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Info:
Les états d'âme matinaux de mon perso... Ses coups d'gueule... Ses réveils difficiles... Son acariatre gouvernante... Sa vie expliquée en très courts instants!

[RP] Les matinées gratinées d'Ana

Anastriana
Vous pouvez participer, en postant si vous voulez vos propres descriptions d'un moment particulier de votre perso, se passant par exemple en parallèle de ce qui se passe chez Ana. N'hésitez pas, inventez des histoires!
Par contre, pas de visite au manoir, on parle bien d'instants vécus par un ou des personnages décris entièrement et ne nécessitant pas de réponses spécifique d'un autre joueur.
Bon jeu à tous!


[A Coëtlogon, chez Ana]

"Brune! T'as lu ça!"

Ana n'en revenait pas. Les premiers sondages aux élections, alors qu'elle ne s'était inscrite qu'en milieu de journée du tout premier jour de vote, lui donnaient l'avantage. Elle ne s'était pas attendu à ça! Son but principal était de faire venir Erispoe en taverne, et sur la halle, pour se rapprocher des rohannais, apprendre à les connaitre, et légitimer auprès d'eux son élection.

Brunehilde lui brossait ses longs cheveux bruns, et venait de lui apporter le courrier matinal.


"Non Dame Ana, je n'ai point pour habitude, de lire vos missives personnelles!"

Ana sourit en coin à la remarque de la matrone, qui avait son air pincé habituel, et continua ses lectures.
Quelques rohannais la contactaient pour connaitre ses projets, d'autres souhaitaient une place au conseil... Des personnes avec qui elle avait déjà travaillé auparavent, et en qui elle faisait confiance.
Elle attrapa une plume et griffona quelques réponses, tandis que Brunehilde lui mettait de la poudre sur les joues. Ana toussa bruyament.


"Nan Bru je ne ne veux pas de ça, je te l'ai déjà dit, ça me gratte, ça me pique, et ça me fait éternuer!"

L'air renfrogné, Ana se regarda dans le miroir en face, ses hautes pomettes affichaient désormais un air de bonne santé.

"Je ne puis vous laisser décemment sortir avec une tête aussi blafarde Madame! Voyez, si vous étiez sortie un peu plus souvent cet été, plutôt que de rester en compagnie de votre bouteille, je n'aurais pas à substituer vos rougeurs habituelles à un artifice!"

Ana maugréa. Elle se demandait parfois, qui était la maitresse de l'autre...

"Mais depuis quelques temps je vous trouve un meilleur teint. Retourner vous occuper du village vous fait grand bien, je le savais bien, je vous l'ai répété tout l'été, mais Madame ne m'écoute jamais!"

Ana sourit. C'est vrai que depuis quelques jours, elle se sentait magnifiquement bien!

"Si j'ai meilleur teint... Arrête de me coller ce truc sur les joues!"

Brune lui fit un sourire narquois.

"J'arrêterai, lorsque vous arrêterez vous-même de me faire ingurgiter vos tisanes dégoutantes chaque fois que j'ai le moindre bobo ou que je fais un pet de travers!"

Han! Déloyal! Ana était furibonde! Elle croisa ses bras, et fit une moue boudeuse.

"D'accord. Je te laisserai donc souffrir mille maux et endurer les pires souffrances, jsqu'à ta mort."

Brunehilde leva les yeux au ciel. Sa maitresse était décidément d'un caractère extrème parfois vraiment ridicule!
Une enfant, songea-t-elle... Voila ce qu'était Ana, ni plus ni moins.
Elle termina sa toilette avec douceur, avant de l'habiller, sans plus dire un mot.

_________________
Anastriana
[Coëtlogon, quelques jours plus tard]

"Aïeuuuuu! Mais tu me fais mal!"

Ana, la mine douloureuse, fait des remontrance à sa gouvernante Brunehilde, qui est en train de lui brosser ses longs cheveux, mais un peu trop violemment!

"Désolée Madame. Mes gestes dépassent ma pensée."

Ana la regarde à travers le miroir qui lui fait face, un sourcil perplexe en l'air. La gouvernante arbore un air d'une extrème sévérité.
Elle tourne son index sur sa tempe


"Mais t'es pas bien ma pauvre Brune! Je dois te rappeler peut-être, quelle est ta place ici? Et surtout quelle est la mienne?"

Elle n'aime guère user de ce genre de menaces, mais Brune a dépassé les bornes des limites!
La gouvernante la regarde à son tour à travers le miroir, soutenant son regard, de toute évidence nullement apeurée par les paroles de sa jeune maitresse.


"Comment voulez-vous que je ne sois pas en colère! Je m'esbaudis à rendre votre joli minois présentable aux yeux du monde, et regardez ce que vous en faites! Nous savons toutes les deux pourquoi et..."

Pendant que Brune lui fait état de son avis personnel sur quelque chose qui ne la regarde même pas, Ana se regarde dans le miroir. Des cernes, des yeux gonflés, un peu rougis, un teint un peu pâlot... Effectivement à bien y regarder elle n'était pas de première fraicheur ce matin. Pourtant, elle avait drolement bien dormi!

"Et alors, je ne vais pas faire fuir les gens autour de moi parce que j'ai les traits un peu tirés aujourd'hui. Faut que tu te détendes ma Brunette, et que tu t'y fasses, d'abord t'es pas ici pour me faire la morale, et les froufrous, les artifices, et tout le bazar, c'est pas fait pour moi. Noble ou pas noble."

Brune lui lance un regard narquois.

"C'est peut-être juste la noblesse qui n'est pas faite pour vous..."

Là, c'en est trop. Ana se lève d'un seul coup, se retourne, fait face à l'effrontée, et la gifle.
Brune en reste coi d'étonnement, sa maitresse criait beaucoup mais ne passait jamais à l'action!

Là-dessus, on frappe à la porte, et Fanch entre, souriant, jovial, charmeur.
Fanch quoi.


"Demat la belle Ana!"

Il marche vers elle, la tient par la taille et l'embrasse.
Elle sourit.


"Demat Fanch. Tu descends à Rohan aujourd'hui? J'allais partir bientôt."

Il les regarde amusé, les voyant de toute évidence en colère l'une contre l'autre.

"Encore en train de vous chamailler! Non ma belle, j'ai à faire par ici encore. Tu sais bien qu'aller en ville, ça ne me dit plus vraiment. Toi par contre, tu as une campagne à mener! Alors file! Et essaie de rentrer tôt pour une fois, je sais que tu aimes trainer en taverne, mais j'aimerai t'avoir à moi, une soirée..."

Elle lui fait un demi-sourire, bien composé, et croise le regard courroucé de la gouvernante venant de se faire gifler, qui regarde Fanch, les deux bras croisés sur sa poitrine.

"Et bien, messire Fanch. Vous la laissez sortir en ville, seule, non accompagnée, et en compagnie de n'importe qui dans des établissements de débit de boisson, sans rien dire? Vous êtes inconscient?"

Ana remue la tête, et fait signe à Fanch que la vieille a perdu la tête.
Il sourit et répond à Brune:


"Si je l'empêchais d'y aller, elle irait quand même. On n'attache pas Ana chére Brunehilde, c'est un oiseau sans cage."

Il regarde son petit brin de femme, remarque ses yeux un peu fatigués...
Et il la connait bien...
Il fronce les sourcils.


"T'as pleuré Ana? Qu'est ce qu'il t'arrive?"

Aussitôt, le brun provençal remonte le menton de sa femme d'une main et le regarde.

"Un soucis à Rohan? On t'a manqué de respect?"

Elle rit.

"Mais non voyons! On a fait une bataille de légumes en taverne, sauf qu'il ne restait que des oignons pourris à se jeter à travers la tête. On a rapidement compris que c'était une mauvaise idée!"

Elle rit de bon coeur... Baleze Ana...
Puis croise le regard accusateur de la matronne, elle baisse les yeux, et s'adresse à lui.


"Tu vois, t'as manqué ça! Tout le monde te réclame tu sais."

Elle se frotte le menton un instant...

"Mouais en fait surtout Feanor..."

Elle prend la brosse des mains de Brune, finit de coiffer ses cheveux en une longue natte, et se fiche bien des mèches rebelles qui pointent leur nez un peu partout autour de son visage.
Elle tire la langue à sa gouvernante, et embrasse furtivement son mari.


"Allez, je file, j'ai à faire au village."

Avant de refermer la porte, elle se retourne vers eux, et dit, sur un air inquisiteur:

"Et pas de bêtises tous les deux hein!"

Fanch et Brune entendent ensuite son rire résonner dans le couloir.
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Anastriana
[Coëtlogon, un autre jour, encore]

"Alors, cette soirée avec Monsieur votre mari?"

Ana, assise, en train d'enfiler ses bas pendant que Brune la coiffe, hausse les épaules.

"Tu connais le problème. Toujours la même rengaine. Que veux-tu que je lui dise? Soit il accepte cet état de fait, et garde espoir d'un miracle au fond de lui, on sait jamais, soit il continue à ne pas l'accepter et finira un jour par me voir comme celle qui a gâché les rêves de sa vie. Et je ne tiens pas à voir ce jour arriver."

Elle se regarde un instant dans le miroir. Et voit un instant le voile de tristesse qui lui couvrait le visage durant ce long été. Elle sent son ventre se serrer... Repense aux paroles de son mari... Elle efface tout ça d'un coup de main rageur en l'air.

'Qu'y puis-je?!"

La jeune gouvernante regarde Ana, pour une fois, elle semble douce avec elle, et la regarde avec bienveillance. C'est qu'elle l'aime bien la petite Ana quand même...

"La question, Madame, c'est où en êtes-vous, par rapport à ça? Vous avez d'abord subi le déni... Puis la colère... Et même le marchandage, je me souviens de cette période, où vous ingurgitiez des remèdes infâmes pour tout tenter, jusqu'à vous en rendre malade. Puis finalement, la dépression. Etes-vous bien certaine, d'être passée à l'acceptation?"

Ana sert ses mains l'une contre l'autres, moites et tendues.

"Crois-tu qu'une femme puisse accepter ça un jour? Surtout quand celle-ci souhaite plus que tout, avoir enfin près d'elle une personne de son sang, de sa famille... Quand je les vois tous, des pères qui embrassent leurs filles, le regard de ces dernières, envers eux... Et les mamans, qui cajolent, qui consolent... Si je n'ai pu avoir ça, je voulais tant l'offrir à mon propre..."

Le mot se brise dans la gorge de la jeune fille, trop serrée... Elle secoue la tête, reprend ses esprits.

"ça suffit, c'est la même éternelle conversation. Je n'en peux plus. Je dois déjà supporter le regard de Fanch... C'est un fardeau suffisamment lourd à porter."

Elle termine de s'habiller, prend sa besace et quelques affaires. Et voit ses écrits du matin, restés sur son bureau... Sa Lumière venait lui offrir de la clarté dans ce moment délicat... Encore. Décidée, elle ramasse les parchemins, va à la fenêtre, et appelle Zéphyrin.
Le vieux ramier se laisse attacher le précieux courrier et s'envole dans un ciel bleu azur.

Puis elle se dirige vers la porte, prête à prendre le chemin de Rohan. Avant de sortir, elle se retourne vers Brune, et d'une voix faible, lui dit:


"Je ne me sens plus femme... Et cette sensation... Crois-moi... Je ne la souhaite à personne. J'espère donc, que tu me pardonneras, d'aimer à le redevenir."

La porte se ferme. Brunehilde joint ses mains l'une à l'autre, priant pour sa jeune maitresse.
Aussi farouche et rebelle soit-elle, elle n'en restait pas moins un amour de petite femme, et ne méritait pas tous ces tourments.

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Anastriana
[Coëtlogon, le lendemain]

Ana est dans la forêt... Elle cherche quelque chose... Une ombre, qui lui échappe.
Elle marche, écarte les fougères denses, elle coure parfois, tombe, s'écorche les mains, le visage...
Mais elle se relève toujours, elle tend le bras, mais chaque fois qu'elle pense pouvoir mettre la main sur cette silhouette... Le vent l'emporte comme poussière.
Elle se perd, pleure, se sent happée par la forêt, mais ne retrouve pas le chemin pour rentrer...
Couchée sur l'humus, elle souhaite crier son nom... Mais il reste comme coincé dans sa gorge. Elle voudrait lui dire, pourtant, toutes ces choses...
Elle arrive aux bords d'un lac, regarde son reflet... Et voit avec horreur un trou béant, en lieu et place de son ventre. Elle l'empoigne, le tâte... Il est pourtant bien là.

Soudain, c'est son propre nom qui résonne, partout autour d'elle. L'appellerait-il? Venait-il enfin la chercher, elle, et aucune autre?


"Anaaa... Anaaaaaaaa!..."

...

"Madame enfin, réveillez-vous!"

Réveil en sursaut, en sueurs, des yeux bouffis qui s'ouvrent sur une trop grande lumière... Une main qui les cache...
Ana regarde Brune qui porte sur elle un regard inquiet. Elle retombe mollement dans son lit.


"Madame... Vous êtes en retard... La mairie, ce matin..."

Comment ça, tard?!
Ana se souvenait avoir passé une nuit épouvantable, et ne pas avoir dormi pourtant... Peut-être que si, à la fin, la tête sur les genoux de Brune, sous les caresses reposantes de sa gouvernante...



La veille au soir, rentrée tôt chez elle, elle avait pris un bain bien chaud, qui aurait dû détendre tout son corps...
Au lieu de cela, elle y resta prostrée, à pleurer à chaudes larmes, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle était en train de greloter, non plus de tristesse, mais parce que l'eau était froide.
Brunehilde l'avait alors sortie de force, épouvantée à l'idée qu'Ana attrape la mort.
Elle lui demanda de lui raconter ce qui pouvait la mettre dans un état pareil.

"Ne dites rien, sûrement ce gredin encore qui..."

Mais Ana l'avait arrêtée. Elle n'y était pas du tout. Et quand elle lui dit, que c'était des paroles de Fanch lui-même qui lui avaient fait passer une journée si cruelle, et la teneur des paroles, la matronne avait poussé un hurlement de rage.
Elle s'était immédiatement calmée ensuite, pour préparer la nuit de sa jeune maitresse. Celle-ci semblait sans vie, elle la vêtit de ses vêtements de nuit comme on habillait une poupée de chiffe molle, et Brune pensa avec angoisse, qu'elle semblait reprendre le chemin de douleur connu cet été.
Toutefois, elle comprit mieux les paroles qu'Ana avait eu le matin même.

Ensuite, elle resta près d'elle, comme une mère qui soulagerait la peine de son enfant.
Mais cette peine là, ne serait jamais soulagée. Si Ana ne pouvait enfanter, elle devrait vivre avec ça.
Elle avait pourtant commencé à avoir fait son deuil de cette situation... Mais il avait fallu que Fanch explose et lui dise toutes ces choses horribles.
Lui qui semblait toujours le meilleur des hommes... S'avérait, ainsi déçu de ne pas pouvoir avoir de descendance, être ignoble, envers une femme qui pourtant avait accepté pour le rendre heureux, de faire le sacrifice de ce qu'elle avait de plus cher: sa liberté.
Et Ana n'avait fait ce sacrifice que pour une seule chose, avoir son propre enfant, et lui offrir un père. Elle n'avait pas jugé qu'un amour passionnel était strictement nécessaire pour cela... Seul lui importait de devenir mère...

Maintenant, elle se trouvait donc prisonnière, de son corps, de son mariage, de ses sentiments qui allaient à un autre, sans enfant. Le destin pouvait-il être plus cruel?


Brune la fait se lever, avec douceur. Elle entreprend de brosser les longs cheveux noirs, complètement emmelés.
Elle fronce les sourcils en voyant Ana. Ses yeux tristes, d'habitude d'un vert d'opale, sont noirs et rouges, ses paupières gonflés, et son teint est cireux. Elle regarde droit devant elle, fixant un objet inexistant dans le lointain.
Elle l'habille d'une robe gueule et or, pour faire honneur aux couleurs rohannaises, pour son premier jour à la mairie, coiffe ses cheveux de deux nattes rondes, comme elle aime souvent lui faire.
La jeune femme reste sans réaction.
Finalement, une fois terminée, Ana tourne son regard vers Brune. Elle se compose alors un visage gai, et la gouvernante frémit devant ce changement, presque irrationnel.
La jeune fille lui sourit, d'un air jovial, et lui dit:


"Merci pour tout ma bonne Brunehilde. Ne t'inquiète pas, il y a la Ana qui s'occupe de Rohan, forte comme un roc, drole, aimable, serviable, un peu susceptible et lanceuse de radis, mais toujours de bonne humeur. Et il y a l'autre, qui n'apparaitra qu'ici, en privé. Je sais quelles sont mes responsabilités. J'ai trop longtemps laissé Rohan sans maitre, et je vais reprendre ma place. C'est après tout, la seule chose que je suis capable de mener à bien."


Alors qu'Ana part au grand galop sur son bel étalon noir, Brune s'inquiète pour elle. Pour sa santé mentale surtout... Elle la savait forte, mais tout humain a ses limites...
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Anastriana
[Rohan, près du lac]

Ana ouvre un oeil... Brrrr, tremblements, il fait drolement frisquet au manoir... Puis le matelas est vachement dur... Et elle voit au-dessus d'elle un ciel d'un bleu azur magnifique....

Quoi?? Un ciel d'un bleu azur magnifique?? Gné popotib!

Elle ouvre le second oeil, porte une main au-dessus de ses yeux pour se protéger du soleil...
Une douleur aigüe et intense sillonne son crâne, frottage de tempes intensif... Houlala.
Elle sent une chaleur contre elle... Tourne la tête, et voit Morvac'h, le bout du nez contre le sol, couchée en vache, en train de dormir près d'elle.

Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ici?!!!!

Elle regarde le soleil... On était tôt le matin, apparemment. Elle sent d'ailleurs la fine couche de rosée sur elle. Elle tremble, mortifiée par le froid.
Elle entend au loin, des chiens, qui aboient bruyamment.

Elle pose une main sur l'irlandais noir, qui tourne sa tête vers elle.
Tout en caressant la douce robe soyeuse, elle essaie de replacer les morceaux dans sa tête apparemment encore imbibée de chouchenn.

..... Elle réfléchit...


.....

...... Réfléchit encore...

.......

..... Une Ana ça doit réfléchir beaucoup...

.......

..... Surtout un lendemain de cuite....

......

....Mouais, bah elle n'y arrivait pas. Elle se souvenait vaguement avoir été de mauvaise humeur... Avoir beaucoup bu ça oui... Mais après, le trou noir.
Pourquoi elle n'avait pas laissé Morvac'h la ramener tranquillement à Coëtlogon comme un grand, comme il le faisait toujours si bien dans ces cas là? Et pourquoi le lac en particulier, y'avait rien près du lac! A part un risque de noyade peut-être...
Une pensée bizarre lui traverse la tête, lui procurant une nouvelle douleur aigüe... Elle était peut-être venue pour se noyer? En finir avec la vie?

Nannnn, elle chasse cette idée complètement sotte d'un coup de main dans l'air, Ana, même connaissant les souffranes morales les pires au monde savait qu'elle s'accrocherait toujours à la vie comme un coquillage à son rocher. C'était une Penneg après tout!

En s'aidant de l'étalon, elle se met debout sur ses deux jambes... ça tangue... ça titube... Et ça se dresse! On y était!
Elle regarde autour d'elle. La nature se réveille. Une famille de lapins termine son broutage de prairie nocturne... Un renard traverse furtivement au loin les fourrés... Les oiseaux communiquent entre eux les râgots du matin... Ils devaient drolement se foutre de sa gueule! Parce que ça piaillait drolement!

Elle fait se lever l'irlandais, et le tient par la bride. Les aboiements des chiens semblent se rapprocher...
Elle regarde le lac... Immense, on distinguait à peine son extrémité. Ana adorait venir parfois le soir, regarder vers l'ouest le soleil se coucher, par chance vers l'occident justement, la forêt se faisait moins dense, et l'on profitait longtemps des couleurs chaudes de l'astre qui descendait vers sa tanière...

Pour l'heure, le lac reflétait les premiers rayons du soleil, et au loin, parmi les aboiements, on distinguait les premiers coups de haches des bûcherons dans la forêt. Autant déguerpir avant que l'un d'eux la trouve ici, avec sa tête de pas réveillée, les cheveux ébourrifés.

Elle commence à marcher, Morvac'h la suivant, se demandant toujours comment elle avait pu se retrouver là.
Si encore elle s'était réveillée au bord de la route, elle aurait compris, ça lui était arrivé dans sa jeunesse. Mais pourquoi le lac? C'était même pas sur la route de Coëtlogon!

Toujours dans ses réflexions, les aboiements se rapprochent tant qu'ils éveillent sa curiosité. Et voila la meute qui sort du bois, et se dirige vers elle.
A leur tête, Ana reconnait immédiatement le grand destrier de Fanch.
A côté de lui, la petite jument grise de Brunehilde trottine vers elle.

Elle lève les yeux au ciel, les ennuis approchaient trop vite à son goût.
Elle marche vers le groupe, voyant à pied menant les chiens, André, le garde-chasse de Coëtlogon.
Fanch s'approche, et descend prestement de sa monture, et court vers elle.


"Ana!"

Il la serre contre elle, elle suffoque, veut la tuer ou quoi?

"Ana mais enfin! On s'est inquiétés! On t'a d'abord cherchée sur la route, jusqu'à Rohan, tu étais introuvable! Heureusement qu'on a les chiens!"

Elle le repousse doucement.

"Hey, ça va! J'ai... J'ai dormi à Rohan, dans mon ancienne maison, et j'avais envie d'une balade près du lac avec Morvac'h ce matin."

Fanch la regarde de la tête aux pieds, avec sa tronche et l'état de sa tignasse, forcément, ça devait paraitre drolement louche...

"J'ai trop bu hier soir, et j'ai préféré me rendre dans ma chaumine. Mais je n'ai rien pour m'apprêter le matin comme à Coëtlogon, forcément, je dois avoir une tête qui fait p..."

Brunehilde arrive, tenant "Kirsh", sa jument germanique par la bride, l'air courroucé.

"Madame, vous êtes complètement folle! Comme si l'on pouvait découcher ainsi, lorsque l'on est une noble personne de Bretagne! Nous nous sommes faits un sang d'encre!"

Ana roule des yeux, exaspérée. Ras le bol, de se voir traiter comme ça, par Fanch, par Brunehilde, et par tout le monde.

"Mais vous m'emmerdez tous les deux! Je vous le dis carrément! Vous m'EM-MER-DEZ!! Je suis assez grande pour savoir ce que je fais, et j'ai pas besoin de vous rendre des comptes d'ailleurs!"

Elle croise le regard de Fanch, inquisiteur, qui lui balance, de son ton posé habituel si déstabilisant:

"Tu noteras, que c'est toi qui m'a donné une... Explication. Je ne t'ai absolument rien demandé, je t'ai seulement fait part de mon inquiétude. Il faut croire que tu avais besoin de te justifier."

Ana en reste coi. Elle secoue la tête, lance un regard noir à Brunehilde, et se tourne vers Morvac'h. Elle met un pied à l'étrier, et grimpe sur le grand irlandais.
Du haut du fringant étalon, elle les regarde, et soupire.


"Je suis désolée. Mais vous n'auriez pas dû vous inquiéter ainsi. La mairie me demande beaucoup de travail et je peux être amenée à dormir à Rohan n'importe quand durant mon mandat."

Elle regarde Fanch, se demandant si elle reconnait encore l'homme qu'elle a épousé, et lui dit:

"Franchement, Fanch. Si tu arrêtais de rester à Coëtlogon à te morfondre sur ton union avec une femme... Qui peut-être jamais ne pourra t'offrir ce dont tu rêves, et que tu viendrais vivre une vie sociale à peu près normale, comme je m'y efforce moi-même, jamais tu n'aurais eu à t'inquiéter. Puisque tu aurais été avec moi. Remue-toi un peu, fais comme moi, apprend à vivre avec!"

Elle sent sa gorge se serrer... Tourne sa tête vers le lac, pour reprendre contenance, puis le regarde de nouveau.

"Tu penses me faire plaisir en m'offrant une liberté de mouvements, d'actions, mais je ne me suis jamais sentie aussi prisonnière de toute ma vie!"

Là-dessus, elle talonne Morvac'h, sous les yeux médusés de son garde forestier, qui n'avait sûrement pas prévu être le témoin d'une scène si gênante.
Brune remonte sur sa jument, et Fanch reste longuement, à la regarder, s'éloigner, s'éloigner de lui... Dans un galop effréné.

_________________
Fanch
[Coëtlogon, appartement de Fanch]

Fanch marchait en long et en large. Et même en travers.
Les paroles de sa belle lui était restées toute la journée en tête, et même la nuit, il n'avait pu trouver le sommeil.

Si Ana se sentait prisonnière, il était encore plus malheureux qu'avant.
Il avait tout fait pour la garder prêt de lui, qu'elle ne se sente jamais coincée par son mariage. Elle avait eu libre choix de ses actions, de ses entreprises...
Et voila que le pire leur arrivait.

Lui, se retrouvait marié à une femme, qu'il aimait plus que tout au monde.
Ana, merveilleuse de féminité, mais tout aussi sauvage, la belle, sensuelle Ana, qui pouvait aussi bien sortir ses crocs et ses griffes, que prodiguer une éternelle tendresse.
L'eau et le feu, la terre et la mer, le jour et la nuit.
Belle, mais mystérieuse. Voir parfois dangereuse...

L'épouser avait été pour lui une évidence. Quand bien même il était le plus amoureux des deux, il savait qu'elle cherchait alors à trouver un père pour ses enfants. Et lui, souhaitait plus que tout au monde, en avoir également.
Dès lors, les choses s'étaient faites de façon logiques.
Et Ana lui avait promis sa fidélité éternelle, dès le jour où elle aurait eu leur premier enfant. Lui jurant, qu'elle passerait sa vie auprès de lui, pour eux.

Seulement voila. Des enfants, il n'y en avait pas. Et après un an de mariage, et des essais toujours ratés, Fanch s'inquiétait.
Il s'inquiétait même beaucoup. Car il était tout aussi prisonnier qu'elle l'était. Il l'aimait tant, qu'il ne pouvait la quitter. Mais elle ne lui apporterait jamais le bonheur le plus complet. Cruel destin.

Il repensa aux dures paroles qu'il avait eu contre elle quelques jours auparavant. Dans un accès de colère, et alors que le chouchenn avait parlé à sa place bien plus que de raison, il l'avait traité... D'anomalie... D'erreur de la nature...
Aussitôt elle avait fui, et lui s'était retrouvé comme un idiot, à se maudire éternellement d'avoir pu lui asséner de telles insanités...

Comment faire cesser cette situation ridicule, qui les détruisait l'un et l'autre à petit feu?

La solution, il la connaissait. Il y avait pensé, déjà à maintes reprises.
Mais comment s'y résoudre, quand on aimait cette femme avec tant de fièvre?
Ana l'avait ensorcelé... Il allait donc devoir se libérer, bien que cela lui en coute. Et une fois ceci fait... Il fuirait... Loin... D'elle, et de ce qu'elle était, de ce qui le rendait à la fois fou, d'amour et de tristesse.

Il s'assit à son bureau, prit de l'encre et une plume, et mit en route ce qui allait bouleverser son existence, détruire son mariage, mais rendre sa liberté à la femme qu'il aimait tant.
Elle avait commencé à s'éloigner de lui... Il couperait le lien pour l'y aider.

Car de toute façon. Enfermer Ana... Il ne pouvait s'y résoudre. Il aimait justement par-dessus tout, sa fougue, sa liberté, sa façon de mener sa vie avec passion, acharnement, sans attache ni convenance.
Dès lors... Il viendrait à ne plus l'aimer, s'il l'enfermait.

Il poussa un long soupir, et pesa chaque mot posé sur le parchemin. Sans doute la solution était cruelle pour elle...
Mais, bien qu'il lui en coûte et se détestait de le penser... Il souhaitait au fond de lui, qu'elle souffre aussi un peu de tout ça... Et lui offrait un cadeau à double-tranchant.

Restait maintenant, à le lui annoncer... Perpective peu engageante... Surtout quand on connaissait l'ardeur de ses colères...
Anastriana
Brunehilde brosse avec douceur une tignasse brune, descendant sur des reins pris de soubresauts.
Soupire de la gouvernante, c'est comme ça depuis des heures.


"Madame... Arrêtez enfin!"

Elle ne savait plus quoi faire pour calmer les sanglots de sa maitresse.



La veille au soir, la Dame était rentrée du village dans une colère noire.
Telle une furie, elle s'était rendue dans les appartements de son mari, terreur brune et sombre en pleine tourmente.

Tout le manoir avait pu profiter de la terrible colère de la maitresse des lieux, tant et si bien que Brunehilde et Jean, le majordome, avaient préféré aller voir si la situation ne dégénérait pas.
Et ils avaient eu raison.

Ils trouvèrent Ana, l'épée à la main, pointée vers les parties... Intimes de son mari. Qui en plus ne faisait rien pour l'empêcher de mettre ses menaces à exécution, racontant que la mort lui irait finalement mieux que de devoir la quitter.
Les hommes sont parfois un peu nigauds.

Le visage d'Ana était terrifiant. La colère d'une femme humiliée, mélangée à une tristesse profonde, enfouie, qui transparaissait sur son minois d'habitude plutôt joli.
Là ce n'était plus joli du tout.

Brunehilde et Jean utilisèrent tout leur sens de la diplomatie pour lui faire lâcher son arme. Quand enfin elle laissa l'épée tomber à terre, dans un bruit sourd de métal qui rencontrait un parquet, elle s'était ensuite enfuie du manoir, emmenant évidemment son cheval avec elle.
Tout le monde avait cru bon de la laisser tranquille, et lorsque Fanch avait expliqué à la gouvernante les raisons de la colère de sa femme, elle avait mieux compris les choses.

Fanch avait écrit à Lusiana, ex-duchesse consort du rohannais, qui était médecin, et une amie de la famille, pour lui demander d'établir à son retour un certificat, stipulant qu'Ana n'était apparemment pas apte à procréer. Et la duchesse avait cru bon en avertir la Dame, pensant sans doute que son mari avait eu le temps de lui en parler.
Sauf qu'il avait tant reporté ce douloureux moment, que finalement elle l'avait appris par la manière la plus terrible qui soit.

Ana était rentrée plus tard dans la nuit, et était partie se coucher sans rien dire à personne.
Brunehilde l'avait trouvée au petit matin, au réveil.
Et depuis, la Dame pleurait à chaudes larmes.





"C'est peut-être mieux ainsi, ne trouvez-vous pas?"

Ana reste prostrée, muette.

"Vous en êtes arrivés tous deux à un point qui nécessitait une telle décision. Monsieur vous aime, pour sûr, il vous aime. Vous, vous n'aimez que vous. Partant de là, vous n'auriez déjà pas dû l'épouser, ne pensez-vous pas? Maintenant vous payez pour votre égoïsme..."

Brunehilde la provoque, sciemment. Elle espère obtenir une réaction de sa maitresse.
Pari réussi.


"Egoïste? MOi??"

Ana secoue la tête, pas contente du tout. Elle essuie ses yeux du revers de la manche, et continue.

"Tu crois pas plutôt que c'est lui qui l'est? Il sauve son honneur, et bafoue le mien. Quel homme va vouloir de moi après ça? Quand tout le monde apprendra publiquement pourquoi notre mariage a été annulé, aucun homme n'aura envie de moi... Ou bien si, pour des aventures de passage, bien pratique pour qui souhaite un peu de plaisir sans conséquences. Vous souhaitez une nuit d'amour sans les problèmes? Frappez donc chez Ana!"

Elle regarde Brunhilde dans les yeux au travers du miroir.
Celle-ci lui répond.


"Il y en a un qui..."

La Dame secoue négativement la tête, elle ne pleure plus, mais un voile sombre recouvre son visage, un voile noir, fait de colère et d'abattement.

"La situation était déjà sans issue avec lui, pour le coup, elle est désormais fermée dans les deux sens, je ne peux pas avoir d'enfant, tu le comprends ça, pas d'enfant!!!!! Je suis une... Je ne suis même pas une femme!"

Elle dégage d'un coup de main rageur tous les objets disposés bien en ordre sur la coiffeuse, s'accoude, et prend sa tête dans ses mains.
Brunehilde la regarde, compatissante.


"Ecoutez, vous êtes jeune, vous êtes une femme magnifique, vous avez toujours eu le don de charmer tout le monde. Moi, je n'y crois pas à ces histoires. Avoir un enfant, ça ne se fait pas sur demande. ça arrive juste au moment opportun, lorsque Doué estime que c'est l'instant béni pour un tel évènement, voilà tout."

Ana veut tellement y croire... C'est ce que tout le monde lui répétait "attendez, ça finira par venir..." sauf que tout le monde ne connaissait pas les promesses qu'elle avait faites à son mari.
Et son mari savait que plus le temps passait, et moins Ana supporterait le mariage si aucun enfant ne paraissait.
Au fond, Brunehilde avait raison. Doué la punissait, car elle ne s'était pas mariée pour les bonnes raisons. Pourtant elle avait trouvé raisonnable à l'époque, d'offrir à ses futurs enfants un père stable, sérieux, aimant, sur qui elle pourrait compter.
Le genre d'homme qu'elle aimait, n'était pas du genre à la stabilité. Quoique... L'un d'eux semblait vouloir en prendre le chemin mais évidemment pas avec elle. Le destin n'en avait pas terminé, décidément.

Elle se relève, et termine de s'habiller.


"Madame, peut-être, juste pour aujourd'hui, vous devriez... Rester ici..."

Ana secoue la tête.

"Sûrement pas, j'ai du travail qui m'attend. ça va m'occuper l'esprit."

Brunehilde soupire... Et laisse filer la grand brune aux yeux verts si tristes... Si Ana arrivait à donner le change au village aujourd'hui, elle était décidément très forte. Mais la vieille gouvernante en doutait, Ana portait sur elle son chagrin, comme un escargot sa maison... Lourd, pesant, indétachable...
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Anastriana
[A Coëtlogon, dans le hall, Ana sur le départ]

"Vous avez perdu l'esprit?!"

La Brunehilde levait des yeux épouvantés sur Ana, en lui enfilant sa cape, tandis que cette dernière enfile ses gants de monte.
Elle venait de lui faire part du sympathique présent qu'elle avait offert à Fanch, avant de le mettre dehors avec un coup de chausses au postérieur.


"Mais il va être malade!
-Evidemment. C'est un peu l'idée quand même..."


Ana avait utilisé une des choses qu'elle savait faire le mieux, pour préparer à son mari... Une surprise indélébile.
Elle lui aurait bien ouvert le ventre dans la longueur mais elle avait laissé ses armes en sûreté pour éviter tout désastre, la prison n'était pas dans ses projets futurs.

Alors, elle avait fait ajouter au dernier repas de Fanch au manoir, une préparation... très particulière.
Quelque chose, dont personne ne pourrait l'accuser en particulier. Comme une longue et lente maladie qui allait lui faire regretter ses paroles et ses gestes propres à blesser Ana au plus profond d'elle... Lui au plus profond, il allait drolement avoir mal!


"On peut même dire, que je lui ai définitivement empoisonné l'existence, dans tous les sens du terme!"

Ricanement sadique. Brunehilde hausse un sourcil. Voila, on y était, la Dame était devenue complètement folle, voilà qu'elle avait empoisonné son mari...

"Il va connaitre toute sa vie le chemin des latrines de tous les villages par coeur. Même mieux, il connaitra les fossés, tellement ses boyaux lui seront douloureux parfois.
-Madame c'est peut-être un peu cruel quand mê...
-Cruel? Il n'a pas été cruel lui peut-être? Qu'il vienne donc ramper à mes pieds pour me demander un remède, je lui ferais manger le cuir de mes bottes, tu peux me croire!"


De la peine, la tristesse, Ana était désormais passée à la colère. Sauf que lorsque cette femme était en furie, elle était capable de tout...
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Anastriana
[A Coëtlogon]

Ana ouvre les yeux... Nouveau jour... Même refrain...

Elle se regarde dans le miroir... Depuis quelques temps elle se reconnait à nouveau, c'est déjà une bonne chose. Et les bonnes choses, elle les prend et s'y accroche dernièrement, pour éviter de sombrer.

Sombrer dans quoi, me direz-vous?

Ho, la pauvre a une vie un peu trop difficile ces derniers temps, moi-même, je ne suis plus grand chose, c'est pour dire.
Un jour heureuse, le lendemain malheureuse, un autre en colère, toute la gamme des émotions se joue en elle, comme dans un grand orchestre... Bruyant, et insoutenable.

Elle a bien pensé à aller sombrer dans le lac, mais on le lui a interdit.
Lui reste à sombrer dans l'alcool, mais ça, c'est déjà fait.
Sombrer dans le travail... Elle y est jusqu'au cou.

Elle laisse Brunehilde la préparer, sans dire un mot, et se maudit d'avoir des yeux si sensibles aux larmes, elle a encore une tête affreuse!


"Vous êtes bien silencieuse, Madame."

Ana la regarde, et se demande si un jour sa gouvernante la laissera en paix un matin, en acceptant qu'elle demeure seule avec ses humeurs à combattre.

"J'ai la boussole montée à l'envers ce matin, fiche moi la paix!"

Brune hausse un sourcil, mais préfère ne rien dire. De toute évidence, la Dame était à prendre avec des pincettes ce matin, pour changer.

C'est pas qu'elle soit de mauvaise humeur la Ana. Elle est plutot dépitée.
Dépitée de sa soirée, de sa mairie, de sa gouvernante, et d'elle même.
Tout l'emmerde. Elle a envie d'envoyer tout valser et de se tirer.
Bon pas avec la caisse, rassurez-vous. De toute façon, elle est vide.
Reprendre la route, voyager, fuir quelque chose qui lui échappe encore et encore, et aller voir ailleurs si elle s'y trouve pas.

Evidemment elle ne le fera pas, ses responsabilités l'appellent, et puis elle ne peut pas laisser Rohan dans cet état. Voila bien une de ses passions qui l'appelait à être raisonnable, son village. C'est tout ce qui lui reste, autant en prendre soin quand même.

Elle termine de s'habiller, et regarde Brunehilde.


"Dis... T'en as connu beaucoup des hommes Brunette?
-Heu... Pas vraiment non, j'ai été fidèle au même homme pendant près de trente années Madame!"


Soupire d'Ana...

"Ouais, évidemment... Laisse tomber."

Brunehilde la regarde, et se demande ce qu'elle a pour être ainsi.
Mais comme elle n'a pas spécialement envie de se faire encore envoyer sur les roses, elle préfère se taire.


"Tu feras vider les appartements de Fanch aujourd'hui, tu fais parvenir ses affaires chez lui à Rohan.
Je ne veux plus aucune trâce de lui dans ma demeure, c'est bien compris?"


Brune hoche la tête, l'est vraiment pas commode Ana ce matin... Mais en fait, ça la fait plutot sourire à bien y penser. Elle semble reprendre un peu les rênes de sa vie sa maitresse, même si elle n'accepte pas tout ce qu'elle a pu faire dernièrement, au moins elle a retrouvé sa combativité.

Ana se retoune vers elle, avant de fermer la porte pour partir.


"Je te préviens, je vais pas tarder à reprendre ma vie telle qu'elle était auparavant. Et j'aime autant te dire que ça va pas toujours te plaire, mais je m'en moque pas mal. Je m'en cogne même complètement. Alors tes réflexions, tu pourras te les garder. Tes jugements, tu les ranges au placard. Ou bien tu pars."

Vlan. La porte se ferme.

Brune reste muette... Et sourit. La voila donc, la Ana, celle dont on lui avait parlé...
Celle qui décidait de sa vie au gré de ses envies et de ses humeurs, celle qui pouvait abattre un homme juste en lui assenant quelques mots bien sentis. Et elle est ravie de faire sa connaissance...

Surtout qu'elle sait, combien elle est tendre, aimante, passionnée, prête à tout pour les autres, au fond d'elle.
Une carapace de fer, qui recouvrait un corps de bonté, authentique, brut, sauvage. Une franchise déroutante, une spontanéité simple et naturelle.
Il était temps, qu'elle revienne à la surface.

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Anastriana
[A Coëtlogon, à l'aube]

Ana entre dans le manoir, en titubant un peu, les traits fatigués, et grimpe les deux escaliers qui la séparent de ses appartements. Elle croise dans le corridor la toujours-fidèle-au-poste Brunehilde.

"Madame! Vous rentrez enfin! A cette heure!"

Sourire amusé d'Ana, qui lui claque la bise, sous les yeux médusés de sa gouvernante.
Allons bon, ce matin, apparemment, dans le registre des émotions, sa maitresse était en position "bonne humeur", pourquoi pas, ça changeait!


"J'ai passé la nuit avec Charlotte et...
_Quoi?!!!"


Regard effaré de Brune, qui s'imagine sans doute des choses bizarres.
Faut dire pour sa défense qu'avec une patronne comme Ana, on s'attend à tout!

En attendant la patronne, elle rigole, les deux mains sur le bide.


"Mais non Brunette! ne t'invente pas des choses! On a discuté toute la nuit, comme deux commères, c'est tout!"

Elle est en fait franchement morte de rire.

"Mais... Vous parlez de la dame qui...
_Celle-là même!
_Et vous lui parlez? Vous vous entendez avec?"


Regard suspicieux de la vieille.

"Vous allez l'empoisonner elle aussi, c'est ça? Vous vous rapprochez d'elle pour lui faire du mal!"

Ana hausse un sourcil. Et tourne son index sur sa tempe.

"ça va pas bien toi hein. J'ai été en colère contre elle, mais pas très longtemps. une heure à tout casser, juste le temps de retrouver mes esprits. J'ai surtout été vexée, elle n'a pas respecté la règle antéséculaire tacites qui a toujours existé entre les copines", mais c'est pas suffisant en tous cas pour l'empoisonner. Et puis je l'aurais passée par le fil de mon épée, ça aurait été bien plus direct."

Ana se compose en retenant un fou rire chouchennisé, une mine, de Dame en pleine réflexion, et tape du poing dans sa main!

"Bah tiens, pendant notre ballade à cheval, hop, je la tuerai, je planquerai son corps dans les bois, et zou!"

Brune la regarde, dépitée.

"Madame. Vous êtes bizarre.
_oui, moi aussi Brunette je t'aime!"


Ana se marre comme une baleine - faut dire qu'elle est encore cuitée de la veille, pour vous expliquer un peu mieux sa bonne humeur générale - et rentre dans sa chambre.

"Allez Brune t'as du boulot, je passais juste rapidement pour me faire une toilette avant de retourner à Rohan. Fais moi couler un bain, et prépare mes braies bleues celles qui..."

Brune écoute tout ça, tout en se demandant quand même, si sa jeune maitresse... Est pas fêlée du casque. Son dernier neurone encore en activité avait lui aussi fait ses valises, et il ne restait dans ce crâne vide que l'anarchie et le désordre.

Ana repasse la tête à la porte.


"Bon, bah tu viens!"

Brune la suit amusée, et profite de sa bonne humeur, pour discuter de tout et de rien, du temps, du lac gelé, de l'église qu'il faudrait reconstruire, du garde-chasse André qui a attrapé des braconniers, de la cuisinière Grande Berthe qui est enceinte et va falloir la remplacer, de ces petites choses du quotidien, insignifiantes au premier abord, mais qui sont le paysage dans lequel la vie se mène. Heureuse, ou malheureuse.
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Anastriana
"Bruuuuuuuuuune!!!"

Hurlement outragé matinal, Ana a découvert quelque chose de terrible... Quelque chose d'inimaginable... Quelque chose... De blanc. Et je ne parle pas de la neige, là, dehors.

"Bruuuuuuuuuuuuuuneuuuuuuuu!!"

La vieille gouvernante monte les marches quatre à quatre pour rejoindre l'étage de la Dame... Un col du fémur cassé, ça pourrait ajouter du piment à l'histoire non?

Non?

Bon dommage.

Donc voila Brunehilde qui arrive, et trouve Ana devant sa coiffeuse, le regard effaré, en train de tenir en l'air entre deux doigts... Quelque chose d'invisible de toute évidence.
Elle s'approche.


"Brune! regarde! C'est terrible, c'est affreux!
_Quoi Madame?
_Ben là tu vois bien!
_Non Madame je ne vois rien.
_Rah oui, t'es trop vieille et bigleuse!
_Merci Madame, ça fait toujours plaisir.
_Oh mais de rien. J'ai un cheveux BLANC!!!!!!!!!!!!"


Sourire amusé de la gouvernante. C'était donc ça, la cause de ces hurlements stridents!

"Vous savez, c'est normal. Vous n'êtes pas pour autant âgée.
_Tu crois que je vais devenir comme toi?
_Comme moi?
Sourcil perplexe.
_Ben oui comme toi, avec tes cheveux qui... Tes cheveux quoi!
_Pas pour l'instant je ne pense pas, vous savez les cheveux peuvent blanchir lorsque l'on vit un grand tracas ou une grande angoisse, j'ai connu quelqu'un qui s'est réveillé un matin avec une mèche, complètement blanchie!
_Mais c'est affreux! Je ne veux pas!
_Alors ne vous mettez pas dans des situations propres à vous faire vous rongez les ongles. Vous en avez un de cassé d'ailleurs."


Ana regarde ses mains, et hoche la tête.

"Ha oui tiens. J'avais même pas fait attention. J'ai dû me faire ça hier en allant galoper avec Morvac'h.
_Heu... un minuscule cheveux un peu gris vous fait pousser des hurlements propres à réveiller tout le rohannais, mais un ongle cassé, qui rend vos mimines affreuses, ça vous fait rien?
_Bah... Non.
_Je ne vous comprendrai jamais!
_J'espère bien, tu te lasserais et tu me laisserais!"


Là-dessus, Ana tire un coup sec sur le cheveux, objet de son désarroi.
Schtick! Et hop, elle le laisse tomber au sol.
Et lève un regard sévère sur Brunehilde au travers du miroir, les yeux plissés, l'index menaçant.


"Tu parles de ça à personne, tu m'entends, PERSONNE!
_Bien Madame. Et j'explique comment vos hurlements?
_Dis que... Je me suis cassé un ongle!
_Bien, je vous le promets."


Brune sourit, et commence à brosser les longs cheveux bruns, ceux-là même, qui un jour pourtant, prendraient une couleur argentés, avant de blanchir... Car tout se fâne, tout se meurt. Mais si la beauté du corps s'amenuise, la beauté du coeur, elle, reste éternelle, et la vieille gouvernante ne s'inquiéte pas outre mesure pour sa maitresse.
Car son grand coeur, resterait jeune et vaillant, un coeur de passionnée, pour l'éternité.

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Anastriana
[Dans une chambre d'auberge, à Rohan]

Dans la panoplie des matinées étranges d'Ana, celle-ci était sûrement dans le trio de tête.
Assise dans un large fauteuil, une épaisse couverture de laine sur les genoux, elle somnole encore à demi.
Dans le lit devant elle, dorment deux bambins, deux tout petits bouts d'choux, qui reflètent à eux deux l'exacte beauté à la fois de leur mère, et de leur père.

Intéressant le destin non? Voici qu'on confiait à Ana, le temps que la cousine de Row, Babette, vienne les chercher, deux enfants. Les enfants décidément ces derniers temps ça lui courait après et ça la fuyait en même temps.

Enfin, le temps que Babette vienne à Rohan, elle s'en occuperait bien sûr. Avec amour et tendresse même.
Toutefois, la situation lui mettait le coeur en miettes, lui rappelant Ô combien elle-même n'aurait sans doute jamais la joie d'en avoir un jour, alors que d'autres devaient ainsi les abandonner. Mais Darkness ne savait sans doute pas cet état de fait.
Elle ne blâmait pas la mère. Elle avait déjà vu tout ça se produire auparavent avec le blondin. Il aimait apparemment à écrire toujours les mêmes histoires, et les mêmes fins. Elle avait l'habitude.

Elle était inquiète quand même, le regard de Darkness aurait fait se fâner toute vie aux alentours, tant son aura de désespoir émanait d'elle, comme une cape sombre et lourde.
Où était-elle allée? Ana avait voulu lui courir après, mais la Dame s'était déja cachée dans les ombres obscures de la nuits.
Alors elle avait immédiatement écrit à Rowenda, pour lui faire part de cette étonnant visite, et le prévenir quand même qu'elle veillerait sur ses enfants le temps que sa cousine arrive.

Si elle pouvait arriver au plus vite d'ailleurs hein...

Et puis elle était soucieuse pour le blondinet.
Ben ouais, elle est comme ça Ana. Il pouvait faire toutes les conneries du monde, il restait Rowenda, l'ami cher, sincère et fidèle - oui oui, fidèle, je sais dit comme ça ça choque - celui qu'on n'aimait pas voir souffrir.

Car oui il souffrirait. Elle sait, oh oui, elle sait, combien il l'aime, sa jolie brune aux yeux gris, combien il a cru pouvoir rester sage, auprès d'elle...

Les voila qui se réveillent. Panique. Elle secoue Brunehilde qui ronfle à côté d'elle sur une chaise.

Oui parce que voyez-vous, si Ana souhaite avoir des enfants... Ben elle ne sais pas s'en occuper. Leur donner à manger, tout ça... C'est un truc qui la dépasse.
Mais la fidèle gouvernante, qui a dû rêver sûrement dans son sommeil profond de voir le blondinet en train de bruler sur un grand bûcher, tant ce qu'il avait fait la répugnait, est heureusement la femme de la situation!

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Anastriana
[A coëtlogon, chambre d'Ana]

"Laisse-moi Brune, je veux dormir!
_Mais Madame... J'ai besoin d'aide... Ils sont deux! Et je n'ai que deux mains!
_Et ben, ça tombe bien, une main pour chacun, et fous moi la paix!"


Ana se colle un oreiller sur la tête.
Brunehilde la secoue doucement.


"_Madame! C'est de votre responsabilité! Comment feriez-vous, s'ils étaient les votres?
_Bah je te laisserai t'en occuper... Exactement de la même façon... Et là ce ne sont pas les miens, je veux bien leur faire tous les calins du monde, les ballader au village pour qu'ils prennent un peu l'air, leur chanter des comptines pour les endormir, mais je ne ferais pas le reste!"


Ana se lève soudain, faisant valser couette et oreillers, le visage en colère, et file à son bureau, furie brune en chemise de nuit.

"J'écris tout de suite à Babette, qu'elle vienne les chercher rapidement, avant que je finisse par me jeter par la fenêtre. Ils pleurent, m'empêchent de dormir, et ils sentent mauvais, en plus ils...
_Plutôt que de vous trouver des excuses ridicules, pourquoi ne dites-vous pas tout simplement, que ça vous est dur, dans votre coeur, de devoir vous occuper des enfants d'une autre?"


Ana s'arrête en plein mouvement, alors qu'elle allait prendre sa plume entre ses mains.
Elle tourne sa tête vers elle.


"C'est ridicule voyons.
_Bien sûr.
_Si j'te l'dis.
_Pourquoi vous cachez toujours vos vrais sentiments sous des dehors durs et insensibles comme ça?
_Je! Je heu... n'importe quoi!"


Regard victorieux de la gouvernante.

"Laisse-moi! Je dois écrire."

Et elle commence à écrire.
Brune sourit. Quelle drole de petite femme, que sa maitresse, tout de même. Mais elle comprenait un peu, le pourquoi de cette carapace.
Chaque fois qu'elle soumettait ses sentiments aux autres, elle avait généralement souffert en retour.

Ana confie son courrier à Zéphyrin, puis se dirige vers Brune.
Elle prend le petit Bandor entre ses bras, avec moultes précaution, et le berce avec douceur, calmant ses pleurs, les pleurs déchirants d'un enfant qui ne ressentait plus la présence de sa mère près de lui.

Tiens, mais... Serait-ce un soubressaut?

Brunehilde se penche, le regard soucieux, vers Ana... Mais oui, elle a bien vu.
Sur la joue blanche comme neige de la jeune fille, coule, en silence, une larme, alors que l'enfant quant à lui s'endort bientôt dans ses bras.
La gouvernante prie alors... Elle prie, pour que la-dite Babette, arrive au plus vite... Sa maitresse ne méritait point tant de chagrin.

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Anastriana
[Aux grilles de Coëtlogon]

Dans une froide matinée d'hiver, une scène se déroule dans l'allée principale de Coëtlogon.
Jean, le majordome d'Ana, est assis comme conducteur, les guides en main de deux grands postiers bretons aux crins blonds, attelés à une roulotte bien fermée pour protéger ses passagers du vent hivernal.

Ana dépose sur chacun des deux fronts des deux bambins qui viennent de passer quelques jours chez elle, un dernier baiser.


"On se revoit à la fin de janvier mes jolis, quand Babette passera à Rohan. Soyez sages avec elle, hein?"

Elle caresse les jolies têtes, qui dorment encore. Elle est émue Ana quand même, mine de rien. On s'y attache vite.

"Brunehilde, tu n'hésites pas à rester pour aider Babette quelques jours. Tu les connais un peu tu pourras lui donner quelques tuyaux. Je me débrouillerai bien sans toi, ne t'inquiète pas."

La vieille gouvernante hoche la tête, puis grimpe dans la roulotte, Ana lui tend alors les deux paniers porteurs de la progéniture rowendarkienne.

"Ne faites pas de bêtises pendant mon absence!
_Tu sais j'ai vécu sans toi avant hein...
_Oui, et bien je me demande comment vous avez réussi à survivre!
_Et bien dis-toi que je survivais et que maintenant je vis. Allez, va."


Elle ferme la petite porte, et s'adresse à Jean.

"Mènez les vite, et prenez bien soin d'eux Jean. Je compte sur vous."

Le majordome hoche la tête, et Ana donne une tape sur la croupe de Pâquerette, la jolie jument bretonne, qui se met en route aux côtés d'Hortense. Une très jolie paire d'attelage.

L'équipée s'éloigne sur le chemin, Ana reste dans le froid à les regarder...
Puis se tourne vers le manoir, vieille bâtisse posée là comme un monument sur la colline. Elle soupire. La maison allait être bien vide et silencieuse pendant ces quelques jours...

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Anastriana
Ana est dans une chambre... Une chambre d'enfant... Mais le décor semble flou.
Devant elle, un berceau, et un homme, de dos, semblant tenir dans ses bras un enfant, et le bercer avec douceur. Sa chevelure est reconnaisable entre mille. Elle souhaite approcher, approcher encore... Mais elle ne peut pas. Quelque chose la retient. Elle n'est pas réellement présente, elle est plutôt témoin de la scène.
Soudain, la cheminée non loin de l'homme, se met à crépiter, de grandes flammes en sortent, commencent à lécher le berceau, l'homme... Ana crie, étend les bras, mais ne parvient à les atteindre, et les regarde s'effacer dans les flammes, impuissante.

Et c'est le réveil, brutal.


"Bruuuuune! Bruune!"

Ana est essouflée, elle reprend doucement conscience.
Mais Brunehilde n'est pas là.


"ça n'en finira donc jamais!"

Elle se recouche sur le dos, observe les poutres, et rage devant les larmes qui se mettent à couler. Les cauchemards devenaient son quotidien.
Insoutenables et souvent les mêmes.

Mais en cette glaciale matinée d'hiver, autre chose l'attend. C'est le jour de l'enterrement, et elle ne peut guère accorder de temps à ses propres états d'âme.
Sa filleule compte sur elle, et elle ne va pas la laisser tomber.

Elle prendrait bien un bain... Mais personne n'est là pour lui préparer. Tant pis. Elle essuie ses larmes et se dirige lentement, vers la grande armoire, pour choisir une robe de circonstance.
En bas de l'armoire, une grande boite est déposée avec un parchemin sur le dessus. Elle le prend, et le lit.


Citation:
"Madame,
Je vous ai préparé l'ensemble de votre tenue pour le jour sombre qui vous attend.
Cordialement,
Votre très dévouée Brunehilde."


Ana sourit. Elle pensait vraiment à tout la brave gouvernante. Elle aurait aimé l'avoir près d'elle aujourd'hui, mais les évènements récents en avaient décidé autrement.
Elle ouvre la boîte, et découvre une robe au velours noir de jais, assortie d'une coiffe.
Des petits escarpins tout aussi sombres viennent compléter la tenue, avec un long gilet de laine noire, pour se protéger du froid sans doute.

Elle appréhende sa matinée, la belle Ana. Mais elle doit être là.
Le destin, toujours très cruel décidément, avait offert à l'une, qui n'avait pu accepter ce cadeau, ce qu'il refusait à l'autre.
Dans cette tourmente, Ana avait aussitôt pris sa jeune filleule sous son aile pour l'aider à atténuer la souffrance qui l'étreignait.
Accepter, elle ne le pourrait jamais, mais elle allait devoir vivre avec, et Ana tenait à lui montrer qu'elle serait toujours, éternellement présente, pour la soutenir.

Toute à ses pensées, son esprit tourné vers Blanche, elle commence à enfiler sa robe. Sauf que, hé, ben oui, pas de Brunehilde pour lui lacer le corset.

Voila donc la Ana, le corset à l'air, à moitié habillée et pas coiffée, qui s'en va marchant dans son manoir pour trouver quelqu'un qui pourrait terminer de la vêtir.
Après avoir fait toutes les pièces, s'être vautrée deux fois en marchant sur les jupons trainants, elle arrive aux cuisines, et alpague la grande Berthe, sa cuisinière de choc.


"M'dame! Dites r'en, j'vois l'problème! R'montez à vot'chambre, j'arrive!"

Fiou, on a frolé la catastrophe!
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