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[RP] Tribulations anodines

Natsuki.
Elle papillonnait des paupières, non pas pour attirer un mâle dans la toile séductrice qu’Aléanore avait commencé à tisser pour elle, mais pour chasser définitivement un rêve dont elle n’en n’avait cure, mais qui cherchait à se faire une petite place en cette pâle matinée d’Avril. Il était l’heure pour elle de s’extirper de l’inconfortable lit qu’elle occupait. Pourquoi tant de haine envers ce pauvre objet objectera l’assidu lecteur ? La réponse est simple : il lui avait donné -une fois n’est pas coutume- un cauchemar. Mais il n’était encore temps de pester contre le cuistre; émerger définitivement est déjà en soi une laborieuse tâche et qui mérite un traitement particulier; aussi se releva-t-elle.

Elle logeait dans le château de Finam, quelque part, elle ne savait trop où : elle s’était contentée de suivre Calyce et elle s’était retrouvée dans une chambre. Elle n’était pas encore accoutumée à la demeure, du reste elle n’y restait que fort peu, tout juste le strict minimum. Elle regarda le peu de lumière pénétrer dans la pièce. Très peu. Tout en cherchant ses affaires elle pesta contre le chant du coq -coq imaginaire-, qui, selon son avis, était arrivé trop tôt. En récupérant sa jupe bleue, c’était à la gorge du stupide gallinacé qu’elle en avait, car si il la lui manquait, jamais il n’aurait pu coqueliner. Pour sa chemise, bleue elle aussi, sa colère portait sur l’animal tout entier car sans lui, jamais il n’y aurait eu de problème; et quand elle arriva à ses chausses, noires elles, elle souhaitait que jamais au grand jamais le seigneur ne créa les poules, car au final, c’était bien de ces dernières que naissaient les crêtés, et à cause de celles-ci qu’ils coqueriquaient. C’est alors qu’elle se souvint à quel point les œufs pouvaient être délicieux, aussi pesta-t-elle contre les Natsukis et leur stupides raisonnements.

Elle releva alors la tête -elle venait d’enfiler, assise sur le lit, ses chausses- et porta son regard sur la commode. Une lettre y était posée. Elle connaissait parfaitement le contenu de celle-ci, tâche aisée car elle ne comprenait en tout et pour tout que trois lignes.
Ainsi elle avait enfreint la loi martiale, et cela turlupinait quelque peu l’ex porte-parole, la soucieuse de respecter la loi, comme le lui avait appris son père. Elle ignorait de quelle loi le prévôt parlait, car si les frontières étaient fermées, il lui avait semblé que Maeve avait fait le nécessaire pour qu’ils n’aient pas d’embêtements. D’ailleurs Gaspard n’en n’avait pas lui. D’une mine contrite et un peu triste elle dit alors :


Des bêtises tout ça !

Elle partit chercher Calyce : il fallait à tout prix qu’avec elle elles trouvent cadeaux et robes pour le mariage de Maeve, tout le long du couloir, le temps qu’elle trouve son amie, les sinistres murs l’entendirent râler :

Des bêtises, des bêtises et des bêtises !
_________________
Calyce.
Le château de Gennes n'avait plus rien de terrifiant aux yeux de la brunette. A force d'y vivre, on s'y fait. Même Coccyx n'arrivait plus à la faire sursauter, c'est dire...

Les mirettes s'étaient ouvertes depuis un moment déjà, bien avant l'apparition des premiers rayons de soleil. Sommeil léger depuis deux jours déjà. Tourmentée par un sentiment qui lui était inconnu jusque là : La culpabilité. Sentiment né d'une longue discussion troublante qu'elle avait eu avec Maeve. Sourire qui lui flotte sur les lèvres alors que l'image de la rousse Alterac se dessine avant de laisser place à une légère grimace quand elle se souvient de la honte qu'elle avait pu ressentir en lui racontant ce qu'elle avait bien pu faire depuis que leurs chemins s'étaient séparés. Dole, sa richesse soudaine faite au détriment des pauvres paysans comtois... Humpf. C'est mal. Mais c'est pas sa faute à elle si elle ne sait rien faire d'autre et puis Finam l'avait calmée en disant un truc dans le genre : « Tu es spinoziste et les spinozistes ne connaissent pas le mal ou le bien... » De quoi lui redonner bonne conscience à la mioche. Sauf que c'est pas suffisant et la voilà qui s'était mise une nouvelle idée en tête : Devenir intègre. Bon ce sera pas facile vu l'entourage qu'elle a, mais elle y croit... Et puis Natsuki sera là pour l'aider.

En parlant de la jeune Tourangelle, il était peut être temps de quitter son lit pour la rejoindre. Un coup d'oeil à droite puis à gauche à la recherche de sa cadette. Clélie devait déjà être déjà débout à compter ses sous quelque part dans le château... Un brin de toilette plus tard, sans oublier de s'habiller puis là voilà qui déambule dans les couloirs. Large sourire quand elle entend raisonner la voix de Natsuki...

Les pas de la fillette se font plus rapide et bientôt elle voit poindre le minois- soucieux ?- de son amie...


Des bêtises ? Si tu veux mais...On devait pas chercher le cadeau de Maeve ?


Faire des bêtises en cherchant le cadeau, ça pouvait être sympa aussi mais bon...

_________________
Laudanum
[pas de doigt, pas de chocolat]

Une lueur de colère glaciale tapissait le fond de son regard, alors qu'elle regagnait le château. La nuit était avancée et ses yeux, bien qu'habitués à scruter l'obscurité peinaient à voir. Elle souffrait de vertiges, sa respiration était saccadée, son bras engourdi et elle maintenait le poing serré contre son autre paume pour réprimer l'hémorragie. Le pan de chemise qu'elle avait déchiré ( l'empereur devait se retourner dans sa mare) et qu'elle maintenait pressé entre le majeur et le petit doigt était maculé de sang.

Bordel, c'que ça pisse un doigt, humpf!

Les cicatrices peintes en profondeur sur son visage et son corps témoignaient d'une relation poussée avec l'acier et les émotions que son tranchant procure. Habituée à épouser le fil du rasoir, cette blessure n'était que la suivante d'une longue série, si ce n'est qu'elle lui était infligée en représailles.


Tout s'était déroulé lentement. Elle savait. Quelque chose comme ça. Elle avait résisté, flamboyante de répartie, jusqu'à menacer le gosse qui tentait de s'interposer. Mais elle ne fut pas de taille lorsqu'une immense poigne lui enserra la gorge, qu'un coup de poing vint lui briser les côtes et qu'elle s'effondra, le souffle coupé net.
Il aurait pu la tuer, elle n'aurait pas hésité à sa place. Mais il semblait croire par un hasardeux calcul qu'elle finisse un jour par perdre sa saveur, qu'alors elle serait disposée à demeurer religieusement sous contrôle. Ou alors il ne tenait pas à ce qu'elle tire plaisir de sa propre mise à mort.

Maintenant on est quittes!...avait-elle crié, la main sous le feu de la liqueur. Une phalange tranchée, la rançon due pour s'être emparée de sa liberté sans le consentement de quiconque. Elle ne porterait plus d'alliance, que ce soit sous la forme de serpents entrelacés ou d'une autre. Elle conserverait son indépendance, et lui pouvait bien garder l'annuaire...ou plutôt l'annulaire. Pour ce qu'il en ferait. Un fétiche peut-être?

Elle venait de franchir la grille de l'allée principale et s'apprêtait à faire le reste de marche à pieds. Elle manqua de s'écrouler, nauséeuse mais se ressaisit rapidement et fit les quelques mètres qui la séparaient de l'entrée.

Rien n'avait changé depuis tous ces mois. Elle en avait eu la démonstration, lorsque l'ombre du géant, chienne de Féline, déboula le poil luisant avec sa tripotée de chiots. Loyale, obéissante et habile à l'art de fourrer ses pattes partout en se planquant derrière l'autorité, elle inspirait dédain et moquerie à l'exécrable vermine, qui n'accordait à l'autorité que l'utilité de la fonction, refusant de se plier aux politesses pour asseoir sa valeur. Le modèle érigé en série, c'était filer dans la laine ou rester hors du coup. C'est que les moulages étaient pas trop mal formés, se disait-elle. Le géant avait ses adeptes, et finalement on y crevait pour en être, à quand l'entrée payante...

...La dague avait manqué de se ficher dans son épaule et elle ne l'évita que de justesse. Karyl! Cette chair blonde avait chopé les mêmes tiques. Ainsi il s'estimait de taille à affronter le poison. La messe était dite!

...Le cheval laissé dehors, les domestiques s'en chargeraient, elle se précipita à travers les couloirs jusque dans la partie du château qui lui était réservée, à savoir l'aile droite, et se mit à la recherche d'une cheminée en marche. Elle déambula à travers les chambres, certaines même dont elle ignorait quasi l'existence, et lorsqu'elle trouva enfin un âtre rougeoyant elle se saisit d'une fine lamelle de bois, l'enfonça au milieu des braises et attendit quelques instants.

En regardant autour d'elle, elle remarqua les malles, le léger désordre et plusieurs objets dont l'utilité laissait penser qu'ils appartenaient à quelqu'un en particulier.

*Mais qu'est-ce qu'il m'a fichu...à qui c'est tout ça encore...*

Elle défit son bandage improvisé, se pencha vers l'âtre, récupéra sa tige incandescente et appliqua la pointe sur la plaie béante.

Aaaaaaaarrhhhhhhh!

Elle rejeta vivement la tige dans le feu et se laissa choir sur le lit complètement épuisée, repliant ses jambes vers elle, une main posée contre l'autre, en geste de protection. Elle s'endormit, ou s'évanouit, la nuance était imperceptible...
Natsuki.
Elle n’eut pas à pénétrer dans la chambre de Calyce pour la voir puisque cette dernière fut aperçue dans le couloir. A vrai dire cela fit du bien à la tourangelle que de voir ce faciès amical dans l’ambiance hostile de la seigneurie. En fait, cela faisait du bien tout court de voir ce visage dans l’ambiance qui entourait Natsuki depuis son arrivée dans les murs saumurois. Cette émotion était pour elle comparable à celle que ressentit un jour Mozart en écoutant par le plus grand des hasards la pastorale de Ludwig van en plein milieu d’une playlist de métalleux. C’était comme une bouée de sauvetage de lucidité dans un océan de folie qui menaçait continuellement de la submerger. Etrange idée pour une tourangelle que d’aller dans l’antre du loup aussi. Mais il y avait Calyce, il y avait Trella aussi apparemment, et Clélie, même si ces dernières étaient absentes. Si elle ignorait ce que faisait la première, la sœur de la seconde lui avait dit qu’elle était occupée à compter ses écus. Elle l’aurait volontiers poussé son amie à sortir de sa tanière, mais quelque chose lui disait qu’il valait ne mieux pas, que peut être plus tard….

Saumur était donc frustrante : il y avait comme un goût de Loches mais cette saveur se dissipait sans arrêt dès que Natsuki cherchait à la porter à sa bouche. Encore un peu trop éthérée, un peu trop fantasmée, trop tuméfiée par l’imagination sans borne de la petite. Et pourtant Saumur n’était pas loin de tenir toutes ses promesses, il manquait juste ce grain de sel, de folie, que l’on mets dans les meilleures préparations pour assaisonner le tout. Mais n’imaginez pas qu’elle n’était pas ravie de revoir Calyce, loin de là. D’ailleurs, plus elle voyait son amie, plus elle sentait revenir ce picotement d’une nostalgie enfin passée à la réalité. Il manquait juste ce petit morceau de sucre, mais il arrivait. Aussi sourit elle, et sans se forcer à la vision amicale. Et de mettre en branle, suite à la réplique de la Dénéré, toute sa mémoire quand à ces derniers jours.

Maeve, rouquine Sémuroise balafrée, Alterac et futur épousée, puisse son hymen durer l’éternité, aînée d’une seule année par le physique mais de bien plus par le mental, la seule qui la surnomme par une aphérèse, agréable et astucieuse démarcation qui permet d’apposer son visage plus aisément à son interlocuteur, trice ici en l’occurrence. Elle avait suivi la petite troupe enfantine que Maeve guidait dès son arrivée en Touraine, chez les turons où elle officiait en tant que porte parole, pour son plus grand malheur. Une fois n’était coutume, sa région natale lui portait préjudice, la faute aux miasmes embaumant son atmosphère sans aucun doute. Sinon comment expliquer qu’à chacun de ses séjours, elle passait plus de temps dans son lit à dormir, tousser, régurgiter, désespérer, cogiter et pleurer plutôt que -mettons- gambader dehors à courir auprès d’un lapin blanc pour pouvoir plus tard se délecter de sa chair ? Certes elle ne pratiquait pas la chasse, mais ce n’était qu’un exemple. Ce furent les rires, les joies, les caprices et les joies des différents Cassian Gaspard ou Alycianne qui remirent du baume au cœur de Natsuki. Aussi dès que son père lui accorda le droit de partir avec la petite troupe, histoire de se ressourcer, et donc de quitter ses fonctions ducales; elle prit son baluchon et suivit au petit trot. Et aujourd’hui elle était à Gennes, en compagnie de Calyce.
Alors qu’elle s’apprêtait à expliquer à cette dernière que, non les bêtises dont elle parlait n’étaient pas des projets, que oui elles devaient acheter le cadeau pour Maeve, et que bon à présent il fallait se dépêcher, Laudanum, dont la tourangelle ignorait la présence au château, eût la bonne idée de se soigner, avec les conséquences que l’on connait.


Y’a des fantômes ou des monstres dans ce château ?

Puis sans attendre la réponse, Natsuki, gamine sans peur et sans reproches (à la condition préalable d’oublier les peurs et les reproches) alla dans la direction du cri, poussée il est vrai par la curiosité. Il faut dire que les monstres, elle en avait beaucoup entendu parler, elle n’y croyait pas trop -enfin quand même un petit peu- mais surtout n’en n’avait jamais croisé auparavant. Qui du croque mitaine ou de la putride gargouille osait profaner le monde réel et franchir les frontières des ténèbres ? Une chance incroyable se profilait pour les deux quasis sœurs : débarrasser le monde d’une créature du malin, et il ne fallait pas rater cette occasion.

C’était par où ?

Doute qui s’installe: droite ou gauche? Il n’y eu qu’un seul cri et la mémoire est ce qu’elle est : non pas bâtie sur du sable, mais tout simplement sans support. C’est alors qu’elles errent dans les couloirs sans plaisir (car quand elles sont à Gennes, elles n’ont pas de plaisir) à débattre à chaque intersection sur la direction à prendre, puis, tant bien que mal, elles arrivèrent là où elles devaient arriver. Les « je te dis que ça venait de là » accompagnaient les pas des deux complices. D’un coup d’œil rapide et discret à travers la porte entrouverte, Natsuki reconnut enfin sa chambre, et y fut surprise d’y découvrir, non pas le monstre attendu, mais Laudanum, le poison qu’elle connaissait bien. Puis à Calyce :

On fait quoi ?
_________________
Calyce.
A la question que pose la tourangelle au sujet des monstres, l'angevine aurait pu répondre que parfois la nuit on pouvait entendre des bruits bizarres tout comme les ombres que l'on pouvait voir parfois danser sur les murs ou les plafonds. Lui dire aussi que depuis qu'elles squattaient Gennes avec Clélie, elles avaient instaurer des petits rituels comme genre : Dormir dans le même lit, menottes : l'une dans celle de l'autre, couverture souvent rabattue jusque sur le nez. Pas question de laisser une chance au Taribac Cornu de les manger. Qu'est ce que le Taribac me direz vous ? Un truc inventé par le seigneur des lieux pour éviter que les deux gamines aillent fouiner dans l'aile gauche du château : La sienne. Tout ça pour dire qu'à la question de Natsuki, Calyce aurait répondu oui, il y a des monstres. Elle l'aurait fait si elle avait pu en placer une...

Le petit sourcil se hausse alors que son amie se sent une âme de ghostbusters. Elle la regarde s'éloigner un moment, les petons refusant de la suivre... L'aventure dans les château à la recherche de coffre à piller d'accord, mais aller se battre contre des créatures venues d'on ne sait où, faut arrêter le délire. Sauf que Nats n'a pas l'air de vouloir arrêter...


C’était par où ?


Bon bah fallait suivre hein...Donc elle suit en trainant les guiboles...

Heu... j'entends plus... On peut aller chercher Clélie pour aller acheter le cadeau hein ?

Non apparemment le cadeau n'a plus d'importance à ce moment précis. Faut chasser le monstre picétout. C'est une petite moue collé au minois qu'elle se laisse entrainer. Elle essaiera maintes fois de guider leurs pas dans la direction opposé de l'endroit d'où venait le bruit... en vain. L'est tenace la fille du vénérable. Elles finissent devant la chambre qu'elle avait attribuée à Natsuki. Seule chambre meublée que connaissait l'aile du château. La mioche savait que le papi-vicomte râlerait s'il le savait mais bon Natsuki était une invitée !

Sur la pointe des pieds, une main qui agrippe le bras de son amie, elle s'approche de l'encadrement de la porte. Tête penchée pour pouvoir « la chose ». 'Fin voir c'est un bien grand mot quand on sait que la brunette avait gardé un seul oeil ouvert. Réflexe débile face à la peur mais réflexe quand même. Œil qu'elle ne tardera pas à ouvrir grandement en voyant que c'est la dame qui se fait appeler le Poison...

Le nez se plisse, petit reniflement : Une fine odeur de méchoui. Menotte qui vient instinctivement se poser sur le bedon, il fait faim et ça s'entend là dedans. La gamine s'empourpre alors que natsuki pose sa dernière question... « On fait quoi? ».
Les épaules se haussent, paumes levées le ciel, elle ne sait pas. Elle reste sur la pointe des pieds et s'approche discrètement -aussi discrètement que peut le faire Calyce, c'est à dire en se prenant les pieds dans un truc qui traine, elle tombe et se relève tout aussi discrètement- du lit.

Prudente mais curieuse, la gamine se penche sur l'endormie qu'elle regarde toujours en plissant le nez : Elles respire donc pas morte. Les émeraudes vagabondent encore un peu à la recherche d'un petit quelque chose à voler quand elles finissent par tomber sur les mains... Le doigt.... Le minois pâlit, la tête tourne


Elle... Elle...

Elle bafouille, les mains viennent se poser sur les joues, affolée...

Nats... Haaaaaaaaaaan... Papi y a mangé le doigt !!!

_________________
Natsuki.
Natsuki reconnaissait une chose à Gennes, c’était que l’atmosphère y était envoûtante. Entre les toiles d’araignées diverses et variées ornant les tableaux d’un maître à l’art si spécial mais si bien maîtrisé (elles paraissaient vraiment naturelles), les pierres datant d’une autre époque -comme quoi à l’époque déjà- et les cris poussés en pleine conversation philosophique; il y aurait plus d’une petite fille qui aurait eu peur. Par ailleurs, il y a eu dans ce château plus d’une petite fille qui avait pris peur. Natsu était la dernière en date, et ce à cause de son amie. Car si son hôte était anthropophage, la donne était différente. Il lui fallait analyser ça sous le bon angle.

Il manquait donc un doigt de poison. Bon. Natsuki ne parvenait pas à trouver d’explication rationnelle à ce fait. Cela aurait pu être la goule qui le lui avait dévoré, et Laudanum en se défendant l’aurait tuée d’où le cri. Seulement cette explication ne lui satisfaisait pas; elle manquait pour ainsi dire de naturel. Un Finam expérimentant le cannibalisme lui était toutefois à peu près aussi étrange. Donc solution intermédiaire : il lui avait coupé le doigt pour l’offrir à sa goule vorace. Mais cela ne la satisfaisait pas non plus.


En tout cas elle dort bien : elle n’a pas entendu ton cri…

Il lui était bizarre il est vrai que de voir cette Laudanum se prendre pour l’Aurore aux doigts piqués; les quelques fois qu’elle l’avait vue en taverne lui avait donné l’impression d’avoir affaire à une carnassière, dangereuse mais que l’on pouvait toucher, provoquer, répliquer et attaquer sans gros risques; du moins avec moins de risque qu’avec un colosse ou un Maleus. Et comme la petite avait du répondant quand on la provoquait -ce que ne manquait jamais de faire Laudanum- la situation était toujours tendue. Tant et si bien que plus d’une fois les femmes de Loches ou Chinon, je ne sais plus, groupies de son père probablement, avaient demandé à la petite de prendre garde que, pardi cela serait dommage que de gâcher un si beau minois pour de si futiles choses.

Alors qu’elle disait à Calyce que, ben y’avait aucun monstre surnaturel et que si l’humain voulait dormir après tout pourquoi pas, et que il fallait vraiment se dépêcher car par sa faute elles avaient pris du retard car n’a-t-on pas idée que de vouloir chasser les chimères à son âge hein Calyce ? Qu’il fallait un peu grandir. Alors qu’elle débitait toute sa mauvaise foi sur la pauvre Dénéré qui n’en demandait pas tant donc; la tourangelle s’aperçut que, ben pour acheter des cadeaux il lui fallait son argent et que c’était précisément sur sa bourse que dormait la scarifiée. C’est donc précautionneusement qu’elle pénétra dans l’alcôve étouffante. A pas feutrés elle s’approcha lentement du lit, car il lui fallait aller dessous le sommier pour récupérer son précieux pécule. Dessus elle les jambes se balançant dans le vide. Laissons là la pour le moment.

Au même moment, à 200 lieues de là, Hubert la marmotte se réveillait. Hubert, dont la femme ne cessait de rappeler chaque matin que….

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Laudanum
Le noir, silencieux. Le poison avait bel et bien perdu conscience. De ses veines de scélérate s'étaient échappé beaucoup de précieux liquide, elle n'avait peut-être pas cautérisé à temps. Et elle flottait là, veuve noire lovée dans l'obscurité rassurante du néant, là où on ne rêve pas.

Un instant seulement, le temps d'un claquement de doigt, et elle finit par entendre un cri. Un cri qui raisonna si faiblement qu'il lui semblait être l'écho de son propre hurlement, revenu d'un long voyage, ou alors les enfers la saluaient déjà, acclamant son retour au royaume des ombres? Y retrouverait-elle son empereur disparu, son cher Saens, pendu la corde au cou, venu récupérer sa chemise et ses lèvres?

Elle y songea et en un éclair elle le vit, aussi clairement qu'un fond de bière dans une chope, son port souverain, ses yeux hyalins et sa barbe de trois jours!
*Ah amant maudit, engrosseur de brunes insipides, il a fallu que tu t'en ailles finir tes jours au pilori. Comme ma lame eut été douce pour apaiser tes jours mauvais, que tu m'eusses seulement demandé de t'achever, tes sangs consommés par ma bouche.* (On ne saura jamais si le passage qui va suit n'est que le fruit du délire d'une folle fiévreuse, ou les paroles navasiennes d'un sang bleu de cornouaille)


Et il se tenait là l'ectoplasme plus vrai que la mère Michel, lui murmurant d'une voix légère..."Mon petit suc de pavot moucheté...vous aviez promis d'être sage...votre hanche, votre main, voyez dans quel état vous vous mettez quand votre verve s'exalte"

Elle se sentait vibrer à nouveau, plus vivante que tous les jours ayant suivi son départ. Elle retrouvait sa veinure et s'y ancrait comme une saloperie de sang qu'elle était à son goût. Sa poitrine tambourinait la gigue malgré la nappe de coton qui l'enveloppait, elle pouvait même sentir son souffle autrefois perdu faire s'envoler quelques mèches de cheveux.

Elle tendit la main pour caresser son visage et ce fut sa main valide qu'elle souleva pour de vrai et le visage de Calyce qu'elle vint effleurer. Malheureusement, l'image de son amant commençait à se fondre lui aussi dans l'obscurité, elle tenta de se rapprocher pour le retenir, ou au moins le rejoindre pour y partager son règne posthume.

Elle releva le buste et se retrouva nez à nez avec l'enfant, qui écarquillait les yeux de stupeur tandis que Natsuki se trouvait en inconfortable posture.

Mes...mes veines...Saaeenss...! Elle ouvrit les yeux et resta plusieurs secondes hébétée, troublée par le rêve qu'elle venait de faire, puis elle revint à elle, se rappelant peu à peu de la soirée qu'elle avait vécu et ses traits se déformèrent par la confusion.

Q..qu...maIS..QU' EST-CE QU'...QU'EST-CE QUE TU FAIS LA TOI ?
Calyce.
Elle n'avait rien demandé et n'avait envie que d'une seule chose : Partir loin. Immobile, le regard reste rivé sur le poison amorphe. Le discours plein de mauvaise fois de la tourangelle lui entre par une oreille pour vite ressortir par l'autre. Son attention à elle reste captivée par la main de Laudanum, l'minois figé en une grimace qui reflété tout à fait son ressenti : Curiosité, dégout, pitié, inquiétude, peur... Je vous laisse imaginer la grimace hein.

Hébétée, pour pas changer, elle reste passive alors que Natsuki part à l'aventure sous le sommier... L'envie de la retenir est là, lui dire que c'est du suicide : Elle allait réveiller l'ex mercenaire. Laudanum ne serait pas contente c'est sur, elle le sait pour l'avoir croisée quelque fois. Brune pas commode qu'avait le don d'impressionner la mioche rien qu'en soulevant le sourcil... Y avait des gens comme ça.

Mais à peine a t elle ouvert la bouche qu'elle aperçoit une mèche ébène s'envoler légèrement sur le front de l'endormie. Les émeraudes comme des billes, le souffle se coupe quand elle voit la main se lever et finir sa courte course sur son petit minois. Calyce déglutit, larmes qui montent en même temps que la jeune femme se redresse... Et puis elle parle la mutilée. Ses veine ? Elle y avait pas touché à ses veines elle ! Ce n'est plus de la peur qu'elle ressent là la Dégénérée, c'est plus fort que ça, l'est terrorisée. Courir et disparaître dans le grand château mais les petons semblent fixés au sol...

Mais l'poison a l'air un peu perdu, réveil difficile... La brunette se met à espérer... Avec un peu de chance la douleur due au doigt sectionné se ferait sentir et la ferait de nouveau sombrer dans un lourd sommeil...


Q..qu...maIS..QU' EST-CE QU'...QU'EST-CE QUE TU FAIS LA TOI ?

Ah bah non. La gamine sursaute avant de reculer d'au moins deux pas. Index pointé en direction de sous le lit...

C'pas moi, c'elle !!!

Elle n'avait pas tort hein. Calyce voulait juste aller acheter un cadeau à Maeve pas aller à la course aux bizarreries...

_________________
Natsuki.
... et ses moustaches frisaient, comme à chaque fois qu'il se mettait en colère. Il faut dire que sa femme était pénible de faire le même rituel chaque matin, ce n'était pas digne d'une marmotte ça. Mais laissons ici ce couple et sa crise, ne faisons pas trop de voyeurisme : il y a ici une morale à préserver.

Qui n'a jamais eu à récupérer une pièce qui, à force de rouler, de s'échapper de nos doigts glissants, trouva cachette dans une rayure que le parquet lui offrit ? C'est précisément ce que croyait Natsuki dans ce cas là. La bourse avait été récupérée, mais elle cru qu'un peu de son pécule était sorti de son habituelle escarcelle et s’était incrusté entre deux lattes. Ceci est la raison de sa passivité quand à la réaction de Laudanum suite à son propre délire, son rêve composé de danses macabres : elle était trop occupée à ramasser ce qu’elle avait cru perdre. Bien évidemment il ne manquait strictement rien dans sa fortune personnelle.

Mais il y eut mouvement, il y eut paroles fortes, paroles de surprises, paroles d’accusation, de traitrises, paroles de peur, paroles effrayées certes, paroles justes admettons le, mais cela ne pardonnait rien. Il y eut mouvement derechef, le lit craqua sous le poids du poison retiré -non pas qu’elle pesait, mais lui était plutôt mauvais. Action, réaction, Natsuki se releva. Elle avait juste oublié qu’elle était encore sous le lit. Sa tête heurta donc ce dernier. Puis elle rampa hors de sa cachette, bourse en main, se remit en droite position tandis que Laudanum et Calyce l’observait.


Non ben c’est pas ma faute à moi non plus, je récupérais juste les sous qu’on m’avait caché, car il faut que j’achète le cadeau de Maeve, et que c’est pas moi qui ait fait quoi que ce soit, et que si je suis ici c’est car ici c’est ma chambre et qu’il faudrait plutôt que ça soit vous qui me le dites, et que pourquoi vous avez allumé la cheminée, il fait trop chaud à présent, même que j’ai chaud aussi. Puis aussi pourquoi faut il tout le temps que vous posiez des questions et que vous soyez agressive alors qu’on vous a rien fait ?

C’était dit.

A noter que monsieur marmotte avait à peu près, et dans le même temps, le même ton. Mais il parlait en marmotte lui. Ce qui est normal enfin de compte.

_________________
Laudanum
[Plop!]

La bulle éthérée dans laquelle elle avait trouvé un peu de repos venait de fondre dans l'air. A la place avait ressurgi la douleur, le bruit de sa propre voix s'éveillant avec hésitation, puis surgissant pleinement avec toute la force provoquée par la confusion. Immédiatement sa main gauche vint trouver le bord du lit pour prendre appui et une grimace de l'en faire changer d'avis. Devait-elle s'étonner de se trouver nez à nez avec une enfant dans sa propre demeure? Si elle avait détenu un titre attestant qu'elle était bien la propriétaire du château, et non obtenu après d'âpres négociations l'usufruit d'une aile, certainement. Mais en attendant, la jouissance s'apparentait à une possession de fait jusqu'à preuve du contraire, et la gamine n'étant pas venue la trouver pour implorer l'asile-qu'elle aurait purement refusé par principe- elle se sentait le bon droit de demander des comptes.

C'pas moi, c'elle !!!

Un visage d'ange cette poupée...Menteuse! Les gosses mentent toujours.

"Elle", c'était Natsuki, la fille du vieux con, pour faire court. L'enfant a qui elle avait appris le mot "inceste". Qui avait bien grandi, ou dans le cas présent, rapetissé à se trouver si près du sol. D'ailleurs on ne la vit pas jusqu'à ce qu'elle se ramasse et se hisse enfin sur ses deux jambes. Ce faisant on fit bien plus que voir, on entendit, le poison, la Calyce et sans doute quelques acariens, un déluge de mots, une vague lancée en guise de bouclier, qui engloutit tout sur son passage, y compris l'ouïe, que le poison perdit pour se muer en poisson sourde dans le grand bleu.

Moment de silence.

Une seconde? Deux, trois, ou quatre?

Deux sourcils qui se froncent, clé de si bémol. Ahh comme j'étais bien dans ma bulle, à contempler la lune...quoi l'Afrique? La voilà elle aussi qui grandit, qui quitte le nid à plumes encore chaud, se remet debout sur ses deux jambes, l'une à sa gauche, l'autre à sa droite, et une plaie qu'elle oublie, tandis qu'elle les surplombe de son mécontentement.


Petite peste si tu n'veux pas que j'me venge sur ton minois tu va baisser d'un ton ....Et j'te le dirai pas deux fois! Je vais t'en filer de l'agressivité...

Ici c'est pas l'hôtel et vous êtes chez moi. Il se trouve que le barbu propriétaire des lieux est accessoirement associé avec moi et qu'à ce titre je possède maintenant l'aile droite.

Et...foutre alors, ou sommes-nous? Justement dans l'aile droite. Donc demoiselle qui se croit maligne, tu auras saisi que TA CHAMBRE se trouve dans MON AILE.


Et pour elle-même : va m'entendre causer l'crépu à louer la bâtisse sans m'en parler.

Elle parle, elle parle, regagnant un soupçon de vigueur, un soupir de flamboyance, ne renonçant jamais à ses attributs verbeux. Elle reprend son souffle aussi, marque à nouveau une pause, puis une demi-pause pour s'envoler, lyrique...

Quant à toi! S'écrie-t-elle en s'avançant vers la plus jeune, puis sur un ton plus doux : C'est vilain de mentir et de dénoncer ses camarades. Si j'étais ton professeur, je te...féliciterai. Tu présentes déjà les traits de la fourberie. Dangereuse mais utile.

Pour chuter enfin dans une sombre mélopée, andante cette fois. Et les charbons de s'éteindre sur la main souffrante.

Emportez vos babioles et fichez-moi l'camp d'ici moucherons! J'attends de la visite et je veux pas de gamins dans les pattes! Faux, bien sûr elle n'attend personne, mais elle compte bien envoyer la bonne chercher un médicastre et des onguents.





J
Natsuki.
L’aile droite ça veut rien dire car suivant que par où l’on regarde, la droite devient la gauche et la gauche la droite. Et si je décide que cette aile est la gauche quand je vous regarde comme ça, ben j’aurais raison, voilà.

Parbleu, c’est que son honneur était en jeu. Alors quand on décide de l’empoisonner avec de sauvages paroles, la tourangelle réplique avec une répartie pleine de bon sens. Fille d’un vieux-con à la rigueur, mais il ne fallait surtout pas oublier le vénérable devant. Et qui dit vénérable, dit à vénérer, c’est logique. Donc honneur. Donc caractère donc réplique. La chose eut lieu avant les félicitations adressées à Calyce -qui avait encore ses deux oreilles pour entendre. Par ailleurs à cette réplique elle ne répondit que par un changement brusque de faciès, que Laudanum ne put voir puisqu’elle regardait Calyce.

La Dénéré était par ailleurs bien mal partie dans sa quête pour l’intégrité si au lieu de subir admonestations, elle se faisait congratuler. Mais il faut avouer que Gennes n’était pas le lieu le plus propice à cet épanouissement. Attachons nous à présent à un spectateur qui ne fut pas encore décrit : un rat. Ceux qui me demanderont comment vais-je faire pour introduire ce rat, à ceux-ci je leur répondrai cela : il était le cousin de la femme d’Hubert la marmotte, et était par ailleurs leur sujet de dispute à lui et sa femme.

Je rigole…

J’avoue que cette marmotte commence à me tarabuster, marotte et mascotte de mes écrits, j’ai un mal fou à m’en débarrasser. Il faut dire que toutes mes actions boursière dans une chocolaterie me firent perdre 1000 écus. Ou euros je ne sais plus. L’on s’en tire comme on peut. Mais reprenons…

Si un fou devait d’aventure compter -par gage ou par plaisir au choix- les habitants de Gennes il le deviendrait d’avantage et serait même obligé de réinventer les mathématiques probabilistes, redéfinissant ainsi les martingales et les divers instruments, d‘ailleurs la probabilité serait étendue à deux. Passé les humains et les divers animaux de compagnie -goules, vampires et autres dragons que l’on trouve dans n’importe quel château digne de ce nom (du moins selon Natsuki)- il s’attacherait aux insectes. Là est la première pénible tâche, la population étant tellement énorme qu’un véritable macrocosme s’est développé dans le château, et les volants voyant leur nombre varier chaque seconde, de part leurs naissances, et de part leurs morts provoquées par les araignées. A ceci s’ajoute les rongeurs. Ils sont présents dans chaque chambre, vivant dans les murs, ils volent tout ce qu’ils peuvent pour survivre. Il en faisait partie. Disons à présent que Natsuki avait posé sa bourse sur le lit -bourse pleine, parfaitement pleine, pas un seul écu ne dépassant- et que de belles pièces d’or étaient reflétées par le peu de soleil entrant dans la pièce. Le décor est placé, le drame peut se jouer.

Le rat avait vu les écus. C’était jaune, rond, gros : ça se mangeait et il fallait en voler. Natsuki tournait le dos et parlait :
Ben heureusement que les enfants étaient là hein ? Le rongeur s’approche à quatre patte du lit, grimpe et va sur les droits. Car à force de vous prendre pour la moche au bois dormant dans MA chambre de VOTRE aile, ben vôtre rendez vous toussa, il allait être perdu hein ? Lentement il se déplace sur les draps et arrive au niveau de la bourse, Natsuki toujours à sa diatribe ne se retourne pas. Car vous dormiez, dormiez dormiez, même que si on était arrivées avec de grands grands sabots, du genre qu’on trouve que dans les chaussetiers -et encore les bons- et qu’on vous aurez fait bam bam dans le sol, vous auriez encore dormi. Il renifle la pièce, hmmm ça a l’air bon, la prends entre ses petites pattes et la fait rouler hors du lit.

Sitôt le forfait commis, bien loin de se douter de ce qui se tramait dans son dos, Natsuki se retourna, d’un geste vif prit sa bourse délestée ainsi d’un écu (mais ceci elle l’ignorait, ou plus précisément le savait pour les mauvaises raisons), d’un ton sec lâcha un « puisque c’est comme ci nous on s’en va, je vous souhaite pas le au revoir » partit et claqua la porte. Quelques secondes plus tard elle revint dans la pièce à la plus grande stupéfaction de Laudanum, récupéra je ne sais quoi, une sorte de vêtement, dit « et ne me volez pas mes affaires » .

A noter que le rongeur ne put porter son trophée dans sa tanière, la pièce se coinçant entre deux lattes du sol, précisément à l’endroit où Natsuki cherchait. Hasard des coïncidences
.

Edit : troncature d'un bout de phrase inintéressant pour faire coller au post de lulu
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Luciedeclairvaux
Si à l'est, l'aile droite appartenait à la Poison, l'aile ouest était bel et bien le domaine de l'Ange. Une chambre, puis deux, ... rien n'était assez grand pour les expériences de Blondie, et des catapultes miniatures trainaient au milieu d'essais de charpentes, de lames non forgées et autres objets métalliques non identifiés. Le tout recouvert d'une certaine dose poussière, puisque Blondie était partie s'enterrer en Bourgogne depuis des lustres. Trop de lustres ...

Cette nuit-là, le voyage se terminait enfin. Ils avaient bravé le Berry pour rentrer tout droit, au plus vite, planquer un otage et se chauffer les miches à Saumur. Puis au petit matin, une fois la mission accomplie et le groupe en sécurité, Lucie avait laissé "l'esclave" à Armand, et était rentrée à Gennes, seule.

Arnulf avait bien proposé de l'escorter. Mais elle avait haussé les épaules, et l'avait laissé là, avec son air de chien battu, pour fendre les matinales brumes et voir à nouveau s'élever le château de son père, austère, imposant.



Les bras en croix, elle s'affala en travers du lit, sur le dos, et laissa le sommeil l'envahir.
En vain.
Toujours revenait devant ses yeux le visage de cet humain qu'elle avait osé aimer, à ses oreilles sa voix rauque, sur sa main la chaleur de sa main, leur unique contact ... Pas conçue pour aimer, l'Ange. Pas faite pour endurer ces tourments-là. Elle rentrait dévastée, rongée ... déchue.

Lucie se recroquevilla sur le coté et ramena sur elle un pan de drap. Ne plus sentir sur elle ce spectre, ne plus entendre son appel. Mourir et renaître, redevenir l'Ange qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être, avec ce goût amer dans le cœur, cette sensation d'avoir frôlé terre, l'espace d'un instant, illuminée d'un feu inconnu aussitôt recouvert. Sensation d'avoir été humaine, de chaire, d'avoir touché une terrestre vérité, du bout du doigt. Avant d'être happée à nouveau par l'éther ... Condamnée à n'aimer point, ange de glace et de vent.

Même les larmes ne coulaient pas. Ou bien était-ce ces cristaux de verre qui cliquetaient sur le sol, en un déluge ahurissant. Lucie s'éveilla en sursaut ! Quel était donc ce vacarme ? Cela venait d'en face ? Les petites protégées de Finam commençaient à l'agacer sérieusement.

En longue chemise blanche, les cheveux d'argent défaits sur ses épaules, elle traversa le château, nus pieds, bien prête à calmer tout ce petit monde pour enfin pouvoir dormir. Dormir avant de devenir folle !

Mais en voyant, par la porte entrebâillée par Nats, qui se trouvait là, les mots lui manquèrent singulièrement ... Ange et démons ne s'étaient pas croisées ici depuis la nuit des temps. Pourtant, toutes deux y séjournaient fréquemment.

Elle se reprit et entonna d'une voix forte :


Allons, la marmaille, cessez donc d'importuner la vieille sorcière, ou elle vous bouffera toutes crues !


La blanche et fantomatique blonde faisait peut-être figure d'apparition. En tout cas, elle avait bien l'intention de leur foutre une peur bleue. Par tous les saints, et par sainte Lucie, que faisait Finam avec tous ces enfançons dans la maison ? Avait-il l'intention de les engraisser ?
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Calyce.
L'vieux lui avait parlé de son associée qui vit aussi chez lui, mais en aucun cas il n'avait parlé d'une histoire d'aile droite ou gauche. Puis quand bien même, l'architecture et elle... En y parlant d'ailes, elle se serait contenté d'un « Haaaan ton château il vole ?! ».

C'est même la question qui lui trotte dans la tête alors que le poison se déplie pour se mettre sur ses deux jambes... Calyce n'entend rien de « l'explication » faite à la tourangelle, trop occupée par l'image du château volant au dessus des nuages. Et sans s'en rendre compte un sourire niais lui fleurit sur les lèvres. Sourire qui s'envole quand le ton de l'adulte monte d'un cran. Une Laudanum qui s'approche dangereusement.

On recule doucement jusqu'à se retrouver dos collé au mur, menotte qui triture les doigts de sa congénère... Et la tirade qu'elle voyait finir par une torgnole bien placée s'achève étonnement par des félicitations. La moue contrite qui lui collait à la frimousse laisse vite place à un sourire fier. On y reconnaissait un talent, c'pas rien... Pas faite pour l'intégrité faut croire.

Et puis de suivre le regard du poison qui finit là sur la main blessée... Question qui lui brûle les lèvres...

C'papy ?

Bah ouais, si elle couche sous le toit d'un cannibale autant le savoir. Qu'elle soit pas étonnée de se voir une partie manquante un petit matin...

Et puis c'est au tour de son amie de répliquer. Et quelle réplique... Calyce n'y fera pas attention non plus. Pas qu'elle soit prise par son imagination fertile cette fois, non. C'est autre chose qu'attire son attention. La progression extraordinaire d'un rongeur... Tête penchée, elle regarde. Le rat qui tel une pie semble être attiré par le brillant de l'écu sur le lit. A en croire la rapidité de son escalade de literie, c'est un rat de compétition... L'écu roule, roule et finit... Pas le temps de voir où il finit, la mioche sursaute au claquement de la porte. Aaaaaaah Nats était partie en l'oubliant... Ah bah non, elle revient... Pour mieux repartir faut croire...

Zou ! On prend vite la clef des champs, elle évitera l'aile droite à l'avenir..

Le nez se lève vers Laudanum..


Euh désolée... On r'fera plus, promis. On ira dormir avec...

Allons, la marmaille, cessez donc d'importuner la vieille sorcière, ou elle vous bouffera toutes crues !

Aaaaaaaaaaaaaaaaah !


Non, elle ne reconnaît pas de suite Lucie. Après la mutilée, vlà l'fantôme.. C'en est trop ! Si l'vicomte voulait se débarrasser des mômes, il avait qu'à le dire, pas la peine d'envoyer tous ses copains étranges.

Calyce se retrouve rapidement derrière le poison, y agrippant la chemise... On s'cache comme on peut hein.

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Laudanum
C'était simple, elle avait dit dehors, fallait-il encore discutailler? Mais Natsuki envoyait sa diatribe du haut de son menton pointu et de ses quinze printemps, ou approximativement, à vue d'oeil. Le poison elle, fronçait les sourcils, énervée par la douleur, agacée par son réveil trop brusque, piquée par son allergie aux enfants. Sa patiente était limitée après ce qui s'était produit la veille en taverne, sa dette payée et malgré cela la meute s'acharnant à tenter de la briser, tandis qu'elle résistait, drapée dans son orgueil de folle. Ce matin là, elle se sentait d'humeur à distribuer des coups.

Tu la veux dans la gueule ma droite? Bah quoi, c'est pourtant simple, la gauche, c'est l'éclopée, la droite c'est là où on peut compter cinq doigts.

Le seul côté que tu vas voir c'est la sortie maudite gamine insolente! Tu squattes mes pénates sans verser de loyer, et t'es même pas foutue de respecter le proprio!

Voilà ce que ca fait les seins qui fleurissent, les poussées d'hormones : de vilaines choses qui pensent avoir la science infuse, armées d'un toupet acnéique. Le poison ne connaissait qu'une méthode pour éduquer cette espèce, le bordel, et le tabassage en règle. Rien d'autre ne marchait et d'ailleurs ses menaces étaient largement couvertes par le son aigu de ses élucubrations. C'est tout juste si elle avait fait attention à la question posée par Calyce, encore si jeune, à l'âge de tous les possibles.

C'papy?

Non, répondit-elle soudain, entendant enfin la question posée gravement. Un amant éconduit...Tu ne peux pas comprendre.

Elle ne mentait pas, en un sens. Personne ne la mâterait, pas même le diable!

Et si l'envie me prend de pioncer jusqu'à la prochaine lune dans un pieu qui m'appartient ca n'regarde que moi!


Elle comptait bien avoir une chance de mourir en paix, manquait plus qu'on décide à sa place. La gamine n'avait pas du entendre, vu qu'elle claqua la porte. Mais elle revint presque aussitôt et Laud manqua de s'étrangler de colère lorsqu'elle vint s'emparer d'une frusque posée sur le lit en l'accusant d'en avoir après ses affaires. C'est sûr, elle allait finir par l'étrangler avec.

Elle s'apprêtait à chercher frénétiquement un objet suffisamment lourd pour lui balancer à la figure, mais elle fut stoppée dans son élan par une voix venue de l'embrasure de la porte. Elle manqua de s'effondrer en l'entendant, reconnaissant dans ce timbre cet esprit familier et alors qu'elle tournait la tête vers la porte, aperçut une longue chevelure dorée entourant un visage d'ange. Depuis quand...

Aaaaaaaaaaaaaaaaah !

Plop. Un infime moment de flottement où le démon retrouvait la grâce et la folie, interrompu à la vitesse de l'éclair et d'une petite paire d'amygdales. La mioche s'agrippe à la chemise, s'estimant peut-être plus en sécurité auprès du vilain poison. Mais le poison veut fuir, fuir le plus vite possible, à l'autre bout du royaume. Premier réflexe face à la vague qui vous submerge.

Elle attrape du bras droit l'enfant qui s'agrippe et la repousse sur le côté. Ses yeux ne cessent de la regarder, de surprendre ses traits changés. Elle ne sait pas quoi dire, comme elle n'avait su quoi dire lorsqu'elle avait écrit, pour ne pas être brutale, et fatidiquement fatale. Dans ces cas là, rien ne vaut un tiers pour faire office de dérivation. Et elle en avait deux pour le prix d'une.


Ces morveuses campent ici illégalement. J'vais tuer Finam, il ne m'a pas prévenue. Et elles aussi, si elles n'ont pas décampé dans deux secondes.

Alliant le geste à la parole elle pousse Calyce vers la porte et attrape de sa main valide Natsuki, qui la dévisage outrée avant de se débattre et se diriger elle-même vers la sortie. Sans attendre de les voir franchir le seuil elle se retourne, les ayant totalement oublié pour se plonger dans le regard d'une apparition et de murmurer :

Lucie...tu es de retour...
Natsuki.
Le diable peut parfois avoir des accoutrements inattendus, prend garde Laudanum. Loin de moi l'idée de faire passer ma wonderlandgirl pour le démon en question, il s’agissait d’une simple mise en garde, ainsi les chevaliers du roi Arthur furent terrassés par un simple et à priori inoffensif petit lapin blanc. Donc… Action réaction, reprenons ; à la question de savoir si Natsuki la désirait dans la gueule la droite, la réponse est oui : et celle du loup même, car un chien ça fait moins mal. Mais elle ne put placer cette réplique, les évènements étant. Je désirais juste mettre une ou deux petites choses au clair dirait monsieur Delune.

Puis évènements déjà racontés, une Natsu récupérant ses affaires, rien d’intéressant. Elle ne put même pas voir le danger du poison, car elle ne la regardait pas, puis une blondie arrivant et une Calyce se cachant. Lucie, bizarrement la blonde était pour elle associée à une amie, non pas qu’elle l’était particulièrement, mais les souvenirs étant ce qu’ils sont…Associée à Loches et associée au Berry, voilà ce qu’était blondie dans l’esprit de Natsuki.


Oh que oui qu’on va décamper et pas plus tard que maintenant même. Viens Calyce, on va chercher un cadeau pour Maeve, au revoir Lucie, on va chercher un cadeau pour Maeve.

Puis juste avant de sortir définitivement, rouge de colère et de chaleur de la pièce, elle sortit son ultime réplique :

Et si quand je reviens vous êtes toujours dans ma chambre, ça va barder pour vous !!!!
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