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Auberge du Vieux François

Mariealice
Inspiration... Faire entrer l'air à nouveau, repousser les parois de chair comme elle l'aurait fait de bras l'emprisonnant. Avaler sa salive pour soulager la gorge irritée et sèche. Sentir le sang charriant la vie en elle, repoussant l'air vicié de ses poumons pour...

Expiration... Sortir cette hargne, cette douleur, les visualiser telle une nuée d'insectes fondant sur un champ prêt à être récolté, loin d'elle, très loin.

Apaisement... Calmer le coeur qui pompait, aspirant, injectant, réchauffant? Ah non cela nul besoin. Comment réchauffer de la lave en fusion?

Concentration... Ecouter l'homme face à elle, se forcer, ne pas hurler, rester là, debout, main posée sur la poignée, façon comme une autre de se rassurer sur la possibilité de l'ouvrir.

Regard vert dans l'ambre, les deux aussi sombres l'un que l'autre, chacun bataillant contre l'autre, bataillant contre la bête tapie à l'intérieur aussi. Quelle lutte était la plus difficile d'ailleurs?

Regard vert dans l'ambre, soeur contre frère, soeur désemparée un peu plus à chaque assertion, assénée telle des coups de marteau sur un métal récalcitrant, métal forgé devenant épée plantée en son ventre, cette même épée dont il tenait fermement le pommeau sous sa main.

Voix, calme, bien trop sans doute, froide, métallique, renvoyant alors à celui d'en face les coups portés.


Ce que je te demande... Peut-être de me faire confiance. Ah non pardon. Je n'en suis pas digne. On le sait tous désormais et depuis un temps certain même.

De voutée de prime abord, elle se redressait au fur et à mesure que les mots cinglaient.

En pâture? Oh mon Dieu non... Moi? Ainsi je serais soudain devenue capable de me repaitre de la douleur infligée, des attaques portées, du sang versé?

Lâche toi? Non cela m'est réservé. A moi. A moi uniquement. Qui d'autre pourrait l'être voyons...Et tu parles de m'affronter? Mais enfin Enguerrand, un lâche ne se bat pas c'est bien connu.


Main lâchant la poignée de la porte, corps devenu rigide, droit, tendu de toutes ses forces qui pourtant se plia pour faire une profonde révérence avant de retrouver sa position initiale, parfaite ballerine rompue à l'art du paraître.

Chevalier veuillez pardonner votre humble servante à peine digne de baiser vos pieds. Alors digne de confiance non vraiment...

Je ne suis que votre soeur, à demi il est vrai, ce n'est qu'un père que nous avons en commun, qu'une partie de notre sang qui est semblable et cela n'est pas suffisant pour être digne de vous aider. Non. Surtout pas. C'est.. Tout juste bon à ce que je souffre, que je m'inquiéte, que j'ai l'impression que tout ceci est de ma faute.

Ah non, là encore toutes mes excuses. Il est bien évident que n'assumant rien moi-même, je n'assume pas non plus la douleur. Celle que j'ai contribué à faire naitre, celle que je ressens, celle que je vois dès que je ferme les yeux, celle qui vrille tout mon être. Alors la tienne hein....Pourquoi m'en préoccuper?


Et là elle perdit pieds, incapable de contenir plus longtemps le flot d'émotions contradictoires qui s'étaient levées en elle, tempête dont elle était le centre, ouragan dont elle était l'oeil, Aella.....

Pour la première fois de sa vie, le poing de Marie se leva et s'abattit sur la poitrine d'Enguerrand pour la marteler avec toute la force de la tornade qu'elle était devenue, ponctuant quelques mots qu'elle parvint à articuler à grand peine avant de s'effondrer à genoux.


Je te hais.... Je vous hais.... Je me hais.... Je me hais...
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Duel gagné: 1 (Mackx)
Enguerrand_de_lazare
[Sur le ring. Le poids des maux, le choc des horions]

Il s'était tu le chevalier. Tu pour observer cette sœur qui se tenait là. Tu pour tenter de contenir autant qu'il le pouvait la charge intérieure, pris à revers qu'il était par celui dont il avait cru pouvoir se faire un allié.
Elle se taisait également, l'écuyère. Elle se taisait tandis qu'elle avait planté son regard dans le sien. Le lien brutal et sauvage se fit à nouveau entre ces deux là, indissociablement rivés l'un à l'autre, par cette passerelle visuelle posée par dessus l'abime qui peu à peu les séparait.
La voix enfin s'était faite entendre à nouveau. Pas la sienne. Pas même celle de sa sœur. Une autre parlait à sa place.
Celle qu'il avait entraperçue en la salle du chapitre.
Celle qu'il avait brièvement décelée il y avait quelques instants à peine.
Elle se tenait là, face à lui. Elle était tourment et peine. Martyre et chaos. Sang et rage. Elle était sortie enfin, retenue depuis se peut tant et tant de mois.

Les mots crachés résonnaient en l'esprit du licorneux.
Mépris. Colère. Ironie. Perfidie. Tout l'attirail était là, inventaire démoniaque dont le seul but était de blesser tout autant celui qui le prononçait que celui qui en était la cible.
Chaque phrase assénée semblait la rendre plus forte encore.
Chaque parole prononcée faisait grandir en lui Sa présence.
Perte de confiance. Couardise. Lâcheté.
Il aurait voulu hurler, crier de toute la puissance de sa voix qu'il n'en était rien, que jamais ces pensées là n'avaient traversé son esprit. Il aurait voulu tenter de la raisonner. Il aurait voulu faire cesser ce flot de colère en fusion.
Pour l'heure toutefois, chaque parcelle de son être était tout occupée à lutter contre Celui qui maintenant s'approchait, à la tête de ses colonnes de mort. Il n'était plus qu'à quelque trop courte distance des portes de son esprit. Il ne pouvait affronter deux ennemis à la fois. Il avait choisi de s'affronter lui même. Tâche plus aisée ou combat sans espoir aucun? Avait il fait mauvais choix scellant par là même le destin de deux licorneux ou avait pris option la moins mauvaise, qui saurait le moins de destruction et de ravage obtenir.

La lutte était terrible.
Epuisante.
Inutile.
A chaque nouvelle avancée de cet Autre, il devait fournir force plus importante encore. Tel ballon empli d'air immergé dans les profondeurs sous marines, le début de Sa progression s'était fait lent et vacillant, tant la pression de la volonté du licorneux Le maintenait à distance, réduit à inoffensive masse informe, écrasée, compressée.
Mais plus l'avancée se faisait, plus la remontée devenait rapide, et moins cette pression là se faisait ressentir, les paliers passant les uns après les autres, la vitesse s'accélérant sans cesse.
Et chaque mot asséné par sa sœur, chaque bribe de parole provenant de l'extérieur le décontenançait un instant, déviant sa volonté, laissant à l'Autre champ libre pour nouvelles victoires le rapprochant inexorablement de celle qui, finale, verrait son esprit à nouveau sous Son contrôle.

Ses yeux observaient la jeune femme, mais informations et images ne parvenaient que par bribes en son esprit en lutte.
Dérision à nouveau. Humiliation.
Nouvel angle d'attaque, la jeune femme en furie s'en prenant maintenant à ce qui faisait leur union, ce lien du sang qui depuis tant et tant de mois les reliait tous deux.
Pensées un instant détournées vers cet homme du Nord, fier et vaillant, qui avait su séduire celle qui deviendrait ensuite sa mère. Il ne l'avait jamais connu, parti qu'il était déjà le jour de sa naissance. Souvenirs d'une révélation, un soir en la demeure de celle là même qui en cet instant précis raillait les liens qui les unissait.
Sentiment de perte, une fois encore. Perte du peu de famille qu'il lui semblait rester.

Déchirement.
Craquement funeste et assourdissant.
Les dernières défenses venaient de céder.
Les légions hurlantes se précipitaient hors de la place forte de son esprit, menées par ce Cavalier de l'Apocalypse qui n'était autre que lui même, ce double maudit et sanglant, cet être assoiffé de vengeance et de colère.
Il hurlait. De rage, de ce sentiment de victoire qui L'avait envahi. Il hurlait. Et riait.

Les coups soudains se mirent à pleuvoir sur la poitrine du licorneux.
Vive douleur ressentie par ces poings martelants. Douleur décuplée encore par l'origine même de ceux ci. Sa sœur. Sa propre sœur, celle qui avait toujours été là, celle qui l'avait toujours aidé, épaulé, soutenu. Cette sœur là maintenant venait à le frapper de toute sa hargne et sa colère.


Je te hais.... Je vous hais.... Je me hais.... Je me hais...

Un instant. Un bref et court instant, l'Autre hésita, marquant infime pause, la main senestre du chevalier enserrant plus encore la poignée de son épée. La chose aurait été si aisée, si rapide. Le gout du sang déjà affluait en sa bouche quand le licorneux, toujours en lutte avec son double, profita de cette hésitation pour reprendre contrôle, faisant se retirer sa main de la mortelle lame. L'effort était à nul autre pareil, la lutte avec l'Autre étant par trop inégale.

Enserrant les deux poignets de la jeune femme, il luttait désormais physiquement de toute ses forces pour faire cesser ces coups fraternels.
Il luttait. Et hurlait. Il hurlait comme pour tenter par la force de ses mots de faire cesser cet orage de violence. Dérisoire protection face à la furie des éléments déchainés. Il devait gagner du temps. Avant que l'Autre ne revienne, préparant déjà nouvelle charge dévastatrice.


Vas tu cesser, Marie! Vas tu cesser où je te rends coup pour coup! Que me parle tu de cela! Crois tu que ce soit ce que je pense de toi! Reprends toi Marie, reprends toi avant que la famille Jagellon ne compte ce soir deux membres de moins!

La lutte était épuisante, tant sa force physique était faible, les jours passés en les geôles de la forteresse, la lutte menée contre cet Autre en ce jour revenu, l'ayant affaibli comme jamais encore il n'avait été.
La lutte était se peut sans espoir aucun. Mais dut il en mourir sur le champ, il ne laisserait pas sa sœur se perdre. Il connaissait trop ce sentiment là pour le souhaiter à qui que ce soit.
La voix avait repris son travail, plus faible désormais, presque hachée déjà par l'effort fourni.


Tu n'es rien de cela...et tu...le sais. Tout autant que moi...Tu t'es forgée image fausse et déformée de ta propre...réalité, projetant en celle ci tous...tous tes sentiments d'échecs, de...honte et de...souffrance!

Il se tut à nouveau, tentant vainement de rassembler ses dernières forces. Il devait tenir. Encore quelques instants. Quelques mots.
Il était épuisé.
Il...

IL était revenu, reprenant contrôle du corps et de l'esprit du licorneux. La force rejaillit à nouveau, comme au premier jour. La puissance irradiait en chacun de ses muscles. La poigne soudain, se fit plus ferme, les doigts du chevalier traçant sillons sur la peau de la jeune femme.
Il se sentait puissant.
Il se sentait immortel.
Il avait faim.


OUI!!! MERCI PERONELLE!...MERCI A TOI PETITE SOEUR MISERABLE!...TU ME LIBERES...TU ME FAIS REVIVRE...

Un pas en avant, tandis que le visage du chevalier se transformait, les traits fatigués de prime, se faisant acérés, les yeux se resserrant en une fente perfide et malveillante, un rictus fendant sa bouche en deux, lame de rasoir effilée, prête à tailler la chair et l'esprit de son adversaire.

Allons, bats toi ma chère et tendre sœur. Viens à moi à ton tour. Je n'ai pu avoir la rousse, j'aurai la brune. Qu'importe, le gout du sang est le même en chaque corps. Et les cris de souffrance, quand ils atteignent leur paroxysme, sont chez tout être semblables.

Il avançait encore. Inexorablement. La bête fauve était lâchée, et la proie, en la cage prisonnière, se trouvait à un coup de griffe de la mort.
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Mariealice
Sans force, épuisée d'avoir lutté si longtemps pour se maintenir à flot, pour garder la tête hors de ce fleuve bouillonnant qui depuis des mois s'élargissait à chaque coup, se faisait plus rapide à chaque poids sur ses épaules.

Il menaçait de déborder depuis tant et tant de temps qu'elle s'y était presque habituée, pensait l'avoir maitrisé, dérisoire sentiment de sécurité, toute relative mais elle l'avait cru oui. Tellement cru qu'elle s'y était accrochée à cette illusion, s'en servant pour nier tout ce qui lui démontrait le contraire.

Ce mal qui la rongeait, grignotant jour après jour son âme comme la lèpre l'aurait fait de ses chairs, venait de le faire des murs la protégeant. Et le fracas de murailles implosant faillit couvrir les hurlements de son frère tandis que les pierres s'écrasaient, volant en éclats.

Les mains d'Enguerrand sur ses poignets, la tirant vers lui, vers le haut, elle ne les sentait pas et restait genoux au sol, n'arrivant même plus à penser, luttant pour respirer, pour rester en vie, pour ne pas se laisser glisser définitivement.

Ses mots eux perçaient à peine les nuées qui l'entouraient, touchant son esprit engourdi par les efforts fournis en vain.

Mais elle ne comprenait pas... Comment aurait-elle pu... Ou voulu d'ailleurs... Se reprendre sous peine de recevoir à son tour des coups, de voir deux membres de la famille disparaître... S'il savait combien plus rien n'arrivait à la toucher ces derniers temps, combien elle devait se forcer juste pour mettre un pied devant l'autre. Elle était en mode automatique, respirer, manger, dormir, travailler. Ressentir? Autant que faire se peut le moins possible. Espérer? Surtout pas. La chute n'en étant que plus longue et plus douloureuse.

Tête baissée, les yeux fermées, larmes coulant sur ses joues, fleuve de lave débordant de ses yeux, traçant des sillons brûlants sur la peau blanche, Marie ne se battait plus.

Ce qui la fit réagir au départ? Elle ne le sut jamais. Etait-ce la poigne devenue étau? La voix grondante qui avait fait écho à la sienne? Les mots eux même?

Ou le ton... Froid, dur. Comme celui de son père, il y avait si longtemps, ce fameux jour, le seul à rester gravé en elle, marquée au fer rouge.

Une maison, loin à l'est, autre royaume dont elle gardait peu de traces. Une pièce, le bureau du maitre de maison, où les craquements du bois dans l'âtre étaient l'unique bruit. Un homme, les cheveux commençant à blanchir, assis dans un haut siège de bois, le visage fermé, une main sur un parchemin qu'il tenait serrer et l'autre sur la tête d'une fillette d'environ dix ans, assise à même le sol, les yeux levés vers son dieu... Son père.... Jogaila.

Petite fille venant de perdre son frère comme l'homme à ses côtés venait de perdre son fils. Du moins, à l'époque, le croyaient-ils tous les deux. Alexandr. Ainé adoré et chéri. Perdu à jamais. Mort en voulant sauver son suzerain.

Plus tard, elle découvrirait qu'il vivait, plus tard elle découvrirait qu'il y en avait un second. Mais pour l'heure, elle ne comprenait qu'une chose. La plaie béante ouverte en le coeur de toute la famille lors de la funeste nouvelle.

Et elle posait des questions, pour tenter d'apprivoiser la peine. Pourquoi n'avait-il pas fui pour sauver sa vie? Pourquoi l'avait-il risqué pour un homme qui n'était pas de leur sang?

La main se posa instantanément sur son menton, lui faisant plonger son regard dans celui, furieux, de son père.


Ne dis jamais plus qu'il aurait dû fuir! Tu m'entends? Ton frère n'était pas un lâche, aucun Jagellon ne l'est. Notre vie est notre devoir, nous sommes nés pour servir celui qui nous gouverne, quoi qu'il nous en coûte.

M'as-tu compris Aella?


Oui elle avait compris, n'avait plus reposé la question et avait fait en sorte d'honorer les désirs du chef de famille. Le devoir avant tout autre chose et ne jamais fuir, ne jamais reculer. Tenir jusqu'au dernier souffle.

Aella se releva donc, faisant face à celui qui n'était pas son demi frère mais son frère à part entière, parce qu'elle n'aimait ni ne détestait à demi, parce qu'elle l'aimait oui, lui, tel qu'il l'était, l'avait fait dès leur première rencontre. Pas d'un amour charnel, non. Mais d'un amour entier, exclusif sans doute.


Il n'y a ici nulle péronnelle ni de misérable soeur. Il n'y a ici qu'Aella face à Nadji. Vous je ne vous connais pas mais j'ai peur de vous décevoir. Vous ne m'entendrez pas crier de douleur. Et vous allez me le rendre.

Qui il était? Elle ne le savait pas. Ce qu'il risquait de lui faire? Elle n'en avait cure. Elle était entrée pour voir Enguerrand et soit ils repartiraient ensemble, soit ici serait leur tombeau.
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Duel gagné: 1 (Mackx)
Mackx
[Avec un peu de retard pas prévu mais bon, toujours au même endroit]

Bon, le peutiot, il était carrément têtu ... ou bien même pire que têtu ! Et Mackx venait de comprendre qu'il ne lui ferait jamais confiance, alors que ce serait si simple. En même temps, dans un autre sens, la Licorne ne lui faisait pas confiance non plus en le laissant en dehors de ses murs alors qu'il avait l'air pacifique ... mais en même temps aussi, si lui était entré, pourquoi fermer la porte aux autres ? Ou mettre le limite ? Il n'était pas the mec attendu de l'an 1457 et bouder ne donnait que rarement cas à un traitement de faveur.

Après cette réflexion intense, Mackx avait le ciboulot en compote. Il était temps de se requinquer un petit coup avec une bonne gorgée, et puisque le jeune homme n'avait pas l'air de vouloir en boire, Mackx devrait bien finir la bouteille un jour ou l'autre. Et comme le dit si bien le dicton populaire, il ne faut pas remettre à demain ce que tu peux faire aujourd'hui ! CQFD : buvons !

C'est pendant cette gorgée que le Vicomte put rassembler ses idées en un paquet, le rendre logique et le préformuler.


Bon, bon, bon ...

Ne confondez pas tout jeune homme ! Toute qualité poussée à l'excès est un défaut. Le courage est une qualité, la témérité nuit ... l'honneur est une qualité, la vanité nuit.

Mais comme me l'a appris la vie, quand chacun des deux adversaires campe sur ses positions, on ne va nulle part. Alors, je vais remonter là haut, et aller déposer un message à la Prévôte lui disant qu'un messager attend à la grille est qu'il veut absolument rencontrer quelqu'un du Haut Conseil. Si tel est son bon plaisir, ou si elle a du temps, elle descendra.

Je ne peux pas vous dire quand elle le fera, ni même vous promettre qu'elle le fera, je ne suis pas elle ... Mais je peux par contre vous promettre que si elle descend et ne vous trouve pas devant la grille, alors, elle remontera ... sans votre missive.

Sur ce, je vous souhaite la bonne journée !


Puis, l'écuyer se leva, vida son verre et quitta l'auberge. Il serait bientôt l'heure de reprendre du service, et il devait aller donner une lettre en haut de la tour avant.
Il défit les rênes de son cheval et y grimpa tout en maudissant la fierté de certains êtres humains. Enfin bon ... celui-ci avait encore le temps d'apprendre en vieillissant au moins.

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Kalian : 2 / Mackx* : 4
Duels gagnés : 5 (Knarel, Cat, Zegaut, Littleguss, Alcalnn) / perdus : 7 (Zaza, Liag', Zar', Herman, Benjamin, Elund, MA)
Enguerrand_de_lazare
[En pleine réunion familiale, ne pas déranger]

Nadji.
Le mot en lui avait claqué tel coup de fouet brulant les chairs.

Nadji.
Il avait été ce nom.
Il avait été cet enfant.
Il avait été cet homme.

Nadji.
Sauvé.
Abandonné par ce père venu du Nord, sa mère enceinte était seule.
Sauvés ils l'avaient été avant même qu'il ne naisse, par celui qui un jour serait appelé Lazare.
Il l'avait été par cet homme qui, par amour pour une femme, sa mère, l'avait pris sous sa protection, faisant de lui son fils.

Nadji.
Il était toujours ce petit garçon courant parmi les habitants de son village, à quelques lieues de Saint Jean d'Acre.
Il était toujours cet enfant de cinq ans voyant mourir sa mère sous ses propres yeux.
Il était toujours ce jeune homme pleurant la mort de son père, à qui revenait désormais la charge d'entretenir le domaine familial.
Il était toujours cet amoureux transi épousant la plus belle de femmes, Dyia aux yeux de braise.
Il était toujours ce père comblé, aux deux enfants si merveilleux, prunelle de ses yeux, chair de sa chair.

Il était Nadji. Et bien plus encore.
Il était son passé. Il était son présent.
Il était souffrance et peine. Il était amour et espoir.
Il était tout cela en même temps.

Il était lui.
Il n'était pas l'Autre.

Les yeux du chevalier, soudain, s'ouvrirent sur une scène terrifiante.
La salle résonnait encore de ses cris, de ses hurlements, de ses insultes.
Sa sœur, debout devant lui, dressée tel une forteresse imprenable, ses propres mains enserrant les poignets de la jeune femme, au point de la faire saigner.
Il sentait son corps tendu, ses muscles sur le point de se rompre sous l'effort et la rage. Il pouvait encore gouter en sa bouche ce parfum âcre et écœurant, ce goût du sang qui semblait le rendre pis que fou.

Panique. Effroi. Angoisse terrifiante et profonde.
D'un geste brusque, il relâcha son étreinte, se projetant violemment contre le mur derrière lui, comme pour mettre le plus de distance possible entre lui et sa sœur. IL l'aurait tuée, il le savait. Il entendait encore en son esprit les bribes de pensées de cet Autre pour un instant échappé. IL l'aurait tuée car elle était sa sœur. Afin que de rendre le licorneux plus faible encore. Afin que de reprendre contrôle de ses sens.
Trop tôt. Tout cela s'était déroulé trop tôt. Trop peu de temps entre les sombres cellules et cette entrevue.
Le pacte, à l'encre de sang encore humide, n'avait pas tenu longtemps assez pour empêcher la fureur de revenir. Il était encore trop faible pour émotions aussi profondes. IL était encore trop fort pour contrôle raisonnable.
Il devrait s'éloigner pour un temps, s'isoler, il le savait. Reprendre force et confiance, espérance et contrôle de soi.

Mais pour l'heure...pour l'heure, il devait expliquer, une dernière fois, tenter là aussi de réparer le mal qu'IL avait fait. Le mal qu'ils avaient fait.
Profond soupir, adossé au mur froid de la pièce borgne.
La voix était de nouveau la sienne. Posée. Presque calme, faible comme un ruisseau asséché serpentant parmi les roches arrides.


Marie. Il est revenu. Tu as pu le voir. Tu as pu voir celui que j'étais devenu et contre lequel je me bats, cet Autre qui ne cessait de vouloir prendre contrôle de mon âme. Je suis trop faible encore pour avoir le dessus sans crainte de le voir ressurgir, mais j'y parviendrai, je te le jure. L'on m'a donné les armes pour le vaincre, ou pour le moins le dominer, et j'ai accepté de...

Non, cela encore était par trop difficile à avouer, à énoncer. Comment pourrait-il dire à autrui ce qu'il avait accepté en cette cellule misérable pour que cet Autre enfin accepte de rendre les armes, de le laisser reprendre contrôle de son être. Peut être un jour, à l'automne de sa vie, aurait il force assez, ou désespoir suffisant, à l'heure où l'on confesse fautes et faiblesses, d'avouer ce qu'il avait scellé en ce jour, sous les roches de la forteresse.
Mais ce jour n'était point encore venu.

Geste de la main comme pour balayer ces derniers mots, avant de reprendre.


Pardonne-moi Marie. Pardonne-moi pour ces gestes, ces paroles qui ne sont, j’espère que tu le crois encore, en rien ce que je peux penser ou souhaiter à ton égard. Pardonne-moi d’avoir fléchi. Pardonne-moi d’avoir préjugé de mes forces.
Sache que tu n’es en rien responsable de ces faits là. C’est moi qui ai ouvert les portes à ce monstre qui fut, un temps, ce qui m’a maintenu en vie. Mais comment avouer, même à l’une des personnes qui me sont les plus chères au monde, comment lui avouer ce que l’on cache en soi. Comment lui dire ce que l’on abrite derrière l’ambre de ses yeux. Comment reconnaître ouvertement cette part de noirceur et de mort qui nous anime.


Un silence, tandis que le Chevalier, toujours immobile contre le mur de la pièce, s’appuyant sur celui-ci pour économiser énergie et ne pas risquer faillir, observait attentivement le regard de la jeune femme. Maintenant que son esprit s’était à nouveau détaché de cet Autre, il pouvait l’observer plus sereinement. La jeune femme, comme il l’avait déjà noté, n’allait pas bien, et il se jura en cet instant de ne pas sortir de cet endroit avant qu’il ne sache ce qu’il se passait et n’ai tout fait pour l’aider à son tour.

Il me faudra du temps, Marie. Du temps et du repos. Las, au vu des événements à venir, je ne suis même plus sur d’avoir encore quelques instants de répits avant que de devoir à nouveau dépenser toute mon énergie dans les tâches à venir.

Tais-toi maintenant, licorneux. Tais-toi et laisse la parler. Tu en assez dit à ton goût et tu ne vas pas passer le restant de ta journée et de ta vie à t’apitoyer sur ton sort.
Regarde la, chevalier. Regarde là.
Quelles sont donc ces choses qui la hantent au point de la rendre ire et courroux ?
Quels sont ces fantômes qui la hantent pour ainsi la détruire ?
Quels sont les peurs, les échecs qui ont pu ainsi la transformer ?
Hochement de la tête, comme pour ponctuer cette réflexion interne, avant que de reprendre.


Mais toi, Marie, toi non plus ne semble pas au mieux de ton état. Est-ce uniquement moi ou bien cause supplémentaire ? Que s’est il passé depuis ces dernières semaines que nous ne nous sommes pas vus ? Qu’as-tu du affronter comme tourments et épreuves pour me paraître ce jour ainsi en colère ?

Son regard, à nouveau se fit plus perçant. Etudiant chacun des gestes de la jeune femme, il attendait maintenant ses réponses. Ils étaient deux à souffrir. Ils seraient deux à ouvrir âme et cœur afin qu’ensemble ils surmontent leurs états présents.
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Mariealice
Tant d'expressions sur le visage de son frère, tant de sentiments qu'elle ne pouvait déchiffrer par leur trop grand nombre, noyés dans la masse.

Mains desserrant leurs étreintes, marques à la place des doigts, rouges, douloureuses.

Recul, violent, dos au mur, épuisé pour ce qu'elle pouvait en juger.

Voix basse, audible avec effort, calme, mots comme une rivière, pour expliquer, apaiser peut-être...

Ecoute, attentive, réponses enfin même si toutes n'étaient pas encore données.

Surprise, peine, incompréhension et pourtant reconnaissance en même temps. Amenant d'autres questions. Comme un cycle sans fin.

Pardon demandé, pardon accordé, à lui, pas à elle, jamais à elle.

Pour revenir à elle. Lave en fusion voulant sortir, cherchant une faille, quitte à la créer, pour se répandre, faire partager ce goût de cendres. Affronter à son tour, lutter, reconstruire les remparts ou bien évacuer...
.

Te pardonner... De quoi? D'être humain, faillible, blessant, blessé, faible.... De cela tu es pardonné. De ne pas avoir voulu m'en parler, de m'avoir caché tout ceci... Je ne sais si je le peux. Je nous croyais liés Enguerrand, réellement liés et j'ai soudain l'impression d'être...

D'être quoi d'ailleurs. Quel mot pouvait-elle poser sur ce flot intérieur, sur ces peurs, sur ses douleurs, sur tout ce qu'elle avait refusé de voir après tout.

Refusé oui. Parce que sinon comment aurait-elle pu ne pas voir à quel point il en était? Comment elle n'avait pas réagit plus tôt? Des signes il y en avait eu. Cette bourse à sa ceinture en permanence, ses brusques sautes d'humeur, ses débuts de colère le faisant disparaître pour revenir quelques minutes après tout sourire et plein d'énergie.

Comment avait-elle pu se fermer à lui à ce point? Comment avait-elle pu rester sourde aux appels qu'une soeur aurait dû voir, ne pouvait manquer de voir?

Un pierre de plus sur les épaules qui s'affaissèrent maintenant qu'il était revenu et qu'elle n'avait plus à se dresser pour affronter l'autre.


Du temps et du repos... La vie en laisse peu donc il te faudra les prendre de toi même.

Pas au mieux de mon état...


Un petit rire à cette façon de lui faire remarquer qu'elle n'allait pas bien, quelques pas pour ouvrir la porte et la laisser entrouverte. Parce que l'air commençait à se faire rare, que la colère était pour le moment apaisée et ne pouvait faire office d'écran à sa panique plus longtemps.

Ce n'est pas ces dernières semaines.. C'est un long chemin.. Un amoncellement de choses qui m'étouffe, me pèse, m'épuise... Une armure solide qui m'enserre et pourtant se fendille de toutes parts.

Sourire amer, lassitude reprenant le dessus sur la lave, la refroidissant pour un temps, jusqu'à la nouvelle mèche, la nouvelle étincelle qui redonneraient vie au brasier, l'envoyant agrandir les fissures, en créer d'autres.

Elle se rassit avant que ses jambes ne lui fassent défaut, fuyant le regard de son frère, enfouissant au plus profond les maux la rongeant. Il avait assez à faire avec les siens, se décharger sur lui des poids la tirant au fond un peu plus chaque jour ne pourrait qu'accélérer sa propre chute. Et cela elle s'y refusait. Il était ainsi à cause de Vendôme, il était ainsi parce qu'elle s'était crue capable d'affronter les Lucioles, il était ainsi parce que sa soeur était bien trop sûre d'elle ou trop orgueilleuse ou trop aveugle...

Non, elle ferait comme d'habitude, raccrocherait un sourire à son visage, ferait bonne figure et s'effondrerait uniquement quand elle était seule. Après tout, peut-être avait-il raison. Cacher rester la meilleure façon de survivre.

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Duel gagné: 1 (Mackx)
Enguerrand_de_lazare
Sentiments divers exprimés par la jeune femme venant se percuter l'un l'autre telles comètes fendant le ciel en tous sens. Palettes des émotions dessinées sur cette toile tourmentée, nuances de noir et de gris, de rouge et de sang.
Toujours adossé contre ce mur, béquille salvatrice faite de pierre et de mortier, il observait sa sœur, apaisé maintenant que la tempête, peu à peu, s'échappait. Était venu le temps du repos, une vague de fatigue le submergeant, comme pour l'engloutir à jamais dans les bras de ce Morphée bien souvent des plus traitre, apportant aux anxieux mille tourments, hantant les rêves des malheureux ou des meurtris et ne se montrant agréable et compatissant qu'avec ceux que la vie épargnait et qui pouvaient, le soir venu, souffler chandelle sans crainte aucune de cette nuit qui s'annonçait.

Marie lui pardonnait donc. Elle lui pardonnait. A lui. A eux. Pour ce qu'ils venaient de commettre.
A moitié toutefois. Étrange image qui aurait pu paraitre ironique si la dualité de cet être là n'en était pas aussi dramatique.
Certes, elle avait mille fois raison.
Certes, il l'avait abandonnée, il devait bien se résoudre à le reconnaitre, et ceci depuis maintenant des mois. La campagne de Bretagne les avaient éloignés, lui s'avançant toujours plus vers l'Ouest tandis qu'elle même remontait vers le Nord, vers cette ville de Paris où ses charges nouvelles l'avaient conduite.
Un temps, il avait cru à un rapprochement. Travaillant mains dans la mains, unis à nouveau comme aux premiers jours. Mais de dossiers et crises, de tensions en négociations, ils s'en étaient étrangement retrouvés encore plus loin l'un de l'autre, partageant pourtant tant et tant d'heures de travail assidu.

Mais baste, chevalier!
Ne va pas encore ressasser ce passé là. Elle se sent abandonnée, tu auras alors à lui montrer deux fois plus que tel n'est pas le cas. Voilà ce à quoi tu devras arriver afin que plus que n'importe quelle parole, tes gestes soient marques de tes pensées et de tes sentiments.

La jeune femme, après avoir refermé la porte, avait rejoint sa place initiale, dévoilant légèrement un pan de ses pensées et tourments, pour un instant, partiellement.
La porte était déclose.
L'ouvrage de son âme, d'habitude fermé d'un solide cadenas, s'était entrouvert.
Ce livre, il l'avait lu déjà, pour partie, parcourant certains chapitres quand d'autres lui étaient interdits. Ils en avaient même écrit quelques pages, ensemble, celles de leur rencontre, de leur vie, de leurs joies, de leurs peines. L'encre en certains endroit n'en était pas encore sèche, prenant teinte rougeâtre, tâchée du sang coulé, des blessures de l'âme comme de celles du corps.
L'une de ces pages, il le savait, ne cessait de distiller son mortel venin, rependant le carmin de ce liquide vital sur des chapitres entier de la vie de la jeune femme.
Le titre de celle ci avait été marqué au fer rouge, gravé à jamais dans l'esprit de sa sœur.
Un nom.
Un seul.


VENDÔME.


Cette évocation unique le faisait lui aussi frémir.
De ce champ funeste leurs deux vies, et celles de tant d'autres, en avaient été à jamais changées. Étrange que cette bataille là, loin d'être la plus féroce ou la plus importante à laquelle il ait pu participer, eut pu graver en sillons sanglants sa chair à ce point.
Adossé toujours à ce mur, sa main dextre se porta à ce flanc senestre labouré par la cicatrice faite par une lame qui, là bas, l'avait traversé de part en part. Longtemps elle l'avait fait souffrir. Souffrir au point d'en être le point de départ de sa lente et inexorable descente aux enfers, descente qui s'était achevée, symbolique ultime, dans les profondeurs souterraines de le forteresse.

Fournissant effort supplémentaire, il s'arracha à son havre de paix, ilot de repos et de quiétude, ce mur qui, contact matériel et solide, ne pouvait en cet instant que le rassurer.
Quelques pas légèrement chancelant, articulations et muscles le faisant souffrir comme à chaque fois que l'Autre était sorti, afin de le punir de la force soudain libérée, coutant tant de précieux efforts à ce corps parfois encore si faible.
Dernier effort, avant de se laisser choir sur le tabouret de bois qui l'avait accueilli.
Léger soupir de soulagement avant de fixer sa sœur du regard, posant sa main sur le dos de la sienne.


Marie. Je connais tes tourments. Je connais ce chemin. Il est celui qui nous a mené à ces remparts mortels. Il est celui que tu as suivi seule avec cette sœur qui tout comme toi subissait le courroux démoniaque d'un oiseau qui avait oublié ce qu'il avait jadis été. Il est celui de la rédemption. Il est celui du remords et du regret. Il est celui de la punition et de l'accusation. Je l'ai parcouru aussi pour ma part, Marie. Je l'ai suivi comme on suit une carriole, mettant un pas devant l'autre sans réfléchir à son but. Souvent encore, mes errances me portent vers celui-ci, sans crier gare, au détour d'une rencontre ou d'une sensation furtive.

Une pause, prolongée un instant, tandis qu'il plongeait ses yeux dans ceux de sa sœur.

Je connais cette armure là également. Forgée du même métal que le tien, celui du sang, celui de notre famille si longtemps dispersée et pourtant si liée, celui de l'honneur et de la réserve, celui de cette éducation que nous avons étrangement tous deux reçus qui veut que l'on ne parle pas à autrui de ses tourments et démons. Je l'ai revêtue cette armure, Marie, pièce après pièce. Je l'ai voulu. J'ai parcouru mains et mains champs de bataille protégé que je croyais être par elle. Elle était devenue moi. Nous ne faisions plus qu'un. Certes, j'ai pu ainsi éviter nombre de coups portés. Mais de protection elle en est devenue prison, m'enserrant chaque jour un peu plus dans ses sangles et son acier, m'étouffant à tel point que j'en avais oublié de vivre et qu'il me fallait drogues utiliser pour me rappeler ne serait ce que de respirer.

Sa voix s'était alors brisée, le chevalier reprenant profonde inspiration, comme pour chasser cette angoissante pensée.

J'essaye de quitter ce chemin, Marie. Je retire pièce après pièce cette armure là. Et je veux t'aider à le faire à ton tour. Ensemble, nous y parviendrons. Ensemble, nous arriverons à affronter ce passé rendant ce présent si douloureux. Ensemble, Maire. Tels deux frères et sœurs. Unis par les liens de la licorne. Unis par les liens du sang.

Silence maintenant. Le chevalier s'était tu, tentant de percer les pensées de la jeune femme, plongeant son regard au plus profond du sien. Que pouvait elle cacher derrière ces barrières. Que pouvait elle tenter de dissimuler. Aurait elle force et volonté assez pour accepter cette main tendue. Et accepterait elle cette aide elle qui, tout comme lui, savait se montrer si fière dés lors que l'on tentait de l'aider ainsi.
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Mariealice
Il vint la rejoindre, lentement, signes visibles de souffrance et de fatigue, se laissant tomber plus que s'asseyant sur son siège.

Léger sursaut au contact de sa main sur la sienne, comme une brûlure vive. Depuis combien de temps n'avaient pas eu ce genre d'échanges, mélanges de mots et de gestes? Lui manquait-elle comme il lui manquait? Ce double d'elle si important. Celui à qui elle n'avait, la plupart du temps, même pas besoin de parler pour qu'il devine, qu'il sache. Que restait-il des quatre piliers de Rochechouart? D'Ewaele, Flaiche, Enguerrand et elle. Ewaele s'était éloignée, vie oblige même si elle restait elle, toujours. Flaiche, avec elle, mais chacun était dans son monde, sa bulle, lui occupé à la Confrérie, elle à la Curia. Il la sentait perdue, souffrante mais n'y pouvait rien, puisqu'elle-même ne savait ce qu'y pourrait l'aider. Enguerrand... Comme Flaiche. A part pour la dernière campagne de Bretagne, ils n'étaient jamais loin l'un de l'autre et pourtant...

Pourtant elle se sentait seule, de plus en plus, s'enfermait chaque jour dans sa prison de pierre, de plus en plus, étouffait et perdait goût, de plus en plus.

Elle écoutait, ayant posé les noisettes voilées sur l'ambre, entendait, engrangeait, tentait de repousser les souvenirs qui remontaient à la surface à nouveau. Pourquoi en parlait-il? Voulait-il donc qu'elle ait aussi mal que lui? Ne voyait-il pas que c'était déjà le cas? Que sa drogue à elle était sa charge, ce voyage, tout ce qui l'empêchait de penser par trop à elle?

Dents serrées, main sous la sienne dont les doigts se repliaient lentement, air brûlant emplissant ses poumons... Une forge... Des chaines... Un Coucou furieux de n'avoir pas ce qu'il souhaitait, s'approchant d'elles épée au poing... Noir, trop dur, pas envie, non... NOONNNN.... Une lueur et une ville.. Devant elles... Des liens serrant leurs poignets.. Des épines rentrant dans leur chaire.... Une d'elle plantée dans son dos.... Un gamin.. Un couple...

Goulée d'air entrant, faisant se gonfler les alvéoles, s'écarter les côtes sous la pression, panique à combattre en repoussant de toutes ses forces les murs qui se remettaient à bouger, à l'enserrer, protection la tuant à petit feu. Il aurait été si facile alors de cesser de lutter, de les laisser se refermer, l'engloutir, la protégeant si bien finalement puisque sans sentiment plus de poids, devenir aussi froide que la glace, intellect pur. Voici qui serait reposant à dire vrai. Confortable.

Mais cela ne lui était pas possible, l'éducation qu'on lui avait transmise ne le lui permettait pas. Il venait de le rappeler d'ailleurs. Avancer et se taire, tenir, ne rien laisser paraître. Surtout ne rien laisser paraître. Même quand le bateau prenait l'eau de toutes parts et commençait à couler, que la coque menaçait à tous moments de tomber en morceaux.


La famille. Joli mot, belle idée, mais dans les faits... Plus de nouvelle de Dege ni de Tibou, neveu et nièce pas mieux. Peut-être est-ce évolution normale, après tout. Nous sommes loin les uns des autres. Et puis je ne suis pas la mieux placée pour leur en tenir rigueur quand on voit quelle admirable mère je fais. Quoique pour une fois, les enfants suivent et ne sont pas en Limousin à attraper la peste. Même toi parle de liens par la Licorne entre nous avant de parler de ceux du sang...

Petit rire amer, doigts se dépliant sur le bois, regard triste de plus en plus voilé.

Sauf que si je détruis ces murs Enguerrand, je m'effondre. Et je n'en ai nullement le loisir. Je dois tenir quoiqu'il me coûte. Comment veux-tu ôter une pierre sans risquer de m'ensevelir? Comment rester debout si tu me retire mon tuteur? Comment pouvoir ne pas plier et rompre sous le poids que je porte?

Le faire ensemble? Mais regardes-toi bon sang. Tu tiens à peine debout et tu comptes me soutenir?


Un soupir, lasse, si lasse, une envie de se blottir entre des bras protecteurs, de laisser pour un temps l'image de femme forte derrière elle, un regard particulier, sombre, venant la hanter à cet instant.

Murmures, tout bas, pour elle mais dans ce silence sans doute audible par son frère.


Et puis quand on s'approche trop près de moi sois on en meurt, soit on disparaît, soit on finit par s'éloigner. Alors peut-être qu'il faudrait que je vous repousse tous une bonne fois pour toutes.....
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Duel gagné: 1 (Mackx)
Enguerrand_de_lazare
Colère ronflant tel feu en dantesque cheminée.
Angoisse pétrifiant et hurlant au travers les volets d'une maison hantée.
Désespoir et lassitude, comme une morne plaine jonchée des cadavres d'une inutile bataille.

La jeune femme traversait tour à tour ces sentiments là, à mesure que ses émotions venaient percuter son âme. Il savait combien la lutte était âpre et difficile. Il savait les blessures laissées par chacun de ces coups, par chacun de ces souvenirs remontés à la surface, flottant entre deux eaux, corps décharnés et décomposés des souffrances passées.
Il savait tout cela. Et parce qu'on l'avait aidé à sortir la tête de ces putrides effluves, il voulait à son tour tout tenter pour aider celle en qui coulait ce sang qui les avait nourris depuis leur naissance. Ce sang qui les unifiait. Ce sang de cette famille.

Long regard empli de tristesse et d'empathie de la part du Chevalier.
Un silence. Une éternité. A nouveau. Avant de prendre la parole à son tour, immobile de prime.


La famille, Marie, et tu le sais parfaitement n'est pas admirable tableau destiné à être accroché pour l'éternité sur le fronton d'une cheminée. La famille n'est pas cet arbre aux milles racines et aux milles branches liant à jamais tous les membres la composant. La famille n'est pas un être endormi somnolant paisiblement de mariages en repas, de naissances en baptêmes.

Légère pression de ses doigts sur ceux de sa sœur, comme pour ponctuer ses paroles à venir.

La famille, Marie, est faite pour vivre, bouger, exploser, se renouer. La famille est être vivant aux cent visages, aux cent âmes. La famille ne peut rester statique et emprisonnée dans un immuable carcan, au risque de périr. La famille se doit d'aller et venir, au gré des courants, tel feuilles d'un arbre tombées en une rivière et se laissant porter, allant et venant, s'éloignant par instants pour s'entrechoquer ensuite.

Il s'était maintenant lentement avancé vers la jeune femme, comme pour tenter de peser plus encore sur ses mots en en raccourcissant les séparant.

La famille, Marie, ne cesse de se distendre pour mieux encore se rapprocher. Ce lien qui nous unit, celui du sang, ne peut être rompu. Même par delà la mort, il est toujours présent. Celui qui pour un mois, une année, s'est éloigné, sera toujours accueilli à son retour comme s'il n'était parti que la veille. C'est cela qui fait notre force. C'est sur cela que nous devons compter. Plus de nouvelles de Dege ou de Tibou, soit. Mais un jour tu recevras missive, ou l'on toquera à ta porte, et ce seront eux, de retour, parmi nous, prêt de toi. Et alors tu comprendras que cette famille là n'est jamais partie bien loin, car elle a toujours été en toi, au plus profond de ton âme, battant au rythme de ton cœur et voguant à la mesure de tes émotions.

Tenant toujours la main de la jeune femme, il s'était à présent lentement levé et contournait la table les séparant.

Tu parles de ces murs qui te soutiennent, je parle de ceux là même qui t'emprisonnent. Tu parles de retirer pierre pour risquer de t'ensevelir, je parle de dégager brèche pour à nouveau te faire voir la lumière du jour. Tu parles de tuteur t'empêchant de plier et rompre, je parle d'une liberté à venir qui te laisserais seule maitre de tes mouvements et qui t'empêcherait réellement de chuter.

Il se tenait maintenant debout devant elle. Il la regarda un instant, avant de se mettre à genoux devant elle. Sa voix était douce. Calme. Posée. Ses yeux ambres troublés par les larmes qui s'y étaient accumulées.

Marie, je suis faible, certes. Mais celle qui m'a aidé, m'a soutenu en ces derniers jours l'était plus encore. C'est cette faiblesse qui a fait notre force. Aussi ce jour, c'est solennellement que je te demande d'accepter mon aide, mon soutien, ma présence. C'est à genoux que je te supplie d'accepter cela, car tu es ce qui fait partie des choses les plus chères au monde pour moi, et jamais je ne pourrais accepter de te laisser sombrer.

Le visage du Chevalier se fit pour un instant plus grave encore, comme ultime passe avant de terminer son discours.

Par le passé déjà tu as voulu repousser ceux qui t'aimaient. Pour te protéger. Pour les protéger. Tu peux, et je te connais suffisamment pour cela, rejeter la plupart des êtres t'entourant. Mais sache que jamais tu ne parviendras à m'éloigner de toi. Ce lien qui nous unit me ramènera toujours à toi, et jamais, j'en fais ici même le serment, jamais je ne te laisserai, jamais je ne t'abandonnerai et même si le temps ou la distance nous éloignent un jour, je serai toujours là pour toi, Marie, ma petite sœur aimée.

Silencieux, toujours à genoux, il l'observait à nouveau, attendant la réponse de la jeune femme.
Il avait en cet instant dit ce qui depuis longtemps déjà aurait du être dit.

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Mariealice
Regard baissé, lourde herse retombant avec fracas, comme pour se retrancher derrière les murailles protectrices.

Entendre à nouveau les mots, mais le faire de façon assourdi, faire comme si elle était spectatrice d'une pièce de théâtre et non l'un des participants. Retrait. Recul. Reprendre pieds, garder son calme, ne pas céder à l'envie de se lever et fuir, loin.

Dieu sait qu'en ce moment c'était à nouveau une tentation immense que celle-ci. Tout lâcher. Disparaître. Elle l'avait fait une fois, fuyant Ventadour à peine arrivée. Pour le regretter ensuite certes. Mais un de ses défauts était son impulsivité. Elle était capable de la museler dans son travail mais pas toujours, voire pas souvent, quand il s'agissait de la sphère privée.

Elle écoutait donc, l'avis d'Enguerrand sur la famille, sur leur famille, sur ce qui était ou devrait être, sur sa façon à lui de voir les choses.

Seulement voilà sa famille, la vraie, celle du sang, celle de ses parents, voici longtemps qu'elle en avait été séparée, voici longtemps qu'elle ne savait s'ils étaient encore en vie, qu'eux ne savaient bribes ou rien de ce qu'elle était devenue. Alors facile de dire qu'elle était en elle. N'y avait-il déjà pas trop de choses en elle qu'elle dusse en plus en garder d'autres. Mauvaise foi sans aucun doute mais parfois il lui arrivait d'en faire preuve. Surtout quand cela l'arrangeait fortement.


Et si je ne veux pas ouvrir? Pourquoi le ferais-je d'ailleurs? Simplement parce qu'ils sont ma famille? Certains amis sont largement plus présents si j'en ai besoin, qu'eux. Et je ne doute qu'ils en aient autant à mon endroit.

Pression sur ses doigts, présence accrue, faisant se lever la herse, remonter le son, se déchirer le voile l'entourant.

Maitre de mes mouvements... Cela est impossible, cela l'a toujours été. Mes mouvements sont liés à mon devoir, à ce que je dois faire. Je sais ce que tu vas me dire, je n'ai qu'à rendre mes charges... Tu sais que d'une part je suis noble, qui plus est chevalier de France et que donc même si je n'était plus Grand Officier, je serai toujours dans la même situation. Et puis c'est ainsi qu'on m'a élevée, c'est une promesse faite, de celles qu'on tient, de celles qu'on ne peut discuter.

Flamboiement soudain dans le regard noisette, nuance de vert, elle. Bref souvenir remontant à la surface. Tout récent. Une main, un regard...

Plongée dans le regard de son frère à genoux, voir les larmes qui s'y accumulaient, retenir le courroux qui bouillonnait, demandait à sortir et à se déverser.

Voix presque calme.


Tu sembles avoir un faible pour les rousses... Sans doute un détail familial à nouveau.


Avait-elle envie qu'on l'aide? C'était bien cela la question en fait. Flaiche lui avait demandé lui aussi ce qu'il pouvait faire, assistant impuissant à la lente descende aux enfers de son épouse. Mais elle n'avait pas la moindre idée de la réponse à apporter.

Et à lui, saurait-elle quoi lui répondre? Il souffrait, en partie à cause d'elle, et se laisser couler ne ferait que lui remettre la tête sous l'eau, gagner celui qui se tenait tapi derrière ses yeux humides. Cet Autre. Celui qu'elle avait repoussé parce qu'il n'était pas Enguerrand, parce que jamais elle ne pourrait accepter qu'on fasse du mal à ce frère qu'elle aimait, parce que la douleur qu'il ressentait, elle la ressentait aussi.

Marie ferma les yeux, repoussant la vérité qui se faisait jour à travers ses pensées. Ce qu'elle venait de s'avouer était ce qu'il lui disait également. Un lien entre eux, trop fort pour qu'il puisse être détruit par qui que ce soit. Un lien entre eux, qui les reliaient où qu'ils soient, qui leur feraient franchir des montagnes pour l'autre. Un lien entre eux, qui leur avait sans doute permis de se reconnaître avant même de connaître leur parentel.

L'amour qu'ils se portaient, ce sang commun, ce nom, ce passé à la fois différent et pourtant semblable, ces blessures, cette fierté.

Main serrant la sienne tandis qu'elle se laissait couler de son tabouret pour venir se blottir au creux des bras de son grand frère, l'enlaçant, secouée par les sanglots qu'elle ne pouvait plus retenir sans s'étouffer, un murmure avant de ne pouvoir plus dire un mot.


Je t'aime Nadji....


Pensées s'entrechoquant sans cesse. Noirs, regard auquel s'accrocher contre un autre, tous deux inquiets. Pardonne-moi de ne savoir quoi faire... Pardonne-moi de n'être pas le roc dont tu as besoin... Pardonne-moi d'être perdue... Pardonne-moi de douter...

Pardonne-moi....
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Duel gagné: 1 (Mackx)
Enguerrand_de_lazare
Ils étaient là enlacés l'un contre l'autre, frêles esquifs dans la tempête les entourant, charriant vague après vague toujours plus d'eau glacée, menaçant encore de les noyer tous deux à tout instant.
Ils étaient là enlacés l'un contre l'autre, chacun puisant en l'autre la force nécessaire pour maintenir la tête de l'autre.
Ils étaient là enlacés l'un contre l'autre, emplis de tristesse et de peine, de colère sourde et de rage.
Ils étaient là enlacés l'un contre l'autre, et ne formaient plus qu'un, pour un instant, un battement de paupière, une union que seule la mort pourrait faire se rompre.

Regards plongés l'un dans l'autre, sanglots à présent non retenus, tandis que de leurs yeux immobiles s'écoulaient les larmes de leurs peines.
Respiration à l'unisson, battements de leur cœur sur l'autre régulé, ils étaient seuls en cette pièce, dont uniquement quelques murmures encore, à peine audibles, résonnaient entre ces quatre murs, résidus s'amenuisant à chaque seconde de leur ire antérieure. Le calme était revenu. Serait-ce là havre de paix, plage accueillante de quelque ile déserte? A moins que ce ne soit œil du cyclone attendant retour de la furie des éléments intérieurs.
Qu'importe. Tout avait été dit. Les erreurs. Les fautes. Les peines. Les reproches. Si le vent devait à nouveau souffler ils seraient l'un pour l'autre abri inviolable. Qu'arrive donc l'adversité, elle aurait ce jour deux féroces opposants.

Fin rictus se frayant chemin sur le visage du chevalier alors qu'il tenait toujours la jeune femme en ses bras.
Les rousses avait elle dit. Ainsi donc elle savait désormais. Elle savait qui avait été l'une de ces deux aides si précieuses et si puissantes. Baste! Ceci donc également était dit. Elle comprendrait. Elle devait comprendre.
Elle avait compris.

Reportant son attention sur sa sœur, son rictus s'élargit lentement, pour laisser place à sourire encore hésitant mais au moins à présent visible.
D'un revers de la main, il essuya les larmes de la jeune femme, sentant sur sa peau la douce humidité de celles-ci. Assez de larmes et de souffrances pour ce jour. Il allait falloir compenser cela pour qu'enfin avec le coucher du soleil puisse s'affirmer l'équilibre entre peine et souffrance que tout être humain avait droit de réclamer.
A nouveau regard plongé dans le noisette de ces yeux là, avant de souffler à l'oreille de leur brune propriétaire.


Je t'aime aussi, Marie, et je n'ai en rien à te pardonner.


Un souffle, profond, l'air expulsé de la poitrine du chevalier semblant comme entrainer avec lui les dernières résiduelles traces de sa colère.
En cet instant, il se sentait à nouveau apaisé. Serein comme si peu de temps auparavant où il avait du mener ce combat intérieur contre lui même.


Je t'aime Marie, car tu es ma sœur, mon sang, mon lien à cette terre que je foule chaque jour, et jamais je ne laisserai personne empêcher cela. Sans toi je ne suis rien. Sans toi je ne serais ce jour qu'homme perdu errant par les chemins du Royaume de France à la recherche d'un passé à jamais disparu. Tu fus celle qui, la première me donna ces racines qui me relient à la vie, Marie. Acte fondateur qui marqua le premier jour du reste de ma vie.

Sourire maintenant large et sans retenue aucune. Il se sentait à nouveau heureux.
Par deux fois déjà il était né. En cet Orient lointain du ventre de celle qui a été sa mère. Par cette rencontre en terre limousine avec celle qui était sa sœur. Aujourd'hui, enfin, après longue errance le long du fleuve de la mort, il revenait parmi les vivants. Cette rencontre là avait été la pierre d'achoppement de sa résurrection, débutée plusieurs jours auparavant en la chambre de la rousse Cerridween, se poursuivant le long de ce pénible et tortueux chemin en les geôles de la forteresse, qui furent sa prison et sa délivrance, pour enfin aboutir à cette modeste et banale pièce d'une auberge comme à mille autre pareille en France.

Il se sentait heureux. Heureux et libre enfin de pouvoir prendre contrôle de sa vie. En ce moment précis, tout lui semblait possible. Nul rêve ne pouvait être réalisé. Nulle épreuve, accomplie. Nul obstacle, franchi.
Il était libre.
...Du moins le croyait il. Car tapis au plus profond de lui une braise ardente ne cessait de rougeoyer, attendant le souffle qui lui redonnerait force, guettant ouverture qui lui permettrait de s'échapper à nouveau.

Mais pour l'heure, nulle place pour pareils sentiments. Plus tard. Bien plus tard...

Combien de temps étaient ils restés ainsi l'un à l'autre? Ils auraient pu rester soudés de la sorte pour l'éternité encore.
Lentement, doucement, le Chevalier se redressa, accompagné dans son mouvement par la jeune femme.
Longtemps encore, il resta à la fixer du regard, debout dans la pièce silencieuse, attendant que l'un deux ne se décide à rompre le charme qui les avait fait se retrouver.

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Mariealice
Les larmes coulaient, sans discontinuer, tentative dérisoire de vider un réservoir inépuisable qui pourrait fournir plus d'un village sans jamais se retrouver à sec.

Forces s'épuisant d'avoir trop lutté, de le faire toujours, appui salvateur que celui des bras l'entourant, appui sans lequel elle serait déjà à terre, totalement.

Agrippée à lui tout comme il l'était à elle, qu'aurait pensé, à cet instant, la personne entrant dans la pièce? Aurait-il senti la tension, qui même si elle s'évacuait petit à petit, devait transpirer de chaque pierre?

Noisettes contre ambre, un sourire se dessinait sur le visage de l'ainé, main douce essuyant celui de la cadette, caresse comme un lien réaffirmé de tous ceux qui les reliaient l'un à l'autre.

Sourire à son tour, emprunt de tendresse et de l'amour qu'elle lui portait, hochement de tête.


Tu fais partie de ce qui me fait tenir debout, je crois que je l'ai su dès que tu as passé la porte de cette taverne à Rochechouart. Depuis on ne s'est jamais vraiment quitté quelque que soit la distance.
Nous nous ressemblons trop pour qu'une tempête, quelque soit sa taille, nous sépare.


Elle le connaissait par coeur, pouvait lire en lui qu'il se détendait, se sentait libérer.

Elle... C'était autre chose. Certes un poids s'était retiré, un autre était à digérer, un Autre plus précisement. Mais elle savait parfaitement ne pas avoir tout dit de ses craintes, de ses doutes, de ce qui faisait qu'elle ignorait de plus en plus ce qu'elle ferait à la fin du cortége.

Marie n'avait aucunement envie de rester Premier Secrétaire d'Etat toute sa vie, elle passerait le relais à un autre, sans doute à la fin du voyage. Et l'après... Revenir en Limousin? Chaque fois qu'elle se posait la question, la même réponse en écho? Pour y faire quoi? Rester tranquillement à la maison, se rendre au fête de la noblesse, partir à la guerre si on l'appelait? Rien qu'à cette idée, elle sentait une main venir se poser sur sa gorge, prête à l'étouffer si elle respirait trop fort.

Lourd couvercle de plomb, refermé sur la boite de Pandore en son sein. Plus tard, face à elle-même, il lui faudrait décider une bonne fois pour toute, de la route empruntée et de la destination.

Il se redressa, l'entrainant alors, quittant le sol pour se retrouver debout, chacun aidant l'autre à se tenir debout, aucun des deux ne semblant être tout à fait certain d'être capable de le faire seul. Et pourtant, il le fallait bien.

Un clignement de paupières, réalité reprenant sa place tout comme le temps son cours, les bruits de l'autre côté de la porte lui parvenaient, étouffés mais bien présents.

Un pas en arrière, quitter le cercle intime, se retrouver seule à nouveau bien qu'un peu plus solide, le laisser libre, après tout il devait avoir fort à faire au sein du Haut Conseil en tant que nouveau Capitaine. Libre. Sentiment si illusoire mais tant qu'il pouvait le ressentir, elle ne gâcherait certainement pas ce plaisir, ni elle ni qui que ce soit d'autre d'ailleurs.

Un sourire à afficher, finir de se redresser, droite, maintien habituel, celui qui ne permettait pas de voir son véritable état.


Je crois qu'il est temps de sortir. On doit t'attendre... Elle...
, lueur indéfinissable qui traversa les prunelles de la jeune femme à ce mot, doit le faire aussi. Et moi j'ai besoin de prendre l'air.

Un baiser sur la joue, main se posant un instant tel un oiseau sur l'autre, caresse des doigts tel un battement d'ailes puis sans un mot elle fit demi-tour, ouvrit la porte, passant à travers la salle, quelques écus posés au passage sur le comptoir, nouvelle porte et derrière le froid la saisissant à nouveau.

Capuche rabattue sur son visage, pans resserrés contre elle pour lutter contre le petit vent s'engouffrant sous le tissu frappé à l'emblème de la Licorne. Rapide regard dans la ruelle avant de prendre une direction au hasard. Marcher...

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Duel gagné: 1 (Mackx)
François Joseph Lefebvre
Après avoir envoyé un message au Grand Maitre afin de justifier sa candidature dans l'Ordre Royal de Chevalerie de la Licorne, le jeune homme d’à peine 18 ans se présenta à la Forteresse de l’Ordre comme on le lui avait suggérer. À peine arrivé qu’il regardait l’activité du château, ces preux chevaliers et écuyer qui s’occupait de besognes assurément ordonnées par leurs excellents supérieurs. Il percevait qu’il allait estimer ce lieu qu’il espérait incorporer.

Venant de son village natif, Varennes, François Joseph Lefebvre cherchait un lieu où il saurait résider en attendant la réplique de la licorne relative à son destin. Il s’informa auprès d’un garde qui n’était pas éloigné et il lui dévoila que la forteresse renfermait une taverne. Il suivit de ce fait la direction que ce garde lui avait exposée et découvrit finalement l’endroit recherché. Il redressa la tête et aperçut le nom de l’endroit. Quel hasard! L’auberge portait le même patronyme que le sien. La mine réjouit d’avoir finalement repéré logement, il se dirigea vers le comptoir principal et sollicita une chambre à l’aubergiste. Il attendit le temps qu’on lui trouve une chambre près de l’âtre dans un siège plutôt commode. Il était content d’être présent ici. Il souhaitait avoir un grand futur avec les vaillants chevaliers de la Licorne, mais il attendait avant tout d’être admis chez ceux-ci.

L’aubergiste vint le faire jaillir de ses mirages. Il lui octroya le crochet de la chambre qu’il emploiera pendant les voisins jours espérant que la réponse de l’Ordre arriverait rapidement. Il prit sa simple besace sur l’épaule où il gardait certains habits et se précipita au deuxième étage afin de découvrir la pièce qui lui était réservé. À peine quelques pas réalisés là-haut qu’il découvrit naturellement sa chambre. Il introduisit la clef que l’aubergiste lui avait offerte auparavant et ouvra l’entrée. Il pénétra à l’intérieur de la salle et posa sa musette sur la bordure de la porte puis la ferma. Il embrasa une bougie et s’apprêta à avaler un petit quelque chose. Suite à cela il s’empressa de se dénuder et de s’allonger sous l’édredon. Il y eu un long moment avant que François Joseph pénètre dans un profond sommeil. Il réfléchissait encore aux Licornes qu’il avait aperçu à l’entré de la forteresse. D’une franchise exceptionnelle, le chef élevée, le buste bombé, l’uniforme raffiné, ils gardaient fière apparence. Peut-être qu’il sera un jour à leur place, surveillant la fortification de l'Ordre Royal. Il était réellement impatient cependant il se devait d’attendre la réplique des membres du Haut Conseil. C’est en compagnie de ces pensés qu’il rejoignit les bras de Morphée.

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François Joseph Lefebvre

IG : Francois_joseph
Bérénice de Jeneffe
Et le début ne faisait que commencer. Ou était-ce le début de la fin? La fin du début? Le début tout court qui ne connaitra jamais de fin? Ou la fin qui n'a jamais vraiment eu de début et que l'on connait avant la fin? Mais il n'y a pas vraiment de début, ni même de fin, tout juste une continuer de faits et d'évènements aussi divers et variés les uns que les autres. Et c'est tout.

Qu'en était-il de cette petite fille dont le nom signifiait tant pour beaucoup et dont elle n'avait aucune conscience? Elle l'aurait tôt ou tard, la signification de son sang et de ce nom hérité d'un père qu'elle n'avait que peu connu. Bientôt, la prononciation de sa filiation ne déclencherait que haine et rancoeur, que honte et répugnance. Mais elle en est encore loin, baignée dans sa naiveté encore présente et qui s'estompe un peu plus à chaque seconde que Dieu accorde à ce bas monde.

Parce qu'il y avait tant à voir! De la neige qui ne demandait qu'à être jetée, qu'à être modelée selon des formes qui ne ressemblent à rien; des brins d'herbe qui ont su affronter les rigueurs de l'hiver et qui ne demandaient qu'à être arrachées; des brindilles sans grand intérêt pour le plus grand nombre, mais qui en avait aux yeux d'une petite fille qui avait passé trop de temps entre des murs froids; des oiseaux aussi qui volaient haut dans le ciel et qu'elle aurait aimé pouvoir touché; quelques bestioles ici et là qu'elle aurait aimé attrapé si tant est que cela fut possible. Mais c'était sans compter son frère : c'est qu'il semblait pas vraiment d'accord qu'elle se barre à l'aventure. Pas vraiment drôle le frangin. Mais bon, avouons qu'il savait se faire pardonner : entre un regard que eux seuls savaient partager et quelques douces attentions, gnétépapotib de lui en vouloir trop longtemps. Puis bon, ça aurait voulu dire lui lacher la main, le laisser seul et le laisser seul avec elle là. Gnétépapotib. Faut faire des choix dans la vie, et le sien, s'était de rester avec lui, pour le défendre, parce qu'il y a des dragons partout puis des gens méchants - d'ailleurs la brunette on sait pas vraiment qui elle est -, et pour le garder pour elle. Voila c'est dit. Donc elle obéit bien sachement, même si ça lui gratouillait la curiosité de voir toutes ces choses fascinantes du monde extérieur.

Puis elle gardait une oreille sur les propos échangés. De temps en temps, elle cherchait à capter les regards de son ainé et du chevalier, mais en vain. Elle laissa faire, n'en ayant strictement rien à faire parce que ne comprenant rien du tout - en même temps, y causaient pas de dragons, comment voulez vous que ça l'intéresse la ptiote hein? Mais bon laisser faire c'est bien mais voila quoi. Y causaient, y causer mais elle plup! Rien. Nada.
Elle retroussa son petit nez de mécontentement : non ils n'allaient pas la squizer comme ça. L'est peut être pas bien grande, un peu jeune, mais non. Non elle est là quand même. Faut pas l'oublier. C'est que bon, fallait pas l'inviter...

Elle soupira bruyemment, bailla la bouche grand ouverte sans une once de politesse, tira sechement sur la main du Faucon et lui jeta un regard innocent mais avec la signification suivante : "Dis tu m'oublies pas hein? j'suis là? Et on fait quoi maintenant? J'm'ennuie et j'ai faim". Restait juste à savoir s'il comprendrait, mais bon... au cas ou, elle avait des réserves. Elle glissa toutefois un léger...

C'est quand qu'on arrive...?
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Adrian
Citation:
Vous trouverez toujours protection à Ryes, vous et votre famille. Vous aurez toit et nourriture aussi longtemps que vous le désirerez au village à notre charge. Mais ce n’est point là ce que vous venez chercher. Je me trompe ?
Qu’attendez vous exactement de l’Ordre, ou de moi, Vicomte ?


[Histoire de ressituer les dernières paroles échangées]

- " Tu n'en as toujours aucune idée, jeune dame de Haisnes... ? "

Pas de réponse, à la mention de la protection de Ryes. Paroles, paroles, comme dirait l'autre. Et le jeune homme avait appris à ne plus se reposer sur des promesses et des paroles en l'air. Seuls les écrits avaient valeur, et valaient force de loi. Aussi prit-il par-dessus la jambe ce qu'elle lui racontait sur sa famille, amitié, protection, etc. Beau discours, en vérité, mais bien loin de la réalité. Aussi se tût-il sans relever, et répondit. Et c'est ainsi, sur la mention du fief flandrin de la jeune femme, qu'ils pénétrèrent réellement dans Ryes. La petite phrase était courte et lourde de sens, surtout alors que Adrian coulait vers elle un regard appuyé lourd de sens.
Oui, elle avait très bien sentie. Il n'avait personne de confiance en Flandres. Il n'y connaissait personne. Aussi se rabattait-il naturellement sur le connu: la Licorne, et en l'occurrence Zalina, jeune damoiselle de Haisnes, vassale du Vicomte. Il espérait sa réponse en imaginant la négative. Il laissa le silence s'installer, peu à peu, et laissa la jeune femme prendre le large.


L'auberge était en vue, et sur des fondations de pierre, les bardeaux de bois s'entrecroisaient pour former une grande bâtisse aux assises lourdes et massives. Même sentiment de début de printemps dans les rues où des chiens galeux s'égayaient, des enfants jouant au milieu des ordures alors que les mares de neige s'étiolaient au soleil, fondant quasiment à vue d'œil. Des charrettes passaient dans les rues, remorquant divers produits qui s'échangeraient dans le bourg ou à la Forteresse. Des tours de guet étaient visibles, sur la route du Nord et de l'autre côté de la rivière, payées par le petit bourg. Quelques miliciens patrouillaient, petit groupe de cinq hommes s'assurant que le bourg conserve une tranquillité qui était de bon aloi depuis fort longtemps. Ils avançaient, hurlant à la ronde "Il est nonne, nonne, bonnes gens... ". L'église du petit bourg ne tarderait pas à célébrer le dernier service, et le jeune garçon se signa en passant à proximité. Les deux enfants avancèrent encore, à la suite de la Prévôt qui les guidait jusqu'à l'Auberge.

C'est quand qu'on arrive...?

- " Quand la greluche qui l'dit l'aura dit. " répondit le marmouset, regardant la petite fille en lui tirant ostensiblement la langue. Seul lien, pour le moment, du jeune homme au monde de l'enfance.

Ils montèrent trois marches, et s'engouffrèrent dans la pièce unique semblait-il de l'auberge. Un bar à un coin, une cheminée, fauteuils, coffres, bancs et tables, tout ce qu'il fallait. Une ou deux torches distribuaient de surplus la lumière qui n'entrait pas assez par les maigres fenêtres, et le soir tombant étant en cause. Adrian laissa Zalina choisir la tablée où ils irèrent s'installer, et la laissa s'asseoir paisiblement avant que d'installer sa soeur et de s'assurer qu'il aurait siège adapté. Voyant qu'il y avait surtout des bancs, il chercha des yeux mieux. Il alla jusqu'à un coin de la pièce, prit d'office un tabouret de bois grossier qui le mettait un peu plus haut que les deux autres, et le posa à un coin, simulacre de pater familias s'apprêtant à deviser encore. Il avait soif. On ne parle pas autant sans avoir séquelles, et il avait fort soif: aussi claqua-t-il avec force des doigts, main en l'air, et attendit-il. Il attendait le taulier des lieux. Il demanda alors:


- " Que buvez-vous, par ici? Calva? "Et ceci serait une bonne façon d'entamer la deuxième portion de l'entretien, qui n'en serait pas moins rude que la première.
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