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[RP ouvert] Nuits étranges.

Sadnezz
Ouvert à qui voudra, sous réserve de respecter une certaine cohérence et les règles de la CM sans quoi les post concernés seront levés à ma demande. Tous les posts se passeront de nuit.


[Nuit première.]

C'est à la brune qu'elle rentrait, exténuée mais apaisée , repue d'une nuitée exaltée. A l'heure ou d'autres exultent entre les tendre soubresauts des cuisses jarretées, elle , assouvissait quelques pulsions moins complexes mais pas moins stimulantes puis s'en revenait trainer sa cape carmine dans les les ruelles crasseuses de la Cour. Rentrer pour trouver repos, dans son dernier repaire, là où nulle âme ne troublait ses monologues à la lueur des bougies, sur les mots griffonnés aux vélins et ceux de ses prières sourdes. L'agitation de l'heure où la cour s"éveille, quand le reste du pays s'endort, restait la seule ambiance qui donnait l'occasion à ses douleurs de s'évaporer, à la Corleone de faire le vide dans un esprit martelé de trop de raisonnements et de rengaine. Sa fugue avait duré plus de temps qu'à l'accoutumée, quelques obligations , parfois l'échine se courbe mais jamais longtemps...

Marchant près des rigoles centrales aux pavés souillés, ses yeux fouillaient les lucarnes croisées au fil d'une progression tranquille. Elle ramenait dans son antre le fruit de plusieurs nuits de labeur et d'extase, des larcins effectués dans ses règles de l'art, le butin d'une voleuse qui commençait a prendre de l'âge... Ce n'était pas la lassitude qui cernait ses yeux noirs, ni l'ennui qui avait offert le premier cheveu blanc à sa crinière corbeau, juste le temps et ses sentences, le courroux divin qui la ramenait à une réalité qu'elle oubliait parfois. Les tavernes étaient remplies, plus sales les unes que les autres elles lui tendaient pourtant leur bras. Pas ce soir, ce soir je m'en reviens, la nuit a été longue, plusieurs jours sans lune. Domani peut-être, pour l'heure seule la pénombre de ses lieux l'appelait à elle, la Garçonnière qui n'en avait que le nom à force ne n'y voir pénétrer que son unique résidente quand elle daignait venir animer l'endroit. Rare, trop peut-être. Les routes étaient longues pour rentrer chez soi, les araignées avaient prit leurs aises pendant l'absence, pauvres créatures nocturnes.

Une gueuse au crin roux criait son plaisir dans un recoin, troussée par les mains noires d'un jeune mâle qui tenait mal sur ses jambes. Certainement pour quatre sous , il l'aurait à lui pour toute la nuit, si la rougeoyeante avait la bonté de ne pas le planter braies aux pieds avec sa bourse et son ivresse... Sadnezz passa son chemin sans trop admirer la scène, somme toute banale à cette heure ci. Les bordels regorgeaient de généreuses aux attributs à monnayer qui avaient même compté par le passé quelques membres de la famille, tenant le commerce des chairs... Elle bifurqua après trois édifices bruyants pour continuer chemin. Sa besace pesait lourd ce soir, peut-être juste parce que le besoin de rentrer avait été très fort sur le retour, trop fort.

Ses yeux d'onyx se posèrent un instant sur deux gamins au milieu de la rue se battant avec colère, pas de jeux d'enfants dans les quartiers des miracles... Loin de sa tête brune l'idée d'aller les séparer, loin aussi les bienveillances de mère qu'elle n'abritait plus. Un des gosse traina l'autre tête blonde par la tignasse jusqu'à l'engouffrer dans la rigole à purin, le combat semblait désigner par avance un vainqueur. La loi du plus fort faisait son oeuvre, ici comme ailleurs. On ne dérange pas les mécanismes régnant depuis la nuit des temps... Les faibles mourraient, les autres restaient. Sa cape glissa sur le sol, contournant la rixe, indifférente. Quelques pas encore et une porte cochère la vit stopper à son seuil. Une clé rouillée grinça, Sadnezz inspira. Son repaire, ancienne taverne délabrée, était bien le seul endroit où elle ne se sentait pas étrangère. La lourde porte se referma sur elle . Expiration. Le temps de rendre un peu de lumière aux lieux, les rats avaient déserté la poussière du sol.

Tout lui revint, images reposante de son chez elle, avec sa table aux restes avariés, son comptoir devenu garde manger, son espace vital laissé en l'état, comme si sa fuite datait du matin. Le sac fut jeté sur le sol, libérant des écus brillants et elle resta là, appuyée contre le bois d'une cheminée éteinte à contempler les lieux. Elle eut une pensée interdite en regardant sa couche défaite. Dernière image de plaisir en d'autres lieux et d'autres temps... Ses yeux s'en détournèrent bien vite.

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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
--Annelyne



"Mais comment j'en suis arrivé là........" La jeune Auvergnate cherche à se rappeler. Son regard flottant dans le vague n'arrive pas à accrocher à la crasse qui tapisse les murs du taudis où elle à trouvé refuge...... Seule, désespérément seule..... Elle se souvient de son Auvergne natale, de la ferme où ses parents l'avaient échangé contre un couple de cochons..... Son enfance et les plus belles années de sa jeunesse passée à servir de laquais et de jouet au maistre de ferme et à ses fils....... Elle avait finit par s'y résigner, n'ayant plus la force de se dresser contre les coups de trique......

Pourtant, un homme avait réussi à réveiller en elle l'étincelle..... Un brigand, un vilain, qui avait voulu faire d'elle la reine des catins...... Rustre, pourtant un brin de tendresse, il avait su se montrer si plein de promesses....... Il avait suffit d'un coffre et quelques jolies robes pour lui tourner la tête, elle s'imaginait déjà princesse...... Peut lui importait finalement de vendre son corps..... Au contraire, peut être tirerait elle quelque récompense de ce qu'elle offrait avec indifférence...... L'homme avait réussi à faire renaître en elle ses rêves de petite fille, alors avec lui elle avait fuit, et elle lui avait obéi......

Tapiner, racoler, monnayer sa vertu. Combien d'hommes et de lits a-t-elle connus? Pourtant "son" homme finalement se montrait avare des écus qu'elle rapportait....... Quelques mois à verser dans les ruelles de faubourgs sans nom ce qui lui restait de son âme, dévorée petit à petit par les milles morsures de la luxure....... Dépravation, désillusion, à nouveau elle voguait en fantôme...... Catin parmi les autres pour un maquereau manipulateur et beau parleur....... Alors loin de lui, elle avait fuit....

Seule cette fois, elle avait pris la route en pleine nuit, tous ses avoirs sur le dos, remplissant à peine un petit sac de toile qui pendait à son épaule........ Destin railleur qui mena ses pas jusqu'à Paris, chemin moqueur la conduisant au cœur de la Cour des Miracles...... On échappe pas à ce qu'on est..... Pourtant, de tout son être, elle le fuyait......

Longtemps elle avait erré dans les bas quartiers, tête baissée, le pas hésitant, trainant son vide en peine, puisque d'âme elle n'en avait plus. Depuis, elle existait sans vivre. Rien ne semblait plus s'imprimer dans ses souvenirs, rien ne semblait plus l'atteindre...... Elle n'aurait pu dire comment elle avait trouvé refuge sous se qui restait de charpentes d'une vieille bâtisse s'approchant inexorablement de la ruine et si quelqu'un en aurait eu la curiosité, elle aurait été bien en peine de citer ce qu'elle avait mangé de la journée, n'ayant la certitude d'avoir fait un repas que par le silence de son estomac......

Assise sur une paillasse à demi moisie posée à même le sol, couverture trouée sur les épaules, genoux ramenés sous le menton, elle se laisse aller de côté contre le mur en torchis, les yeux trop usés pour encore accompagner de larmes les sanglots hoquetant sur sa misérable existence, l'esprit trop fatigué pour entendre les bruits qui animent timidement la maisonnée depuis le rez de chaussée.......
--_eroz_
[Dehors, la rue]

Dans sa main quelques vêtements, étoffes aux coloris simples et pourtant point assez pour être défroques de petite gueuse... Le pas claquant du sabot équin sur les pavés ne résonnait pas en les rues de la cour ce soir, et pour cause, elles étaient animées comme un jour de foire. Les bouges déversaient leurs trop plein d'ivrognes sur les pierres polies des ruelles étroites, quand certains chantaient leur désespoirs d'autres gueulaient leur trogne trop éclatées, dans un mélange de voix et de cris qui enveloppait tous autres bruits alentours. Au hasrard des rencontres il mandait:

Corleone? Vous connaissez? Par où chez elle?

Les trognes cassées souriaient niaisement de toutes leurs dents noircies ou inexistantes à la jolie gueule de l'Eroz - plutôt soulagé de n'être a pied - sans lui donner rensignement. A trop s'y frotter, les mains calleuses teintaient de leur crasse la robe claire de sa monture en guise de supplication , ce qui lui arracha quelques grimaces. Sa traversée avait attiré cents yeux vitreux sur son cheval au muscle tendre mais saillant, son affublement contrastant avec les défroques qui se trainaient et sa figure d'angelot.

La charité... La charité ...

Doucement mais certainement comme autant de mouches sur un pot de mélasse, les estropiés, mutilés et ombres de la nuit venaient mendier tout et n'importe quoi, pourvu que se mange l'offrande. Ces visages d'opprobes tels des errants fantomatiques laissaient à l'éphèbe des frissons de dégout. La masse humaine devenant plus dense à chaque pas de la bête, il grinça des dents avant que de n'opter pour la solution la plus radicale qu'il soit pour s'en extirper..

Dégagez les miséreux! Otez vos sales pattes! Peste soit de vous bande de chiens pouilleux, tudieu!


De grands coups de bottes aidant, il éloigna les plus acharnés pour se dégager un chemin, jurant mille dieux qu'un beau jour ils leur ferait avaler leurs chicots. Si ce n'était par pour les beaux yeux d'une brune solitaire, jamais il ne se serait aventuré sur terrain aussi glissant... Les vêtements toujours serrés sous son bras, il claqua de la bride et s'éloigna en grognant du charnier d'accueil... Quelques rues plus loin, un gamin à la crinière certainement blonde sous une épaisse couche de boue douteuse se trainait sur le coté, le pas lent et mal assuré. Le brun le dépassa et le héla du haut de sa bête, qui tourna sur elle même par deux fois.

Gamin, la Corleone, tu sais où elle vit?

Le visage du gosse le dévisagea quelques instants puis retombant vers le sol, il montra de son doigt a moitié ensanglanté une porte, à l'opposé.

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Saint_herbert_41
Des femmes, des hommes. Des grands, des petits, des maigres surtout. Les gras sont déjà rentrés pour le souper à cette heure fort avancée de la nuit.
Emmitouflé dans son grand manteau noir, tout de noir vêtu, Herbert passe par là et regarde la vie défiler. Comme à chaque soir.
Il aime faire des détours, repérer ceux dont la santé se détériore inexorablement et qui vont bientôt mourir.
C'est l'un de ses pêchés mignons.

Herbert est élancé et vigoureux. Il n'est point de ces apollons musclés et immenses, il n'est qu'un grand bonhomme assez sec et sur son corps peuvent s'esquissent les formes de ses veines et muscles. Il ne meurt pas encore assez de faim pour que ses os transparaissent, mais tout de même, ces temps-ci, il crève un peu la dalle, faute de bons payeurs. Et de malades. Le positif dans tout ça, c'est qu'il n'a pas besoin de débourser pour se faire rallonger les vêtements.

Tout de même...ce n'est vraiment pas de chance. Les grasses gens n'appellent plus le médicastre dès que leur nez coule jaune, et les maigres bien... ils sont fauchés et vont crever de toute façon.

Et ce soir... Bah rien. Enfin si, y'a peut-être bien le Maurice qui dort dans le fossé depuis quelques semaines.
Mais rien de neuf.

Herbert, le médicastre, soupire.

Un homme croise sa route, à quelques pas près.
Un nouveau.
L'autre Herbert sourit et chuchote ...


Mmh...Les affaires vont reprendre.
Non, il ne faut pas.
Tais-toi donc nigaud, tu gâches mon plaisir.
C'est toi le nigaud !
Non, c'est toi ! Foutredieu, lâche-moi.
Ca ne peut plus durer, je ne te laisserai pas faire.
Que tu dis...t'es prêt à parier ?

Herbert, à distance, suit l'homme à cheval.
Sadnezz
Toc Toc Toc...

Le bruit mat d'un poing sur le bois de la porte la sortit de sa rêverie sombre dans un léger sursaut. Ses prunelles se fixèrent sur l'entrée, hésitantes. Pas de visites ici, elle n'attendait jamais personne. C'est à ce moment là qu'elle remarqua un papier gras déchiré à la fenêtre, offrant un trou béant aux parasites habituels qui se faisaient déjà un joie de saloper l'endroit... Stupéfaction sourde et réflexion . Deux problèmes se posaient à elle, sans qu'elle ne put en définir les causes premières. Un invité, des invités... L'un à la porte, l'autre rongeant ce qui devait rester du garde manger.

Paf Paf Paf.

L'invité surprise lui, faisait fi de ses réflexions , frappant plus fort sur le bois. Une réaction vint, enfin. Elle décolla son dos de la cheminée, se rapprochant de la porte à pas de velours. Sad ne stoppa cependant pas sur le seuil, continuant vers la fenêtre. D'un mouvement léger, elle jeta un regard au dehors. Aucune visibilité. Qui pouvait bien venir frapper ici le soir de son retour...? Le doute l'envahit. Elle aurait pu être suivie, après tout ce n'était pas comme si personne ne la recherchait... S'il était seul, ça irait, elle avait une chance d'en réchapper , mais si plusieurs personnes l'attendaient, là sur le perron... Adieu boucles brunes, bon vent en enfer.

D'une main ferme elle délogea sa lame du fourreau léger et la brandit précautionneusement a hauteur de poitrine. La senestre libre chercha le loquet , tâtonnante , presque gracile. Une bonne bouffée d'air ... Un pas en avant... Ses doigts se refermant sur le loquet et... CLAC! Elle ouvrit à la volée la porte, non sans se faire mal au vu de sa lourdeur, les yeux furibonds allant et venant dans la ruelle, la respiration courte. Du fond de ses entrailles, un gémissement de surprise s'échappa, suivit d'un flot d'injures plus ou moins compréhensibles. Là, juste devant son antre, se tenait comme un santon l'air le plus naturel possible sur le faciès ...

Eroz! Foutredieu de boursemolles ! ... Qu'est-ce que tu fous à la brune ici?? Lacrimable suppôt de guignon !

Alors que sa lame pointait vers le sol et après un bref regard à la ruelle désertée, la Corleone l'attrapa sans ménagement par le mantel et le tira lamentablement vers l'intérieur. Le battant s'abattit dans un courant d'air et elle fit volte face . Au sol s'éparpilla du linge qu'elle identifia immédiatement. Le sien. Du linge abandonné dans la chambre d'un castel bourguignon apres un voyage en Provence sans retour... Les sourcils froncés vers le "problème" qui s'était invité, sa bouche se tordit.


Tu.. Tu m'as trouillé !!

Le laps de temps vide de tout bruit qui s'installa entre eux deux fut soudain troublé par un petit son, qui fit dresser les cheveux sur la tête de la latine. Son regard se posa sur les poutres du plafond, d'où quelques infimes petites particules de poussières tombèrent sur la lueur d'une bougie... Tout droit venues d'entre deux planches. Certes, elles étaient vieilles et craquaient régulièrement, mais pas encore moisies au point de se désagréger et d'abriter de la vermine bruyante... Non, tous les bruits que pouvaient lui servir sa planque , elle les connaissait sur les bout des doigts et ça... ça ce n'était pas les rats. L'espace d'une petite seconde, elle resta figée, surprise, oubliant son problème numéro un. Elle se rendit aussi vite à l'évidence... Il y en avait bien un second et certainement plus gros que ses parasites habituels......

Sans plus de ménagement qu'à l'aller, elle ressaisit le pauvre Eroz encore sonné et ouvrit la porte, le jetant dehors dans l'élan. Pour seule excuse, elle lui souffla un bref:


Attends, y'a un truc qui cloche là.

La porte se referma sur elle, elle et toutes ses appréhensions nouvelles. Eroz revint donc de là d'où il était arrivé, seul comme un couillon dans la rue. De nouveaux les onyx scrutèrent le plafond, et la dextre reprit le pommeau de sa lame en main. Ouais... Y'avait un truc qui clochait. Glissant presque sur le sol, elle sinua vers les marches qui montaient à l'étage... Le coeur battant. Aux oubliettes la visite surprise du brun, Adéu ses idées de poursuite et de vengeance... Quelque chose de bien plus préoccupant avait foulé le sol de son territoire en son absence et ses poulaines elles, foulaient le linge au sol sans même un regard. Obnubilée par ce qui se tramait au dessus de sa tête.

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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
--Annelyne



Entre demi-sommeil et demi-folie, la jeune brunette perçoit sans remarquer les bruits qui s'agite plus bas dans la maison. Son esprit flotte toujours dans une brume épaisse où rien ne filtre. À trop tourner en rond à se poser des questions, elle n'en cherche même plus les réponses, coulant ses pensées dans un seul et unique "Pourquoi?" enveloppant son insignifiance d'un maelström contre lequel elle n'a plus ni le courage ni la force de se dresser.

Éclats de voix..... Elle ne réagit toujours pas...... Pourtant sur son épaule un oreille se dresse. Le Gros rat musqué avec qui elle partage la masure, perché là, n'ignorant pas lui les signes d'un danger potentiel qui émanent du bas de la bâtisse, couine et file apeuré et cherche abri entre les jambes repliées. Main d'automate qui vient caresser la bestiole, réflexe inconscient de la brunette, comme cet espèce de sourire protecteur qu'elle affiche sans pour autant remarquer l'animal.

Mais rien ne filtre, sens atrophiés par la souffrance, instinct de survie qui brille par son absence....... Dos à la porte de la pièce, aveugle au danger, peu lui importe, ses yeux s'y sont brûlés...... Et puis, que pourrait-il bien lui arriver de pire? Elle ne rêve plus, ne se souvient plus de la dernière fois où elle a pu rire...... Seuls à lui coller à la peau sont les souvenirs, odieux, visqueux, des mille qui l'ont marquée à jamais au plus profond de sa chair..... Elle ne compte plus les fois où son corps elle à offert, n'en ressent qu'une l'empreinte comme laissée le fer.....

"Peu importe une vie d'où tout soleil s'est enfuit,
À quoi bon errer à jamais sous la pluie?......
Toi qui te glisse dans mon dos comme une flamme,
Délivre donc ce qu'il me reste d'âme......"

Supplique muette accompagnée d'un énième sanglot, hoquet qui tinte, échine qui encore un peu s'affaisse...... bientôt éteinte......
--_eroz_
[Dedans.. Ha non, dehors, toujours la rue. ]

Son visage, et puis plus rien. Pas vraiment eu le temps de réaliser le brun. Le cul sur le pavé humide , les yeux rivés sur cette porte, il reste vaguement hébété de ce qui s'était passé l'espace d'une infime minute. Pas tout compris. Lentement, il se redresse , se relève, époussète son mantel désormais foutu. Un trou sur la fesse gauche, serait-ce tout ce qu'il a mérité? Mâchoires serrées, il se maudit d'être venu jusqu'ici pour lui rapporter ses affaires; affaires qu'elle n'avait même pas pris la peine de récupérer à Arquian.

Foutue gonzesse, avec son caractère impossible, ses idées butées, ses rancunes, ses boucles brunes, ses cuisses fines mais musclées, ses yeux de sorceresse , sa bouche à se damner... Rha! Le pauvre bougre n'arrivait même pas à dénigrer cette créature des enfers.


Un truc qui cloche... Un truc qui cloche... C'toi qui cloche grognasse!


Passant une main dans ses cheveux pour ranger quelques mèches désordonnées, il observa à sa gauche et à sa droite en ruminant. Fâcheux ... Il y avait un homme par là bas... Sur qu'il avait assisté à la scène et à sa chute pitoyable. Cette fois cette rancune là, il se la garda pour lui, dans un coin de sa tête bien rangée... Il la lui ressortirais en temps et en heure. Un bière, il lui fallait une bière, car déjà à cette rage sourde cédait la douce amertume qui le rongeait trop souvent quand il voyait ce visage latin en pensées. Son coeur serré trahissait des envies de se jeter à l'eau, ou de se noyer dans un verre, vite.

Un dernier regard à la porte, moins noir qu'agacé, une ultime injure marmonnée en sourdine - sait-on jamais, la bougresse était capable de l'entendre et de l'achever - et il tourna le dos à la bâtisse. Une petite minute de réflexion. Droite ou gauche? Ho, et puis après tout trouver de quoi se filer une gueule de bois ne serait pas bien difficile, ici toutes les rues menaient au rhum.

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Sadnezz
Une bougie attrapée au passage, les mains à la peau finement et imperceptiblement ridées crispée sur son épée et les yeux plus méfiants que jamais elle franchit les premières marches de l'escalier déglingué. Chacune d'entre elles grinçaient, comme d'infimes protestations aux poulaines qui les écrasaient, fébriles. La flamme inconstante renvoyait au plafond l'ombre de Sadnezz comme une fantomatique apparition qui suivait ses mouvements mesurés. Il y avait quelqu'un là haut, ou quelque chose qui n'avait pas lieu d'être... Pas ici, chez Elle.

Déglutissant, elle franchit les dernières marches menant à la porte en un bond, l'ouvrant à la volée. En mouvements circulaires saccadés, elle éclaira de sa petite lumière la grande pièce où elle ne se rendait jamais. Gestes nerveux, presque malhabiles. Un gros rat passa comme une flèche entre ses jambes, se perdant dans les escaliers . Mais ses yeux ne s'y accrochèrent pas, trop rondement fixés sur une forme juste en face, presque immobile. Dans la surprise et la panique, elle ne vit pas ce qu'était exactement l'invité numéro deux... Mais en vit assez pour se signer et reculer d'un pas, dirigeant la lueur en sa direction.

Hé!

La paillasse pourrie qu'elle avait laissée là des années plus tôt servait ce soir d'accueil à une bête, ce qui lui arracha un violent frisson. Il va de soit que sa première pensée fut : le sans nom! La Corleone se signa, attribuant les traits du malin à tout ce qui n'avait rien de bien défini ou qu'elle ne pouvait expliquer. Mais à bien y regarder... Elle reconnut une couverture, devina que la bête l'était autant que son bougre d'Eroz jeté au dehors comme un malpropre. Une personne...Un intru!


regaillardie de sa conclusion, elle avança de deux pas.

Hé! toi là! tournes toi que je vois ta face de parasite!

Son ton était plus sec, plus froid. Habitée par une colère qui grondait crescendo, elle se sentie l'envie de pourfendre la sale raclure qui avait osé pénétrer dans son intimité, s'immiscer sur son territoire sans demander la permission. Quand bien même cette demande aurait été immédiatement rejetée, elle écuma de colère à la simple idée qu'une autre personne qu'elle ai pu prendre ses aises chez elle.
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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
--Annelyne


Atour d'elle flotte toujours comme une brume opaque, l'empreinte du réel lui parvenant distordue au travers de ses sens épuisés. Une voix dans son dos, les premiers mots paraissent comme étouffés, tellement lointains, qu'elle ne pourrait en saisir se sens si quand bien même ils auraient pu attirer son attention. Attirer quoi? Son esprit naufragé dans un océan de souffrance et de détresse n'est même plus l'essence de l'ombre de lui même......

- Parasite!

Étrangement, comme ces montagnes de glaces flottantes que l'on retrouve dans les océans polaires, ce mot semble soudain déchirer le brouillard qui l'entoure, et raisonne sous son crâne dans un grand fracas de tonnerre. Comme si le verbe s'était fait masse, cette dernière parole issue d'elle ne savait et se fichait bien de savoir d'où décolle sa carcasse du mur pour l'envoyer s'écouler à terre comme s'écrase un fruit pourri......

Bruit sourd du corps qui s'affaisse sur le plancher, poussière qui volette un instant, cristalline dans le rayon d'opaline, que la Lune jette furtivement au travers d'un éclaircie se frayant passage entre deux rideaux de pluie......


- eeeeeeeeeeih

Un long murmure où gémissement douleur, lassitude et impuissance, soupir en réflexe de son corps, reflet d'une vaine lutte pour la survie, alors qu'a déjà abdiqué l'esprit........
Sadnezz
estoc pointé sur l'indésirable.. ça se meut, tangue imperceptiblement... S'écroule indignement. Les traits de la Corleone se voilent d'une stupeur muette, vaguement prise au dépourvue. Quelques pas contournent largement l'invité pour le juger de plus près, immobile mais certainement pas mort. Peut être juste assez fallacieux pour s'en méfier. Avançant la lueur de la bougie vers l'inanimée masse humaine , Les onyx caressent une frêle carrure, dont le terme masse ne convient décidément pas. Une poupée de chiffon, pantin désarticulé aux formes plus féminines que malines... Une invitée. Prisonnière d'une torpeur bien mystérieuse, c'est une gamine qu'elle toise et asticote du bout de sa lame adamantine. Le néant de ses réactions et son teint blafard lui laisse supposer qu'elle ne lui causera pas de soucis pendant un temps, nonobstant le fait que sa seule présence en était dejà un ...

A-t-elle murmuré? carcasse geignante qui s'en remet à la loi de la gravité sur son plancher crasseux, boucles claires qui s'étalent sur la poussière, SA poussière... Sadnezz reste mutique quelques longues secondes, en proie à une intense analyse des choses... Les défroques crasseuses semblaient parler pour la jeune fille, si elle venait tout droit des langes immaculés de la noblesse, pour sûr qu'elle s'était trompé de chemin en route... Puis ce genre de jolie gueule ne trainait pas à la Cour sans donner de sa personne... Depuis tout ce temps, Sad avait appris à discerner les petits truands du dimanche tout autant que les esclaves de la bordellerie ... La brune marmotta d'un air sombre, comme si la chose mourante à ses pieds pouvait lui répondre clairement, comme si elle s'attendait à des réponses.


Chiabrena. Mais qu'est-ce que tu fous là? Sais tu seulement où tu es? Tu t'attendais à quoi hein? Une table garnie et un feu pour réchauffer ta misérable frimousse?


Se faisant, elle s'accroupit pour s'assurer une ultime fois qu'elle avait bien perdu connaissance et qu'aucune arme n'était caché sur elle. Ses mains la tâtèrent à la hâte, des bas troués jusqu'à l'intérieur de son bustier défraichi. Dans un soupir elle la saisit en jeune mariée, jurant en se relevant. Plus assez jeune pour ne pas souffrir des efforts sur son ossature usée la Corleone... Et voilà, un cadavre sur les bras, comme s'il en fallait ajouter à la liste. Tournant son fardeau sans délicatesse, elle l'arrangea façon "sac de blé" pour se laisser libre d'une main qui se saisit le la bougie. Pas bien épaisse cette gosse. La lame retrouva son fourreau et elle descendit les marches craquantes avec précaution, histoire de ne pas valser à deux dans une chute inopinée.

En bas des marches, elle continua son monologue comme si de rien n'était.

C'pas une auberge ici mam'zelle hein, T'as pas trouvé plus cossu pour squatter ? Pis j'aime pas qu'on casse mes fenêtres, rgarde moi ça, maintenant tous les rats de la ville vont emménager aux vêpres! la belle affaire.

Sans stopper sa course, elle ouvrit la porte, sortit dans la rue. Eroz se tenait dans un coin, parlant à lui même, elle ne lui adressa pas même un regard, continuant sa conversation solitaire. Le premier bouge en vue se vit accueillir son pied, qui fit valser la porte à grand bruit. Des têtes curieuses et vingt paires d'yeux se tournèrent vers elle, toujours chargée de la gamine, ce qui lui déplut.

Ben quoi, z'avez jamais vu une moribonde? Taulier! L'est à toi celle là? J'suis pas l'hotel du coin moi! gardez vos serveuses et vos puterelles pour vous, j'en veux pas !

Le taulier sortit de derrière son comptoir, examinant la fille de loin. D'un air peu concerné il secoua la tête ce qui arracha une moue indignée à Sadnezz. Des clients chuchotèrent ci et là, et elle fit volte face en grognant. Retour à la rue, nez à nez avec l'Eroz qui la regardait avec des yeux ronds. Crachant sa colère, elle lui lança comme s'il avait été au courant de toute l'affaire.

Ils disent tous ça quand c'plus en état de travailler pour leur bourses tssss!


Sans délicatesse, elle la lui mit dans les bras, soulageant son épaule endolorie.

Tiens, fais en ce qu'il te plaira, ma journée a été longue, j'tiens à ce que ma nuit soit un tantinet plus agréable.


Morte ou pas, Sad abandonne son fardeau aux bras du brun et s'en retourne vers sa piaule en ronchonnant.
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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
--_eroz_
[ Comme si je n'existais pas, elle est passée à côté de moi, sans un regard, reine de Saba... ]

Un nuit charnelle mon mignon...?

Même pas le temps d'aller se saouler à la taverne du coin, que déjà des yeux caressants se posaient sur sa carrure, s'attardaient sur les moindres détails de son visage... L'appel est clair et sans détour, et c'est les yeux au ciel qu'il repousse d'une main les deux filles qu'il n'avait pas entendu approcher... Moui, il y a des moments comme ça où on se sent plus objet qu'exploiteur...

Une nuit hein? Tu crois pas qu'elle est bien trop entamée la nuit pour que je te la payes entière?

Sourire moqueur et regard dédaigneux, ce n'est pas qu'il était proche de son argent, mais juste qu'il n'avait jamais vraiment eu à payer pour savourer une nuit entre les cuisses d'une femme... Puis en plus de n'être pas d'humeur, il préférait les pucelles . Il revint sur ses pas, évitant de constater qu'il tournait sur le pavé comme lion en cage. La sortie de la Corleone l'arracha à ses idées noires, et il la regarda passer, pantois. Sur son épaule les rondeurs d'un séant plutôt gaté par dame nature. Interloqué, il le vit passer sous son nez, suivit du reste d'un corps chétif que la brune portait comme un vulgaire sac de navets.

...?


Alors là, pour le coup il n'y comprenait foutrement rien... Il la suivit sur quelques pas, observant le séant s'engouffrer malgré lui dans une taverne douteuse. Planté devant l'entrée, il tenta de saisir ce que beuglait Sad, en vain. Nuit étrange... Un léger mouvement de recul lorsqu'elle ressorti comme elle était entrée, des étincelle dans le regard. Quand on pouvait voir sa petite ride du front entre ses sourcils c'était signe qu'il ne faisait pas bon trainer dans son sillage. "Ils disent tous ça quand c'plus en état de travailler pour leur bourses tssss! "

Sans trop mesurer la teneur et la consistance de sa colère, il se retrouva flanqué de la croupe indécente abandonnée par la Corleone a ses bons soins. "Tiens, fais en ce qu'il te plaira, ma journée à été longue, j'tiens à ce que ma nuit soit un tantinet plus agréable".

Mais ... Han! c'quoi c'bordel? Que.. J'en fais quoi moi de cette... (croupe?) fille! Hé sad! Saaaaad!! attends moi!

Il tituba le temps de la porter à bout de bras, suivant au petit trot la brune qui l'abandonnait déjà en quelques enjambées. Regard à la fille, retour sur Sad de dos. Clac! La porte de chez elle se referma.

Ha nan! Ouvre! OUUUUUVRE!

A grands coups de pieds il frappa sur le bois vermoulu, jurant mille dieux. Les gloussements des deux catins lui vinrent dans l'obscurité de rue, ce qui l'enragea encore un peu plus. Lorsqu'il vint à bout de l'obstacle, il entra et déposa de manière cavalière le corps inerte sur la table qui trônait au milieu de la pièce.

Ho funérailles! Mais c'est qui elle? Et puis pourquoi tu m'as flanqué à la porte? Regarde un beau mantel tout neuf!

Il passa son index ostensiblement dans le trou fait plus tôt , sourcils froncés. Puis... il vit les affaires - auparavant propres - complètement piétinées sur le sol de la pièce et renifla avec dédain.

Ingrate...

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Saint_herbert_41
[Ne me quitte pas...ne me quitte pas...ne me quitte pas...]

Dans les ruelles, Herbert se prenait une belle déception.
Comme un coup de masse, en plein les valseuses.
Enfin non, une gifle de femmelette plutôt.
Cet homme, il l'épiait, le suivait, espérant le coincer dans un lieu sombre et désert.
Mais las ! Que nenni.


Foutredieu ! Va falloir m'abstenir ce soir.
Haaaaa c'est l'bon dieu qui l'a voulu ! Gloire à lui !
Ouai t'as raison, c'est aussi lui qu'a voulu qu'tu sois complètement barge.
C'toi l'barge ! Hystérique !
Tafiote !
En tous cas, voilà une âme en paix.
Rhaa tu me gonfles avec tes niaiseries.

Ainsi Herbert s'adressait-il à Herbert.
Parlant tout seul, d'un point de vue extérieur, Herbert était toujours planté dans la rue.
Pas très réactif, ni observateur, se déconcentrant lui-même.
Pour peu de temps, à vrai dire car un élément perturbateur abrégea ses tergiversations..
Sadnezz
La Corleone claque la porte violemment et tourne en rond, piétinant encore un peu les vêtements, les écus, et faisant tourbillonner les moutons qui jonchent le sol. Une bête en cage. Eroz lui emboite le pas en vociférant, elle l'ignore. Il parle, elle n'a pas les oreilles à écouter. Puis soudain... Il dépose la fille sur la table, comme on dépose le gibier au retour de la chasse.

Ha non! Pas de viande froide à ma table!
- comme dirait l'autre - Vire moi ça de là! Eroz!

De dépit ou de fatigue, elle se laisse glisser contre le bois de la cheminée jusqu'à poser son séant au sol, blasée. Les cadavres étaient toujours trop embarrassants, c'était un fait. A croire que les gens adoraient lui refourguer leurs problèmes. Cette gamine là, pour sûr que c'était sa maqu'relle qui l'avait bazardée ici. Cadavre... L'était peut être pas encore cadavre mais bon... Ce n'était qu'une question de temps. Que pouvait-elle bien y faire , elle, si les forts survivaient et les faibles crevaient? L'était pas bonne soeur, âme charitable! Se pinçant l'arête du nez, elle se força à réfléchir.

Ingrate. Ouais d'abord, et alors? L'en fallait bien! Non décidément, il n'était pas moment à réflexions. Elle posa enfin ses prunelles noires sur le brun. Que disait son regard sur l'instant? Un mélange de mélancolie, d'exaspération mortifiée... Sadnezz savait très bien ce qu'il était venu faire ici... Il était venu les bras chargé de prétextes bien propres et pliés, pour lui faire avaler que ce n'était juste qu'une visite de courtoisie, pour lui ramener ce qu'elle avait volontairement laissé loin d'ici. Plus ils prenaient de l'âge, plus la violence de leurs échanges sonnait faux. Un homme épris, c'était tout ce qu'elle voulait détourner de ses yeux, et pourtant... Elle soupira quelques mots.


Je suis lasse. Et je dois faire quoi maintenant? Mmh? J'ai pas envie Eroz. J'ai pas besoin de ça.


Pas besoin de ça non, pas besoin de cette responsabilité, de cette fille, des attentions de l'Eroz. Cette nuit est une méprise, une véritable méprise. Et si elle dormait? Demain peut-être que tout aurait disparu. Ou pas. A bien y regarder, là haut l'être chétif respirait. Lentement, mais il respirait. Une emmerde en devenir.

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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
--_eroz_
[Dedans, enfin.]

Et voilà. Il a suffit d'un regard et toutes ses préoccupations se sont envolées. Futiles pensées évanescentes, elle l'a regardé. Froide et triste, presque lasse. Au diable le mantel troué et le linge sale, il s'accroche à ses lèvres, interprète ses paroles, puisqu'enfin elle lui parle même si loin de lui l'idée de voir réponse à ses questions...

Virer où? T'es folle Sad, j'en ferais quoi moi? Puis elle est pas morte ho, tu peux pas la laisser crever là.

Tu ne peux pas, mais peut-être le veux tu, abjecte créature sans coeur.

T'as certainement à grailler ici, faut la faire boire et manger. Moi non plus j'ai pas envie, mais j'veux pas de ça sur la conscience.


Pas envie de ça non, pas besoin de cette responsabilité, de cette fille, de ton indifférence. L'Adonis regarde autour de lui le désordre environnant, puis les murs, les meubles, l'ensemble. Alors c'est là que tu te caches? C'est froid et sombre, ça te ressemble. Ma vie pour te réchauffer, juste une nuit. Même une fugace tiédeur, je m'en contenterais, pourvu que tu me l'offres.

L'espace d'une seconde, Eroz remarque la fenêtre amochée. Se pourrait-il qu'elle soit passé par là, l'indésirable visiteuse? Il arpente l'endroit, fouille ici et là à la recherche de quoi la sustenter, entretenir l'infime souffle de la gamine qui s'étiole comme les braises dans l'âtre près de Sadnezz. Quelques miches de pain rassit, puis une outre dans la besace de leur hôte, rien de plus. Faute de grives...

Revenant à l'inerte, il approche ses mains lisses, hésitant. Le contexte ne l'aide pas, il se sent gauche, malhabile. Quelques claques sur les joues pâles , le geste est mécanique et maladroit. L'absence de réaction immédiate lui fait plisser le front, soucieux. Les claques qui résonnent deviennent plus fortes, plus appliquées, de vraies torgnoles d'homme.

Derrière lui, Sad s'est tue.


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--Annelyne


[Ici, et pourtant si loin.....]

Une barque, frêle embarcation, ballottée de toute part comme un chiffon. Jetée aux nues par la houle, renvoyée à la mer à coups de bourrasques, l'esquif halète et suffoque, tente de se maintenir à flots, mais lame de fond finit par entrainer sa raison........

Bienfaisante torpeur des profondeurs....... Il fait noir..... aucune lumière pour blesser son regard...... Elle sent à peine les caresses glacée de l'humeur liquide qui l'enveloppe d'un manteau plus opaque que la brume.......

Loin au-dessus d'elle, elle distingue encore faiblement les remous de la surface, comme un reflet distordu d'une réalité en fuite. Lentement, la barque sombre, engloutie dans les ténèbres, indifférentes aux navires qui s'agitent autour de son épave......


[Ici]

Toujours inerte, la Brunette réagit si peu alors qu'elle se fait trimballer de gauche à droite, est si froide de n'avoir plus de flamme à bruler, que oui, on pourrait l'en croire déjà rendue à son créateur...... Son créateur..... que ça soit celui tout là haut, où celui qui à engrossé sa mère pour ensuite la revendre, combien de fois ne les a-t-elle pas maudit tous les deux..... Comme le sort qui semble ne jamais vouloir décrocher d'elle son mauvais œil.....

[de retour là bas]

Quelque chose de bizarre...... comme si un banc d'algues flottant entre deux eaux cherchait à l'empêcher de sombrer tout à fait vers les abysses..... Ah! mais laissez-moi dormir en paix..... oui, dormir...... Mais non, elle se sent comme hissée vers la surface, par à-coups, d'abords imperceptibles, puis de plus en plus forts....... Violence, encore..... n'a-t-elle assez souffert?.....

[quand ici et là bas se confondent]

- Non!

Un cri, accompagné d'une main qui se dresse pour arrêter le poing en marche..... Son propriétaire à l'orée du champ de perception, elle ne voit que les doigt serrés qui s'approchent de son visage...... Les siens qui essayent de leur barrer la route, juste assez pour à peine ralentir le coup dans sa course.......

Douleur fulgurante...... de ce coup, et ceux qui on précédés, la rappelant à elle si violemment qu'elle manque de sombrer à nouveau......


- Par pitié,...... non.......


Voix éraillée, presqu'un grincement.... Comme un ressort trop usé à répéter le même mouvement inlassablement, elle se recroqueville cherchant comme une carapace..... à peine si elle ne craque dans le mouvement......

Regard hagard qui s'emplit de sanglots, hoquets qui la reprennent....... Cela ne finira-t-il donc jamais?
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