle aurait juré qu'il ne s'était passé que quelques instants depuis qu'elle avait fermé les yeux, mais les braises languissantes dans l'âtre lui prouvaient le contraire. Elle avait dû s'assoupir il y avait au moins deux heures...

Quand elle s'était installée dans le fauteuil à bascule, elle s'était jurée de ne pas s'endormir pour être prête et alerte lorsque Musa commencerait à être malade, car elle savait bien que ce serait "quand" et non "si".
Bercée par le balancement du fauteuil, elle s'était laissée dériver sur un flot de souvenirs, d'émotions et de sentiments vagues qui la laissaient perplexe.

Les questions se pressaient en foule dans son esprit...

Pourquoi, par exemple, s'était-elle mise tout à l'heure à tutoyer à nouveau Musa, alors que depuis son retour, depuis qu'il lui était apparu comme évident qu'il était de son devoir de lui apporter son aide, elle s'était appliquée à établir entre eux un détachement poli?
Elle hésitait à se répondre. Était-ce, comme elle aurait voulu s'en convaincre, simplement par empathie, par compassion, parce qu'elle aussi avait connu ce désarroi?

Elle repoussa la question avec agacement tout en continuant à se balancer doucement.
La sarabande continuait sous son crâne.
Encore des questions.

Pourquoi ressentait-elle ce besoin de lui venir en aide à tout prix, presque même contre sa volonté? Était-ce parce la médicastre en elle la poussait à mettre son savoir et son expérience au profit de ceux qui en avaient besoin?
Xm aurait bien voulu ignorer la petite voix qui lui soufflait perfidement qu'elle se mentait à elle même, que la preuve en était qu'elle avait fermé son officine sans remords quand elle n'avait pas su comment surmonter la douleur du départ de Mahéfik... L'altruisme, la belle affaire!

Xm sentait son agacement se changer en irritation. Mails son cerveau ne lui laissait pas de repos.

Pourquoi, au nom de tous les bodhisattvas, ne pouvait-elle s'empêcher de le toucher, alors que le moindre contact avec son corps amaigri, lui causait des frissons douloureux?
La détresse morale et la décrépitude physique de son patient se transmettaient à elle à travers sa peau et lui envoyaient comme des ondes, qui mettaient à vif les nerfs hypersensibles de la jeune femme.

Cette question, par dessus toutes les autres, occupait en boucle son esprit fatigué.
Certes, la douleur faisait partie intégrante de sa vie depuis bien longtemps. Douleur morale ou physique, elle avait appris à l'ignorer ou à l'endurer, à l'apprivoiser, presque parfois à l'apprécier... Constat on ne peu plus dérangeant au début, mais qu'elle avait fini par assimiler...

Le balancement du fauteuil se faisait plus lent et l'irritation de Xm se transformait doucement en inquiétude, tant les réponses informulées aux questions qui lui venaient insidieusement à l'esprit la mettaient mal à l'aise. Comment tout cela allait-il finir?

Elle s'était endormie sur cette interrogation.

Le bruit de chute derrière la cloison l'avait ramenée brutalement à la dure réalité.
Elle s'était levée d'un bond et s'était précipitée. Elle avait trouvé le malheureux Musa affalé au sol, en train de vomir violemment dans la bassine qu'elle lui avait donné plus tôt.
Les hauts-le-cœur qui le secouaient et les spasmes qui lui nouaient l'estomac lui arrachaient des gémissements involontaires.
Xm s'agenouilla près de lui et, la main posée doucement au milieu de son dos, le soutint de son mieux jusqu'à ce que la crise se calme.
Quand le plus gros des spasmes fut passé, elle l'aida à se rallonger sur le lit.
Il était pâle, les traits tiré en une grimace douloureuse, le visage luisant de sueur. Xm humecta une serviette de lin d'eau fraîche et en tamponna doucement le front et les tempes de Musa. Les yeux fermés, respirant difficilement, il se laissait faire en silence, comme un enfant. Il s'apaisa peu à peu et recommença à respirer plus calmement. On aurait pu croire qu'il s'était rendormi.
Le cœur serré d'angoisse et de compassion Xm dégagea doucement de son front ses cheveux collés, d'une main caressante.

Elle murmura, ne sachant s'il l'entendait ou non:


Vous êtes très courageux, Musa... Laissez-vous aller. Tout va bien se passer.

Elle aurait voulu y croire avec plus de conviction.
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