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[RP] Tribulations anodines

Luciedeclairvaux
Effet escompté, les petites s'évanouirent dans les couloirs sombres du château. Sans doute reviendraient-elles, fières et intrépides lucioles, bruyantes et inconscientes. Lucie n'avait pris garde à leurs mots, à leurs regards, habituée à côtoyer cette jeunesse toujours renaissante. Elle était ailleurs, captée. Ses azurs de glaces s'étaient accrochées aux lueurs noires de la démoniaque Laudanum. Oscillant entre crainte de la voir se calfeutrer derrière la lourde porte de bois, et soulagement de l'avoir retrouvée. Hésitant entre l'abandon à sa joie et le repli silencieux.

Toutes deux avaient bien changé, sans doute. Des cicatrices en plus, sur leurs peaux diaphanes, témoignaient d'une vie sans concession, de combats, d'acharnement. Les silhouettes s'étaient étoffées, et même la longue chemise de l'ange laissait deviner des courbes nouvelles et puissantes. Mais sous ces apparences-là, Lucie ne voyait, ne voulait voir que ses prunelles éclatantes, sa fureur contenue, sa tendresse tenue. Réservée à quelques uns. Alors défila dans sa mémoire toute une vie de heurts, de départs et de retrouvailles, de folies ... Depuis les Flandres de leur tendre jeunesse, jusqu'au bout des Royaumes, jusqu'à se retrouver pour une Compagnie. Zoko. Un duel contre Felina aida Lucie à chasser ses fantômes. Finam lui donna une famille. Maleus des armes. Fin de la poursuite. Puis le démon était reparti, mais cette fois, l'Ange n'avait pas suivi. Lasse ? non. Amoureuse de ses catapultes. Amoureuse de cette vie dans la horde, des coups de dents, des amitiés inconditionnelles. Amoureuse de son maître d'armes, de sa forteresse, ses missions, des voyages.

Elle posa avec tristesse les yeux sur la bague, ou plutôt l'absence de bague.
L'absence de doigt, même.
Seule Laud manquait à cette vie-là, mais la suivre plus avant c'était sombrer au-delà des frontières de la raison, perdre à nouveau ses ailes, et puis ... Et puis retourner en Flandres était au-dessus de ses forces. Revoir Zorg était au dessus de ses forces ... Et la brune y retournait, Lucie le savait. Une lettre pour annoncer le départ déjà exécuté, lui était parvenue. Lettre inattendue, mais pourtant si bien comprise. C'était la guerre du Berry. Se battre, recoudre les amochés, ne plus penser. Puis les mois, les années avaient coulé sans pitié, avant que sa réponse ne fuse, récemment, depuis la Bourgogne. Sous l'impulsion d'un colosse blond et plus romantique qu'on ne pourrait croire, Blondie s'était décidée. Elle n'écrivait jamais, à quiconque, ou juste pour l'essentiel. La réponse fut donc brève. Puis plus rien, le silence. Un silence qu'il ne lui appartenait plus de rompre. C'était pire.

Oui, je suis là, Laud ...

Silencieusement, elle s'approcha et prit conscience de la pâleur de la brune. Sa main esquissa un geste, comme pour caresser la joue du Poison, encore alentie par de maléfiques ondes et cette crainte qui lui pulsait dans le cœur.

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Laudanum
Combien de fois l'avait-elle vécu? Au seuil d'une taverne brugeoise, la hanche fêlée dans un cloaque artésien, au croisement d'une route bourguignonne, à la lisière d'un champ de blé. Un nombre incommensurables. Les visions se succédaient, images superposées de chevelures indomptées, de paradoxes se touchant du bout des lèvres, de luttes démoniaques et d'angéliques errances. Et toutes s'évanouissaient contre les claquements de portes ou sous les sabots d'un cheval. La nature sombre et abrupte du poison reprenait le dessus sur une réalité qu'il fallait dominer coûte que coûte. L'orgueil et la folie la menaient en avant, quitte à y laisser ses plumes. La Zoko la jugeait trop associable entre les combats, ce qui la décida à prendre ses distances de façon radicale. Tandis que Lucie s'épanouissait au sein de ce qui était devenu sa famille, Laud se mutinait et jetait sa bague, quittant Lucie malgré elle, rompant avec sa promesse.

Se sentant incomprise, sa personnalité se renfrogna un peu plus, ne s'ouvrant que par caprices aux charmes de la vie en société et des rencontres. Un blond qui partagea ses nuits quelques semaines et qu'elle laissa aux portes de Flandres pour affronter seule son passé. Fantôme de Zorg omniprésent, le revoir ravivait ses espoirs. Avec lui, elle deviendrait plus humaine. Elle ne le revit pas. Bruges sonnait creux, mais un tenancier prétendait avoir dissimulé un trésor. Il n'avait pas menti. Elle tomba amoureuse, d'un brun qui en avait engrossé une autre. Petit suc de pavot moucheté, elle enivra ses veines et oublia ses lettres mortes. Mais il trépassa l'empereur suicidaire et elle retourna à Saumur. Elle y repris ses quartiers à Montmorency, fut mutilée par un colosse et vit un ange après que deux enfants l'aient tirée du sommeil...

Sa caresse fut comme une gifle, les larmes lui montaient aux yeux, faisant scintiller le noir tel un lac éclairé par une lune pleine. Se réveillait avec les souvenirs un sentiment amer de jalousie. Retenant un peu plus l'élan d'affection qui la poussait naturellement dans ses bras.

Elle se tut, avisant le seuil, l'huis était clos. S'approchant elle aussi, pour se trouver à quelques centimètres à peine de son visage, sa dextre vint se saisir d'une mèche de cheveux pour l'enrouler entre ses doigts.


C'est vrai oui...tu es là.

...mais tu ne devrais pas, pas...comme ça. Ce n'est pas guéri et...la plaie n'est pas belle.


Un regard furtif à sa main qu'elle ne parvint pas à crisper sans que son visage en fasse autant sous l'effet de la douleur. La brune était en piteux état, mais sur le visage de l'ange on pouvait lire qu'elle aussi avait eu son lot d'épreuves. Traversaient-elles la route étroite qui mène à la vie éternelle, celle semée d'épines, de nids de poules et de serpents? Si tel était vrai elles avaient mérité leur billet d'entrée.

Le poison avait le choix à présent. Fuir encore, alors qu'elle lui pardonnait sa traîtrise. Elle pouvait aussi s'abandonner à ses sentiments et panser ses plaies dans ses bras. Elle ne mit pas si longtemps à choisir. Son souffle si près du sien venait défaire ses dernières barrières. Avec une fougue décontenue elle l'embrassa, et à nouveau elle n'eut plus mal.
Luciedeclairvaux
Lucie était sur le point de la laisser, de l'abandonner aux démons que seule Laud pouvait surmonter. Non, elle ne devrait pas être là ... les mots murmurés par la brune le lui confirmaient. La Zoko qui les avait rapprochées naguère les séparait aujourd'hui. Et le père, qui verrait cela d'un mauvais œil, car on ne laisse pas libre cours aux sentiments, chez les Montmorency. Et la société toute entière qui, aristotélicienne jusqu'au bout des ongles, ne tolérait pas de telles amours infructueuses.
Et elles deux qui rarement osaient ...

Elle allait se résoudre, baisser les armes et se replier dans ses appartements. Incapable, d'un frôlement d'aile, de surmonter tant de noirceur. Sa main se baissa lentement, mais contre toute attente leurs corps se rapprochèrent, lentement. Leurs lèvres se soudèrent. Passionnément. Un doux mélange de soulagement et de déraison gonfla la poitrine de Lucie et rejaillit en délicates perles de larmes au bord de ses yeux fermés. Ange et démon s'unirent, l'espace d'une nuit, dans l'ombre d'un château hanté.

Leurs gestes, leurs peaux, leurs soupires se reconnurent et se nourrirent les uns des autres. Comme si cette nuit était la dernière. Oubliant les meurtrissures, les blessures. Oubliant l'absence, le temps. Oubliant le sang qui teintait les draps, témoin d'une blessure encore vive. Lucie prit soin de lui faire oublier cette main mutilée. L'aube verrait un pansement, l'aube verrait le rationnel, l'inévitable. Mais pour l'heure, la passion basculait les sens vers de plus divins cieux, buvant la coupe de l'interdit jusqu'à la lie, torturant les vieux murs en vains gémissements.

L'aube ... Lucie la verrait-elle ? Ou mourrait-elle ici,
d'amour,
entre les griffes du démon adulé ...

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Calyce.
[Des mois plus tard...]

La brunette n'a pas pour habitude de se lever avant les poules. Plutôt du genre à rester fainéanter au lit jusque à l'heure du déjeuner... A son âge on a besoin de sommeil pour grandir, et elle avait pour but de devenir très très grande. Mais c'était pas le cas de ce matin là, elle s'était glissée hors du lit bien avant les premiers chants du coq, faisant les cents pas dans la petite pièce qui leur servait de chambre à sa sœur et elle.

Aujourd'hui elle allait enfin apprendre à tenir une épée convenablement et il est hors de question qu'elle déçoive celle qui serait son maitre d'armes du jour en arrivant en retard, ou pire encore, en la manquant... Fallait qu'elle apprenne, bientôt ce sera à son tour de donner des leçons... Faudrait pas qu'on perçoive son manque de savoir faire.

Un brin de toilette plus tard, un baiser déposé sur le front de sa cadette convalescente et voilà la gamine qui arrive au lieu où la blonde zokoiste lui avait donné rendez-vous. Bien avant l'heure précisée, histoire de prouver toute sa bonne volonté. Le soleil ne se montre pas complètement encore... C'est donc pour ça qu'elle lui avait demandé de venir si tôt ? S'entrainer à la fraiche... Assise en tailleur sur l'herbe, Calyce tente de s'imaginer en train de combattre, l'épée à la main... C'est moche.

Elle la voulait son épée, tellement qu'elle avait pleuré bien fort pour que son rouquin de frère la lui offre... Et elle l'avait eue... Cette chose trop lourde qu'elle n'arrivait pas à tenir, qui la faisait ressembler à la tour de Pise quand elle la portait,rangée dans son fourreau... Hum ce n'était pas une bonne idée en fin de compte cette leçon, elle ne ferait qu'exaspérer Lucie... La honte !

La Dégénérée se relève vite et s'apprête à faire demi-tour, retrouver son lit et feindre la maladie quand la Montmorency chercherait à savoir pourquoi elle n'était pas venue...

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Luciedeclairvaux
[Château de Gennes toujours, extérieurs, aube]

Tu as oublié quelque chose ?


Calyce en faisant volte-face se retrouva nez à nez avec la balafrée. Un instant, Lucie se demanda si la jeune fille n'était pas sur le point de capituler avant même d'avoir commencé. Mais cela lui paraissait si inconcevable qu'elle n'insista pas. Elle approcha d'un pas encore, et tira l'épée du fourreau de Calyce pour la soupeser et en apprécier l'équilibre.

L'aube pointait. La journée s'annonçait chaude et sereine. La Zoko revenait de mission avant de repartir en balade. Lucie avait donc quelques jours pour mettre sa promesse à exécution : perfectionner la petite, qui n'avait cependant pas attendu son aide pour fréquenter les champs de bataille.


Bien, dit-elle sans lui rendre son arme, maintenant, échauffement. Au pas de course, tu remontes au château, les escaliers de la garde, le chemin de ronde, les créneaux. De la pointe de l'épée, elle désignait tout le cheminement à suivre autour de l'enceinte. Te casses pas la gueule. Tu verras, tu me béniras du choix de l'heure.

Un petit sourire en coin en attendant la réaction de la jeune fille, et Lucie reposa son regard clair sur le château de son père. Vrai qu'ils étaient hauts ces remparts ...
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Calyce.
Pas la peine de partir sur des explications vaseuses comme elle sait les donner, Lucie n'a pas l'air d'avoir compris que la jeune fille voulait rebrousser chemin... Ou peut être qu'elle voulait laisser couler pour mieux se concentrer sur l'entrainement...

B'jour Lucie ! Non non, rien oublié, je me dégourdissais les gambettes...

Non elle ne ment pas, elle allait se dégourdir les guiboles en rentrant au château.

Les émeraudes suivent l'épée qui quittent son fourreau pour se retrouver dans les mains angéliques. Cette épée qu'elle tenait à l'aveuglette en cas de besoin, en mode « ça passe ou ça casse » la mioche. Et faut croire que ça lui a bien réussi jusque là... Jamais la moindre égratignure. Mais la roue peut tourner et elle en a pleinement conscience. Peut être pour ça qu'elle veut apprendre à mieux la manier cette lame...


maintenant, échauffement. Au pas de course, tu remontes au château, les escaliers de la garde, le chemin de ronde, les créneaux.


Gné ?! Les mirettes quittent l'arme pour suivre le parcours que lui montre vaguement Lucie et finissent par se poser sur la zokoïste, grandes ouvertes. Elle attend le moment ou elle ouvrirait la bouche pour lui annoncer en se marrant que ce n'était qu'une blague... C'était une séance d'entrainement qu'elle avait demandé, pas de torture... Elle irait voir le bourreau que ce serait moins rude...

Te casses pas la gueule. Tu verras, tu me béniras du choix de l'heure.


Pas l'air de blaguer, non. Calyce ne grimace pas, ne râle même pas. Elle se contente de hocher docilement la tête et de se mettre en route pour le long périple qui l'attend, faisant preuve d'entrain, elle court la môme...

D'accord, je fais !

Elle trouvera bien une marche où se poser à l'abri des regards... Ou pas.
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Luciedeclairvaux
Lucie regarda partir la jeune fille qui ne devait pas s'attendre à une telle mise en jambe. Mais n'avait-elle pas dit qu'elle voulait se dégourdir les gambettes ? Un sourire étira sa balafre avant qu'elle n'ajoute :

J'te r'garde passer. Et n'oublie pas, en toute chose, savoir garder l'équilibre.

... que la petite ne compte pas faire juste un tour aux cuisines et revenir à peine essoufflée.

Ce disant, elle s'installa dans l'herbe, les mains croisées derrière la nuque, pistant la petite tête brune sur les créneaux qui se découpaient sur le ciel rose.

Savoir garder l'équilibre ... et pour cela ne pas regarder en bas, ne pas regarder où pourrait chuter la Zoko, continuer, pas après pas, sur les remparts de sa foi. Tendre la main aux autres, les laisser apprécier la vue et happer leur regard vers l'avenir.
Pas après pas ...
Lucie regardait rarement en arrière. Si certaines chutes lui avaient déchiré le cœur, elle se savait impuissante à convaincre celui qui ne veut plus croire en la Zoko. Elle posait son regard sur le présent, ses rêves sur l'avenir, et l'oubli sur le passé. Tant de choses pourtant remontaient, parfois, et l'étouffaient jusqu'à l'angoisse. La disparition de Laud notamment. Et le départ de Félina plus récemment.

Le rose du ciel se brouilla. Elle respira profondément pour se soustraire à cette chape de plomb qui pesait sur sa poitrine.
Ses pensées négatives s'envolèrent.
Ils n'allaient pas tarder à repartir sur les chemins. Elle avait prévenu Chaos du lieu où les rejoindre. Ils ne se reverraient pas avant un bon bout de temps, mais elle avait confiance. Il était un bon élément dans la Compagnie, un mercenaire dévoué. N'avait-il pas obéi à Maleus quand il s'était agi de rendre à Félina la monnaie de sa ... bague ? N'avait-il pas répondu présent pour chaque action de la troupe ? Certes, il avait le don pour énerver autour de lui. Mais Lucie avait le don pour s'entourer de grognons ... la Poison, le Borgne, le père, Bubu même. La garantie de ne pas s'ennuyer, de trouver du répondant, de la bagarre. Certes Maleus voyait son entichement d'un mauvais œil, ce qui pour un borgne est plus qu'exhaustif, mais elle-même ne l'avait pas souhaité, pas calculé, c'était arrivé, peu à peu, naturellement.
Pas après pas.
Et à part le combat initial, elle n'avait plus lutté contre ...

Ad eternam ... Un sourire passa sur ses lèvres fines.

Elle se redressa d'un bond en voyant réapparaitre Calyce. Mince, elle ne l'avait même pas vue passer.


Très bien ! Maintenant au travail. Elle lui rendit son épée, dégaina la sienne pour lui montrer des mouvements souples et amples. Elle est un peu lourde pour toi, tu devras entraîner ton bras chaque jour. Ne serre pas trop la main, ou tu t'épuiseras. Forte comme l'ours. Elle la regarda un instant. Tu n'es pas fatiguée là ? non. Alors imagine-toi une ligne, comme le rebord des remparts là-haut. Ne fixes que ton but, fait confiance à tes sensations. Légère comme l'aigle.
Trouve l'équilibre.
Ce n'est pas elle qui t'entraîne vers l'avant. Tu dois la maîtriser. Laisse danser tes pas. Souple comme la biche.
Commence par parer mes coups. Gauche ... droite ...


Pour le premier entraînement, elle ne lui ferait pas le coup de partir à gauche quand elle dirait droite. Juste l'amener à faire corps avec son arme, jusqu'à épuisement. Et la petite avait de la ressource. Elles furent bientôt en nage mais Lucie ne voyait pas le temps passer. Comme à chaque fois qu'elle transmettait son enseignement, elle repensait à sa formation à elle, au Palazzo des Libertad, avec son tout premier maître d'armes, Lorenz. Elle avait 15 ans .. c'était si loin.
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Calyce.
J'te r'garde passer. Et n'oublie pas, en toute chose, savoir garder l'équilibre.

Bon bah la brunette devra parcourir entièrement le cheminement décrit.

Garder l'équilibre...

Conseil qui ne lui servira pas alors qu'elle escalade les marches étroites qui la mènent jusqu'au chemin de ronde... Cet escalier qu'elle monte en courant pour commencer, motivée... Progression qui s'achève à l'allure d'une tortue, essoufflée, déjà. Lucie avait raison, heureusement qu'elle n'avait pas décidé de faire ça plus tard dans la journée, à une heure où le soleil serait haut dans le ciel et où elle se verrait étouffée par sa chaleur. Alors la mioche est partagée entre l'envie de bénir l'ange pour avoir eu la délicatesse de penser à ce détail, ou la maudire alors qu'elle laisse vagabonder son regard sur ce qui lui reste à parcourir...

Garder l'équilibre...

C'était pour ça. Cette traversée du chemin de ronde, dépourvu de rambardes par endroits, qu'elle avait à parcourir . Vertige ? Non, elle est habituée à la hauteur, les nuit passées à surveiller du haut des remparts... Pas pour autant qu'elle fait la maligne la gamine. C'est en faisant attention, de petits pas, le regard qui fixe droit devant qu'elle fait un premier bout de chemin... Et puis il est temps de faire une pause. Arrêt entre deux merlons, hissée sur ses poulaines pour mieux voir ce qui se passe en bas... Sourire en coin quand elle aperçoit un serf qui s'égosille à vouloir faire bouger une vache... Petit plissement de nez et vlà que la môme dégaine le lance-pierre qu'elle trimballe partout depuis ses six ans et concentrée, elle tente de viser la rosse... Pas de miracle. Pas parce qu'elle se tenait à l'endroit où se postaient les archers qu'elle allait se retrouver avec leur talent : le caillou échoue lamentablement aux pieds du paysan. Arhg ! Pas envie de se faire prendre. Un paysan en colère ça peut se montrer dangereux. Calyce fera le reste du chemin à quatre pattes...Retour aux escaliers qu'elle dévale rapidement, une petite course plus tard et la revoilà qui pointe le minois devant une Lucie qui semble pensive...


Très bien ! Maintenant au travail.

Les deux sourcils se haussent, les yeux s'écarquillent... Au travail ? Et le parcours du combattant que je viens de me taper, c'était quoi ? Une sorte de récréation ? Je vais souffrir encore plus ? Tu vois pas que je suis à la limite de la mort là ? J'peux m'assoir un peu ?
Questions muettes auxquelles elle reçoit pourtant une réponse : son épée dans la menotte...
Elle se reposera plus tard, si elle vit toujours après ça...

Les sourcils de se hausser encore plus alors que Lucie fait tournoyer son épée dans la main comme si elle avait été une plume...Elle n'arriverait jamais à l'imiter... Peut être que les blondes étaient pourvues d'une dextérité absente chez les brunes ? Humpf !
Et pourtant, elle restera attentive aux paroles de son professeur, hochant la tête par moment pour montrer qu'elle a compris, tiquera à la comparaison avec l'ours-hors de question qu'elle ressemble à ce genre de truc un jour- … Elle finit par comprendre qu'elle devra faire une avec son armé, finir par la voir comme une alliée et non plus comme un fardeau qu'elle doit trainer partout pour se donner un genre de guerrière...

La pratique arrive...

On tente de parer les coups. La mioche s'attend à se voir feinter par Lucie. Elle se trompe en se faisant avoir par elle même, voulant éviter des coups qui n'arrivent pas de là où elle s'y attend... Mais les quelques coups qu'elle arrivent à esquiver lui donnent envie de continuer malgré la fatigue qui se fait de plus en plus grande et à laquelle s'ajoute la soif... Le soleil commence à se montrer un peu plus et avec lui cette chaleur qu'elle redoutait... Fatigue et soif qu'elle taira un moment. Vraiment pas envie de décevoir le bon prof qu'elle avait la chance d'avoir rien que pour elle...

Les épées continueront à s'entrechoquer jusqu'à l'épuisement de la brunette qui se laisse tomber sur l'herbe. Main moite qui vient dégager son front des mèches ébènes qui s'y étaient collées. Regard larmoyant,mi- implorant mi-confus levé sur son bourreau aux cheveux dorés...

J'veux boire, j'vais mourir Lucie !!

Bah oui, elle a atteint les bornes de ses limites la brune Dégénérée...
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Luciedeclairvaux, incarné par Calyce.
Le soleil dardait impitoyablement quand enfin Calyce abdiqua. Lucie s'essuya le front d'un revers de la manche de sa chemise moite, et regarda la jeune fille s'écrouler dans l'herbe et demander grâce. Un sourire se dessina sur les lèvres de la blonde : elles avaient bien travaillé. La mercenaire sentait l'aisance venir, et l'instinct de son élève prendre le pas sur la raison et la méfiance. Raisonnablement, personne ne voudrait manier une arme. Si l'on y réfléchissait bien, c'était peu stratégique. La négociation faisait parfois mieux que mille armées. Il fallait donc laisser renaître en soi les instincts primaires pour retrouver la danse, les pas, l'harmonie avec l'arme. Redevenir animale.

Lucie rengaina son Andalouse retrouvée. En quelques heures de travail à la forge, elle avait fait revivre la lame abîmée par la guerre contre les Comtois.
Elle se demanda un instant si elle se servirait un jour de "son" autre épée, celle au pommeau de Licorne, ou bien si elle lui servirait simplement de modèle pour de futures productions. Hormis le pommeau, bien entendu. Elle ne portait pas les chevaliers dans son cœur, même si elle devait bien admettre qu'ils étaient toujours pourvus d'armes exemplaires ... Quoiqu'un peu dépassées.


Ce soir, nous travaillerons l'attaque. Je vais juste passer une cotte de mailles !

Elle adressa un sourire taquin à la jeune fille et lui tendit la main pour l'aider à se relever.

Viens, allons dévaliser les cuisines du père.
Cet après-midi, j'te montrerai mes dernières acquisitions. Des bouches à feu nouvelle génération : un truc de fous. Plus facile à transporter qu'la bombarde, mais avec le même effet sonore. Certaines sont pas plus grandes qu'une épée. Bon par contre, outre le fait que ça rend à moitié sourd, ya des défauts. Je sais pas si c'est moi, mais l'angle de tir est rud'ment large. Faudra essayer sur plusieurs mannequins à la fois ! M'est avis que celui du milieu ne tombe jamais ...

Seule la bouffe pourrait arrêter Lucie dans ses discours sur les armes à feu. La fraîcheur des cuisines rafraîchit les joues des combattantes qui commencèrent par se désaltérer avant de piocher dans les petits plats destinés au seigneur des lieux.
Calyce.
Un « merci » s'échappe alors que la mioche se saisit de la main offerte, une fois debout elle s'époussette tandis que la mercenaire annonce la suite des festivités... Ce n'est pas fini pour aujourd'hui encore.
Mirettes qui se mettent à briller de plus en plus en écoutant Lucie parler. D'abord la visite dans les cuisines du château puis c'est l'idée d'aller voir toutes les machines de guerres Lucienesques qui la font s'émerveiller... Nez plissé, une main qui gratte la petite tête alors qu'elle imagine les mannequins zigouillés par l'engin mal réglé... Trop compliqué à visualiser...


Tu m'montreras dis ? J'pourrai essayer ?

Puis en se servant dans les plats sous le regard réprobateur de la grosse cuisinière du vicomte, en foutant la moitié de ce qu'elle prenait dans l'une de ses poches pour pouvoir l'apporter à son autre quand elle aura fini

Si j'dis que j'étais avec toi, papi m'tapera pas hein ?

Une fois rassasiée, un large sourire satisfait lui fend le visage


Alors ? Ayé on peu aller voir les machines hein ?

La curiosité de la fillette qu'elle était encore avait pris le pas sur la fatigue qu'elle ressentait un peu plus tôt. Puis c'est pas tous les jours qu'elle pourrait avoir la chance d'apprendre aux côtés d'une mercenaire telle que Lucie.
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