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[RP] Les Geôles du Château de Pau

--Lemathon
[Le grand couloir de la prison, le matin]


Nouvelle journée dans ce long couloir humide. Les fresques gravées sur les sombres murs par la danse agitée des flammes surplombant les torches s'animaient à chaque imperceptible courant d'air. Il se demandait bien, d'ailleurs, comment il pouvait y avoir des courants d'air dans ce trou si obscur.
Moment d'une nouvelle inspection dans les couloirs, moment aussi d'amener un pain sec au nouveau locataire. Chaque matin, commande était passée fonction du nombre de prisonniers. Tant pis pour celui arrivé plus tard dans la journée. Il regarderait les autres manger. Et puis... la faim née de cette attente de 24 heures faisait oublier la piètre qualité du pain sec. "Pas plus mal", se dit-il en contemplant le morceau qu'il tenait dans sa main.
Avant de prendre son service, il s'était tout de même arrêté chez la boulangère. Le Genevois n'avait pas mangé la veille, aussi, il demanda un pain sec avant de passer commande pour plus tard dans la journée.

Charité ? Le sort et l'appétit de ce Kartouche lui importaient bien peu. Simple pretexte pour ajouter quelques mots à un déjà court échange trop fugace. L'occasion aussi de se donner une contenance humanisée, probablement, à lui qui perdait chaque jour un peu plus de son humanité dans ce trou.

Un "V" gravé dans la pierre, un homme allongé derrière des barreaux.


- Kartouche, du pain pour vous! Levez vous.

- Et nous, pas de pain ? Pourquoi lui, et pas nous ?!

Il se tourna vers le prisonnier d'une cellule voisine.

- Du pain, vous en avez eu hier, pas lui. Si tu veux en avoir plus tard dans la journée, ferme-la, et remercie plutôt le Comté de te nourrir, vil faquin!
Kartouche
[La V]

Il somnolait encore, le magnifique Kartouche, lorsqu'il fut réveillé par la voix impérative du grand Lemathon. Il avait beaucoup réfléchi, sur cet homme, étonné par sa place dans cette prison. Apparemment, il avait les faveurs du chef-maréchal. Et puis, il savait lire et écrire, ce qui est anormal pour un geôlier. Surtout, son expression ampoulée n'était pas celle d'un gueux. Des mystères qui ne cessaient de s'épaissir. Ce matin, en l'écoutant, l'attentif Kartouche se rend compte qu'il lui dit "vous", alors qu'il tutoie les autres. Et qu'il les traite de "vils faquins". Ce n'est pas normal, tout cela, il faudra l'éclaircir. Il se lève et s'approche de ses barreaux, méfiant. Sa voix retentit, forte, comme s'il voulait montrer qu'il est traité différemment. Un diable, ce Kartouche.

«Du pain, pour moi ? Merci, l'ami.»

Il regarde la miche, à travers la grille.

«Bwaah, il est tout sec, je parie... j'aurais dû m'en douter. Mais c'est mieux que rien, merci, hein ?. Il va passer, aujourd'hui, Patrocle ? Parce que j'aurais deux-trois papiers à lui donner. Ah non, attendez, je vais vous les donnez et vous les enverrez pour moi. Vous pouvez lire si vous êtes curieux...»

Se retournant, il cherche les quelques parchemins maculés la veille, qu'il a tôt fait de retrouver dans le dépouillement de sa cellule. Il les passe à Lemathon, entre deux barreaux.

«Voilà. Il y en a une pour Bordeaux, une pour Paris et l'autre pour ici. Ça m'arrangerait qu'elles ne traînent pas trop longtemps sur votre bureau, si vous voyez ce que je veux dire.»

Le machiavélique Kartouche sourit au garde. Il fait montre l'endroit où il attache d'ordinaire sa bourse et fait mine de donner quelque chose de plus à Lemathon. Sourire entendu.

«Quand je pourrais. Au fait, vous n'auriez pas une torche, pour m'éclairer ? La chandelle est fichue.»
Acar
En ce froid mastin, il arpenta les rues encore sombre pour se rendre en visite intra muros des hauts murs de la prison Paloise.

Le vent faisait son office et pour resister à sa piqure il fallaict purement ne poinct se trouver en dehors...

Ainsi, il alla devers le premier garde, lui présenta lettre de créance et se fict accompagner en l'intérieur de la citadelle de pierre de taille.

Icelieu, l'humidité régnait en maistre et l'usage de la torchasse fuct requis pour ne poinct buter dans une marche ou simplement poser le pied sur l'une d'elles suffisamment glissante pour vous descoller du sol.


Monseigneur, l'engrillonné est plus loin
, mouvement de la main, je vous laisse donc avec Lemathon...

Il s'avansca vers l'austre garde et entendict la desmande de l'emprisonné et se faisant, il tendict sa torche au plus près des barreaux de plein fer.

Profitez-en messire, la lumière arrisve à vous, mais n'en abusez poinct, rien ne prouve que demain ne sera point ombre permanente, icelieu !


Il salua néanmoins le sieur, novellement journaliste de ce comté... Puis, ce faisant, il ajouta
: Voyez comme le monde devienct petit, nous nous-croisons bien souvent mais poinct assez, ne trousvez-vous ?

Permettez-que nous palabrons ?

_________________
Kartouche
Il s'attendait à ce Lemathon prenne les lettres qu'il lui tend, et voilà que débarque Acar. Il retire vivement la main qu'il avait glissée à travers la grille, et jette les papiers en arrière.

«Tiens, mais qui voilà ! Mon vieil ami, comment vas-tu ? Je te croyais à Genève... Dis-moi, je ne t'ai pas demandé, l'autre jour, mais tu attendais quelqu'un, devant la piaule à Zarathoustra ? Tu me semblais bien bien préoccupé et pas très causant.»

Kartouche va s'asseoir sur sa paillasse, dos au mur, bras autour des genoux.

«Bon, qu'est-ce qui me vaut ce plaisir ? Tu veux causer ? Vas-y, je t'écoute. Mais je ne promets pas de répondre. Et je n'ai pas beaucoup de temps.»
Acar
«Bon, qu'est-ce qui me vaut ce plaisir ? Tu veux causer ? Vas-y, je t'écoute. Mais je ne promets pas de répondre. Et je n'ai pas beaucoup de temps.»

L'incroyable Kartouche n'avaict poinct beaucoup de temps...

Cher ami... Peut-estre est-ce un peu fort pour desbuter, néanmoins,vu que ton temps se fait prompt, pour commencer je vais donc respondre !
Ce jour, devant le bureau de l'AAP, je venais, si le sieur du lieu estait de mauvaise foy envers ses escrits, y mesttre le feu !!

Le destin en a descidé autrement... Quand tu es ressorti de ce lieu, l'on venaict de m'informer du bon droict de Zarathoustra et je m'en retournais, presque contrarié... te voici informé !

Mais mon but est austre...
Il se tuct un mosment pour mieux desvisager son "ami".

De toi à moi, pourquoi ne deviens-tu poinct Béarnais ? Compterais-tu repartir, pendant que certains des tiens s'y installent ?

Il se gratta le menton...

j'aimerai bien savoir ces faicts, car voyanct le nombre de tes procès en cours et ta régulière présence en ce comté, je me desmandais si le jeu en vauct vraiment la chandelle.

_________________
Kartouche
Assis contre le mur, le nonchalant Kartouche prend son temps avant de répondre. Il était lassé de devoir faire à nouveau une de ces réponses bateau sur le sens de la guerre. Sur ses conséquences et son but, aussi. A tel point qu'il décida de répondre un peu à côté, au cas où -ne sait-on jamais ?- Acar le prenait au sérieux.

« Et si l'on posait la question dans l'autre sens : pourquoi deviendrais-je béarnais ? En effet, qu'ai-je à gagner à m'installer dans ce pays où j'ai mené la guerre, dans ce pays que j'ai ruiné parce que c'était la volonté de ma cité ? Qu'ai-je à faire dans cette région inhospitalière et accidentée, sans âme et sans histoire, où je n'ai point d'attache ? Et puis, tous ces procès que tu sembles voir (je n'en ai eu qu'un seul, toutefois), ne devraient-ils pas me pousser à quitter au plus vite cette province maudite ? Les faits, quant à eux, sont simples et se passent de commentaires : je suis retenu ici, par la volonté d'un zélé maréchal. Je ne m'en plains pas, d'ailleurs.»

L'agacé Kartouche se gratte le dos. La paillasse devait être remplie de cloportes.

«C'était cette simple interrogation qui me valait cette visite impromptue ? Si tu n'as rien à ajouter, je m'en vais retourner à mes occupations et te laisser aller, bienheureux. J'ai, comme tu le vois, de quoi faire...»

Il esquisse un geste du bras en direction des parchemins, mais dans la pénombre de sa cellule qui n'est plus éclairée qu'à travers la grille par les torches dans le couloir, il est improbable qu'Acar n'ait vu quoi que ce soit. Ni le geste, ni les papiers.
--Lemathon
Lemathon attendit qu'Acar s'éloigne pour s'approcher de Kartouche. Il croisa le premier en inclinant la tête avec respect, puis se tint droit devant la cellule V où Kartouche semblait s'être placé de lui-même en retrait.

- Donnez-moi votre courrier. Je vais voir si je peux l'expédier.
Et... Quand à vot' chandelle, je vous trouverai ça, mais de grâce, ne me sous-estimez pas en me proposant ces écus.


Vrai qu'il ne ressemblait pas à un noble, Lemathon, et il le savait bien... Malgré tout, il s'était sentis sali par la vaine tentative du prisonnier de le soudoyer.
Quoiqu'il en soit, il tendit sa main en direction de Kartouche, ses doigts en attente des plis de l'helvête.
Acar
Il avaict vu l'homme s'en restourner plus profond en sa cellule, la silhouette vite noyé par la pénombre et enveloppé d'une odeur intemporelle.

Si je te posais cette question, c'estaict pour enstendre cette response-ci, ce qui m'emmène à te desmander pourquoi certains des tiens, Genevois, descident d'y vivre en ce Béarn ? Vu le risque énorme d'une si mauvaise vie.

Mais tu me respondras une prochaine fois, je sais que ton temps est compté !


Tout en asvancant, il lesva la main sénestre pour le saluer... Puis tapota, au passage sur l'espaulée du garde et lui dict : Garde, veillez bien sur lui, l'homme sait jouer des sentiments, du verbe, voire de l'argent... Méfiance.
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Kartouche
« Merci, Acar, ta visite était plaisante. Sincèrement. Et que tu t'inquiètes pour nous autres, ça me touche vraiment. Mais... la guerre se terminera bien, un jour ou l'autre. »

Le magnifique Kartouche répond nonchalamment au salut d'Acar et le regarde s'éloigner. Lemathon, qui n'avait pas réagi à l'incursion du chevalier franc, l'invitait à lui transmettre sa correspondance, ce que s'empressa de faire Kartouche, se relevant et saisissant les lettres. Il les passa au garde, sans avoir cette fois-ci le langage corrupteur qu'il tenait avant l'entrée d'Acar. L'homme n'était pas du genre vénal, son devoir passait avant sa faim. Et c'était respectable, somme toute.

« Hmm, bref, c'est gentil si vous pouviez les faire suivre. Pas que ma vie en dépende, loin de là, mais elles ont leur importance. Et puis... elles n'offensent ni la comtesse, ni ses courtisans. Et merci pour le pain, l'ami ! »

Laissant Lemathon vaquer à ses occupations, Kartouche s'en retourne s'adosser contre le mur, sans se rendre compte qu'il n'a plus d'autre lumière que celle qui se glisse sinueusement depuis le couloir, à travers les barreaux de sa cellule. Après cette première journée en cellule, il a l'esprit vidé et ne songe plus à occuper son temps par l'écriture. D'ailleurs, ses sujets pressants sont épuisés. Il mange, à petites bouchées la miche de pain que le garde lui a magnanimement apportée, tout en à ce même geôlier. Il reste pour le perçant Kartouche une énigme impénétrable, et chacun de ses actes ne fait que complexifier sa figure aux yeux du Magnifique. C'est bien la première fois qu'il tombe sur un surveillant qui refuse de recevoir quelques piécettes en échange de menus services.
Armoria
Paf ! fit le poing droit en frappant la paume gauche.

Morbleu, cette engeance est décidément par trop frustrante ! A chaque fois que je pense les affronter, ils se terrent : à la fin, c'en est trop !

Ainsi fulminait la blonde et pieuse princesse, arpentant d'un pas rageur la chambre transformée en bureau. Rien n'était venu apaiser ce sentiment, pas même le sacro-saint bain du samedi - le seul de la semaine où le lait d'ânesse, ruineux mais si efficace, venait se mêler aux rituelles effluves.

Il y en a sans doute quelques-uns en prison, Votre Altesse ? fit Lambert, à quatre pattes sur le sol, occupé à ramasser les documents que la déambulation nerveuse de sa maîtresse faisait choir, quand les lourdes manches de sa robe de velours battaient l'air à chaque demi-tour.

Et ? Ce n'est guère là qu'ils agissent, je cuide : qui vont-ils tenter d'y convaincre ? Des voleurs qui déjà n'ont ni foi ni loi ? Bah !

Elle s'arrêta un instant, pour la plus grande joie du valet, qui put enfin se relever.

Remarque que peut-être, les comparses de ceux qui sont enfermés tentent de leur faire passer quelque message... et seraient donc dans les parages, rima-t-elle sans s'en apercevoir. Allez ! Mon étole, ma cape et mon manchon ! Je m'y rends scéance tenante.

Une fois sur place, elle se fit annoncer, demandant d'un ton ne laissant guère de place à la réplique qu'on la conduise vers les prisonniers hérétiques.
_________________

Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Kartouche
[Lundi 1er février, cellule V]

Bien des jours avaient passé depuis la visite d'Acar. Le seul contact du patient Kartouche avec l'humanité était le passage quotidien du geôlier qui apportait le pain. Il n'avait pas reçu de courrier, et ne savait même pas si Lemathon avait transmis ses lettres. Une ignorance propice à toutes les spéculations, qui allaient de l'utilisation des lettres comme allume-feu à la divulgation de la liaison -ne vous méprenez point sur le sens d'une simple correspondance épistolaire- que Clemence entretenait avec ce gredin d'hérétique genevois.

Toutefois, aucune de ces interrogations n'était de nature à le tourmenter. Car il y a deux catégories d'êtres humains, qui sont infailliblement révélées par un séjour en prison : les premiers sont les impatients à l'esprit fiévreux, obnubilés par leur vie ici-bas -ceux-ci deviennent hystériques s'ils sont incarcérés trop longtemps-, tandis que les seconds sont les hommes apaisés que les perspectives terrestres n'effraient point -ceux-ci sortent de geôle plus sages et calmes qu'auparavant. Et Kartouche, définitivement, était de la deuxième catégorie. Ainsi, il regardait imperturbable passer les jours avec placidité. Et sans amertume, car les citrons ne sont pas amers.

De l'extérieur, il n'avait aucune nouvelle. Lorsqu'il avait été arrêté, l'Amiral commençait tout juste à négocier avec les autorités comtales, et les genevois tablaient avec optimisme sur une sortie rapide du Béarn. La guerre, tout le monde s'accordait à le dire, n'avait que trop duré. Et puis l'arrivée annoncée d'Armoria faisait fonctionner les esprits à toute allure. Que ce serait amusant si le conflit pouvait être réglé, et les sicaires libres de partir, avant l'entrée de la princesse en terres béarnaises. De quoi provoquer de longues disputes. Ou de jolies moqueries. De toute manière, quelle que soit l'issue, les réformés genevois sortiraient vainqueurs du conflit : ils auraient été traités comme des interlocuteurs diplomatiques à part entière, malgré tout ce qu'avait fait Rome pour éviter cela. Indéniablement, on pouvait conclure que la curie ne régissait plus le monde terrestre, et en ce sens, l'oeuvre initiée par Izaac voici deux ans s'approchait dangereusement du but ultime que se fixaient les réformés.

Ce jour-là, le panetier n'était pas encore passé. Le bonhomme Kartouche, sur qui la diète de ces deux dernières semaines se voyait à ses traits tirés et émaciés, occupait ses pensées aux mêmes sujets que les derniers jours, sans guère de variations. Ce qui fait penser au narrateur qu'après tout, les gens de la seconde catégorie pourraient bien finir plus fous que ceux de la première en sortant de prison. Mais c'est une autre histoire, et il semblerait que les songeries de Kartouche -pour le plus grand bien de sa santé mentale- ne soient interrompues sous peu.
Armoria
Armoria: *mouchoir vanillé délicatement posé sur le nez - la prison, c'est tout sauf une bonbonnière - elle se laisse guider jusqu'à la cellule, restant à l'extérieur, contemplant pensivement son contenu, non sans une pointe de curiosité, après avoir signifié au gardien de s'éloigner hors de voix mais pas de vue*

*Kartouche, le regard perdu contre les pierres inégales qui forment son proche -et limité- horizon, sent un mouvement à sa droite, dans le couloir. Et une lumière, surtout, inhabituelle du passage des gardes qui se contentent des torches accrochées ça et là. Il tourne la tête vers la grille, curieux. Il prend avec étonnement connaissance de la nouvelle arrivée. Il n'a absolument aucune idée de l'identité de la personne, et son esprit se met à spéculer à toute allure. Ce ne peut être la comtesse, elle ne se promènerait pas seule dans la prison. Mais serait-ce la procureur, qui l'a convoquée l'autre jour, avant qu'il ne se fasse arrêter ? Ses yeux interrogateurs restent posés sur le mystérieux visiteurs quelques instants, mais il ne dit rien.*

Armoria : *La garde sur les remparts ne se fera que ce soir, et elle est toujours en robe, braies et chemise attendront. Les lèvres s'incurvent dans un lent sourire, et la voix qui s'élève est posée, avec cette pointe de raucité qui s'adresse directement aux braies masculines - sa voix naturelle*
Eh bien, les petits chats me fuient si fort que je dois me rabattre sur ceux qui sont en cage pour enfin en voir un en face...
*le mouchoir quitte le nez, qui se fronce un instant. elle s'y fera*

*Kartouche sursaute à l'abrupte interpellation, ses bras nonchalamment passés autour des genoux se crispent. Son interlocutrice doit être une émissaire romaine, pas possible autrement. Sourcils froncés, il parle, d'une voix faible, presque éteinte.*
Dame, vous me voyez ravi que vos désirs soient exaucés. Et ravi aussi de cette impromptue visite ; est-ce votre frère Acar qui vous a parlé de moi ?

Armoria: *Le sourire s'accentue, révélant une carnassière pointe de canine. la féline se fait joueuse. le sourcil gauche se lève, ironique*
Eh bien, disons que les précédentes invitations que j'ai reçues de votre... patron ? Enfin, qu'importe son appellation à vos yeux *la main droite balaie le sujet d'un revers négligent* Sanctus : il m'avait aimablement conviée à ma propre mort, mais se terre toujours lorsque j'arrive.
*ajoute comme si elle avait oublié de le préciser*
Oh... Pour vous, ce sera "Votre Altesse".»
*le regard se fait aigü pour étudier l'effet de ces mots*

***Kartouche ferme les yeux, comme pour mieux songer. Dans quelle farce le mène-t-on là ? Serait-ce Armoria en personne, seule dans ce couloir froid et puant ? Il peine à y croire, mais pourtant...*
Votre Altesse est la princesse Armoria ? Les rumeurs parlaient pourtant d'une guerre en Provence. Et donc, vous cherchez Sanctus ? Je crains ne pouvoir vous être d'une quelconque aide. Depuis le temps que je moisis ici, j'ai perdu sa trace.»
*Il garde cette pointe de nonchalance dans sa voix. Princesse ou pas, il reste Kartouche le genevois. Et cette fausse politesse n'est rien d'autre que le produits de vieilles habitudes diplomatiques du Magnifique.*

*Armoria s'installe nonchalamment sur le siège que lui avait avancé le garde avant de la laisser, un grossier tabouret, et retire son étole pour la poser sur ses genoux, restant tête nue.
Il se trouve que j'ai la vilaine habitude de tenir mes promesses : et j'avais promis de venir ici. Vous avez le choix entre croire ou non en mon identité : aucune importance.

Kartouche : Je vous crois volontiers, Votre Altesse, cela fera toujours belle histoire à raconter à ma progéniture. Si tant est que j'ai l'occasion d'en avoir. Mais, dites-moi, la recherche de Sanctus n'était assurément pas votre motivation principale à venir ici. Que puis-je pour vous ? Pas que je sois disposé à offrir mes services à la Couronne, loin de là, mais que je sache à quoi m'en tenir.
*Kartouche regarde Armoria de ses yeux perçant la pénombre. Ces dix jours en prison, passés dans la solitude de ses pensées, ont affûté son esprit : il ne supporte plus les rodomontades et autres insinuations interlignes. Qu'on en vienne au fait, c'est tout ce qu'il veut. Et il l'a dit sans ambages.*

Armoria : Plaise à Dieu de me donner un jour l'occasion de vous empêcher de vous reproduire, à vous et vos semblables.
*Le sourire se fait charmant malgré la rudesse des mots choisis. Elle prend tout son temps. Elle -a- tout son temps.*
Que diriez-vous que je vous charge d'un message pour vos... amis ? Puisqu'ils sont manifestement par trop timides

Kartouche : Si cela vous sied, Altesse. Après tout, je suis un peu sur vos terres, et je suis un terrible légaliste qui obéit à l'autorité. Cela étant, de ma position, j'aurais bien de la peine à leur faire part de la chose. Si vous voyez ce que je veux dire...
*Kartouche tourne ostensiblement la tête, en direction du mur du fond, puis fixe à nouveau Armoria à travers les barreaux, comme s'il pointait la grille de son nez.*

*Armoria hausse les épaules d'un geste exprimant la déception*
Hélas, hélas, les gens confondent compassion et faiblesse : aussi suis-je persuadée que les petits chats en cage seront sous peu en liberté. Vous dont la seule place est le bûcher, et de belles et hautes flammes pour purifier cette absence d'âme qui fait de vous des animaux
*Ton calme et de nouveau le sourire charmant*

*Kartouche ne peut s'empêche d'esquisser un sourire, cette fois-ci. C'est un sujet passionant qui est attaqué.*
Cependant, notre absence d'âme ne vous empêche pas de vous adresser à moi, Altesse. Je suis flatté de cet état de fait. Car vous reconnaissez ainsi que nous avons droit à vivre et à penser. C'est bon. A votre place, je ne me serais guère posé de question et aurait écrasé la tête de l'hérétique en face de moi d'un bon coup de hache. Une vague histoire de principes auxquels se tenir, Altesse.

*Armoria lève une main pour l'interrompre*

Kartouche: Cependant, puisque le sujet semble vous tenir à coeur, j'esp...
*Ayant aperçu le geste d'interruption, il retient ses paroles.*

Armoria: Garde ta salive, hérétique, et tes faux prêches avec elle : garde-les pour ceux qui portent le doute en leur coeur, et si possible, étouffe-toi avec.
*Voix excessivement douce*
Les corneilles savent parler... Et l'on parle à son cheval.
Tes semblables et toi avez en effet bien de la chance de n'être point entre
mes mains *éclat soudain métallique dans les yeux verts*

Kartouche : Mais le cheval, pas plus que les corneilles, ne vous répondent point, Altesse.
A moins qu'ils n'aient pour votre princière personne des égards qu'ils n'ont pas pour un pauvre bourgeois genevois...

Armoria: Il vous reste le fonctionnement humain, à défaut d'âme : pour le reste, un cheval a plus grande valeur - et une corneille itou
Armoria: Donc, ce message...

Kartouche : Hehe, il y en a un qui rêve de s'abandonner à vos bras, Altesse... Mais dites ce message, avant que je ne sombre par ennui dans le sommeil qui me tend les siens, de bras.

Armoria: Il y en a plus d'un qui en rêve, de mes bras... Je voudrais que tu répètes - puisque malheureusement tu seras en état de le faire - à tes... amis que je ne leur cèderai jamais de terrain. Que si les gens se perdent, je ferai partie de ceux qui les aideront à se retrouver. Qu'enfin, je me battrai pour chaque âme que vous essaierez de perdre... Et que je ne crains aucun d'entre vous.

Kartouche : C'est noble, Altesse, et en parfaite concordance avec le rôle qui est le vôtre. Mais tout ceci, nous le savions déjà. Maintenant, à mon tour de vous dire quelque chose...

Armoria: *De nouveau, le sourcil se fait ironique en attente de ce qu'il va dire*

*Kartouche laisse un instant de silence, avant de reprendre, la voix toutefois un peu moins calme qu'auparavant.*
De même que vous ne renoncerez jamais, aucun de nous ne s'arrêtera, vivant, de s'efforcer d'ouvrir les yeux de ses contemporains. Et contre cela, nulle épée, nul bûcher ne peut rien. Vous le savez, Rome le sait, et nous le savons. Petit à petit, notre oeuvre se fait, et le pouvoir indû des pourpres cardinaux sur ce monde s'affaiblit. Les autorités béarnaises n'ont-elle pas négocié avec certains de mes frères, malgré les interdits romains ? Vous-même, Altesse, ne vous êtes vous point vigoureusement élevée contre les décisions de la curie ? Ces signes-là ne trompent personne...
Mais, au fait, savez-vous pourquoi nous sommes ici ?

*Armoria se réjouit de son changement de ton. elle aime donner des coups de griffe*

*Kartouche, sur l'expectative, regarde la princesse. Il s'attend à ce qu'elle renvoie tout en bloc, sans prendre la peine de s'attarder sur ces petits détails, et qu'elle lève le camp. Une Grand Maitre de France doit avoir autre chose à faire que deviser gaiement avec un ennemi de la Couronne et de l'Eglise. Rictus ironique sur son visage.*

Armoria, tout à fait détendue : Allons, l'hérétique... Rien de ce que tu me pourras dire ne me fera vaciller. Je pourrais même me passer de te répondre : mais je vais le faire néanmoins, car tel est mon plaisir, et parce que je suis sereine. Ce n'est pas Rome que je décrie, juste quelques personnes ayant oublié les bases. Rome est Rome, et le restera. Et il y a les Evêques. Et il y a les prêtres. Et il y a les diacres. Et il y a les Sainctes Armées. Et il y a les croyants... Sais-tu qu'en une semaine à peine, nous avons réuni quatre armées, au seul appel de Rome, que j'avais relayé ?
*sourire suave, et voix de même, regard presque caressant : elle se régale*
Quatre armées... En quelques jours... Songe bien à cela, l'hérétique.

*Kartouche esquisse un sourire narquois.*
Il y en avait six, en avril 1456.

Armoria: De moindre taille... En moins de temps. Et hors période d'alerte

Kartouche: Cela dit, ce n'est pas parce que vous êtes irrémédiablement perdue que nous cesserons de nous battre, nous autres gens de la doctrine genevoise. Nous ne sommes pas venus ici pour évangéliser les peuples, et vous le savez aussi bien que nous, votre Altesse. Tout ceci n'est qu'une vulgaire manipulation de Rome, transformant guerre d'états en agression religieuse.

Armoria: Vous pillez sous couvert de croyance dévoyée... Vous prêchez sous couvert de pillage : blanc bonnet, bonnet blanc, et tout dans le même sac. *sourit* Enfin, au bûcher, veux-je dire

Kartouche: Tout de suite les grands mots... Mais ce pillage auquel vous faites allusion, ce n'est rien d'autre qu'une prise de guerre, au même titre que les prélèvements des troupes françaises en Berry, à l'instar de ce qu'aurait enlevé l'amiral Alcalnn des entrepôts provençaux, s'il en avait eu le temps. Il est regrettable que les papistes soient parvenus à faire de ce contentieux temporel une croisade contre ...hmmm... l'hérésie.

*Armoria se penche vers une sacoche qu'elle avait posée contre le mur en arrivant, en sort un objet qu'elle lui montre, le sourire se fait gourmand*
Tu connais, ça ?

*Il regarde l'objet avec intérêt.*
Votre Altesse me dira si je me trompe, mais cela ressemble à un collier. Un drôle de collier.

*Armoria le fait tourner entre ses doigts avec la douceur d'une amante*

Kartouche: Mais je doute que les intentions de celui qui le fait mettre ne soient louables.

Armoria: C'est le genre de collier réservé à ceux de ton espèce... Il y en aura un à ton nom, si le coeur t'en dit... Ton nom, au fait ?
Les fourches s'appuient ici... *touche le haut de son propre buste* et là *touche le dessous de son menton*
*prononce le tout d'un ton presque rêveur*

Kartouche: Kartouche, bourgeois de la bonne cité de Genève. En temps normal, j'eus ajouté "pour vous servir", mais je crains que cela ne convienne guère à la situation présente.
*Kartouche regarde la démonstration avec curiosité.*
Kartouche: C'est bien ce que je me disais...

Armoria: Je crains que ce ne soit fort douloureux... *lèvre boudeuse et ton de petite fille*
*range sa fourchette à hérétiques dans la sacoche, se lève et remet son étole*

Kartouche: La foi vainc la douleur.

Armoria: Tu n'as jamais vu un hérétique torturé puis brûlé, pour dire cela
*se penche vers la grille et murmure d'un ton très doux* Ils renieraient leur propre mère juste pour avoir droit au garrot avant les flammes... Crois-moi

Kartouche: Et puis, vous voyez, votre Altesse, tous vos beaux instruments, ils n'amèneront jamais un repentir sincère. Ce n'est pas ainsi que vous vaincrez.

Armoria: Le repentir issoit d'une âme... Encore faut-il pour cela en avoir une. Abjurer, en public, est chose suffisante à mes yeux.

Kartouche: C'est chose de façade. Et les murs, de nos jours, ont tendance à se lézarder.

Armoria: Du moment qu'ils s'écroulent sur toi et les tiens... C'est un moindre mal
*s'étire voluptueusement* Ce tabouret m'a rompu les reins... Chacun sa torture... Et n'oublie surtout pas mon message
*tapote sa sacoche d'un air complice* ... Mes messages

*Kartouche reste silencieux un instant. N'a-t-il plus rien à répondre ?*
Votre Altesse a raison, c'est un moindre mal, et il ne saurait de ce fait nous annihiler. Mais bien malin qui saurait lire l'avenir.
*Il regarde la princesse se lever.*
Je n'oublierai point, mais j'ose espérer que vous n'oublierez pas non plus que vous êtes ici par le fait d'une vile manipulation romaine, votre Altesse.
Le Tout-Puissant vous garde ! Et je suis navré de n'avoir pu vous offrir meilleur accueil.

Armoria: Sache que nul ne me manipule : j'use du libre arbitre dont Dieu m'a fait cadeau, et j'agis selon ce que ma conscience me dicte.

Kartouche : Votre Altesse ne sait donc pas pourquoi nous sommes ici, nous autres genevois ? Il est regrettable que vos secrétaires n'aient point jugé bon de porter cela à votre connaissance. Mais, ma foi, maintenant que vous êtes ici, autant en profiter.

Armoria: Vous y êtes, et cela ne me sied. Quelle qu'en soit la raison.
Que Dieu me garde, en effet... et qu'Il vous fasse comparaître avant que de vous envoyer sur la lune.

Kartouche : Je crois que devant Deos, cette raison aura son importance. Mais le temps de comparaître devant lui n'est pas encore arrivé, ni pour votre Altesse, ni pour moi.

Armoria: C'est Lui qui en est seul juge

Kartouche : C'est un point sur lequel notre foi s'accorde.

Armoria: Tu sais quoi ? Grâce à vous, les lois royales vont se durcir envers les hérétiques : merci donc, de me permettre de peser de tout mon poids dans ce but *demi-sourire*

Kartouche: Et ceci ne fera qu'accentuer notre position de martyrs.
*Kartouche sourit, une lueur machiavélique dans les yeux.*

*Armoria se met à rire doucement*
Tss tss... Me crois-tu donc si sotte ? Ne m'accordes-tu point la moindre subtilité ?

Kartouche: On accorde beaucoup de grâces et de vertus à Votre Altesse, mais je crains qu'en ce domaine, vous manquiez quelque peu de recul.

Armoria: A dire vrai... Passer pour une idiote est de loin ce que je préfère : cela me donne plus de marge, et l'on sent moins le coup venir.
Sur ce, je pense que nous nous sommes dit l'essentiel
*fait signe au garde*

Kartouche : Je ne crois pas ; au contraire, nous n'avons fait qu'effleurer le superficiel. Aller à l'essentiel ne nous est pas dévolu.
Adieu, princesse. Et n'oubliez pas...

Armoria: Ne pas oublier... Bonne idée *donne la fourchette au garde, avec des piécettes* Mon brave, tu accrocheras ceci devant la cellule : juste à la vue
*un dernier regard de défi vers le prisonnier, et elle s'éloigne*

Kartouche : Je ne suis pas sûr que des pièces lui fassent effet, à lui.
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