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[RP] Balade barbue

Saens
Il avait l'œil noirci comme du papier brûlé. C'était moche. Sous la peau mourante palpitaient les vaisseaux de madame Sang, qui faisaient leur œuvre, braves vaisseaux refusant de lâcher l'affaire, à irriguer cette paupière de fin du monde. Au bord de l'Indre qu'il était. Il se dégourdissait les jambes par le froid de jeudi. Sous un ciel gris-blanc d'une neige pas encore décidée à tomber, qui se tâte, questionne le désert sans nuages. Saens leva le nez vers cette voûte toute pleine d'hésitation. Ils s'entendaient bien, lui aussi ne savait jamais trop rien. Il avait en tête les déclarations d'une mairesse du Poitou, Saens, vous me brûlez. Navré. Mais navré seulement car au fond, navré c'est bien moins que désolé, c'est un navet mou, vert fade, sur une terre verglacée et brumale, et ces navets-là ne s'excusent pas. Il s'arrêta, consulta les rouages de son esprit ; ses pensées sur le navet le menèrent à une nouvelle maxime : dans ta pipe, plus jamais ne mélange jusquiame et belladone. Tu divagues.

Il baissa le nez vers l'Indre glougloutante. Il aurait bien aimé être l'Indre pour un jour. Vocation mouillée, râtée. Et de marcher encore le long de la berge sans trop penser à rien, échevelé incertain et guère réveillé. Il se laissait conduire tout droit. Une branche lui érafla la joue, ou sa joue érafla la branche c'est selon, il éternua deux fois, rongea l'ongle de son index lardé d'albugos qu'il projeta sec dans la rivière - la rognure, pas l'index entier. Marcher c'était plein de toutes petites choses, un enchaînement de banalités corporelles sans grand intérêt, jusqu'à ce que le corps ait obtenu satiété. Alors plus aucune mèche ne dérange, le cou ne gratte plus, le caroncule est propre et l'on peut, délivré de l'ilotisme nerveux, penser, ou faire comme. Saens se contenta de regarder l'alentour, l'horizon proche d'un tournant feuillu, l'herbe aussi gêlée que lui - le froid l'avait pris aux coudes - et les rares bêtes volantes qui auraient senti le pain dans son bissac. Il ne s'arrêta pas encore.

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...
Fildais
Fildaïs se promenait au bord de la rivière qui bordait Châteauroux, en cette belle journée d'hiver. Ses pas crissant dans la neige, son corps enveloppé dans sa longue cape sombre. Fifi était perdue dans ses pensées lorsque son regard se posa sur une forme sombre au loin. En se rapprochant un peu elle put distinguer un homme aux cheveux noirs en broussailles, les yeux plongés dans l'Indre. Elle resserra l'étreinte de sa main sur son bâton, les voyages avaient rendu Fildaïs méfiante, ne sachant pas si c'était un brigand ou juste un vagabond. Les yeux ne quittèrent pas un instant la silhouette sombre.
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Pélerin un dia, Pélerin siempre

Ultreïa...
Saorii
Bien longtemps que son voyage n'est plus une déroute, mais qu'elle a fait de la route sa vie, ou de la vie sa route, question de point de vue. Elle aurait pu simplement fuir, puis s'arrêter dans un endroit plus verdoyant, auprès d'un homme plus charmant, qui lui aurait fait croire, ne serait-ce que pour quelques instants, que son existence pourrait être celle d'un roman...
Elle ne s'était contentée jusque là que de voyages immobiles et fictifs qui l'emmenaient au loin, loin de l'ennui et du sordide d'un quotidien. Rêver sur un récit, sur une carte, sur le visage marqué d'un homme qui passe, sur les non-dits d'une femme qui baisse les yeux quand la conversation tourne autour de la jeunesse... Mais cette façon de voyager est pour elle révolue, elle appartient à une vie antérieure qui n'a fait qu'exacerber son envie d'ailleurs. Voyager, pour vérifier ses rêves... Prendre la route comme compagne, la seule avec qui on ne risque pas de se réveiller un matin, la bouche empâtée et l'oeil torve, en ayant comme seule envie la fuite et comme seul recours un regard hypocrite.

Le prix à payer pour cette liberté ? Aucun.
Certains diraient la solitude... Elle n'a jamais été aussi seule que dans son enfance, entourée de tous côtés. La pauvreté alors ? Pauvre, oui elle l'est. Dépouillée de ses certitudes, dénuée de préjugés, habitudes et convictions à l'abandon. Ses seuls biens ? Être curieuse, bien disposée, disponible pour toutes sortes de rencontres, à l'écoute, ne jamais cesser d'apprendre.
Elle retourne ses poches, et rit. Pauvre, oui. Quelques jours de travail à Châteauroux encore, et elle repartira. Jette un dernier regard sur les méandres grisâtres de l'Indre, et retourne vers la ville. Sous le ciel laiteux au loin, deux silhouettes sur la berge. Une femme, et un époux inconnu.
Saens
Entre les branches déformées par l'onde, une forme se découpa dans le reflet de l'Indre et lui sauta aux yeux. Il s'arrêta net. Un corps dans une cape, et dans une main un bâton. Proche la cape, près le bâton. Son œil noirci tressauta faiblement, comme ravivé par un souvenir. Saens fixa le miroitement nouveau ; une femme apparemment, pas assez grasse pour dissimuler un complice membru mais le hallier lui, aurait bien pû faire l'affaire. Prudence donc. Et autant prendre les devants. Il trempa la main dans sa besace. Des cartes, des lettres, des cailloux et des herbes, quelques vieilleries d'avant, rien qui soit de grande valeur pour un autre. Il continua les fouilles, les doigts prestes glissèrent sur le pain dur et sa seule quincaille, estimée à sept écus. A mi-voix, pour lui,

"Mais c'est qu"on thésauriserait..." Enfin il leva les yeux et se remit à marcher. Lorsqu'il passa près de la cape il hasarda un pauvre sourire - d'où lui venait ce remugle affable ? Il en restait perplexe - et laissa ses mains pendre le long de son corps, nettement vides. Puis, par souci de bien faire, il ajouta à voix haute une précision, sans pour autant arrêter son pas, le décélérant simplement. "Je suis fauché comme un sein, saint serre comme un purotin." Son pied se prit dans une racine, il trébucha comme on trébuche, c'est à dire bêtement, se rattrapa de justesse en posant une main dans la terre.
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...
Fildais
L'individu se mouva et s'avança vers elle, il ne paraissait pas très épais néanmoins à vue de nez elle évalua qu'il devait la dépasser d'au moins une bonne tête. Le coeur de Fildaïs palpita violemment dans sa poitrine à son approche, elle l'observa avec avidité. Il sembla fouillé un moment dans sa besace et en ressortit des mains aussi vide qu'elles y étaient rentrées.
La damoiselle croisa alors son regard d'acier aussi interrogateur que devait être le sien, elle frissonna.
L'homme étrange esquissa une ébauche de sourire qui lui parut assez sincère. Il glissa telle une ombre à côté d'elle, la frôlant presque, son pas ralentissait peu à peu. Fildaïs supposa qu'elle n'avait pas trop à craindre de se pauvre hère. Et lançant à la jeune fille avant de choir lamentablement sous l'oeil amusé de cette dernière


Je suis fauché comme un sein, saint serre comme un purotin

Ses propos n'étaient guère ceux d'un brigand mais plutôt d'un de ces poète itinérant, qui marche le ventre gargouillant de faim et l'esprit perdu dans des mondes chimériques. Le personnage la rassura quelque peu.

Fildaïs s'inclina , penchant son doux visage vers lui. Elle adressa au maladroit un sourire espiègle et lui tendit une main secourable, tenant toujours fermement son bourdon de l'autre pour parer à toutes éventualités.


Puis-je vous aider messire ?

Elle n'attendit point de réponse et se saisit du bras du sir pour l'aider à se relever. L'homme une fois debout la domina de toute sa hauteur. Fildaïs recula d'un pas et cessa de sourire. La jeune fille le dévisagea de manière inconvenante. Elle guettait sa réaction, qu'importe fût elle.
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Pélerin un dia, Pélerin siempre

Ultreïa...
Saens
A voix basse : "... à être moins ridicule ? Non, là c'est peine perdue, mais merci, merci."

Mais elle le redressait déjà, le fixait rudement. Avait-il de l'encre sur le nez comme si souvent craint ? Une fiente de moineau au front ? Ce matin il n'avait pas écrit et il ne sentait à son front rien de frais, ou de tiède, ou d'étranger. Les commissures des lèvres de la femme semblaient de marbre, un marbre de statue, une statue qui se serait passée de rire pendant des siècles. Saens interrogea ses muscles faciaux pendant un brin de seconde, leur demanda s'ils faisaient les marioles à son insu, ils répondirent que non. Il crut crédule. Il gratta sa nuque, elle, semblait attendre, oui mais quoi ?

"Saens, déchu sous le Très Haut, et accessoirement sous votre nez." Il remonta la courroie perturbée de sa besace à son épaule, fit un pas à reculons. Et là se souvint qu'il avait une tête d'amoché, une paupière tartinée de beurre noir, sans le vinaigre et les câpres, et donc non Saens, s'avoua-t-il intérieurement, tu n'es pas fascinant, tu fais juste peur. Il jeta un regard dans son dos pour vérifier les distances - un plongeon dans l'Indre n'était pas perspective des plus affriolantes - et se permit un pas de plus vers l'arrière. Il babilla deux phrases, non pas qu'il redoutait de rester là à guetter le blanc de ses yeux fondre jusqu'à la brune mais la dame avait peut-être d'autres projets pour la journée. Il esquissa un sourire pensif.

"Un jour j'ai entendu parler de boues où les hommes s'enfargent et n'en peuvent plus sortir. C'est peut-être une simple fable, mais cela reste fascinant, des boues mangeuses d'hommes."

Et de se dire que si elle était inquiète, il y avait mieux, que de se mettre à monologuer sur de douteuses viscosités anthropophages.
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Fildais
Fildaïs n'écoutait guère ses paroles, elle entendit vaguement Saens, déchu et nez. Elle resta immobile et remarqua seulement quand il recula un peu que sa main agrippait toujours son bras. Elle le relâcha. Il balbutia quelques mots encore, elle se sentit troublée et rougit. Après un grand effort, elle articula juste son nom.

Fildaïs,euh juste Fifi.

Le vagabond avait une allure singulière, le cheveux sombres et hirsutes, la mine hagarde, il paraissait s'être calotter mais il n'était pas dénué d'un certain charme. Sans s'en rendre compte, elle lui offrit un sourire des plus charmant. Une pensée vint la frapper, peux être sa manière de le regarder molestait l'individu. La jeune fille ne pouvait plus détacher ses yeux du regard gris magnétique de l'étranger. Bien vite elle baissa ses yeux, comme une gamine pris en flagrant délit de bêtises.
Elle se trouva bien sotte ainsi, les bras pantelants, le verbe court. La jeune fille se risqua à un brin de conversation.


Vous êtes poètes messire Saens ? Oh ! peux être avez-vous faim j'ai du bon pain frais dans ma besace.

Ses paroles étaient d'une banalité affligeante, et elle s'en rendit compte trop tardivement.
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Pélerin un dia, Pélerin siempre

Ultreïa...
Saens
Il haussa non pas un, mais deux sourcils.

"Merci à vous mais j'ai déjà du pain frais dans mon bissac."

Avec un joli sourire il asséna deux coups avec ses phalanges sur ledit bissac pour faire résonner la miche "fraiche". Ce fut comme s'il avait toqué sur le tronc d'un noyer, de quoi discréditer un tyran romain devant son consulat, sa plèbe et son chien. Bon. Sourire figé, qui s'altère progressivement, elle avait baissé les yeux, ce qui tombait bien. Lui aussi balaya le sol du regard, la terre sombre mangée par l'herbe et leurs traces de pas.

"Et... poète. Poète... non, pas que je sache, en tout cas pas dans l'âme."

L'idée l'amusait. Il se demandait ce qui avait bien pû faire penser cela à la promeneuse. Peut-être était-ce ses mèches noires qui batifolaient à l'air libre. Il les lissa du plat de la main, ces sales séditieuses, en relevant le regard. Elles se révoltèrent de nouveau ; là aussi, c'était peine perdue. "Et qu'est-ce qui vous fait penser cela ?"
Attendant une réponse Saens, ce grand physionomiste, remarqua qu'elle était blonde, un certain blond. Tout pâle, qui ne tranchait ni avec le ciel, ni avec l'Indre.

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Fildais
Elle se demanda si ses propos l'avaient blessé, d'un geste rapide elle fouilla dans sa besace et en sortit une miche dorée et croustillante, de ses doigts la rompit en deux, tendit la moitié à l'étranger.

Tenez et taisez vous, gardez votre fierté et votre pain qui pourrait tuer un ours si vous auriez l'idée de lui lancer dessus.

Fildaïs eut du mal à réprimer un petit rire cristallin. Puis reprit un air plus sage pour répondre à sa question.

Je pensais que vous étiez poète car votre langage est érudit et ne ressemble en rien à ceux des vagabonds que j'ai rencontré, vous n'avez guère l'air ni d'un chevalier ni d'un noble, j'en ai déduit que vous étiez une sorte de ménestrel. Je peux me tromper je suis assez inexperte de la vie.

Lui sourit avec douceur puis mordit dans sa moitié de pain.
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Pélerin un dia, Pélerin siempre

Ultreïa...
Saens
Docile il se tût, se promit de garder son propre pain pour le prochain jour où il croiserait un ours. Il fit quelques pas vers l'horizon de la ville, se remettant lentement à marcher. Rompit un bout de pain entre ses doigts et le porta à hauteur de son visage pendant qu'il parlait. "Je suis bien trop oublieux pour faire le ménestrel. Vagabond seulement" Son vieil accent lui revint en bouche le temps d'une phrase, assez spontanément pour qu'il s'étonne de le savoir encore, trop brièvement pour raviver des souvenirs ; début des mots marqué, des "r" de bucherons, une prosodie à foutre en l'air la raison d'un clerc ; il l'emploie pour plaisanter : "Bien que je n'ai pas toujours été vagabond, j'ai appris un peu."

Et de se racler la gorge. Et de mâcher son bout de pain.

Alors qu'il avait la bouche pleine apparut là-bas, de plus en plus frêle, une petite ombre qui s'échappait des berges. Il plissa le regard, crut la reconnaître. Elle disparut vite. Il déglutit, se fendit d'un sourire qui alla se perdre au loin, peut-être pour aller la rejoindre. Il déchira un nouveau morceau et tourna de nouveau le visage vers la femme blonde.

"Et vous... vous avez la besace, vous avez la cape, vous avez le bâton , l'oeil tiqua de nouveau, argumentum baculinum, ça traumatise , mais vous n'avez pas les cernes. Vivez ici, dans les environs ?"
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Fildais
Cette fois elle fut plus attentive à ses paroles, et elle crut y déceler un léger accent. La jeune fille le suivit, obéissante à la marche de l'homme.

Cela ne vous dérange pas que je me joigne à vous ? J'ai besoin d'un peu compagnie pour m'occuper l'esprit c'est que voyez vous mon tendre aimé est bien souffrant et à l'hospice , baissant un peu la voix, j'espère le voir promptement.

Le regard de Fildaïs se voila le temps d'un instant, ses yeux bleus virèrent légèrement au gris, elle marqua une pause.
Distraitement, sans même se rendre compte de son attitude, elle glissa son bras au sien.


Quand à votre demande, ma chaumière se trouve par là , ajoutant le geste à la parole elle montra d'un mouvement ample un endroit indistinct, la cape est ma compagne pour l'hiver tandis que mon bourdon , elle se tut caressant de son pouce de manière involontaire une petite coquille gravée sur le manche, tandis que le bourdon est le fidèle compagnon du pèlerin.

Elle ralentit et le regarda, un sourire se dessina sur ses lèvres.

Vous devez me trouver bien étrange je pense, néanmoins je dois vous avouer que vous m'êtes très agréable.
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Pélerin un dia, Pélerin siempre

Ultreïa...
Fildais
Le semi-vagabond resta muet, certainement errant dans quelques obscures pensées.

Fifi observa la silhouette sombre des arbres dépouillée de leurs oripeaux verdoyants des saisons estivales,les trouvant presque impudiques, leurs longues branches noirâtres se détachant du ciel gris. Le zéphyr joua avec les ramures de bois, fit craquer et claquer chaque brindilles des géants immobiles, les yeux en l'air la jeune fille souriait au bruit de la forêt écoutant le chant de l'univers. Le vent ébouriffant la petite blonde et les cheveux de jais. La berge était déserte, les villageois se tenaient bien au chaud près de l'âtre de leur maisonnette, Fildaïs resserra un peu sa cape contre elle, le froid se faisait plus pénétrant.

Il serait tant pour elle de rentrer mais ne coeur n'y était pas, la maison vide lui rappelait sans cesse sa solitude ce qui était de même pour les tavernes remplies de monde et de rires qui ne lui appartenaient plus.

D'une manière un peu invisible, mut par l'habitude elle rabattit la capuche de sa pèlerine d'un geste précis sur sa blondeur, enfermant son visage innocent dans le tissu de laine obscur. Ses yeux ayant gardés la candeur de l'enfance interrogea le regard de l'homme sur ses intentions , voulait-il continuer la promenade ou bien désirait-il être seul.

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Pélerin un dia, Pélerin siempre

Ultreïa...
Saens
Après avoir rangé ce qui lui restait de pain, il remonta un des pans de laines qui lui pendaient du cou sur ses oreilles, qu'il avait, fait tragique, fort frileuses. Il marchèrent sans rien dire, l'amène blonde à son bras, lui il avait les yeux qui buvaient le ciel. Ils s'abreuvaient de tout ce grand vide qui ne demandait rien. Par quatre fois il faillit se prendre à nouveau les pieds dans une racine, par quatre fois il évita candidement de valdinguer, comme protégé par le Grand Barbu en personne.

Le froid s'était installé partout, jusqu'aux poumons ce fourbe, presque palpable. Quand Saens retourna à terre la blonde s'était joliment ratatinée dans sa cape et l'avait rabattue sur la pâle rivière qui lui coulait du front. A la voir ainsi, le minois encadré de laine comme un drôle de camée, avec sa paire d'yeux bleus qui lui mangeaient le visage, il s'avoua un peu remué. Vision fugitive. Cela passa.


"Vous avez bien dit par-là ?" Il mima son geste de tout à l'heure dans un vague mouvement de bras qui englobait la berge, toute la forêt probablement jusqu'à Bourges et le ciel avec. Il se proposa de la raccompagner près de chez elle, si elle voulait retrouver la chaleur de l'âtre, et puis il s'en irait. "A moins que vous n'ayez le coeur à faire des ricochets sur l'Indre ?"
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Fildais
Elle examina avec attention les propositions du sieur, si le climat aurait été plus doux elle aurait accepté le jeu des ricochets en sachant pertinemment que ses talents de lanceuses de galets étaient sujet de moquerie de ses petits frères et soeurs. La perspective de se retrouver esseulée dans sa maisonnée ne l'enchanta guère, il y a des froids plus glacial que ce temps là, celui de l'âme solitaire involontaire. La jeune fille questionna le ciel incertain de son regard et quelques flocons aériens descendirent tranquillement tournoyant au vent. Lui demander de continuer la promenade, aurait été d'un égoïsme flagrant. Fildaïs accepta qu'il l'accompagne jusqu'à sa demeure, d'ailleurs la nuit pointait déjà sa face insolente. Timidement, elle lui demanda presque comme une faveur qu'il aurait pu lui accorder :

Vous boirez bien une tisane avec moi, cela vous réchauffera, et si le coeur vous en dit, si je suis pas trop de mauvaise compagnie, partagez avec moi une soupe bien nourrissante. Ce n'est pas de la charité, ou plus pour moi..... que pour vous...

Elle marqua un temps d'arrêt puis ajouta d'une voix plus forte qui se voulait assurée, enfin ce qu'elle croyait.

Ne vous méprenez pas, si je vous trouve inconvenant vous tâterez de mon bourdon.


Fildaïs lui sourit et observa son compagnon imprévu de balade, elle n'aurait su dire son âge, son visage mal rasé masquait les années, il semblait avoir vieilli avant l'heure. La petite blonde s'interrogea sur le vécu de cette homme tout en silence et en mystère, garda sa question en suspens dans son esprit et scella sa petite bouche impertinente.
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Pélerin un dia, Pélerin siempre

Ultreïa...
Saens
Mais enfin Fildaïs, Fildaïs, se demandait intérieurement notre vagabond, est-ce bien raisonnable que j'entrasse ? Et les cancans, et les débinages en public et sous l'oreille ? Et les clabaudeurs du dimanche, y pensez-vous Fildaïs, si un âne passe et distingue mon nez à votre table ? Avec votre ami à l'hospice ? ça va baver sévère chez les potinières, ventrevert ! Peu lui chalait - et heureusement - les médisances sur son compte, mais il se refusait à en susciter sur d'autres, et de surcroit quand il s'agissait d'une femme. Les principes, cette plaie. Cependant, la blonde savait certainement mieux que lui ce qu'il en était et de toute manière, était bien assez grande pour prendre ses décisions seule. Il hocha la tête en guise d'acquiescement.

Les cieux s'affaissaient, sûrement là-bas, derrière, le soleil qui n'avait pas brillé était en train de laisser le monde aux ténèbres, le temps de se refaire. La neige tombait petitement, comme un regret d'avoir mis si longtemps à se décider, sans trop de coeur. Elle aurait dû, et elle le savait maintenant, s'abattre plus tôt sur la terre ; maintenant le soleil s'en allait et elle tomberait en vain, sans que personne ne s'en vexe.


"Ne vous mèprenez pas, si je vous trouve inconvenant vous tâterez de mon bourdon."

Il eut un sourire doux, quasiment amusé, et hasarda à voix basse :

"Si je puis me permettre, là, c'est vous qui l'êtes."
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