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[RP]La Seine au crépuscule

Hugoruth
[Auprès de Valatar]

Les minutes passent, Hugo ne sait trop où il en est. Son esprit est comme ailleurs. Il comprend, en cet instant, ce qu'a dû ressentir son cousin quand lui même gisait sur le sol de la cathédrale de Bourges, un couteau planté dans la poitrine. Le sort semblait s'acharner sur Valatar, qui avait manqué de se faire tuer voilà huit mois et qui, cette fois, semblait bien mal en point.

Dans sa tête, les souvenirs affluaient, remontant à la surface de sa mémoire comme d'innombrables petits morceaux de bois à la surface d'une rivière. De leur premier contact, lui en tant que jeune porte parole du FIER et Valatar en tant que Porte-Parole titulaire... Que de souvenirs de cette époque où Hugo demanda à Valatar de lui servir de témoin devant Aristote, de devenir son parrain, et cette nuit, où il accepta. De cette époque, il se souvenait que les deux amis avaient une relation sans failles, faite de sincérité et de compréhension mutuelle. Puis vint cette soirée de travail entre deux jeunes élus ducaux où un lien de parenté inattendu les fit passer d'amis à cousins.

Que de souvenirs aussi, des premières ambitions politiques... Ambitieux pour le Berry, ils l'étaient tous deux. Mais jamais ils ne furent en concurrence. D'ailleurs, cela étonna bien des gens, mais il n'y avait entre eux ni meneur, ni mené. Ils ne se consultaient pas, mais avaient les mêmes opinions. La guerre contre la Touraine, puis les deux mois passés dans l'opposition. Et puis... Successivement, ils furent Duc de Berry. Comme un symbole, les deux cousins couchés pour l'éternité côte à côté sur la liste des Ducs de Berry.

Et aujourd'hui, les deux embrassaient une carrière à Paris, lui à l'Académie, l'autre à la Cour d'Appel et peut être à la hérauderie. Toujours complices, jamais concurrents, telle avait été leur devise jusqu'à présent. L'arrivée d'Otto ranima d'ancien souvenirs, ceux d'une rivalité qui, au final, était désuette et avait laissé place à une amitié sincère entre les trois. Trois berrichons, mais trois voies différentes. Et pourtant, une même estime réciproque les unissait. Et à ce trio, il fallait ajouter la dernière venue de la famille Cornedrue, Mentaïg... Autour d'un Valatar en souffrance, on trouvait ainsi ses plus proches amis et sa famille. Ceux qui tenaient le plus à lui, excepté sa femme, évidemment.

Valatar n'avait pas le droit de partir. Hugo ne pouvait le tolérer. Ils avaient trop d'aventures à vivre ensemble. Valatar devait s'accrocher à la vie, sans quoi, ils allaient, pour la première fois depuis deux ans, être séparés. Séparés... Cette idée lui semblait totalement incongrue et pourtant, elle semblait si proche de se réaliser. Non, ça n'était pas possible, pas Valatar. Pas celui qui était comme son frère, tout en étant aussi son meilleur ami, son confident. Il était une partie de lui, et jamais il ne lui avait dit. Dit toute l'estime qu'il lui portait, toute l'amitié, aussi. Et au delà, toute la place prise par le Vicomte de Culan dans sa vie, une place de choix, tout proche du coeur, là où se rangent les amis, les vrais.

Baissant les yeux, il fixa le visage de Valatar et tenta de lui faire passer un message, une pensée. Un message qui devait ressembler à "Ne renonce-pas, Valou. Quelles que soient les souffrances, les douleurs, ne renonce pas. Fais-le pour l'Académie, pour Amberl, pour Otto... Fais-le pour Mentaïg, pour Maryan ou pour Gabriel... Mais surtout, fais-le pour moi, je t'en prie..."
Amberl
[ .... Changez de prêtre, ou il y aura un second meurtre dans l'Académie ... ]


Que s'est il passé ? Co...comment va t-il ?


Cette voix ... Elle la connait. Amberle daigna lever un instant les yeux sur celui qui se disait prêtre, et laissa s'échapper un cri. Non mais genre ! Qu'est ce qu'il foutait là, lui ?! Ce pendard, cet uluberlu d'Otto, inquisiteur à ses heures. Une lueur de haine dansa dans le regard émeraude de la brune. L'ex-Primat, elle le connaissait, peu, mais un souvenir trop marquant, trop blessant remontait à la surface. Seul Valatar avait été témoin de la scène.. de son exorcisation. Supplice forcé, faussé, la berrichonne n'étant point possédée par quelconque force, si ce n'est celle de vivre pleinement. Elle serra les dents, et changea radicalement d'attitude. Point de larmes, point de voix tremblante. Juste un mot acerbe, soufflé mais parfaitement audible, coupant court à toute discussion possible avec cet espèce d'abruti chimérique.


Déguerpissez.

La brune reposa ses yeux sur le corps étendu de son confident, et entrecroisa ses doigts dans la main froide de son parrain. Non, elle ne le laisserait pas faire son office. Valatar n'était pas mort. Il respirait encore... Peu oui, mais il respirait. Il avait eu la force de parler, même si c'était pour dire des âneries. Biensur qu'il avait été utile. Et il le sera encore. Parce qu'il vivra. Qu'ils se le mettent tous en tête, crénom. Le beau brun avant tout les autres.. Suffit de s'accrocher, loulou.. L'peut s'en sortir. Il peut, et il le doit. Si Amberle réalisait peu à peu que son Val' était de plus en plus attiré par la lumière blanche, son coeur refusait d'entendre toute raison. La brunette étant impulsive, elle ne sut se contenir, et reformula clairement son ordre.

Cassez vous.

Sa main se crispe dans celle du mourant, et la serre à en implanter ses ongles dans sa chair. Pas pour lui faire mal, ou le faire réagir, juste pour qu'elle contienne sa colère... Grincement de dents, la belle contient sa rage, son amertume envers le tortionnaire qui se dit homme d'Eglise. Qu'il se taille, qu'il dégage, qu'il s'arrache, que sa sacro-sainteté à la noix se tiiiiiire et rapidement, pas sure qu'elle arrivera à tenir. Surtout qu'elle a une dague sur elle, et qu'elle sait la manier. Qu'il dégage avant la tornade, voire l'irruption du volcan...
Une dernière phrase est lâchée, à moitié pour le suppôt du Sans Nom qui se tenait devant elle.


Pas besoin d'extrême onction.


Se tournant vers la famille Cornedrue, elle aperçut Mysouris dans le coin, mais Amberle n'arriva pas à leur sourire, une boule coincée dans la gorge, fatiguée de se battre seule pour que Val' vive. Le volcan commence à s'agiter, le magma de colère en fusion ne tardera pas à exploser. Haussant la voix, un vent de révolte qui bouillonnait en elle prit le dessus.

IL VIVRA, foutez vous tous cela dans l'crâne !


Tant de monde autour de lui.. Tant de monde autour d'elle. Et pourtant, elle se sentait si seule, sans sa présence. Pleurer ? Oui, de rage. De tristesse, ce n'est pas encore le moment. Ni même celui de s'effondrer, malgré ses jambes qui flageolent. L'étoile n'est pas encore au fond du trou. Elle est allongée sur le tapis, étendue, comme endormie, et crénomdijou, elle va se rallumer, parce que la brune en a besoin, de ce rayonnement, de cette épaule sur qui compter, envers et contre tout.
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-- Rajoutez un "E" final à Amberle pleaze ! --

Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"

[Accessoirement, créatrice du Fanclub Constantéicien]
Ysabeau
A Sancerre

Le travail avançait. Le tissu coupé, Ysabeau commença à assembler les pièces à petits points serrés. La tisserande aimait son métier, l'aiguille glissait sans peine dans le souple tissu, la houppelande prenait forme.

La nuit était tombée. Elle avait assez travaillé. Plus que quelques broderies aux manches, au col, et son ouvrage serait terminé. Elle plia soigneusement le vêtement, rangea aiguilles et fils, et s'en fut au Havre goûter un repos bien mérité.

La taverne était presque pleine, comme tous les soirs. Ice était à son comptoir, servant les uns et les autres, les tournées se succédaient, les rires fusaient... Les plaisanteries aussi, qu'Ysabeau avait parfois du mal à comprendre...


Contexte, ma soeur, contexte...

lui disait souvent Maybee... Contexte... Elle avait souvent du mal à entrer dans ce fameux contexte, et tandis que Bragon, May, Ice, Jelubir et d'autres pouffaient et éclataient de rire, elle se grattait la tête...
Une soirée, au Havre... Valatar et Maryan, fiancés à l'époque... Toute la joyeuse bande réunie... Etait-il duc ? elle ne se souvenait plus.
Contexte, contexte... Autour d'une tomme, un fromage que les uns et les autres goûtaient en s'esclaffant.
Elle avait mis du temps à comprendre l'allusion...
Contexte, Valatar, Maryan... Elle ne leur en voulait plus. Misérificelle avait trouvé l'amour, s'était consolée dans les bras de son Nours, l'adorable Camaris...
La vie continuait, les rires, l'amitié qui les liait tous.

Tout en buvant et en conversant, ce soir-là, elle pensait à l'ancien duc, son ami, à son épouse... Mais pourquoi Valatar n'était-il pas sur la liste des élections ducales ? Pourquoi le Norf était-il privé de l'un de ses fondateurs ?
Maleus
[Cour des Miracles, Palazzo libertad au meme moment...]

Dans une piece aux murs d'un rouge très sombre comme si la piece avait été badigeonnée de sang, Maleus ecrivait quelques missives.
Il etait d'une humeur maussade et au cinquieme croassement de son corbac il se leva brusquement non sans lacher un lecher grognement.

Depuis plusieurs minutes il avait un mauvais préssentiment, le genre de préssentiment que l'on a quand l'on perd un proche.

Il attrappa son trousseau de clés, souffla les chandelles puis sortit de la piece non sans l'avoir fermé à double tour.

S'en suivit une longue marche dans les sombres couloirs du Palazzo, croisant quelques fois des camarades et d'autres fois des gars louches ou des donzelles plus ou moins vêtues.
Une fois en dehors du repaire, il attrappa sa pipe, la bourra et l'alluma.

Adossé contre un des murs exterieurs à la batisse quelques souvenirs lui revinrent.
Ce cher Valatar devait sans doute etre pas loin, dans l'academie pompeuse des royalos en train de faire de double et triples courbettes à des nobles encore plus pompeux que lui.
Cette pensée le fit sourire doucement.

Il se rappellait encore de l'époque où ils etaient énemis, le grognon lui avait cassé le nez pour une histoire de fille puis s'en etait suivi un long mois de piques et de franche inimitié.
Ils avaient aussi vécu des histoires de fou, l'assassinat du portier de sa taverne et la difficulté qu'ils eurent à se débarasser du cadavre.
Val' s'etait mis nu dans sa taverne pour detourner l'attention tandis que le Mal' decoupait en petit morceau le portier avant d'aller le jeter dans le puit plus loin.

Les grands énemis font de bons complices quelques fois.

Et puis leur début d'amitié quand ils furent coincés dans la cave d'une vieille taverne en feu...ils avaient bu comme des trous pensant que vu qu'ils allaient bruler vifs, le mieux etait d'etre ivre et jovial.
Ils furent sauvés et c'est ainsi qu'ils devinrent de bons amis..

Une fin digne d'un comte pour enfant?
Non...

Leur amitié etait fondée sur une bonne dose de piques et de franche inimitié!
Mais proches ils etaient.

Maleus secoua la tete, pour chasser ses pensées mievres de sa caboche et tira une bouffée.
A ce moment meme une main se posa sur son épaule tandis qu'une autre lui tenait la ceinture.
Le borgne regarda doucement la belle brune aux formes généreuses, un petit sourire aux levres.
La catin toujours plus proche lui dit :

" 'Lut l'Borgne ça te dirait de te détendre un peu?"

Le grognon haussa les épaules.

"Pourquoi pas...si ça m'aide à virer un pote royalo d'mes pensées.."

Sur quoi la donzelle se pencha à l'oreille du borgne.

"Ne t'inquiete pas...avec ce que j'vais te faire tu ne penseras qu'à moi..."

Haussement de sourçil de Maleus alors qu'il est entrainé par la fille d'mauvaise vertue...prendre du plaisir et oublier ce mauvais préssentiment, une bonne solution surement...

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Maleus de Dampierre en Graçay dict la Rose Noire
Mysouris
[Sait pas trop où elle est mais y'a du bruit des cris et ça a pas l'air normal]

Mysouris avait accompagné Otto. Mais dès son arrivée près de là où gisait Valatar, elle avait gagné un coin sombre. Personne ne s'interessait à elle, et pour cause, c'était de Valatar qu'il était question. Les deux mains crispées sur sa canne, elle écoutait et tâchait de comprendre. Il semblait que la situation était urgente. Il semblait aussi qu'Amberle soit dans le coin. Mysouris gardait la tête basse, elle ne pouvair rien faire, sinon être là.

Au bout d'une éternité de quelques minutes seulement, elle fini par s'approcher à petit coups de canne tatonnante pour se diriger vers ce qu'elle supposait être le blessé, ou... mourrant devait elle dire.

Elle tenta de parler à Amb' sans savoir comment s'y prendre en entendant sa réaction contre Otto. Alors elle s'agenouilla simplement, dit à Amberle : Bien sur qu'il vivra, Elle ajouta dans un murmure :Il vivra toujours pour ceux qui l'ont aimé
Puis elle se pencha sur le gisant. Il respirait faiblement. Elle comprenait que Mentaïg est fait mandé un prètre. Mysouris retint son soupire pour plus tard. Murmures à l'oreille du blessé :

Valatar, c'est Mysouris. Je..., tu dois vivre. Il est encore trop tôt pour toi. Reste avec nous. Regarde autour de toi, tes amis, ta famille, tout le monde. Le ton employé était réconfortant, encourageant, mais Mysouris n'y croyait pas vraiment. Elle tachait pourtant de ne pas le faire sentir à son ami.

Puis elle se releva, tatonnant au passage pour retrouver la canne délaissée un instant. Repartir dans son coin, attendre. Que pouvait elle faire de plus ? Rien sûrement.
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Je ferai ça plus tard....
Ottobismarck
L’évêque d’Orléans écoutait dame Mentaïg en observant le corps inerte de Valatar. Il semblait encore en vie, il n’était pas trop tard pour lui administrer un dernier sacrement avant que le Seigneur le rappelle à lui. Immédiatement, Mgr Otto Bismarck revêtit la mitre s’approcha près du corps et écarta les mains en disant

Seigneur,

Nous te présentons notre Frère ici présent, solidaires de la souffrance physique qui le ronge…


Il marqua une pause pour reprendre sa respiration

…Nous…nous te supplions d’intercéder en sa faveur afin qu’il soit accueilli dans ton Royaume.

Pardonne lui ses offenses ainsi que les péchés dont il put se rendre coupable. Sois juste et bon comme tu le fus avec l’humanité toute entière, par Christos et Aristote nos Prophètes avec qui les hommes égarés furent conduis vers le Salut.


Puis l’évêque marqua un signe de croix sur le front de Valatar en disant

Seigneur que par ce sacrement le frère ici présent soit fortifié par ta grâce, qu’il soit préservé de la Lune et s’accomplisse dans la vie éternelle

Enfin il se tourna vers l’assistance

Chers amis,

Vous qui êtes aux côtés de l’ami Valatar, je vous invite à unir votre prière à la mienne afin que notre Seigneur entende la supplication du fond de notre cœur. Pour qu’il le sauve d’abord et l’accueille à sa meilleure place.

Il fût un temps très ancien, où nous récitions une prière bien connue de tous dans la mémoire collective mais que les modernes tentent d’éradiquer. Cependant elle s’adapte à la situation présente, je pense que vous la connaissez…


    Notre Père qui es aux cieux,
    que ton nom soit sanctifié,
    que ton règne vienne,
    que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
    Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
    Pardonne-nous nos offenses,
    comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
    Et ne nous soumets pas à la tentation,
    mais délivre nous du Mal.

    Amen


L’évêque conclut le sacrement

In nomine Domini et Christi et Aristotelis

Amen
Valatar
Le brouillard et la nuit. Les ténèbres et le froid. Le néant.

Le monde de Valatar était de plus en plus sombre, de plus en plus vide, de plus en plus lointain. Se laisser glisser vers ce vide intemporel ? C’était tentant. D’autant plus tentant qu’autour, plus rien n’avait de sens, et que la douleur ne faiblissait pas.

Partir.

Mais avant de partir, le Vicomte voulait livrer un ultime combat. C’était comme un défi : parvenir à entendre, à comprendre les sons qui le surplombaient. Il avait renoncé à ouvrir les yeux. A quoi bon lutter pour voir une dernière fois le monde, quand on a en tête des images et des couleurs déjà bien heureuses : une promenade dans Paris avec son cousin, la Lune qui s’élève timidement au-dessus du Louvre, et la Seine au crépuscule.

Se concentrer, se concentrer avec plus de force et d’intensité que jamais. Enfin, il arrivait à comprendre quelque chose. Cette compréhension lui était facilitée, car c’était un texte qu’il ne connaissait que trop bien. Identifier la voix, par contre, lui était trop difficile. Était-ce quelqu’un qu’il connaissait ? Était-ce plusieurs personnes ?


Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre nous du Mal.


Il aurait voulu prier, lui aussi, mais n’y arrivait pas. Un souvenir émergea alors en lui : il avait huit ou neuf ans, et sa mère souffrante était allongée sur une couche de fortune. Le médicastre à côté d’elle récitait ces mêmes paroles tout en lui charcutant le visage, lui faisant définitivement perdre son œil gauche. Valatar se revit, enfant, en train de réciter le Pater Noster, caché derrière un muret pour échapper à la vue des adultes. Se revoir ainsi à la prière, c’était comme une façon de pallier son incapacité présente. Cette fois, il n’avait plus peur, mais il voulait pouvoir le dire.

Procédons par étapes.

Première étape, ouvrir la bouche. Un effort considérable fut nécessaire pour pousser sur la mâchoire, mais il y parvint. La bouche légèrement entrouverte, il ne s’agissait pas d’en rester là. Il allait falloir parler, et se faire entendre. Si la fin était proche, il allait falloir prendre la mesure du moment, ne pas partir sans rien dire. Ca ne se fait pas.

Deuxième étape, émettre un son. Faire vibrer sa gorge, pousser sur sa voix. Ca ne devrait pas être si difficile : il a fait ça toute sa vie : en diplomatie, en politique, dans ses fonctions judiciaire, représentatives, institutionnelles. Il parvint à chuchoter


Amen…

Sentant que le silence se faisait, devinant que les regards se tournaient vers lui, il se sentit comme un artiste désemparé devant son auditoire, comme un acteur sans texte, comme un poète sans plume. Il voulait parler, mais ne savait pas comment remercier ceux qui l’accompagnaient de leurs prières. De fait, il ne savait pas qui était là. Il allait devoir partir, c’était la seule certitude. Alors, autant se contenter de constater, partir en artiste…

Il eut une pensée, un souvenir de ce qu’il avait lu, un soir d’hiver.
Il eut une pensée, qui franchit ses lèvres sans même qu’il n’ait d’effort à fournir, sans même qu’il ne s’en aperçoive.


Qualis artifex pereo !

Le ton était neutre, blasé. La voix était grave et basse.
Chose surprenante, pour la durée de ces trois mots, ses yeux s’ouvrirent, pour ne plus jamais se refermer. Le bleu des yeux était là, mais il s’effaçait derrière une glace, derrière une vitre, derrière cette frontière entre morts et vivants.

Le départ était accepté.

Sans une larme, sans un regret, son regard s’éteignit presque imperceptiblement. Comme une chandelle que l’on souffle, au soir, pour trouver le repos, Valatar fut emporté. Sa vie commencée dans la boue devait se terminer dans l’or d’un palais parisien.

Le visage du jeune homme, sans une ride, était des plus décontractés. Il en était même touchant.

Un jour, peut-être, quelque lettré se souviendrait de lui. Pour ne pas lui mentir, il faudrait que cette mémoire sache que Valatar Cornedrue est mort dans le calme, au cœur de l’institution qu’il avait participé à créer et développer, entouré de l’amitié des siens.

Derrière les murs, la vie continuait de voguer, la lune de parcourir le ciel, et Paris de vibrer au courant de la Seine, sous la nuit.

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Amberl
[ Il vivra toujours pour ceux qui l'ont aimé ... ]

Murmures inaudibles pour Amberle, qui n'a qu'une envie, chasser Otto des lieux, qui agit comme si de rien n'était. Transparente, inexistante. Ou autre version, plus crédible.. Qu'il l'ignorait sciemment. Amberle lâcha un juron quand il s'approcha du corps, revêtu de sa mitre, bien décidée à ne pas laisser l'office se dérouler. Enterrer son parrain avant l'heure, le seul être qui a toujours su l'épauler, le seul qu'elle a vraiment aimé ? Et puis quoi encore?! D'un geste vif, elle sortit sa dague, ne voyant qu'en Otto un tortionnaire. D'abord elle, avec son exorcisation. Puis une extrême onction à son choupinet, son Valou. Le diable en personne ...

Mysouris ressentit le danger, et posa une main sur le bras de la brune, et tant bien que mal, essaya de la retenir. Aveugle, les autres sens en sont plus affutés, et elle connaissais assez son amie pour savoir l'impulsivité d'Amberle. Interrompue dans son élan, la brune mit quelques secondes à réaliser ce qu'elle comptait faire... Tuer Otto ne lui aurait pas rendu Valatar en pleine forme, surtout que ce crétin était un pieux, qui aurait aimé partir ainsi... Mais quel supplice pour les proches qu'est cet acte religieux. L'arme tomba, sur le sol, dans un grand fracas insolite. Le murmure de Mysou lui revint en tête, plus distinctement. La rage contenue est toujours là, mais n'est plus focalisée sur le cureton... Seulement sur le destin.

Détachant sa main de celle de Valatar, Amberle tourne le dos au mourant, durant la cérémonie religieuse. Se relever, faire quelques pas dans la pièce, passer ses nerfs sur ce qu'il traine... Des bouquins, des masses de vélins, de l'encre. Rien qui ne la satisfasse. Pas de céramique à envoyer valser, pas de vaisselles à faire éclater par terre... Norf. La brune s'en trouve frustrée, d'autant que la prière du cureton ne l'émeut guère, insensible aux cérémonies religieuses depuis quelques temps. Surtout celle ci... Où le Très Haut, s'il existe, voulait lui voler son cher et tendre. Non époux, certes, mais il restait toujours son beau brun.

Le murmure de Val' la fit virevolter, et elle se replace à genoux, aux côtés du gisant.


Voyez bien qu'il vit !


Un sourire victorieux illumine son visage, et grandit quand le blessé fait son ultime déclaration... Une citation latine... Le regard azur est même présent. L'émeraude grave dans sa tête les nuances de bleu qui compose ses prunelles. Mais, doucement, lentement, s'éteint, vide de toute énergie. Effondrement de la brune, qui a résisté et lutté jusqu'au bout pour le maintenir en vie. Meurtrie, elle passe une ultime fois sa main sur le minois de feu Valatar, et clôt ses paupières. Les larmes coulent sans qu'elle ne cherche à les retenir, avec la mort de son parrain, toute une époque de sa vie se termine. L'une des deux prunelles de ses yeux s'est éteinte. L'autre est à prévenir, mais Amberle n'en a pas la force. Pas de suite.

Aristote n'est pas, n'existe plus pour elle. Amberle se mord la lèvre pour ne pas hurler sa détresse. Le gout du sang, elle connait. Sauf que quand cela touche un proche, très proche, la donne est changée. Combien de temps reste elle, ainsi ? Penchée sur le corps, suffoquant, la brune se sent soudainement si seule. Ceux qui pourraient l'épauler sont si loin. La brune se découvre fragile, et essaye de remonter la pente. D'enfouir au plus profond d'elle même la douleur, et de laisser à Maryan et Gabriel le fait de pleurer Val'.

Après un long temps de silence, Amberle se relève, les jambes vacillantes, et sans un mot, va s'asseoir dans le fauteuil de Mentaig, tirant parchemin de sa besace. Tremblante, l'écriture est malhabile, et les larmes ne rendent pas la lecture aisée


Citation:
Maryan,
Cousinette.. J'ai une sombre nouvelle à t'annoncer.
Rejoins moi à Paris, devant l'Académie, dès que tu peux.

Amberle.


Comment dire à une femme que son mari a été assassiné, par courrier ? Les mots ne sortent pas, ne veulent pas se plaquer contre le vélin. Une seconde missive, envoyée à Johanara, nettement plus explicite.


Citation:
Ma rousse,
Je suis à Paris, il vient de se produire un incident terrible.
Valatar ... L'Académie ...
Aristote n'existe pas. N'existe plus.

La famille va devoir se souder. Ramènes toi dès que tu peux, baronne.
Amberle.

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-- Rajoutez un "E" final à Amberle pleaze ! --

Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"

[Accessoirement, créatrice du Fanclub Constantéicien]
Ysabeau
Sancerre, à la porte de la Mairie.

Ysabeau se rendait à la mairie pour consulter les offres d'emploi. Elle avait reçu une missive du Bailli lui disant que le duché avait besoin d'elle pour travailler aux Finances.
Elle vit l'annonce, déposée comme il se doit, y apposa sa signature, elle se rendrait donc au Château oeuvrer pour le duché.

Sur le panneau, juste à côté, elle vit une affiche. Un parchemin soigneusement calligraphié, bordé de noir. Saisie d'une appréhension, elle s'approcha, lut...
Citation:
La famille Cornedrue... immense douleur... Paradis Solaire... Valatar...


Noooooooooooooooon !!!

Elle ne put s'empêcher de hurler. Pas possible, ce n'était pas possible. Pas lui, pas Valatar... Non, pas possible...
Elle lut, relut, effondrée, les larmes coulant sur ses joues blêmies sans qu'elle puisse les retenir.
La signature... Mentaïg. Mentaïg n'avait pas l'habitude de plaisanter, surtout avec la... la...


Valatar... Pas toi, pas toi...

La mort avait frappé haut. Elle avait fauché le plus lumineux des enfants du Berry, le plus ardent, le plus ... Le plus quoi ? Son ami, simplement, l'inventeur du valounet (norf, elle s'en souvenait de la dégustation... elle avait passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel), l'époux de la belle Maryan, le père du petit Gabriel...
Qu'allaient-ils devenir ?
Et comment était-ce arrivé ? Il était mort à Paris. Dans quelles circonstances ?
Il fallait qu'elle sache.

Vite, elle rentra chez elle.
Elle prit une calame, sortit un parchemin, de l'encre, et vite, vite, rédigea un mot pour son amie Mentaïg, qui vraisemblablement se trouvait elle aussi dans la Capitale.


Citation:
Ma chère, très chère Mentaïg, mon amie,

J'ai lu à la porte de la mairie, un funeste avis de décès... Valatar... Valatar est... mort ?
Je suis effondrée.
Peux-tu, sans de déranger bien sûr, me dire ce qui s'est passé ? Comment est-ce arrivé ?
As-tu besoin de moi ? Je suis prête à partir. Sancerre est si endormi depuis le départ de Ice... Car, tu ne le sais peut-être pas, mais Ice a pris la route, le Havre est fermé...
Enfin, je m'égare.
Je suis de tout coeur avec toi, avec Hugo, avec toute votre famille. Je sais que les mots sont de peu d'effet dans une telle douleur. Mais crois-moi, je suis en pensée, en prières, (pardon, je sais que tu ne goûtes guère la religion), mon âme est avec vous tous.
Ta tristesse est la mienne.
Je suis certaine que notre ami, que ton cousin, est au Paradis Solaire et qu'il nous protègera.
Je t'embrasse
Ysabeau


Elle s'en fut à son pigeonnier, attacha le message à la patte de Vol au Vent, son pigeon le plus robuste, et le regarda s'envoler vers Paris, le coeur serré.
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