Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP] La ballade des Pousse-toi-d'là-que-j'm'y-mette.

Cerdanne
[……Entre chiens et loups….]

Elle écoutait d’une oreille distraite les montages dignes d’un avocat de la défense que Louise échafaudait à tour de bras.
Elle lui lança un petit sourire et machinalement leva les yeux vers le ciel.
Le vent...

Partagée entre la colère et un gout amer.
Elle pensait comme Louise que l’arrivée allait être bruyante et elle avait même envisagé prendre quelques baffes.
Faire le dos rond quelques temps, ptet même subir un silence chargé de reproches.
Mais pas l’absence…

Elle inspira profondément, espérant trouver dans cette bouffée d’air frisquet la force de continuer.
Le grand soupir, le soupir libérateur qui devait logiquement en découler se transforma en filet d’air quand elle sentit la lame posée sur elle.

Le premier mouvement, elle réussit à le contenir.
Au vue des ombres qui les entouraient, pas la peine de jouer les héroïnes.

Instinctivement, elle jeta un coup d’œil vers la silhouette de Louise qui se faisait mettre au pas violemment.
Serrant les dents et se forçant au silence.
Autant la jouer docile.
D’autres moments viendraient.

Mais c’était sans compter avec celui qui paraissait être le chef de meute et qui sans manière, y allait d’une de ses mains pour une fouille complète.

Voulait bien être coopérative Cerdanne, mais fallait pas pousser...


Ôte tes mains de là, espèce de gros porc stupide.
Et de lui cracher tranquillement à la figure.
Tu me touches pas saloperie !

Et de se crisper, dans l’attente d’une baffe…S’en foutait au fond...La compagnie s’était barrée….

Agnia
[Si le coeur vous en dit...]

Dans le feu de l'action, la brune perdait souvent le sens du Nord. En fait, elle perdait souvent le sens du Nord tout court. Pour ça qu'elle s'était entiché d'un compagnon de route un peu grognon lorsqu'elle était à Béziers. Lui au moins, il le perdait pas son Nord et bien souvent il lui avait replacé la boussole en face des yeux, ou des trous de nez lorsqu'elle était trop bourrée.

Appliquée à attacher les petits poignets de sa Louise préférée, qui n'avait pas l'air d'apprécier la chose, elle cherchait toujours du coin de l'oeil un Théo un peu trop silencieux. Mais que fichait-il, le bougre! Elle aperçu Cerdanne qui semblait au prise avec un Burrich un peu trop entreprenant et se retint de ne pas rire. La situation au final était d'un comique...

Retenant son envie d'enlever son masque et de sauter sur Louise pour la papouiller en rigolant. Elle aperçut enfin le Théobalde dans un coin et elle blêmit. Elle avait une fâcheuse manie de trop bien connaître ses expressions et le voir ainsi contrarié ne l'enchantait guère. Elle se doutait de ce qui se tramait dans la p'tite tête du brun et d'un coup d'oeil balaya la scène.

Le Nord... où était le Nord! Un peu plus douce, elle prit le bras de Louise et la regarda, lui murmurant tout bas:


Doçament madomaisèla...

V'là le gascon qui reprenait le dessus... Mais au fond... la gamine pourrait ainsi reconnaître son accent du sud qui sait, limiter les dégâts, elle était pas stupide la Louise.

Et pourtant, Dieu que cette gamine l'énervait. Certes, elle était vive, pas bête, mais quelle capricieuse!!! Et pis elle n'avait aucun respect de ses aînés la sale gosse. Et pourtant... l'était pas méchante' dans le fond, et elle avait des excuses avec la Karine comme mère... pas fichue de lui faire rentrer dans le crâne que certaines choses NE SE FONT PAS!

Léger soupire sous son foulard noir, elle tenta de rester ferme avec la gamine sans être trop dur, fallait pas pousser non plus. Les plaisanteries les plus courtes étaient souvent les meilleurs. D'un coup, une appréhension se fit jour en elle. Où tout cela allait les conduire... Serrant doucement le bras de l'enfant pour ne pas qu'elle s'échappe, elle jeta un regard inquiet à Burrich, espérant que pour une fois, il soit perspicace.

_________________
Kar1
[Détournement de mineure situation.]


Seul un œil apparait. Comme les autres, un foulard est enroulé autour du visage de Karine pour passer inaperçu. Les cheveux tirés en arrière, la paille blonde a littéralement disparu pour l’occasion. A l’habitude juponesque, Paillasse les avait cette fois échangé contre ses braies grises trop rarement portées jusqu’alors. Son accoutrement la fait passer pour une borgne sans scrupule. Normalement gâtée par dame nature pour ce regard aussi gris que son ensemble vestimentaire, il brille à l’instant même, de mille feux. L’œil apparent s’enflamme alors qu’elle est aux aguets, écartant les feuilles qui la séparent du spectacle. Les cibles approchent du camp dénudé, elle s’impatiente. S'il avait fait nuit, Paillasse aurait sans doute eu plus de mal à rester discrète à cause de son regard lumineux. Son iris sait lui jouer des tours parfois. Heureusement pour elle, à l’heure où je vous parle, l’aube pointe à l’horizon. Elle est camouflée grâce au peu de vert qui orne ses vêtements. Tout ça pour? Parce qu’ils avaient décrété qu’il était temps de leur donner la leçon adéquate. Toutes sortes de punitions avaient été envisagées. La peur avait été sélectionnée. Alors qu’ils s’apprêtent à se jeter sur elles, la blonde se demande secrètement combien de temps leur identité peut être cachée. Ils avaient prévus leur coup, mais la gestuelle de chacun ne peut tromper ad vitam, c’est certain.

Burrich’ donne alors l’assaut. La troupe encore vierge de méfaits à l’encontre des Fauchards se jette littéralement sur les trois fugueuses qui étaient pourtant revenues à bon port. La blonde attrape violemment le bras de la corleone ne pouvant assumer faire peur à sa propre fille. Oui, il n’est aucunement question d’exception, mais ne voulant pas faire face au regard haineux de cette dernière, empli de reproches il fallait que Paillasse se concentre sur une autre. Bien trop laxiste quand il s’agit de Louise, la blonde sait pertinemment qu’elle doit pourtant subir le même sort que les deux autres. Elle n’a en aucun cas laissé apparaitre le moindre doute quant aux conséquences de l’opération, bien qu’ils soient légitimes. Elle connait sa fille plus que personne et sait pertinemment qu’elle pourrait décider de prendre la poudre d’escampette par simple contrariété. Mais la donne est différente maintenant, Louise se doit de comprendre qu’être chef de troupe c’est devoir continuellement faire des sacrifices, même les plus durs. Et étant donné que sa fille clame haut et fort depuis des lustres qu’elle est une « grande, graande » autant le prouver tout de suite et lui faire subir le même sort en la traitant comme une personne à part entière.

Les Dalton sont alignés, de la plus grande à la plus petite. Karine se rend compte alors que certains n’ont pas fait partie de la petite sauterie. Theo, reste à l’écart. Un sourire en coin s’affiche sur le visage de la blonde mais il ne se voit guère. Elle aime à savoir que chacun de la troupe se veut décisionnaire et fait appel à son libre-arbitre, bien que le Bougre soit pour le moment trop guidé par son affection pour Cerdanne. Elle n’est donc pas la seule, mais Karine aime à savoir que grâce à cette petite attaque improvisée, elle en apprend sur chaque personne qui accompagne le couple à la vie, à la mort. Le poing toujours serré autour du bras de la seule femme à l’âge aussi avancé que la blonde, son corps se fige quelques instants l’œil alors posé sur Agnia et sa fille. Légèrement agacée par les aises que prend la donzelle, sans trop essayer de rester incognito la blonde prend sèchement la parole ne pensant que trop peu aux éventuelles représailles.


« Suffit! »

Ils ne sont pas là pour les tuer bien qu’un peu de sang ne ferait pas de mal dans d’autres circonstances. Juste leur faire peur était le mot d'ordre de l'opération pour ainsi éviter que la situation ne leur échappe de trop. Karine ne sait pas encore exactement de quoi sont capables certains de la bande et surtout à quel point ils aiment à voir le sang couler. Le couple se doit alors d’être concis, précis et surtout entreprenant pour éviter tout débordement.

« Vous ne semblez pas bien vigilantes pour des femmes armées jusqu’au cou. Vous vous croyiez en terrain conquis? »
Un regard vers le camp, les yeux se baladent et balayent tranquillement les environs.
« Semblerait qu'ils ne vous aient pas attendu, je me trompe? »

La voix moqueuse s’adresse aux trois femmes, elle s'est changée du tout au tout. Son ton se fait légèrement plus soutenu qu’à son habitude. La blonde voulait éviter de parler telle une charretière alors qu’elle a la fâcheuse tendance à le faire naturellement. Qui pourrait la soupçonner, elle, cachée derrière ce masque, le tout si joliment joué.
Pendant que le Burrich’ profite du butin amassé par les trois zozotes, la blonde se saisit de sa dague qu’elle n’avait pas encore sorti jusqu’ici ne voulant délibérément blesser personne. Et de sourire sadiquement sous son foulard, son excitation est telle d'un coup d'un seul, que l'étirement de ses lèvres est flagrant, même caché. Argent réquisitionné, c'est son tour, illustrant ses paroles de gestes plus insolents les uns que les autres. Elle les toise puis fait mine de mesurer taille et tour de poitrine.


« On vous embarque, vous ferez de parfaites sous-fifres.
Va falloir vous tondre. »

_________________
Burrich
[Quand sonne l'heure de rendre des comptes.]


L’atmosphère lourde de tension n’échappe pas à l’attention du sombre encagoulé. Alors que l’un se poste en retrait, l’autre de ses comparses trop zélée dérive, et se fait brièvement rabrouer par Paillasse dont il reconnaît le timbre sans avoir à jeter un coup d’œil à la fine silhouette qui fait barrage à la Corleone. Même si pour eux, il ne s’agit que d’un rôle, pour leurs trois camarades poings liés dans le dos, le danger est réel. Lorsque l’une se permet l’offense d’un crachat en pleine face, aucune colère ne l’anime même s’il aurait bien rendu la pareille du revers de sa main de brute. S’accrochant à son sang froid pour ne pas tomber dans l’excès et la vengeance mesquine, Burrich se contente de répondre à l’audacieuse provocation de Cerdanne par une rude bourrade pour ensuite lui faucher les jambes. La brunette tombe à plat ventre avant de se faire écraser par le lourdaud qui enfonce son genou dans le creux de son dos, à moitié avachi sur elle. La longue tignasse brune est sèchement tirée en arrière alors qu’une lame vient luire devant l’iris bleuté figé d’effroi dans son orbite.

-‘Core un coup comme ça et j’te l’fais sauter.

La menace est murmurée d’un ton trop doux, trahissant volontairement un plaisir malsain à l’idée de la mettre à exécution. Gardant la pointe de sa dague à un doigt de l’œil de Cerdanne, Burrich relève d’un hochement de tête la proposition de sa partenaire, tâchant de parler le moins possible. Les tondre, en voilà une punition qu’elle est bonne. Tenaillé entre son rôle impitoyable et celui plus complaisant de chef, Burrich peine à garder l’esprit clair. Imprimer dans leur cervelle qu'il n'a pas de temps à perde à gérer une bande de donzelles indisciplinées qui font passer leurs intérêts avant ceux de la troupe sans risquer de faire preuve d'une sévérité abusive n'est pas une mince affaire. L'attente qui marque les réflexions muettes du Gascon doit paraître encore plus longue aux trois donzelles piégées, profitant probablement de ces laps de temps pour faire fonctionner leur imagination quant à leur sort incertain. La punition est atroce, formatrice il espère car ce n'est pas de gaieté de coeur qu'il l'inflige.

La lame de sa dague se porte à l'oreille de le victime sur laquelle il prend appui. Une fine bruine fend l'air gorgé d'humidité et vient torsader la chevelure qu'il agrippe fermement.


- C'vrai ça, un laquais faut qu'ça soit rasé d'près. Puisque t'as l'air d'êt' la plus bavarde des trois, on va commencer par ta tignasse. Réjouis toi qu'ce soit pas cette langue trop pendue qu'on t'coupe...

Elles se sont distinguées par leur désobéissance, les marquer pour qu'aucun des autres n'oublie les conséquences de telles âneries. Et déjà les mèches humides rendues encore plus sombres dégringolent le visage de Cerdanne. La lame froide dégage lentement près de l'oreille, fauchant chaque mèche rebelle ne laissant sur son passage qu'une étendue rase sur le côté du crâne de la jeune femme plaquée contre l'herbe. Louise troque la garde musclée d'Agnia contre celle de sa mère qui s'attèle à la marquer elle aussi. Les autres eux contemplent l'humiliation de leurs camarades. Certains pensent peut être que le châtiment est trop cruel, que contrarier le désir des chefs ne vaut pas ce traitement. Burrich lui, sous son foulard se mure pour rester de marbre aux suppliques silencieuses de ceux qui l'entourent et finir sa tâche. Il n'a pas pour habitude d'oeuvrer dans la dentelle, ce qui pourrait passer pour simple insouciance n'est pour lui pas bien différent d'une trahison. Trahison qui aurait pu leur coûter la vie. La discrétion est mère de vertu dans leur métier.

Soupesant le butin de la virée interdite des trois donzelles, Barrique grommelle dans son fichu. Tout ça pour soixante malheureuses piécettes plus ou moins, partagées en trois qui plus est...


-Fais chère la tonte mesdames, trouvez pas?

Le regard austère du soudard se braque sur la Belladone. La plus mûre des trois, pas forcément la plus réfléchie apparemment. La seule avec l'expérience des routes, expérience qu'elle a sans doute eu l'intention de leur inculquer aux deux sottes. L'idée de cette chasse au pigeon des grands chemins viendrait de la forte tête Corleone alors. C'est bien la dernière à qui il aurait cru devoir faire des remontrances. Mais les faits sont là, leurs conséquences également.

-Approche... Tourne toi, à g'noux..

Les ordres sont jetés comme des gifles à la gueule de la fière Corleone qui se place dos à son bourreau la désignant de la pointe de son arme avec mépris. La pluie a continué de tomber de plus en plus drue sur la plaine déserte. Le travail n'en sera que plus aisé se dit il, ramenant en arrière la chevelure trempée de l'italienne. Avec l'habileté du boucher maniant le couteau de coutume, Burrich répand sa lame de fauchard sur le crâne ruisselant, partant du front vers l'arrière. Une pogne posée contre le front de sa victime, les secondes s'écoulent, s'échangent en minutes, l'attitude elle reste impassible. Un masque d'insensibilité se greffe sous le second.
_________________
Sadnezz
C'est donc ça la roue qui tourne? Passer une nuit à toucher du doigt sa liberté pour se la voir tomber à ses genoux des le retour à la réalité du quotidien? Sadnezz désapprouve un à un les lambeaux de boucles brunes qu'on fauche grossièrement à la gamine et à Cerdanne, mais de sa bouche rien ne filtre. Le temps et les baignes lui ont appris que quand l'on n'est pas en position de l'ouvrir on la ferme si on ne tient pas à se voir un second sourire apparaitre là, juste en dessous du premier. Pourtant, bien que rien n'échappe des lèvres sombres, l'esprit bouillonne et s'évapore en une sourde rage... Surtout lorsqu'une silhouette presse son bras et la secoue comme une vulgaire poupée de chiffon. Les hommes ont toujours mené la danse, viols, asservissements et autre humiliations sont monnaies courante dans ce bas monde. Autant chez les voleurs de poules qu'ailleurs, la justice n'est qu'une notion trop peu vague qui ne s'applique pas avec les juges, mais avec les poings. On veut, on se sert.

Sad les observe, mutique. Le regarde suffit pour laisser planer tous les jurons qui étincellent dans ses prunelles, on y verrait presque charmogne. A défaut d'être apeurée de la tournure des choses, la Corleone se rassérène , il ne devrait pas y avoir mort d'homme cette nuit.. Ils se jouent d'elles. Comme le chat s'amuse de la queue du lézard qui s'agite pour rien ils font des manières, appliquent des symboles, cherchent à leur faire payer leur nuit qui a commencée trop ennuyeuse... C'est un jeu, jeu dont elles sont les jouets, jeu qu'elle auquel elle n'a que trop joué avec d'autres... Ce qui exacerbe le vice? La riposte... Une souris morte devient vite lassante à son prédateur, il l'abandonne.

Elle serre les dents, ferme les yeux, refuse de regarder la honte en face quand plient ses genoux. Se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, voilà son erreur. Elle lui coutera sa tignasse, chèrement sacrifiée pour un autre en d'autres temps, d'autres lieux... Elle fût déjà coupée courte, mais rien à voir avec la terre brulée que cette lame ci semble laisser sur les rondeurs de son crane, fauchant comme les blés chaque mèche noire. L'ordre a pourtant été sans appel, sec et implacable. En d'autres circonstances cette voix l'aurait enflammée, elle y aurait trouvé une suavité et une dureté pour lesquelles la Corleone se serait abandonnée. S'y seraient mêlés tout ce qui fait d'un mâle celui qui domine, son amante, sa vie, ses émotions. Un cri avant un corps à corps, une parole avant la guerre l'envie autant que le mépris...Et si la pluie ne s'en était pas mêlée, peut être aurait-elle espéré que ce soit la sueur qui perle sur son front, entre la peau de l'inconnu et la sienne.

Persiflant entre l'émail , elle scella à qui saurais l'entendre une promesse à demi mots.


Fils de putain, on se reverra, et ce ne seront pas tes cheveux que je couperais court...

_________________
Louise..
La première fois qu'une dague s'est retrouvée contre sa jugulaire, une peur sans pareille s'était emparée d'elle, un sentiment d'avoir été trop loin, trop longtemps. Une bouffée de chaleur, un manque d'air. Comme un étouffement. Personne ne lui a dit, à Louise, que la rébellion enfantine a ses limites. Personne ne lui a dit, à Louise, qu'il faut savoir baisser la tête face à plus fort. Empêcher tout son de passer la frontière de ses lèvres. River son regard ailleurs que dans les prunelles de l'adversaire. S'avouer vaincu, en soit. Laisser l'autre nous humilier. Personne ne lui a dit, à Louise, qu'il faut savoir être faible. Accepter la défaite évidente. Mais non, on ne lui a pas dit. Même ses parents ne l'ont pas fait, pour toute réponse aux entêtements de Lou, il lui ont offert sa liberté. Que pourrait-on lui offrir de mieux ? Voilà, voilà où l'a mené cette témérité. A sa propre liberté. Alors pourquoi cesser. Pourquoi se donner un air de faible qui ferait défaut, sur son visage ? Abandonner ? Jamais. Lâcher prise, ça serait admettre sa faiblesse, ça serait donner raison à tout ceux qui s'évertue à lui faire remarquer à quel point elle est petite. A quel point dans ce grand royaume, elle n'est qu'une fourmi. Une fourmi solitaire à la guise de n'importe quelle personne. Une fourmis que l'on peut écraser, sans aucune pitié. Sans par la suite n'avoir ne serait-ce qu'un seul regret. Pas de sentiments avec ces bêtes-là. Insignifiante. On s'en fout. Ca n'est qu'une fourmi.

La première fois qu'une dague s'est retrouvée contre sa jugulaire, une peur sans pareille s'était emparée d'elle, un sentiment d'avoir été trop loin, trop longtemps. La première fois qu'elle a goûté à ça, son frêle corps abritait dix jeunes années. Elle en a pissé dans ses braies. A présent elle en a douze. Imaginez donc ce qu'il a pu se passer en tout ce temps. Tellement de beignes que ses doigts de pied et de main ne suffisent pas à les énumérer. Des menaces à la dague ou toute autre chose susceptible de faire mal, en veux tu en voilà. Mais toutes ces attaques répondaient aux provocations Louisesques. Elles n'étaient pas gratuites. Méritées, selon les plus objectifs. Attaques qui n'allaient jamais bien loin. L'anguille qu'est Louise parvient très souvent à s'extirper de l'emprise des adultes. Et lorsque ça n'est pas le cas, ça s'arrête tout de même aux menaces. L'adversaire de défile, bonne conscience oblige. Ou encore un public qui se froisse. Une personne qui sans doute, éprouve une certaine compassion envers la gamine. De la pitié. Cette personne se charge le plus souvent de calmer les choses à coup de morale. Le combat prend ainsi fin. Une Louise qui s'en va, invaincue.

Mais là, tout est différent.

Elle ne s'y attendait pas, ça ne lui avait même pas traversé l'esprit. Trop occupée à observer le message qui reposait au sol. Et puis contre toute attente, une force l'attire en arrière. Les cheveux ont été saisi violemment, la fermeté est de mise. Les traits du visage de Louise s'étirent. L'incompréhension se mêle à la douleur. Qui ? Pourquoi ?
Tout se déroule vite, si vite. Étrange pensée que de se rappeler du moment où Sadnezz, Cerdanne et elle ont attaqué un homme, la nuit passée. Comme-ci on la punissait. De Brigande, elle passe à victime. L'agresseur agressé. Qui ?
Sous ses yeux, un scénario qu'elle n'avait pas imaginé. Cerdanne qui se fait fouiller, qui se rebelle. Sadnezz qui se fait maîtriser. Et elle, elle qui se retrouve interdite de tout mouvement. Elle tente de se débattre. En vain. L'agresseur resserre son étreinte. L'anguille, la souris, n'est plus. Il n'y a que Louise, Louise dont les joues se sont empourprées, dont le regard s'est durcit. Louise qui n'est plus capable de bouger. De se défendre. Louise, une poupée de chiffons. Différent, tout est différent. Ces agresseurs là ne se défileront pas. Personne d'autre n'est présent. Personne pour mettre un terme à tout c'la. Il n'y a qu'eux.

"Tu bouges, t'es morte gamine". Elle l'a entendu dire. Cette phrase qui montre à quel point les agresseurs sont décidés. Que rien ne les arrêtera. Pas même elle. La phrase se répète inlassablement dans la tête de Louise, comme pour que le message passé prenne plus d'importance. Que l'idée principale paraisse inévitable. Elle mourra, la gamine en est persuadée. Ça ne peut pas en être autrement. Tu bouges et t'es morte, morte. Et de penser à Karine, inévitablement, qui a pris la route sans l'attendre, qui doit être en rogne. Qu'elle a sans doute déçu. Déçue, oui, déçue qu'elle doit être la Blonde. Déçue par le départ in averti de Louise en compagnie des deux autres fugueuses. Par le précédent départ de la charrette. Déçue d'être restée sans nouvelles. Déçue par des paroles et gestes de Louise. Et toutes ces disputes, cette relation qui se compliquait au fil des jours. Rares étaient ceux qui s'étaient déroulés sans cris, sans reproches. On dit souvent que c'est lorsque on sent sa vie basculer qu'on prend conscience de nombreuses choses, qu'on regrette la plupart de nos choix. Et pourtant non, Louise ne regrettait pas tout. En fait, elle regrettait peu de choses, celle d'avoir laissé sa mère sans nouvelles faisait parti de ses rares regrets. Ne se jugeant pas coupable de tout, elle ne pouvait regretter des paroles qu'elle avait pu avoir. Elle est comme ça, la gamine. Toujours à penser qu'elle a raison. Ne s'remet pas en question. Si elle a eu des paroles dures, forcément qu'elles étaient méritées. Mais elle regrette une chose, ça oui. Elle regrette de l'avoir déçu. Tant d'fois.

Tu bouges, t'es morte. Morte. Sans vie. Éteinte. Persan. Lui aussi est mort. Parait-il que les morts attendent leurs proches. Que si la vie parvient à les séparer. La Mort, elle, les réunit. Retrouver Persan. Ce père qu'elle n'a, à son goût, pas assez connu. Ce qu'elle veut, qu'elle désire depuis tant de temps. Le retrouver, enfin. Le besoin se faisait davantage ressentir, depuis quelques temps. Qui sait vraiment pour quelle raison. Peut-être le fait que Burrich soit entré dans la vie de Karine, et par conséquent, dans la sienne. Bien qu'elle ne l'admettra probablement jamais. Et de fouler la terre Bourguignonne n'arrangeait rien. Au contraire, faisait ressurgir les souvenirs. Et cette taverne, à Sémur. Taverne dans laquelle Persan avait pris sa défense. Envers et contre tout. Taverne dans laquelle il avait clamé haut et fort, que non, on ne disait pas à Sa fille qu'elle était moche. Cette fois là où Louise s'était sentie fière, si fière ! Alors il fallait retrouver Persan. Son unique père. Répondre à ce besoin de présence paternelle. Elle le retrouverait, c'était évident. Ce qui l'était également, c'est que lorsque ça se produira, elle ne sera plus. Dure pensée pour l'enfant, de savoir qu'en retrouvant son père, elle perdra sa mère. Mais c'est sans doute mieux. Longtemps que la fille et la mère n'ont pas été complices comme Avant. Avant quoi ? Le flou, le vide. Elle n'en sait rien. Mais quelque chose a changé. Sa faute ?

Elle s'ra plus déçue, jamais. Elle sera triste. Y'aura Burrich ! Burrich ne fait pas tout. Presque. Mais pas tout. T'façon elle est en colère, et p'tete même qu'elle saura jamais que j'suis plus là, elle oubliera. Sa fille, tu es sa fille et elle est ta mère, on n'peut pas oublier, ça n'soublie pas. Elle aura plus d'disputes, et elle a des aut' trucs à penser. Oui, mais..

Torture d'esprit. Elle n'entend plus rien, ni les paroles de ses compagnes de route, ni les autres menaces des agresseurs. Elle ne voit rien, ne sent rien. On lui attache les poignets, mais elle s'en fiche, n'y prête aucune attention. N'écoute plus personne. Plus là, elle n'est plus là. A l'abris. Dans sa bulle, cette bulle faite de souvenirs. Le visage de son Père flottant dans l'air. Elle y est presque. Regarde moi, j'arrive. Pardon m'man.

La personne qui s'était chargée d'elle s'écarte, laissant place à quelqu'un d'autre. Plus menaçant encore. Louise braque son regard sur le tortionnaire. Elle n'a pas écouté ses dires, n'a pas fait attention à ses moindres gestes. Trop occupée à se torturer. Les prunelles noires se dirigent lentement sur la dague. Plus de doutes possibles. C'en est fini. Penser à sa mère encore une fois, regretter la relation d'antan. Se dire que c'est mieux comme ça. Pour elle. Dans le fond on sait, que ça ne sera pas "mieux comme ça". D'ailleurs, cette phrase ne veut rien dire. Ça ne peut pas être mieux, il y aura toujours un détail qui ne sera pas mieux. Pire. Mais elle sert d'échappatoire. Comme une solution de facilité. On soulage notre conscience. Ça sera mieux, alors on peut.

Vite, que se soit rapide. C'est ce qu'elle veut, elle se remet à s'agiter dans tous sens, tente d'écraser les pieds de celle qui n'est autre que sa mère, sa mère qu'elle pense à des lieux d'ici. Comme une hystérique, elle ne cesse de sauter, de tourner, balancer la tête dans tous les sens. Ses poignets se frottent avec force contre la corde qui les maintient attachés. La peau s'irrite, rougit, s'arrache.

Regarde, regarde. Je bouge.
Agnia
Agnia s'effaça, laissant Karine s'occuper de sa gosse. Elle se sentait mal, très mal tout à coup. Elle regardait Sad, Cerdy et la morveuse avec une lueur d'appréhension dans les yeux. Elle aurait pu être à leur place... oh que oui... Elle avait même proposé à Cerdanne de partir à sa place pour faire cette escapade, afin que son amie puisse profiter de son bien-aimé.

Ce qui se passait là avait un goût amer... La bouche pâteuse, la brunette avait le coeur au bord des lèvres. Les tondre!!! Horreur! De façon imperceptible, la jeune gasconne porta ses mains à sa longue tignasse brune défaite, symbole de sa féminité mais aussi de sa liberté. Un sentiment d'horreur l'envahissait mais que dire... que faire... Cette affreuse sensation qu'on ne peut qu'obéir et qu'on est acculé au mur, que les évènements ont dépassé sa propre pensée, sa propre envie de rire et de s'amuser un peu avec une gamine insolente.

Se reculant légèrement, Agnia ne pouvait pas voir ça. Les tondre... c'était dur quand même... c'était cruel aussi! Elle pensait leur faire peur, mais couper leurs jolis cheveux... ça non! Elle avait une brusque envie de s'interposer. De se précipiter, d'empêcher ça. Qu'elle idée elle avait eu là, la blonde... Pour Burrich, c'était facile, il ne savait pas ce que ça représentait, les cheveux d'une femme. Quelque part tondre une femme c'était comme... émasculer un homme! Moins douloureux certes, mais tout aussi symbolique et tellement plus facile.

Petit soupire au bord des lèvres. Agnia se sentait... indécise, hésitante et restait là, bras ballants à regarder Burrich et Karine imposer leur pouvoir. Liberté, liberté chérie...

Tournant la tête pour ne plus voir ce qui se passait, elle regarda la campagne environnante, se rappelant les joies du voyage, se rappelant la traversée de la Gascogne, de la Guyenne et le sentiment grisant d'être son propre maître.

Elle comprenait Burrich et Karine, ils se sentaient obligés de s'imposer. Etre chef était difficile, elle le savait elle avait refusé de le devenir lorsqu'elle était à l'ost. Mais qu'est-ce qui était le plus important? Quels étaient ses idéaux au final. Il n'était plus temps d'hésiter, il fallait accepter. Pour le moment.

_________________
Cerdanne
[ Plus dure est la chute....]

Elle attendait, visage baissé.
Elle attendait et espérait.
Vite, vite que cela soit vite fait bien fait.
Elle avait fait ce qu’il fallait pour que la lame que tenait celui qu’elle avait humilié, soit rapide et sans retenue.
Propre et net.
Elle se crispa plus encore, regard vide.
Surtout ne pas regarder les filles.
Sad !Sad ça ira...elle est tellement forte, mais Louise ..Louise…
Sa brunette rebelle, la fille de Karine.
Cette môme qu’elle aimait comme sa propre frangine.
Un bout de femme qu’elle avait embarqué dans sa folie.


Pas ça …Pas elle. Comment avez t- elle pu la laisser venir ? Et soutenir l’escapade...
Pardon ma Louise…
Parce que t’en avais envie, bécasse !
Parce que ca te démangeait tellement de courir les bois que t’as vu que toi et ta propre envie.


Et elle avait adoré.
Elle en voulait encore des soirées sombres et des fourrés piquants. De la lune qui les regarde et les accompagne.
De l’excitation, de l’appel violent.

Et la sanction ne se fait pas attendre.
Et elle tombe sous un revers plus rude.
Mains liées dans le dos, elle goute la terre de Bourgogne.
Juste assez d’air avant de recevoir une masse énorme qui la terrasse.
La lame se montre, mesquine, juste au coin de son œil.


Vite…vite ! Je suis prête.

Juste fermer les yeux.
Non ! Ne pas fermer les yeux !
Le sombre est peuplé de ceux qu’elle aime et qu’elle va perdre.
Non !
Ouvre les yeux !
Viens...Je t’attends…


La voix est trop douce.
Il va jouer...
Elle sent la peur s’infiltrer par tous les pores de sa peau.
Il va jouer…
Les dents serrées jusqu’à la douleur, elle sent la pluie qui dégouline et la poigne qui la tire en arrière.
La lame qui l’effleure et la lame qui fauche.
Lèvres scellés, au bord de l’asphyxie, son corps soudain respire.


Tais toi …Tais toi !

Ses yeux ne sont plus que haine et sous la fine pluie qui plaque ses longues mèches brunes orphelines contre elle,
elle assiste effaré a la mise à nu de sa compagne…
Et de marmonner entre ses dents serrées...

nunca nunca olvidar…

Kar1
[Un calvaire.]


Une ambiance lourde, l’atmosphère s’électrise, la pluie pesante se mêle à cette déferlante de sensations plus fortes les unes que les autres. Les Fauchards restent spectateurs, peut être eux aussi effrayés par l’initiative de leurs chefs bien qu’ils n’en perdent pas leur cheveux. Tondre une femme, la pire des saloperies. La punition est lourde mais nécessaire. Le spectacle est intenable pour la blonde. Surtout lorsqu’elle croise de son œil brillant le regard noir et impassible de sa fille. Il en dit long, trop long pour Karine qui n’est évidemment pas prête à la voir rejoindre le père qu’elle avait adopté. La situation devient intenable. Comment s’est-elle retrouvée avec sa fille sur les bras alors qu’une seconde plus tôt c’était celui de la Corleone qu’elle tenait fermement. Paillasse ne souhaite qu'une chose. Reprendre la relation là ou elles l’avaient laissé. L’heure des remords a sonné, des regrets aussi peut-être. Vouloir être une meilleure mère, alors que ça ne s’improvise pas. Regretter d’être partie du Poitou lorsqu’elle a sauté de la charrette. Où en sont-elles déjà. Tout est trop flou. Où est le temps où Karine prenait la défense de Louise coute que coute. Beaucoup trop flou. Où est le temps où Louise, malgré ses grands airs, écoutait sa mère coute que coute. Impossible. Où est le temps où sa fille se lovait contre elle, visage posé sur sa poitrine. Silencieuses, à deux elle l'étaient. Tout est bien trop vague. En cet instant T, la pluie efface les beaux souvenirs. Tout disparait, puissent-elles seulement se rappeler un jour de leur complicité d'antan.

Peut être laisser la compagnie vaquer à ses occupations. Tout lâcher, abandonner, dont cette dague qu’elle tient bien trop serrée entre ses mains. Se dire que c'était peut être une bien trop mauvaise idée tout ça. Filer comme le ferait sa fille et vivre à l’ombre des platanes du Berry, là où elles se sont revues pour lier leur destin à tout jamais.
Louise.. Louise.. Sache que ta mère t’aime.

Elle est là, haute sur ses douze printemps, sous ses yeux responsables, sous son nez prête à mourir. Le visage fermé, dégouté, apeuré, Karine ne tient plus. Elle aimerait jeter un regard à Burrich’, lui montrer à quel point c’est dur, à quel point ils sont allés trop loin trop avides de sensations fortes. Trop avides de pouvoir peut-être? C’est dont ça que l’on devient quand il faut mener une troupe au front. C’est donc ça être impassible et ne pas seulement le paraitre? Le comprendront-ils un jour? Ils.. Elles.. Elle surtout.. De tutrice elle passe à Marâtre? C’est l’ordre naturel des choses? Maltraiter sa propre fille pour donner une leçon à tous les autres? Comment va-t-elle réussir à subir les regards de ces trois personnes, comment va-t-elle réussir à assumer ses actes par monts et par vaux? Que de questions, trop de questions. Et ces yeux, les plus importants de la troupe pour Paillasse. Noirs, impassibles, impossibles. S’en remettra-t-elle seulement?
Louise.. Louise.. Sache que ta mère t’aime plus que tout.

Et pourtant, inconcevable de revenir en arrière. Ne jamais montrer ses faiblesses, elle ne l’a que trop fait dernièrement, à cause d'une autre blonde. Puis, ils avaient décidé de les tondre mais pas de les humilier. Alors la dague glisse contre l’encolure offerte par la gamine malgré ses réticences. Tendues. Elles le sont toutes les deux alors que le temps s’arrête pendant que la lame s’infiltre entre les mèches de cette dernière dans un son qui tiraille les oreilles de la blonde. La chevelure s’échappe pour se coller contre la peau humide due à cette pluie battante, ou à la peur? Les gestes s’adoucissent. Karine n’arrive pas à avoir la prestance de Burrich’ ce jour là. « Louise, ton heure n’est pas venue. » En finir, et puis c’est tout. Faire de cette journée un bout du passé. Couper l’autre coté d’un coup de fer, avec un geste sec et enfin arrêter le carnage au plus vite.

Genoux au sol, ils sont enfoncés dans la terre boueuse. L'oeil visible se plisse, incomparablement doux.
Regarde, regarde. Je te laisse vivre ma fille.

_________________
Agnia
[L'enfer est pavé de bonnes intentions]

Dépassée, Agnia s'était retirée. Elle avait eu soif de donner une leçon à une gamine un peu trop insolente et la situation l'avait dépassée. A chaque seconde, elle avait un peu plus envie de disparaître. De partir à toute jambe et de savourer à plein poumon la douceur du printemps. Loin de tout cela.

Vivre en groupe, c'était dur. C'était exigent, c'était apprendre à supporter les autres, leurs humeurs, leurs caprices, leurs manies. C'était savoir se maîtriser, se dominer, se tempérer. Oui, mais tout cela, Agnia ne savait pas le faire. Feu follet impétueux, torrent en perpétuel ébullition, ses états d'âme et sa dureté de coeur l'avaient tenue éloignée de ce groupe auquel elle aurait voulu appartenir.

Un pas de plus à reculons lorsqu'elle vit Karine tondre Louise. Elle vit le drame qui se tramait dans la mère, elle sentit la douleur dans ce coeur de femme. Oui, ils étaient allé trop loin et pour la première fois, la brune admirait la blonde et elle l'a plaignait aussi... N'était-elle pas mère, elle aussi? Mère oui... mère indigne qui ne sait pas s'occuper de sa fille et qui la perd en pleine Guyenne, mère si dure qu'elle a renié son propre sang.

La gasconne poussa un long soupire, pourquoi avait-elle ainsi fait tant de reproches à Karine et de quel droit! Une envie subite s'empara d'elle en voyant les mèches de Louise tomber au sol, une terrible émotion la prit à la gorge. Elle voulait se jeter sur Karine, enlever son foulard et demander pardon à Louise. Pardon d'avoir oublié qu'elle n'était qu'une enfant. Mais au lieu de cela, elle se retrouvait bloquée sur place. En face d'une Cerdanne, le crâne à nu, et d'une gosse qui semblait résignée à son sort, quel qu'il fut.

Elle se tourna légèrement, cherchant Théobalde du regard, elle ne se sentait pas la force d'agir seule, mais lui il comprendrait et si elle se sentait, ne serait-ce qu'un peu soutenue, elle aurait la force de se jeter sur Karine pour faire cesser cette mascarade.

_________________
Theobalde
Le cœur au bord des lèvres de voir s’activer la blonde et son compagnon autour des trois filles mettait à mal Théo. Un flot de sentiments plus puissants les uns que les autres se jouaient en lui et le secouaient comme jamais auparavant. Il n’avait pas imaginé que cela pouvait aller aussi loin en si peu de temps. D’ailleurs il n’avait pensé à rien, son esprit était resté vide même lorsqu’on l’avait poussé à se préparer. A mille lieues de tout ça, la tête encore dans les étoiles, le doux rêveur avait obéit et telle la feuille virevoltante en tombant de l’arbre, il avait suivi le sens du vent et s’était retrouvé là dans les fourrés à zieuter les pauvres filles qui allaient se faire massacrer. Mais la punition qu’on leur infligeait n’avait rien à voir avec ce à quoi il s’attendait. Ils avaient choisi de les tondre et c’était comme les marquer à jamais, dans leur tête mais aussi dans leur cœur de femme.

Le taciturne était là, retournant la situation dans tous les sens, se demandant ce qu’il foutait en plein milieu de la campagne avec cette bande de furieux dont il se tenait quand même à l’écart et qui semblaient jubiler dans l’administration de leur punition. D’un mouvement souple, il fit craquer sa nuque tandis qu’il voyait Karine s’attaquer à sa propre fille. Le corps tendu à l’extrême, sa main serrant toujours avec autant de force le manche de son poignard, ses ailes de nez commençaient à frémir et la haine montait doucement, pour lui, pour elle, pour tout ce qui était en train se passer. Il ne quittait pas la scène des yeux, voulant intervenir tout en sachant que le reste de la bande ne le lui pardonnerait pas. Se retenant de pousser un soupir, suffoquant presque sous ce foulard qui lui cachait pratiquement tout le visage, Théo semblait de plus en plus agité et ce fut l’instant que choisit son regard pour croiser celui complètement perdu d’Agnia. Et comme un coup de poing qu’il aurait reçu en pleine poitrine, le souffle lui manqua lorsqu’il comprit sa souffrance tant ses mirettes en disaient long.

Tant de lieues avalées, tant de soirées à boire et à rire comme des gosses, tant d’idées partagées, tant de malheurs à supporter mutuellement que l’amitié qui était née entre eux faisait qu’ils n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. Ils étaient du même moule, ils étaient trop semblables, ils étaient comme ça et cela leur suffisait. Rares étaient les personnes qui les comprenaient, rares étaient ceux qui ne se faisaient pas des idées sur leur comportement mais ce qu’il savait le grand brun c’était qu’il s’en tapait royalement de ce que les autres pensaient. « À la vie, à la mort » s’étaient-ils promis un jour au bord d’un chemin et une cicatrice jumelle dans le creux de leurs mains était là pour prouver qu’à leurs yeux ce serment valait tout l’or du monde alors lui, relevant la tête, comprit immédiatement que ça ne tournait pas rond dans la tête de son amie. Doucement, sans faire de bruit, il s’approcha et posa une main sur son poignet, captant ainsi son attention. Il se doutait qu’elle allait bientôt rugir s’il ne réagissait pas, il savait qu’elle foncerait dans le tas s’il n’intervenait pas alors yeux dans les yeux, s’accrochant l’un à l’autre, il lui fit un signe négatif de la tête, la dissuadant de faire quoique ce soit. Il connaissait cette envie de séparer tout le monde pour la ressentir lui-même mais c’était mettre en danger l’équilibre et la cohésion de leur groupe. Bien qu’au final, Théo se demandait si une cohésion existait vraiment. Que feraient les trois rebelles lorsqu’elles apprendraient que c’était leurs propres compagnons de route qui les avaient martyrisées, ridiculisées, punies ?

Le jeune homme préféra rejeter au loin toute pensée qui partait dans ce sens. Ce n’était pas le moment, ce n’était pas ce qu’on lui demandait et puis comme à l’accoutumée, tout ce qui n’était pas dans son monde était mis à l’écart afin de faire place dans son esprit. Les questions existentielles ne lui apportaient jamais rien de bon au final alors autant les éloigner au plus vite. Et c’est un froid qui s’installa. Un froid puissant qui voila légèrement l’azur de son regard, un froid qui étreignait son cœur, glaçant ses veines à une rapidité qu’il n’avait jusque là pas soupçonnée. Quelque chose venait de s’éteindre brusquement en lui comme lorsqu’un vent trop violent soufflait la bougie qui veillait à la fenêtre dans la nuit. Perdu cette étincelle qui faisait qu’il y a croyait… il ne disait toujours rien et se recula dans son coin, entrainant Agnia dans son sillage.

_________________
Cerdanne
[Partir pour devenir..Ou comment engendrer la métamorphose...]

La douleur encore et encore devant Louise qui se débat et qui lentement ploie sous la coupe de son bourreau.

La pluie qui lave, la pluie qui efface...

Le regard métallique, hypnotique, observe les mèches brunes qui peu à peu s’éloignent de Sad.
La laissant apparaitre pure, impériale.
C’est peut-être de la voir là, statue droite et fière bien qu’agenouiller, qui redonne de l’éclat au métal froid de ses yeux.
Sous cette pluie glacée de cette fin de nuit.
Dans ce champ devenu boueux, La Corléone donne le ton.
Et Cerdanne malgré l’horreur de cette nuit se prend à sourire.
Le sourire du fauve avant la prochaine attaque.
Les lèvres retroussées sur un ultime ricanement.

Elles sont encore en vie...
C’est tout ce qu’elle veut voir pour l’instant.
Et c’est tout ce qu’elle a besoin de s’entendre dire.
Et son regard brille plus encore.
Vivantes elles sont vivantes…
Ses yeux se tourne vers la brunette.

Pour elles deux, juste un bout de crane mis à nu.
Pour que chaque frôlement de main contre leur oreille soit un rappel à cette nuit de misère.
Le crâne de Sad luit doucement sous les premières lueurs de l’aube…

Leur ainée n’a pas été épargnée...
Pourquoi elle...

Cerdanne offre son visage à la pluie bienfaitrice et tente de raisonner, de comprendre.
Ont-ils fini de jouer avec elles…

Doucement ses poignets attachés à la hâte derrière son dos, bougent, frottent, se déchirent.
Le sang doucement borde la peau arrachée, se mêle à la pluie.
Continuer encore et encore.
Les liens se détendent un peu. Ne pas renoncer.
Et la lutte avec la corde rugueuse reprend.

Les yeux s’éclaircissent encore sous les visions de haine froide qui envahissent son esprit.

Lentement, au prix d’un effort douloureux, elle baisse son visage pour ne plus rien distinguer de leur triste réalité.
Sa bulle peu à peu l’entoure et se resserre sur elle.
Jamais, jamais, plus jamais elle n’en sortira.
Jamais, jamais, plus jamais personne ne rentrera.

Elle ne sera plus que haine et indifférence…


Burrich
[La fin d'une ère, le début d'une nouvelle.]


Tout à sa tâche, tourné de dos à ceux qui constituent une partie de sa troupe, Burrich se ferme à toute forme de réticence. Il est des fois où il faut poursuivre, garder le cap qu'on s'est fixé au départ et ne surtout pas dévier même par état d'âme. Les doutes l'assaillent alors que sa lame achève de lisser le crâne luisant de la Corleone. Ses mains agissent mécaniquement, le cerveau ne suit plus, reclus. Terminer ce que l'on commence, donner un sens à ce que l'on fait. Quelques tifs lui paraissent une contribution bien maigre en contrepartie du maintien d'un semblant d'ordre dans cette troupe. Humilier, forcer à la soumission ses camarades, en revanche, le meneur s'en serait bien passé. Une sanction à la hauteur de ces têtes de pioche. Cette marque, souvenir de cette nuit de cauchemar, n'est que temporaire tandis que la confiance qu'ils avaient accumulé auprès du brun, celle là est perdue. Qui sait si elle reviendra un jour. Les besognes les plus vitales ne leur seront certainement pas confiées avant que le temps fasse son oeuvre.

Voilà ce qu'il en coûte de déstabiliser une organisation dans un moment pareil. La punition se devait d'être mémorable pour ces trois là, afin qu'il n'y ait plus besoin de ce genre de scènes entre eux. Loin de vouloir colporter son éducation, le Gascon ne souhaite pas distiller son autorité à coup de mandales comme le vieux. Lever la main sur un camarade il ne l'a que trop fait lors de cette bataille gasconne qui le réveille encore en sursaut la nuit. C'est pourquoi la sentence de cette nuit sonne comme un avertissement: mettre en péril les projets de tout le groupe par fantaisie d'humeur ne sera jamais toléré. La prochaine fois, il ne se mettra pas à l'épreuve et écartera simplement les nuisibles parce que l'intérêt du groupe prime, par souci de conservation. Et lui, humble serviteur de cet intérêt commun ne péchera pas par faiblesse.

Confier la punition de la gosse à celle qui se dit être sa mère allait de soi. Outre la légitimité maternelle que possède la Blonde, Barrique a besoin de savoir s'il peut compter sur elle pour rabrouer Louise au même titre que n'importe lequel de la bande. La petite face de suie n'en fait qu'à sa tête, dopée à la liberté qu'offre l'absence de parents. Un regard de biais à la Blonde en proie à ses démons. Ce qu'elle n'a jamais été fichue ou qu'elle n'a jamais cru bon de faire envers sa fille, ici et maintenant elle y était contrainte. Pour Burrich il n'est que temps, pas de secret pour éduquer son rejeton. Quelque soit la relation qui peut nous lier au morveux, il doit apprendre à rester à sa place. Si l'expérience fait tout, ces choses en sont dépourvues, contrairement aux aînés. Agnia avait fait les frais de l'aplomb mal placé de Louise quelques jours auparavant. L'occasion pour lui de cracher à Karine ce qu'il pensait de son éducation diplomatique. Il l'avait éprouvée par une critique acerbe qu'elle n'était sans doute pas prête à encaisser. Critique qu'il ne se serait permis avant. Mais lorsqu'il en va de l'intérêt commun, tous sont sur le même pied d'égalité. Les privilèges c'est bon pour les nobliauts qu'ils dévalisent et ce système qu'ils ont abandonné une nuit au coin d'un feu.

Malgré un regard chargé de détresse, sa Blonde y est arrivée. Et sans renier aucun sentiment. Fixer des limites à cette gamine qui ne cesse de fuir au moindre pet de travers et pour qui il est certainement trop tard ne veut pas dire se transformer en bloc de pierre sur patte. Si les batailles ont toujours maintenu une certaine dose d'humanité en lui, une sueur froide et trois mèches en moins sur le crâne de sa fille ne devrait pas la traumatiser plus que ça. Bah! Elle s'en remettra...
Quant à Louise, Burrich ne se fait pas d'illusion. Une gosse aussi entêtée ne change pas du jour au lendemain si tant est que Karine poursuive sur cette voie. Après une dispute, une discussion au calme, Louise est restée campée sur son infantile refrain, que Karine lui avait dit qu'elle était libre de faire ce qu'elle souhaitait. Qu'elle se soit mépris sur les paroles de la Blonde ou pas, le constat est le même, aggravée avec cette virée. Cette séance ne devrait donc pas échapper à la règle. Seulement à partir de maintenant, il sait Karine capable de la mettre au pas sans se laisser paralyser par la peur de se faire rejeter par sa fille.

Se relevant après avoir fauché la dernière boucle noire, Burrich porte une main derrière son crâne tandis que sa jumelle enserre fermement sa dague. Les doigts finissent par trouver le noeud du foulard qui lui couvre la moitié basse de la trogne. Endurci par la pluie battante, le tissu ne se laisse pas dénouer aisément mais cède pour que le masque tombe enfin. La messe est dite. Droit dans ses bottes, Barrique se tourne lentement vers ses complices en les incitant à faire de même. Très peu pour lui les coups de théâtre qui s'éternisent
.

-Relève toi Corleone, n'a d'la route.

Ces esprits libres qui lui plaisent tant mais qui ont montré leur revers ce soir comprendront ils? Au moins la troupe ne les a pas abandonné, seule satisfaction à laquelle peuvent se raccrocher les trois donzelles. Plus qu'une punition, il leur offre une seconde chance car rien n'est joué tant que subsiste un élan de volonté.
_________________
Sadnezz
Dans un monde parfait, Sad n'aurait pas la boule à Zero, agenouillée dans la boue aux pieds d'un homme.

Dans un monde parfait, Sad n'aurait pas à relever les yeux sur un visage connu, tenant encore son scalp entre les mains.

Dans un monde parfait, Sad n'aurait pas ressentie de colère ou de rage en prenant conscience de la situation.

Dans un monde parfait, l'autre joue serait tendue, et le silence ferait foi de repentir docile.

Dans un monde parfait, il n'y aurait pas de Corleone.


Black out.

Joignant le hurlement au mouvement lors de cet upercut que fût la prise de conscience du leurre, du geste, d'eux tous, Sadnezz sentit les muscles de son corps se contracter et son esprit se refermer lorsqu'elle bondit sur son bourreau dans le seul but de lui arracher le coeur. A défaut de le blesser, elle ne réussi qu'à le pousser avec toute la violence qui s'était tue sous la menace d'une lame et d'un masque... Qu'il se fracasse le crane sur le sol était tout ce qu'elle pouvait lui souhaiter, mais à défaut de s'occuper plus de lui, elle se baissa, glissa un peu, arracha des mottes de boue mêlée de pierres aux entrailles de la terre et les jeta sur tous ceux qu'elle pouvait avoir dans son champs de mire, hystérique, vociférant d'incompréhensibles complaintes. Sad se sentait salie, et la boue qui maculait les touchés n'était rien en comparaison du degré de saloperie qu'elle se sentait accumuler. Qui étaient-ils pour lui infliger ça? A elle, à la gosse, à Cerdanne. Jamais pareille offense ne lui avait été faite, plus que la honte, l'humiliation était douloureusement palpable, lui creusant des airs de sorceresse sur le visage. Possédée. On la menaçait d'association avec la fraxinelle, et maintenant la rasait. Car personne, personne ne savait ce que la Corleone avait ressenti lorsqu'elle avait vue et compris que Fraxie était dans son camps... Et Sadnezz ne pouvait toujours pas l'encaisser. Belladone et fraxinelle, deux plantes qui ne peuvent PAS s'associer, le feu et l'alcool, le délire des antipodes. Et ses yeux de s'être posés sur cette brune là, et son coeur d'avoir eu un raté douloureux lorsqu'elle avait réalisé qui se tenait en face d'elle. Pas ça , pas elle...

Flashback.

Son visage se détourne vivement , grimaçant de douleur à cette insupportable vue, elle ne voudrait pas qu'on la voit flancher comme ça face à un souvenir, face à l'évocation de sa seule faiblesse... Non elle ne voudrait pas qu'on lise le malaise sur ses traits et sur son faciès soudain perdu, le corps tout entier suit, se meut et fait dos à cette ... cette sale putain. Trop tard, ça pique, une lame qu'on lui fout en plein dans le trou béant qu'a laissé le coeur arraché voilà bien des années... raclure, j'peux pas croire que t'es là, j'aurais du te tuer lorsque j'tai menacée, j'aurais du expier cette douleur tant qu'il était l'heure.Dans les limbes de son esprit exsangue, ce n'est pas les traits fins de cette fleur maudite qui la ramènent à ses tourments de jouvence non, c'est la douceur de son seul souvenir qu'elle se prend en pleine face comme une torgnole de géant, un coup de fouet sur ses cicatrices . sa main devenue fébrile se porte à sa poitrine qui pulse sous les appels de son vieux coeur déglingué. ça pique, c'est insoutenable. d'ailleurs elle ne tient pas plus et s'éloigne soudain à grands pas, fracassant une chaise sur son passage, envoyant valser milles cailloux dehors qui dormaient là sous ses pieds dans un gémissement rageur. C'est fou comme le souvenir d'un homme et ce qu'il a engendré peut être tenace, tellement tenace que non, jamais plus elle ne s'est frottée à tout ça, avec lui est partie sa vie et tout ce qu'elle comportait de doux. Revoir cette femme c'était déterrer un cadavre soigneusement mis en terre. Dernier soubressaut de l'animal blessé, la violence qu'il offre à ses ultimes pulsions ramènent ceux qui l'observent à le savoir finit. Sauf que non, rien n'était finit, ça ne faisait que commencer.

Comeback

Elle n'a plus l'âge de s'agiter ainsi l'italienne, sa carcasse se soulève et se convulse, ses yeux se révulsent et elle écume, bave. Sa voix n'en est plus une, c'est un cri enroué qui peine à retrouver le souffle qu'il lui faut pour impressionner... Sur ses joues roulent des larmes qui se cachent dans celles des cieux, mêlant le sel à la douceur de cette pluie froide. Elle recule, tombe à nouveau, se blesse sans geindre plus qu'elle ne s'époumone déjà. Un à un elle les dévisage, les maudit, leur jette charmogne pour leurs dix générations à venir. Elle s'efface, s'évanouit dans le décor alors que l'assemblée peut encore ouïre son désarroi.

La route... La route sera sans elle. Qu'ils l'oublient, qu'ils aillent en enfer. Que la terre se calcine sous chacun de leur pas, car chacun des siens iront sans jamais oublier cette nuit ou ils ont perdu son amitié et son dévouement.

Il n'y a pas de monde parfait.

_________________
Agnia
[Le goût de l'amertume: accepter et assumer]

Voilà... la mascarade était terminée. La petite brune serrait fort la main de son meilleur ami. Dorénavant, il faudrait qu'ils supportent le regard de Cerdanne, de Sad, de la petite Louise. Un regard qui en dirait long certainement. Un regard qui en disait déjà long.

Non le monde n'était pas parfait. Il y avait l'injustice, la haine, la trahison, l'abandon, la peur, la mort, il y avait le désespoir et la tristesse. Sombre boîte de Pandore que nos vies...

Et ce jour là, la boîte avait été ouverte. Burrich avait été stoïque, Karine courageuse, nous autres, obéissants et les trois fugueuses... les trois douloureuses. La brune gasconne avait détourné les yeux lorsque le Bourricot avait tondu la toison de Sadnezz, intégralement... Humiliation.

C'est lorsqu'elle entendit la voix du chef qu'elle reprit conscience de la situation. Oui, il y a avait encore de la route à faire.

Alors, lentement, tout comme le Gascon l'avait fait quelques instants plus tôt, la brunette ôta le chiffon noir qui masquait son nez et sa bouche purpurine. Il était temps. Maintenant, il fallait accepter et assumer...

Regard bleu-vert, coeur au bord des lèvres. Le silence était pesant, très pesant même. La Compagnie trouverait-elle un nouvelle cohésion? un esprit de corps qui souderait ses membres? Une famille... peut-être qu'au fond, c'était ce que, petit à petit ils devenaient? Les enfants avaient fait une bêtise et le père de famille avait sévit.

Sourire attendrie, la jolie gasconne avait un peu moins d'amertume au fond du coeur. L'espoir, l'espoir était là, au bout du chemin.

_________________
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)