Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

[RP]La Seine au crépuscule

Geronimo2751
Géro regardait les gens s'affairait autour du grand académicien, il lui était bien impossible de bouger tant la stupeur l'avait gagné. Ne disait-on pas que les académiciens sont immortels et en voilà un qui allé passer au trépas seulement quelques temps après son arrivé.
Tous s'agitaient autour du corps, Mentaïg avait fait son apparition et allé lui prodiguer les soins adéquat. Les sons dans la tête de géro étaient confus, il n'entendit pas les dire du médecin ce fut que quand la dame qui accompagnait Sire Valatar prit la parole que géro réagit.


Allez trouver de l'eau, j'connais pas le bâtiment.

Très bien j'y cours, je vais vous trouver ça.

Il sortit en trombe, il se demanda soudain si l'eau devait être chaude ou pas. Mais poursuit sa course, de ces maigres souvenirs de ses blessures en Bretagne il se souvenait que les linges étaient chaud.

Il courut aussi vite qu'il le put, il se souvenait que dans une des dépendances de l'académie il avait vu des gens préparer à manger. Peut être qu'à cette heure ci ils avaient de l'eau à chauffer pour la soupe du soir.

Il saisit à l'entrée de la dépendance le sceau qui servait surement à tirer l'eau du puits et entra comme une bombe dans la maison. Une marmite était bien sur le feu. Il jeta un coup d'œil à l'intérieur malgré les gens qui venaient de se lever pour protester de l'intrusion.

Satané navets et blettes il ne pouvait décemment pas ramener du jus de bouillon pour soigner le grand académicien. Il s'apprêtait à sortir quand il vit un autre sceau posé près de la cheminée. Il l'inspecta il était plein d'eau certainement pour une quelconque décoction il s'en saisit mais le lâcha bien vite, il était brulant. Il saisit le tablier d'une des personnes qui s'était levé et transvida l'eau.

En se retournant il vit que les gens présents s'étaient levé mais n'avait rien dit, surement à cause de son habit de copiste. Il n'avait pas le temps de leur expliquer sa présence. Il revint au pas de course faisant fis de la marqueterie qu'il arrosait. Il passa les portes de la bibliothèque et faillit bien renversé une des personnes qui s'était approché. Il bouscula sans ménagement les personnes pour passer.


Voilà vostre eau Dame Mentaïg.


Il prit soin de poser le sceau sur le tablier qu'il avait gardé, il n'aurait pour rien au monde brulé le sol de la bibliothèque.
Ysabeau
A Sancerre, en Berry

Elle était revenue d'une longue retraite... A Sancerre, elle avait trouvé le village un peu vide, un peu changé.
Elle avait appris que nombre d'anciens s'en allaient... Bragon et May avaient fait leurs malles, Ice, Adelphe et Gallup ainsi qu'Amelia préparaient les leurs.... Ils étaient heureux, impatients de commencer une nouvelle vie, un nouvel avenir qu'elle espérait radieux s'ouvrait devant leurs pas...

Ainsi ses plus chers amis, sa famille, s'étaient lassés de Sancerre, du Berry.
Les élections ducales approchaient. Elle consulta la liste, prit rapidement connaissance des programmes, des débats... Norf, ces débats... Quel dommage que certains s'en tiennent obstinément aux attaques personnelles.

Une chose l'étonna fort... Un des fondateurs du Norf, un de ses animateurs, Valatar, ne figurait pas sur la liste. Pourquoi ? Etait-il lui aussi lassé des affrontements politiques ? Avait-il choisi, lui aussi, de partir ?
Elle se posait des questions, un peu d'inquiétude, aussi...
Elle tenta de se renseigner, ici ou là... Mais Mentaïg était à l'Académie, à Paris, à ce qu'on lui dit. Armadeus n'était au courant de rien, il semblait que Valatar, lui aussi, fût à Paris, également à l'Académie qu'il dirigeait...
Comment savoir ?
C'est que Valatar n'était pas seulement un homme qu'elle respectait et dont elle admirait la ténacité, la solidité, c'était aussi un ami. Un ami cher... tout comme son épouse Maryan.

Valatar... elle l'avait connu, maire de Saint Aignan, duc du Berry. Un homme gai, toujours prêt aux bons mots, un peu volage parfois (elle n'avait pas oublié ce qui s'était passé avec Miséri...). Elle avait travaillé pour lui, lui avait confectionné une superbe cape, oh elle y avait mis du temps...
Valatar, Hugo, les Cornedrue... souvenirs de bons moments, trop rares...
Pourquoi n'était-il pas sur la liste du Norf ? Pourquoi ?

Elle en était sûre, seule Mentaïg pourrait la renseigner. Mais son amie était à Paris. Lui écrire ? Peut-être, mais le pigeon arriverait-il à bon port ?
Ou bien, écrire à l'Académie, à Valatar lui-même. Après tout, peut-être ses occupations parisiennes avaient-elles pris tout son temps...
Valatar devait être en pleins travaux, sans nul doute.

Elle décida d'attendre un peu. Et si aucune nouvelle ne lui parvenait, hé bien elle essaierait d'envoyer un message, ou deux messages, l'un à Valatar, et l'autre à Mentaïg...


édité pour cohérence rp après discussion avec la Chauve-souris
Miranda29
[à Tulle... ou plutot sur les routes... entre Chateauroux et Eauze, le Berry et le Sud... dans une chambre d'auberge, louée pour quelques jours.]

Le soir tombait, il était temps pour les jeunes d'aller festoyer en taverne... et pour les petits de fermer leurs jolis yeux... une longue nuit attendait Saphira, 6 ans, et son petit frère Astyan. Enfin pour la plus grande seulement, le nourrisson lui, se réveillerait encore avant le lever du jour.

La maman attentionnée ,elle, était bien embêtée. Certes il suffisait d'une berceuse pour l'endormir l'un mais l'autre...

Une petite tête blonde s'agitait sous ses draps. La demoiselle n'avait visiblement pas envie de dormir.


-Mamannn je veux une histoire!! Une chose vraie, avec des nobles... ou des ducs...

Soupir désespéré de la part de la maman, qui trouvera le sujet de l'histoire du soir en posant son regard sur son fils.

-Je vais vous en conter une, d'histoire. l'histoire de quelqu'un que j'ai connu très jeune, il à commencé paysan, avec de faibles ressources, pour finir duc, vicomte, académicien royal... et que j'ai choisit, pour etre parrain d'Astyan.

Les yeux azurés de Saphira étaient à présent grands ouvert, de curiosité,elle s'était assise dans son lit.

La voix douce de la maman s'élevait faiblement dans la pièce, seule une bougie éclairait la chambre bien sombre.

-L'histoire que je vais vous conter, commence en mai aux environs de 1440 et quelques années, je ne me souviens plus exactement.
J'étais toute jeune à l'époque, je connaissais peu de monde, j'avais décidé de m'installer en Berry. J'ai attendu d'avoir un champs avant de commencer à aller en taverne, comme tous les jeunes du village.

Le héros de notre histoire avait environ le même âge que moi, mais il s'était fait connaitre un peu plus. Valatar à toujours été moins timide que moi, et à toujours eu, un peu plus confiance en lui. On buvait parfois quelques verres ensemble.
On s'est connu un peu mieux lors du concours de Miss... il l'organisait. Johanara était d'ailleurs sa... enfin... son amoureuse à l'époque. Ils n'étaient pas fiancés.

Elle marqua un arrêt, cherchant ses mots, et surtout cherchant la suite de son histoire, il s'était passé tant de choses.

Il fut toujours bien intégré dans la politique Berrichonne, ce fut d'ailleurs lui qui m'intégra dans la politique, plus ou moins à mon insu. Elle repensa amusée à quelque...hum passons. Vous n'avez pas à le savoir, vous.^^

Bien que ce fut dans d'étrange circonstances, je me mis à toujours lui faire confiance. J'entrais au conseil municipal, alors que lui accédait déjà aux grands postes ducaux. Il devint maire, plus tard. Il m'appris le poste de Cac. J'ai d'ailleurs fait du mieux que j'ai pu mais j'ai rapidement abandonné, les postes à hautes responsabilités n'étaient pas pour moi, encore maintenant je préfère attendre que vous grandissiez un peu.

De maire il devint... norf je ne sais plus exactement, il a fait tellement de choses... juge je crois, ou alors quelque chose dans la justice. Il était bien connu en Berry, un membre actif du FIER, un peu trop peut être, mais à ce moment, on était tous loin de s'en apercevoir. Il a aimé sa filleule aussi... drôle d'histoire celle ci... je me souvient de les voir tous les deux à un bal... je devais y être seule et...
Souvenir d'un plongeon dans une fontaine, Norf je ne l'était pas, bref... Enfin bref.

Il devint ensuite académicien de France, mais se considérait toujours comme un roturier, il n'avait aucun titre. On en a passés des soirées en taverne, autour de la boisson qu'il a crée. Le valounet, je vous en ferait gouter, une fois grands bien sur. Peut-être lorsque vous serez mariés.

Bref, notre héors se fiança ensuite, avant de devenir Duc. Il avait su me convaincre qu'il fallait voter pour lui, moi qui n'avait jamais vraiment apprécié le parti pour lequel il était.

Il se maria ensuite, Tu dois te souvenir ma princesse. Tu sais la dame toute en blanc? c'était celle qui devenait sa femme. Sombre était avec nous.
Ce fut surement la seule fois, ou ils parurent etre une vraie famille, à trois, pensa la tisserande, qui se força de chasser ce souvenir si agréable pourtant.

Après s'etre marié et avoir quitté le titre de duc il fut vicomte. Il a d'ailleurs un très beau chateau, le lieu de réunion du NORF, le parti qu'il a crée. Voyant les deux anges endormis, elle décida d'arreter... l'histoire était bien trop longue pour de si petites oreilles...

En peu de temps elle avait retracé toute une jeunesse, celle d'un ami qui reflétait un peu la sienne, elle avait l'impression de toujours les avoir connus: Val, Jo, Amberle, Maryan... Que d'histoires autour d'un même lieu, d'une même époque, à présent révolue. Que de rires, que de larmes, de déchirures, de chemins différents. Miranda savait bien que plus rien ne serait comme dans son jeune temps, surtout maintenant qu"elle avait Astyan. Mais elle était bien loin de se douter... ce qui était en train de se dérouler bien plus au nord, à une dizaine ou une quinzaine de jours de marche...
Mentaig
A l'Académie Royale

Des jupons ? Je n'ai que cela.

Le crissement de l'étoffe entre les mains d'Amberle déchira le silence qui s'était établi dans la pièce.
Mentaïg s'aperçut que sa main, contre la joue de Valatar, tremblait. S'abstraire. Il lui fallait s'abstraire, écouter dans sa tête la voix de sa nourrice Koupaïa.


Jamais ta famille, ma merc'h vihan, jamais. Ce n'est pas avec le coeur qu'on guérit.

Elle ferma les yeux, quelques secondes. Des morceaux d'elle-même partaient à vau-l'eau, comme les planches arrachées par la mer au bateau drossé à la côte. Elle les rappela, aspira en elle tout ce courant de vie qui voulait lui échapper. Son visage se figea, redevint aussi lisse qu'à l'ordinaire, son tremblement cessa. Elle oublia Paris. Elle était à Sancerre, au dispensaire St-Roch. Un homme blessé venait d'y être amené. Sœur Berthe, ombre silencieuse, se tenait à ses côtés. Elle avait des linges entre les mains, de l'eau à portée.
Elle s'en servit, à gestes sûrs, précautionneux, lourds d'une longue habitude.
Quand elle se redressa, péniblement, comme une vieille femme restée trop longtemps en prières, les gens présents lui découvrirent un regard vide. Ses yeux se posèrent sur des visages, familiers ou non, sans en reconnaître un seul, puis accrochèrent ceux de Hugo, anxieux, pleins d'un insupportable espoir. Le sentiment de trahir sa confiance la submergea, elle tituba jusqu'à lui, posa le front sur son épaule, pour ne plus voir son regard.


Faites appeler un prêtre.
Maryan
[En pleine campagne, entre le Berry et le Limousin]


Nuit noire sur les plaines limousines, ou presque… La lune protectrice, Déesse Mère de tout ce qui vit sur Terre, illuminait d’une certaine clarté, douce et envoûtante, les alentours herbeux.

La blanche monture de la Vicomtesse commençait à se lasser. Une halte devenait nécessaire.
Par chance, une étendue d’eau se profilait à l’horizon, calme et scintillante.
Maryan y mena sa jument, et l’y laissa s’y désaltérer, pendant qu’elle-même s’installait paisiblement sur la racine d’un chêne, songeuse.

Son regard azuré fixait le bleu assombri du lac, où le reflet de l’astre nocturne se dévoilait à la faveur des nuages et du vent qui berçait par à-coups l’étendue d’eau sombre.
Un sourire vint se dessiner sur les lèvres de la jeune cavalière, conséquence de souvenirs heureux se bousculant dans un esprit déjà rêveur, nostalgique d’un temps révolu.

Elle se souvenait d’une belle nuit d’été, où son corps nu s’était glissé doucement dans un cours d’eau tout aussi sombre, accompagné d’une autre âme à laquelle elle allait être liée à jamais des mois plus tard.
Douce soirée du mois de Phoebe, où sa jeunesse avait éclaté de candeur, de lyrisme et d’ardeur.

Dans les ténèbres, ce jour-là, elle avait offert pour la première fois sa nudité à un homme. Dans l’obscurité tutélaire de la nuit, ce jour-là, elle avait donné à l’être que la destinée lui désignait un baiser d’amour, prémices d’un avenir partagé.
Joie simple et pourtant si palpitante, passionnée, fantastique. Les exaltations de la jeunesse, dira-t-on, qui n’avaient jamais quitté la jeune femme.
Les réminiscences en restaient poignantes, douces et angéliques.

C’est sur ces souvenirs qu’elle désirait faire revivre que Maryan se remit en selle, parcourant les quelques lieues qui la séparaient encore de sa terre d’adoption.

_________________
Maryan d'Ambroise Cornedrue - Vicomtesse de Culan
Amberl
Mentaig ... La femme au visage masquée, qui ne sait pas laisser paraitre le moindre sentiment. Chose qu'Amberle avait appris à façonner aussi, la seule différence étant que la brune mettait un sourire en guise de voile, alors que la Cornedrue a un réel souci de communication, tant elle est froide. Impassible. La brune l'observa s'atteler par dessus Valatar, sans parler, sans la moindre hésitation. Pas un son ne s'échappa de sa bouche. Muette, pétrifiée, comme un automate, une statue vivante au visage impénétrable.

Frissons qui lui parcourent l'échine, Amberle se demande ce qu'elle fiche ici, à rester, bras ballants, à contempler son parrain gravement blessé dans ce lieu sordide, impersonnel qu'est l'Académie. Certes, il y a passé du temps, et est devenu une personne importante dedans. Mais cette bâtisse, trop grande, trop parisienne, trop fastueuse ne correspondait pas à sa vraie personnalité. Chez Valounet. Là, il était chez lui. Sa taverne, sa boisson, sa ville, son duché, ses amis, et amantes. Ses racines profondes.

Ce qu'elle prenait pour une blessure légère, et soignable s'avérait-elle plus sérieuse ? Contemplant le regard vide de sens de la Cornedrue, elle étouffa un cri. Quasi aussi pâle que le mourant, l'ex-Chancelière laissa l'émotion la submerger au point de tituber et d'atterrir dans les bras d'Hugo. Ce qu'un novice pourrait prendre comment une attitude normale d'une femme sensible devant la vue d'un de ses proches en danger est faussée. Ceux qui connaissent un tant soi peu la Dame de Baugy savent à quel point il en faut pour la déstabiliser.

Vacillement interne ... Un prêtre ? Un prêtre !!!! Crénom, l'extrême onction. Norf de norf. 'stote, vil farceur, t'abuses ! J'sais qu'j'me suis assise sur tes croix au cimetière, mais ta vengeance est disproportionnée !

Bouillonnant de colère contre le Destin, Amberle s'avança de quelques pas, et regarda Valatar, silencieusement. Livide comme le funambule, le regard creux, la brune détourna le regard prestement. S'il est une vision d'horreur, c'est bien celle de voir ceux qu'on aime s'échapper. Se forçant à reposer le regard sur son parrain, elle mit de côté son appréhension, et tenta l'impossible. Sans pouvoir retenir un juron rageur, lâché à l'arrache, lourd de sens, en vrai cri du coeur.


Val' ...
Reviens moi, bordel ! 'Foiré, t'as pas le droit d'partir de suite !


Après les soins de la Cornedrue, place à la méthode plus vive de la brune.
Claquant quelques gifles sur la bouille d'ange du beau brun, laissant les larmes amères couler le long de son visage, atterrissant sur celui d'en d'ssous, elle niche son visage dans le creux de son cou... Chaleur humaine... Mais crénom, qu'il semble froid... Le réchauffer, le tenir éveillé, chercher par tous les moyens de le garder en vie. Quitte à poser ses lèvres sur les siennes, malgré son mariage, afin de lui insuffler la vie, et oser malgré les circonstances un vol de baiser. Quitte à lui faire du bouche à bouche, car il en a besoin. Sa respiration est de plus en plus mauvaise. Lui faire boire de la poire. Une dernière fois. Qu'il tousse, tant la liqueur est âgée. Qu'il revienne à la vie.

Et garder l'espoir d'entendre quelques derniers mots, de repousser la Camarde une fois encore, de le faire sortir de ce couloir de la mort. L'espoir de se réveiller le lendemain et de se dire que tout cela n'était qu'un mauvais rêve.

_________________
-- Rajoutez un "E" final à Amberle pleaze ! --

Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"

[Accessoirement, créatrice du Fanclub Constantéicien]
Valatar
On le transporta à une vitesse qu'il ne parvenait pas à estimer. Il avait les yeux fermés, il n'entendait rien, et même ses sensations étaient diminuées. Peut-être pas diminuées, mais en tout cas sensiblement modifiées. Ses bras ? Avait-il des bras ? Ses jambes ? Ses pieds ? Pensant tour à tour à chacune des parties de ce corps qui semblait l’abandonner, il eut une tentation exquise. Le sommeil. Fallait-il y résister ? Il avait un mal de crâne abominable, il ne savait pas où il était, ni ce qui se passait. L’expérience lui avait montré qu’en de pareilles situations, le sommeil apportait toujours des réponses. La plupart du temps, il les apportait en silence, mais parfois aussi, elles venaient directement du Très-Haut, et apparaissaient en songe. Combien de fois le sommeil l’avait-il guéri des maux de tête ? Combien de fois s’était-il cru perdu et avait trouvé des solutions en rêve ?
Il ne fallait pas résister plus longtemps. Le sommeil serait sans doute salvateur. Il ferma les yeux pour de bon et se laissa emporter. Loin.

On pourrait croire qu’en de tels cas, le retour à la réalité est des plus difficiles. Ce ne fut pas avéré ici. Ce qui le rappela de ses rêves fut le son, doux, d’une voix familière. Le contact, froid, d’une goutte salée. On l’embrassait. Ce n’était pas sa femme, mais c’était une femme qu’il avait connue. Dieu sait qu’il en avait connu, et il se souvenait de la plupart. Ce baiser pourtant, lui en rappelait trop d’autres, plus anciens. Pas de nom sur cette voix, cette larme, ce baiser. Impossible de savoir. Il était encore dans une sorte de demi-sommeil lointain, incertain de pouvoir distinguer ce qui relevait du songe de ce qui était réel. Pourtant, ce qui vint ensuite était bien réel. Aucun doute. C’était bon, même. Là, il put mettre un nom sans hésitation. C’était de la poire. De la poire de Sancerre, même. On la reconnaît facilement car elle est plus fraîche que celle de Normandie, mais peut-être moins forte. C’était bon, mais peu ingérable dans de telles conditions. Il eut un réflexe qui le poussa à tout recracher, puis il toussa fortement. Cette fois, il était éveillé.

Pour le coup, il faut bien le dire, Valatar ne comprenait rien. Aussi loin qu’il se souvenait, un vagabond récitait de la mauvaise poésie de boulevard, puis il avait vu Amberle penchée sur lui, puis… Amberle ! C’était Amberle !
Sans ouvrir les yeux, il tenta d’esquisser son nom entre ses lèvres.


Amberle

Ca ne sortait presque pas. Il toussa à nouveau, craignant de s’etouffer. Soudain, tout lui sembla s’éclairer. Il était sur le point de mourir.
Il allait mourir.
Ca ne pouvait être que ça.
Le Seigneur, dans Sa grande générosité, lui permettait d’être une dernière fois au contact de ses proches. Pourvu qu’Il n’ait pas invité toutes ses maîtresses… Autour de lui (il était incapable d’ouvrir les yeux) il devait y avoir sa famille, Maryan, Gabriel, Mentaïg, Hugo, Amberle, Johanara ; ses plus anciens amis, aussi, Maleus, Miranda, Otto, Escalibur, Pika, Alienor… ses connaissances parisiennes, dont certaines avaient pu déboucher sur un contact amical, enfin, Val1, Marie-Alice, Voltaire, Jandebohem, Lys, Arielle, Espoire et tant d’autres.
Valatar constituait autour de lui une sorte de grande fête imaginaire, faute de savoir que seules quelques personnes mal en point s’agitaient ou se résignaient à son chevet. Quelques mots passèrent entre ses lèvres. Il espérait qu’une personne proche pourrait l’entendre. Et de fait, Amberle était collée à lui.
Il ne prit même pas la peine de faire une phrase complète. Son esprit ne le lui permettait pas vraiment.


Avoir été, peut-être, utile…

Voilà ce qu’il portait, au fond de son cœur, à l’instant de quitter la terre. Il n’avait qu’un espoir, qu’un rêve : n’avoir pas été vain. Mais une autre angoisse surpassa cet espoir. Il avait la sensation terrifiante qu’il venait de livrer son âme, et ses plus profonds secrets en public. Comment avait-il pu tant se dévoiler en une phrase ? Le seul désir de n’avoir pas été vain était une requête insurmontable, et la dévoiler ainsi devant ce qu’il croyait être tout son entourage assemblé, c’était comme s’afficher nu à la face du Royaume. Aussi chercha-t-il, dans sa panique, à se rectifier, à se dédire.

C’est un rêve modeste et fou, il aurait mieux valu le taire.

Il voulut ouvrir les yeux, mais ses paupières n’avaient visiblement pas le même projet. Elles restèrent closes. Il baissa le ton de sa voix, déjà bas, pourtant.

Vous me mettrez avec en terre, comme une étoile au fond d’un trou.

Puis il fut comme rappelé. Les efforts qu’il avait dû fournir pour arriver au bout de sa dernière phrase étaient trop importants. Sa bouche se referma sans se crisper, et sa respiration ralentit à nouveau. Cette fois, la panique semblait le quitter peu à peu, il était convaincu que la décision du Très-Haut était nécessairement bonne du fait même de son origine. Quand on partit lui chercher un prêtre, il respirait encore, mais il allait falloir que l’extrême-onction lui soit prodiguée assez rapidement : la tentation était grande de cesser de résister.
_________________
--Rodolph
[Cathédrale]

Rodolph avait courru, il arriva essouflé et c'est seulement sur les marches devant la cathédrale qu'il se permit une courte pause. Il n'y avait pas long de la cathédrale à l'académie, mais Mentaïg avait semblé si impérative en si peu de mot qu'il avait ressenti l'urgence de la situation. Reprenant son souffle après 2 ou 3 respirations profonde il franchit le seuil de l'immense cathédrale.

Msg Otto était là bas, il l'aperçut de loin. Malgré les lieux, il ne put s'empêcher de crier, faisant se retourner plusieurs personnes les yeux pleins de fureur vers lui. Il n'en avait cure, il fallait aller vite et droit au but. La voix forte, il s'avançait tout en parlant :


Monseigneur Otto ! Il... Mentaïg... c'est Messire Valatar... à l'Académie. Il a besoin de vous. Je... il... Il ne put s'empecher de s'arrêter le temps de trouver les meilleurs mots pour faire comprendre l'urgence. Il avait rejoint Otto et pu dire d'une voix chuchotante pour que les autres n'entendent pas. Prenez ce qu'il faut pour... il murmura le dernier mot une extrème onction
Mysouris
[Cathédrale Notre Dame]

Mysouris était venue quelques jours à Paris, parce qu'elle avait décidée de se rendre en Flandres qu'elle n'avait encore jamais pris le temps de visiter. Paris était sur sa route, et tout le monde lui en avait dit si grand bien qu'elle voulait se rendre compte par elle même.
Pour le moment, elle était assise, pensive, la tête baissée sur un banc de la cathédrale immense. En entrant dans la ville, elle avait ressentit le besoin de se rendre en ce lieu et elle ne regrettait rien. La fraîcheur du bâtiment la faisait frissonner de temps à autre, mais elle serait rester là des heures à ressentir l'empreinte du Trés Haut en cette cathédrale.

Elle se leva un moment, déambulant entre les colonnes de pierres, frolant les statues de ses doigts. La canne à la main, elle avançait tatonnant doucement, tentant de faire le moins de bruit possible par respect des lieux et des autres personnes venues s'y réfugier.

Elle semblait se rappeller qu'Otto devait être par ici maintenant. Cela faisiant bien longtemps qu'elle n'avait pas eu de ses nouvelles. Mais soit il n'était pas dans le coin, soit il ne l'avait pas reconnu. Cette deuxième solution n'étonnait guère Mysouris d'ailleurs, sa tenue laissait à désirer. Cape sale, chausses usées jusqu'à la maille, et cheveux en bataille, elle ne devait pas être reconnaissable. D'autant que la canne et le bandeau sur ses yeux pouvaient faire croire à une ressemblance sans faire penser qu'il s'agissait bien de la même personne.

Mysouris en était là de ses réflexions quand un intrus entra en trombe et en criant. Mysouris entendit 2 noms connus : Mentaïg et Valatar. Elle s'approcha pour entendre la fin du message. Tendant l'oreille elle crut défaillir en entendant le dernier mot dit si bas qu'elle n'aurait pu l'entendre il y a seulement quelques mois.

Elle était presque arrivée devant Otto. Et elle s'annonça alors la gorge sèche et complètement crispée parce que qu'elle supposait. Valatar ? Norf de norf, ce n'était pas possible. Otto ?! C'est Mysouris. Je t'accompagne ! Il pouvait bien dire non, elle le suivrait du mieux possible tout de même. Même si elle n'avait aucune idée de l'endroit de Paris où était l'Académie dont avait parlé le messager.
_________________
Je ferai ça plus tard....
Jandebohem
Elle avait fait mander les vieilles barbes de l’Institut des Sciences qui se prétendaient médecins et susceptibles de ne pas envoyer plus vite l’âme de Valatar au royaume des ombres du dieu aristotélicien.
Celui-là avait reçu son lot récemment, largement assez pour s’en repaître sans remettre le couvert, songeait-elle avec amertume. Pourquoi faut-il toujours qu’Il nous inflige cette blessure de voir les êtres dotés d’une conscience, pris dans ses rets ? ne pouvait-Il se contenter de la captation des pantins subjugués par les piètres offices de l’église ?

Avant l’irréparable estampillage de l’onction, elle s’approcha du corps gisant et lui murmura


nos devoirs, ce sont les droits que les autres humains ont sur nous, Mon cher maître
Amberl
[ Dernières confessions à un parrain... voire plus.]

Le rat de bibliothèque qui est parti chercher le prêtre aurait joué de la bombarde qu'Amberle ne se serait pas retourné. La porte claque ? Elle s'en tape, la brune n'a d'yeux que pour son parrain.
Elle guette la réaction ... La poire devrait faire son effet, physiquement et mentalement. Une toux ne tarde pas, quelques soubresauts du corps du beau brun lui arrache une ébauche de sourire. Ça bouge, donc ça vit ...(*)Seul ombre au tableau : les paupières ne s'ouvrent pas. On joue rideau baissé ce soir, les prunelles bleus azurs ne sont pas de la partie. Amberle se mord la lèvre, et caresse la joue de son parrain. L'espoir s'effiloche au fur et à mesure que les secondes s'égrènent, et l'atroce vérité l'assaille. Elle réalise que la fin est proche, mais ne peut s'y résoudre.

Son regard est attiré par un froissement de lèvres... Le visage de la brunette s'illumine, et elle tend l'oreille. Surprise de ce qu'elle entend. Vla qu'il lui parle en vers croisés. Tsss, littéraire jusque sur son lit de mort. Et la scène émouvante ? Et le "je n'ai toujours aimé que toi" ? Et le "Maryan était fade et insipide, je regrette... " ? (**) Hein ?! L'est où ce passage larmoyant à souhait, où il parle et qu'elle chiale comme une madeleine ? Mhm ? Au fond du trou, aussi ? Faire une croix d'ssus ? Norf.
Un fou rire s'échappe, nerveux, incontrôlable. Même dans un tel état, il réussit à la faire enrager, et ça la fait marrer. Non, il n'a pas changé, tête de mule jusqu'au bout. Secoue la tête, attendrie, et dépose un baiser sur son front, chuchotant ce qu'elle a toujours eu sur le coeur au creux de son oreille. Entendra, entendra pas ? Qu'importe. Le besoin de se confier une ultime fois se fait ressentir. Hugo, Mentaig, l'académicien, la nouvelle arrivante, tous sont oubliés, laissés coi dans leur douleur.

Amberle refuse de faire son deuil, et se battra jusqu'au bout pour qu'il reste parmi eux. Certains médicastres préconisent de parler au blessé, conscient ou inconscient. Alors elle converse, seule, à voix basse, murmures à l'oreille du gisant tout ce qui pourrait le rattacher à la vie, le réveiller de ce cotonneux sommeil.

Qu'elle a été sotte, impardonnable d'avoir cédé à la tentation baronnesque. Qu'elle a été blessée en le retrouvant dans les bras de sa cousine, mais trop bonne pour créer une discorde dans le couple. Qu'elle a souffert en silence de leurs fiançailles, puis mariage. Demoiselle d'honneur, en plus. Si c'était pas de la provoc, ca. Qu'elle a quitté le Berry pour lui - faux ... il a juste contribué - Que l'épisode luciolique, le mercenariat, l'Empire, n'étaient que de la provocation, qu'elle regrette amèrement tout cela, et qu'elle aurait mieux fait de rester au Berry, et pour parachever le tout, qu'elle irait dans un couvent se morfondre sur sa vilénie, et obtenir la Rédemption d'Aristote...

...

La brune se tortille les doigts, honteuse de mentir ainsi à son parrain, à un mourant, se donnant pour excuse qu'ainsi, elle le protège. S'il savait qu'elle assumait le moindre geste, que grimper sur les remparts était devenu un sport collectif et assez marrant, qu'elle s'était surprise à prendre du plaisir à manier l'épée et voir le sang couler, sans pour autant cracher sur le corps de son ennemi ...Cela l'aurait tué, net. Crise cardiaque assurée. Autant faire semblant de revenir sur le Droit chemin, même si elle n'a aucune idée de là où vont porter ses pas à l'avenir.

Jugeant son laius un poil trop long, et pas forcément très crédible, la brune dévie son monologue vers sa femme et son fils, vers sa famille proche. Le clan Cornedrue. Hugo, Mentaig. Le giflant de temps en temps pour être sure qu'il reste éveillé.

La porte s'ouvre ... Elle ne bouge pas de place. Au chevet du mourant, une pensée s'envolant vers Maryan. Mary... Faudra lui annoncer la nouvelle, à la cousinette. Norf de norf. Encore elle qui va se taper le sale boulot.


Restes avec nous, Val'.
Pour Mary, pour ton fils, pour moi...
Aristote veut pas encore de toi. C'est pas l'heure, et tu t'ennuieras là bas...
Accroches toi à la vie, saleté d'beau brun.


-----
* C'est bien connu... Descartes avait démontré cela : Moveo ergo sum ... Vous saviez pas ? Tss ... Ignares !

** Dédicace à Marion. Je t'aime tu sais.. Me mord pas ! (Comprenne qui pourra)
_________________
-- Rajoutez un "E" final à Amberle pleaze ! --

Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"

[Accessoirement, créatrice du Fanclub Constantéicien]
Geronimo2751
Géro était resté interdit pendant un long moment regardant Mentaïg qui tentait de sauver l'académicien. Il était comme dans un brouillard sa perception était altéré tant la tension dans la pièce étaient palpable. Il avait le cœur serré qu'il connaissait pourtant à peine, mais il dégageait quelque chose, une sorte de force intérieur qu'on les grands hommes.

Quand Mentaïg appela pour qu'on aille chercher un prêtre, cela le fit sortir de ses songes. Rodolph partit en trombe en bousculant géro qui se dit qu'il valait mieux se pousser pour laisser les mires officier. Il monta sur la coursive sa main se baladait sur la rambarde en bois de l'escalier, froide. Froide comme la mort, il jeta un coup d'œil en haut de l'escalier. Et si, Valatar était comme ce vénérable bois ? Même raide et refroidit son œuvre servirait d'escalier pour les générations à venir. Il avait pavé les marches de la connaissance à nous de continuer le chemin.

Géro arriva en haut des marches, il alla se placer au dessus de la porte d'entrée qui était une des extrémités du grand ovale que faisait la pièce. De là il voyait le corps de Valatar qui reposait surun tapis immobile, autour de lui les gens s'agitaient. Le contraste était saisissant entre la quiétude de l'académicien et la ferveur des gens qui l'entourait.

Ce spectacle bouleversa géro on eut dit que l'académicien avait un rictus, comme s'il avait accepté ce qui lui arrivait. A voir les réactions des gens il venait de rentre son dernier souffle. Il venait de s'endormir pour l'éternité entouré de ce savoir millénaire ...
Ysabeau
A Sancerre

Le soir tombait doucement sur Sancerre. Ysabeau travaillait encore dans son échoppe. Elle avait choisi une jolie étoffe pourpre, pour confectionner une houppelande.
Elle prit une bougie, l'alluma. Une lumière vacillante éclaira sa table de travail.
Elle caressa doucement l'étoffe... La couleur, la souplesse du tissu. C'était de la belle ouvrage... Un souvenir lui revint en mémoire.

Un jour, Valatar était venue la voir. Il était jaloux de la belle cape de son cousin Hugo, et, connaissant ses talents de couturière, il lui avait commandé une cape. Une cape noire doublée de rouge, de ce pourpre même... Il était amoureux de Miséri, à l'époque, leurs éclats de rire et leurs plaisanteries animaient le Havre où Ice servait poire, iceberg et autres boissons fortes.
Une cape noire doublée de pourpre...
Il l'avait attendue, sa cape. Il l'avait attendue... Car il avait profité d'un séjour de Misé à Noirlac pour la délaisser, pour se laisser transpercer par la flèche de cupidon... La belle Maryan lui avait fait oublier Miséri...
Ysabeau qui n'aimait ni l'infidélité, ni la tristesse de son amie, l'avait fait lanterner un bon moment...

Elle souriait à l'évocation de ce souvenir, tout en coupant le tissu aux mesures de sa cliente.
Valatar... mais pourquoi n'était-il pas sur la liste des élections ducales ? Pourquoi ?...
Ottobismarck
L'évêque d'Orléans était en visite à Paris pour y rencontrer des confrères à Notre Dame, relevant de l'archidiocèse de Sens dont il faisait partie. Tandis qu'il participait à une veillée en l'honneur de Christos notre prophète, un homme se présenta telle une furie dans la cathédrale et se précipita vers lui en trébuchant sur de nombreux bancs avant d'arriver à ses pieds pour lui porter un message de la plus haute importance. Le valet semblait désemparé, perdu et étouffé par la nouvelle qu'il s'apprêtait à lui annoncer. Aussitôt mgr Otto Bismarck le pria de se calmer et de lui expliquer sereinement la situation qui l'amenait jusqu'à lui.

C'est alors que l'homme lui expliqua la situation de son ami Valatar, qui était sur le point de rendre l'âme. On le mandait pour délivrer l'extrême onction, bénédiction accordée aux personnes à la fin de leur vie. Comment était ce possible que Valatar, si jeune, soit aux prises de la mort ? C'était tout bonnement impossible... Il secoua l'homme afin qu'il lui explique mais celui-ci haletant n'était plus en état de prononcer une phrase intelligible.

Soudain, Mysouris débarqua et se fit connaître auprès d'Otto. Celui ci la reconnut immédiatement. Cette ancienne berrichonne fut une adversaire politique puis une amie, il ne pouvait l'avoir oublié.

Tiraillé entre deux individus qui le pressaient, l'évêque marqua une pause et dit à voix basse

Mes enfants,

Je sais que le moment est grâve et douloureux, mais il n'est pas arrivé l'heure de l'excitation. Allons au lieu où se trouve Valatar, j'irai lui donner la bénédiction appropriée pour qu'il soit accueilli auprès de Lui.

Allons, il faut faire vite !

Après avoir marché à toute vitesse dans les rues de la capitale, le petit groupe arriva près de Valatar, dont l'état semblait empirer d'heure en heure, mais entouré de nombreuses personnes dont il reconnut l'identité. Il y avait des berrichons qui avaient été avertis par la nouvelle, il salua ceux qu'il connaissait et suivit l'homme. Une fois sur place, l'évêque demanda

Que s'est il passé ? Co...comment va t-il ?

Malgré son angoisse il essayait de laisser transparaitre la neutralité que sa fonction exigeait, il était l'ambassadeur apostolique et le berger consacré...il ne pouvait se faire submerger par l'émotion...
Mentaig
Val' ...
Reviens moi, bordel ! 'Foiré, t'as pas le droit d'partir de suite !


La voix d'Amberle fit sursauter Mentaïg. Elle se raccrocha un instant à la manche de Hugo, les doigts douloureusement crispés sur l'étoffe. C'était tiède, un peu rugueux. La moindre irrégularité du tissu prenait sous sa paume des proportions de gravillons.
C'était cela, cette amplification soudaine de ses perceptions, cette acuité accrue des sens, qui lui avait sauvé la vie, quatre ans plus tôt, à Marmande. Elle était seule, au coeur de l'imminence. Le danger lui faisait une aura protectrice.


Lui sauver la vie... lui sauver la vie... lui sauver la vie...

Elle lâcha la manche salvatrice, se retourna lentement, face au danger. Dans le silence de la pièce, Amberle s'évertuait à ramener un peu de vie à Valatar. Mentaïg tomba à genoux, toujours lentement, si lentement !

Avoir été, peut-être, utile…

Utile ? Mais vous l'êtes, mon cousin ! Ô combien ! Vous l'avez été, et vous l'êtes, et le serez encore ! A nous, vos amis, votre Berry...
Les mots hurlaient dans sa tête, incapables de franchir la barrière érigée au fond de sa gorge. Les paupières du blessé frémirent, un espoir insensé, contraire à ce qu'elle
savait, coupa la respiration de Mentaïg. Mais elles ne se soulevèrent pas. Les yeux si bleus de son cousin, elle les avait vus pour la dernière fois... quand ? La veille, dans son bureau, quand elle avait passé la tête dans l'entrebâillement pour lui adresser un rapide salut avant de courir se replonger dans un quelconque dossier. Quelle vanité !

Vous me mettrez avec en terre, comme une étoile au fond d’un trou.

C'était presque inaudible. Des silhouettes bougeaient tout autour, on murmurait des choses, des histoires de droits, de devoirs. Les mots parvenaient aux oreilles de Mentaïg, désincarnés, vides de sens. Valatar allait mourir. Amberle se battait, refuserait jusqu'au bout l'évidence. Valatar allait mourir. Elle refusait avec ses armes à elle, tourbillon d'énergie, de mots, de caresses et de gifles. Et Mentaïg, agenouillée, se battait avec pour seules armes sa colère et son désespoir. Ses doigts glissaient dans les cheveux poissés de sang, petites bêtes terrifiées animées de leur vie propre, soulageaient ici une pression, forçaient ailleurs l'os brisé à retrouver sa place. Gestes vains. Les yeux secs de la jeune femme scrutaient le grand vide à venir. Valatar allait mourir.
Un mouvement se fit dans son dos. Une voix sonna dans la pièce.


Que s'est il passé ? Co...comment va t-il ?

Otto. L'évêque d'Orléans arrivait. Hiératique dans les habits de son sacerdoce, il apportait dans la bibliothèque le seul élément qui fût encore nécessaire à Valatar.
Une bouffée de haine monta comme une nausée aux lèvres de Mentaïg. Valatar n'attendait pour s'abandonner que le laissez-passer délivré par le prêtre. Elle aurait voulu lui crier de partir, de débarrasser le tapis de sa présence de mauvais augure, de lui laisser encore un peu son cousin en vie. En cet instant, elle ne voyait en lui que le Charon qui allait user de sa barque pour faciliter le passage du Styx. Puisse-t-il s'y noyer !
Elle releva la tête, força trois mots à lui briser les lèvres.


Faites vite, Otto.
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)