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[RP] Quand le passé rattrape le présent et détruit le futur.

Bess.scte.merveille
[Alors que certains prennent la poudre d'escampette... En Laval]

La nuit avait été courte...ou longue du point de vue ou on se porte, mais quand vous cherchez quelqu'un et que vous avez peu d'espoir je peux vous dire que la nuit est courte, trop courte, le temps file à toute allure, emportant avec lui les chances de retrouver la Licorne perdue. Bess avait suivit son plan à la lettre... évidemment ! Tous les lieux d'hébergements furent répertoriés, elle avait réveillé quand il le fallait les tenanciers, posant question donnant le peu d'information qu'elle avait su avoir des témoins. Mais les réponses restaient négatives. A se demander même si l'homme en question existait.

Le jour pointait déjà lorsqu'elle reprit le chemin de son point de départ. On pouvait voir l'aurore poindre par dessus les remparts, et les bruits de la journée s'emparaient des pavés et des murs, les odeurs nauséabondes des rigoles dans lesquels se déversaient les immondices allaient bientôt reprendre de l'ampleur sous la chaleur printanière. Des pleurs d'enfants se faisaient entendre alors que de l'autre côté de la rue un couple semblait en désaccord.

Un chien galeux fila en entendant le claquement de ses bottes sur les pavés, alors que deux chats se poursuivaient sur les toits un peu plus haut. Bref la vie allait reprendre son cours, alors qu'elle cherchait toujours sa soeur, espérant secrétement qu'Ald ou Shiska aient eut plus de chance qu'elle dans leurs recherches.

Elle en doutait et maudissait secrètement ces Lavalois trop pleutres pour réagir alors qu'une agression avait lieu devant leurs yeux. C'était à en pleurer de rage ... ou rire peut être, si l'heure n'était si grave. Elle pressa le pas, tout entière à ses pensées, n'entendant pas le couinement d'un rat répondant au feulement d'un chat, ni le battement d'aile d'un pigeon venu se poser pas très loin, à la recherche d'un morceau à se mettre sous la dent ...heu sous le bec.

[Aprés la découverte du pot aux roses]

Elle fulminait, ruminait, rugissant intérieurement. Le vélin froissé en boule au creux de son poing, faisant les cent pas dans sa chambre, se demandant d'une comment Ald avait osé désobéir ouvertement, de deux ce que pouvait bien faire Shiska ! elle avait trop confiance en lui pour s'inquiéter, mais ne pas le voir rentrer n'était tout de même pas pour la rassurer.

Elle réfléchissait aux mesures à prendre... sauf qu'évidemment là question possibilités ça c'était rudement réduit. Il lui fallait maintenant retrouver 2 Licornes et un Loup... ça allait être un chouilla plus compliqué que prévu ménan. Elle aboya un "entez" alors qu'on frappait deux coups à la porte. Si c'était Shiska il allait l'entendre... si c'était pas lui, celui ou celle qui allait se présenter à l'instant allait prendre l'orage qui pointait.

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Lady_antlia
[Dans la forêt entre Laval et le Mans- Jour E comme enlèvement +1]



Musique d'ambiance

Une femme nue contre l'écorce d'un arbre, bras tendus en arrière maintenus par des liens de lin, le lin de ses vêtements.
Bout de femme dont le seul habit se trouve être son sang s'écoulant tout doucement de ses nombreuses plaies, sang qui doucement sèche sur sa peau d'albatre.
L'Etoile avait perdu tout éclat, même sa chevelure en devenait grise de ce qu'elle subissait.
Seul le vent jouait de ses cheveux qui tombaient de part et d'autre de son visage, les faisant virevolter autour de celui ci, minois que l'on ne pouvait voir.
Son corps se soulevait seulement au rythme d'une respiration que l'on devinait, si faible, si lente.

Elle ouvrit les yeux faiblement mais ne bougea pas, non elle ne donna signe de vie . Des yeux faibles qui s'ouvrent sur le sol. Elle regarde alors sans émotion la mousse qui le recouvre, le tapisse, les dessins et volutes. Une douceur qui attirait son regard et l'envoutait, qui n'aurait pu se détacher de cette verdure.
Pas un frission sur sa peau, juste des yeux entre ouverts qui se perdent en un point flou, histoire de son conscient qui fuit l'instant, de son esprit qui ne veut revenir.
Et ses sinoples de se refermer pour ne plus se rouvrir. Son esprit gagnait, partait au loin. Des images déferlaient alors, des pensées comme des appels au secours, comme une urgence .

Ses lettres dans ses affaires, une pour son père, une pour sa fille et un mot pour son fils qu'elle n'avait pas revu depuis qu'Appolline l' avait confié à Guidel son père.
Quelqu'un trouverait il ces lettres et les remettrait il à leurs destinataires?
Trop de choses se melent et s'entremelent dans son esprit: des visages, des faits, des joies et des peines, sa soeur, ses frères, son père et sa présence rassurante. Le visage de la Rousse et de l'incendie, Lyon et tant encore. Tout va trop vite, trop d'images puis un sentiment lui vint: Une vie faite de ratés, d'eternels croisés sans jamais s'arreter et prendre le temps, une vie de vide alors qu'elle était entourée. Mais outre le fait d'avoir ainsi une famille, elle se sentait seule.
Tristan sera bien auprès de son père...
et Guidel, cet amour, le dernier echec de sa vie....
Appolline trouvera t elle le bonheur, sera t elle heureuse auprès d'Eloy d'Azayes? Sa fille lui avait tant fait ressentir sa détresse et sa haine envers la Licorne , le responsable de l'absence de sa mère.
Son esprit menait une lutte pour revenir à elle et ouvrir les yeux jusqu'à sombrer dans une nuit sans rève, une seule et derniere pensée pour cette expression de ces séances où il lui apprenait sa langue, avant que son esprit ne sombre définitivement: le "o'fatsch" - Akron, attends moi ...

"Le coeur de mes ennemis sera le fourreau de mon épée": telle était sa devise , celle qu'Akron avait gravée sur la Claymore de la famille écossaise, elle prendra tout son sens dans le futur.

Son esprit s'évade alors totalement, laissant son corps inerte mais vivante, branche humaine liée à cet arbre. Le Germain attendra encore dans son écrin de verdure.*


*rp avec Akron_l_Alsacien octobre 1456 Lyonnais Dauphiné

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Shiska
Passé les portes de la ville, le loup avait suivit le chemin de terre qui arpentait la campagne environnante et arrivait jusqu'aux portes de Laval. Le chemin restait néanmoins très passant, permettant aux marchands et autres paysans de rejoindre Laval et d'y vendre leurs produits sur le marché. Dans ses conditions, difficile de suivre les traces de la licorneuse déserteuse... Seul le petit point au loin que Shiska pensait être la jeune femme lui permettait de garder sa piste.

Le loup courait à rythme soutenu pour tenter de rejoindre sa proie. Tel le rôdeur au cœur de chevalier servant qui courait après une horde de créatures qui filaient comme si le fouet de leur maitre était à leur trousses (ça vous rappel quelque chose? moi aussi bizarrement...). Et tout comme le rôdeur disais je, malgré tout ses efforts il n'arrivait pas à réduire la distance qui le séparait de la licorneuse. Comme si un esprit malin avait pris possession de son corps et lui donnait des ailes. Les derniers convois sur la route n'arrangeaient gère les choses, le ralentissant. Il finit par perdre de vue sa cible sous la voute étoilée.

Suivant la direction qu'avait pris la silhouette avant de disparaitre, le loup finit par bifurquer de la route pour s'enfoncer dans la forêt. Heureusement pour lui, malgré la perte du contacte visuel la forêt lui avait permis de retrouver une trace de son passage. Pour une licorneuse cette femme se déplaçait bien gauchement. La lumière de plus en plus forte lui permettait à présent de suivre ses traces avec plus de précisions. Le pourquoi de ses divers changements de direction restait toujours un mystère. Aucune lucidité quelconque, aucun indice apparent qui aurait pu diriger sa décision, et cette impressionnante capacité d'endurance rendait le loup plus que perplexe vis à vis de son état... Quelque chose était à l'œuvre ici et il devait absolument la retrouver avant qu'il soit trop tard et qu'elle meurt d'épuisement.

Soudain un cri au loin suivit de l'envol d'une nuée d'oiseaux dans les arbres environnants firent se redresser le loup. Recouvrant de ses forces grâce à ce nouvel indice inattendu, le loup fonça au travers des fourrés en direction du cri. Déboulant alors non loin, Shiska rejoignit la jeune femme prostrée à genoux au sol, un soupire de soulagement sortant de ses lèvres. Ses sourcils se froncèrent bien vite cependant en découvrant l'ampleur de la découverte... Vêtements déchirés, traces de sang et de lutte au sol, une licorneuse en larme et à bout de nerf.


Bon sang mais c'est quoi cette histoire... comment as tu su que... oh et puis ça n'a pas d'importance... Allez debout...

Passant ses bras sous ses aisselles, Shiska releva Aldraien.

T'aurais pas du partir seule... jamais sortir seul on vous apprend pas ça à la licorne...

Oh il était rassuré d'avoir retrouvé la licorneuse saine et sauve, malgré tout la frustration et l'inquiétude avait vite repris le dessus en voyant tout ce sang. Ce ravisseur en avait visiblement après la vie de la licorneuse et ses habits disséminés supposaient qu'il avait du lui faire subir des sévices plus importants encore. Qui sait ce qui aurait pu se passer encore si Aldraien complètement a bout de souffle et déboussolée avait croisé la route de ce fou armé. Il fallait à tout prix qu'ils retrouvent la jeune femme nue le plus rapidement possible. Le temps était compté, s'il n'était pas déjà trop tard...

Comment tu es arrivée là... tu as vu quelque chose? Tu as une piste pour les retrouver?

Il la maintenait toujours dans ses bras, pas totalement sur que ses jambes puisse la porter.
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Arminus
[Dans la forêt, dans une intense réflexion.]

Assis, les fesses sur la verdure de la forêt, Arminus fixait la blonde, le regard pensif. Il n’avait toujours pas résolu le problème, à savoir comment il allait faire pour s’en débarrasser. Plusieurs idées se bousculèrent dans sa tête, alors qu’il fixait ce rouge qui inlassablement coulait du corps de la licorneuse, et qui le recouvrait maintenant.

Les minutes défilèrent, alors qu’il jouait presque sans le savoir avec sa dague. Elle passait d’une main à l’autre, tournait sur elle-même pour finalement toucher le sol, et repartir dans les mains moites de grand brun.

Lâchant un soupire, il n’arrivait toujours pas à se décider. Mais pourtant une idée se faisait récurrente. On devait la retrouver, qu’importe son état, mais quelqu’un devait voir ce qui l’en coûtait d’être une licorneuse. Fronçant par moment les sourcils, il se souvenait de temps en temps de quelques brides de discussion qu’il avait pu avoir avant d’arriver à Laval. Le Maine était en ruine, et pour sur que la Licorne avait rappliqué pour en profiter. Et pour une fois, cela lui convenait parfaitement.

C’est ainsi que pendant de longues heures, il ne bougea pas, pensant à tous les détails, et à tous les possibles imprévus. Par moment il redressa la tête, fixant le ciel avec obstination lorsqu’il ne trouvait rien qui convenait, ou qui ne répondait pas au problème du moment. Ainsi il pu voir le soleil entamer sa lente course pour regagner la cime des arbres, le tout avec un léger soupire.

Finalement il en avait assez. Tout n’était pas encore réglé, mais il était un homme d’action, et commença à s’ennuyer à mourir assis là, en face d’une morte qui se vidait de son sang. Il se leva alors d’un bond, détacha les liens de la blonde qui la maintenait autour de cet arbre, avant de lui attacher de nouveaux les mains dans le dos. Il la mit ensuite avec une délicatesse qui lui était propre sur son dos, et le corps droit, le regard percent, il se mit en route.

Il n’avait qu’une idée en tête, trouver une ville pour l’y déposer, et montrer à tous ce qu’il avait fait. D’ailleurs ce qu’il avait fait ces 2 jours n’arrêtait pas de repasser dans sa tête déjà si encombrée, ce qui ne tarda pas à faire apparaître un léger sourire sur son visage. Ainsi, sourire aux lèvres, il marchait, marchait, et marchait, la blonde sur son dos au bord de la mort.


[Au abord de la ville la plus proche, Le Mans, après 2 jours de marche.]

Le voyage fut long, et des plus ennuyeux. Après tout que pouvait il faire mis à part réfléchir ? Rien du tout. Et c’est ce qu’il fit pendant prêt de deux jours. Ces seuls moments de surprise furent quand il se projetait dans le futur, imaginant déjà ce qu’il allait faire à un autre licorneux. Mais la réalité le tirait bien vite de sa rêverie, lui faisant penser qu’il devait déjà finir avec elle.

Mais enfin il touchait au but. Après deux jours à voir des arbres et des fougères, il voyait enfin autre chose. Cette vision de quelques toits le mettait dans tous ces états. Mais ses pas se firent aussi plus prudents et plus lents, alors qu’il approchait de ces habitations. Bientôt il n’y avait plus que quelques arbustes sur son chemin entre lui, et cette ville.

Il décida alors d’y déposer la blonde. Lui laissant les mains attachées, il la jeta par terre, alors qu’elle était toujours autant recouverte de sang, mais ce dernier avait tout de même eu le temps de séché, ce qui donnait à sa vision un coté irréelle. Une blonde habillée d'un épais manteau rouge. Il resta un court instant à ses cotés, sourire aux lèvres, en la regardant légèrement attendris.

Finalement il se redressa, et commença à faire demi tour avant de se stopper net. Quelque chose n’allait toujours pas, mais il ne savait pas quoi. Poussant un petit grognement, il savait que quelqu’un allait la retrouver, il pourrait même la trouver encore vivante. Il ferait alors tout pour la soigner, et faire en sorte qu’elle ne rende pas son dernier soupire, ce qui serait encore plus magnifique, car ce quelqu’un serait complètement impuissant. La blonde finirait par rejoindre le Très Haut.

Et c’est en pensant à lui qu’une idée fit son apparition. Il se dépêcha de faire demi tour encore une fois, se jeta à coté de la licorneuse avant de joindre l’index et le majeur de la main droite. Elle était recouverte de sang séché, et il comptait bien en profiter pour y écrire un message, indiquer pourquoi cette femme avait eu droit à un tel châtiment.

Espérant qu’on la recouvrait assez vite, avant que le sang qui maintenant commençait à recouler, ne recouvre son inscription qu'il faisait, décollant par endroit ce rouge de son corps, il laissa son esprit écrire ce qu’il voulait, et finalement on pouvait livre :


"Une licorneuse de moins, les autres suivront."

Fier de lui, il fixait ces quelques mots en se redressant lentement. Puis, sourire aux lèvres, il fit demi tour pour la dernière fois, la laissant pour morte. La marche fière, le regard qui fixait l’horizon, il pensait déjà au prochain coup, à sa prochaine victime, et aux prochaines aventures qui l’attendaient.

La démarche sure, la guerre ne faisait que commencer, sa guerre qui l’opposait à la Licorne, et qui ne prendrait fin que lorsque l’une des parties aura été totalement anéantis……
Aldraien



Toujours dans la forêt, le loup arrive.


Impuissance. Qu’il est dur de ne pas savoir quoi faire lorsque l’on est habituée à toujours trouver une solution à tout. Qu’il est dur lorsque l’on a fait un serment de ne pas pouvoir le respecter. Sentiment dévastateur d’imaginer un instant perdre la personne la plus importante pour soi, si Elle n’est pas déjà perdue.
Comment réagir face à cette situation si ce n’est en perdant la tête ? Il n’y avait pour ainsi dire pas d’autres alternatives, pas pour Ald en tout cas.
Impuissance face au sang de l’Etoile, de ne pas savoir s’il s’agit d’une blessure grave, de ne pas savoir si elle a été un minimum soignée, de ne pas se risquer à imaginer quelque chose de pire encore…
A genoux devant la réalité. En pleine étreinte avec la réalité qu’elle tient dans ses mains : la cape azur souillée à cause de ce qu’avait fait Arminus…qu’avait il fait d’autre ?
Tlia, putain ! Cette ordure il t’a…
Ne pas dire le mot, pas encore, il est trop tôt. Refuser l’évidence pour mieux se voiler la face.
Et les larmes qui continuent de couler, inlassablement, comme le sang coulerait d’une blessure trop importante.

Trop absorbée dans sa contemplation du sang, la vision rendue floue par les larmes qui continuaient à se déverser, elle n’avait même pas entendu Shiska arriver. Pourtant Dieu sait qu’une personne qui marche dans une forêt, ça s’entend, et de loin, surtout quand celle qui est prostrée au sol a été habituée à rester sur ses gardes. Si l’homme avait été un bandit quelconque, elle serait déjà entrain de se vider de son sang, douce ironie…
Il parle ? Que dit-il ? Qu’est-ce qu’il y a à dire devant un tel spectacle ?!
Il la touche…que fait il ? Pourquoi vouloir l’arracher à ce qu’elle avait trouvé, finalement la seule chose qu’elle possédait de Tlia à l’heure actuelle ? Comme une forcenée, elle s’agrippa à la cape, pas question de la lâcher, pas maintenant. Métaphore, la cape devenait la vengeance, et elle porterait cette cape tant qu’elle n’aurait pas retrouvé Tlia vivante et sinon…elle la porterait tant qu’elle n’aurait pas fait la peau à ce type. Finalement, elle entendit légèrement les paroles de Shiska, qui parlait beaucoup sans qu’elle n’y comprenne grand-chose. Ne pas partir seule ? Et perdre du temps à ne rien faire pendant qu’Antlia se fait torturer ? Et puis quoi encore…

Elle demandait que ça, elle, de tomber sur lui en étant seule, pour pouvoir l’étriper de ses mains sans que cela ne s’ébruite, de pouvoir lui faire payer tous les sévices qu’il avait fait subir à l’Etoile et bien plus encore. Un témoin risquait d’être choqué, de ne pas la laisser faire, encore plus s’il s’agissait d’un Licorneux. Et, toute folle qu’elle était, elle ne lèverait jamais sa lame contre un de ses frères.
En temps normal, elle aurait sorti son épée pour se protéger d’un éventuel agresseur, surtout quand il arrivait dans son dos. Mais en l’état actuel des choses, et vu la torpeur dans laquelle elle était plongée, elle n’avait même pas réagi lorsque Shiska l’avait relevé.
Relevée pour être assaillie de questions juste après. Mais qu’est-ce qu’elle en savait de tout ça ? Est-ce qu’elle avait l’air d’avoir une piste ? Si elle avait eu une piste elle ne serait plus là !!
Envie de crier, d’ajouter cela aux larmes qu’elle verse toujours. Et le pauvre Shiska qui ne doit rien y comprendre, et Ald qui n’a aucune envie d’éclairer sa lanterne, qui est déjà repartie là-bas, très loin.

Un jour d’octobre, tout début d’automne de l’an passé, quand les couleurs de la nature commencent à entrer en résonnance avec sa chevelure telle qu’elle était, avant l’incendie, comme Tlia se plaisait à lui dire…Couleurs d’automne. Un bel automne, chaleureux. Une cérémonie et ses amis les plus proches uniquement, sa fille ainsi que sa filleule, et Elle. Elle se souvient de tout, du moment où elle s’était approchée pour se présenter devant Elle, le discours qu’Antlia avait tenu à ce moment, sa propre réponse. Le baiser qui les avait lié, et le reste. Plus loin encore, elle se rappelle le soir où elle s’était retrouvée devant l’Etoile, à genoux, épée en main, à lui jurer fidélité, alors même qu’Antlia songeait à lui demander d’être sa vassale. Cette compréhension entre les deux femmes sans même qu’elles aient le besoin d’en parler. Et ce sentiment d’être liées, si présent qu’Ald avait ce mauvais pressentiment si persistant qui la rongeait…
Et ce serment qu’elle avait fait, et qui revenait aujourd’hui, résonnant comme un chant de peine dans la forêt bien vide…bien sombre et macabre.


« Corps et âme, je jure de me dévouer à toi et ta famille, de ne jamais rien faire qui puisse te nuire. Ma fidélité sera sans faille, je le jure sur ma vie et mon honneur. Je respecterai et honorerai tous mes devoirs, j’en fais le serment. »*

Maintenant, c’était sûr, Shiska ne devait pu rien y comprendre du tout. Tant pis, il fallait qu’Ald se rappelle ce serment pour refaire surface, et fasse ressurgir la rage par la même occasion. Agir, pas pleurer, il serait temps de pleurer plus tard. Elle se rend compte que Shiska la soutient toujours, ses jambes refusaient de la soutenir, après tout pourquoi soutenir une pleureuse ? Mais cette situation allait changer. Plus question de se laisser aller tant qu’elle n’aurait pas trouvé une piste valable, il suffisait qu’elle se motive pour pouvoir soulever des montagnes.
Plus facile à dire qu’à faire malheureusement, car elle était déjà épuisée par les nuits de défense continuelles, que dire du coup psychologique qu’elle venait de recevoir avec cette découverte…
Pourtant elle continue de faire front, et s’oppose maintenant à celui qui lui bloque le chemin pour continuer à suivre sa piste. Elle puise dans ses forces, se redresse tant bien que mal, le regard s’assombrissant encore plus. Un nouveau cap dans la haine, celui où on va au-delà des limites. On transgresse toutes les règles pour sauver celle à qui on tient par-dessus tout.


Lâche moi… Elle se dégage des mains, et fait volte face pour lui faire face justement. Visage de démon avec la moitié qui a subi les ravages des flammes, regard vide de toute émotion si ce n’est l’inquiétude et la rage, la haine, la folie et le désir de vengeance, elle le fixe, sans peur, alors même que les larmes ont fui ce regard fou. Elle le fixe tout en passant la cape d’Antlia au-dessus de la sienne. Oui ses jambes ont du mal à la porter, mais elle s’en tape. Il verrait sa détermination.
Va-t-en. Un souffle. Retrouve Bess au village, dis lui ce que j’ai fait, que ce n’est pas ta faute. Dis lui ce que tu as vu…et aussi que je me charge de tout…va-t-en Shiska ! Et Ald de serrer les poings alors que ses jambes se font hésitantes, peu importe, elle ramperait s’il le faut, elle n’avancerait qu’à la force de ses mains en se trainant à terre. Elle avancerait, quoi qu’il arrive. Non, elle n’avait pas peur, bien au contraire.
Pars. Cette histoire ne regarde plus que ce salaud et moi…Pars !!


* Serment de Ald à Tlia lors de la cérémonie à Chamaret en Octobre 1457.
_________________
--Joan_
[ Et sur les routes du Maine - J+4]



Les routes n'étaient pas bien fréquentées, pour sur! Aussi il était bien de ne pas être seul sur les routes, surtout avec le chargement qu'il y avait dans la charette.
l'homme d'une trentaine d'années connaissait bien son domaine, vendait, achetait dans les villes et avec les nouvelles denrées , c'était encore plus risqué de s'promener ainsi .
Il chantonnait le bougre de Marchand ambulant , joyeux quant aux éclaircies qui montraient enfin leur nez. La route allait être plus plaisante, et la compagnie qui l'avait rejoint quelques villes auparavant ne dévalorisait pas le tableau.
La femme à côté de lui le faisait sourire. Il n'avait rien en commun, il n'y avait rien entre eux mais il appréciait sa présence. Il lui aurait bien conté fleurettes mais il n'en avait encore eu le temps.

Joan avait la peau tanée par les intempéries et son travail fait de voyages. Il bravait la tempête, le vent, la pluie et le soleil ce qui lui donnait cet air plus mature, et halé.
De taille convenable, les épaules larges dans des vêtements bien coupés, il présentait bien, point fort pour son travail et toutes les tractations qu'il devait mener à bien. Ses cheveux bruns étaient rassemblés par un lacet et contrastaient avec ses yeux couleur du ciel.


Pour l'instant, ils avaient pris route de bon matin du Mayenne où Joan avait fait quelques bonnes affaires. Alors c'est détendu qu'il conversait avec sa charmante compagne, le ton léger et aimable.

Ne trouvez vous pas Dame Flora que le Printemps s'annonce enfin? L'hiver fut très rude, rendant ma tâche peut facile et peut enviable je l'avoue .
Je me mets à espérer que les temps prochains seront comme la dernière journée, aussi prolifiques.


Il sentait dans son dos tout le poids de la marchandise qu'il transportait dont des jarres d'huile d'olive qu'il entendait s'entrechoquer quelques fois lorsque le chemin se faisait plus cahotique.
Ils se dirigeaient donc vers Vendôme, où l'attendait un collaborateur. Il ne souhaitait pas s'arreter au Mans. il avait remarqué qu'il faisait de moins bonnes affaires dans ces capitales où les habitants avaient semblait il mieux à faire.
Un claquement de la langue pour indiquer au cheval de continuer, un mouvement de la main sur les rennes afin de redresser la direction prise et la charette et ses occupants continuèrent leur chemin .
Shiska
Haussement de sourcil en regardant la licorneuse qui se tortille dans ses bras sans grande force et qui se met à déclamer un serment qui le laissa pour le moins dubitatif.

Heu... oui c'est gentil m'enfin j'ai pas vraiment besoin de quelqu'un pour veiller sur ma famille... quand aux devoirs... faudrait déjà respecter les ordres en premier lieu avant de faire d'autres serments.

C'est alors que la femme se détache de lui avec une soudaine force dont il n'aurait jamais soupçonner l'existence quelques instants auparavant tant elle était à bout de force. Ses Sourcils se froncent et ses bras se croisent sur son torse bombé en observant la jeune femme. Son visage était ravagé par la haine et la fatigue qui la consumait. Déchiré dans des expressions improbables alors que des flots de paroles à son égare s'échappaient du rempart de ses lèvres.

Elle lui demande de partir alors que ses jambes ont du mal à la porter. Son regard se durcit sur la licorneuse. Pas question qu'il la laisse partir seule dans cet état, sa crise de nerf avait assez durée... La situation était des pires possibles dans cette situation. Une licorneuse avait été enlevée et torturée et maintenant qu'ils venaient de retrouver sa trace ils se retrouvaient à nouveau dans une impasse sans piste aucune.


C'est hors de question... je te laisserais pas déambuler dans cette forêt jusqu'à en crever de fatigue... et pas la peine de me la jouer crise de nerf je ne plierais pas...

Les mots étaient bien plus dures que ce qu'il n'en pensait lui même, touchant du doigt la situation psychologique dans laquelle semblait se trouver la femme. La haine qu'il lisait dans ses yeux et qu'il ressentait dans sa voix avait passé le stade de l'implication personnelle. C'était le raisonnement aveugle qui guidait maintenant la jeune femme et c'était tout sauf un bon conseiller...

Mais malgré son refus d'obtempérer à ses ordres, la jeune femme ne semblait pas vouloir le suivre. Un grand soupire marqua la fin des négociations. Il s'avança dans sa direction en voulant lui prendre le bras lorsque celle ci s'écarta violemment.


Aldraien venez avec moi! J'vous ramène à Laval... on retrouvera plus facilement la licorneuse disparue avec des renforts... c'est pas négociable...

Sans émotion aucune dans le regard, autre que l'inflexible conviction, Shiska vint faire le pas qui le rapprochait d'Aldraien et agrippa la demoiselle à la taille. Celle ci, consciente qu'il ne lui laisserait pas d'échappatoire, se débattu avec toute la force et la rage qui lui restait, giflant par moment le loup qui la laissait s'essouffler entre ses bras solides.

Après quelques instants de friction infructueuse, il la souleva de terre de ses bras musclés pour la porter sur son épaule droite. Malgré les velléités bien impuissantes de la femme, le Loup était déjà parti dans le sens inverse avec son chargement. La route fut longue, trèèèès longue, avant qu'il rejoigne la route à proprement parler. La licorneuse à bout de nerf et d'énergie passait par toutes les phases de la détresse, rajoutant à la difficulté de trouver son chemin dans cette maudite forêt. La lutte fut âpre mais le Loup déterminé n'était pas en mesure d'être contredit. Seul sa louve avait cette capacité et pour cette fois c'était elle qui rajoutait à sa détermination devant l'énervement provoqué par la jeune fille et sa détresse. Il n'avait pas pu protéger les femmes qu'il escortait et cela il n'arrivait pas à l'admettre.

C'est plongé dans ses pensées que les murs de Laval se détachèrent du paysage.

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--Dame_flora


Quelle chance elle avait d’avoir trouvé un collègue marchand quelques jours auparavant ! En plus, un homme qui n’avait pour le moment montré aucun signe d’intéressement envers sa personne, pas comme tous les autres. Fallait dire qu’elle était plutôt attirante la donzelle avec ses longs cheveux noirs qui lui tombaient dans le dos en ondulant et ses yeux tout aussi sombres que les cheveux, et chaque homme qui avait croisé sa route avait voulu la séduire. Oui, mais pas celui-ci. Il était bien trop intéressé par la nature environnante et par ses affaires. Surtout par ses affaires. Une aubaine en fait, elle pouvait donc voyager tranquillement, sans crainte pour elle ou ses marchandises, car l’homme était bien charpenté, et saurait à coup sûr la défendre en cas de nécessité. C’est qu’elle était bien frêle Flora, du haut de ses vingt printemps, trop pour faire face à une grosse brute.
Elle aimait à vrai dire à voyager avec l’homme toujours d’humeur enjoué, qui lui racontait chaque jour de nouvelle histoire sur toutes les aventures qu’il avait vécu, elle se sentait comme une petite fille sans expérience lorsqu’il l’émerveillait et l’étonnait par ses récits, mais ce n’était pas déplaisant.
Alors quand le printemps montrait le bout de son nez à son tour, Flora ne pouvait être que, comme son compagnon de voyage, enjouée et de bonne humeur, et surtout encline à faire la conversation avec lui.


Ne trouvez vous pas Dame Flora que le Printemps s'annonce enfin?
L’on dirait bien Joan, et ce n’est pas trop tôt. Depuis le temps que nous l’attendions.
L'hiver fut très rude, rendant ma tâche peut facile et peut enviable je l'avoue .
Je me mets à espérer que les temps prochains seront comme la dernière journée, aussi prolifiques.
Je vous le souhaite, mon ami, je vous le souhaite….Tiens, qu’est-ce donc à terre ?… Arrêtez vous donc Joan !

Fin du dialogue qui n’aura pas duré longtemps, c’est que Flora venait de voir quelque chose d’intriguant, loin de toutes considérations pour sa bourse, parce qu’elle aurait très bien pu voir un truc rare qu’elle aurait pu vendre par la suite, mais non pas du tout. C’était une forme sombre adossée à un arbre qui l’intriguait et, curieuse comme elle était, il fallait qu’elle aille voir.
Une fois le cheval mis à l’arrêt, elle descendit donc d’un bond de sa place pour se retrouver à terre et se diriger vers l’étrange forme qui, à mesure qu’elle avançait, ressemblait de plus en plus à une silhouette humaine…enfin vaguement.
Sur son visage, une grimace d’horreur et de dégoût à la vue de la silhouette qui finalement était bel et bien un être humain, ou du moins ce qu’il en restait…Elle avait bien traverser des zones où régnaient la guerre, mais jamais elle n’avait vu pareille torture infligée à une femme sans raison apparente. Bravant sa peur, elle s’approcha un peu plus de la malheureuse qui, pour couronner le tout, était nue comme au jour de sa naissance.


La pauvre femme ! Joan, venez donc voir, il y a un cadavre ici !
Et il la rejoignit, découvrant à son tour l’horrible spectacle de la femme couverte de blessures et abandonnée là, à terre et seule.
Par tous les saints, qui a bien pu faire cela ! Une bête sauvage, croyez vous Joan ? C’est atroce !
Et Joan se pencha afin de prendre le poult de la malheureuse avant de lâcher dans un souffle :
Elle est vivante. Ce n’est pas une bête qui a fait ça.
Et là…bah forcément, Flora fait les grands yeux, d’imaginer que sous tout ce sang séché il se trouve encore un cœur qui bat et une âme qui résiste. Et comme elle est une femme, forcément elle est prise de compassion pour celle qui se trouve à ses pieds. Surtout de penser qu’un homme a pu faire cela à une femme sans défenses, cela lui mettait l’estomac à l’envers.
Il faut la soigner Joan, faire quelque chose !
Du calme voyons…Il y a un ruisseau non-loin, conduisons la femme là bas afin de nettoyer tout ce sang, et s’occuper un peu des blessures.
Vous avez raison Joan, je m’emporte, veuillez m’excuser, c’est qu’un tel spectacle…
Allons.

Pas le temps de dire ouf que déjà l’homme avait pris délicatement dans ses bras l’inconnue, notant au passage le message inscrit sur son corps, même s’il ne comprenait pas ce que cela voulait dire. Flora se dépêcha d’aller jusqu’à la charrette pour y faire un peu de place, aidant par la suite son compagnon de route à hisser le corps inerte sur leur petite boutique ambulante, tant pis pour les tâches c’était pour la bonne cause. Alors que Flora resta aux côtés du corps ensanglanté, Joan se chargea de mener la charrette à bon port, c’est-à-dire près du point d’eau.
Deux minutes plus tard, et voilà la femme allongée sur les peaux dont se servaient habituellement Flora pour se protéger du froid, les deux autres s’activant autour d’elle.


Faites donc un feu, Joan, nous allons mettre de l’eau à chauffer pour nettoyer les blessures !
Je me sers dans votre stock de tissu de bas étage et je prends un peu de votre huile…

Comment ?! Mais…
Pas de mais, Joan, c’est la vie d’une femme qui est en jeu !
Bess.scte.merveille
[et pendant ce temps à l'Auberge ... troulala troulala troulalalèreeee]

Désolée pour les lecteurs attentifs, mais non... pas de brigand derrière la porte, ni de preux chevalier (quoi que des chevaliers c'est pas s'qui manque dans le coin me direz-vous !), pas de princesse en détresse, ni même de dragon tout feu tout flamme.

Même pas un Shiska et une Adrain. Juste un gamin, amenant missive du Maire. Evidemment c'est lui qui a prit. Imaginez... Bess qui en a passablement par dessus la botte aprés une nuit blanche. Bon évidemment ça vous dit rien à vous ... mais je connais quelques vétérans de l'armée Limousine qui pourrait vous faire tout un cour sur leur 'Cap. Bref le gamin n'a pas demandez son reste vous vous doutez bien, quelques deniers au fond du poing il est parti en courant, marmonnant sur les étrangers qui avaient un sale caractère.

Bess jeta un bref coup d'oeil au courrier. Ca de moins à s'inquiéter, les nouvelles étaient plutôt bonnes et ça lui laissait au moins le temps de régler son ... problème. Reprenant sa cape sous le bras, c'est en claquant la porte de la chambre qu'elle sorti, claquant également la porte de l'auberge, et vu son air plus que renfrogné, je peux vous dire que le couple d'aubergiste ne pipa mot à son passage.

Alors comme ça on se faisait ça petite sortie tout seul ? alors comme ça on désobéissait ? alors comme ça on la prenait pour l'andouille de service ? aaahhh mais ça allait pas se passer comme ça ! mais alors pas du tout du tout du tout ! non pas du tout du tout. Et comme dirait le vieux "bordel !".

Elle prit la petite rue courant à droite de l'auberge, se faufilant parmi les badauds qui occupaient déjà les pavés alors que la matinée était maintenant bien entamée. Le soleil matinal prenait ses aises, et malgré celui-ci une brise maintenant une température relativement basse. Elle prit encore une fois à droite... le poste de garde n'était plus qu'à quelques pas. L'un somnolait, alors qu'il venait de prendre son quart.

Un coup de botte bien placé remit l'homme sur le droit chemin de sa mission, et la mine renfrognée de l'Escuyère empêcha tout ricanement de son compagnon d'infortune. Begayant presque, il s'excusait de ne pas pouvoir répondre, il n'avait prit son poste que peu de temps auparavent et n'avait rien vu depuis... fallait s'adresser à Mathieu....

Et voilà notre Bess à la recherche de Mathieu...à l'allure où allaient les choses ça allait être une longue journée .... mais alors trés longue journée ... trés trés trés longue journée...

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Sindanarie
[Quand une Licorneuse débarque à bride abattue... Et ne braille pas, pour une fois]

La nouvelle avait été un coup de tonnerre. Une des leurs avait disparu. Et pas n'importe laquelle. Une Errante. Antlia. Celle des roses, celle du nougat, celle du piment. Celle du tournoi, de la tente, de la taverne. Celle qui lui avait tenu compagnie en Touraine. Celle qui avait l'air de comprendre son appréhension, sa crainte, face à un danger qui menaçait simplement, sans se dévoiler. Le message était rapidement passé. Il faut quelqu'un pour aider aux recherches. Alors la réaction avait été rapide. Sindanarie s'était portée volontaire. Et on lui avait donné la permission de se rendre à Laval pour aider l'une de ses Soeurs dans la recherche de leur disparue.

Cette situation lui rappelait tellement ce qui l'avait poussée à envoyer sa lettre de candidature au Grand Maître Enguerrand de Lazare que les souvenirs et les émotions depuis longtemps enfermées au fond de la jeune femme brisaient leurs chaines pour se rappeler à elle, plus vivants que jamais. Elle se souvenait de tout. La disparition brutale. L'inquiétude. Le fourmillement. L'envie d'agir. La crainte démesurée qu'un meurtre ait été perpétré. Le désir de revanche s'il était arrivé un malheur, surtout, implacable, brutal, instinctif. C'était cet épisode, de l'incendie du château de Limoges et de l'assassinat du Juge à la traque organisée et menée à bien par Cerridween, qui avait hanté son voyage du Mans à Laval. Tous les fantômes qu'elle avait cru disparus revenaient en rangs serrés. Et ils lui murmuraient, au cours de la longue nuit passée à Mayenne, quelques phrases assassines. Tu aurais dû prendre le coup qui a coûté au Maître de Guerre l'usage de son bras. Ton visage aurait dû être marqué de sa balafre. Tu aurais dû payer ce prix. Tu aurais dû accomplir ce pour quoi tu es devenue une Licorneuse. Tu leur avais dit que tu voulais le pourchasser, ce rouquin maudit, et tu ne l'as pas fait. Tu comptes vraiment faillir encore ? Cette fois, n'abandonne pas ta Soeur. Retrouve-la. Aide au moins à la retrouver. Il y a peut-être encore un espoir. Elle n'a peut-être pas subi le même sort que Stannis... Est-il besoin de préciser que cette nuit mayennoise fut surtout consacrée à l'insomnie et aux cauchemars venus d'un autre temps ?

Au milieu de la nuit, n'y tenant plus, Sindanarie avait passé le mantel gris qui lui était devenu si familier, ceint la bâtarde forgée à Ryes, sellé Vengeance, et elles s'étaient élancées vers Laval. Le ciel avait blanchi sur l'horizon, l'aube avait fini par percer, le Soleil par se manifester. Et l'Ecuyère, après un temps indéterminé de galop, était arrivée sous les remparts de Laval. Simple formalité : trouver le poste de garde par où pénétrer dans l'enceinte de la ville. Chose rapidement faite. Après tout, il suffisait de suivre la muraille jusqu'à une ouverture... Et de forcer le passage si on lui résistait. Naméo, comme aurait dit certaine Cap'... Voyons voyons, poste de garde... Moui, cette guérite devait en être un. C'était une porte... Alors on devait pouvoir passer. Quelques mots adressés au garde lui apprirent qu'effectivement, on pouvait entrer dans la ville. Le pauvre homme la regarda une seconde d'un air étrange, quelque part entre la somnolence et la défiance (défiance étrangement associée à une position défensive de ses mains autour de certaine précieuse partie de son anatomie... Curieux) avant de s'écarter. Peut-être avait-il vu que la jeune femme n'était absolument pas d'humeur à plaisanter...

Une fois dans la ville, la tâche était (presque) facile. Les autres Licorneux avaient bien dû descendre dans une auberge quelconque... Alors il suffirait d'aller frapper à toutes les portes possibles. Et la jeune femme entreprit un patient tour de la ville. Parce que de la patience, il en fallait... Il y avait là bien plus d'auberges et autres tavernes qu'au Mans ou qu'à Mayenne, pour ce qu'elle avait pu en voir. Et forcément, l'ensemble prit un temps fou. Et, comme le caractère de l'Ecuyère n'était pas des plus enjoués lorsqu'elle combinait une nuit sévèrement raccourcie et diverses préoccupations peu agréables, ce tour de Laval se mua bientôt en une irritante corvée, se résumant à des échanges rapides du type "Excusez-moi, l'auberge la plus proche, hormis Une-telle et Une-telle-autre ?" "Troisième à droite, c'est la seule enseigne de la rue", suivis d'échanges à peine plus longs avec les aubergistes concernés : "Bonjour Messire, Dame. Je cherche des Licorneux, ils sont chez vous?" "Licorneux ? C'est quoi, ça ? des brigands, ou des gens du Roy ?" [Grommellement étouffé, histoire de faire bonne mesure] "Des gens du Roy. Bess Saincte Merveille, ou Shiska Rouben, ou Aldraien, ça vous dit quelque chose ?" "Jamais entendu parler. Doivent être ailleurs". Et les dialogues n'allaient pas plus loin. Jusqu'à ce qu'enfin, la jeune femme trouve une auberge où, contre toute attente, le couple d'aubergistes lui confirma qu'il y avait bien des gens de ce nom-là.

Soupir de soulagement. Arrivée à destination. La baie Vengeance aurait le temps de souffler, la bride passée dans l'anneau fiché dans la façade de l'établissement. Restait-il une petite place pour elle et pour sa jument ? Oui ? Parfait, merci beaucoup. L'un des Licorneux était-il là ? Non ? Savaient-ils où ils étaient, alors, ou quand ils rentreraient ? Non plus ?

Rah, c'était pas vrai, elle n'allait pas bailler aux corneilles maintenant qu'elle était arrivée, quand même ! Pourvu que l'un d'eux la récupère fissa, histoire qu'elle essaie de se rendre un peu utile...

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Aldraien


Face à face.

Shiska lui tient tête, c’est prévisible, et elle ne peut rien faire contre. Pourtant elle s’entête, elle ne laissera pas la ramener à Laval sans avoir retrouvé Tlia, et elle veut le faire seule pour ne pas être dérangée dans sa vengeance par lui ou un autre. Pour ne pas être vue différemment par les Licornes, parce qu’elle a décidé d’agir comme elle a agi.
Elle est prête à affronter l’homme qui se trouve en face d’elle pour poursuivre sa route et l’idée qui la fait encore tenir debout, d’ailleurs elle sait d’avance vu le regard qu’il lui lance qu’elle va devoir l’affronter pour rester ici, parce qu’il la laissera pas faire. Et bien vite les paroles viennent confirmer l’attitude déjà bien suffisante de Shiska. Ses paroles sont dures, réalistes quelque part. Et pourtant elle ne lâchera pas si facilement l’affaire…Il ne la connaissait pas encore vraiment, mais n’importe qui l’ayant un peu fréquentée savait qu’elle était plus que têtue et qu’elle continuerait vers le but qu’elle s’était fixée.
Elle ne bouge pas, continue de soutenir son regard sans signe de faiblesse, presque de le défier de venir tenter de la faire bouger de là. Et il ne s’est pas fait attendre.
Il s’avança vers elle pour lui saisir le bras, signe que le jeu était fini. Mais ce n’était en aucun cas un jeu pour elle, ni une simple crise de nerfs, ce serait bien trop facile si c’était juste ça. Violemment, elle retire son bras, elle ne le laisserait pas l’attraper.


Lâche moi !!
C’était trop demandé, le voilà qui revenait déjà à la charge. Des mots, encore. Elle ne les entend pas, ne veut pas les entendre, elle veut rester et la chercher, seule. Elle aurait bien aimé se défendre, sortir son épée et le forcer à rester à l’écart, mais elle n’en a pas eu le temps. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, elle s’était retrouvée enserrée par la taille à ne plus pouvoir se dégager. Qu’elle maudissait ses jambes et son manque de réaction.
Non ! Lâche moi Shiska !!
Et elle se débattait comme une damnée la rouquine, pour échapper aux bras de celui qui tentait de la raisonner, distribuant les gifles dans sa lutte contre l’inébranlable. Elle n’avait pas encore déterminé si elle n’arrivait pas à se dégager parce qu’elle n’avait plus assez de force ou parce que Shiska en avait trop, mais en tout cas elle continuait à pester intérieurement, et extérieurement aussi d’ailleurs, contre cette situation qui l’empêchait d’agir. Elle se débattait, espérant vainement qu’ils se rendraient compte de son erreur, mais il ne pouvait pas s’en rendre compte car c’était pour lui la chose à faire. Parce qu’il ne connaissait pas le lien qui unissait la rouquine à l’Etoile, qu’il ne pouvait pas imaginer une seule seconde la douleur qu’elle ressentait à l’idée de La perdre.
Il n’avait pas compris qu’elle ne mourrait pas sans l’avoir retrouvée.

Elle hurlait, la rouquine, tentant de donner des coups, en vain. Il l’avait bel et bien maîtrisé, même si elle ne comptait pas abandonner. Des fois, quand même, elle maudissait sa condition de femme, parce que les femmes c’était foutrement moins musclées que les hommes…Y a quand même des inégalités. Bref, toujours est-il qu’elle se retrouva à jouer le sac de pommes de terre quand il la souleva comme si elle ne pesait rien du tout et la cala sur son épaule avant de se mettre à marcher dans le sens inverse de là où elle voulait aller. Bien sûr elle avait continué à lui crier de la laisser tranquille, de la lâcher, mais elle avait bien fini par se calmer, manquant d’énergie pour continuer le combat physique, ou oral. Résignée, parce qu’elle n’avait pas le choix, les larmes cependant avaient repris le dessus pour inonder ses yeux et transformer ses protestations en sanglots d’impuissance face à la situation. Etrangement, à l’aller, la route ne lui avait pas semblé si longue…sans doute parce qu’à l’aller, elle marchait seule et avait ses pensées qui étaient bien loin de toute notion de temps. Là par contre, elle voyait les minutes filer à une vitesse folle, aussi vite que la distance qui la séparait d’Antlia et qui ne faisait qu’augmenter à chaque pas de Shiska.
Malgré la longueur du voyage retour, au bout de quelques heures ils finirent tout de même par entrevoir les murs de Laval. L’heure devient être bien plus proche de l’heure du repas que de l’heure du lever du jour, et à présent la ville fourmillait d’activités en tout genre. Et les artisans les regardaient bien bizarrement alors que Shiska portait toujours la rouquine sur son épaule, croyant surement à un autre enlèvement. Et comme Ald, elle voulait pas d’un contrôle de douane, d’identité et tout ça, qui leur ferait encore plus perdre de temps, elle interpella Shiska.


Pose moi à terre, s’il te plait…Promis, je ne me sauverai pas…j’ai compris.
Elle avait compris que, pour l’instant, il valait mieux le suivre pour ne pas risquer de perdre encore plus de ce temps précieux qui s’égrainait entre ses doigts et contre lequel elle ne pouvait rien. Et puis de toute façon elle ne pouvait pas fuir, elle n’en avait pas la force, il la rattraperait vite et elle se retrouverait une fois encore à jouer le sac. Pendant de longues minutes, elle sent Shiska hésitant, se demandant certainement si c’était une bonne idée, et finalement, il finit par la remettre sur ses jambes pour le grand malheur de celles-ci qui s’affaissèrent sous le poids de la rouquine, poids que Shiska n’avait eu aucun mal à soulever, lui. Vacillante, elle se rattrapa à son bras pour éviter de s’affaler au sol et s’en servit pour se redresser.
Désolée…Allons à l’auberge, s’il te plait, je n’aime pas tous ces regards…
Excuse un peu à double-sens, mais bon, à voir s’il y verrait simplement l’excuse de se servir de son bras ou plus que ça. N’empêche qu’il était compréhensif, soit il n’aimait pas tous les regards qu’on leur lançait non plus, soit il avait pitié d’Ald, soit les deux en même temps, toujours est-il qu’il prit la direction de l’auberge afin de trouver un peu de calme et de pouvoir réfléchir si tant est que ce soit encore possible.
Le village n’était pas bien grand, et très vite ils arrivèrent là où ils avaient établi une sorte de campement, mais campement confortable, avec des aubergistes agréables, et tout et tout…Les yeux rougis, Ald pénétra dans l’établissement et fronça les sourcils en découvrant une cape qui ne lui était pas inconnue. Et puis rapidement, elle reconnue la chevelure, suivit du visage, bien que de profil, de la personne.

Sinda ?…

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Bess.scte.merveille
[Laval, les rues, les habitants... et une furie ! namého !]

Bon c'est pas l'tout de blablater, on va peut être avancer un peu dans s't'histoire parce que sinon on va pas s'en sortir ....

Bref, nous avons une Bess partie courir les murailles de Laval, à la recherche d'informations. D'abord Mathieu qui se reposait évidemment aprés sa nuit d'astreinte. Il lui fallut donc convaincre l'épouse que c'était important, et c'est là qu'on se rend compte que négocier avec une femme c'est beaucoup moins facile qu'avec un homme. C'est qu'une femme est beaucoup moins réceptives aux attributs féminins que pourrait l'être son népoux. Ou alors elle est beaucoup plus réceptive et évite justement que tout attribut féminin n'approche du dit népoux. Aprés moult discussion et pour finir menace de sévices, la matronne alla quérir son homme, mais celui-ci n'avait rien vu.

Ensuite elle parti à la recherche du bleu qui tout pareil n'avait rien vu. A se demander d'ailleurs s'ils avaient gardés les yeux ouverts ! Enfin le bleu lui dit d'aller voir le boiteux, qui porte d'ailleurs bien son nom, qui lui avait bien vu Shiska sortir mais ne savait pas où mais qu'il avait l'air plutôt pressé.

En gros elle était pas plus avancée, sauf la certitude que Shiska était sorti. Le connaissant plus que n'importe qui ici, elle était certaine qu'il n'avait pas prit du bon temps, donc ... ben donc retour à la case départ !

Aprés toutes ses périgrinations, la journée était plus qu'avancée, l'heure du repas passée depuis des heures. Et malgré un estomac vide qui commençait à gargouiller, elle fit un détour vers la porte de la ville, sait on jamais comme par hasard hein ....

Le hasard faisant bien les choses (ben quoi ? c'est moi qui raconte !!! si j'ai envie que le hasard fasse bien les choses je fais ce que je veux ! d'abord) donc je disais que Bess arrivait aux portes lorsqu'un garde qui semblait montrer un chemin lui fit de grand signes. Apparemment un visiteur pour elle.

[Toujours en Laval, bien plus tard]

Rufus avait porté personnellement les propos de Cerrid. Nommer deux responsables ... elle en a d'bonnes la Pitaine ! avec 3 hommes dont un en moins ça lui laisse pas beaucoup de choix hein ... 'fin on f'ra avec comme d'hab hein ! Rufus avait bien évidemment demandé informations complémentaires qu'elle n'avait pas daigné donner dans sa missive. Bess lui expliqua les circonstances... enfin ce qu'on leur avait raconté évidemment, l'attaque dans la taverne, l'enlèvement devant témoin sans aucune réaction, les recherches qu'ils avaient déjà entamé.

Bess omit volontairement avoir "apparemment" perdu les deux seules Licornes encore disponibles. Aprés tout ils devaient pas être loin, et à bien y repenser, sans doute que Shiska avait vu quelque chose et s'en était occupé, mais sans savoir si c'était Ald ou Antlia, elle préféra taire les derniers évènements et voir venir.

Elle avait reprit le chemin de l'Auberge, Rufus ayant refusé un repos mérité pour repartir illico vers la Pitaine.

[Sur le pas de l'Auberge - rerouvailles]

Bess fut plus que ravie de voir que tout le monde était revenu au bercail, avec en plus une Sinda qui arrivait sans doute, encore couverte de la poussière du voyage. Shiska avait sa mine de loup renfrogné, les bras croisés et le dos droit, Ald échevelée mais bien portante, toujours la rage à fleur de peau.

Elle arriva comme un cheveu sur la soupe, mais à vrai dire elle n'en avait strictement rien à cirer. Le ton fut toutefois sec, il y aurait des représailles mais ça n'était pas encore l'heure... mais ça viendrait !


Sinda, tu tombes bien...

Le regard se fit dur alors qu'elle s'adressait à Ald

Toi on réglera ça ... mais plus tard, quand à toi Shiska j'ai bien l'intention d'avoir des explications !!!

Comment ça elle a pas l'air contente la Bessou ? ah bon ????

Sinda et Ald... la Cap à demandé que je nomme deux responsables. Vous êtes en charge de chercher Antlia, mais j'exige...Regard perçant à l'attention d'Ald, histoire de bien faire passer le message...des fois qu'elle comprendrait pas l'allusionaucune action téméraire, pas de bain de sang ... et bien entendu pas de vengeance aveugle

Bon tout le monde évidemment doutera que cela soit suivit à la lettre, tout du moins pour Ald, mais avec Sinda, que Bess connaissait depuis des années, compagnon d'armes avant même que Bess n'entre à la Licorne, elle n'avait aucun doute qu'elle ferait tampon.

Ald je te laisse expliquer tout en détail à Sinda pendant qu'elle se change et mange quelque chose de chaud.... ET CA N'EST PAS NEGOCIABLE !
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Shiska
Crocs de sorti à l'attention des passants qui semblaient soudain se détourner de leur conversation de copinage et d'adultère présumé pour se concentrer sur le couple à peu fière allure qui traversait les rues. Ald était dans un état assez pitoyable, se reposant sur le loup pour marcher jusqu'à l'auberge. Le haut de son dos commençait à le lancer légèrement, les brulures dues aux coups et griffures des sautes d'humeur de son paquetage d'un jour se réveillant lentement. Mais ce n'était en réalité pas grand chose, seul l'intérêt pour la santé de la licorneuse importait. Ça... et ce qu'il allait prendre pour avoir agit sans en rendre compte à la louve...

[Auberge]

Bras croisé sur la poitrine et dos droit qui amplifiait encore plus que d'ordinaire la carrure du loup; celui ci observait avec un œil attentif les agissements de la licorneuse. Les retrouvailles avec Sinda étaient passés au second plan devant l'urgence de la disparition. Oh il était content de la revoir hein, ça y'avait pas de soucis. Mais disons que son dos lui rappelait doucement les priorités actuelles...

C'est alors que la louve fit son entrée, tous poils dehors (qu'elle a joli d'ailleurs). En parlant de poil je parles bien sur de cheveux hein... Soupire intérieur du Shiska. Premièrement parce qu'il était soulagé que la petite chef prenne enfin le relai de cette affaire qu'il avait du mal à gérer. Ben oui que des femmes c'est pas simple à gérer... Deuxièmement parce qu'il savait qu'il allait prendre une rince plus ou moins juste en privé. Soupire de circonstance donc, même si les raisons qui l'amenaient étaient totalement opposées.

Et la tempête ne se fit pas attendre, même si les propos restaient tout à fait dans l'ordre du correcte et du pesé, situation de chef oblige, Shiska connaissait assez bien sa louve pour savoir que l'inquiétude qui avait du incuber dans la tête de sa louve l'avait rendu folle de rage. Se détachant du mur, il leva ses orbites bleus vers ceux de la petite chef.


Aldraien a quitté l'enceinte de la ville sur une intuition... Je l'ai suivis pour être sur qu'il ne lui arrive rien. Nous avons retrouvé des traces de sang et des effets personnels appartenant à la licorneuse disparue mais ensuite aucune trace tangible n'a put être identifiée. Je l'ai ensuite ramené de force ici même.

On ne peut plus formel oui... il aurait bien le temps d'argumenter et de se faire engueuler en privé.
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Sindanarie
[Entre retrouvailles et réveil de la Cap']

Impossible de dire combien de temps elle était restée dans l'auberge. Assez longtemps pour investir une petite chambre, monter le maigre paquetage qu'elle avait pris avant de partir comme une tempête du Mans. Assez longtemps pour redescendre sans prendre le temps de se changer, indifférente à la poussière qui la recouvrait. La poussière, elle s'en foutait comme de l'an quarante. Elle se fichait complètement de ce à quoi elle pouvait ressembler. Ce n'était pas l'important. L'important, c'était les autres. Il fallait qu'elle soit là lorsqu'ils reviendraient. Sindanarie était donc redescendue dans la grande salle de l'auberge pour les attendre. Il y avait, à sa connaissance, trois Licorneux, en dehors d'elle bien sûr, à Laval. L'un d'eux finirait sans doute par revenir.

Et la jeune femme se retrouva à arpenter la salle, sans prendre garde à ce que pouvaient faire les aubergistes, s'écartant de leur chemin au gré de ses pérégrinations. Elle se sentait comme un fauve en cage. Globalement. Et elle détestait ça. Dans des circonstances pareilles, elle avait besoin de bouger. La dernière fois que c'était arrivé, elle avait écrit à un certain Grand Maître... Bref, passons. Sindanarie tournait donc en rond dans l'auberge, jusqu'à ce que la porte en soit poussée. Le temps de se retourner vers ceux qui entraient, Aldraien l'avait déjà reconnue. Shiska, quant à lui, semblait surveiller leur Soeur, dont les yeux rougis n'étaient qu'une manifestation parmi d'autres de l'agitation qui devait la tenir. Un salut. Calmement. Pas de mots. Pas encore. Elle, elle devrait d'abord écouter pour saisir l'idée de ce qui se déroulait exactement.

Et là dessus, voilà qu'une ex-Cap' déboule. Ex-Cap', peut-être, mais du premier coup d'oeil, Sindanarie reconnut la Bess qui menait la COLM d'une main de fer. Ce constat lui arracha un léger sourire. C'était la Cap' qu'elle aurait suivi jusqu'en enfer qui venait de faire son entrée. Inclinant la tête pour répondre à son salut, la jeune femme se figea lorsque l'attention de l'Errante se reporta sur Shiska et Aldraien. Il y avait eu un souci, manifestement. Ca commençait mal. Ce ton-là n'était jamais bon signe.

Un simple hochement de tête à l'intention de son ancienne Cap'. Juste pour remplacer quelques mots. Compris, Bess. On trouvera ce qui s'est passé. Les précisions sur les modalités d'action, par contre... Eviter actions téméraires et bains de sang, ça ne serait pas forcément évident, peut-être même pas possible. Et ce, pour une kyrielle de raisons, dont les plus évidentes étaient : l'état d'Ald (dont nul n'ignorait, au sein de la forteresse de Ryes, le lien profond avec leur disparue), la personne sur laquelle elles tomberaient (s'il fallait se battre, même si elles auraient probablement l'avantage du nombre et de l'entrainement, on pouvait s'attendre à quelques effusions de sang), les caractères des Licorneuses, et la nécessité de prendre des décisions au fil de l'eau. S'il y avait un souci, il faudrait le régler sur place, en autonomie. Pas possible d'attendre l'arrivée de la cavalerie. Quitte à faire des choses imprudentes. La vengeance aveugle, par contre, ça, elle se sentait en mesure de la gérer. Les émeraudes toujours fixées sur sa camarade Limousine, Sindanarie hocha de nouveau légèrement la tête. Compris, Bess. Je ferai gaffe.

Mais il y avait (comme on dirait bien plus tard) comme de l'eau dans le gaz entre une Louve et son Loup, et il serait sans doute d'assez bon ton de s'éloigner avant que ça n'explose. Autant que le public s'éloigne. Se rangeant donc aux côtés d'Aldraien, Sindanarie passa son bras sous le sien pour l'entrainer vers la porte de l'auberge. Autant se mettre au diapason le plus vite possible. Manger attendrait. Il y avait mieux à faire. Aussi la jeune femme glissa-t-elle à sa rousse Soeur :


Dis-moi ce qui s'est passé, ce que tu as vu, ce que tu as reconstitué... Tu as une idée du chemin à prendre ?

Il fallait qu'elle sache. Le plus vite possible. Il fallait retrouver leur Soeur disparue. Et, de manière plus personnelle, il fallait qu'elle récupère une partie de son âme. Qu'elle se défasse de la chape de culpabilité qui pesait sur ses épaules depuis des semaines, depuis des mois peut-être. Dans tous les cas, elle n'avait aucune raison de trainer la patte en chemin. Loin de là. La bâtarde à sa ceinture n'attendait que de jaillir de son fourreau. Vengeance était prête à repartir. Et la jeune femme se sentait en état de partir au plus vite. Qu'importaient la tenue et le remplissage du ventre.

[Edité pour rectification d'orthographe]
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Aldraien


Quelle surprise pour elle de voir sa sœur présente ici, dans l’auberge où ils avaient élu domicile. Mais à vrai dire, Ald était bien loin de se demander le pourquoi de sa présence. Ce qu’elle voyait, c’est que visiblement la nouvelle avait fait le tour de toute la Licorne, et que le Haut Conseil devait maintenant être au courant de l’enlèvement de l’Etoile, qu’il allait donc prendre des décisions et bouger, du moins elle l’espérait.
Elle détaille sa sœur du regard, de haut en bas, les yeux éteints avec seulement l’étincelle de la rage, elle s’apprêtait à reprendre la parole pour lui demander la raison de sa présence quand une autre personne pénétra dans l’auberge. Pour le coup, les yeux de Ald se fermèrent. Elle savait ce qui l’attendait, se doutant que c’était Bess qui venait d’entrer, sentant venir la réprimande. Mais elle avait accepté son sort en revenant ici, après tout elle avait désobéi délibérément aux instructions de la chef et s’était mise en danger de son plein gré, si elle était revenue c’était en sachant ce qui l’attendait. Elle avait besoin d’aide pour retrouver Tlia, et ses frères et sœurs étaient les seuls à pouvoir la lui apporter. Pour elle, elle était prête à accepter toutes les réprimandes, si dures soient elles.

Elle croisa le regard de Bess, mais n’avait plus la force de s’opposer à elle. Ce n’était pas contre elle qu’elle voulait se battre. Sa tête se baissa, acceptant par ce geste d’être punie si elle le désirait mais sachant pertinemment qu’il n’y aurait pas pire punition que celle de ne pas retrouver sa suzeraine. Elle se demandait à présent pourquoi les épreuves ne cessaient jamais, Tlia n’avait pas mérité ça, elle avait toujours œuvré pour le bien.
Le regard se relève alors que Bess reprend la parole après une courte pause et leur donne les nouvelles instructions. Ainsi, Ald ne s’était pas trompée dans sa « réflexion » si tant est qu’elle soit encore en état de réfléchir, le Haut Conseil était bel et bien au courant. Ce qui l’étonnait surtout, c’était la décision de Bess de la nommer responsable des recherches. Avait elle une idée de ce qu’elle ferait si jamais elle retrouvait le raclure qui avait fait du mal à Tlia ? Pensait elle que Sinda ferait tampon et l’empêcherait de faire une bêtise ? C’était peut être finalement la meilleure solution qu’elle prenait là, car de toute évidence la rousse ne se serait pas laissée écarter des recherches sans rien dire. Il n’était pas pensable d’imaginer un instant la laisser à l’écart vu le lien qu’elle avait avec l’Etoile.

Les conditions maintenant, parce qu’évidemment il y allait en avoir. La chef ne pouvait pas laisser partir Ald sans la mettre en garde, surtout après ce qui venait de se passer. M’enfin elle devait bien se douter que la rousse n’en écouterait pas un mot. Pas de vengeance ? C’était là une chose impossible pour elle, celui qui l’avait enlevé avait été trop loin pour s’en sortir indemne. Il avait fait trop de mal et il paierait pour ça. Elle le ferait souffrir comme il a fait souffrir Antlia. Peut-être Sinda essaierait elle de raisonner Ald, mais le doute était grand sur le fait qu’elle y arrive.
Elle avait sursauté lorsque Bess avait haussé le ton, elle ne s’y attendait pas et ses nerfs étaient à fleur de peau. Pas négociable…soit.
Pas le temps de donner sa réponse que déjà Shiska reprenait la parole et que Sinda l’entrainait dans un coin en la soutenant. Elle avait bien raison de la soutenir d’ailleurs, pas sure qu’elle soit capable de tenir debout toute seule, affaiblit qu’elle était par ce qu’elle avait vécu. Et une question qui avait suivi presque immédiatement, en tant que responsable des recherches, elle devait forcément être au courant de ce qu’elle avait trouvé si elles voulaient être efficaces. Alors elle se concentra, mettant un instant de côté sa rage, son regard se perdant dans le vague alors que les paroles s’échappent en cascade de sa bouche.


Elle a été enlevée par un certain Arminus…un anti Licorne que j’ai rencontré deux jours avant que ça n’arrive…Les gens en ville n’ont rien fait pour l’empêcher…je suis arrivée trop tard. D’après les villageois, il l’a blessé à la tête avant de l’emporter…ils sont sortis de la ville.
Après un long moment de recherches, j’ai retrouvé ses…ses habits, dans la forêt. Ensanglantés.

Sa main se pose sur la cape qu’elle a toujours sur les épaules, la cape souillée par le sang de la belle, le visage de la rousse se fermant un peu plus.
Cet homme ne va pas se contenter de la tuer…il cherche quelque chose…il veut marquer les esprit…J’ai peur de ce qu’il compte lui faire, ou de ce qu’il lui a déjà fait…
Il n’est pas revenu sur Laval, donc il est forcement parti dans le sens contraire, et cette forêt…elle va dans la direction du Mans. Je vois pas dans quelle autre direction chercher.

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