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[RP] Les matinées gratinées d'Ana

--Horizon_lointain


Elle s'est laissée bercer toute la nuit, au rythme lent d'un Morvac'h conscient de son mal-être.
Emmitouflée sous sa cape noire, capuchon rabattu sur sa tête sombre, elle a laissé le vide l'envahir le long du chemin.
Au loin, la mer se devine déjà, alors que le soleil n'a pas encore caressé la terre de ses premiers rayons qui éveillent la nature hivernale figée dans le repos.

Elle marche au-devant d'un autre équipage. Milord, son great horse immense, traine une voiturée dans laquelle voyagent une rousse pas piqué des vers mais drolement amochée dans son coeur elle aussi, et pas que par la bibine, et un chauve qui manque un peu d'activité depuis quelques temps.

Elle approche St Brieuc, silencieuse et ténébreuse, l'esprit tourmenté.
que vient-elle faire ici?

Elle n'a pas de réponse claire à cette question. Si on lui demande, que dira-t-elle? Du repos, elle vient simplement, prendre du repos... Mais ce sont les falaises et son vide, abrupte, qui l'attirent.
Et elle fuit la sensation opressante qui l'angoisse et l'empêche de vivre normalement depuis quelques semaines.
Elle vient se perdre, pour peut-être mieux se retrouver...

Elle traverse la ville, le pas cadencé de l'irlandais sur les pavés, la maintient encore au réel.
Elle fait s'arrêter Milord, le grand anglois aux paturons poilus, devant l'auberge, et salue ses compagnons de route de la tête.


"J'vais faire un tour avec Morvac'h, galoper sur la plage ça va le délier un peu."

Elle fait s'avancer l'irlandais, et se retourne soudain sur sa selle.

"On se retrouve... Plus tard."

Elle sourit, et remet Morvac'h en avant, au pas lent, les pavés sont glissants.
Elle lui fait passer les dernières habitations, et se dirige vers les hauteurs des falaises qui entourent la baie. Morvac'h hésite un instant, Ana le talonne, il cède, et grimpe sur les contreforts escarpés.
Et sous ses yeux, habitués à l'obscurité, elle regarde l'horizon, la mer qui s'étend, si calme au loin, mais violente au pied de la falaise, éclairée par l'astre nocturne.

Elle descend de l'étalon, glisse sa main sur sa robe sombre et satinée, le long de l'encolure, jusqu'à sa tête, avant de le serrer contre elle, enfouissant son visage dans la longue crinière ondulée.
Elle lui offre quelques mots à l'oreille, et le repousse. L'irlandais la regarde, recule de quelques pas, mais reste à la fixer. Il demeure son gardien, quoiqu'elle fasse. Elle soupire.


"Morvac'h, retourne à ta liberté. Sauvage tu es né, sauvage tu resteras. Merci pour ces années de soutien, merci pour tout. Laisse moi à ma solitude."

Elle se tourne vers la mer, s'approche de la falaise, a pas comptés. Se trouvant finalement au bord du précipice. Quelques gravas dégringolent sous ses pieds, et se projettent en une chute vertigineuse jusqu'aux tréfonds glaciales de la grande marée bleue.

En bas, la mer, fait se ruer ses vagues violentes, sur le haut rempart de pierre.
Elle imagine la chute. Longue et enivrante. Le choc contre l'eau, puis le fracas sur les rochers recouverts par l'onde. Armes sournoises dissimulées par la masse d'eau. Elle réfléchit, longuement. Baisse son capuchon, et libère ses cheveux, qui s'envolent aussitôt sous le vent violent du littoral, tel un étendard sombre. Un simple pas en avant...

Elle entend ses os craquer sur les pierres, ses articulations se désolidariser, son corps malmené par les courants marins. Elle sent l'eau s'infiltrer dans ses poumons, et libérer son âme.

Oui, la mort serait rapide. Elle inspire l'air iodé en une respiration longue et lente.

Que fait-elle ici?

La question lui revient en mémoire et perturbe ses visions de mort. Que vient-elle chercher? Le repos éternel peut-être...
Mais voici que le peut-être de la réponse instille en son esprit les graines germantes d'une hésitation.
Elle reste à regarder l'horizon, dans son dos le soleil se lève bientôt, tandis que son regard est au-delà de l'horizon, au-delà de la mer... Elle médite.

Quand plus rien ne va, que l'on se sent au bord d'un abime de solitude, de doutes et de désespoir, quoi de mieux, que de faire face au vrai précipice, pour vous remettre en phase avec la réalité?

La pointe de ses pieds embrasse dangeureusement le vide, l'effleure, ses yeux se baissent, elle s'étourdit du vide, s'en énivre. Emmitouflée dans son châle, elle n'aurait qu'à fermer les yeux pour se laisser tenter, basculer...


"Tu veux un coup d'main ?"

La voix qui s'élève, c'est à la fois un coup de poignard dans son dos, et une chaleur qui l'emmitouffle. En tous cas ça la fait sursauter si bien qu'elle glisse.
Vent de panique dans son regard, elle n'a jamais envisagé le vide de si près. Rattrapage sur les mains, grimaçant en sentant les gravas s'enfoncer dans ses blessures à peine cicatrisées, elle s'asseoit, essoufflée par la peur.

Il est donc venu. Il l'a trouvée. Il est venu tirer doucement sur la laisse, le noeud qu'elle avait tenté vainement d'éloigner s'est aussitôt resserré sur son cou. L'emprise est totale, elle le sait... Et ne veut pas lutter.

Elle rentrera donc à Rohan. Pourquoi quitter sa forteresse quand on voudrait tant y demeurer, après tout...
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