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[RP] Agence AAP : The Kartouche Group Bureau

Kartouche
[Montauban, le 10 mars 1458]

Une vieille bicoque -elle fut jadis un entrepôt, aux dires de Sancte- au bord du Tarn. Les murs gonflés par l'humidité constante qui règne sur les berges, le toit auquel manquent des briques, la porte vermoulue. Malheureusement, il ne pouvait se permettre plus, sous peine de griller ses maigres économies dans une entreprise dont il ne savait pas si elle en valait la peine. Il avait du travail en perspective, pour rendre la masure habitable, mais il se contenterait de peu. En attendant, il se contenterait d'un nettoyage cosmétique, pour faire bonne figure, dans la pièce principale, qui servait à la fois de salle à manger, de cuisine, de bureau et de salle de réception. Car il avait l'intention d'ouvrir une agence locale pour l'AAP, et il lui était indispensable d'avoir un lieu où accueillir les porteurs de doléances ou de nouvelles fraîches, les seconds étant préférés aux premiers.

Le matin, après qu'il avait obtenu du cadastre de Montauban le droit d'habiter ce manoir, il s'était attelé à la lourde de tâche. Qui, finalement, ne s'était pas avérée si inhumaine que cela (il n'y avait pas de tapis ou de tentures à battre, et pas plus de meubles luxueux à polir où à cirer, et les rats avaient fait long feu dans une maison dépourvue de toute denrée comestible depuis des lustres : il lui avait suffi de vider une certaine quantité de poussière (on eût dit de la terre tant elle était compacte) et de passer une couche de chaux sur les murs pour rendre son séjour présentable. Seule subsistait une odeur de moisi, qui finirait par s'évacuer au bout de quelques jours), de sorte qu'en début d'après-midi, il avait pu s'installer à son bureau -en réalité, une planche posée sur deux billots de bois- et écrire quelques papelards. Et particulièrement l'annonce de l'ouverture de l'agence.


Citation:
Parce que l'information, c'est le pouvoir, et parce qu'il est un point fondamental de notre programme d'offrir le pouvoir à tous nos braves combourgeois, le pouvoir au peuple,

Parce que, ces derniers mois, les dépêches et articles de l'Agence Acilion Presse (AAP) peinent à parvenir à ceux à qui elles sont premièrement destinées, aux citoyens du Roaumes de France,

Parce que, finalement, il est du devoir d'un rédacteur digne de ce nom que de se mettre à la disposition de ses lecteurs, de sorte à ce qu'ils puissent lui exprimer leurs doléances ou lui faire part des dernières nouvelles, derniers potins relatifs au gratin de Bordeaux ou fraîches nouvelles de la Rochelle assiégée.

Une agence permanente de l'AAP est ouverte dès ce jour à Montauban, non loin des docks, sur la berge droite du Tarn, sous la responsabilité de Kartouche, rédacteur auprès de l'agence précitée.

Chacun y est bienvenu, sauf les pyromanes -ce qui n'est de toute manière pas très grave vu la teneur en eau des murs- ou les groupies du chapeau blanc.

L'agence nouvellement ouverte a vocation à servir toute la Guyenne en informations objectives et impartiales, en attendant l'ouverture d'une succursale à bordelaise.

Montauban, le 10 mars 1458.


Il contempla son texte avec l'esprit d'un homme satisfait de son travail, pour ne pas dire imbu de lui-même, et s'attela ensuite à calligraphier quelques copies, qu'il ferait afficher dans toutes les municipalités de Guyenne. Il ne lui restait désormais plus qu'à bricoler un pannonceau pour signaler sa nouvelle installation. Ce qu'il eût tôt fait de faire, écrivant à la chaux quelques mots sur une planche pas trop pourrie -mais suffisamment foncée. Écriteau qu'il accrocha à côté de la porte.
      Agence AAP
      Kartouche Rédacteur



Durée du sondage modifiée par mes soins.

{Lilou}


[Exlude :
Ce sujet est une sorte de pot-pourri. On y trouve autant les articles publiés par l'AAP, que le courrier de Kartouche ou son "journal intime", le tout dans l'idée d'offrir des potentialités ludiques à moyen-long terme. Je ne peux donc qu'enjoindre les joueurs à faire bien attention à la nature de ce qu'ils lisent, histoire d'éviter les quiproquos.]
Kartouche
Tous ces menus travaux achevés, l'entreprenant Kartouche se mit à table. Non pas pour manger, bien qu'il eût faim, mais pour écrire. Il s'était attelé il y a quelques jours à la rédaction d'un article sur l'affaire Sancte, ainsi qu'il aimait à qualifier la polémique autour de la nomination d'un éminent réformé au poste de tribun de la cité de Montauban. Sa première version lui avait été renvoyée, la rédactrice-en-chef l'enjoignant à modifier l'esposé chronologique d'un certain paragraphe. Ce qu'il s'empressa de faire.

Citation:
Polémique autour de l'appartenance religieuse du tribun de Montauban.

MONTAUBAN (AAP) - Ces derniers jours, la polémique fait rage à Montauban, siège d'une des plus grandes communautés réformées du Royaume de France. En cause, un personnage controversé et ardent défenseur des thèses réformées, le tribun Sancte Iohannes qui, après une absence de plusieurs mois, a récupéré un poste qu'il avait déjà occupé par le passé. Le duc de Guyenne et les autorités aristotéliciennes ont obtenu dans un premier temps qu'il soit révoqué, mais il fut rapidement réintégré après avoir été plébiscité par plus de 70% de la population.

Autour du 15 février, la bourgmestre de Montauban, Kindjal, a nommé au poste de tribun le réformé Sancte, récemment rentré en Guyenne au sein d'une compagnie formée de Guyennois et d'Helvètes qui étaient allés guerroyer en Béarn (voir notamment l'AAP du 18 et du 21 janvier 1458). L'homme avait déjà été tribun de Montauban par le passé, depuis sa nomination en avril 1457 par la mairesse d'alors, Zephyra, jusqu'à son départ pour le Béarn en septembre de la même année.

Le 21 février, suite à un courrier du duc El_barto qu'elle a reçu deux jours plus tôt, Kindjal a révoqué Sancte et a nommé à sa place Asophie, porte-parole du conseil ducal. Toutefois, après avoir étudié la lettre envoyée par Sancte à tous les nouveaux arrivants, la bourgmestre a estimé qu'elle est parfaitement neutre, ne contenant effectivement aucune mention religieuse. Le 25 février a donc initié une consultation au sein de la population, afin de savoir si les montalbanais estimaient que Sancte mérite son poste de tribun. Dans une allocution, elle déclare qu'elle voit en Sancte un homme qui «dans sa tâche de Tribun, n'a failli en rien, n'a abusé en rien, a fait un travail remarquable» et s'étonne qu'on «[le fasse] jeter de son bureau sans ménagement, [qu']on [dise] de lui qu'il n'est pas intègre.»

Quatre jours plus tard, au terme du délai fixé par Kindjal, le plébiscite organisé en halle est sans équivoque : 14 des 19 suffrages exprimés, soient 74%, sont favorables à Sancte. Le 1er mars, il est donc réintégré dans ses fonctions. On retiendra de ce débat les attaques de Bardieu, évêque de Cahors et curé de Montauban, contre ce qu'il qualifie «d'intervention dans [son] domaine», reprochant à la mairesse de «faire des déclarations sur des sujets qui relèvent de la spiritualité.» Cette dernière se défend en rappelant que le poste de tribun ne comporte aucun aspect religieux et que «si [elle] souhaite en effet nommer Messire Sancte à ce poste, ce n'est guère pour sa foi mais bien pour ses compétences, choses qui, [n'en] déplaise [à l'évêque], ne sont guère incompatibles.»

Dans un entretien épistolaire informel avec l'AAP, elle explique que le duc de Guyenne El_barto lui a demandé de démettre Sancte -qui se réclame ouvertement comme réformé aristotélicien- en raison de l'incompatibilité entre sa charge et sa foi, et qu'elle lui a répondu qu'elle ne voyait pas là ce qu'elle avait à faire : «un maire n'est ni un policier, ni un clerc ; [...] les affaires spirituelles ne sont pas [du] ressort [du maire] et que si, par ailleurs, la foi de [...] Sancte portait atteinte à l'ordre public, il convenait à la maréchaussée de monter un dépôt de plainte.» Elle rapporte en outre qu'El_barto se serait offusqué face à ce refus d'obtempérer et qu'il aurait insinué que la mairesse entretenait des sympathies avec la réforme.

Kindjal évoque aussi les pressions exercées par Bardieu, évêque de Cahors et curé de Montauban. Ce dernier aurait affirmé que l'excommunication de la bourgmestre était prête à être prononcée. Par la suite, au cours du débat public spontané autour de la consultation, il a sommé Kindjal d'aller s'expliquer au confessionnal, en ces mots : «Je vous attends à l'église pour une confession dès demain avant la messe pour que vous m'expliquiez tout cela de vive voix. Et ceci n'est pas une requête.»

Au terme de sa réponse, Kindjal rappelle qu'elle n'a pas choisi de nommer Sancte au poste de tribun «à titre personnel. Si Messire Sancte occupe le poste de Tribun de Montauban, c'est qu'il a prouvé qu'il le faisait, qu'il le faisait bien et même qu'il le faisait avec intégrité, contre toute attente, pourrait-on dire.» Elle confesse aussi penser qu'il y a derrière cette polémique des réglements de compte personnels, et regrette que les institutions de Guyenne soient instrumentalisées de la sorte.

Du point de vue légal, maître Betoval, avocat de Guyenne reconnu par le duché, confirme que l'exercice du poste de tribun n'est assorti d'aucune condition d'ordre spirituel. Il explique ainsi que «les lois temporelles de Guyenne sur la religion sont toutes décrites dans notre concordat. Les contraintes religieuses ne portent que sur les membres du conseil Ducal. Le concordat ne couvre aucune autre responsabilité, que ce soit tribun, maire, conseillers municipaux ou autre.»

Le conseil ducal, par l'entremise de sa porte-parole Asophie, a fait savoir qu'il ne souhaitait pas s'exprimer dans cette affaire. Le duc El_barto n'a quant à lui pas répondu à nos interrogations.

Kartouche, pour l'AAP


Cette version, songeait-il, devrait bien être acceptée. Ou bien il en mangerait son chapeau. Il imagina installer devant son "entrepôt" un panneau sur lequel afficher les dernières dépêches. Il se dit ensuite qu'il ne serait pas inutile non plus d'archiver consciencieusement les articles relatifs à la Guyenne publiés par l'AAP, et à rechercher les anciennes chroniques. Pour la mémoire.[/i]
Aurelien87
Tiens, vous voila ici, vous... apres avoir semé le trouble dans Geneve et en avoir été chassé.... Cela ne vous surprendra pas, j'ai voté non. Je vous ai vu à l'oeuvre en d'autres lieux, et vos articles étaient d'une partialité qui ne sied pas à l'AAP
_________________
Kartouche
Le satisfait Kartouche regarda autour de lui. Il lui semblait avoir entendu une voix. Était-ce que, comme à Izaac, le Très-Haut lui parlait ? Si tel était le cas, ce n'était pas très gentil de parler ainsi au genevois. Il pouvait d'ailleurs difficilement croire qu'il fût tombé en si mauvaise grâce. Il se frotta les yeux, endoloris par sa longue étude et la pénombre de la pièce, et regarda autour de lui, pour finir par voir apparaître dans son champ de vision une silhouette qui lui disait vaguement quelque chose, mais sur laquelle il ne pouvait pas mettre de nom. Un sourire vaguement étonné s'étalant sur son visage, il lance, sans saluer :

«Bonjorn, messer ! Je suis ravi que l'on m'ait trouvé si rapidement, alors que je n'ai encore pas fait paraître ces annonces.»

D'un geste du bras nonchalant, il montre la pile de parchemins, tous identiques, qu'il a rédigés tout à l'heure.

«C'est signe que les nouvelles vont vite, et pour un journaliste comme moi, c'est bon signe. Ça stimule, vous comprenez ?»

«Vous me parlez de Genève -dont les dernières nouvelles qui me sont parvenues sont fort bonnes : il paraîtrait que le comtois de Villers se prépare à quitter la ville-, d'autres lieux et de chasse, sans que rien de tout ceci ne me paraisse très plausible. Explicitez, messer. Et faites-moi l'honneur de me dire avec qui j'ai le plaisir de converser... Au fait, souhaitez-vous voir mon dernier article qui ne devrait pas tarder à paraître ?»
Kartouche
Le patient Kartouche tapotait machinalement sur son bureau, se demandant si l'ectoplasme qui s'était adressé à lui était réel ou bien s'il s'agissait d'une hallucination. C'est qu'il avait à faire. D'ailleurs, cela faisait de longues minutes qu'il avait cessé de fixer l'apparition et qu'il s'était plongé dans son courrier. Un tas de correspondances pendantes, et puis évidemment quelques demandes qu'il devait faire parvenir à quelques amis bien placés. A l'instant, il écrivait à Méliandulys, qui était arrivé sans encombre à Genève.

Citation:
Salut l'ami !

En arrivant en Guyenne, j'ai appris que vous étiez arrivés sains et saufs à Genève. J'imagine que la cité a beaucoup changé durant notre absence. Comment avez-vous trouvé les choses à votre retour ? N'avez-vous pas trop été importunés par le maire ?

Pour ma part, je suis finalement arrivé à Montauban avant-hier, près d'un mois après Sancte et les autres. C'est que j'ai d'abord été quelque peu retenu dans une cellule paloise par un maréchal zélé. Et puis en route, j'ai subi quelques désagréments autour de Toulouse ; assailli par une furie -qui, semble-t-il, est duchesse ; vois-tu l'effet que je fais aux grandes de ce monde ?-, je me suis vu quelque peu égratigné, et j'ai surtout cassé mon épée dans la bataille. Perte irréparable ! Une lame fantastique, des meilleurs artisans de Schwytz, et à laquelle il me sera difficile de trouver une remplaçante en cette contrée. C'est d'ailleurs pour cela que je prends la plume en ce jour. N'aurais-tu pas moyen de faire fabriquer à Schwytz une nouvelle lame pour moi ? Je te paierai, évidemment. Mais de recevoir ici une épée digne de ce nom me serait plus qu'utile.

Fraternellement, de Montauban, le 11 mars 1457,

K.


Cette épée, si Méliandulys voulait bien s'occuper de l'affaire, ne lui parviendrait pas avant de nombreux jours, même avec les cigognes du Vieux -en espérant qu'elles ne se soient pas toutes envolées. Il lui faudrait donc se faire confectionner une petite lame ici. Il sentait d'ailleurs qu'il en aurait fort besoin dans les jours à venir... Un pressentiment obscur.
--Le_moche

Le Moche, de passage en Guyenne vaquait comme il faisait souvent dans sa vie de chien, au hasard ou presque, flairant quelque coin de soleil de ci de là. Il se retrouva nez à nez devant une porte qu'il lui semblait connaitre. Non pas visuellement, mais "nasalement" parlant, elle flairait quelque chose qu'il avait déjà flairé auparavant, quelque part plus loin, au pied de ces montagnes Pyrénéennes... Une odeur caractéristique, reconnaissable entre toute. L'odeur de l'hérésie. Oui, c'était ça. Finalement. Peut-être aurait il l'occasion d'en croiser un, d'en croquer un au mollet, à l'occasion, de ces "Lions" que le Deux-Pattes Hagden le Teutonique combattait, et avait suivi jusque là. Il n'en avait jusqu'alors vu qu'un de loin, un lourdaud, gras et suffisant. Les Pyrénées étaient bien loin. Aussi l'animal se demanda si l'hérésie était un peu partout... à étendre leurs effluves corporelles et spirituelles corrompues et pestilentielle...

Il s'approcha de la Porte. Et il y pissoit, comme il l'avait fait devant celle du Béarn... Pour laver cette odeur nauséabonde, et pour se souvenir de revenir dans le coin, à l'occasion, pour pissoir plus à propos... car là, il ne put sortir qu'une goutte... mais bien assez pour retrouver le chemin jusque là la prochaine fois... Il s'éloigna flairant dans les rues, cette odeur de "Lion". Qui semblait aussi un peu partout autour, finalement, tapi dans les ombres, certainement prêt à bondir comme il avait fait en Béarn. Ou ailleurs. Certes, le Moche n'était qu'un chien, mais connaissait la ruse de renard de ce Lion... Le Deux Pattes Hagden en parlait souvent tout seul, de sa fourberie digne de ce cousin des bois de renard.

A son départ de la porte un parchemin vint le faire trébucher, et songea à ces "torchons" dont parlait le Teutonique, il le déchiqueta de ses dents moitiés cassées. Le Deux Pattes Hagden n'aimait pas ces parchemins qu'il appelait journal, mais le plus souvent donc "torchons". Ce sera un papier de "propagande" moins que les Deux Pattes non Lions auraient à lire, se dit il dans sa caboche de chien, et il s'éloigna que plus, la tête haute, sa Croix Teutonique au vent. Le Deux Pattes Hagden n'était pas là, mais il savait qu'il avait bien fait, avec la goutte et le "torchon".
--La_vieille_crassouse


La vieille qui revenait de chapardage habituel se promenait courbée dans les rues quand elle vit une espèce de bestiole a quatre patte qui bouffait du paplar , fermant un oeil pour mieux voir elle se dit comme ça ..

Si ja chapardion cte bestiaux j'en arrivions bien a le vend' pis j'pourai ben bouffer ot' chose que l'détritus qui me cogne a l'eglise..


chuintant, le chicot toujours entre les dents elle s'apporcha du chose et lui cola un coup de pied dans le fion histoire de le contrôler jusqu'au mur pour l'assomer net.. Le quatre patte vola pour attérire la langue pendante contre un arbre.. Les yeux qui birouillaient dans tous les sens..

La vieille se frotta les mains et crachant dedant en signe de satisfaction attrapa la bestiole par le colbac et lui tint a peu près ce language..

Hé hé toi... Ta va me rapporter queke chose ... Pis si z'en veule po au marché jte refourgerions au Jacquot .. Parait qu'il aime les trucs vivant.. Va savoir c'qui pourait faire de toi..

Et le secouant vivement pour s'assurer qu'il était bien assomé , regardant a droite et a gauche.. Foure le bestiau dans son baluchon .. Sourire mauvais elle empresse le pas en oubliant son signe distinctif .. le boittage.. Pour s'engouffrer dans une taverne miteuse..
--Le_moche


Le Moche avait peut-être l'air d'un chien laid et idiot, mais il ne l'était point, chien idiot...

Certes, il avait senti les chocs, et le fond du sac, et vu le regard de cette vieille en ouvrant un oeil quand il y tomba. Certes l'oeil était amoché comme sa tête, mais ce n'était pas nouveau, elle en avait connu des coups, pas des moindres, pour être dans cet état, mais bien vif il était son oeil.
Oui, ce pays où il venait d'arriver sentait bien l'hérétique. Et l 'hérétique ne sentait pas bon, était plus moche que lui-même ne l'était, et c'était peu dire. Et de plus, il était vieux, sentait la vieille peau de vache suisse... ou assimilée... Il en sentait des effluves parfois à Thorens quand le vent venait de l'Est...

Aussi, il se souvint du comment il avait feinté la seconde fois où on lui avait fait le même coup, le coup du chien moche, et qui dit chien moche dit chien du diable ou quelque chose dans le genre... Il se souvenait que plusieurs fois qu'il avait croisé des Deux Pattes, certains l'avaient cru sortir des Enfers, alors qu'il n'en était rien. Et ils l'avaient tabassé, martyrisé, enfoui dans des sacs...

C'était pas comme cette vieille qui semblait en sortir vraiment, des Enfers, elle... vu son comportement de damnée avant l'heure...

Il donna un coup de crocs cassés dans le fond du sac, discrètement, et alors que il entendait une porte se fermer, ou s'ouvrir, il ne sut pas très bien, il tomba sur le sol, glissa un peu mais ajusta un bon coup de dents dans le mollet de la vieille bique hérétique, pour lui ôter l'envie de l'y reprendre à voler un chien, ou quoi que ce fusse... avant de filer droit chez le Deux-Pattes Hagden, disparaissant de la vue de tous, se faufilant partout pour éviter d'être vu, et rattrapé, se jurant de ne point le lâcher des yeux, le Deux Pattes Hagden une fois qu'il serait près de lui. Il n'était pas loin, vu que la Cathédrale était devant lui.

La Guyenne n'était pas bien fréquentée en ce moment... pour sûr. Mais il ne se laisserait pas marcher sur les pattes. Il mordrait tout mollet avéré sentant l'hérésie et la vieille Genève qui s'approcherait de près ou de loin de lui ou du Deux-Pattes Hagden...

Certes il avait pas agi avec courage... mais au moins il était en vie et en sécurité. Car le Deux Pattes Hagden n'était pas du genre à faire du mal à qui que ce soit... Mais il n'aimait pas voir souffrir les innocents, ou voir les innocents se laisser avoir par ces viles bêtes qu'étaient les hérétiques, "sans lois... que les leurs"... comme il disait le Deux Pattes, Hagden.

Il se jura de revenir devant cette Porte et de la sortir de ses gonds, dusse t-il y perdre le reste de ses crocs... et de ses pattes... Car l'odeur de l'hérésie devrait sortir de la Guyenne... tôt ou tard...

Mais il se demanda si c'était bien de vouloir faire cela. Ce serait un peu comme être comme cette vieille, méchant. Et selon le Deux Pattes Teutonique, la colère ne devait pas céder à la méchanceté fusse t-elle gratuite, ou non.
Kartouche
Le solide Kartouche s'était juré de ne plus jamais abuser de fruits de mer bordelais. A fortiori lorsqu'ils sont d'une fraîcheur aussi douteuse. Il avait en effet déduit de la mystérieuse apparition verbale que les fruits de mer avariés, c'est comme certaines sortes de champignons dont raffolent certaines gens de la haute. Ce jour-là, il n'avait toutefois guère l'occasion de songer aux plaisirs culinaires offerts par la région ; il était plongé dans la lecture d'une longue lettre de Méliandulys, qu'il venait de recevoir.

Citation:
Salut compagnon,

Me voilà rassuré quant à la l'intégrité préservée de ta santé aussi bien physique que mentale. Je t'avoue avoir eu quelques craintes lors de notre départ, sachant que nous te laissions bien seul avec nos hôtes béarnais. Je vais me faire une joie de rassurer tout le monde.

Le retour à Genève aura finalement était assez calme. Sans doute même trop calme. Certains de nos compagnons se morfondent du peu d'activité qu'il règne en ville. Ce qui est guère étonnant après ces quelques mois tumultueux aux pieds des Pyrénées. Là où nous nous attendions à trouver quelques tensions et rancoeurs, peut être même de l'agressivité, nous avons reçu accueil des plus chaleureux. Il n'empêche que la cité est dépeuplée, triste et semble se mourir à petits feux.

Je t'avoue même ne pas avoir croisé celui qui se fait appeler avoyer. Sans doute est-il de ceux qui se drape d'arrogance et de courage lorsqu'ils se sentent en sureté et qui une fois l'adversité faisant face, se recroqueville tel des oisillons tombés du nid.

Mais j'en viens au but de a missive. Tu sais que je ne pourrais rien te refuser l'ami. Même si je t'avoue être curieux... les lames forgées par les artisans de Schwytz sont-elles de facture tellement exceptionnelle pour que tu consentes ainsi à attendre autant et dilapider une partie de tes écus difficilement glanés ?

Je peux bien évidement mander un forgeron de Schwytz pour accéder à ta requête. Et sans doute pourrais-je trouver un jeune bougre se sentant l'âme d'un livreur intrépide pour rallier les contrées du sud-ouest. Mais l'opération va réclamer nombre de thalers... et pire que cela, elle va réclamer des jours, des semaines avant de pouvoir être menée à bien.

Mais si c'est là un demande qui ne souffre aucune hésitation de ta part, je ferais de mon mieux.
Aurais-tu en tête le nom d'un artisan en particulier ?
J'attends réponse par retour de pigeon avant de me mettre en quête d'un artisan.

Embrasses Izaac pour moi. Et passes mes amitiés aux frangins,

Mélian.


Ainsi donc, l'ami ne connaissait rien des lames de Schwytz ! C'était une lacune qu'il fallait combler, dès que possible. Mais dans pas dans l'immédiat, puisque Sancte venait de lui faire part d'une affaire urgente. Et qui tenait très à coeur au terrible Kartouche. Un mot très bref, griffonné à la hâte sur un vieux parchemin. Il commence à marmonner à haute voix, un sourire indéfinissable sur les lèvres. Intense jubilation solitaire.

«On a engagé le combat contre l'armée hier soir. Notre lance a été dissoute, mais aucun blessé chez nous. Lily-Jane était morte ce matin. ...»
Kartouche
Citation:
CASTELNAUDARY (AAP) - Dans la nuit du 14 au 15 mars, une armée toulousaine et une lance de voyageurs guyennois ont livré bataille sous les murs de Castelnaudary. Devant le petit bourg toulousain, les huit voyageurs, qui étaient menés par le réformé Sancte et allaient de Montauban à Carcassonne, ont rencontré la comtesse sortante Lily-Jane, portant bannière toulousaine. Un combat a été engagé entre les deux entités.

L'ancienne comtesse a été laissée pour morte sous les murs de Castelnaudary et son armée dispersée. Dans l'autre camp, Sancte, meneur du groupe de voyageurs, a été superficiellement blessé.

Kartouche, pour l'AAP


Bref, mais lapidaire. Pour cette dépêche, l'implacable Kartouche s'en était tenu au style "dépêche", justement. Parce que l'information s'y prêtait bien, ne nécessitant pas de croiser mille et unes sources contrairement à ses précédents sujets. Et puis l'affaire méritait d'être publiée promptement.
_________________
Une lettre envoyée par Kartouche est utilisable librement dans vos narrations. Naturellement, je considère qu'une lettre reçue par Kartouche l'est aussi (si en tant que joueur vous n'êtes pas d'accord, merci de me le faire savoir).
Kartouche
Ça chauffe. Sur son bureau, une copie d'un papier entêté à sceau d'évêque. Un truc qui va faire du bruit, assurément. Surtout si on l'y aide un peu. Au sommet d'une pile de courriers -réponses et copies de requête- le papier en question. Il a à peine eu le temps de clore l'affaire Lily-Jane qu'en vient une autre, autrement plus conséquente. Et toujours, derrière tout ça, ces gredins de réformés. C'est dingue, ils sont partout, ceux-là. Un peu comme les teutoniques. Déjà, sur la table, une ébauche de dépêche, qui envoyée à Paris, ne devrait pas tarder à revenir.

Citation:
MONTAUBAN (AAP) - En raison de la nomination de Sancte, un opposant notoire à l'Église aristotélicienne, au poste de tribun, l'évêque de Cahors, Bardieu, a annoncé l'excommunication de la mairesse de Montauban Kindjal.

Fin février, au cours de la consultation populaire initiée par Kindjal afin de définir si la population souhaitait conserver le réformé comme tribun -ce dernier, déjà tribun de la ville par le passé, avait été nommé à son retour de Béarn le 15 février, puis démis de ses fonctions le 21 février à la demande du duc de Guyenne El_barto (voir l'AAP du 7 mars pour plus de détail)- l'évêque de Cahors, par ailleurs curé de Montauban, avait déjà fait entendre une position très sévère à l'encontre de la bourgmestre de Montauban, l'accusant d'intervenir hors de son domaine et de faire des déclarations sur des sujets d'ordre spirituel. À cette occasion, il avait aussi instamment enjoint Kindjal à venir se confesser. Le résultat de sa confession éventuelle n'est évidemment pas public, mais il est probable qu'il n'ait pas plus à l'évêque de Cahors.

Dans une déclaration rendue publique le 18 mars, l'évêque Bardieu annonce qu'en vertu de la décision cardinale d'excommunier l'ensemble des membres du Lion de Juda et de l'Advocatus Diaboli -organisation patriotique guyennoise d'obédience réformée-, et parce qu'il déclare qu'elle est membre de ces groupes, Kindjal est à considérer comme excommuniée.

En vertu du droit canon (bulle pontificial sur les institutions suprêmes de l'Église, livre 5, partie II, article 2.3), seul un cardinal est habilité à constater une excommunication, et l'on peut s'étonner que l'évêque de curé déclare l'appartenance de Kindjal à ces organisations, sans qu'un jugement d'une cour laïque ou de l'officialité épiscopale ne vienne soutenir cette affirmation. A l'heure qu'il est, aucune réaction ne s'est faite entendre, ni du côté de Montauban, ni du côté de Rome ou de Bourges, archevêché dont dépend Cahors.

Kartouche, pour l'AAP
Kartouche
La dépêche qu'il avait envoyée à Paris dans l'après-midi -une version sensiblement modifiée et augmentée du brouillon de la veille- vient de lui être retournée avec la mention «Parfait». Au terme de cette longue et pénible journée, un léger sourire sourire s'étale sur le visage de l'heureux Kartouche. Heureusement que les commentaires ne sont pas publiés avec les dépêches : certains ne se remettraient sans doute pas de voir comment étaient évaluées les dépêches du Magnifique. Il relut une dernière fois le papier, puis le classa dans son petit dossier d'archives. Dommage que Bardieu n'ait pas voulu prendre part à une entrevue.

Citation:
MONTAUBAN (AAP) - Bardieu, évêque de Cahors, a annoncé jeudi 18 mars l'excommunication de la mairesse de Montauban Kindjal. Cette annonce s'inscrit dans un contexte particulièrement mouvementé, après que Kindjal a nommé un tribun réformé et notoirement opposé à l'Église aristotélicienne, Sancte.

Fin février, au cours de la consultation populaire initiée par Kindjal afin de définir si la population souhaitait conserver le réformé comme tribun -ce dernier, déjà tribun de la ville par le passé, avait été nommé à son retour de Béarn le 15 février, puis démis de ses fonctions le 21 février à la demande du duc de Guyenne El_barto (voir l'AAP du 7 mars pour plus de détail)- l'évêque de Cahors, par ailleurs responsable de la cure de Montauban, avait déjà fait entendre une position très sévère à l'encontre de la bourgmestre de Montauban, l'accusant d'intervenir hors de son domaine et de faire des déclarations sur des sujets d'ordre spirituel. À cette occasion, il avait aussi instamment enjoint Kindjal à venir se confesser. Le résultat de sa confession éventuelle n'est évidemment pas public, mais il est probable qu'il n'ait pas plus à l'évêque de Cahors.

Dans une déclaration rendue publique le 18 mars, l'évêque Bardieu annonce qu'en vertu de la décision cardinale du 15 octobre d'excommunier l'ensemble des membres de l'Advocatus Diaboli -organisation patriotique guyennoise d'obédience réformée-, et parce qu'il déclare qu'elle est membre de ces groupes, Kindjal est à considérer comme excommuniée. Il argumente en outre en affirmant que la mairesse de Montauban défend l'hérésie et qu'elle a enfreint des décisions épiscopales sur les affaires spirituelles de Montauban, sans toutefois préciser de quelles décisions il s'agit.

Cependant, selon le droit canon (bulle pontificiale sur les institutions suprêmes de l'Église, livre 5, partie II, article 2.3), seul un cardinal est habilité à constater une excommunication, et l'on peut s'étonner que l'évêque de curé déclare l'appartenance de Kindjal à ces organisations, sans qu'un jugement d'une cour laïque ou de l'officialité épiscopale ne vienne soutenir cette affirmation. A l'heure qu'il est, aucune réaction ne s'est faite entendre, ni du côté de Montauban, ni du côté de Rome ou de Bourges, archevêché dont dépend Cahors.

Le 19 mars, Kindjal s'est déclarée «profondément choquée par les accusations de l'évêque à son encontre» et a nié «formellement appartenir ou avoir jamais appartenu à l'une des deux organisations» citées par l'évêque. En outre, elle annonce qu'elle a décidé de porter plainte contre l'évêque Bardieu et qu'elle ne se retirera pas de l'élection municipale. À quatre jours de la fin du vote, les sondages la donnent largement vainqueur, avec 79% des suffrages.

Kartouche, pour l'AAP


Le lendemain matin, la dépêche serait sûrement affichée un peu partout en Guyenne. En songeant au débat qu'il avait aperçu l'après-midi, Kartouche se demandait même si l'article aurait une influence sur les opinions : en tant que rédacteur de dépêches purement informatives, il espérait évidemment que non, mais il n'était pas possible de lutter contre l'information. C'eût même été un crime que d'étouffer l'affaire ou de taire le détails. Comme pour tout évènement, le peuple avait le droit de savoir. Surtout lorsque les conséquences pouvaient en être réellement terribles. Sur ces pensées divinatoires, le prolixe Kartouche se replongea dans ce qui l'occupait avant l'intrusion du pigeon de l'agence. Un courrier bien plus personnel, mais qui, comme l'eût remarqué un gredin qui s'introduirait dans le bureau, concernait la même affaire.
Kartouche
le 20 mars, sur son journal précieusement conservé sous sa chemise, kartouche le magnifique a écrit:
À jour exceptionnel, résolutions exceptionnelles.

Aujourd'hui, équinoxe de printemps, j'ai pris la décision de reprendre ce vieux journal, que j'avais commencé jadis lorsque je voyageai à travers la confédération. Mais cette fois-ci, il n'est plus question de ce vade-mecum confédéral à l'usage de mes contemporains ; ces pages serviront peut-être à ceux qui investigueront, à l'avenir, sur cette période troublée que nous nous apprêtons à vivre, et dans laquelle un rôle m'est dévolu, comme l'ont souhaité certains.

Aujourd'hui, j'ai pu constater à quel point la place de l'Église dans la société guyennoise, et en particulier montalbanaise, était précaire. Nous saurons en tous les cas d'ici quatre jours ce qu'il en est vraiment. Causant avec Melior -assurément future duchesse de Guyenne- j'ai été envahi par quelque perplexité lorsqu'elle commença à me parler d'un de ses amis, premier parmi ses pairs, avant de comprendre qu'elle parlait de Valnor, premier parmi les pairs de France, justement. Ce dernier semblait avoir été dépêché en Guyenne pour retrouver le maréchal Flex. La Guyenne, définitivement -comme aiment bien le dire les mauvaises langues- était au centre de la moitié des affaires du royaume. Le duchesse aurait bien du fil à retordre.

Aujourd'hui, j'ai vu aussi combien les gens étaient gentils avec moi. Surtout les jeunes femmes honorables qu'on trouve dans les tavernes de la cité. Cela fait chaud au coeur.
Kartouche
Une lettre vola à travers le bureau. Contrairement à ce qu'on eût pu penser, ce n'était pas un acte de dépit ou de colère, ni une façon aléatoire de classer un courrier. Car le maniaque Kartouche avait pour habitude de ne rien laisser au hasard dans la manière dont il rangeait ses affaires. En effet, chaque dossier qu'il avait à traiter -qu'il soit personnel ou non- avait droit à sa pile sur son bureau. Et il y avait, en l'occurence, un nombre certain de piles différentes, plus ou moins épaisses, qui montraient à quel point l'occupé Kartouche travaillait d'arrache-pied. Un curieux qui aurait eu le privilège d'entrer dans le bureau aurait sans doute pu voir ici le dossier relatif à l'excommunication de Kindjal, là celui concernant la nomination de Sancte au poste de tribun (pourquoi donc ces deux-là n'avaient-il pas été fusionnés ? en raison de leur taille déjà conséquente, peut-être), dans un coin quelques courriers helvètes, ailleurs une feuille presque blanche ne contenant qu'une adresse, et devant lui une nouvelle pile, pour laquelle il avait fallu faire un peu de place, en jetant à la hâte dans un coin de la pièce une lettre qu'il n'avait pas encore pris le temps d'ouvrir.

Cette méthode de classement -que l'ingénieux Kartouche surnommait affectueusement parallélisme, et ce n'est pas un pseudo...- permettait à ce dernier de travailler beaucoup plus efficacement que s'il rangeait tous ses papelards dans des étagères (passons sur le fait qu'il n'y a dans son bureau pas d'autres meubles que la table sur laquelle il travaille et son lit). En effet, de cette manière, il pouvait travailler sur plusieurs dossiers "en même temps. Pendant que son esprit concevait le plan de quelque paragraphe épistolaire, sa main couchait sur le papier d'une dépêche une phrase à laquelle il avait pensé auparavant. Il pouvait ainsi dissocier la réflexion de la publication, ce qui lui donnait l'opportunité de mettre à profit ses ressources dans un souci d'efficience maximale. Et lorsque quelqu'un venait le voir, lorsqu'une lettre l'interrompait, il mémorisait soigneusement l'état des diverses choses auxquelles il était occupé, de sorte à pouvoir les reprendre plus tard, sans transition.

Mais, revenons-en à la lettre volante. Ou plutôt aux causes de ce vol plané, la lettre viendra plus tard. Nous l'avons dit, le Magnifique venait de ménager une petite place, juste devant lui, pour un nouveau "dossier". Ce nouveau "dossier", pour le moment, était plat comme une crêpe. Mais l'acte initiateur était une solide fondation et avait de quoi soutenir la pile jusqu'au plafond. Au moins. Et au-dessus, un parchemin qui se remplissait petit à petit. L'amusé Kartouche sourit d'un air étonné en écrivant sur la feuille. Amusé par le cocasse de la situation. Étonné par l'audace de la requête. Qui, toutefois, se justifie parfaitement.


Citation:
A l'assemblée des Pairs de France,
Au Premier en son sein, sa Grandeur Valnor de Landemorte, comte d'Aubeterre,

Kartouche, rédacteur auprès de l'AAP,

Salut !

Voici trois jours, sa Majesté le roi de France a rendu publique une lettre au Grand duc de Bretagne, lettre que je trouve très intéressante et dont les implications à venir pourraient être d'importance. Toutefois, les tenants et aboutissants de la chose restent obscurs pour le non-initié, et c'est pourquoi, en tant que journaliste, je souhaiterais publier, sous quelque forme que ce soit, un papier explicitant quelques aspects de la chose. Plus précisément, si cela est envisageable, j'aurais souhaité pouvoir m'entretenir avec quelqu'un qui serait habilité à répondre à quelques questions, notamment quant à la position précise du royaume vis-à-vis de l'Alliance, quant aux mesures envisagées contre les provinces-membres, quant à la raison de cette déclaration, alors que la Bretagne fait partie de l'Alliance depuis de nombreux mois déjà.

En espérant que vous voudrez bien prendre le temps de donner suite à cette requête, je vous salue bien humblement.

Kartouche, rédacteur à l'AAP

P.-S. Vu que ce courrier ne contient pas formellement de saisine, je me suis permis de ne pas en faire déposer une copie sur le bureau de la Pairie ; j'espère que je m'adresse à la bonne personne. Cette manière de procéder est aussi quelque peu motivée par le fait qu'on m'a parlé hier de votre présence en Guyenne.


Il est très probable qu'un truc comme ça, se dit le fatigué Kartouche -le courrier a été horriblement long à pondre, il lui faudrait vraiment un secrétaire- finira directement dans un âtre brûlant de Castelmoron. Mais ce ne sera pas faute d'avoir essayé. Le courrier recopié, puis plié, il le posa sur un coin du bureau, à cheval sur deux piles d'égale hauteur, et se plongea sur un nouveau parchemin. Qui ne l'occupa pas longtemps.

Il s'empara ensuite de ce petit carnet qu'il avait repris la veille, qu'il repoussa après quelques longues minutes de réflexion. Il était trop tard pour déblatérer dans le vide, avait-il conclu. Et puis une dépêche venait de lui revenir, pour publication. Il s'empressa de la placarder sur le panneau à l'extérieur, à côté de la porte d'entrée. Il serait étonnant que la polémique soit aussi virulente que pour les derniers articles...


Citation:
MONTAUBAN (AAP) - Un nouveau curé a été nommé à Montauban par l'évêque de Cahors, monseigneur Bardieu. Il s'agit de Bender.b.rodriguez, théologue au Saint Office romain et Grand Prieur de l'Ordre teutonique. D'origine bourguignonne, il a notamment été curé de Dijon et évêque d'Autun.

Kartouche, pour l'AAP
Kartouche
Deux papelards, même canevas, autres réponses. Mais pourquoi diable avaient-ils tous deux parus en Guyenne, et non à Toulouse ?

Citation:
21-03-2010 : Combat à Castelnaudary : entrevue avec Sancte

CASTELNAUDARY (AAP) - Il y a trois jours, dans la nuit du 14 au 15 mars, a eu lieu une échauffourée entre une armée et un groupe de voyageurs guyennois (cf. la dépêche à ce sujet parue le 16 mars). Nous avons contacté Sancte, meneur du groupe impliqué dans le combat, pour lui demander de répondre à quelques questions.

AAP - Messer Sancte, bonjour. Il y a trois jours, vous avez été impliqué dans un combat contre l'ancienne comtesse de Toulouse Lily-Jane. Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs ce qui s'est précisément passé ?

Sancte - Messer, bonjour. Il y a trois jours, mes compagnons de route et moi-même avons effectivement été agressés par une sauvageonne qui semblait se prendre pour un agent de la maréchaussée. Naturellement, au regard de son agressivité et de ses manières quelque peu discourtoises, nous avons immédiatement pensé à une attaque de bandits de grands chemins. Ce n'est que lorsque nous avons aperçu l'oriflamme toulousain que nous avons compris le caractère officiel de cette embuscade quelque peu maladroite, puisque ladite demoiselle nous a ordonné de faire demi-tour, sans jamais avoir voulu nous laisser la possibilité de le faire. Pour résumer : elle n'a jamais renoncé à l'idée d'en découdre et constatant que nous ne répondions pas à ses provocations papistes, s'est finalement décidée à charger. Mal lui en a pris, comme tous ont pu le constater.

AAP - Effectivement, puisque dame Lily-Jane s'est retrouvée à deux doigts de mourir. Si j'ai bien compris, c'est elle qui a engagé le combat : comment expliquez-vous que, seule, elle s'en soit prise à un groupe de huit personnes ?

Sancte - L'incompétence et l'irresponsabilité des officiers toulousains n'est pas de mon ressort. Je pense qu'elle seule sera à même de répondre à cette question, avec toute la mauvaise foi qui caractérise ce genre de personnages lorsqu'ils se prennent une peignée.

AAP - Normalement, vous n'aviez pas le droit de vous trouver sur les terres du comté de Toulouse : pourquoi avez-vous tout de même entrepris ce voyage ? Saviez-vous que vous risquiez de vous faire attaquer par Lily-Jane et que vous pourriez avoir l'occasion de lui infliger une défaite ? En d'autres mots, était-ce une mission sciemment préparée en ce sens ?

Sancte - Je n'étais aucunement au courant de la situation du comté de Toulouse avant mon départ. Cette province à la réputation prestigieuse n'est troublée par aucune guerre civile ou aucun autre conflit à ses frontières qui justifieraient une telle décision. Je savais néanmoins qu'en ma qualité de Sicaire du Lion de Juda, j'encourais des risques en traversant le territoire Toulousain. Ces risques je les ai endossés, mais il serait fort malhonnête de penser que je dirigeais une expédition pour sanctionner ladite dame que je ne connaissais absolument pas et envers qui, à priori et en dépit de sa réputation de papiste zélée, je ne nourrissais aucune sorte de griefs.

AAP - Et vous pourriez nous éclairer sur la raison de ce voyage, ou bien cette dernière est-elle confidentielle ?

Sancte - Je n'ai pas grand chose à cacher pour peu que l'on soit assez urbain pour venir me poser les bonnes questions, avec l'amabilité que commandent les bonnes moeurs. Pour vous répondre, je suis étudiant en voie de l'Eglise et comme chacun sait, cette vocation me pousse à parcourir les Provinces de notre Royaume en quête d'ouvrages rares dont seules certaines bibliothèques disposent. D'où la nécessité plus ou moins impérieuse de mes déplacements. Mais si la damoiselle Lily-Jane souhaitait faire don de plusieurs volumes théologiques à l'Université de Guyenne pour raréfier les déplacements des Réformés de Montauban, je pense que nous recevrons son geste avec la plus grande bienveillance.

AAP - Voilà qui est limpide : dame Lily-Jane sais ce qu'il lui reste à faire pour se réconcilier avec vous. Messer Sancte, merci d'avoir bien voulu répondre à ces quelques questions, nos lecteurs en seront assurément éclairés. Avant de terminer, avez-vous un commentaire à ajouter ou voyez-vous un point important que vous aurions oublié de soulever ?

Sancte - Effectivement. J'ai pu apprendre que certains représentants de l'Eglise ont fait passer Lily-Jane pour une victime des attaques du Lion de Juda. Ces propos sont aussi trompeurs qu'absurdes, chaque officier d'état-major sachant très bien qu'une simple lance ne peut partir à l'assaut du fortin d'une armée. Si il y a trois jours, Toulouse a perdu une armée, c'est parce que celle qui la dirigeait a commis la bêtise de se promener sur le territoire en quête d'offensives à mener sans avoir les renforts pour se le permettre. De même, j'ai ouï dire que la Guyenne s'était excusé auprès de Toulouse pour cet incident. Mais s'excuser de quoi ? Du fait que des Guyennois ne se laissent pas taper dessus sans réagir ? En vérité, chacun comprendra que cet incident accouche de trois conclusions limpides :
- Le comté de Tolosa confie le commandement de ses armées à des fillettes incompétentes.
- L'Église Aristotélicienne déforme toujours les faits à son avantage, pour rejeter ses turpitudes internes sur le dos d'hérétiques au bellicisme fantasmé.
- La diplomatie guyennoise conserve le doigt sur la couture de son pantalon : politique de génuflexions et éternelle posture de paillasson. Advienne que pourra, la Guyenne brillera. Jamais dans le présent, hélas.


Propos recueillis par Kartouche, pour l'AAP


Citation:
21-03-2010 : Combat à Castelnaudary : entrevue avec Lily-Jane

CASTELNAUDARY (AAP) - Il y a trois jours, dans la nuit du 14 au 15 mars, a eu lieu une échauffourée entre une armée et un groupe de voyageurs guyennois (cf. la dépêche à ce sujet parue le 16 mars). Nous avons contacté l'ancienne comtesse de Toulouse Lily-Jane, capitaine de l'armée impliquée dans le combat et grièvement blessée à cette occasion, qui a bien voulu répondre à quelques questions.

AAP - Dame de Labastide Saint-Pierre, bonjour et merci d'avoir bien voulu accepter de répondre à quelques questions. Il y a deux jours, nous rapportions qu'un combat avait eu lieu sous les murs de Castelnaudary, et vous en avez été partie prenante. Qui a-t-il précisément opposé ?

Lily-Jane - Un groupe de huit personnes, dont j'ai reconnu leur appartenance au groupuscule les Lions de Juda, contre moi même, à la tête de l'armée Via Fora Los Pefons.

AAP - Et vous étiez seule dans votre armée, c'est exact ?

Lily-Jane - Oui tout à fait, la soirée était calme, et aucun danger apparant ne semblait proche de se produire. J'étais sereine et ne sentais pas l'obligation d'être accompagnée.

AAP - Et ces gens-là, ils n'auraient pas dû se trouver à ce moment sur les routes de Toulouse ?

Lily-Jane - Non, en effet. Les Lions de Juda ne sont pas les bienvenus en terres toulousaines. En plus de cela, nos frontières sont fermées et ils n'avaient aucun laisser-passer. Ce qu'ils n'auraient pas eu même si la demande en avait été faite.

AAP - Et c'est pour cette raison que vous avez engagé le combat, malgré la criante infériorité numérique dont vous souffriez (car je crois que c'est bien vous qui les avez attaqué en premier) ?

Lily-Jane - Et bien, j'ai vu en prime abord le dénommé Sancte. Je lui ai dit qu'il n'avait rien à faire en terre toulousaine, et je lui ai ordonné de partir. Il a refusé. Je l'ai donc forcé à exécuter cet ordre en le bousculant quelque peu. Puis ses amis que je n'avais point vu sont arrivés afin de le défendre, si l'on peut dire ainsi. J'étais seule contre huit.

AAP - Donc d'après vous, ils ne se promenaient pas tous ensemble. Vous avez été laissée pour morte au terme du combat : savez-vous combien de personnes vous ont porté des coups, et combien de vos adversaires vous avez blessé ou tué ?

Lily-Jane - Disons que Sancte était en tête du groupe, les autres devaient être en retrait, et je ne les ai pas vu de suite. Pour le combat en lui même, je vous avoue avoir du mal à m'en souvenir exactement. Ce fut douloureux, une expérience que je ne souhaite à personne, exception faite des enfants du sans nom. Ce dont je me souviens, c'est avoir bousculé Sancte afin qu'il s'en aille, puis ensuite, tout est allé très vite. Ils étaient si nombreux. Sancte était quelque peu assomé par le coup que je lui ai porté et le reste est arrivé... Je me souviens surtout... De la lame d'un deux qui m'a transpercé le ventre, puis ce fut la chute et j'étais entre conscience et inconscience. J'ai senti le feu, mon armée qui brûlait par leur soin. Puis je me suis évanouie. Il parait que mon coeur s'est même arrêté de battre quelques secondes, mais, Loué soit Aristote, les secours sont arrivés à temps.

AAP - Comme nous l'avons évoqué au début de l'entrevue, vous protiez une bannière toulousaine : agissiez-vous en mission pour l'armée régulière ? Saviez-vous que ce groupe allait passer par là ?

Lily-Jane - Mon armée était bien règlementaire et agrée par le Comté, mais dans l'instant, je rentrais juste chez moi et m'apprêtais à repartir le lendemain. J'ai donc était surprise, car la route devait être sure.

AAP - Est-ce qu'il est fréquent que vous -ou d'autres capitaines toulousains- patrouillent sur les routes en effectif très réduit, tout en prêt à engager le combat contre des ennemis qui sont réputés pour ne pas être des enfants de coeur ? Stratégiquement, n'est-ce pas un peu trop risqué ? Que doivent penser les Toulousains des choix militaires de leurs autorités ?

Lily-Jane - Si j'étais en effectif réduit, c'est parce que, comme je viens de le dire, je venais de rentrer chez moi et repartais le lendemain. En ce qui concerne les choix militaires, cela regarde uniquement les autorités compétentes. Et le Comté n'a jamais eut à se plaindre de sa belle armée.

AAP - D'accord, merci. Finalement, avez-vous un commentaire à ajouter ? Voyez-vous un point que j'ai oublié de mentionner ?

Lily-Jane - De rien. J'ajouterai juste que je remercie le Très Haut de m'avoir permit de survivre à cette terrible épreuve. Cela grâce également à mes frères et soeurs de l'Ordre Teutonique, qui m'aident pendant ma convalescence.


Propos recueillis par Kartouche, pour l'AAP
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