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[RP] Histoire d'une naissance

Axel2fersen
Axel se sentait nauséeuse depuis de longues minutes à présent, le ballet incessant des servantes et des paniers de linge l'étourdissait , elle voulait que cela cesse que tout s'arrête . Elle avait envie de crier, de hurler même mais elle n'avait pas même la force de prononcer quelque murmure. Son corps tressaillait de plus en plus régulièrement sous les assauts des contractions toujours plus violentes. Pourtant il lui semblait que rien ne changeait en elle. L'enfant si longtemps trop bas ne semblait pas vouloir progresser en son sein.

Sa vue se troubla un instant, lorsqu'elle rouvrit les yeux, il lui sembla être sur une embarcation sur le Rhône, tout tanguait, valsait autour d'elle. En un instant elle comprit. Il était là... Il s'approchait... Il s'insinuait peu à peu en elle comme un poison...comme la ciguë qui emporte tout sur son passage, tel un tourbillon.
Il était revenu plus fort que jamais au pire des moments. Il allait la prendre. Il allait emporter son bonheur encore une fois mais peut-être pour la dernière. Une seule pensée L'éloigna momentanément. Elle était soulagée de savoir ses enfants loin en sécurité à Die, ils avaient connu suffisamment de peine pour supporter Son retour.
Elle tentait de toutes ses forces de Le repousser se raccrochant à l'idée de prendre son ange dans les bras, se concentrant sur les mots et les gestes de la sage-femme.
Mais Il rôdait. Il guettait la moindre faiblesse de la jeune femme. Et peu à peu, Il gagnait du terrain sans qu'elle s'en doute.
Le Mal, son mal , le mal d'Axel errait dans la chambre tel un carnassier à l'affut de sa proie.


Ca va être difficile ma'Xel. Ce bébé est bien trop gros. Et il se présente mal.


Axel fut plongée dans le désarroi le plus total, Laura sa Laura si sûre d'elle à l'accoutumée doutait. Cela se lisait dans ses yeux. Peut-être avait -elle compris qu'Il s'apprêtait à revenir... non c'était impossible Laura ne connaissait pas les signes avant-coureurs. Elle saisit alors tout le sens des quelques mots prononcés par son amie, le bébé c'était lui qui la préoccupait, il était en danger... Son trésor, le fruit de ses entrailles , l'espoir de toute une vie... Axel sentit des larmes rouler le long de ses joues tandis que Laura s'affairait sur son ventre.

C'est alors qu'une intense douleur lui arracha un cri , elle porta la main droite à son flanc. Cette fois Il l'avait prise, elle était à Lui... à nouveau. Ses yeux se révulsèrent, et le Mal fit son office la secouant de tout son long, telle une marionnette de chiffon.

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http://www.youtube.com/watch?v=2BlroKWZULo
Laura_di_constantini
Alors que Laura tâchait de se concentrer sur sa tâche et la position de l'enfant à naître, un cri perçant de douleur la fit sursauter et elle retira ses mains vivement, comme si le ventre arrondi était devenu brûlant sous ses doigts. Mais la surprise laissa rapidement place au désarroi et à l'effroi alors qu'elle observait le corps d'Axel s'agiter en tout sens de manière violente et désordonnée. Une servante derrière paniqua à son tour, le teint livide. Par tous les Saints ! Elle est possédée par le Démon ! L'idée énoncée fit rapidement le tour des esprits présents, et nombres de domestiques quittèrent la pièce en se signant.

Laura resta quant à elle figée sur place, ne sachant quoi faire, la peur et la panique l'empêchant de réagir, les lèvres légèrement entrouvertes mais qu'aucun son ne quittaient, la lèvre inférieure légèrement tremblante. L'agitation qui régnait aloentour ne parvenait pas à l'atteindre, perdue dans la contemplation de son impuissance et de son ignorance encore béante. Les idées se bousculaient dans sa tête, et il lui fallu de longues poignées de secondes pour réussir à clarifier ses esprits et reprendre un raisonnement moins chaotique. Les paroles de la servante finirent par percurter à sa conscience, et un chemin de déduction logique se dessina dans son esprit. C'était cela le Mal qui avait déchiré la famille de sa suzeraine durant de si longs mois, cela qui avait justifié le long séjour de la Connétable à Sainte-Catherine.

Mais la jeune femme ne connaissait rien de ce Mal, ni ne savait comment l'apaiser. Le malaise qu'elle ressentit lui coupa les jambes, et elle s'assit à même le sol que son regard vide ne cessait de fixer.
*Quels moyens les soeurs de Sainte-Catherine ont-elles pu utiliser pour lutter contre ça ? Des plantes ? Des teintures ? Des saignées ? Des prières ? Quoi !?* ruminait-elle en boucle. Une larme roula sur sa joue, traçant un sillon humide et brillant sur sa peau pâle et sèche, tout comme son impuissance creusait une brèche dans ses convictions et son amour-propre.

Que fait-on ?? Demanda un domestique resté sur place, dont la voix trahissait la panique et l'incompréhension. Laura secoua la tête, puis tendit la main pour que l'homme l'aide à se redresser. J'en sais rien. J'en ai pas la moindre idée... Elle plongea ses yeux rougis dans ceux du domestique, cherchant à se raccrocher à la moindre parcelle de soutien qu'elle pourrait y déceler. Mais il n'y trouva que de l'attente et de l'effroi. Ce regard la pénétra et lui rappela que c'était elle que l'on avait fait mander et présenté comme la femme de la situation. Quel pitoyable spectacle devait-elle offrir. Son regard d'azur passa du domestique à son amie agonisante. Tâchons de la maintenir au mieux. Elle va finir par se blesser. Retrouvant une certaine contenance, très fragile, certes, en donnant ses directives hasardeuses, elle s'adressa à une domestique. Faites-venir des hommes costauds pour retenir la Connétable, et ne perdez pas de temps.

*Si seulement Kernos était là, il pourrait m'aider.* Laura prit une grande inspiration, puis examina la situation. Elle posa fermement sa main sur la cuisse convulsée d'Axel et sentit toute la tension qui agitait le muscle à grand renforts de spasmes. *C'est musculaire...* Un étrange sentiment de soulagement et d'appréhension la traversa dans un éclair de lucidité. *C'est juste musculaire.* La Florentine tourna la tête vers une servante et lui ordonna d'une voix rendue sèche par l'urgence. Trouvez-moi des feuilles de Belladonne, et apportez de quoi préparer une tisane.
Kernos
[Sur les routes du Lyonnais-Dauphiné]

Les portes de Die franchies, et une fois les murs de la ville loin dans son dos, Kernos laissa tombé le masque qui cachait, jusqu'alors, l'angoisse qui lui tenaillait les entrailles depuis l'annonce de Bacchus. Désormais seul, sur la route avec pour seul compagnie Grayswandir, il se laissa envahir par ses émotions. Peur... Il avait peur pour Axel, les médicastres les ayant bien mis en garde contre la délivrance tardive et ses dangers pour la mère, mais aussi pour l'enfant à naître, cet enfant qu'ils avaient désiré si ardemment, celui des retrouvailles, du bonheur et de la paix retrouvés après tant d'épreuves et une si longue et douloureuse séparation.

Il avait lancé son palefroi au galop sur la voie longeant les berges de la Drôme, faisant fi du froid mordant et du gel précoce venu des sommets du Vercors qui couvrait les pavés et durcissait la terre, une seule chose l'obsédait: cavaler, avaler les lieues qui le séparaient de son épouse au plus vite. Peu importait la fatigue, la sienne ou celle de sa monture, il fallait qu'il arrive à temps, il devait être auprès d'eux, et il n'en avait cure de ce qui lui en coûterait pour y parvenir... seuls son ange blond et le fruit de leur amour comptaient à présent à ses yeux.


Seigneur Tout-Puissant! Je vous implore, faites que les lieues s'amenuisent et que les routes s'écourtent! Faites que les heures deviennent minutes! Faites que je sois auprès de mon amour et de notre enfant! Faites que j'arrive à temps pour les embrasser!
Aristote! Christos! Je vous en conjure, protégez ma femme et mon enfant!
Ô saint Georges! Je t'en prie, guide ma route et écarte les embûches de mon chemin, que je puisse retrouver ceux qui sont si chers à mon coeur et à mon âme!


Dressé sur ses étriers, secoué dans tout les sens, au milieu du tonnerre des sabots martelant le sol dans une cadence frénétique, à travers le nuage de poussière s'élevant tout autour de lui, Kernos priait... son seul recours en cet instant, lui qui était si loin, impuissant et terrifié.
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Axel2fersen
Axel n'était plus tout à fait consciente, plus tout à fait elle, plus tout à fait une autre. Son corps la trahissait une fois de plus , comme s'il ne lui avait jamais appartenu vraiment. Elle souffrait et elle brulait littéralement de l'intérieur. Les flammes de l'enfer qui l'attendaient avaient dors et déjà embrasé son être. Une fièvre pire que toute autre parcourait son frêle corps. Kernos avait beau l'appeler son ange, elle n'était tout au plus qu'un ange déchue.

Elle sentit des points de pression un peu partout sur son corps, un carcan semblait tenter de la maintenir de la calmer , Mais la sérénité ne parvint à l'atteindre que lorsque quelques gouttes perlèrent sur ses lèvres et dans sa gorge. Elle en toussota. Ses poumons la brulaient , ses yeux s'ouvrirent brusquement alors que ses doigts se refermèrent brutalement sur les draps.
Elle se redressa le visage torturé, puis se laissa retomber lourdement sur les oreillers de plume. Ses yeux demeuraient écarquillés perdus dans le vague, son sang frappait ses tempes et son souffle était si court, qu'elle n'arriva qu'à grand peine à articuler le prénom de son amie alors qu'elle sentait que le bébé arrivait .


Laura...

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Laura_di_constantini
Les minutes semblaient des heures tandis que l'on rassemblait des pages costauds du castel Pierre-Scize et que l'on amena de quoi préparer une infusion de belladone pour la Connétable ; et Laura restait impuissante et incapable face au spectacle morbide qui s'offrait à elle. Peut être le Mal finirait-il par délaisser le corps de son amie, ou l'emporterait de l'Autre Côté. Qu'en savait-elle ?

Quoi qu'il en soit, il fallut plus de vingt minutes pour parvenir à maîtriser un tant soit peu la Connétable avec l'aide bienheureuse de sept pages, et réussir à lui faire avaler quelques gorgées d'une tisane déjà peu concentrée. La jeune femme espérait de tout coeur que le remède agisse rapidement et calme la crise, avant que le bébé n'y perde la vie. Mais au fond d'elle, elle savait cet espoir bien mince, pour ne pas dire chimérique.

C'est avec un soulagement certain que l'un des pages, haletant, parla en ces mots quelques minutes plus tard :
la voilà calmée. Laura hocha la tête et poussa un soupir de soulagement, qui se mêla à bien d'autres. Sans s'être activée pour autant, son front était trempé de sueur et son coeur battait la chamade.

Laura...

Oubliant l'enfant à naître, la concernée se jeta auprès de son amie et parla précipitemment. Je suis là ma 'Xel. Déglutition à vide, pour ravaler la peur passée. C'est fini, rajouta-t-elle, tentant de rassurer Axel. Mais elle se fit mentir presque aussitôt quand un cri de douleur lui rappella la raison de sa convocation : mettre au monde l'enfant de sa suzeraine. Elle retourna alors aussitôt à sa place, et constata avec une décevante émotion que le Mal qui s'était emparé d'elle n'avait en rien avancé ou retardé le travail déjà accompli ; mais l'avait tout simplement détruit. La tête de l'enfant apparut hors du sein de sa mère, au teint bleuâtre.

La gorge de Laura se serra si fort qu'elle faillit en avoir le souffle coupé, et il lui fallut rassembler tout son courage pour achever la tâche. La vie de la mère prenait désormais le dessus, comme le voulait la tradition ; et il fallait faire évacuer la secondine et s'occuper de la mère qui devait se trouver à bout de force.


La Florentine conserva l'enfant dans le creux de son bas gauche et donna encore quelques directives aux pages et servantes présentes. Que l'un de vous fasse apporter un repas chaud à la Connétable, du bouillon de viande préférentiellement, les autres, je vous renvois à vos tâches. Et encore merci pour votre aide. Elle resta muette quelques secondes, puis rajouta avant que les domestiques ne soient sortis. Encore une chose, gardez le silence tant que le Seigneur Kernos ne sera pas sur les lieux. Elle déglutit à nouveau. Allez.

Laura resta donc seule avec le Connétable, le temps que le placenta soit sorti, puis s'occupa de la toilette de la mère avant d'emmailloté le fils mort-né des Rouvray dans un linge propre et blanc. Elle regarda le visage bleui de l'enfant et se demanda si elle devait le remettre à sa mère malgré tout ou alors l'emporter rapidement hors de la chambre afin de ne pas avoir à imposer cette vision à son amie ; redoutant qu'elle soit proie d'une crise d'hystérie à l'ampleur légendaire dont elle avait le secret.

Malgré son appréhension, elle choisit la première option et se retourna vers la mère, le maillot blanc dans les bras, et s'approcha du lit de celle-ci.
La jeune femme chercha longtemps ses mots, ne sachant dans quel sens s'y prendre pour annoncer la nouvelle. Résignée à l'improvisation, elle balbutia :
Je... Je... Je suis désolée ma 'Xel. Je n'ai rien pu faire... Ton fils... Ton fils est mort-né. Elle se campa sur ses jambes, légèrement en retrait, puis se râcla la gorge, tâchant de chasser la boule qui la lui serrait, en vain. Veux-tu le prendre ?
Kernos
[Sur les routes du Lyonnais-Dauphiné]

La chevauchée de Kernos l'avait mené sur la grand route longeant le Rhône, les lieues le séparant de sa capitale et de son amour s'amenuisaient à chaque foulée de sa monture. C'était la troisième qu'il montait depuis son départ de Die, il avait laissé Grayswandir à bout de souffle dans la première auberge où Bacchus avait fait préparer un cheval frais pour lui, et s'était aussitôt remis en selle menant ce second coursier jusqu'à l'épuisement, pour en changer à nouveau.

Prévoyant serviteur qu'avait là la Demoiselle de Culan, il n'oublierait pas sa promesse de lui vanter ses mérites, sitôt qu'il serait auprès de son épouse et de leur enfant. L'enfant, c'est cela qui le faisait encore tenir dans ses étriers, malgré la fatigue et les courbatures qui lui parcouraient le corps. Il n'avait fait aucune pause depuis qu'on lui avait annoncé la délivrance d'Axel, pas même une gorgée d'eau, alors que son gosier était asséché à cause de la poussière de la route, et suite à la leçon d'épée qu'il venait de dispenser à son fils... détail que tout cela, songeait-il, il prendrait le temps de boire et de s'écrouler dans un sommeil réparateur, qu'une fois qu'il aurait serré Axel dans ses bras et embrassé leur nouvel enfant.

Sa nouvelle monture commençait à montrer des signes de faiblesses, il lui ralentir la cadence pour la préserver encore un peu. Le prochain relais n'était plus très loin devant lui.


J'arrive mon ange... j'arrive.
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Axel2fersen
Une ultime douleur , un réelle déchirure secoua une dernière fois le frèle corps d'Axel, l'enfant allait naître elle l'avait compris . Elle serra à nouveau ses poings qu'elle venait tout juste de parvenir à détendre et contracta son ventre pour aider à l'expulsion. Il lui sembla que c'était le plus grand effort qu'elle n'ait jamais eu à faire, les jumeaux étaient nés avec un mois d'avance à l'époque et n'avaient pas du tout le même gabarit. La douleur était insoutenable. La sueur perlait sur son front, elle était épuisée, elle vit alors Laura attraper l'enfant. Son fils...
Mais le visage de son ami ne s'éclairait pas , le petit ne pleurait pas . Malgré la fatigue et les stigmates de la crise et de l'enfantement son instinct de mère s'éveilla quelque chose n'allait pas comme il se devait. Laura tenait toujours le nourrisson et murmura quelques mots aux serviteurs qui prirent congé l'air embarrassé.
Laura prononça alors à grand peine une phrase qui sonna comme une sentence aux oreilles de la connétable, et ce malgré toutes les précautions prises par sa vassale.


Je... Je... Je suis désolée ma 'Xel. Je n'ai rien pu faire... Ton fils... Ton fils est mort-né

Axel n'en croyait pas ses oreilles , elle n'eut aucune réaction, elle demeura d'une froideur que nul ne lui connaissait. Laura lui proposa de prendre l'enfant. Sans même lui répondre elle tendit les bras vers elle, ses yeux hagards se portèrent sur le petit être sans vie. Elle caressa son visage bleui et saisit entre ses doigts la petite main inerte. Comme par réflexe elle en décompta les doigts et sourit lorsqu'elle atteignit 5.
Puis son visage s'assombrit une bouffée de colère l'envahit et la submergea, elle leva des yeux d'une noirceur surréaliste vers son amie et hurla à son encontre sans même se rendre compte de ce qu'elle disait réellement:


SORS !!!SORS D'ICI !!!!VAS T'EN!!!!!! DISPARAIS DE MA VUE!!!!!!!!!!! ET QUE JE NE TE REVOIS JAMAIS !!!!! DEBROUILLE-TOI POUR FAIRE VENIR UN PRETRE AU PLUS VITE !!!!!!!!!!


Cet accès de colère eut raison d'elle et de son absence totale d'émotion , elle serra son bébé tout contre elle et se mit à pleurer abondamment noyant le visage du poupon de ses larmes. Son esprit allait de la colère à l'incompréhension, elle ne pouvait détacher son regard brouillé du petit être à qui elle venait de donner le jour et qui n'ouvrirait jamais ses yeux à la lumière. Elle le berça avec tendresse et se mit à lui chantonner une berceuse comme si de rien n'était, seules les larmes qui roulaient sur ses joues dénotaient dans ce tableau qui aurait dû être idyllique.

Le fils Rouvray était mort avant même d'être réellement né et sa mère qui avait considéré sa naissance comme un signe du Trés-haut sentait que sa vie entière s'écroulait. Son mariage si solide, si heureux, que chacun le pensait béni de dieu s'apprêtait à connaître des heures sombres.

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Kernos
[Lyon la Rugissante – Capitale du Lyonnais-Dauphiné]

Place ! Faites Place !


Kernos fit ralentir sa monture tout en criant aux passants et aux gardes massés devant les portes de Lyon de s’écarter de son chemin. Il n’avait pas le temps de faire halte, il allait enfin atteindre le but de sa cavalcade à travers le duché. Sa monture, la cinquième qu’il épuisait depuis son départ précipité de Die, était couverte d’écume et soufflait avec insistance alors que ses sabots claquaient sur les pavés des rues lyonnaises à travers lesquelles son cavalier la mené. Le palais de Pierre-Scize n’avait jamais été aussi proche, et tout en prenant garde de ne pas bousculer les badauds et les chariots des marchands, Kernos éprouvait un début de soulagement… Axel… leur enfant… enfin, il allait pouvoir les serrer contre son cœur.

Une fois les ponts enjambant le Rhône et la Saône passés, Kernos et son cheval s’engagèrent sur la route longeant la rive pour gagner le palais ducal. Couvert de poussière et de sueur, le visage rouge et les cheveux ébouriffés par le vent, le Seigneur de Glandage se présenta aux soldats de garde qui, malgré son allure débraillée, reconnurent l’officier et le laissèrent pénétrer dans la cour. Aussitôt, il sauta de selle, jetant les rênes au palefrenier venu s’enquérir des besoins de sa monture, et il se précipita à l’intérieur de la bâtisse.


Où a-t-on conduit le Connétable ? Où est Dame Axel Rouvray ?

Le pauvre valet qui avait eu la malchance de tomber en premier sur la route du Sire de Glandage, parvint à bégayer une réponse, une fois remis de sa stupeur devant cet exalté qui l’avait tiré par le col alors qu’on l’attendait aux cuisines. Satisfait, Kernos cessa de secouer le jeune homme et se mit à courir en direction du salon qu’on lui avait indiqué, manquant de bousculer plusieurs pages et servantes sur son passage.

*Enfin! Enfin! Enfin!*

Son coeur tambourinait dans sa poitrine, enfin il allait pouvoir la revoir et contempler le fruit de leur amour. Ses bottes raisonnaient dans les couloirs de Pierre-Scize, faisant échos au cliquetis de son épée battant contre sa cuisse.
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Laura_di_constantini
De toute les réactions possibles, la colère aveugle et le déni de la réalité étaient les plus prévisibles. Seule l'intensité de celles-ci laissait planer le doute et l'appréhension. Et soulignant cela, Laura fut abasourdie de l'ampleur et de la violence de la réaction de la Connétable. Elle recula de quelques pas, comme s'il lui fallait se tenir hors de portée des mots lancés avec véhémence à son encontre ; et s'adossant contre le battant de la porte, chercha maladroitement le loquet à tâtons afin de quitter cette pièce et partir chercher un homme de foi.

Quand ses doigts tremblants se refermèrent enfin sur la tirette de bois, elle ouvrit la porte et quitta la chambre d'un pas pressé, laissant Axel seule avec son deuil, partagée entre soulagement et culpabilité. Laura partit arpenter les couloirs aux détours inconnus du Castel Pierre-Scize, en quête d'une chapelle ou d'un page susceptible de la renseigner, marchant d'un pas rapide et assuré, mais l'esprit en pleine divagation sur les évènements qui venaient d'avoir lieu. La cruauté du temps venait encore de marquer sa vie et son esprit, plus indirectement cette fois, avec le fer rouge du destin. Seul le Temps possédait cette faculté de détruire en une poignée de secondes les constructions de toute une vie.

A chacun de ses pas et de ses cogitations, une sourde fureur d'impuissance montait en elle. Elle s'en voulait de n'avoir pas su réagir comme il le fallait fasse à la détresse de la Connétable, elle en voulait, injustement, à cette dernière pour la façon dont elle avait traité les gens qui l'avait soutenue, et bien que sa raison lui dictait que seules colère et détresse avait dicté ces paroles, son coeur ne parvenait pas à s'y résoudre tout de suite, le choc étant encore un peu trop frais.

La jeune femme savait pertinemment que les accouchements avaient autant de chances d'être heureux que malheureux, les enfants morts-nés étant plus nombreux que les biens-portant, Laura n'avait encore jamais connu cet échec, il lui faudrait du temps pour y faire face. A force de marcher sans tenir compte de la direction, la jeune femme avait fini par ne plus savoir où elle se trouvait dans le castel. Elle s'arrêta net et regarda avec attention les murs autours et les portes autour d'elle sans rien reconnaître.

Elle poussa un long soupir de désarroi, puis continua son chemin en se disant qu'elle finirait bien par croiser un page ou un valet. Par deux fois elle tomba sur des cul-de-sac avant de trouver enfin un employé du château. Celui-ci, visiblement pressé, lui indiqua la sortie du Castel, qui n'était pas bien compliquée à trouver pour peu qu'on sache à quel endroit tourner. Elle remercia le domestique qui n'en tint pas rigueur et repartit rapidement vers sa destination. Laura l'imita et partit dans la direction opposée.

Suivant les instructions laissées par le domestique, elle repassa devant la chambre de la connétable, puis reprit le chemin par où elle était arrivée quelques heures plus tôt. Elle descendit la volée de marche deux-à-deux et emprunta un petit corridor où résonnait un cliquetis régulier de métal et de bruits de pas pressés. Au tournant du corridor, elle manqua de peu de se faire renverser par un énergumène en pleine course et fit un écart en se plaquant contre le mur, ne manquant pas de se râper le dos de la main sur les aspérités de la pierre. N'y prêtant garde, elle reprit son chemin en grommelant en direction de la sortie, puis de la cathédrale de Lyon.

Les gardes la dévisagèrent lorsqu'il virent la jeune femme aux habits tâchés de sang passer les portes comme une flèche, pour revenir de longues minutes plus tard accompagnée d'un prêtre. Les respect aux homme d'Eglise aidant, les gardes ne se firent pas trop curieux quan à l'orgine du sang sur la tenue de Laura, et celle-ci put entrer sans retard dans le Castel Pierre-Scize afin de montrer le chemin de la chambre à l'homme de foi. Une fois le prêtre entré, Laura repartit dans les couloirs, vers la sortie du Castel Ducal. Elle souhaitant juste désormais rentrer chez elle, comme prévu.
Kernos
Déboulant en trombe de l’un des couloirs du palais, Kernos arriva enfin, tout essoufflé et ébouriffé, en vue de la porte qui lui avait indiqué par le valet. Derrière elle, il allait pouvoir retrouver sa chère épouse et leur nouvel enfant qui lui tardait tant de serrer contre son cœur.

Essayant de retrouver un tant soit peu de calme, et surtout son souffle, il s’avança en marchant vers le seuil. Le cœur battant, il effleura la poignée du bout des doigts. L’émotion le submergeait... « Père »… Il allait être de nouveau père. Combien de fois avait-il béni le jour où les Léas étaient venus au monde ? Ce jour là, Axel lui avait procuré ce qu’il désirait le plus : une famille.

Lui qui avait perdu la sienne il y avait de ça plusieurs années, rencontrer une femme qui avait voulu entremêler sa destinée à la sienne, lui avait donné, non seulement un amour profond et sincère, mais aussi deux enfants, pour lui cela avait été un baume sur cette vieille blessure, sur cette solitude qui l’avait tant fait souffrir. Elle l’avait guéri, ils l’avaient guéri et aujourd’hui encore, Kernos s’apprêtait à vivre à nouveau ce bonheur.

Résistant à ce que lui dictait son cœur, il arrêta son mouvement. Un accouchement était une dure épreuve, pour avoir assisté à la naissance de Léandre et Léane, il s’avait que les femmes avaient besoin d’un peu de repos, le temps pour les sages femmes de baigner le nouveau-né, de changer les linges et que la mère se remette.

Il préféra donc se faire annoncer au lieu de faire une entrée fracassante dans la pièce. Kernos prit donc une profonde inspiration et frappa contre la porte.


Axel ? Mon ange, c’est moi, puis-je entrer ?
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Axel2fersen
Laura n'avait pas failli à sa tâche, elle le savait. Même si elle lui avait mis l'horreur qui venait d'arriver sur le dos , elle n'y était pour rien et elle lui avait même sauvé la vie, elle lui écrirais pour s'excuser de sa colère...Tout en serrant le petit être sans vie sur son coeur , Axel ne cessait de ressasser les bribes de souvenirs que le Mal lui avait laissé. Il lui avait pris son bébé d'amour.. et Aristote ne s'y était pas opposé. La colère était maitresse de son coeur et de son âme à présent et quand le prètre entra dans sa chambre, elle lui jeta le regard le plus méprisant qu'elle n'avait jamais osé posé sur qui que ce soit. Regardant avec douceur l'enfant mort-né elle essaya de conserver sa rancoeur pour elle et lui dit:

Mon père, je veux que mon fils reçoive le sacrement du baptème, afin qu'il repose auprès du Très-haut...

L'homme de foi abasourdi, caressait fébrilement son Livre des Vertus, la sage-femme qui l'avait conduit ici lui avait signifiait en queluqes mots le drâme qui venait de se jouer mais la fureur de la mère était pire qu'il ne l'aurait cru et sa requète le surpris. Jamais il n'avait eu à faire pareil office. Mais en son fort intérieur il comprenait la démarche de la mère éplorée. Il essaya de se montrer calme et apaisant et se mit à feuilleter le Livre Saint. Lorsqu'il eut trouvé ce qu'il cherchait , il avança sa main vers l'enfant. Axel telle une bête sauvage apeurée eut un mouvement de recul , mais le demi-sourire du Père Laurent et ses yeux empli de compassion la détendire et elle présenta l'enfant . >Le prètre posa délicatement ses doigts sur le front déjà glacé du nourrisson et se mit à lire.


Citation:
Livre de la Création
Chapitre II - « La vie »



1 Mais Dieu était parfait, alors que Sa création était imparfaite. Alors qu’Il était conscient de Lui-même, Sa création ne pensait pas. Alors qu’Il choisissait ce qu’Il faisait, Sa création ne faisait que s’adapter. Alors qu’Il était capable de créer, Sa création ne faisait que se suffire à elle-même. Alors qu’il voulait aimer Sa création et être aimé d’elle en retour, elle en était incapable.

2 Dieu réunit alors l’amour qu’Il avait en Lui. Il en fit l’esprit, qui ne pouvait être ni touché, ni vu, ni senti, ni goûté, ni entendu, car il était différent de la matière. L’esprit contenait l’intelligence, composée de la raison et des sentiments. Dieu y avait mis le plus de Lui-même: la capacité de choisir et celle de ressentir. Le Très Haut associa la matière à l’esprit, pour que ce dernier puisse exister en harmonie avec le monde, et nomma le tout "vie".

3 Mais la vie était imparfaite. Bien que créée par Dieu et composante de Lui, elle n’était pas Lui tout entier. Sa capacité de choisir était partielle, car son savoir et son pouvoir n’était pas illimités. Sa capacité de ressentir était tronquée, car elle était composée de matière, neutre et impersonnelle. Mais Dieu voulait aimer la vie et que la vie l’aime en retour.

4 Mais, pour que Dieu et la vie puissent s’aimer mutuellement, il fallait que cette dernière s’efforce constamment de se rapprocher de la perfection divine. Car elle était incapable de l’égaler. Le Très Haut créa donc le troisième mouvement: les choses supérieures iraient vers Dieu. Ainsi, la matière dont la vie était composée étant une chose lourde, elle fut posée sur le monde, car elle allait vers le bas. Mais, comme elle était aussi composée d’esprit, qui était une chose supérieure, elle tendrait vers la perfection divine.

5 Et sur le monde, la vie prit une multitude de formes, des plus petites aux plus grandes. Les végétaux s’emplissaient de la lumière des étoiles, couvrant ainsi le monde d’une couche de verdure. Les animaux gambadaient ou voletaient entre les végétaux. Ainsi, alors que Dieu semblait immobile, la vie se manifestait par un mouvement incessant. En effet, Dieu, étant éternel, n’était pas soumis à ce besoin perpétuel de mobilité qui faisait que la vie était sans cesse en activité. Il paraissait ainsi être immobile. Mais c’est cette action ininterrompue que Dieu aimait par dessus tout observer dans Sa création.

6 Mais Dieu n’avait pas conçu le mouvement de la vie comme une force infinie et, pour qu’il se perpétue, il fallait que l’animal broute le végétal, que le prédateur dévore la proie, et que les cadavres d’animaux pourrissent pour nourrir les végétaux. Ainsi, la mort faisait partie intégrante de la vie. Mais, pour que cela ne détruise pas Ses créatures, Dieu partagea chaque espèce en deux principes complémentaires, qu’il appela masculin et féminin. Tous deux étaient égaux et devaient se rechercher pour s’unifier, et ainsi perpétuer la vie.

7 Ainsi, de la vie Dieu créa le temps, où la mort succède à la vie, la vie à la mort, et la progéniture à ses géniteurs. De même, l’eau rejoignait le ciel pour descendre sur terre et alimenter les rivières, et le feu sortait des volcans pour alimenter la terre, qui s’accumulait pour nourrir le feu en son sein. Le monde tout entier était uni dans un mouvement perpétuel de vie, alors que Dieu paraissait immobile, échappant aux contraintes du temps.


Spyosu


Découvrant mot après mot le texte autant empreint d'optimisme que de mélancolie, la dame de Roynac ne put retenir ses larmes. Le prètre posa alors sa main sur sa tête à elle pour soulager autant qu'il pouvait sa peine. Sa lecture finit il s'interrompit laissant planer un silence assourdissant. Puis reprit:
Madame quel est le nom de l'enfant?

Axel ferma les yeux un instant et murmura:

.Nathanaël, Haldir, Tristan Rouvray, fils de Kernos et Axel Rouvray

Le père Laurent repris
Pour qu’en ce jour commence le cheminement de Nathanaël vers la purification de son âme guidée par sa famille.
Pour qu'a partir de cet instant, il puisse voir le monde selon les préceptes d’Aristote
Déjouant ainsi les pièges de la créature sans nom, il pourra espérer le paradis au sein de l’astre solaire.
Je te baptise Nathanaël, au nom de l’Eglise Aristotélicienne et au nom du Très Haut, pour l’amitié de tous les Saint et pour l’amour du Père de l’humanité.
Que la lumière de la vertu te guide dans le chemin qui t'attend pour rejoindre le paradis de l'astre solaire.

Ta mère et moi-même servont de témoins en ce jour et nos prières t'accompagnent, cher petit ange.


Axel n'était plus que larme et douleur, son petit ange.. ce mot résonnait tel un cauchemard faisant battre ses tempes. C'est alors qu'on tocqua à la porte quelques mots juste quelques mots qui la remplirent d'une fureur implacable.


Axel ? Mon ange, c’est moi, puis-je entrer ?

Cette voix , cette voix elle la connaissait mais elle était la dernière qu'elle voulait entendre, elle voulait demeurer seule , il n'avait pas été là et tout était de sa faute ce chagrin elle lui devait, sans lui point de grossesse point de douleur, point de retour du Mal et surtout point de tristesse incommensurable. D'une voix tonitruante et presque irréelle elle s'entendit hurler!!

NON!!!!!!!!!!!!!!!! VAS T'EN!!!!!!!!!! QUITTE CES LIEUX !!!!!!!!! JE N'AI PAS BESOIN DE TOI !!!!!! NOUS N'AVONS PLUS BESOIN DE TOI TOUT EST FINI TOUT PARS PARS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Le prêtre demeura interdit, et lorsqu'elle posa à nouveau les yeux sur lui , il se signa le malin semblait être en train de danser dans ses yeux . Il recula pas à pas jusqu'à toucher la porte de son dos, bredouillant une prière de protection et de pardon. Il glisdsa sa main derrière son dos et ouvrit la porte afin de se réfugier à l'extérieur bousculant l'homme à la mine déconfite qui était posté devant.
Les hurlements d'AXel s'étaient à nouveau mués en affliction, elle serra l'angelot spalmodiant une berceuse . Elle était seule , elle voulait être seule et elle resterait seule..

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http://www.youtube.com/watch?v=2BlroKWZULo
Kernos
Il suffit parfois de quelques secondes pour que tout bascule. D'abord, il y a la stupeur, suivie aussitôt de l'incompréhension, comme une sorte de refus inconscient de comprendre ce qui se passe devant soit. Ensuite, il y a la dénégation, le rejet cette réalité avec force, car on ne peut, ni ne veut l'accepter, c'est impossible, incroyable... Puis, il y a le vide, cette impression que tout se dérobe autour de vous, que tout ce que vous croyez vrai, tout ce qui vous entoure s'effondre brusquement. Quelle sensation vertigineuse quand les affres du néant s'insinuent dans votre coeur, dans votre esprit et au plus profond de votre âme, vous envahissent pour étouffer la moindre parcelle de votre être en l'espace d'un battement de coeur. Suffocation, angoisse, détresse... ceux sont autant de chose qui vous submergent quand l'horrible réalité vous parvient enfin avec la clarté la plus crue.

NON!!!!!!!!!!!!!!!! VAS T'EN!!!!!!!!!! QUITTE CES LIEUX !!!!!!!!! JE N'AI PAS BESOIN DE TOI !!!!!! NOUS N'AVONS PLUS BESOIN DE TOI TOUT EST FINI TOUT PARS PARS!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ces mots, malgré cette intonation déchirante, sauvage, haineuse, Kernos ne les avaient pas rêvé... C'était la voix d'Axel qui les avait prononcé à son intention. Il fut pris d'un haut-le-coeur, ces jambes se firent à trembler comme si elles étaient soudain devenues incapables de supporter son propre poids. Il vacilla et se rattrapa de justesse contre le mur. Que lui arrivait-il? Jamais il n'avait ressenti pareille chose auparavant. Les murs du couloir de Pierre-Scize semblaient le cerner de toute part, menaçant de l'écraser, le monde qui l'entourait lui semblait oppressant, sinistre, prêt à l'engloutir. De l'air! Il avait la sensation d'étouffer. Sa main se porta à sa poitrine, son coeur... son coeur lui faisait mal à en crever... comme s'il se déchirait. Tout son corps était parcouru de tremblements et de fièvre, tandis que ce qui l'entourait tourbillonnait et s'estompait... Et ces mots qui revenaient sans cesse, tournant dans son esprit, le harcelant de toute part, comme un essaim de mouches bourdonnant autour d'une charogne.

*... VAS T'EN ... JE N'AI PAS BESOIN DE TOI...NOUS N'AVONS PLUS BESOIN DE TOI ... TOUT EST FINI ... TOUT ... PARS ... VAS T'EN.... JE N'AI PLUS BESOIN DE TOI... TOUT EST FINI... PLUS BESOIN DE TOI... TOUT EST FINI... PARS... TOUT EST FINI... FINI*

La porte s'ouvrit et se referma aussitôt. Kernos se sentit bousculer sur le côté, mais ne réagit pas. Un homme le regardait avec stupeur mais aussi affliction. Il lui adressa quelques mots, mais Kernos ne parvenait pas à tous les saisir, ni les comprendre... trop de choses se bousculaient dans sa tête . Le prêtre lui parlait de peine, de douleur, de deuil, de compassion, de Dieu... mais il ne réagissait pas, tout cela lui semblait si creux, si vide de sens en cet instant, comme si la parole et la vie elle-même avaient perdu toutes teintes, toutes couleurs, le laissant dans un univers monochrome, vaste camaïeu de gris, de froid et de silence. Une seule chose traversa son esprit dans le discours du prêtre: "Nathanaël, Haldir, Tristan Rouvray". Sa gorge était sèche, il n'arrivait plus à déglutir, mais parvint tout de même à balbutier ce nom.

Nath... Nath... Nathanaël... Nathanaël Rouvray... Nathanaël, Haldir, Tristan Rouvray...Nathanaël, Haldir, Tristan Rouvray...Nathanaël, Haldir, Tristan Rouvray

Le prêtre regardait avec affolement, le soldat au regard vitreux se relever lentement en prenant appuie sur les murs, tout en continuant de répéter ce nom.

Nathanaël, Haldir, Tristan Rouvray... mon fils... mon fils...

Effrayé, le prêtre assista à la folie qui venait de s'emparer du Sire de Glandage. Un hurlement de rage, de douleur et d'une détresse incommensurable éclata à travers le palais ducal.

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!!


Le poing de Kernos s'abattit avec violence contre le mur. Suivi aussitôt d'un deuxième qui vint s'écraser contre la porte définitivement close qui abritait la femme qu'il aimait de tout son être et leur enfant mort-né. Il frappa, frappa et frappa encore contre la chambranle et les murs, jusqu'à s'en faire saigner les poings en se déchirant les chairs sur la pierre, hurlant à s'en déchirer la gorge et les poumons, mais cela n'était pas suffisant, cela n'était pas assez pour évacuer son chagrin et son mal-être. Le prêtre avait fuit, criant au possédé, laissant Kernos seul dans les couloirs, face à la porte fermée... Tout était flou... rien n'avais de sens...

Bientôt, la rage et l'incompréhension firent place à une autre émotion: la tristesse. Les deux poings contre la porte, Kernos tomba à genoux.


Pourquoi? POURQUOI?????

Sa vision devint trouble et les larmes se mirent à jaillir à grand flot de ses yeux, ruisselant sur son visage tordu par la souffrance. Jamais on avait vu Kernos Rouvray ainsi, agenouillé, misérable, le corps secoué de spasmes et de sanglots, pleurant à chaudes larmes la perte de son enfant, mais aussi le rejet de son épouse.

Le temps s'était arrêté pour lui. Dieu seul sait combien de temps il resta ainsi prostré, pleurant devant cette porte fermée qu'il ne pourrait jamais plu franchir, avant de parvenir à se relever.


Pardon mon amour... pardon mon fils... A jamais je vous aimerai, même si je n'en suis plus digne... Adieu mon Axel... Adieu Nathanaël... j'aurai tant aimé vous serrer une dernière fois dans mes bras...

Ces dernières paroles murmurées, il s'éloigna en titubant à travers les couloirs de Pierre-Scize. Vide, il se sentait vide, et seul aussi.
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Axel2fersen


Depuis la venue au monde de l'angelot qui avait déjà rejoint le Trés-haut dans le paradis blanc, des heures s'étaient écoulées. Axel avait même fini par s'endormir épuisée son enfant dans les bras. Elle avait repoussé tous ceux qui avaient voulu la supporter dans ce moment douloureux, son amie, le prêtre et même son époux... elle avait chassé en outre avec vigueur ceux qui avaient tenté de lui arracher le nourrisson. Lorsqu'elle s'éveilla , les yeux secs d'avoir trop pleuré elle regarda le doux visage du bébé, soupira, puis saisit la clochette déposée sur un plateau près de son lit. Elle la fit tinter pour faire venir quelqu'un, car il était temps qu'elle reprenne un peu le dessus sur sa propre peine. Après quelques secondes d'attente, durant lesquelles elle ne cessa de caresser les petits doigts inertes et blanc comme la nacre de l'enfançon, une jeune fille se présenta. Celle-ci garda la tête basse et les mains jointes craignant probablement de subir à nouveau les foudres de la mère blessée. Axel l'observa un instant, elle ne devait pas avoir plus d'une douzaine d'années et était assez peu couverte malgré les frimas qui avaient touché Lyon depuis quelques jours. La connétable se demanda ce qu'une si jeune demoiselle pouvait faire au service du gouverneur, elle songea qu'elle était peut-être orpheline ou qu'au contraire sa mère l'avait faite embaucher pour aider à subvenir aux besoins de toute la famille. Elle, qui croyait en l'éducation des filles et ne comprenait pas qu'on puisse autant dénigrer leur capacité d'apprendre, se dit que cette jeune fille n'avait pas la chance de sa Léanne qui, à bientôt 10 ans, était promise à un brillant avenir avec ou sans époux. Elle lui sourit et l'interpella avec toute la douceur dont son coeur était capable malgré la souffrance qui la torturait :

Approche petite, ne t'inquiète pas je ne te veux aucun mal , j'ai au contraire besoin de ton aide.

La jeune Adèle leva les yeux et répondit au doux sourire de la dame de Roynac, celle-ci était éreintée et cela se voyait ses traits étaient tirés et sa peau plus pâle que jamais. Adèle avança et prit la main qu'Axel lui tendait, sans mot dire elle attendit les ordres.

Peux-tu m' apporter la couverture de laine brodée posée sur la commode là-bas, je voudrais que mon fils soit enseveli dedans. Elle porte nos armoiries et .. enfin ... bref porte-là moi je te prie.

La jeune servante s'inclina et se dirigea vers la commode, elle saisit le morceau d'étoffe écarlate , il était brodé d'or et portait le blason de la famille ROuvray. Lorsqu'elle posa la main dessus elle ne put s'empêcher de la caresser tant la couverture était tissée finement telle un nuage moelleux. Jamais elle n'avait touché quelque chose d'aussi beau, en outre elle sentait divinement bon. Elle songea qu'elle avait dû être trempée dans de l'eau de rose pour avoir un parfum si agréable. Elle la serra contre elle humant la délicate fragrance qui s'exhalait de la pièce de laine puis l'amena prestement à Axel. Cette dernière avait noté l'engouement de l'enfant pour la couverture et elle se promit de lui en faire parvenir une au plus vite. Elle saisit avec délicatesse l'étoffe venue d'Italie et la disposa sur ses genoux . Elle embrassa encore son tendre amour puis le déposa tendrement au centre du carré rouge. Elle prit les menottes glacées qu'elle fit se joindre sur le petit ventre inanimé, et retenant ses sanglots langea le nourrisson. Lorsqu'il fut parfaitement emmailloté, elle déglutit et se tournant vers la jeune servante qui n'avait soufflé mot depuis son apparition par l'entrebâillement de la porte, elle lui souffla:

Prends mon enfant , et retrouve le charpentier qui m'a été envoyé plus tôt dans la journée afin qu'il lui prépare sa dernière demeure comme il l'avait proposé, je dois dormir à présent, vraiment dormir, qu'on ne me dérange pas . Ensuite, j'aurais besoin que tu fasses préparer mes affaires je veux quitter Lyon au plus vite, il me faudra donc un coche, prêt à partir pour les montagnes.

Oui madame, je vais tâcher d'accomplir tout ce que vous m'avez demandé.

Merci, jeune fille, sache que je te serai reconnaissante de tout ceci. Je n'oublierai pas ton travail.


Elle tendit Nathanaël à Adèle puis se retourna et se blottit contre son oreiller de plume et ferma les yeux pour ne voir ni entendre les pas de la servante qui sortait de la chambre. Elle plongea dans un profond sommeil essayant de rêver à son voyage qui allait l'amener au -delà du Rhone et de la Durance dans les montagnes briançonnaises.

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