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[RP] Une écuyère, un mercenaire... un neveu, un amoureux.

Maeve.
[Sur la route...]

Tignasse au vent, elle galope. Quelques lieues avant de rattraper le campement de l’armée délaissé à l’aube, elle l’aura rejoint avant la fin de l’après midi, son absence à peine remarquable. Quelques lieues pour penser à ce qu’elle fera arrivée là-bas. La rencontre avec le colosse aura été instructive… Pas seulement par les informations recueillies, mais ce qu’elle aura appris sur elle-même également. Y compris le fait qu’elle ne peut pas se mesurer à un mercenaire aguerri qui a vu dans sa vie plus de mal qu’elle n’en rencontrera jamais, du moins espérons-le pour elle…

La foulée régulière de Fernand pose sa respiration et ses pensées. La Flamme n’aurait pas pensé que l’entrevue se déroulerait de la sorte. A vrai dire, elle n’y avait pas songé avant de se retrouver en face d’Eikorc. Ce n’est que maintenant qu’elle se rend compte à quel point elle avait appréhendé le rendez vous improvisé, ses épaules crispées, la nuque tendue…
Soupir qui s’envole en buée, vite dépassé. Quelques questions qui lui restent en tête… Quelques énigmes, lancées par le colosse, qui parsèment le chemin du retour… « Il y a des choses que vous ne pouvez pas comprendre, ni même envisager. » « Nous sommes les deux faces d’une même pièce. » Maeve savait, bien sur, qu’il n’y avait pas de lien de sang entre l’oncle et la mère de Gaspard, que leur lien était d’une autre nature. Elle n’imaginait pour autant pas que le colosse puisse s’attacher aussi profondément, jusqu’à se confondre avec cette autre qu’elle n’a pas connue.

Ses pensées tel un long fleuve qui n’a rien de tranquille dérivent sur l’objet de sa mission… Cette dague qu’elle doit remettre, et surtout celui à qui elle doit la donner. Ce jeune brun qui entend tout et son contraire sur cet oncle qu’il ne connait pas… La Flamme vacille, se demandant comment elle ferait pour grandir et se construire au milieu de gens qui auraient mieux connu ses parents qu’elle, au milieu d’histoires plus invraisemblables les une que les autres, avec cette pression sans cesse renouvelée, ce nom à « mériter »…
Et cette nouvelle perspective qu’Eikorc a soulevée, à laquelle Maeve n’avait pas seulement pensé… Ne voyant en lui qu’un mercenaire sans foi ni loi, sans amour et sans haine, qu’une colère triste et cette folie furieuse… elle a perçu comme autre chose. Porter ce nom, c’est prendre des risques… Qu’on confonde neveu et oncle, qu’on attaque Gaspard pour son ascendance… Et ce que ça sous tend comme idée, le colosse s’inquiétant, même inconsciemment, pour cet adolescent qu’il ne connait pas.

Elle sera bientôt face à ses responsabilités. Légère boule qui se forme dans les tripes et remue le tout jusqu’à se nicher dans la gorge. Comment son amoureux prendra-t-il le fait qu’elle soit allée seule voir Eikorc ? Comment écoutera-t-il le message qu’elle a à transmettre ? Parviendra-t-elle à le convaincre ? Parce qu’elle en est persuadée, il doit rencontrer son oncle. Gaspard doit voir Eikorc, qu’il sache d’où il vient. Qu’il lui raconte vraiment cette mère dont tout le monde semble connaitre une facette, à croire que personne ne la connaissait vraiment… ou qu’elle était mille.


[A destination]

Malheureusement, elle ne croise pas Gaspard le premier soir. A peine arrivée, ils repartent pour Sémur. L’armée est démobilisée, enfin la maison. Mais le jeune Nerra, entre ses leçons avec Erik et sa vie de chamailleries avec Cassian, n’est pas de suite disponible. Quant à la jeune Alterac, elle a aussi ses entrainements, ses cours avec Snell, ses retrouvailles avec sa mère, avec Karyl, et sa rencontre avec Maleus, avec Karine. Au milieu de leurs emplois du temps, se croiser seule à seul pour plus de quelques minutes relève de la pure gageure.
Ce n’est qu’au troisième soir, prenant son courage à deux mains, qu’elle attend que le blondinet s’endorme, ainsi que le reste du château parental, pour s’extirper de sa couche. Bravant un interdit maternel, elle longe le couloir à tâtons, sa besace sur l’épaule, en tenue de nuit et pieds nus… léger frisson alors qu’elle se poste devant la porte de Gaspard et l’entrouvre sans bruit.
Furtivement, la Flamme s’avance, silencieuse, jusqu’au lit de son amoureux. Une main sur la bouche du brun, elle le réveille doucement. Enfin sure qu’il ne criera pas de surprise, elle le lâche, et pose un index devant ses lèvres.


Chut hein… j’ai pas le droit d’être là…

Le laissant reprendre ses idées et se redresser, elle va près de l’âtre raviver les quelques braises qui s’y trouvent.

Viens… il faut que je te parle.

Le feu ramené à la vie fait danser le roux dans les boucles de la Flamme qui, en tailleur près de la cheminée, pose devant elle le linge contenant la dague, main protectrice, qu’il n’y touche pas avant d’y avoir été préparé. Une fois Gaspard installé en face d’elle, sa menotte encore libre se saisit de celle du jeune homme, par habitude.

Prêt ?
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Au revoir, Fab.
Gaspard.
Changement. La vie de Gaspard semble constituée uniquement de ca ces dernières semaines. Alors qu'il commence a entrer dans la peau de l'écuyer qu'il est devenu il s'aperçoit que ce qu'il pensait acquis ne l'est en fait pas tellement. Il a rencontré Felina, Maleus, et ceux qu'il voyait comme des démons tout de griffes et de feu sont en réalité des personnes avec qui le jeune brun pourrait facilement se lier d'amitié. Et les ombres laissées par sa mère autour de sa vie semble se dissiper peu a peu au fur et a mesure qu'il apprend a connaitre ceux qui l'ont fréquentée. Lui qui se posait tellement de questions commence à avoir des réponses... des réponses qu'il aime. Sa mère semblait savoir s'entourer de gens bien, peut être pas parfaits ou droits comme l'est Marie Alice, mais des gens d'honneur et sur qui l'on peut compter.

Il a encore tant a découvrir de ses origines. Les gens qui connaissaient sa mère passent leur temps a lui parler de son nom... Oui c'est un Nerra, et il le porte fièrement comme l'avait souhaité sa mère mais on semble attendre plus de lui. Il doit semble t'il "mériter" ce qu'il pensait acquis de droit de par sa naissance. Mais à qui prouver qu'il était digne de cet "honneur"? Et surtout comment le prouver? Certains semblaient dire que c'était en devenant chevalier, d'autres qu'il devait se montrer aussi fier et fort qu'était Apolonie. Plus qu'un héritage, elle lui avait légué toute une série d'épreuves qui s'apparentaient d'avantage a ceux d'Hercule qu'à ce qu'un jeune homme pouvait réaliser.

Depuis son retour à Semur c'était l'épuisement de l'entrainement qui l'emportait dans le sommeil; car ses pensées n'étaient plus occupées que par ses origines et tout ce qu'on attendait de lui. Il serait chevalier, il serait fort et brave, mais cela ne semblait rien représenter pour les amis de feu sa mère. On le disait fier et hautain et il commençait à penser que seul ses yeux et son nom l'unissaient a sa défunte génitrice. Ils n'avaient apparemment rien d'autre en commun et on lui en voulait pour ca. Le fardeau dont on le chargeait commençait à le miner et le faire sombrer dans une sorte d'abattement. Jamais il ne serait sa mère et on lui faisait bien comprendre qu'elle valait mieux que lui.

Heureusement Maeve, Cass' et meme Karyl, désormais indissociable du groupe lui rendait un regard plus flatteur de lui même. Ils ne semblaient rien attendre de lui. Ils voulaient juste qu'il soit Gaspard, sans considération pour son nom. Ils n'évoquaient jamais, ou extrêmement rarement, ses origines et les personnes qui entouraient sa mère. Le pacte qui allait bientôt les unir, Cianne y comprit, lui permettrait de trouver une place autre que celle "du petit Nerra". Et son amour naissant mais fort pour Maeve augurait d'un avenir prometteur.
Comme bien des nuits c'est l'esprit plein de ces pensées que Gaspard s'assoupit et dormit d'un sommeil de plomb que n'apportent que la fatigue physique et les efforts.

...
Une douce chaleur sur sa bouche tire le jeune homme de ses songes et c'est un peu affolé qu'il ouvre les yeux pour voir une cascade de cheveux de feu au dessus de son visage. Poussant un soupir il laisse sa tete retomber sur son oreiller, l'esprit encore trop embrumé pour se demander ce que Maeve peut bien faire dans sa chambre la nuit. Mais bien vite il acquiesce quand Maeve lui intime le silence, comprenant les raisons assez rapidement. Si Marie la trouvait là ils seraient tout deux partant pour une belle séance de chauffage d'oreilles. Et de ce qu'il savait on pourrait également se méprendre sur leurs intentions... Un couple d'amoureux dans une chambre ça pouvait prêter à confusion... Confusion que tout le monde se presserait de faire. Aussi, sans un bruit il s'assit sur son lit et observa sa belle qui ravivait le feu et faisait apparaitre quelques faibles flammèches qui apportaient plus de lumière que de chaleur.

C'est sans un mot qu'il la rejoint devant l'âtre et qu'il sent sa main se glisser dans la sienne. Le moment semble solennel. Les yeux de la jeune rouquine brillent d'un éclat où se mêlent toute une pléiade d'émotions, ce qui ne rassure pas Gaspard alors qu'il se frotte les yeux pour en chasser le sommeil.
"Pret?"... Mais comment être prêt alors qu'on ne sait rien?... Elle veut lui dire qu'elle ne l'aime plus peut etre... Pourtant rien n'a semblé changer entre eux, au contraire même, leur relation se faisant de plus en plus... adulte.


Prêt? Autant qu'il soit possible vu le moment et les circonstances... J'ai l'impression que tu as quelque chose de très grave a m'annoncer Maeve... Je t'en prie dis moi vite de quoi il retourne...
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Maeve.
La Flamme cherche dans l’azur de Gaspard de quoi se lancer… L’ombre et l’obscurité qui les entourent, loin de l’effrayer, rassurent la rouquine. A l’importance de la mission confiée, elle préfère ne pas ajouter la gêne… C’est que c’est la première fois depuis leur enfance que Gaspard la voit déparée de ses braies, de sa chemise, de son surcot, de son plastron, de ses bottes, de ses bas… Simplement vêtue d’une chemise longue de nuit en toile simple, elle offrirait, si la lumière était celle du jour, la vision de son corps métamorphosé par l’adolescence.
Ses boucles rousses pour une fois lâchées, coiffées avant la nuit, retombent jusqu’au milieu de son dos, sur sa poitrine épanouie à l’en complexer, la mode étant aux seins menus, non bandée pour ne pas gêner le sommeil… Heureusement, nulle chance qu’il aperçoive sur ses cuisses fluettes, malgré les muscles dessinés par les entrainements et l’équitation, les cicatrices de sa rencontre avec un coquillard…

Mais les lueurs du feu ne font qu’effleurer la Flamme et elle peut se concentrer sur cette main chaude dans la sienne, sur le regard aux brumes ensommeillées qui ne la quitte pas, sur ce qu’elle a à dire. Cette dague, entourée d’un linge, entre eux, comme un rappel constant. Elle se trouve là cette nuit dans un but précis qu’elle compte bien atteindre… Raconter, convaincre, lui expliquer…

Et s’excuser.

Car elle est désolée la rouquine, désolée de n’avoir pas eu suffisamment confiance en Gaspard pour le laisser y aller, désolée de n’avoir pas assez réfléchi pour ne même pas le prévenir, désolée d’avoir foncé tête baissée comme elle aurait pu le faire enfant… Désolée de lui avoir volé un morceau de son histoire sans lui accorder la chance d’aller le cueillir lui-même.
Le regard de la Flamme, lumière jouant avec les boursouflures de sa cicatrice qu’il surplombe, se tourne vers Gaspard résolument après avoir dansé un instant avec le feu. Les mains s’étreignent un peu plus, alors que dans un murmure pourtant doté d’une certaine assurance, elle lui fait promettre :


Ne m’en veux pas, s’il te plait. Quoique je te dise… je te présente d’abord mes excuses.

Puis, d’une traite, sans lâcher le lien azuré d’un battement de cils, elle lui raconte.

Tu sais que j’ai déjà rencontré ton oncle. Tu sais qu’à Joinville j’avais parlé avec Eikorc. J’ai appris il y a quelques jours qu’il était en Bourgogne. Pas à Sémur encore, mais en Bourgogne. Et j’y suis allée. Seule. En une journée j’ai fait l’aller retour, tu ne t’en es même pas rendu compte. Dans une taverne je l’ai trouvé, et nous avons parlé.

Maeve cherche dans l’azur de son amoureux de quoi continuer… N’y trouve rien, mais persévère quand même.

Nous avons parlé de toi… de lui. De cette menace qui semblait peser sur toi. Il ne veut pas te tuer. Il l’aurait déjà fait sinon. Il m’a donné un message, à te transmettre. Il sait combien je t’aime. Que je ne veux pas que tu prennes de risques. C’est un homme de parole, à défaut de foi, je pense.

Il tourne la tête… elle passe leurs mains mêlées sur sa joue, attirant de nouveau son regard vers elle.

Ne m’en veux pas, tu as promis. Elle se sent soudain bien petite, Maeve, pour un tel fardeau. La main posée sur le linge en écarte les pans, doucement, dévoilant à la faible lueur de l’âtre un fil brillant, une dague longue, fine, travaillée, et un éclat dans le saphir qui en orne la garde.

Il m’a montré son bras. Il m’a donné cette dague. Il m’a dit qu’avec ta mère, ils étaient les deux faces d’une même pièce… Sur la lame, j’ai lu gravé « pour toujours et à jamais »… Sur lui, sur sa peau, est gravé « pour toujours »… je pense que le reste de la devise était sur celle de ta mère… Mais je n’en suis pas sûre. Je crois… je crois qu’il pourra beaucoup t’apprendre sur elle.

La Flamme vacille, déglutit et se reprend, serrant la main du brun qui s’échappe de la sienne.

Il a dit que tu pouvais aller le voir, si tu voulais apprendre. A devenir un vrai Nerra, ou à connaitre ta mère.

Tressaillement de la Flamme, scintillement de peur, elle qui était si sure d’elle pourtant face au colosse quand il avait dit ça… Si persuadée que son promis ne souhaiterait pas suivre la voie du mercenaire, si certaine que Gaspard saurait faire la part des choses… Tremblante ce soir. L’air est frais, mais ce frisson ne saurait disparaitre avec un foyer plus ardent. Inquiète, elle ne le quitte pas des yeux.

Ne m’en veux pas… S’il te plait. Et je crois… que tu devrais y aller. Le voir. Sans forcément le suivre… juste… apprendre ce que personne d’autre ne pourra te dire… je serai avec toi. Pendant, ou à ton retour. Je serai là, toujours.
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Au revoir, Fab.
Gaspard.
sourcils qui se froncent et regard qui se durcit alors qu'elle égraine son histoire et sa rencontre avec Eikorc. Ainsi elle le pensait tellement faible qu'elle s'improvisait une défenderesse a son insu. Pour quoi allait passer le jeune brun? Pour un pleutre a n'en point douter. Elle l'avait trahi... Il lui faisait confiance et elle avait été voire son oncle, fouillée dans sa vie, se mêler de ses histoires de famille. Jamais Gaspard ne s'était placé entre Marie et la rousse alors de quel droit agissait elle ainsi avec lui? Il n'avait rien demandé, il prenait son temps, apprenait a connaitre Maleus et ceux qui avaient connus sa mere. Il avait entreprit des démarchés et avançait doucement sur le chemin de la compréhension... mais elle avait tout gaché. Ne pouvant soutenir son regard débordant d'excuses il senti une paume douce le forcer a la regarder et c'est plein d'amertume qu'il plongea ses azur dans les prunelles de Maeve.

Qu'attend tu exactement? Que je te remercie? que je te félicite? Maeve tu n'aurais pas du. Et encore moins sans me prevenir. Je pensais qu'au moins toi tu me comprenais et que tu me laisserais prendre mon temps pour apprendre a connaitre ma mere et ses amis.

Froid et amer il avait parlé d'un ton ou percait une deception qu'il ne pouvait pas masqué. D'un coup d'oeil il observa l'arme qu'elle avait deballé devant lui. Il ne savait que penser du geste de son oncle. Pourquoi lui donnait il ca? Un present? un avertissement?
La faible lueur du feu danse sur la lame en parfait etat de la dague et donne un aspect etrange a la pierre qui en orne la garde. L'orange des flammes donne au saphir un aspect effrayant et presque sanglant. Une arme ornée d'un joyaux de feu et de sang... qu'attendre d'autre de son oncle mercenaire de toute facon? Se perdant dans la contemplation de la dague quelques minutes il essaya de faire le point sur ce que lui disait son amoureuse.
Une devise, "pour toujours et a jamais", inscrite sur une lame et gravée dans la chaire. Cela ressemblait a un pacte, a une promesse... Une promesse qu'auraient pu se faire deux amants. Sa mère et Eikorc étaient ils amoureux? Il n'avait jamais entendu de rumeur sur le sujet mais ce qu'il apprenait l'intriguait au plus haut point. Elle était proche de Eikorc au point de se mutiler pour lui... Gaspard ne comprenait plus rien.
Maeve avait voulu clarifier les choses mais elle n'avait fait que semer un peu plus le trouble dans l'esprit du jeune Nerra et il aurait voulu ne jamais s'etre penché sur tout ca. Au fond de lui il regrettait de n'etre pas comme les autres. Pourquoi devait il porter le poids de toute les actions de sa mere? Que devait il faire avec la dague?... Inconsciemment sa main se saisit de l'arme. Visiblement elle etait d'excellente facture. Legere et solide, parfaitement equilibrée, c'etait une dague bien trop belle pour un jeune homme.
Reposant l'arme sur le linge la pousse vers la Maeve avec un regard réprobateur


Je ne le veux pas. Puisque c'est devenu ton ami tu n'as qu'a lui rendre, ou la garder. Si me mère avait voulu qu'elle me revienne elle me l'aurait léguer. Je n'en veux pas. Si tu avais souhaité que je rencontre mon oncle tu aurais du me proposer d'y aller avec toi. Je n'aime pas qu'on fasse les choses dans mon dos. Je pensais que tu aurais le courage de me dire ce que tu voulais faire et que je pouvais te faire confiance. Tu m'as beaucoup déçu Maeve...
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Maeve.
Froid… il fait très froid dans cette chambre d’enfant, malgré le foyer qui reprend vie sous leurs yeux. Mais la Flamme, elle, vacille et tremble sous le regard si dur du jeune Nerra. Le nez de la rouquine se fronce dans un réflexe défensif, désapprobateur. Pas envers lui…. Envers elle. Il n’a pas tort, Gaspard, elle le sait. Mais elle ne s’attendait pas à telle froideur, à telle réaction.
Les tripes se serrent comme la gorge alors qu’elle le sent se crisper, se durcir. Secouant la tête, elle se relève. La dague reste au sol, posée sur le linge. Du petit garçon qui la faisait sourire malgré sa cicatrice qui alors prenait toute la place et qu’elle connaissait par cœur, il ne reste rien dans ce regard qui pèse une tonne sur les épaules frêles de la jeune fille.

Ils avaient tant partagé pourtant… Depuis leur tendre enfance, depuis cette taverne auvergnate où la famille Alterac était passée récupérer ce petit brun si timide, ils avaient appris à se connaitre. Des bêtises enfantines aux plus intimes confidences, Maeve et Gaspard avaient tissé un lien plus que fraternel. Celui qu’elle appelait son presque frère, devenu depuis quelques mois son amoureux, elle le ressent, comme elle comprenait Leandre, comme elle perçoit Karyl…
Alors pourquoi l’a-t-elle trahi ? pourquoi l’a-t-elle sous estimé ? pourquoi s’était-elle crue plus capable, plus forte ? L’envie qu’il ne grandisse pas aussi vite qu’elle avait pu le faire ? La peur que le colosse ne le blesse ? Mais fillette, c’est toi qui viens de le blesser, et surement plus profondément que ne l’aurait fait une claque d’Eikorc.

Trop grande, trop sérieuse, trop responsable, trop protectrice… Alors qu’elle avance vers la porte, elle se retourne, les saphirs sur la silhouette de Gaspard, fuyant son regard, gravant la scène dans sa caboche. Elle a fait comme sa mère, elle s’en rend compte. A protéger sans cesse selon sa vision des choses, elle l’a privé d’une partie de son histoire, et l’a déçu…

Qu’il soit en colère, qu’il soit furieux, exaspéré, dépité, elle aurait su le gérer, mais la déception est le pire des sentiments qu’on puisse inspirer à quelqu’un qu’on aime… le lire dans l’azur de son promis est plus qu’elle ne peut en supporter. D’une voix rauque et basse, elle s’excuse, et ne peut rien faire d’autre que tâcher de rester digne. Elle a tort, comment faire autrement que baisser la tête et attendre qu’il lui pardonne ? S’il le peut un jour…


Je suis désolée… Sincèrement désolée. J’ai fait ce qui me paraissait juste sur le coup, j’aurais du t’en parler.

Désignant la dague devant le jeune homme…

Mais pour une erreur de ma part, ne refuse pas pour autant ton héritage et ton histoire. Va le voir. Demande-lui l’histoire de cette arme qu’il te transmet. Ce n’est pas mon ami, Gaspard. Mais quelqu’un que je respecte. A toi de faire tes choix… Qu’ils ne soient pas guidés par mes fautes…

Bien plus bas, murmure qu’il entendra à peine.

Je ne suis pas parfaite… Ne m’en veux pas… tu m’as dit un jour que ce que tu aimais chez moi, c’est que je n’attendais rien de particulier de toi… Alors n’attends pas plus que ce que je peux être…

Et tout aussi doucement elle se détourne, posant sa main sur la poignée de la porte, son front reposant une seconde sur le bois, inspirer, avant d’affronter le couloir et la solitude relative de sa propre chambre… L’envie de se tourner de nouveau, l’envie d’aller vers lui, de s’agenouiller, de l’embrasser, lui dire combien elle est désolée, que c’est parce qu’elle avait peur pour lui qu’elle est allée trouver Eikorc, lui demander de lui pardonner, serrer sa main, l’embrasser…
Et rester là, front blanc contre bois noir, dans la pénombre d’une chambre qui n’aurait pas pensé voir la première rencontre nocturne des tourtereaux se dérouler de la sorte. Pardonne moi s’il te plait… dans deux secondes, je serai sortie…

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Au revoir, Fab.
Gaspard.
au fond de lui...


Dur, froid, depuis quand le jeune brun avait il ce comportement? Il s'étonnait de s'entendre parler de façon si dure a celle qui l'avait toujours compris, a celle qu'il aimait. Et voila qu'elle se préparait à partir, à quitter la chambre où elle était venu malgré l'appréhension qu'elle ressentait. Elle lui avait annoncé dès le départ qu'elle était désolée, elle savait que son geste ne serait pas du gout de son amoureux, mais elle avait agi... Elle qui était si posée, calme et réfléchie, elle avait pris le risque de se rendre auprès d'Eikorc. Mais pour quoi? pour qui? Il n'y avait bien sur qu'une réponse: pour son amoureux. Poussant un profond soupir il l'observa lentement se lever et se diriger vers la porte. Il avait peur de ce qu'il se passait entre eux à ce moment. Depuis quand la rouquine fuyait elle? Depuis quand refusait elle d'assumer ce qu'elle avait fait?

La réponse vint naturellement. Elle s'en voulait bien plus que Gaspard ne lui en voudrait jamais. Observant un instant la dague posée sur le sol il lut l'inscription à voix très basse plusieurs fois "pour toujours et à jamais". Elle résonnait d'un écho étrange aux oreilles du jeune Nerra et en relevant la tête vers la rouquine deja à la porte il comprit pourquoi. Cette devise que sa mere avait partagée avec Eikorc, il la partageait aussi avec Maeve. Même si jamais elle n'avait été prononcée c'était pourtant bel et bien un lien identique qui unissait les deux jeunes. Puis sans même le vouloir il sentit ses sourcils reprendre une courbure normale et essaya un instant de se mettre a la place de sa douce. Sans aucun doute aurait il agi de même pour elle. Cette pensée éclaira la scène d'une nouvelle lumiere qui se répercuta immédiatement dans le regard de Gaspard alors qu'il croisait celui de Maeve.

Se levant d'un bond il se précipita vers elle et posa sa main sur celle de la rouquine qui était déjà en train d'ouvrir la porte puis plongea son regard dans celui, débordant d'excuses, de celle qui partageait désormais sa vie
.

Reste... Je t'en prie reste la... je.. n'approuve pas ce que tu as fait. Mais je le comprends... je crois.

Sa voix était plus douce et nulle amertume ne semblait plus y percer. D'une main il ramena sa belle auprès du feu et il s'assit, l'invitant a faire de même. Puis alors qu'elle prenait place il se saisit de la dague


Pour toujours et a jamais... Cela aurait pu être notre devise dans un sens. Nous avons partagé beaucoup de choses depuis toutes ces années, et chaque jour je sais que je peux compter sur toi. Je t'ai dit que j'étais heureux que tu n'attendes rien de moi et je serais lâche de ne pas agir de même avec toi. Mais disons que...Embrassant la chambre d'un ample geste de la main... je ne m'attendais à ce que ça se passe ainsi... ici et maintenant. Je ne m'attendais pas à ça du tout en fait. J'aurais préféré qu'on en parle avant plutot qu'une fois tout cela terminé. Tu me mets devant le fait accompli et j'avoue que cela fait partie des choses qui me désarçonnent et me rendent assez nerveux.
T'a-t-il expliqué pourquoi il me donnait cette dague?

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Maeve.
Le front sur cette porte, et ce contact, attendu, espéré, qui enfin s’opère. Cette main sur la sienne, cette voix qui s’exprime… cette douceur dans le ton, ce contraste avec la précédente, et le soulagement qui s’exhale en un soupir silencieux… « il m’aime encore »… Elle tourne la tête, le regarde.
Alors que la main de Gaspard la ramène près de l’âtre, elle le regarde. L’étudiant presque… cherchant dans ses traits ce qui avait bien pu la faire basculer de sentiments fraternels à des sentiments amoureux pour cet adolescent qu’elle connait depuis l’enfance…

Son menton volontaire ? Son front large et blanc parsemé de mèches échappées de sa coiffure alternativement froissée ? Ses lèvres douces, sa bouche généreuse ? Son nez droit et masculin ? Le regard descend… Ses épaules larges ? Son dos fort et proportionné ? Son torse qui sera fort ? Les saphirs remontent. Son regard ? L’azur de ses yeux qui savent si bien lire dans les saphirs de la rousse ?
Elle ne sait pas. Elle ne pense même pas que ça ait un rapport. Si elle l’aime, c’est sans nul doute pour son caractère, son attitude… l’ouverture d’esprit, la gentillesse, la bonté, la droiture. Pour ses sourires, ses rires, ses bouderies… Son humour, sa susceptibilité parfois, sa capacité à pardonner… L’importance qu’il accorde à la famille, l’humilité… même si souvent elle s’exprime mal.

Elle l’aime. Et d’autant plus à la lueur de ce feu qui brille de son pale reflet, à peine ravivé, flammèches timides qui caressent le profil de l’homme qu’elle aime… Parce qu’elle voit déjà en Gaspard, cet homme qu’il deviendra si les épreuves qu’elle-même a vécues l’épargnent… Elle prie pour ça la rouquine, avant de s’endormir, chaque soir.
C’est avec un sourire qu’elle se rassoie face à lui. Léger, aérien sur ses lèvres, et pourtant, si amoureux. Elle l’écoute et l’entend… Ce qu’il veut dire en disant qu’ils vivent la même chose, même si elle soupçonne entre le Colosse et l’Apo une relation toute différente de la leur. Elle entend qu’il veut en apprendre plus. Entre ses mots, elle lit les lignes invisibles… celles qu’il ne souffle pas, et acquiesce lentement. Quant à l’explication…


Il m’a dit… Il m’a dit que c’était un moyen d’aller le voir. Si tu veux devenir un Nerra, ou apprendre à connaitre ta mère. Un message d’espoir. Ton oncle n’est pas fermé… Il est juste fou. Triste même je dirais… Vide. Je crois que ta mère a beaucoup compté pour lui, et d’après ce que disait Maman… qu’il est devenu fou à sa mort, et… Elle baisse la voix, comme pour adoucir ses paroles. Comme elle est morte en te mettant au monde… je crois que c’est pas facile pour lui. Après, ce sont des suppositions…

Elle le regarde… récupérant ses mains dans les siennes… mesurant combien elle peut aimer ce jeune brun au passé pesant, à l’avenir pas évident. Bleu dans l’azur, elle le mesure. Et l’aime. Doucement, on aperçoit en ombre chinoise sur le mur d’en face un minois se rapprocher de l’autre, des lèvres s’effleurer, avant de partager un véritable baiser d’adulte. Un couple…

C'est ton histoire... mais quand on sera mariés... ce sera aussi la mienne... Vis la...
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Au revoir, Fab.
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