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Info:
Troisième rencontre entre Maeve Alterac et Eikorc de Nerra, au sujet de Gaspard de Nerra, amoureux de la première, neveu du second. Maeve sera chargée par Eikorc d'un message à transmettre à Gaspard.

[RP] Une écuyère, un mercenaire... un neveu, un amoureux.

Maeve.
Elle crapahutait dans le camp de l’armée depuis quelques jours, presque semaines. Souvent alourdie par une pièce de l’armure de Snell dont elle devait s’occuper, ou juchée sur son jeune cheval qu’elle doit terminer de dresser, et apprivoiser, elle se promène entre les tentes et les soldats. C’est ainsi qu’au détour d’une conversation elle apprend, l’air de rien, l’arrivée de la Zoko sur la Bourgogne.
Elle la connait, la Zoko, elle n’en a pas peur. Ses boucles rousses sont retenues –plus ou moins bien- dans son dos par une barrette d’argent à la forme de serpent, offerte par une Féline il y a quelques années, à Joinville… Alors que la rouquine revenait d’un Limoges qui l’avait amochée, alors qu’elle redécouvrait un colosse fou, alors qu’elle se réconciliait avec sa mère. Elle n’en avait pas peur, tout du moins. Mais d’une oreille qu’elle souhaite discrète, elle écoute pour autant ragots et racontars des fantassins de son maitre…


- Ouais parait qu’sont dans l’coin les Zoko…
- Qu’ils s’tentent à la bourgogne… z’auront mal !
- Bah tiens… vu c’qu’ont leur z’a fait la dernière fois…
- Ouaip… c’t’étonnant qu’ils z’essaient !

Depuis le temps qu’elle traine dans le coin, la jeune Alterac, les vieux soudards s’y sont habitués. Et puis une gamine, ils auraient eu du mal, mais une jeune fille balafrée écuyère sérieuse de leur chef, ça passe tout de suite mieux, même s’ils évitent de cracher sur Snell quand elle rôde dans les parages. Toujours est-il qu’elle entend la nouvelle… Le soleil est couché depuis longtemps, le givre couvre déjà la moustache de certains des hommes qui s’éloignent du feu, et sagement elle rentre dans sa tente, qu’elle a pour elle seule, étant donné qu’on lui interdit de la partager avec Gaspard ou Cassian.
Après une nuit à souffler de la buée, à se remuer dans sa couverture à en faire un champ de bataille, elle se réveille, comme toujours, une heure avant les première lueurs. Dans l’obscurité elle attrape son arc, ses flèches, elle revêt bas, chausses, bottes, chemise, pourpoint, cape. Les informations trottent toujours dans sa caboche, mais pour l’instant, les idées ne sont pas claires, et elle enfourche Fernand, l’œil vague, filant vers un coin à l’écart, où elle pourra s’entrainer. Ces heures du matin qu’elle préfère, ces heures où seule elle perfectionne un art qui lui sera bientôt interdit.

Sans relâche, pendant deux heures, elle tire des flèches, les récupère, encoche, vise, plante et retire. Sous la tignasse rousse, ça cogite. Gaspard, bien sur. Sa relation avec le jeune brun qui était jusqu’il y a peu son presque frère, qu’elle aurait protégé jusqu’à la mort. Qui est devenu son amoureux, pour lequel elle mourrait sans réfléchir. Gaspard, qu’elle avait toujours vu comme un enfant, qui l’avait aidée à reprendre le sourire pendant leurs deux années à Louhans.
Qui, à son retour de Lorraine, s’était avéré plus jaloux… Et avec qui elle avait discuté, longuement, pour qui elle s’était découvert un amour qui avait mûri depuis longtemps, qui émergeait seulement maintenant qu’elle n’était plus obnubilée par son chevalier, et qui prenait toute sa force et son ampleur, nourri par leurs différences.
Gaspard, dont l’oncle était l’un des mercenaires les plus connus des royaumes, un mercenaire qu’elle avait rencontré, un mercenaire qu’elle ne craignait pas, forte de ses certitudes. Petit à petit dans sa tête l’idée fait son nid et alors qu’elle range son matériel, tandis qu’elle rentre chez elle se laver sommairement, remiser son arc, s’habiller proprement, elle y pense.

Braies d’un cuir aussi noir que ses bottes, usées mais propres. Chemise assortie, pourpoint de cuir bouilli rouge, aux couleurs de son blason. A son coté elle glisse dans son baudrier l’épée usée piquée dans une des salles d’entrainement ; sur sa cuisse, une dague travaillée, attachée par un lien de cuir. Pas de bouclier, rien d’ostentatoire. La psyché dans laquelle elle ne jette qu’un œil revoie l’image d’une fille de bonne famille, pas aussi riche que la sienne, eu égard à l’usure de sa mise, concentrée plus sur l’apprentissage des armes plutôt que des usages de la Cour.
Sans prendre garde aux mirettes tournées vers elle alors qu’elle enfourche son cheval tout juste sellé, elle serre cuisses et mollets, droite, afin de le faire avancer. L’armée se quitte sans un regard, bientôt elle sera de retour. Pourtant, la demoiselle connait les dangers de la promenade solitaire. La balafre qui marque sa joue le montre bien assez. Mais ici, elle se sent en sécurité.

Une fois les barrières franchies, la liberté se saisit des boucles en les faisant voleter, minois rosi par un froid cinglant, larmes roulant, arrachées par le vent, sur les joues… Elle sourit, Maeve, de parcourir à nouveau des lieues sans avoir d’ordre, ni rien. Elle a demandé permission sans préciser… « Pour Gaspard », elle l’obtient. Elle sera revenue avant le départ, elle en est certaine. Quelques lieues… un rendez vous impromptu, et revenir.
La décision est prise… il ne reste pas d’autre choix, selon le code de conduite d’une jeune femme qui est bien plus sage qu’elle ne devrait l’être. A voir trop de choses trop vite, vous en oubliez qu’il en reste à voir. Le chemin s’entame vers l’endroit où normalement stationne Eikorc… les lieues s’avalent alors que les pensées tournent dans la jeune tête de la demoiselle.


Enfin la route voit son terme et sans le savoir, elle devine les murailles de la ville. L’autorisation ne tarde pas, c’est une Alterac. Elle est bourguignonne ou tout comme… Elle donne son cheval à l’écurie à l’entrée de la ville et ne tarde pas à apprendre où loge le colosse… qui n’a pas entendu parler d’Eikorc dans ce royaume ? Rapidement elle rejoint l’antre de l’homme qu’elle considère comme son ennemi.
Mais elle est majeure maintenant. Elle connait l’arc, la dague. Elle a subi quelques entrainements. Elle n’est pas la même. Et surtout, Gaspard est son promis. Elle se doit d’être digne. Flamboyante, ou presque vu la tignasse décoiffée qu’elle présente, le manque de la robe, la rouille sur le baudrier et l’épée… elle avance.

Elle avise… un colosse à une table, dont la silhouette lui rappelle quelque chose... Plus elle est proche plus elle le sait. Feignant une nonchalance qu’elle ne ressent pas elle s’assied en face. Pose ses coudes sur la table, croise ses bras comme ses jambes, le regarde.


Bonsoir Eikorc de Nerra.
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Au revoir, Fab.
Eikorc
[Etrange retrouvaille]

Quelques jours déjà qu’ils sont arrivés… Quelques jours qu’ils sont revenus sur les lieux d’une de leur campagne… La Bourgogne. Duché qui a marqué les mémoires comme la chair… Et les cœurs pour certains. L’Anjou a été une fois de plus laissée derrière les sabots puissants des montures pour que les lieues poussiéreuses défilent sous eux… Jusqu’à quand ? Parce que comme l’a si bien relevé un borgne lors d’une des rares soirées en taverne… Ils finissent toujours par y retourner.
Mais revenir sur les lieux d’un crime, ça, il ne l’avait jamais fait… Une première pour le gigantesque mercenaire qui a pris un malin plaisir à voir les gardes et les habitants s’affoler en l’apercevant… Une découverte qu’il lui a plu, finalement.

Un sourire vient se glisser au coin de ses lèvres alors que lui reviennent les négociations avec l’aubergiste pour obtenir les chambres… Oui peut-être des membres de sa famille sont-ils morts sous la lame d’un des membre de cette compagnie, mais l’or que possède le de Nerra aura suffit à le lui faire oublier…
La nuit est tombée depuis plusieurs heures et son manteau obscur a étouffé la moindre parcelle de lumière… Les flammes dansent dans l’âtre de sa chambre et devant ses yeux se meuvent de multiples souvenirs. Le sommeil le fuit, comme toujours depuis des années déjà… Allongé de tout son long sur la paillasse qui lui sert de lit, les deux pognes glissées sur sa nuque, le colosse attend les premières lueurs de l’aube… Celles qui en ce milieu d’hiver aide à réchauffer le corps… A réveiller les muscles noués par le froid.

Un soupire s’échappe d’entre ses lèvres alors que les paupières se ferment quelques secondes… Les étoiles blanchâtres dansent devant ses pupilles, agaçant l’esprit affuté tandis que la douleur irradie dans tout son crâne… Mâchoires et mains crispées pour repousser ce qu’il masquait à la perfection. Son dernier combat a laissé autant de traces qu'il en a réveillé.
Lentement les doigts se décrispent, au moment même où la cicatrice de sa nuque le laisse en paix… Pulsation qui resteront de longues minutes à battre contre ses tempes mais qu’il peut ignorer aisément, depuis le temps… Les paupières s’ouvrent à nouveau sur l’azur métallique de son regard qui vient se fixer sur les quelques toiles d’araignées qui peuplent le plafond.

Fils blancs qui parsèment le bois brun comme le piquetage argenté qui commence à apparaître ici ou là sur les joues de la montagne de muscles… Il vieillit. Nouveau soupire qui s’envole et le torse de taureau se redresse pour que les mains épaisses viennent se poser sur les genoux… Les yeux parcourent la pièce, les armes qui l’entourent et un sourire vient se glisser au coin de ses lèvres avant qu’il n’envoie ses pieds bottés rejoindre le parquet.

L’aube n’est pas là, mais l’heure est venue pour le colossal mercenaire de descendre chasser la migraine avec quelques verres bien placés… La main gauche glisse sous l’oreiller en plume pour récupérer la dague qui y est dissimulée… Les yeux parcourent à peine les mots gravés sur la lame avant de la ranger dans le fourreau qu’il porte à la ceinture. Les gestes sont automatiques, la chemise vient à nouveau recouvrir les muscles puissants qui en tendent les coutures, l’épée et la hache retrouvent leurs places respectives… Et il sort.


Les lattes grincent sous le poids et l’attaque des bottes cloutées, le pas est vif et pourtant à contretemps… El Diablo en a fini avec ce combat, sa jambe droite supporte moins longtemps sa masse que la gauche, la dernière blessure a mis fin avec son envie de contenir cette douleur… Soulagée par une légère torsion, lui imposant un léger boitement, mais peu importe…
Les marches défilent sous lui, les regards convergent dans sa direction et les discussions tardives s’arrêtent… Un coup d’œil assassin est envoyé sur l’assemblée de soiffards et autres alcooliques avant qu’il ne se dirige vers l'un des coins du bouge, ignorant les murmures réprobateurs et les portes qui claquent…

La hache est détachée et posée ostensiblement sur la table à côté de lui, à sa droite, tandis que la main gauche s’élève pour héler le propriétaire… Il se contrefout de ce que peuvent penser les villageois, il sait qu’aucun d’entre eux, même ivre, n’oserait venir s’en prendre à un monstre comme lui… Un avantage que sa grande carcasse lui a toujours octroyé.
Les minutes comme les heures filent… Les verres s’enchainent doucement alors que les yeux passent sur les habitués qui se sont finalement remis à boire sans retenue en lui lançant à leur tour des regards mauvais auquel il répond par un autre brillant d'un éclat de pure folie meurtrière. Mais soudain son attention est attirée par quelque chose… Des pas qui se rapprochent, à peine perceptible… L’oreille se tend, le visage se tourne légèrement, juste au moment où une jeune rouquine arrive dans son dos avant de s’asseoir devant lui…
Les yeux détaillent le jeune visage qui lui fait face, la balafre qui traverse la joue est observée sans discrétion alors qu’un mince sourire vient flotter sur les lèvres du de Nerra… Le prénom revient de lui-même dans son esprit, le petit bout de femme qu’il a croisé des années plus tôt dans les geôles bourguignonnes…


« Bonsoir Maeve…
Que me vaut le plaisir d’avoir une jeune Alterac à ma table ? »

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"Pour toujours... Et à jamais."

"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Malatesta
Rien de notable ce soir, toujours la même clientèle.
Quelques paysans, fuyant le froid de l'hiver,
De sombres vagabonds, comme partout, colporteurs de sombres présages,
Parias de toute race.

Et boire, boire, boire.
Pour trouver le sommeil, ou le chasser.

Tout est calme, quelques regards menaçants, mais la rigueur de la saison semble tuer dans l'oeuf toute velléité d'échauffourée.

Et l'Italien est là, comme tous les soirs depuis un bout de temps.
A boire plus que de raison.
Le tavernier commence à le connaitre.
Le reconnaitre oui, le cerner ? Non.

La quarantaine, ou peut-être cinquante.
Ce beau visage, laissé à l'abandon.
Une barbe de quelques jours, grisonnante et négligée.
Comme le reste de sa personne.

A ce qu'il paraitrait, l'Italien irait de petit boulot en petit boulot.

Pourtant, la facture de ses vêtements ne colle pas avec un vulgaire journalier.
Et cette arrogance...

Non, si l'homme s'abaisse à travailler la terre, il le fait pour autre chose.
Un contrat, une vie à prendre ?
Oublier un passé douloureux ?
Personne ne le sait.
Même ivre mort, le bougre se contente de tituber jusqu'à la maison qu'il occupe, à quelques pas d'ici.
Avec ce même dédain.

Il ne compte déjà plus les verres, que ce soir quelque chose fait briller ses yeux.
Ce géant, qui attire les regards.
Ce soudard, qui n'est pas d'ici.
Un mercenaire sûrement.

Sa suffisance l'amuse.
Et il le contemple, avec désinvolture, un léger sourire au coin des lèvres.
Comme un défi.

Au divertissement vient bien vite se mêler l'intrigue, quand l'étranger accueille à sa table une jolie rousse.

Un autre.

Un grognement, sans quitter des yeux la table du géant.
Et effleurer son verre.
Maeve.
Si elle ne mesurait pas l’œuvre du temps sur elle-même, malgré les soucis vestimentaires qu’elle rencontre de plus en plus avec ses corsets, chemises et autres robes, malgré la force quelle développe lors de ses entrainements, malgré les regards différents, sa majorité, et son aptitude à gérer ses terres de Saint-Sornin, elle en remarque immédiatement les effets sur Eikorc.

A leur dernière rencontre, elle avait quoi… dix ans tout fraichement sonnés… Alors masquée par sa chevelure, elle cachait sa cicatrice. A peine haute comme trois pommes, l’innocence envolée, mais toujours prête à tout croire ce qu’on lui racontait. Sauf ce qu’Il lui racontait à l’époque.
Il… le Colosse dont tout le monde avait si peur, et à qui elle faisait face maintenant. Il avait vieilli. Quelques touches de givre dans les cheveux et la barbe qui ne passeraient pas avec le redoux. Des épaules moins fières, quelques rides mêlées aux cicatrices au coin des yeux, de la bouche.

Il en reste impressionnant. Ces signes du temps n’ont aucun effet sur le charisme de l’angevin. Et cette voix, puissante, qui résonne à ses oreilles comme elle avait tonné il y a quelques années. Et elle flippe un peu, la demoiselle. Etait-ce vraiment une bonne idée que de venir jusqu’ici, déterrer dans sa tanière le chef si effrayant de la Zoko ? Etait-ce si essentiel d’avoir cette conversation ?
Soudain elle n’en est plus si sûre. Plus du tout. Dans les veines coule le doute soudain. Elle était pourtant si sûre en partant du campement de Snell qu’elle avait quelque chose d’important à faire, qu’elle devait y aller, qu’elle devait se trouver là, saphirs bouillants contre azur métallique, qu’elle devait lui parler.

Et maintenant ? Maintenant elle se dit que ce serait si simple si elle continuait à suivre les règles, sa route, ses idées, si elle retournait à sa tente, là-bas, dans l’armée, à nettoyer l’équipement de son maitre, à se préoccuper d’elle-même, de ses attentes, de ses entrainements…

Devant ses yeux nait l’image d’un jeune brun… plus grand qu’elle alors qu’il est plus jeune, déjà fort. Un brun qui n’hésite pas à chercher noise pour tester ses limites. Un brun qu’elle a toujours aimé, dont elle est amoureuse maintenant. Un brun qui porte le même nom que le colosse qui lui fait face. Un brun qui ne prononce que rarement son deuxième nom, celui de son père. Un brun dont elle sait qu’elle adoptera le matronyme, à terme. Nerra…
Gaspard de Nerra. Un enfant, encore, par bien des côtés. Un garçon qui n’a pas reçu la moitié de l’éducation qu’elle a reçue, appelé chez les moines bien trop souvent aux gouts de l’Alterac. ‘Fin il parait que ça va changer, une promesse qu’il tiendra, elle l’espère.


Bonsoir Maeve…
Que me vaut le plaisir d’avoir une jeune Alterac à ma table ?


Flattée qu’il se souvienne d’elle, malgré elle, elle esquisse un sourire qui tire sur sa cicatrice. Quant à la « jeune Alterac », d’après ses souvenirs, il ne connait qu’elle, donc bon… Au moins se souvient-il de sa mère, et d’elle… Mesure-t-il combien elle a grandi, difficile de le deviner dans ces simples phrases… Si elle pense selon ses souvenirs d’un colosse qui se juge lui-même avant les autres, et qui fait mal et l’un et l’autre…

Ravie que cela vous fasse plaisir ! Vouvoiement qu’elle s’approprie, elle qui l’avait tutoyé effrontément à Joinville. Enfin ce n’est pas comme si vous en fréquentiez tant que ça…

Elle ignore tout de la rencontre d’Eikorc et de sa sœur, elle ignore tout de sa sœur actuellement à vrai dire, sauf qu’elle retient ‘Cianne à Conseze..

Peut-être que je vous dérange… et surement que vous ne vous attendiez pas à me voir…
Mais il y a un sujet dont j’aimerais vous parler.


Elle est légèrement gênée, la rouquine, mais terriblement sûre d’elle, soudain. Elle a décidé qu’étant là elle resterait et dirait ce qu’elle avait à exprimer. Le reste ne dépend que de sa capacité à parler, et de la compréhension, ou pas, d’Eikorc à la comprendre. Et l’accepter.
Au moins aura-t-elle fait ce qu’elle avait à faire. Les saphirs chopent sans l’interpréter une lueur d’amusement curieux dans l’azur du colosse… Il sourit déjà, s’attendant à tout, à rien, de la part d’une enfant à ses yeux. Il n’a pas tort, mais pour elle… C’est si sérieux. Voix grave et minois en conséquence.


Il circule bien des choses sur vous. La plupart que je sais vraies, d’autres que je sais fausses, certaines dont je n’ai cure, et les dernières qui ne m’intéressent pas. Mais il en est une… qui me touche…


Elle se tait. Non pas par timidité. Mais pour mieux jauger celui qu’elle a en face. Pour l’étudier. Sauf que c’est du marbre qu’elle trouve devant elle. Surement s’amuse-t-il et anticipe-t-il mais elle n’en voit miette et s’en inquiète. Est-il à ce point désincarné qu’il ne parvient plus à s’intéresser à quoi que soit ? Même au mystère qu’elle entretient sans le vouloir ?
Incapable de maitriser ses pensées, elle ne peut que suivre le cours de leur envol, et se voir déjà refroidie, dans le pire des cas, ignorée, ou mieux, qu’il rit. Revient en tête cette idée qu’elle n’aurait pas du venir, que sa mère, Gaspard ou n’importe qui, désapprouverait… Fi… elle est là, et se doit de continuer.


Cela concerne Gaspard de Nerra, votre neveu.

Elle prononce le nom bien clairement, avec une hargne que même son promis n’aurait pas, cherchant à provoquer réaction. Sans ciller, et sans baisser les yeux, elle fixe le regard métallique d’un colosse qu’elle ne craint pas. Triste plutôt que fou, fou plutôt que mauvais, elle l’a décrété il y a presque quatre ans dans une prison bourguignonne. Naïve enfant qui même marquée par le Mal, même grandie, même majeure et responsable, reste une adolescente de quatorze ans qui réclame paix pour celui qu’elle aime.
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Au revoir, Fab.
Eikorc
L’observation qu’il a imposé à la jeune femme lui est relancée avec la même indiscrétion… Les détails s’incrustent dans les mémoires, les changements sont observés chez l’un comme chez l’autre. La petite fille naïve s’est transformée en une jeune femme plus affirmée… Des yeux il détaille cette rouquine qu’il a croisé des années auparavant, celle là même qui venait de découvrir l’horreur des hommes… Celle qui avait affirmé qu’il n’était pas aussi fou qu’il lui avait dit… Celle qui, avec toute l’innocence et la justesse de son âge, avait assuré qu’il était juste triste.
Un léger haussement de sourcil répond à ce bref éclat dans les pupilles bleutées de la jeune femme… Peur ? Surprise ? Doute ? Le sourire s’esquisse doucement alors qu’elle lui répond. Vouvoiement emprunté, aurais-tu changé Maeve ? Où sont ton insolence et ton assurance de notre dernière rencontre ?

Voix plus basse que dans son souvenir… L’enfant a définitivement commencé à devenir femme, les intonations sont différentes, moins fluette, moins… Agaçante. Les mots filent, sans qu’il ne réponde, au contraire même, il se contente de l’observer du coin de l’œil. Il se redresse légèrement, repoussant d’un doigt l’un des verres qu’il vient de finir…
Un grondement inaudible monte dans sa gorge tandis qu’elle annonce vouloir parler d’un sujet particulier avec lui… Quel peut-il être ? Elle aussi veut apprendre à tuer ? Elle aussi haït quelqu’un au point de risquer sa vie pour prendre la sienne ?

La tête se penche imperceptiblement sur le côté alors que les épaules de l’Alterac se redresse, une décision vient d’être prise, mais il ne sait pas laquelle… L’azur s’embrase d’une lueur amusée : que va-t-elle faire ? Quelle est donc cette chose si importante pour qu’elle vienne le chercher dans ce bouge au moment même où il calme une partie de sa folie en la noyant dans l’alcool… ?
Oh oui, quelque chose vient d’être décidé, le visage se fait plus sérieux, le regard plus intense… Il ne bronche pas, attendant la suite sans bouger d’un pouce… Même alors qu’elle commence à parler des rumeurs qui courent sur lui et dont il n’a cure, il ne réagit pas. Regard glacial qui reste ancré dans les billes bleues qui lui font face… Masque impassible fixé au visage, il réfléchit aux mots qui s’envolent l’air de rien d’entre les lèvres de Maeve.

Une rumeur sur lui qui la toucherait elle ? Croit-elle, elle aussi, qu’il est assez idiot pour venir attaquer une ville sans aucunes discrétion ? Non… Ça ne lui ferait ni chaud ni froid… Elle ne viendrait pas le voir pour ça, elle attendrait de le croiser sur un champ de bataille… Alors qu’est-ce que c’est ?
Clignement de paupières qui balaie les pensées, il s’en fout.

Mais il est vrai que ce sujet est très important pour la jeune fille… A peine les mots tombent-ils que les souvenirs assaillent le colosse. Lueur brûlante qui envahi le métal de ses yeux alors que viennent résonner dans son esprit les mots d’une petite rouquine : Si tu touches à un seul cheveux de gaspard, je te tue !
Agacé par le lien de parenté qui vient d’être lancé avec hargne, tout comme son propre nom… Les muscles se contractent, tendant les coutures des vêtements jusqu’à risquer de les rompre alors que le regard brûlant se plonge avec plus d’intensité dans celui de la jeune femme… Mais ce qu’il y lit fait exploser la colère qui commençait à monter en lui… Comme une bulle de savon qui éclate au contact d’un corps, la flamme est soufflée et est, l’alcool aidant, remplacée aussitôt par un envie incontrôlée de rire…

Ce rire qu’il n’a connu que lors que la douleur envahissait son corps, lui faisait oublier toutes autre choses… Désincarné, trop rauque pour être humain… Il s’échappe de sa gorge alors qu’il renverse la tête en arrière… Bordel ! Elle tient à lui !
Quelques secondes suffisent et il se calme, un large sourire étirant ses lèvres comme il n’en a pas eut depuis des années… Il n’a cure de ce regard assassin qui répond au sien… Il se fout de la savoir en colère… Au contraire même, ça lui donnerait presque envie de rire encore…


« Gaspard manque à ce point de couilles qu’il ne vient pas voir son oncle adoptif lui-même ? »

Les mots sont lâchés d’un ton presque agressif, le sourire glissant au coin de ses lèvres pour lui donner un air encore plus mauvais… Il a réalisé des années plus tôt qu’il se foutait de savoir ce gamin en vie… La seule chose qu’il n’accepte pas, c’est qu’il porte son nom et le salisse en restant planqué dans les jupes d’une femme.

« Racontes moi tout Maeve… Qu’arrive-t-il à ce gamin pour que tu viennes me voir ?
Il s’est cassé un ongle en faisant la révérence ? »


La provocation est retournée… Les yeux pétillent, montre moi petite rouquine à quel point tu tiens à lui… Prouve moi ce que je crois deviner…
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"Pour toujours... Et à jamais."

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Maeve.
Elle en était sure, elle le craignait... Ce rire, sorti des tripes du colosse, d'une gorge rendue rauque par ses campagnes, l'atteint comme une torgnole en pleine tête. Serre les dents, Maeve, serre les dents et ne dis rien. Elle a grandi, la rouquine, l'impulsivité qui la caractérisait s'est modifiée avec le temps et les conseils de ses mentors, de sa mère. Réfléchis, Maeve, ne lui fais pas ce plaisir. Entends-tu, Alterac, la moindre parcelle de joie dans cet éclat ? La moindre moquerie ?
Ne reste qu'un rire creux, sans âme, sans vie... Ne reste rien qu'un coeur vidé et les marques du temps. Les saphirs se durcissent, le bleu se fait orage, elle ne cille toujours pas, toisant celui qui fait deux fois sa taille. Si les mains se crispent, on ne peut que le deviner, elle tente de ne rien montrer.
Quelques années auparavant, elle aurait bondi de sa chaise, boucles rousses tournoyantes autour d’un minois furieux, elle aurait sans doute crié ses vérités au Nerra, menacé, finalement ruiné sa crédibilité, et perdu l’espoir de se voir exaucée. La Flamme a mûri, elle sait maintenant conserver son calme. Le sourire d’Eikorc la fait fulminer, mais en apparence ne change que le regard.

Elle pense à Gaspard, à ses envies, à ce qu’il attend de la vie, à ses doutes aussi… A ce qu’ils se sont promis, à cet avenir qu’ils veulent partager, ces projets communs et combien il sera un homme bon et fort, son promis, quand il aura grandi… combien il est déjà grand et enthousiaste…

Qui est-il, le Colosse, pour juger un jeune homme qu’il n’a jamais vu ? Pour critiquer une éducation à laquelle il n’a jamais participé ? Qui est-elle pour accorder une once d’importance à ce qu’il dit ? Parce qu’il est impressionnant, elle devrait prendre la mouche à la première provocation ? Bien sûr, elle veut défendre son amoureux, elle aimerait pouvoir atteindre Eikorc mais sait bien qu’il est inaccessible, du moins pour elle… Elle en a appris des choses, Maeve, ces dernières années. Des anecdotes, des histoires, racontées à Gaspard, ou à elle-même, afin qu’elle les répète.

Il y a ne serait-ce que quelques semaines, elle a déjà du le défendre face à l’auvergnate aigrie et rancunière, grand-mère du petit brun. Une grand-mère qui l’accusait d’être le fils d’Eikorc, seul homme que sa mère aurait aimé. Qui refusait de le voir, qui affirmait se moquer de savoir ce qu’il devenait. Marie-Alice avait alors attrapé la main de sa fille, la soustrayant à la diatribe revancharde de Gypsie. Et aujourd’hui, c’est devant le seul autre membre vivant de la famille de Gaspard qu’elle doit à nouveau laver l’honneur de son promis…
Qu’a-t-il donc fait, cet enfant, pour qu’on lui en veuille autant ? Bouffée d’amour pour le jeune Nerra qu’elle inspire, avant de prendre la parole d’une voix aussi tranchante que la lame qui lui a fait cette balafre sur sa joue.


On ne parle pas de ce qu'on ne connait pas, Eikorc de Nerra, Maman me l’a toujours dit.
Il ne sait pas que je suis là, sinon il m'aurait précédée. Vous ne le connaissez pas, pas du tout.


D’ailleurs, ne lui en voudra-t-il pas, Gaspard, quand il apprendra qu’elle est partie seule à la rencontre de son oncle tant vanté, tant décrié ? Elle n’y avait pas songé en prenant la route, accaparée par cette pensée, fixe… le colosse revenu en Bourgogne, la rumeur selon laquelle il voudrait tuer le fils de sa sœur, le convaincre de ne pas s’y essayer… Grimace qui s’esquisse, furtive, avant de laisser place à une mine résolue, lueur presque taquine au fond des saphirs qui pétillent. Tu veux taper là où ça fait mal, et bien jouons…
Toujours ce vouvoiement, cette distance qui la rend plus perfide encore qu’elle ne l’avait été à dix ans. Et cette impression, comme à l’époque, de ne plus rien avoir d’une enfant quand elle lui fait face. Elle n’a pas envisagé une seconde qu’il sera, quand elle aura épousé son amoureux, son oncle à elle aussi. Eikorc n’est pour elle qu’une énigme qu’elle pense déchiffrer un peu mieux à chaque rencontre. Une devinette géante.
Et la demoiselle, assise en tailleur sur une chaise trop grande pour elle, face à une montagne creusée de sillons cicatriciels, de lancer son attaque… Qu’elle touche ou pas, ce n’est pas grave. Une joute comporte toujours plusieurs rounds… il a ouvert les hostilités, elle a esquivé la pique, et tente la sienne.


Il a les yeux de sa mère, à ce que tout le monde dit. Vous pourriez la tuer une seconde fois ?

Toucher là où ça fait mal, du moins le croit-elle, avant de tâter du pied la rumeur… Peut-être la rumeur n’est elle qu’une rumeur… Après tout, il n’a jamais dit devant elle qu’il souhaitait la mort de son neveu… Elle ne relève pas l’adoptif… Certains détails lui seront tus à jamais, à l’Alterac, elle n’est qu’une pièce rapportée dans toute cette histoire. Mais sur l’échiquier, elle n’a rien d’un pion.
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Au revoir, Fab.
Eikorc
La réaction tant attendue est beaucoup plus… Retenue. Les yeux se plissent légèrement alors qu’elle ne bronche pas plus que ça… Les mots ont fait mouche, le regard a été durci, les mâchoires à peine serrées… Mais rien d’autres. Pas un geste, pas un grondement, pas une larme… Quelques secondes qui filent, comme un couperet qui s’élève avant que la jeune femme ne reprenne la parole d’un ton acerbe. Et les mots sonnent étrangement aux oreilles de la montagne de muscles…
Un sourcil se hausse imperceptiblement, légèrement déçu de cette réaction, de cette réplique qu’il n’attendait pas… Jolie pirouette d’une femme qu’il croyait encore enfant et qui vient d’éviter avec une aisance surprenante la pique cinglante du de Nerra.

Le sourire ne quitte pourtant pas les lèvres du mercenaire, les yeux pétillent toujours autant… La joute est entamée de la plus belle des façons, le contrôle est présent chez l’un comme chez l’autre… Déjà l’esprit se met en marche pour trouver la prochaine réplique… Petite rouquine, peux-tu encore te retenir ? Gaspard est-il si peu important pour toi ? Je sens, je sais que c’est faux…
Mais les réflexions sont stoppées lorsqu’une fugace grimace vient parcourir les traits de l’Alterac… Toute l’attention du colosse se retrouve donc fixée sur ce visage qui change à nouveau d’allure… Résolue tout autant que narquoise et amusée… Les lèvres restent étirées par son éternel sourire en coin, il attend la répartie… Qu’a-t-elle trouvé pour que le jeu continue ?

Elle est là, devant lui, femme enfant assise en tailleur avec cet air à la fois juvénile et trop mature des adolescents en plein éveil… A l’ordinaire, il ne se serait même pas souciée d’elle, mais le regard qu’elle possède à cet instant l’oblige à rester concentré… Et le couperet tombe. Les mots s’envolent comme si de rien était, le vouvoiement aussi vicieux que le fond de l’attaque… L’azur se durcit à nouveau, les mâchoires se contractent légèrement alors qu’il la toise avec un dédain non feint…
Les yeux glissent sur la silhouette entière alors qu’une flammèche de colère vient à nouveau embraser son esprit… Il la dévisage, de haut en bas, puis de bas en haut, alors qu’un frisson glacé traverse son échine . Puis les mots viennent d’eux même à son esprit, sortant sans qu’il ne s’en rende compte d’un ton beaucoup plus acerbe.


« Elle préférerait que je le tue plutôt que je le laisse couiner comme une lavette. »

Une légère pause, juste le temps d’inspirer, de retenir le fiel qui gronde dans sa gorge et ne demande qu’à sortir… Juste pour ne pas bouffer sur place cette gamine qui tout à coup l’agace… Mais les mots ne peuvent être retenus, un ricanement sardonique s’élève avant qu’ils ne s’échappent d’eux-mêmes. Il la fixe intensément, lui laissant lire sans retenue toute la noirceur de son âme avant qu’il n’assène à son tour une réplique cinglante…

« En dix ans, ton protégé n’a rien fait… Il ne s’est sans doute jamais servi d’une lame… Il ne sait pas se battre… Il n’est sans doute bon qu’à gueuler comme un jeune coq à qui il manque le plus important… Comme n’importe quel noble de chambre. »

Nouveau sourire de façade, la tête se penche sur le côté alors que le regard redevient amusé… Le corps se décrispe d’un roulement d’épaule alors que les doigts relâchent la pression instinctive qu’ils ont exercé sur son verre…

« Tu crois qu’il sera capable de te protéger comme tu le fais ?
Ou c’est toujours toi qui vous protégera ?
Je penche pour cette solution… Il ne connait rien à la vie et fait honte à sa mère autant qu’à mon nom en continuant à se nicher dans les jupes de ses protectrices. »


La pensée est claire pour le mercenaire… Cet enfant est le fils de son âme-sœur, de sa sœur… Il n’a jamais voulu le voir, jamais voulu l’approcher parce que plus rien ne lui importe… Une sourire vient même flotter sur ses lèvres, l’image qui danse devant ses yeux à cet instant ne peut que l’amuser… Gaspard de Nerra… Encadré par sa mère que tout le monde a décrit comme un ange après sa mort tout comme par son oncle qu’on prend pour le Sans Nom personnifié.
Savez-vous tout deux qu’elle et moi ne formions qu’un ? Les deux faces d’une même pièce qui partageaient le moindre des sentiments… ?
Un jour peut-être… Mais pour l’instant, la joute n’est pas finie…

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"Pour toujours... Et à jamais."

"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Maeve.
Elle a fait mouche ! Même s’il n’en laisse pas plus paraitre qu’elle sur les émotions qui le traversent, du moins sent-elle qu’émotion il y a. Pour un homme qui se fait appeler le diable, pour un homme censé être fou et indifférent à la fois, c’est raté, elle a touché… Certes pas de quoi le déstabiliser, certes pas quelque chose de vraiment visible, mais après tout, Maeve n’a que quatorze ans…
Quatorze ans et presque la maturité d’une adulte. Quatorze ans, la majorité, mais plus grand-chose dans son attitude qui rappelle l’enfant enjouée et insouciante qu’elle était à leur toute première rencontre… La rouquine s’était alors ridiculisée, bec cloué en une réplique du colosse qui l’avait ensuite ignorée, la pire punition possible pour la gamine de l’époque. Deux ans plus tard à peine, il avait cependant été surpris de retrouver une enfant bien trop mûre pour son âge. A croire que cette balafre qui lui mange le visage porte en elle les stigmates de la sagesse...

Elle a encore grandi, depuis. Majeure, elle gère même ses propres terres. De leur petit clan, elle est de loin la plus responsable. Trop, d’après beaucoup. Rabat-joie, elle peut le lire dans les mirettes de Cassian ou Gaspard parfois. On lui avait même dit, en Limousin, qu’elle était une petite réplique de sa mère, qu’elle devrait s’essayer à l’enfance, pour voir…
Sauf qu’elle avait tenté le coup, affligeant sa mère par ses bêtises orchestrées de main de maitre par un petit impérial de dix ans, qu’à huit ans elle avait suivi à travers tout le royaume, pourchassés par des armées normandes. Elle s’était promenée seule dans les clairières de Limoges, y rencontrant le Mal aux traits d’ange blond, en revenant marquée à vie. Elle était partie vivre seule en Lorraine, intégrant l’Ost où le colonel Crusader avait attendu d’elle autant que des recrues plus âgées. Elle avait tenu leur petite maison achetée avec ses économies, rapiécé leurs braies et chemises.
Et si déjà à l’époque, Calyce et Clélie la trouvait « grande », dans les saphirs brillaient encore quelques touches d’innocence, d’irresponsabilité. Touches qui s’étaient éteintes à son retour à la maison. Sur le chemin, une entrevue avec le Comte de Beaufort pendant laquelle Leandre avait frappé son père, pendant laquelle Maeve avait connu sa première floraison.

L’âge adulte et son lot de réserve et raison avait réellement été franchi pendant son anoblissement… Sous ses yeux effarés, sa sœur ainée, son Etincelle, son modèle – sauf pour le style vestimentaire – avait déçu ses parents, giflée par une mère choquée par une pipe fumante, sanctionnée par une diatribe paternelle inhabituelle chez le Gardon…
Alors Maeve avait accepté le rôle qui lui était échu : désormais, elle sera des filles Alterac celle qui ne décevra pas Marie-Alice ni Flaiche. Elle sera sage, réfléchie, et se concentrera sur ses objectifs, lesquels n’ont pas changé depuis ses quatre ans où elle l’avait crié dans une taverne normande : être chevalier. La Pivoine lui avait bien fait la leçon, sa mère aussi : ce sera difficile et les efforts ne se relâcheront jamais pour être à la hauteur. L’enfant devenue femme en avait bien conscience, responsabilité est un mot qui s’attache maintenant à ses basques comme la mode à celles de sa sœur…

C’est ainsi qu’on la retrouve face à Eikorc, bien plus mature qu’il ne pourrait s’attendre à la trouver. Sérieuse, et pourtant… Il lui reste encore de l’expérience à accumuler, pour espérer lutter à égalité avec cet homme. Et la riposte à sa pique la surprend légèrement. Elle en a entendu pourtant sur celle qui aurait pu être sa belle-mère… Mais qu’elle puisse préférer la mort de son propre fils, quand Maeve a lu chez sa mère la douleur à la mort de son fils, du jumeau de Nore. Lueur de scepticisme dans les prunelles de l’Alterac. Sous le regard du colosse, elle tente juste de ne pas plier, encaissant les mots du Nerra sans ciller, déglutissant difficilement sous les attaques, prenant pour elle la dernière saillie d’Eikorc. Cherchant de la pupille le moindre signe rassurant, la moindre esquisse d’ouverture pour sa réponse, la moindre faille dans l’argumentation… Repérant le blanchiment des phalanges autour du verre, s’accrochant à l’idée qu’il ment, qu’il attaque, qu’il mord pour ne pas se laisser toucher. Il ne sait rien, il ne sait RIEN de ce que peut être Gaspard, et la Flamme se nourrit de cette idée, pour ne rien lâcher.
Au sourire grinçant du mercenaire, elle répond par le même, qui étire légèrement la cicatrice, transformant ses traits. Quenottes montrées dans le mouvement, comme un prélude… Et si elle a tressailli à la dernière attaque, ce n’est pas parce que le colosse a raison en dénigrant son amoureux, mais parce qu’elle se sent coupable de ne pas le laisser faire, de ne pas lui faire assez confiance pour le laisser se défendre…


Peut-être ne m’avez-vous pas entendue… Mais je vous l’ai dit, vous ne savez rien !
Qu’aviez-vous fait, à douze ans, qui mérite qu’on le retienne ? Qu’avait-elle fait, sa mère, à cet âge, dont on aurait pu parler ?


La Flamme scintille, elle refuse de rentrer dans son jeu. Elle refuse de lui raconter ce que fait de sa vie ce neveu qu’il dédaigne avec tant de hargne. Ne quittant pas le regard d’Eikorc, elle élargit le sourire.

Si vous voulez de ses nouvelles, écrivez lui donc, je ne vous raconterai pas ce qu’il est.

Et de lever la main, l’air de rien, vers le tavernier.

Un bourgogne, s’il vous plait.

De quoi se donner une contenance pour la suite. Le silence tel un lien entre le colosse et l’écuyère, qu’elle n’hésite pas à trancher une nouvelle fois, n’ayant gardé de l’enfant qu’elle était qu’une curiosité insatiable qu’elle tente d’assouvir. Et puis, elle en a tellement appris, il est temps d’user de ses informations.

Après tout, Gaspard pourrait choisir la diplomatie comme sa mère, plutôt que les armes comme son oncle.

Légère lueur amusée qui danse dans le regard bleu de la Flamme. C’est qu’elle espère bien intérieurement qu’il n’en sera rien. Chevalier, Gaspard sera chevalier, comme elle…
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Au revoir, Fab.
Eikorc
Touchée mais pas coulée la petite… Elle a tressailli mais n’a pas flanché sous l’assaut verbal d’un de Nerra autant agacé qu’amusé. La rouquine n’a pas été soufflé, au contraire, tout indique qu’elle y résiste avec hargne en cherchant déjà sa réplique… Le sourire qui flotte sur ses lèvres se voit prolongé sur celles de la jeune femme, et il sait à l’instant où les dents se dévoilent qu’elle a trouvé…
Alors il patiente, les secondes de flottement entre chaque réplique suffirait presque à rendre l’ambiance électrique… Rien n’existe plus pour le moment que ce duel mené avec brio… Et les mots s’envolent de la bouche de l’Alterac, faisant à peine hausser un sourcil à la montagne de muscles... Le croit-elle sénile pour répéter à nouveau sa réplique ? Le croit-elle idiot pour ne pas chercher d’autres attaques ?

Mais ce n’était qu’un prémices, la véritable contre-attaque vient dans les phrases suivantes… Deux questions posées coup sur coup… Et d’elles-mêmes les réponses viennent glisser dans l’esprit du mercenaire… Au tiers de cet âge il était mené de force dans une sorte d’arène par un homme trapu aux longs cheveux blancs.

Les mots résonnent encore dans son esprit et il se perd quelques instants dans ses souvenirs… Il savait tout juste courir qu’on lui ordonnait d’esquiver les bottes et les poings d’un vétéran, parce que personne n’est jamais à l’abri d’une bastonnade, même un gamin aussi grand que lui… Et de fil en aiguille, les entraînements avaient changé, toujours par le même homme… Toujours par ce même soldat qui peu à peu avait fait office de père. Il l’amochait sur le terrain d’entraînement, à l’aube, puis le soignait et lui interdisait de geindre pendant le reste de la journée en lui apprenant toute sortes d’autres choses…
Jusqu’à ce que la mort frappe à nouveau, jusqu’à ce que les autres membres de la caserne ne la chasse en le disant maudit… Il avait presque oublié tout ceci, ses parents, l’homme qui l’avait formé à être un combattant… Une vie toujours bercée par la mort… Après ceux-ci viennent s’en ajouter tellement d’autres, toutes ont façonné l’être désincarné qu’il est devenu ; Chacune d’elle emportant une partie de son être, jusqu’à la plus importante qui avait tout arraché. Apolonie…

Un clignement de paupières et il se revoit, au même âge que son neveu… Qu’avait-il fait qui mériterait d’être reconnu… ? Est-ce que se faire engager pour nettoyer les routes des brigands est un fait remarquable ? Certainement pas pour lui que sa haute stature a toujours avantagé… Devenir capitaine du Baden quelques années plus tard, est-ce un fait assez remarquable pour cette jeune femme ?
Perdu dans ses pensées, il n’entend qu’à peine les mots de Maeve qui ne le font plus réagir… Le regard reste dur, planté dans son homonyme, mais l’esprit est encore ailleurs… Jusqu’à ses derniers mots qui le font hausser un sourcil.

Et pour toute réponse, c’est d’abord un fin sourire qui vient étirer les lèvres du de Nerra… Le regard se fait plus sombre, le métal plus étincelant alors que les sourcils se froncent… Les mains viennent se retrouver au milieu de la table, les doigts se croisent et dévoilent dans le même mouvement le dos de sa main gauche où trône une peau plus brune et plus lissée. Cicatrice en relief d’une chair brûlée par deux fois pour effacer la marque que la dernière visite en Bourgogne a laissé…
La tête se penche légèrement en avant alors que la voix se fait doucereuse, presque amicale…


« Oui je ne connais rien de lui… Et je m’en contrefous… C’est à lui de prouver qu’il mérite son nom. A son âge, sa mère et moi savions déjà nous débrouiller seuls… Lui est encore dépendant des gens qui l’ont élevé.
D’ailleurs, quitte à choisir, la diplomatie devrait mieux lui aller, comme ça, tu pourras continuer à la protéger comme il en a besoin… »


Réponse implicite lancée l’air de rien… Il se fiche complètement de savoir ce que devient ce gamin… Il le sait inconnu, oublié, et protégé, ce qui lui suffit pour savoir qu’il ne mérite pas le nom que tous veulent lui faire porter.
N’est-ce pas petite sœur, qu’il n’as pas la carrure d’un de Nerra ? Du moins, pas encore… Peut-être qu’après une ou deux morts… ?
Etincelle mauvaise qui vient briller dans les pupilles, sourire sadique qui glisse au coin des lèvres alors qu’il fixe la rouquine d’une toute autre manière… Que ferait-il si l’une de ses protectrices mourrait ?

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Maeve.
C’est à lui de prouver qu’il mérite son nom.

Il a réfléchi… Le temps de latence s’est fait sentir, légèrement, avant qu’il ne se penche vers elle. La Flamme ne vacille pas, pas un mouvement de recul, même pas peur de cet air presque tendrement sadique, mielleusement trompeur. La pique ne tarde pas… Toujours le même sujet, bien sûr… Eux sont tellement parfaits, Gaspard est tellement nul. La rouquine manque faillir à sa détermination, manque faillir à son caractère et n’est qu’à deux doigts de retrouver ses huit ans et l’envie de se lever, de crier, d’affirmer plutôt que convaincre…
Mais elle se contient. Dans ses veines courent les bulles de colère qui échauffent le sang et les pommettes. Les machoires se serrent, les ongles attaquent, qui la paume, qui son verre… Crispée comme jamais, de quoi fâcher son maitre d’armes à la voir complètement contractée, sans échauffement, sans préparation… Elle ne se froisse cependant rien, si ce n’est l’ego.

Ce qu’Eikorc n’a pas compris, et qui reste donc tant qu’il l’ignore, une force pour la rousse… c’est que c’est elle qu’elle morigène intérieurement lors de ces attaques. Elle qu’elle maudit d’être venue alors que le jeune vicomte aurait pu le faire. Elle se maudit d’être si sérieuse, si responsable, si protectrice, sachant pourtant les batailles qu’elle avait menées face à sa mère pour lui faire comprendre qu’elle était capable de faire les choses seule…
Gaspard est plus que capable… même si elle connait chez lui un côté enfantin qu’elle a elle-même renié il y a longtemps, qu’elle refuse de lui arracher… Aux paroles d’Eikorc elle n’a qu’une envie, crier… A la place, elle l’imite, se penche… Et murmure, sur le ton du secret…


Vous n’avez pas eu d’enfance, est-ce une raison pour en priver les autres ?

Mériter son nom... Elle imagine, la Flamme, l’enfance innocente qu’elle aurait pu avoir… Celle avec ses parents. Gâtée, des serviteurs, une garde robe bien fournie… Rien à penser à part exister… Suivre les valeurs familiales sans forcément les pousser à l’extrême. A la place, elle avait préféré s’entrainer, sans relâche. Intégrer un Ost, tirer à l’arc, apprendre la dague.
Tout ce que Maeve avait était du à son seul mérite, même si elle remerciait chaque jour ses parents et le ciel de lui accorder tant de facilités ; elle avait mérité les compliments qu’on lui faisait, elle avait travaillé les capacités dont on l’affublait, elle avait passé des heures dans des clairières à rater sa cible avant de la toucher à chaque flèche.
Et Gaspard ? Lui, le pauvre, avait passé ces années là chez les moines… Et Maeve aime aussi chez lui cette capacité à rester enfant qu’elle avait perdue… Lui qui n’avait connu, à part ses parents qui au final étaient morts avant qu’il naisse, aucun deuil, aucune marque, aucune attaque. Elle aime chez lui cette naïveté et cette découverte du monde, qu’elle a faite des années trop tôt… Maeve en veut d’autant plus à Eikorc de raviver cette douleur tue depuis des mois.


Vous n’avez rien à dire sur son éducation… sinon vous n’aviez qu’à y participer.
Maman aurait été ravie.


Mériter son nom... Ne pas rentrer dans son jeu. Ne pas lui raconter les efforts de Gaspard, ne pas lui raconter l’attitude de Marie, ne rien lui dire de tout ça…. Rien. S’il veut savoir, qu’il demande.

Vous semblez en savoir tant… sans jamais l’avoir vu. Seriez-vous devin ?

Mériter son nom... Oh comme il pèse sur les épaules de la rouquine le fardeau de son nom. Alterac, parce qu’on le vaut bien ! Alterac, parce qu’il faut assurer, voilà ce qu’elle devrait avoir sous son blason… Personne ne pourra nier le fait que Maeve adore ses parents. Par la force des choses, elle est plus proche de sa mère, à laquelle elle confie moult tracas et questionnements… à laquelle elle a octroyé dans son enfance nombre d’inquiétudes… Marie avec qui elle avait crié il y a peu…Qui se croyait si mauvaise mère que la rouquine avait cru être mauvaise enfant… Et Gaspard qui avait eu des mots maladroits, parlé d’amour plutôt que de confiance… et Maeve de régler le sujet…
Et ces discussions avec le neveu Nerra sur leurs compétences, leurs envies… Et cette protection qui déstabilise manifestement le colosse. Froncement de sourcils de l’Alterac, mine presque amusée, la joute a pris forme, chacun ses armes secrètes, ses flèches à envoyer… Oh on joue… j’aime.


Croyez –vous, Eikorc, que j’envisagerais le mariage avec un diplomate ?

La Flamme scintille et sourit, narquoise. Se permet même une gorgée de vin, tranquillement, alors que les questions la tenaillent aux tripes. Mais devant lui, ne rien dire. Et puis… Elle ne ment pas la rousse… Un diplomate ? non. Un politique ? non. Il sera chevalier. Une idée qui passe la barrière de ses lèvres avant qu’elle ne la réfléchisse…

Mériter son nom… C’est difficile. Vous parlez à la fille de Marie Alice Alterac. Pair de France et vicomtesse. De Flaiche Alterac, vicomte et Chef Troubadour. Et que suis-je ? j’ai pourtant porté son nom depuis ma naissance. Le méritais-je ? Certes non. Et pendant pléthore d’années qui ont suivi… Aujourd’hui encore je me dois de le mériter. Cependant je le porte, fièrement, comme un idéal.
Un nom est un nom, ce qui importe c’est ce qu’on en fait. Et il en fait, même si vous vous en contrefichez.


Une gorgée, un sourire.

Vous ne m’avez pas répondu… « Il n’a rien fait jusqu’ici… » Mais aviez vous, à son âge, fait quelque chose qui traverse le royaume ? je ne crois pas. Et étant donné que vous ne le connaissez pas, comment pouvez vous être si sur qu’il n’a rien fait ?

Et de reprendre une gorgée, y puisant la contenance et le courage qu’elle vient de dépenser. A jouer avec des plus grands, vieux et expérimentés que ça, on ne risque rien de moins que de se bruler, aussi mature et rabat joie que l’on soit…
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Au revoir, Fab.
Eikorc
Elle tient bon. Beaucoup plus longtemps qu’il ne l’aurait cru… Malgré la fureur qui se lit dans ses yeux, malgré ce petit corps qui se tend d’une telle façon que la rupture est presque atteinte… Mais non. La rouquine ne laisse pas s’étendre les flammes de sa colère malgré les étincelles qui s’échappent autant de ses yeux que de son visage crispé…
C’est dommage que le contrôle soit aussi bon… C’est décevant, aussi. Si jeune et pourtant déjà si maîtresse de ses émotions… Une jeune femme qu’il ne pourra peut-être sans doute jamais emmené dans les affres de la haine, du moins pas sans rien faire. Il a beau cherché, dans les saphirs, aucune étincelle de cette haine qui allume son propre regard, aucune envie de faire mal…

C’est aussi pour ça que les piques ne font pas autant de mal qu’elle l’espère… Taper dans le mille sans réellement vouloir blesser ne fait qu’ébranler les carapaces, et pour faire exploser celle du de Nerra, il faudra bien plus que ce qu’elle lui montre…
Le sourire s’étire doucement quand elle murmure tout bas quelques mots sur son enfance… Que connait-elle vraiment de lui à part les rumeurs qui circulent ? Personne ne connait vraiment ce qu’elle a été, jamais il n’en a parlé… Et sans doute qu’il ne le fera jamais. Contrairement à ce qu’on peut penser, cette vie ne lui a pas déplu, aussi dure soit-elle il l’a apprécié… Et plus encore.

L’un de ses sourcils se haussent légèrement, juste une fraction de seconde, dans un mouvement imperceptible pour l’Alterac… C’était prévu, beaucoup de choses étaient prévues… Marie Alice n’aurait rien eut à y voir d’ailleurs, et cette gamine non plus. Mais non et c’est peut-être mieux ainsi, qui sait ? Et un murmure s’échappe au milieu du discours de la donzelle, peut-être à peine audible pour elle…


« Devin ? Pas le moins du monde… Je pense pas que ça soit l’un des dons qu’on m’a accordé… Et pourtant, j’avais deviné que tu avais plus qu’un attachement fraternel pour lui… Etrange non ? »

Lueur amusé qui vient se glissé au fond des pupilles alors qu’il redresse son immense carcasse, dominant à nouveau de toute sa hauteur la jeune femme. Elle boit, alors que depuis son arrivée son propre verre n’a pas perdu une seule goutte du liquide qui l’emplit… Les douleurs sont toujours présentes et pourtant, se concentrer sur autre choses lui permet de les oublier, un peu.
Un petit rire lui échappe alors qu’elle finit son assaut, le jeu a changé, les piques de l’Alterac ne font plus mouche… Elles ne font que l’amuser.


« Et qu’en fait-il ? Rien.
Je suis le dernier de Nerra en vie… Ce nom que vous lui attribuez, c’est le mien.
Peut-être tout le monde ne fait-il que de lui parler de sa mère… Mais le jour où il tombera sur un ennemi à moi… Crois-tu que tu pourras le protéger comme tu le fais en ce moment ?
Ton nom et le sien ne sont pas les mêmes… Les réputations qui les rendent célèbres sont totalement différentes… Tu es encore un enfant, tu ne sais pas encore tout ce qui peut vous arriver… »


Une pause, de quelques secondes seulement… La langue passe sur les lèvres sèches, essayant de calmer les battements qui se font sentir dans les tempes, les yeux se plissent alors que les pensées s’affolent. Ce gamin fait honte à son nom… A leur nom… Qu’il porte le nom de son père ! Cet abruti d’auvergnat…
Grondement sourd et imperceptible qui monte dans sa gorge alors qu’il détourne son regard quelques instants de la rouquine pour fixer les alentours… S’arrêtant à peine quelques secondes sur les badauds qui semblent hypnotisés par la scène qui se déroule devant eux…


« J’ai des yeux et des oreilles partout… S’il avait fait quelque chose qui se remarque, j’aurais été mis au courant…
S’il avait les couilles que son père n’avait pas, il serait venu me trouver lui-même… Avant même que tu n’y songes. »


Nouvelle pause, le temps de réprimer un reniflement et de finir son verre d’un coup sec. Et ses yeux, brillant d’une intensité renouvelée, viennent se planter à nouveau dans ceux de Maeve.

« D’ailleurs… Il faudra que tu m’expliques ce que tu fous là et pourquoi on t’a laissé venir me voir. »
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Maeve.
Rouge…

Rouge de gêne, de timidité, du rouge rosé qui habille les pommettes de l’adolescente amoureuse, touche colorée qui blanchit la balafre, qui donne chaud, rend les saphirs brillants et fait baisser légèrement la tête. Elle a failli, elle a donné une réponse à Eikorc, elle a perdu la main, elle le sent, le sait. Elle a beau être mûre, trop pour son âge, elle a beau être grande, pour autant, sur ce sujet, elle reste, et d’autant en ce moment, fragile et atteignable. Elle l’a lâché. Il l’a saisie. Cette perche qu’elle a tendue. Elle est amoureuse. Pas la première fois. La dernière. Un jeune garçon qu’elle connait depuis toujours ou presque. Un jeune homme particulier. Un jeune homme qui est le neveu de celui qui lui fait face…

Rouge.

Rouge de gêne, rouge de honte, rouge de n’y avoir pas pensé. Obnubilée par ce qu’elle sait, elle en oublie ce qu’elle ignore. Oui, Nerra, le nom de sa mère. Cette femme que Maeve considère si mal, cette voleuse de sourire, cette vicomtesse si particulière que chacun en a son idée, dans tous les cas, aigris, tristes, perdus, vitupérants, mauvais. Pas d’indifférents dans ceux qui la connaissaient, et Gaspard, enfant jugé à l’aulne de sa mère. Elle n’avait pas pensé, l’Alterac, que le Nerra de son promis pouvait amener le jugement sur Eikorc… Et soudain…

Blanche.

De peur. D’inquiétude. Et Gaspard, soudain pris entre deux armées. Soudain transpercé par des épées innombrables. Gaspard gisant sur un sol détrempé, carmin, assorti au corps de l’adolescent ; Gaspard qui ne respire plus. Gaspard sans couleur. Parce qu’il porte le nom d’un ennemi du Roy, lui qui le sert…

Rouge…

Rouge de colère, rouge de rage, rouge énervée… Rouge qui chauffe les pommettes et le sang. Qui fait battre les tempes comme jamais… Rouge qui en fait blanchir la cicatrice, rouge agacée. Une pause qui lui laisse le temps de digérer la nouvelle… d’absorber l’information… de se rendre compte à quel point il ne la considère pas. A quel point il se marre et se moque. Le sourire en coin, la lueur dans l’azur, le calme soudain du colosse en face d’elle…

Rouge…

Rouge de honte de nouveau… elle a manqué faillir de nouveau. Elle a risqué crier, elle était à deux doigts de se perdre, de louper son but… D’une inspiration elle appelle devant elle Mère, Père, amis, Gaspard… Gaspard. La raison de sa venue. Ce que peut dire l’oncle n’importe que peu… Il ne sait rien… Rien ! Rien… Il écoute tout ? Il ne sait rien… Ne pas le crier…

Rouge… ou pas.

Le regarder. Tranquillement, alors que ça bout. Le regarder, les saphirs étincelants de tout ce qu’elle a à lui hurler. Le regarder et murmurer…


Ce que je fais là ?

Elle se redresse, la rouquine, soudain. Elle récupère la contenance perdue. La joute, adieu, elle n’a pas le niveau, y’a plus qu’à jouer franc-jeu. Y’a plus qu’à… Et elle s’y plie. Pas mauvaise perdante, la môme. Juste qu’elle aurait apprécié gagner. Seulement c’est trop tard, autant essayer de ne pas perdre la face.

C’est simple. Je suis venue te demander de lui laisser une chance. Laisse-le te prouver qu’il vaut son nom. Même s’il choisit le camp opposé. S’il prend le risque de se faire tuer pour porter le nom de sa mère, quel risque prends-tu, toi, à le laisser porter ce nom ? Tu seras toujours le meilleur et le plus connu, non ? Laisse-le te prouver qu’il en est digne, même de l’autre bord…

Une gorgée… Par Aristote ce qu’il fait sec d’un coup…. Les saphirs rivés sur l’azur du colosse. J’ai perdu, mais j’ai joué. J’ai perdu mais je suis là.

Tu connais ma mère, tu sais comment nous avons été élevés. Et pourtant… Tu ne la connais pas, mais Nore et moi sommes très différentes. Tout comme Gaspard l’est de nous deux. Mais tous, certaines valeurs… Pensées vers sa sœur qui a donné l’impression qu’elle ne les partageait plus… Maeve reste persuadée d’une erreur… Et ce tutoiement, qui revient. Comme lorsqu’elle était enfant.. Le tutoiement du « je te comprends, et tout le monde devrait le faire »… Eikorc, laisse le vivre…
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Au revoir, Fab.
Eikorc
L’assaut a été rude pour la jeune femme et il s’en rend compte alors que les joues prennent une couleur qui n’a rien à envier à celle de ses cheveux… Toutes les barrières viennent d’être soufflées en une tirade, toutes les pirouettes avortées et le jeu semble étouffé… C’est pour ça qu’un léger sourire vient flotter sur ses lèvres… C’est pour ça que les yeux brillent un peu plus. Enerve toi… Explose… Hurle… Il ne songe pas un instant à la honte ou la gène qu’elle peut ressentir.
Rouge comme la rage… Rouge comme la haine… Rouge comme le sang…
Mais non. Elle tient bon, ou plutôt les sentiments semblent faire rage et changer d’une seconde à l’autre… La colorisation carmine abandonne le visage, abandonne les traits… Aurait-elle enfin compris toute l’ampleur du problème ?

Le rouge revient, comme un ressac d’une colère presque à son summum… Le sourire s’affirme et glisse lentement au coin de ses lèvres, le regard métallique étincelle alors qu’elle le fusille de ces saphirs devenus brûlants… C’est beau la rage, la colère. Un frémissement qui monte dans son échine, non pas de peur devant ce petit bout de femme qui le fusille du regard, mais bien d’amusement par cet énervement qu’il a réussi à déclencher…
L’éclat n’est pas aussi intéressant que celui décelé dans le regard d’une autre Alterac… Mais peut-être que les années feront ce qu’il faut sur cette jeune femme pour la transformer, l’initier même.

Elle s’avance, se penche et comme sur le ton de la confidence, les mots s’envolent… La joute est finie, elle le lui confirme… Et elle joue franc-jeu. C’est une autre discussion qui s’entame, le rapport de force est oublié. Le tutoiement est reprit comme pour affirmé la volonté de passer à autre chose… Et il écoute le Colosse, il se recentre sur elle, sur ses mots, sur sa demande…
Peu à peu, le sourcil se redresse… Peu à peu, la tête se penche sur le côté… L’idée fait son chemin, alors qu’elle boit une autre gorgée. Un sourire alors qu’elle parle de sa sœur et le regard brille légèrement alors que sa voix s’élève d’elle-même.


« Il est vrai que tu es très différente de ta sœur, Maeve. »

Nouveau sourire… Hé si petite rouquine, je connais ta frangine… Peut-être même plus que toi par certains aspects… Mais tu le sauras, un jour.
Un clignement de paupière et il replonge ses yeux dans sa choppe vide, l’empêchant ainsi de voir les étincelles amusées qui dansent dans l’azur… Les valeurs, on en a tous lorsqu’on est jeune… Un long soupire s’échappe de ses lèvres alors que vivement les mains s’agitent… La droite se glisse dans son dos, les doigts se referment habilement sur la garde d’une dague alors que la senestre repousse la choppe vivement… Et dans la seconde qui suit, l’arme siffle à toute allure pour venir se planter dans la table, juste devant la rouquine…

Lame étincelante qui dévoile les mots gravés dessus… Des mots qu’il connait par cœur pour les avoir tant répété… Lentement, très lentement, il les parcourt, remontant l’arme avant de plonger un regard plus sombre que jamais dans les yeux de l’Alterac. La tête se penche sur le côté et la voix basse, légèrement plus rocailleuse d’un coup.


« A ton âge… On a tous des valeurs…
Tu es jeune, Maeve. Tu as le temps de voir les choses changer… Tu as le temps de voir, d'apprendre, de comprendre... »


Une inspiration, les doigts puissants caressent la garde de la dague… Glissant lentement, jusque sur la lame acérée, laissant la pulpe se faire entailler pour que le sang coule sur le métal…

«Si j'avais voulu prendre sa vie… Tu ne l’aurais jamais connu. »

Les mots sont lâchés, presque plus pour lui que pour elle, alors qu’un sourire étire lentement ses lèvres… Et après être sûr qu’elle ait eut le temps de voir les mots gravés sur la lame, il l’arrache au bois de la table d’un geste vif, l’amenant à toute allure contre son bras gauche… Découpant une large bande de tissus au niveau de son biceps sans entailler sa chair avant de la reposer devant la jeune femme… De ses doigts, il écarte les bords, dévoilant à la fois le muscle puissant et les mots ancrés, tatoués sur sa chair…

« Cette dague appartenait à sa mère…
Il ya des choses que vous ne pouvez pas comprendre, ni même envisager.
Apporte lui cette arme… Rapporte lui ce que tu as vu. Et si jamais il a autant de cran que tu le penses… Invite le à me voir, peut-être que j’arriverais à faire de lui un vrai de Nerra.
Ou tout du moins, lui raconter ce qu’était vraiment sa mère. »


Dernier regard, lourd de sens... A toi de voir, Maeve... Prends-tu le risques que je le change ?
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"Pour toujours... Et à jamais."

"Mercenaire rôliste, cherchant une troupe ? Contactez moi..." Zoko & Fablitos
Maeve.
Surprise. De toutes les émotions, c’est bien celle qu’elle ne pensait pas ressentir. Enervement, honte, dégout, colère, culpabilité pourquoi pas… elle a déjà expérimenté une bonne partie de la palette depuis son arrivée à la table du colosse. Mais la surprise, elle ne s’y attendait pas. Cependant, c’est bien ça qui fait hausser le sourcil de la rousse…

Il est vrai que tu es très différente de ta sœur, Maeve.

Mais d’où le sait-il ? comment la connait-il ? Nore… sa sœur ainée… dont elle ignore presque tout depuis leur anoblissement… avec laquelle elle aimerait plus de liens, de nouvelles ; mais quand on n’aime pas les lettres, qu’espérer de plus ? A peine le temps de s’appesantir, pas seulement celui de poser une question, qu’il enchaine, sourire vissé au coin des lèvres, rouquine déroutée.

Une dague qui se plante devant elle. A peine le souffle du vent, et déjà l’acier devant les mirettes… Une dague travaillée… Le saphir qui orne la poignée. Le fil qui luit dans la semi-obscurité…Pas n’importe laquelle… et ces gravures qui brillent presque… qui sautent aux yeux…

Pour toujours et à jamais…

A peine l’a-t-elle lu l’inscription, que déjà de carmin elle se macule. Le temps de comprendre, d’apprendre ? de comprendre quoi ? Comment il connait sa sœur ? Pourquoi il croit la connaitre ? N’a-t-il pas vu la cicatrice pour la traiter de jeune naïve ? Ne sait-il pas qu’elle a vu le Mal ? Elle le lui a dit pourtant à leur seconde rencontre… Eikorc à côté d’Uriel c’est un enfant de chœur dans l’esprit de Maeve…

Et le soulagement alors que les mots l’atteignent… Il ne le tuera pas, il ne le souhaite même pas. Un jeu, tout n’est que jeu. Elle a perdu la joute mais la partie n’est pas finie. Elle ne le sera jamais, comprend-elle. Rien ne coule de source, rien n’est gagné d’avance, rien n’est perdu avant l’ultime point final. Eikorc en professeur, une leçon qu’elle assimile, sans s’en rendre compte. Ne rien prendre pour acquis, ne pas croire les rumeurs, écouter son instinct… Mais ne pas se laisser guider par lui, pas comme ce colosse qui lui fait face, l’azur amusé, blasé, fou et triste, tout ça et presque rien, son âme est absente de ce regard sans plus de vie.
La pression et l’inquiétude au sujet de Gaspard quittent le cœur et les épaules de la rouquine, laissant le champ libre à la curiosité qu’Eikorc attise. Dans le regard de la Flamme brulent les interrogations. Cette dague, qu’est-ce donc ? Cette devise, que signifie-t-elle ? Forcément un rapport avec la mère de Gaspard, seul lien entre le colosse et son neveu.

Et encore cette surprise, ou plutôt cet étonnement. Les saphirs qui ne lâchent plus les mains abîmées, marquées, brulées du colosse. Le bois torturé alors qu’il en arrache la dague, le cri du tissu qui se déchire, et ce bras qui s’offre à sa vue. Le muscle saillant, et de nouveau, ces mots… Du moins une partie. Scarifiés, teintés sous la peau, pour la première fois de sa vie, la Flamme voit un tatouage… Le tracé alternatif, la boursouflure colorée, les mots qui se détachent sur l'épiderme pourtant buriné d’un colosse qui aimait se passer de chemise dans sa jeunesse.

Eikorc parle. Du moins esquisse ce qui ressemble à une explication. Maeve avait deviné juste en ce qui concerne l’arme, elle était bien à celle dont on ne prononce que rarement le nom, celle dont le fantôme pèse si lourd autour du jeune brun qu’elle aime tant. En revanche, le tatouage appelle bien d’autres questions auxquelles Eik ne répond pas.

Et cette mission qu’il lui confie. Maeve a bien compris qu’elle serait la messagère. A elle de trouver les mots, de savoir dire, raconter, expliquer à Gaspard ce qu’elle vient de vivre pendant cette heure partagée avec un mercenaire. La jeune fille se saisit de la dague en signe d’acceptation, et la range, presque religieusement, en tout cas très respectueusement, dans sa besace, entre deux linges.
L’écuyère avide de savoir aimerait poser encore quelques questions, la rouquine aimerait qu’il lui conte l’histoire, comme elle le fait avec Karyl dans la pénombre de la chambre qu’ils partagent quand il réside à Sémur. Mais ils sont trop différents, et le moment est passé.
La Flamme sait qu’il est temps de partir remplir sa mission et transmettre le tout à Gaspard, qu’il choisisse, lui aussi, ce qu’il veut apprendre. Bien sûr, elle a en tête la phrase d’Eikorc…


Invite le à me voir, peut-être que j’arriverais à faire de lui un vrai de Nerra.

Un arrière gout qui ne fait que passer… Ce qu’il ignore parce qu’il n’a pas pris le temps jusqu’à maintenant de rencontrer, connaitre, ce neveu qu’il fait mine d’exécrer… c’est que Gaspard est bien plus fort que ce qu’en pense le chef de la Zoko. Et que les valeurs, les principes familiaux Alterac ont bercé l’enfance du vicomte. Maeve le sait, le sent, il ne changera pas. Il ne peut que grandir de cette rencontre si crainte, mais le Nerra seconde génération n’embrassera pas la carrière du premier du nom… Elle se permet un sourire, alors que les gambettes se déplient, qu’elle s’étire et se lève.

Il en a besoin. Compte sur moi, Eikorc de Nerra, je lui dirai. Il viendra.

Rajustant sa cape, elle incline doucement la tête, avant de rejoindre la porte… Au dernier moment, volée de boucles rousses, saphirs qui se plantent dans l’azur d’Eikorc.

Une dernière question… Si tu permets.
Et le reste de la devise ?


Ce n’est qu’une fois les mots posés qu’elle repart… Tourbillon sous le crane bousculé de la demoiselle, le galop de Fernand la ramène à son armée. Bientôt, elle le sait, ils se retrouveront dans une taverne bourguignonne, bientôt l’armée rentrera au bercail. Elle aura eu le temps de transmettre le message, elle sera là… Si Gaspard le veut. Une chose est sûre… Elle ne regrette pas d’être venue.
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Au revoir, Fab.
Eikorc
Devant ses yeux, la jeune rouquine semble peu à peu reprendre de la hauteur… Peut-être à cause de ses épaules qui se redressent imperceptiblement, comme si un poids énorme venait de s’envoler… Ou peut-être parce que ce sont ces yeux brillants d’une étincelle curieuse qui le rende, lui, presque trop las… Sans aucun doute que les mots lâchés ont déclenché une réaction en chaîne… Sans aucun doute un nombre incalculable de questions est en train de brûler les lèvres carmines de l’Alterac… Mais il s’en fout.
Son regard métallique, beaucoup trop sombre tout à coup, ne cesse de naviguer entre les saphirs trop doux, trop curieux, trop… jeune… Et cette lame étincelante, qui lui rappelle les années perdues, les moments disparus…

Cette arme qui symbolise la partie émergé d’un lien incroyable… Cette dague offerte comme pour officialiser cette attache alors qu’une jeune diplomate s’offrait à un Auvergnat… Cadeau de mariage pour elle, alors que tout son corps, toute son âme lui criait de ne pas laisser faire ça. La trogne se secoue brièvement, peut être même trop faiblement pour qu’elle le remarque, pour chasser encore quelques instants les souvenirs …

Jusqu’à ce que les mains fines viennent enserrer la garde… Jusqu’à ce que les doigts encore un peu juvénile viennent s’enrouler autour de l’acier… Un sourire las flotte quelques secondes sur ses lèvres alors qu’elle fait disparaitre l’un des derniers souvenirs de son âme-sœur dans sa besace.
Son esprit vogue entre deux mondes quelques secondes, quelques instants qui lui semble durer une éternité alors que son regard suit chacun des gestes de cette jeune femme qu’il a fait devenir messagère… Les yeux détaillant ce petit bout de femme qui se dresse, s’étire et lui fait face, debout…
Des mots qui s’élèvent, qui volent jusqu’à ses oreilles, un hochement de tête pour les accepter et un léger sourire vient se glisser au coin des lèvres alors qu’elle se dirige vers la sortie… Juste avant de faire demi-tour et lâcher quelques derniers mots, comme si de rien était…

D’un clignement de paupières, il réceptionne la question, la réponse venant d’elle-même jusqu’à ses lèvres alors qu’il lâche sans réellement réfléchir une dernière énigme… Sauf, qu’elle a toute les pièces en main pour trouver la véritable réponse…


« Nous sommes les faces d’une même pièce… »

Et à peine la donzelle partie, les souvenirs assaillent, attaquent… Les paupières se ferment lourdement alors que les mains viennent masser les tempes où résonnent les sourdes douleurs de sa nuque… Devant lui, danse le visage d’un Soleil qui éclairait les parties les plus sombres de son être… Alors que lui-même l’entraînait dans l’ombre du sien de temps à autres.
Apolonie, son autre, son âme, sa sœur... Celle qu’il a arraché à la mort en Gascogne, celle pour qui il a survécu en Périgord… Ce lien, cette attache éternelle qui l’habite, toujours à la recherche de l’autre. Celle a qui toute son âme était offerte, cette jeune femme qui le connaissait mieux que personne, qui le comprenait comme nul autre…

Pourquoi ? Pourquoi t’es tu laissée aller ? Pourquoi ne t’ai-je pas empêché de retourner si loin de moi ?

Un fin sourire étire le coin de ses lèvres et au creux de son ventre vient s’éveiller une sensation qu’il connait que trop bien… Les épaules puissantes roulent pour se délasser et lentement, le de Nerra se redresse avant de se lever. Les paupières s’ouvrent d’un seul coup, parcourant l’assemblée d’un regard flamboyant de haine alors que ses poings massifs se serrent…
Aucun coupable… Aucun fautif… Il l’a comprit depuis le temps, on le lui a dit et répété, comme s’il ne le savait pas… Des années, trop d’années… Il n’est pas triste, il est juste fou… La folie par la haine, il n’est plus qu’un simple colosse sans âme, sans véritables attaches… L’avatar de la colère, Eikorc de Nerra. Et un petit rire désincarné lui échappe alors qu’il prend la direction de l’escalier, son boitement légèrement moins appuyé…

Il y a des jeux qui ne finissent jamais…

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