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Info:
La fin d'un personnage... et le joueur remercie tous ceux qui ont suivis ses tribulations et surtout tous ceux qui ont daigner jouer avec lui...

[RP] Crimes et châtiments...(RP ouvert à tous)

Massai
Tout c’était passé très vite ! Une erreur…une simple petite erreur… Il fallait bien qu’un jour cela arrive !

Ils avaient débarqué dans son bouge, « Chez Azazel » à l’aube, l’avaient surpris dans son sommeil ! Il était un temps où il ne dormait que d’un œil, toujours sur le qui-vive, mais peu à peu, l’âge et surtout le fait de bénéficier d’une relative impunité depuis pas mal d’année, avait sourdement altérer sa méfiance… Il avait volé, tué et pillé sans être plus inquiété que cela…

C’est qu’ils étaient nombreux les bougres. Un grand coup de pied dans la porte de sa chambre, ils s’étaient rués sur lui avant qu’il n’ai le temps de saisir son arme pourtant toujours à portée de main…
Il avait tenté de résister, mais les soldats n’étaient pas des manchots… Ils avaient fait sortir la catin épouvantée qui l’avait supporté la nuit durant et qui s’enfuit en hurlant sous leur rires moqueurs et, à grand coup de poings et de pieds, ils étaient facilement venu à bout de ce brigand que certains qualifiaient de « dangereux » !
En quelques minutes, il s’était retrouvé enchaîné, en braie et en chemise et traîné dans les geôles du comté, sans même savoir ce qu’on lui reprochait.

C’est plus tard qu’il su ce qu’il s’était réellement passé.

Tout provenait de l’un de ses derniers méfaits… Il avait appris par ses indics qu’une famille de nobliaux partait promettre leur encore fillette à un comte des environs… Deux gardes, les parents, la promise et surtout une belle dot qui voyagerait à travers bois… Un coup facile pour un chasseur solitaire comme lui…

Trois flèches avaient eu raison des gardes et du cocher. Il n’y avait plus qu’à aller cueillir la dot, mais le père qui se prenait pour un preux chevalier avait voulu jouer les héros. Il avait brandit l’épée persuadé de protéger sa femme et sa fille… L’assassin n’avait pas eu à batailler longtemps pour lui transpercer le corps… et voici que la veuve hystérique s’était jeté sur lui… scénario somme toute relativement classique… Il avait du la faire taire en lui tranchant la gorge… Restait la jeune fille qui avait assister à la scène choquée et prostrée au fond de son carosse… Elle venait d’échanger une vie pleine de promesses de bonheur avec son doux prince à un avenir de cauchemar. Il ne tuait pas par plaisir…mais par nécessité. Et cette fois là, il ne lui avait pas parut nécessaire de se débarrasser de l’enfant. Il l’avait juste emmené chez des paysans de sa connaissance qui s’en occuperaient encore quelques années, le temps qu’elle soit assez âgée pour venir travailler pour lui « Chez Azazel » dans le bordel situé dans la ville de Rochechouart… Si la petite tenait les promesses que la nature semblait lui avoir donnée, elle serait une recrue de choix….

Ce qu’il n’avait pas su, c’est que l’enfant s’était enfuie et était allé trouver la maréchaussée… et que cette dernière s’était rendue chez les paysans qui s’étaient empressés de le dénoncer, précisant qu’ils n’avaient pas le choix… qu’ils ne faisaient qu’obéir sous la contrainte, de peur d’être tué à leur tour… Ils ne connaissaient pas son nom mais savaient que c’était le propriétaire du bordel de Rochechouart. Quant il apprit cela, il se promit en son for intérieur que dés qu’il sortirait de sa prison, il s’empresserait d’aller rendre visite à ces satanés péquenots… Leurs deux têtes fichés à une pique feraient probablement réfléchir les balances trop zélées…

Et voici qu’ il se retrouvait de nouveau dans les geôles froides et humides de Limoges… Et lorsque que le garde avait refermé la lourde porte et que l’obscurité était venue l’envelopper, cette sourde angoisse qui lui nouait les tripes chaque fois qu’il était dans un lieu clos s’était réveillée…

On l’avait interrogé sur ses activités, sur ses crimes, sur son butin… Il était resté impassible, une moue narquoise affichée sur le visage, le regard provocateur… Il n’avait pas moufté lorsque le type de la maréchaussée, agacé par cette attitude avait laissé tombé presque négligemment que de toute manière, il serait soumis à la question et que là, il finirait bien par avouer tous ses crimes…

Non, il n’avait pas bronché, mais il avait sentit une sueur glacée lui couler le long de l’échine… Il connaissait la douleur, que trop bien, mais cela datait maintenant de cette enfance volée, souvenirs à moitié effacés par le temps et son inconscient… Ce qu’il se souvenait, c’est qu’à l’époque, il aurait donné n’importe quoi pour que cela s’arrête, mais il n’en était alors pas question…

Il se savait capable d’encaisser un peu, comme il l’avait fait lorsque Charon, l’ancien bourrel du Limousin, avait prit un malin plaisir à lui appliquer le fer rouge sur son épaule gauche de ce V de l’infâmie signifiant « voleur » mais c’en était resté là….Qu’en serait-il aujourd’hui, des années après ? Il n’avait jamais entendu parler de quelqu’un qui aie résister aux traitements liés à la « question »…

Un instant il sentit sa peur, cette peur originelle, celle qui le rendait d’habitude fou de rage et de haine prendre le dessus, et dans un bref moment de panique, il tenta désespérément de tirer de toutes ses forces sur les chaînes qui le retenaient, mais ce fut peine perdue… La douleur que cela lui procura, bizarrement, le calma… Il laissa ainsi, de nouveau, affluer la rage et la haine qui l’avaient maintenu en vie toutes ces années… Et pour empêcher la peur de reprendre le dessus une nouvelle fois, il s’imagina égorger tous ceux qui étaient à l’origine de son enfermement, de la soldatesque venue l’arrêter au moindre garde lui apportant un peu d’eau ou un quignon de pain…. C’est ainsi qu’il tenta de se passer le temps…échafaudant aussi d’impossibles projets d’évasion…

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--Auguste_barreau
Trois coups furent frappés au porche des geôles et un judas s’ouvrit. Deux yeux aux sourcils hirsutes, apparurent à travers la grille.
-Quand est-il ? demanda une voix éraillée.

Passant sa lettre de cachet à travers la protection, sans un mot il attendit. Le rouleau disparut et ressorti aussitôt. L’homme derrière la porte avait reconnu le sceau. La trappe du judas se referma d’un coup sec et l’issue s’ouvrit.
Lorsqu’il reprit sa missive il vit une empreinte de gras sur le bord et claqua sa langue d’agacement.
Ce billet il l’avait attendu depuis plus d’un mois et n’y croyait plus. il était enfin arrivé alors qu’il préparait son départ. Une joie inaudible accéléra les battements de son cœur à sa lecture.


Citation:
Par la grâce de notre roy de France,
à maistre Auguste Barréau. Bourreau de son état, salut et dilection.

Massaï a été pris et appréhendé par nos gardes et amené en geôle de cette ville de Limoges, ayant fait et commis plusieurs fautes et abus. Nous voulons avoir la vérité des dits méfaits.
Nous mandons et commandons que vous interrogez et vous vous informez bien sur tous les méfaits de Massaï, brigand réputé. Contraignez-le par toutes voies à la question ordinaire.
De ce faire, nous donnons pouvoir, commission et mandement spécial par la présente.
Prière de nous envoyer par scellés les aveux des dits méfaits. Et donnerons avis si le dit Massaï dira la question extraordinaire.

Fait en ce jour du mois….


Enfin ils s’étaient décidés. il l’avait enroulé méticuleusement sans trop serrer le papier. Il tenait à lui garder sa forme d’origine puis le glissa doucement dans l’étui de cuir qu’il gardait à sa ceinture.

Le garde de porte l’emmena jusqu’au guichet de la prison.

-Ouvre!! dit-il à son comparse. C’est l’bourreau pour l’nouveau. Mes avis qu’il va nous la chanter sa ritournelle.
L’autre derrière se mit à rire. Quand il eut Auguste devant lui son rire s’étouffa. Cet homme n’avait rien des bourreaux qu’il avait rencontré. Longiligne et distingué dans ses habits de bourgeois il n’avait pas l’allure des écorcheurs musclés et autre encapuchonnés avec qui ils fêtaient les exécutions jusqu'à rouler sous les tables. Celui là attendait les lèvres pincées, les épaules en arrières, droit comme la hampe de son hallebarde.
Tirant sur le bas de son gilet puis les poignets de ses manches, contrastant de propreté entre les murs de la première salle, Auguste articula.

-Maistre, bourreau au service du dit présumé coupable Massaï, je vous prie de me conduire.

Les murs des escaliers étaient noirs de grasse. Des traces de frottements des condamnés luisaient par endroit sous les torchères. Des rayures blanchâtres dans le salpêtre noirci, témoignaient que les commandés, s’agrippaient aux murs avec leurs ongles, tentant en vain de retarder leur supplice. Les chaines qui les entravaient, avaient usé les marches. Auguste les descendait prudemment, posant un pied après l’autre pour ne pas glisser ne prêtant pas d’importance aux marques des désespérés, toutes les prisons en avaient. Il suivait le garde à distance respectable. Il n’était pas question pour lui de heurter son guide si celui-ci s’arrêtait brusquement. Le gardien n’avait pas l’air des plus propres. Les escaliers passés, ils traversèrent un couloir, deux salles toutes aussi crasseuses. Le veilleur s’arrêta et mis dans une serrure une clef qu’il fit tourner deux fois. Avant d’ouvrir la cellule par la poignée de fer. Il se retourna.
-Il est au fond de la cellule et bien enchainé, sur le mur face a la porte. Ayez craintes à trop vous approcher. Il est mauvais. Sa mère a vu le…Auguste claqua de la langue et relevant le menton il lui fit signe d’ouvrir la porte.
La hauteur de l’huisserie l’obligea à se baisser pour franchir le seuil. Il distingua une forme dans le profond de la cellule.
Se tenant aussi droit que possible, le plafond bas ne permettait pas à son corps de se déployer. Il rentrait la tête entre les épaules pour ne pas sentir l’humidité contre sa nuque. Une odeur de rage, d’urine, de sueur emplissait ses narines. Ce mélange il le connaissait. L’homme qui était là, sentait le parfum de la révolte. Il devrait en tenir compte.
Il laissa ses yeux s’habituer à l’obscurité. Une lucarne éclairait faiblement. Petit à petit ses pupilles s’élargissaient. La cellule et l’homme se faisaient plus nets. Il semblait vêtu de noir, enfin sa chemise semblait bien sombre et sa peau n’était pas blanche laiteuse comme la sienne.

« -trop de soleil, trop de crasse. » Pensa Auguste.

-Auguste Barréau, pour vous servir. Bourreau. Quoique je sois bourreau, je n’en suis pas moins de noble famille et serviteur de la justice. Vous m’avouerez qu’en qualité d’exécuteur je m’exécute joliment. Mon beau travail et le droit que je rends sont à votre service. Il m’est demandé de vous soumettre à la question ordinaire. L’extraordinaire se fera par ordres suivants. Mais cette cellule ne convient point à mon art. Nous irons dans la salle plus haute. Par ma foi, que Dieu qui fait tant de bonnes choses en ce monde, m’en soit témoin, vous verrez que je sais exercer dans les meilleurs manières. A la fin de sa tirade il reprit sa respiration les lèvres à peine entrouvertes
Le garde attendait la suite





Edité par Deirdre le vert et le rouge sont réservés à la censure merci d'utiliser autre chose.
Massai
Depuis combien de temps était-il là ? Des heures ? Des jours ? Le faible rai du lumière auquel il se raccrochait désespérément pour ne pas sombrer dans la folie, pour ne pas se laisser envahir complètement par l’angoisse qui lui tenaillait les entrailles et vrillait son crâne ne permettait pas de deviner si l’on était le matin ou le soir…
Il avait peu à peu sombré dans une sorte de torpeur parfois traversée de frissons glacés. Il se persuadait que c’était lié à l’humidité du lieu…

Régulièrement, mû par une sorte d’instinct animal désespéré, il tirait sur ses chaînes, entamant peu à peu les chaires de ses poignets, mais les fers étaient solidement scellés et ses efforts étaient vains.

Et si Massaï était un être enragé par nature, le fait de se retrouver ainsi prit au piège ne faisait qu’accroître sa fureur. Il ressentait soudain une envie irrépressible d’égorger toute personne passant à sa portée…

Le bruit métallique de la serrure de sa cellule le fit sursauter… Le garde chiourne apparut un instant dans l’encadrement de la porte, mais très vite, il s’effaça afin de laisser passer un second individu. Il ne s’agissait pas d’un garde, ça non. Sa tenue laissait plutôt présager un juge ou un procureur, en tout cas une personne de haut rang. La moue de dégoût de l’étranger n’échappa au prisonnier qui y répondit par un ricanement.



-Auguste Barréau, pour vous servir. Bourreau. Quoique je sois bourreau, je n’en suis pas moins de noble famille et serviteur de la justice. Vous m’avouerez qu’en qualité d’exécuteur je m’exécute joliment. Mon beau travail et le droit que je rends sont à votre service. Il m’est demandé de vous soumettre à la question ordinaire. L’extraordinaire se fera par ordres suivants. Mais cette cellule ne convient point à mon art. Nous irons dans la salle plus haute. Par ma foi, que Dieu qui fait tant de bonnes choses en ce monde, m’en soit témoin, vous verrez que je sais exercer dans les meilleurs manières.

Massaï eut du mal à dissimuler sa surprise… Des bourreaux, il en avait côtoyer quelques-uns, mais aucun ne ressemblait à celui là. Ils ressemblaient généralement plus à des brutes et avaient souvent du mal à aligner deux mots or celui là parlait comme les hommes de justice, de celle dont il estimait qu'elle ne le concernait pas... c'est à dire de manière quasi incompréhensible !

Mais quoiqu’il en soit , il n’en restait pas moins bourrel et il savait ce que cela signifiait. Une lueur meurtrière éclaira son regard noir. Il eut un sourire méprisant à l’attention de son interlocuteur et c’est sur un ton plein de morgue et de défi qu’il s’adressa à lui
:

Eh bien, il doit y avoir pénurie de bourreau, ou bien est-ce parce que les autres savent à qui ils ont affaire qu’ils ont envoyé un gringalet faire le sale boulot ? Tu parles bien bourrel, mais j’espère pour toi que tu connais bien ton travail, car si jamais je sors vivant de ce trou, je ne donnes pas cher de ta peau…

Ses derniers mots étaient devenus menaçants. En aucun cas il ne laisserait ce nobliau gringalet l’intimider !
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--Auguste_barreau
Auguste soupira aux paroles du prisonnier en pensant, pourquoi fallait-il toujours attribuer à ce noble métier le physique d’un assommeur de bêtes. Fallait-il lui expliquer son erreur ? Il s’apercevrait par lui-même que les apparences sont trompeuses. Les insultes et les menaces lancées il en avait entendues et il en entendrait encore. « Celui qui engendre la peur entraine la haine. » C’était la première phrase que lui avait répondu son père lorsqu’il avait émit la volonté d’apprendre le métier.

Il quitta la cellule et ordonna au garde de refermer. La lourde porte claqua. Le bruit du pêne verrouillant l’homme, raisonna entre les murs. Le surveillant n’avait qu’une hâte raccompagner cet élégant hors de la prison et aller raconter qu’il y avait un bourreau en ville, un drôle d’oiseaux, un sujet à moqueries. Il n’imagina pas un instant qu’il en serait autrement, quand Auguste s’adressa à lui.

-Par ma qualité d’officier de justice, il t'est ordonné de répondre à mon besoin. Je veux voir la chambre des tortures. Tu quitteras ces lieux à mon autorisation donnée.
L’air railleur du garde se transforma en étonnement puis en déception. Il voulait protester mais le tourmenteur claqua de nouveau sa langue contre ses dents. Il avait bien vite compris que ce bruit signifiait qu’il fallait obéir. A regrets il le conduisit dans la salle.

La pièce n’avait pas servi depuis longtemps. Tout était en désordre, sale. Il ne s’attendait pas à autre chose. L’ensemble du bâtiment n’était pas très entretenu à son gout.
En faisant le tour il inspecta, les instruments. La pince à tenailler les chairs avait ses mâchoires collées. D’une main habile il l’actionna mais l’outil refusa de s’ouvrir en entier. Auguste en l’approcha de son visage pour voir ce qui gripper l’appareil, s'aperçut avec horreur que des résidus de chairs séchés empêchaient le mécanisme de fonctionner. Il jetât la pince au sol. Le garde qui attendait encore à l’entrée se précipita au bruit du fer heurtant la dalle.

-L’as du s’prendre les pieds c’t’échalas ! dit il tout bas.

Auguste, debout au milieu de la chambre des tortures, frottait frénétiquement ses mains entre elles. Une fine poussière s’en échappait. D’un ton sec il dit au garde,
-Nettoie ça ! Tout, tout ! Sa voix montait dans les aigus, trahissant l’horreur qu’il avait ressenti en découvrant les restes humains sur l’instrument. Ouvrant ses paumes tournées vers le haut, il continua,
-Obligé, obligé !! Lavandula vera, Lavandula vera ! À chaque mot il avançait par saccades ses mains à la face de l’homme. Le garde bouche bée ne savait plus que faire que dire. Devant lui le bourreau, le teint empourpré s’agitait et sa voix partait en trémolos.
-De la lavande, dit Auguste en retrouvant son calme. La lavande pour laver, pour désinfecter….. Il esquiva un léger sourire en voyant l’air ahuri du gardien. Il allait tirer sur le bas de son habit mais se contenta de replacer d’un mouvement d’épaule et de nuque son col.

-Connais-tu le dit Massaï ? Tu l’as dis mauvais ?
-Je..je…j’le connais que d’nom. Lui répondit le gardien en ravalant sa salive. Un peu d’l’avoir vu trainé en taverne. L’est d’une drôle de couleur sa peau, même que sa mère à vu le chemin d’un chat noir pendant qu’elle était grosse. A la naissance il était d’une couleur que les enfants de par chez nous z’ont pas. C’est la maitresse accoucheuse qui dit ça. Il fait son signe de croix. Ça l’a rendu bien mauvais. Il loue les femmes, tue leur mari, égorge les enfants et….
Auguste l’interrompe en levant la main.

-Tais-toi !!! Il me plaira de savoir par moi-même. La cellule est proche ! Nettoie dans le silence et ceci surtout. Il désigna un collier à clous mini d’un long manche. Demain au lever du soleil je serais là. Sois ici !

L’humidité pendant la visite avait enrobé ses habits. Auguste quitta la prison, il avait à préparer son habit de tourmenteur, vérifier encore une fois ses outils, l’inventaire de ses herbes et autres baumes.
Massai
L'homme ne daigna même pas répondre à ses menaces. Il faut dire qu'il avait beau être costaud le bandit, enchaîné ainsi à son mur, il ne pouvait pas faire peur à grand monde. Le curieux personnage se contenta d'un soupir et tourna les talons sans daigner répondre. La lourde porte se referma dans un bruit métallique qui lui sembla résonner longtemps dans sa tête.

Cette confrontation le laissa quelque peu dubitatif. Ce bourrel n'était certes pas ordinaire, et si cela n'était pas pour le rassurer, au fond, il savait que cela ne ferait pas grande différence pour ce qui l'attendait...

Il en était là de ses réflexion lorsque qu'une sorte de hurlement hystérique le fit sursauter. S'il ne comprenait pas de quoi il s'agissait, il reconnut tout de même la voix haut perchée de son récent interlocuteur. Décidément, l'homme était étrange. Il soupira, comprenant que cela n'était pas pour arranger ses affaires.

Il sentait de nouveau l'angoisse le gagner, il tenta tant bien que mal de se pelotonner sur le sol sale et plein de vermine de la cellule afin de lutter contre le froid et l'humidité qui commençaient à le faire frissonner. Depuis combien de temps était-il là ? Il avait perdu la notion du temps depuis déjà un bon moment, mais s'il n'était pas pressé de se retrouver de nouveau confronter à son futur tourmenteur, l'attente devenait insupportable. Il serra les dents et les poings..
.
Il n'allait pas lui faciliter la tâche à ce pisse-froid ! ça non, en aucun cas !!!

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--Auguste_barreau
La nuit avait emmené l’obscurité dans sa chambre, l’éclaircissement dans ses pensées et l’ordre dans ses choix. Il partit accomplir sa mission au levé du soleil. Il s’annonça à l’entrée de la prison, traversa la cour et frappa. Le garde ouvrit. C’était l’homme de la vielle dans sa tenue rafraichie. Son haut-du-corps était propre. Sa ceinture en bonne position retenait en place les pans du vêtement et faisait saillir son ventre. Il salua Auguste. Le bourreau avait remarqué l’effort du gardien. Sa personne était nettoyée .
-Quel est ton nom ?

Le garde s’étonna. D’habitude il ouvrait la porte, demandait à qui il avait affaire. Personne ne lui demandait le sien. Si le visiteur venait du bas-peuple il tenait à ce qu’ils comprennent que c’était lui qui avait les clefs. Il ricanait quand la future veuve le suppliait de la laisser entrer sans autorisations. Celles-là il aimait bien leurs visites. Il arrivait toujours à y trouver mon compte. Les gens des maisons nobles et des riches marchands, à eux, il ne posait aucunes questions. Si la Dame du prisonnier lui glissait une poignée d’écus, il s’inclinait. Mais lui, ce Maistre-bourreau, comme il se nommait, valait mieux l’avoir de son côté. C’est-on jamais ce que le sort réserve. Il répondit
-Jehan dit Le Beyer
-Allons en la salle. Il lui fit signe d’avancer. Il s’exécuta suivit d’Auguste.

Jehan avait bien travaillé et même allumé les torchères à l’avance. Auguste en refit le tour .La pièce était propre, les outils aussi. Il reprit la pince à tailler les chairs, l’examina en silence, puis a la vue du collier à clous posé contre le mur, il avança les lèvres en avant et les pinça entre ses doigts, le pouce sous sa lèvre inférieure.
-Humhumm…fit-il. Puis immobile il détailla l’objet du regard. Dans ses yeux s’affichait sa satisfaction. Le garde resté dans l’embrasure s’inquiétait de sa réaction .il ne voyait que son dos et sursauta lorsqu’auguste se retourna d’un geste vif.
-Beau travail, bien bien. Puis tirant sur ses poignets il claqua de la langue.
-Où est ma table ? Le lutrin et la bougie ? Le siège pour écrire et me reposer ? Crois-tu qu’il va me falloir mettre mon séant sur ses dalles à surveiller et compter les battements de vie du dit Massaï ? Il avait parlé cette fois d’un ton calme ce qui rassura Jehan.
-Avant que le soleil soit à son zénith, cela doit être fait. Conduis-moi à la porte du prisonnier et laisse moi je retrouverais le chemin.

Face à la lourde porte close, il regarda le garde s’éloigner, une fois seul il s’adressa à Massaï.
-Le soleil s’est levé. Vous allez devoir patienter encore. Tout n’ai pas prêt. Vous entendez ?
Il approcha son oreille pour écouter. Un bruit de chaînes se fit entendre.
-Des ordres seront donnés au garde pour votre nourriture. Demandez ce qu’il vous plaira. En nourritures terrestres j’entends. Celles de l’âme nous verrons par la suite, suivant vos confessions.
Reculant d’un pas, il tira sur le bas de son habit et partit sans bruits profiter du soleil matinal de cette belle fin du mois d’avril. Il voulait voir le printemps qui s’épanouissait de plus en plus.
Massai
L'attente encore et toujours. Peu à peu, elle fit place à une espèce de somnolence agitée et angoissante. Il aurait voulut dormir pour de bon, se laisser glisser dans l'oubli, mais rien à faire, l'idée de ce qui l'attendait restait imprégnée dans son esprit même lorsque la fatigue prenait le dessus et que ses yeux se fermaient.
Alors qu'enfin son corps s'abandonnait et que ses idées s'embrouillaient, la menace restait présente, une sourde angoisse tapie au fond de lui, lui nouant les entrailles et l'empêchant d'avoir un repos tranquille. L'obscurité de sa cellule se transformait en ombres mouvantes, les moindres craquements en bruit de bottes menaçants. Alors il sursautait, reprenant conscience douloureusement de son état, de ses chaînes et de son avenir. Il se réveillait frissonnant et en sueur, haletant le souffle court et il lui fallait plusieurs minutes pour se calmer.

Cette attente interminable qui lui laissait le loisir d'imaginer ce qu'on lui préparait était une première torture.

A un moment, une étrange réflexion lui vint à l'esprit. Réflexion stupide qui ne changeait rien à sa situation, mais qui eut la vertu de lui faire oublier un tant soit peu l'angoisse qui le tenaillait. Il se remémorait la fois où il avait été conduit en place publique et marqué au fer rouge par Charon et il en vint à comparer les deux bourrels. Deux styles différents, il n'y avait aucun doute ! L'un était un monstre de muscles et de puissance, froid et brutal, l'autre, pour le peu qu'il l'avait entrevu semblait plus menu, plus distingué mais probablement plus sadique, et il arriva à cet étrange questionnement : Fallait-il mieux, dans sa position, avoir à faire à une brute plutôt qu'à un sadique ? Cela allait-il changer quelque chose ? L'un faisait-il plus mal que l'autre ?

Il chassa cette étrange idée de son esprit, les outils employés seraient sûrement les mêmes et au fond, il savait bien que cela ne changerait rien !

Soudain des bruits de pas le firent sursauter de nouveau. Ceux-ci étaient bien réels cette fois. Une voix, cette voix qu'il n'avait entendu qu'une fois et qu'il détestait déjà, s'éleva de derrière la porte.


-Le soleil s’est levé. Vous allez devoir patienter encore. Tout n’ai pas prêt. Vous entendez ?


Que ressentit-il à ce moment là ? Du soulagement certes, il n'était pas pressé d'être entre les mains du bourrel, mais en même temps, cela voulait dire l'attente, encore, l'attente interminable qui devenait aussi un supplice. Il ne daigna pas répondre, seul un grognement de rage s'échappa de sa gorge.

-Des ordres seront donnés au garde pour votre nourriture. Demandez ce qu’il vous plaira. En nourritures terrestres j’entends. Celles de l’âme nous verrons par la suite, suivant vos confessions.

Manger ! Oui il était tenaillé par la faim, mais en même temps il n'aurait rien pu avaler tellement son estomac était noué. Il haussa les épaules.

Va au diable ! murmura-t-il entre ses dents, tu peux toujours courir, je ne suis pas prêt pour les confessions !

Cette affirmation lui redonna un peu de courage. Et l'attente repris...plus longue que jamais.
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--Auguste_barreau
Il avait parcouru toutes les ruelles et places de la ville, croisé quelques gens qu’il ignora. Personne ne le connaissait ici. Il avançait heureux de la tâche qu’il devait accomplir. La table de travail manquante, l’arrangeait bien, Auguste, respirait à pleins poumons l’air frais du printemps. Chaque bouffée avalée l’emplissait d’une extase sans nom. Il répertoriait mentalement les supplices qu’il accomplirait les uns derrières les autres et suivant leurs degrés d’intensité dans la douleur. Mais tous se mêlaient et s’embrouillaient à cause de son souhait le plus cher. Tout au long de sa carrière de tourmenteur, il n’avait jamais rencontré l’ultime présumé coupable . Celui qui, par son courage, avouerait seulement son innocence.
-Est-il celui là ? Est-ce Lui qui m’aidera à finir mon emploi ? Il s’imaginait répondre aux autorités qu’enfin, cet homme n’avait rien commis de répréhensible. Il abandonnerait alors sa charge pour se dévouer aux maux causés par les maladies. Il soignerait les membres démis, les plaies purulentes. Sa connaissance des corps lui donnait un certain respect parmi la population. Combien de fois avait-il remboité une épaule, guéri un abcès, anéanti une fièvre ?

-Pourtant murmura-t-il tout bas à son reflet, on a si peur de moi!
Il s’admirait devant l’embrasure d’une devanture. Auguste aimait son image dans son habit officiel de tourmenteur. Le rouge de ses bas assorti à sa chemise rehaussait le jaune de son manteau. Les broderies délicatement exécutées sur les revers enrichissaient encore la qualité du drap. Auguste les caressait d’un doigt. Un pouce glissé dans sa ceinture, il avançait une épaule puis l’autre. Il se souriait lorsque la cathédrale se mit à sonner. Levant la tête pour écouter. Il compta douze coups espacés et les prit comme un rappel à l’ordre. Il partit à la prison où l’attendait Massaï.

Auguste entraina avec lui Le Beyer jusqu’à la chambre des tortures, saisit le collier à clous puis ordonna au garde d’ouvrir la cellule. Le prisonnier enchainé au fond de sa cellule semblait prostré. L’odeur acide du lieu fit frémir les narines d’Auguste.
Il pénétra dans la cellule. Un ingénieux système évitait tous contacts avec le prisonnier. Une longue chaine courait contre le mur, maintenue par de larges anneaux .Ses maillons plus fins que celle du prisonnier, enduits de graisse glissaient aisément. Et avant que Massaï ne puisse réagir, il tira d’un coup sec les chaines. L’homme à l’autre bout se retrouva assis, en boule, les mains et le menton immobilisés sur sa poitrine, les pieds repliés contre ses cuisses.
Le garde regarda stupéfait le bourreau, d’où cet homme sortait sa force ? Il vit Massaï au sol et ricana. Il accrocha au tenon le cordon de fer que lui tendait Auguste.


-Vous voilà tel un oisillon frêle, dit Auguste en s’approchant de Massaï. Il tenait comme une crosse d’évêque le manche du collier à clous. Le cercle de métal à l’extrémité du manche renfermait dix pointes acérées. Il ôta la goupille de fer et le collier s’ouvrit comme une mâchoire. Posant l’instrument contre le mur où le détenu était attaché, il pris ses gants de peau qu’il enfilât. Arrangeant chaque doigt minutieusement il dit à Massaï ;
-Un jour je vous conterais l’histoire de mes chers gants.

Auguste replia les pans de son habit dans sa ceinture et s’accroupit à la droite du prisonnier. La tension que les chaines exerçaient l’obligeait à incliner la nuque. Auguste l’examina. Des traces de sueurs dessinaient des sillons sur sa peau sale, une longue écorchure suintait par endroits. Il l’a suivie de l’indexe puis de part et d’autre de son cou l'examina, palpa, plaça deux doigts sur sa jugulaire pour trouver les battements de son cœur.il souriait en sentant les pulsations marteler la veine. Fermant les yeux il écoutait ce que lui avouait le sang.

Doucement il retira ses mains, prit dans son aumônière une fiole, versa quelques gouttes du contenu sur l’entaille, massa d’une main et de l’autre saisit le collier a pointe qu’il referma sur le cou de Massaï. Maintenant le manche sous son bras, il plaça ses mains l’une derrière l’autre. Toujours accroupi Auguste dit au prisonnier.


- Voyez-vous ma force au bout de mes mains ? Pour votre salut levez vous à mon ordre. Nous ferons cela dans la douceur. N’ayez craintes je suivrais vos mouvements. Il fit signe au garde de relâcher l’étreinte des chaines.
Massai
Bruit de bottes dans le couloir, cliquetis de serrure, porte qui s'ouvre en grand, laissant passer garde et bourrel, et cette fois pas d'échappatoire possible ! Tout son corps est tendu, prêt à se battre tel un animal acculé, mais il n'en aura même pas le loisir !

Un geste à l'entrée de la cellule, mouvement de poulies et de poids qui font se tendre les chaînes avant même qu'il ne puisse réagir. Le voilà projeté au sol, bloqué sans pouvoir faire un mouvement, assis sur le sol souillé et puant de la pièce.

Position humiliante qui ne fait qu'accroître sa rage. Il ne quitte pas des yeux son tourmenteur et lorsque celui-ci le touche, il ne peut réprimer un frisson de haine pure, un grognement de bête qui monte du fond de ses tripes. C'est à peine s'il sent les mâchoires du collier de fer se refermer sur son cou, il n'écoute même plus les paroles de cet espèce de guignol dont, à la moindre occasion, il arrachera le coeur avec ses dents.

Il n'est plus qu'un muscle tendu à l'extrême attendant un relâchement des chaînes qui le maintiennent immobile... Qu'ils lui laissent une once de liberté, juste un instant, aussi infime soit-il, une seconde d'inattention, et il leur sautera à la gorge, il les écorchera vifs avant même qu'ils n'aient le temps de comprendre leur douleur, il a déjà le goût de leur sang dans la bouche...Les abrutis ! Ils ne savent pas à qui ils ont affaire !!!.... Un léger mouvement, il sent la pression des fers se relâcher, il est prêt, ses muscles se détendent soudainement....

Douleur intense qui l'immobilise ! Punition instantanée ! Les pointes de fer se plantent dans sa chair ! Rugissement !... de douleur, cette fois. Il doit se soumettre de nouveau, et si tout son esprit se rebelle, son corps est obligé d'obéir... Il lui arrachera les yeux à ce maudit bâtard ! et a son garde chiourne qui ricane aussi ! mais en attendant, lentement, très lentement, les mâchoires serrées de rage, il se met debout, se pliant aux volontés du bourreau... et comme il n'a plus qu'une seule façon de lui montrer qu'il n'a pas peur de lui, il crache de toutes ses forces en sa direction.

Le long manche du collier ayant protégé Auguste de l'ignoble jet, c'est sur les revers jaunes et impeccables du mantel brodé que vint s'achever la course de l'infâme expectoration du prisonnier qui ne se retint pas d'un ricanement mauvais...

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--Auguste_barreau
Il n’avait pas obéit, pas attendu les ordres pour se relever et Auguste vit l’homme se mettre debout, poussé par la rage d’être soumis. Massaï s’était déplié sans chanceler.
Aussi grand que lui, les muscles saillants, la haine se dessinait sur son corps. Auguste, par réflexes eut juste le temps de le suivre. Là ce n’était plus lui qui décidait et cela l’agaça. Les deux mains sur le manche, Il s’apprêtait à tirer Massaï vers lui, pour l’ébranler. Il voulait que les clous s’accrochent à nouveau comme dix doigts pointés, lui ordonnant de s’immobiliser, mais stupéfié, il le vit défiant la douleur.


La lucarne renvoyait son flot de lumière sur le visage de Massaï et Auguste apercevait la fureur de ses yeux, son nez pincé et ses narines dilatées. Puis un raclement de gorge se fit entendre et Massai cracha son mépris. Auguste s’attendait à recevoir quelques débris de salive, pas plus puisque le manche le tenait à bonne distance. Le garde poussa un cri d’indignation. Il avait tout vu. Il fixait la manche du bourreau. La scène semblait irréaliste à Auguste. Massaï affichant un rictus mauvais et Le Beyer anéanti prés de la porte fixait ses manches.
Déterminé à ne pas lâcher prise, le bourreau suivait le regard du garde. Il découvrit avec horreur ce qui l’anéantissait. Une sorte de mousse jaunâtre recouvrait la broderie. Un crachat gluant, dégoulinait lentement sur son revers. Une larme de morve tirait vers le bas l’amas que Massaï avait cherché au tréfonds de ses voies respiratoires.
Auguste pâlit. Il resserra son étreinte sur le manche de bois et levant les yeux vers le prisonnier il dit d’un ton calme et grave,

-Avance ! L’ordre fût donné comme une sentence. Il imprima un léger mouvement de balancier à l’instrument. Les pointes lacérèrent le cou du prisonnier.
Le garde ouvrait la marche jusqu’à la chambre. Massaï suivait et Auguste le guidait. Ils franchirent dans cet ordre le seuil.

Une table de bois occupait le centre de la pièce, une longue table où deux hommes couchés pouvaient presque tenir en enfilade. Des chaînes, des sangles pendaient sur tous les cotés bien arrimées dans l’épaisseur du plateau. Le prisonnier fût poussé contre le bord. La hauteur du plateau le cogna à la hanche. Le garde passé derrière lui, attrapa le lien métallique qui partait de l’espèce de carcan solidement rivé autour de son cou. Le chaînon courait le long de son dos jusqu’à sa ceinture de métal pour repartir par un autre point entre ses jambes et remonter le long de son torse. Ses mains étaient menottées. Prises dans la partie intégrante de la bande de métal qui lui enserrait la taille. Au-dessus de tout ce joug, le collier à pointe qui garantissait la suprématie de l’exécuteur. Entre la dextérité d’Auguste et la force du garde, Massaï fût couché sur la table. Lié à elle. Le Beyer le débarrassa de ses fers pendant que le bourreau préparait ses instruments.

Le soleil avait entrainé avec lui les heures de la matinée et tous les espoirs du tourmenteur à trouver un innocent. Ce crachat il ne lui pardonnerait pas. Il avait souillé les belles broderies faites avec tant de soins par sa défunte femme et elle avec. Il essuya son revers. Désincrusta les glaires immondes prisent dans les arabesques de fils. Une larme roula sur sa joue. Ni le garde, ni le prisonnier ne virent sa tristesse. De dos, dans un coin, il préparait ces instruments.

Tenant un bassin de terre entre ses mains il s’approcha de Massaï. Sur le front du prisonnier une sangle de cuir immobilisait sa tête. Il le déposa à coté puis s’éloigna, quitta son mantel. Pardessus Sa chemise de drap bourgeois il s’arma de sa tunique noire à deux manches liées aux poignets, et pendant jusqu’ à mi-jambe. Il revint avec sa trousse de cuir, mit ses mains gantées sur les joues de Massaï et dit ;

-Dieu et la justice réclament vos aveux. Embrassez la vérité dites et votre vie sera sauve. Avouez vos méfaits. Commençons ! Retirant ses mains il baisa le bas de ses gants en peau.

En premier il découpa la chemise du brigand et fit signe à Le beyer d’enlever les lambeaux. Il lui rasa les sourcils et le crâne et mit les cheveux dans un sac de toile.
-c’est-un bien précieux dit-il à s’adressant à Massaï. Ils serviront à garnir un coussinet. Savez-vous que cela fait grand plaisir en souvenir et coute fort cher ? Des dames les cachent dans leurs manches et les embrassent avant de dormir, d’autres les brûlent pour expier leur haine.
-Dès maintenant, reprit-il, il vous faut voir, sans fermer les yeux. Sortant de sa trousse un étui, il l’ouvrit. Plusieurs bâtonnets en if de différentes longueurs étaient rangés les uns à coté des autres. Auguste examina les paupières du prisonnier. Les yeux noirs de Massaï brillaient. Il ignora son regard tout attentionné à son affaire. Il caressait le dessous de l’œil droit, remontait vers les tempes et recommençait. Il tapotait légèrement. Tirant un peu le coin de l’œil il saisit tout à coup la paupière, l’a retourna pour la coincer à l’aide du petit morceau de bois taillé à cet effet. Il recommençât à l’autre œil.

-Les paupières ne protègent pas seulement l’œil de la lumière. Elles mettent à l’abri des poussières. Il me serait facile de vous enlevez chacune d’elles, délicatement, sans toucher le noir de vos yeux. Mais je choisis cette manière. Vous verrez comme vous aimerez retrouver le plaisir de clore votre regard. Combien de temps allez vous supportez ? Finit-il. Le bourreau inclina le tablier où reposait la tête du condamné. Il avait à présent la nuque étirée, le front en arrière et les yeux écarquillés. Le garde regardait amusait la transformation du brigand. Attaché les bras écartés et les jambes serrées, il avait l’air d’une de ces marionnettes aux yeux ronds des amuseurs publics.
Auguste, pris le bassin de terre et le changea de place, posé près du flanc du supplicié et retira ses gants, doigt pas doigt en s’adressant au garde


-Il me faut, disons… Hésitant il tâtait la taille de Massaï, se reculait un peu puis ajouta, je dirais votre mesure un peu moins d’une toise. Se pinçant les lèvres entre deux doigts en réfléchissant il continua,
- Apportez donc 25 pintes d’eau Le Beyer.

Le garde fût surpris de s’entendre appeler. La fascination de voir Massaï réduit a l’état de larve et les préparatifs du bourreau qu’il observait, il resta sans réactions.
-25 pintes d’eau !!! Vous dis-je !! Sa voix montant dans les aigus et le garde sortit de sa torpeur pour filer au plus vite.
-Mais quand il falloit répéter les ordres ? En rabaissant le ton demanda-t-il à Massaï.

Le faiseur d’aveux, se frotta longuement les paumes entre elle, pour les tremper ensuite dans le bassin. Celui-ci était rempli d’huile qu’Auguste avait parfumée. Il appliqua ses mains sur le ventre de l’homme allongé à sa merci.
- Au tour de vos entrailles. Il commença un long monologue
-Savez-vous que l’œil s’irrite à rester ainsi ouvert ? Mais peu être l’avez vous observé sur vos victimes ? En lui massant les flancs il rajouta,
-Vos yeux vont devenir rouges et les causes d'irritations agiront également sur les parties molles et se rependront dans vos pensées. Il arrêta ses mains sur l’estomac et dit gravement,
-Rien ne sert à me couvrir de votre haine. Votre venin sur ma manche est le chemin du gibet, ma tendre aimée vous avez offensée. Pour toute réponse Massaï émit un long hurlement.
Auguste se mit à lui pétrir l’estomac et reprit,
-votre vie est à chaque instant compromise, votre santé deviendra chimère. Il suffirait du développement d'une seule infection à l’un de vos yeux, pour éveiller partout le sentiment de la douleur, et ce n'est pas ce que veut la nature mais ce que je peux faire.

Sous ses doigts, il étirait la peau, la relâchait et recommençait.
-vos entrailles, et votre peau bien huilée pour l’étirement de la boisson. Votre ventre va gonfler comme la panse d’un beauf quand vous aurez bu les pintes. Il sentait sous ses doigts les muscles se raidirent. Il jugea cette tâche terminée. La peau avait absorbé et luisait sous les reflets des torchères.
-votre peau est de la couleur des pains brûlés d’un mauvais boulanger. Avec son index il traça des cercles sur le ventre en remontant sur la poitrine. La peau se couvrit de frissons et Massaï tentait de s’arcbouter mais les liens empêchaient de bouger. Auguste sentit les muscles se contracter et sut qu’il n’était pas prêt à répondre à la question. Il alla au bout de la table, et sur les fers qui maintenaient les pieds. Il passa dans chaque anneau des longues cordes de chanvre solidement tressés. il glissa le bout de chaque corde dans l’œil de poids posés au sol, les remonta, pour les faire travers er deux poulies chevillées au plateau. Il tira sur les cordes. Les poulies élevèrent les charges
Sans le moindre effort pour Auguste. Pour finir l’assemblage il emprisonna les attaches dans des mâchoires de fer accrochées au châssis. Dix livres de poids étiraient les jambes de Massaï. Auguste se releva. Tout cet exercice avait mis en désordre la tenue du bourreau. Il regardait ses mains salies lorsque le supplicié émit encore un cri. Lui étirant les jambes, les muscles protestaient en de douloureuses crampes. Le guillotineur n’en avait que faire, ses mains le préoccupaient. Tandis qu’il les observait le garde arriva charger des premières pintes.

-Ah vous voilà !!! Posez, posez et venez.
S’approchant de sa table de travail il fit signe à Le Beyer de se saisir de l’aiguière. Au dessus d’un pot il se lava les mains, s’essuya minutieusement et remis ses gants. Il tira sur sa tunique, ses manches puis rejoint Massaï.

Les yeux de Massaï pleuraient. Auguste les observa et essuya les larmes. Les vaisseaux commençaient à éclater et rougissaient le globe.

-Bien, bien... dit Auguste en se penchant.
-Avouez cela, vous avez achevez Dame Ned, haute figure du Limousin et fait croire en donnant de faux écrits que vous avez accédé à sa demande. Vous êtes donc faussaire et non puni pour ce crime.
-Non!!
hurla Massaï. Son front perlait de transpiration. Son tortionnaire l’épongea. Le garde avait fini de transporter l’eau et attendait les instructions. Auguste lui ordonna.
-Assi et témoignez ! Il sortit une fiole de sa tunique et la présenta à la vue de Massaï.
-Un vinaigre fin et délicat. Il fit tomber une goutte dans le coin externe de son œil gauche. Un éclair de douleur s’ensuit aussitôt. L’acide le brûlait. D’ordinaire ses paupières se seraient fermées pour lutter et le soulager. L’impossible battement laissait la goutte s’incruster.
-Je dirais, la vérité... soufflait le brigand dans un rictus de douleur. Aussitôt, Auguste, à l’aide d’un linge absorba l’humeur assassine de l’œil.
-Vous êtes donc faussaire ! Vous avez envoyé de faux écrits faits de vos mains pour détourner à votre profit une partie des impôts du comté du Limousin. La pupille noire du prisonnier se dilata et un éclair de rage s’illumina un instant.
-Non, non !!! hurlait l’homme en réponse.
-Vous avouerez ce fait en temps voulu. Lui tapotant une joue d’un geste amical, Auguste alla aux poids pendants à l’autre bout de la table. Il changea celui du côté gauche par un plus lourd. Avec l’aide de Le Beyer ils tirèrent sur les cordes d’élongation. Le garde sournois à l’insu d’Auguste fit se balancer légèrement le poids plus léger. Massaï sous la tension poussa un grognement. Ce cri, Auguste le reconnu le prisonnier allait céder. Il prit dans sa trousse de cuir un stylet de chirurgien et fit une entaille à travers le vêtement sur le haut de la cuisse gauche. La lame aiguisée coupa le tissu et la peau sans aucune résistance.
-Votre peau va se séparer, se déchirer sous la tension offrant votre chair. Tout le corps de Massaï se couvrait de sueur.

Le maître des hautes œuvres, alla à son lutrin et alluma la bougie.il se mit à écrire, le temps ferait son travail. Il savait qu’un répit était bénéfique. Le prisonnier s’enfonçait alors dans la peur et la douleur. Elles étaient des aides efficaces. Il laissa Massaï une heure durant sans l’approcher pour se concentrer sur le détail des supplices et les aveux qu’il consignait dans son livre des registres.
La bougie fondait peu à peu. Quand la première encoche fut disparue, Auguste retourna à son travail. Il inspecta en premier l’incision qu’il avait faite. Un sourire s’afficha. Son travail toujours soigné donnait les résultats escomptés. La plaie s’était écartée d’un bon centimètre sous l’effet de la tension quelques traces de sang se mélangeaient aux lymphes incolores.


-Reprenons ! dit-il à la grande marionnette couchée. Avouez! -Profitant de votre peau brune, à l’épiphanie vous avez par vos dons de sorcellerie, épouvanté de jeunes filles et après les avoir soumises elles furent vendues à des complices pour assouvir la soif des hommes
-Maudit, maudit !!!
Rugit Massaï. Elles, elles…oui… c’est…les sorciers…tout... Il s’évanouit.
Auguste se précipita pour tâter son pouls. Il battait convenablement. L’homme avait sombré dans le sommeil de douleur. Son regard forcé fixait le néant.

La journée avait pris fin. Le travail avait fait défiler le temps. Le beyer dormait sur sa chaise. Auguste relâcha l’emprise des poids. Il voulait savoir plus précisément ce que feraient les globes oculaires de Massaï. Il retourna à son lutrin et cette fois écrivit une longue lettre pour prévenir les autorités qu’il était prêts aux aveux. Il réveilla de la garde pour apporter la nouvelle et lui fit congé de la nuit. La sienne allait être blanche. Assis, la tête appuyée contre le haut dossier il s’assoupit.
.lilith.
[Et pendant ce temps, à Rochechouart, "Chez Azazel"]

- Patrooonnn? Patron-chériiiii! Je suis de retour!


Habillée de façon plus provocante que jamais, la catin venait de rentrer à son nouveau port d'attache, ce bordel que Massaï avait acheté avec les écus pillés dans leur ancienne ville. C'est qu'il fallait bien se montrer avenante... La petite mission de transfert de fonds qu'"on" lui avait confiée lui avait pris une bonne vingtaine de jours, sans doute que le patron allait être plus qu'énervé, car durant ce temps, les affaires ne tournaient pas, à Roche! Mais elle avait été grassement payée pour cette mission, et sur le trajet, elle n'avait pas cessé ses lucratives activités, racollant dans les auberges où elle s'arrêtait les autres voyageurs. Loin de leurs matrones et de leurs morveux, forcément, ils avaient nettement moins de scrupules à s'offrir les services d'une belle de nuit. La recette de ces quelques jours passés sur les routes était plus que positive, en somme. De quoi appaiser l'irrascible Massaï.

Elle rajusta son décolleté, surprise qu'il n'ait pas encore fait son apparition. Etait-il reparti sur les routes? Surement pas en laissant le bordel ouvert à tous les vents! Quand il partait, il s'assurait qu'elle était là pour gérer leur petite entreprise qui ne connaissait pas la crise. Et il savait qu'elle ne se défilerait plus sans le prévenir, parce que la dernière fois... Elle frissonna en se rappelant la dernière fois où elle s'était éclipsée... Ca s'était fini par un meurtre, un incendie, et quelques jours de repos forcé pour elle, tellement les coups avaient été violents.

Et aujourd'hui, elle savait qu'il faudrait être particulièrement... "gentille" avec lui. C'est que lors de cette mission... elle avait été amenée à rencontrer rien moins que Monseigneur Kad d'Azayes, qui sur un coup de tête et aprenant que la "pauvre enfant" n'avait pas encore été baptisée, avait décidé de procéder à ce sacrement comme ça, presque sur un coup de tête.
Lilith était donc désormais baptisée, enfant du Très-Haut, et son parrain n'était rien moins que le Grand Inquisiteur en personne. Parrain d'une catin, fallait le faire, quand même. Mais lors de ce baptème, elle avait fait la promesse de cesser ses activités. Etait-ce le signe qu'elle attendait? Toujours était-il que sur le chemin du retour, elle n'avait plus pris de clients. Elle n'avait pas encore réfléchi à comment annoncer ça à Massaï. Pas réfléchi non plus à comment honorer jusqu'au bout cette promesse. En passant le seuil du bordel, elle se rendit compte qu'elle ne pourrait probablement pas la tenir. Alors quoi?

Plus tard les questions! Elle s'en alla dans sa chambre pour ranger bien précieusement son certificat de baptême, avant de parcourir rapidement les autres pièces.


- Massaï? Viens voir, j'ai rapporté des choses intéressantes de ma petite escapade!

Mais point de Massaï à l'horizon. Pire. Sa chambre semblait avoir reçu la visite d'une tornade. Et à dire vrai, il lui semblait que tout le bordel était à l'abandon. Pas depuis longtemps, mais quelques jours à tout le moins. Remplaçant le sourire avenant, une expression d'inquiétude prit place sur son joli minois.
Elle sortit précipitament du bâtiment. La vie semblait suivre son cours, dehors, les paysans étaient aux champs, leurs femmes rentraient du marché d'où elle venaient de vendre leurs produits, quelques gamins courraient ça et là, poussant des cris d'admiration lorsqu'un cavalier, noble de toute évidence, passa en trombe devant eux. La vie normale, en somme... Sauf qu'une boule venait nouer le ventre de la jeune prostituée. Elle attrapa un des gamins par le bras.


- Dis donc, toi! Tu sais ce qui s'est passé ici???
- J'ai pas l'droit de t'causer, ma mère dit que si on cause aux filles comme toi, on va en enfer!
- Ben voyons! C'est au paradis que j'ai emmené ton père, morveux! Parle! Pourquoi le bordel est désert? où est Massaï?
- Massaï? C'est çui qu'a tué et volé?
- Comment ça? Qui a dit ça? Tué qui?


Ils s'étaient tous les deux plutot tenus tranquilles depuis leur arrivée en Limousin, et à sa connaissance, son patron ne s'était pas encore illustré par ses méfaits, vu qu'ils avaient largement de quoi vivre avec ce qu'ils avaient pillé précédemment... Mais qu'il se soit fourré dans un sale pétrin ne la surprenait qu'à moitié...

- Ouais, m'dame! L'a tué des rupins, à ce qu'y paraît! C'est ce qu'y z'ont dit, les maréchaux qui sont venus le prendre l'aut'jour.

La maréchaussée... un frisson d'horreur parcouru l'échine de la brune. Etait-il possible qu'il se soit fait "bêtement" avoir? Elle relâcha le mioche sans un mot et tourna les talons, direction les geôles du comté...

[Geôles de Limoges]

Elle avait remis sa cape sur ses épaules, histoire de ne pas trop attirer les regards. Peut-être qu'elle devrait se servir de ses atouts pour soudoyer un ou l'autre garde afin de parvenir à ses fins, mais pas tout de suite, pas encore... Elle avait apporté de la nourriture, un plein panier. Elle craignait qu'il n'ait dû manger par coeur durant plusieurs jours, car ici, fallait pas compter sur les autorités pour nourrir les prisonniers... c'était à la charge de la famille, généralement. Sinon... ben sinon, ils crevaient de faim et c'était tout. Il fallait qu'elle le voie, qu'elle sache... et éventuellement qu'elle puisse agir, d'une façon ou d'une autre. Chargée de ses victuailles, elle se présenta devant les plantons, qui étaient habitués à pareilles visites, normalement. Plantant son regard acéré dans le leur, elle parla d'une voix ferme.

- Laissez-moi passer, je viens apporter des provisions à un de vos prisonniers, Massaï. Je suis... de la famille...
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--Auguste_barreau
Le bourreau l’avait congédié et il était fort heureux de raconter à son compagnon de garde les heures passées en bas dans la chambre des supplices. La journée avait commencée tôt pour lui mais expliquer ce que le tourmenteur faisait à ce brigand valait bien de quoi s’attarder. Il ressentait une pointe de fierté et de supériorité envers l’autre. Auguste l’avait choisi lui.
Debout, il pavoisait et riait en décrivant le prisonnier à moitié nu, ficelé comme un porcelet et à qui on allait trancher la gorge. Imitant le cri du goret sous la lame, Le Beyer traçait avec son pouce une ligne sur son cou. Les deux hommes riaient lorsqu’une femme se présenta à eux. La porte des prisons restée entrebâillée l’avait laissé passer jusqu’au poste d’entrée. La voix féminine au ton assuré coupa net leur amusement. Ils tournèrent ensemble la tête vers celle qui les interpellait. L’un resta bouche bée devant cette apparition. L’autre, Le Beyer, après un moment d’hésitation et se rappelant le statut particulier qu’il s’était attribué dit,


-Oh oh !!! Voyons, voyons ce que nous avons là ! Seriez-vous, gente Dame de la cour ? Puis partit dans un rire tonitruant.
-Tu vas au marché ? C’est point le bon chemin, dit l’autre en regardant le panier qu’elle portait.
-Le marché ! Oui le marché, c’est point par là hoqueta Le Beyer. C’était y qui que tu veux ? Massaï ? Il riait en évoquant ce nom. Il s’adressa à son compagnon.
- L’a une tête que tu connais cette donzelle ? Puis reparti à rire. Une tête !! Une tête ! Et chantonna,
Une tête pour l’échafaud
Une tête roule sur le billot…


Son acolyte s’étranglait de rire et levant les yeux vers la jeune femme il eut une idée.
-T’as quoi là caché sous ta cape ? Une brigandine pour nous crever les yeux ? Fait donc voir ce que t’y a dessous.
-Oui ! Tu pourrais,
renchérit Le Beyer, montre nous la mégère, si ton petit cœur tout chaud cache pas une arme. Il souriait, les yeux fixés sur le décolleté caché sous la cape. Son comparse assis, le regard brillant, attendait que les mains humiliantes découvrent la gorge douillette. Captivé par l’audace du garde et pour l’encourager il dit d’une voix rauque,
-Explore en tout sens pour chercher ce qu’il peut s’y trouver.
Le Beyer poussé par les railleries s’approchait d’elle les mains en avant. Il allait saisir la cape lorsqu’une onde soudaine et violente irradia sa nuque. Les yeux et la bouche grands ouverts il perdait son souffle. Un point douloureux sous son oreille gauche anéantissait ses reflexes de défense.
-Elle m’a transpercé pensa-t-il. Se sentant partir en arrière, son tympan vibra endolori par un bruit sourd. il résonnait encore quand il reconnut la voix du bourreau.

Les longs doigts fins d’Auguste enserraient sa nuque . La pointe de son pouce enfoncée sous le muscle à l'arrière de son oreille, le bourreau l’avait maîtrisé et ramené à lui. La bouche tout près de de son ouïe, Auguste lui avait signifié son agacement par un claquement de langue.
-Saluez les yeux baissés en terre, celle qui, miséricorde apporte. Le souffle chaud d’Auguste lui effleurait la joue à chacun de ses mots. Libéré de l’étreinte il s’empressa d’obéir en rajoutant ses excuses pour sa conduite. Le bourreau lui inspirait une peur indéfinie. C’était un homme qu’il valait mieux avoir de son côté. L’autre gardien sur sa chaise restait médusé par la soumission de Le Beyer.

Auguste s’essuyait les doigts sur le bas de sa tunique. Il avait détesté le contact visqueux de la nuque en sueur. Il désincrustait sous ses ongles pourtant propres des impuretés chimériques. Quand il jugea ses mains convenables, il effrita entre elles des brins de lavande qu’il portait toujours sur lui dans un petit étui. L’odeur parfumée se rependait autour de lui. Examinant une dernière fois ces doigts. Il rajusta sa tunique, éloigna d’une pichenette une poussière sur son épaule, tira sur ses manches .il baissa la tête un bref instant à l’encontre de celle qui avait été le jouet des gardes.
- Auguste Barréau, pour vous servir. Maistre-des-hautes-œuvres.
Il savait qu’elle était là pour Massaï. Son allure de femme de peu de vie ne le trompait pas. Les nobles Dames ne portaient pas de panier mais une bourse avec quelques florins dedans. Leurs vêtements et coiffures étaient plus raffinées

-Faites votre demande, j’écouterais votre raison en l’honneur de Dieu et de toute la benoite et sainte Trinité du Paradis.
Il restait devant elle à attendre sa réponse. Le Beyer avait rejoint son conscrit. Les deux hommes n’osaient bouger.
Massai
L’homme avait mal supporté son geste de rage. Il fut emmené sans ménagement dans la salle des tortures. Il ne put réprimer un frisson à la vue des chaînes et des sangles qui garnissaient le lourd plateau de bois trônant au milieu de la pièce. Avec une certaine dextérité, le bourrel aidé du garde l’obligèrent à s’allonger sur la table. Il aurait voulut résister, se rebeller, mais rien à faire, les lourds carcans de fer qui le maintenaient prisonnier le rendaient inoffensif. Il se retrouva soudain enchaîné, les bras écartés, solidement arrimés de chaque côté de la table, la tête maintenue par un bandeau de cuir, la nuque étirée vers l’arrière. Il sentit soudain à quel point il était vulnérable, dans cette position humiliante, et peu à peu il sentit la peur le gagner…

Les tourments commencèrent…ce fut d’abord les paroles du bourreau… Non il ne lui lâcherait rien ! Qu’il aille au diable le gaillard ! Il pouvait toujours courir !

Première humiliation, lorsqu’il lui rasa la tête et les sourcils…étrange sensation de se retrouver ainsi mis à nu, à sa merci. Grondement de rage…Il n’était plus qu’un animal prit au piège que l’on allait mettre à mort…Toute la vigueur et toute la sauvagerie qui l’habitaient n’y feraient rien, il était impuissant…

Lorsque le drôle lui retourna les paupières, il eut un sursaut de révolte, mais son corps, maintenu de toutes parts ne bougea presque pas… Très vite, ses yeux le picotèrent, au début rien d’insupportable, puis les larmes qui vinrent brouiller la vision… Mais très vite, ce fut une première torture que de ne pas pouvoir fermer les yeux…. L’homme parlait, il n’arrêtait pas de parler, mais il se fichait bien de ce qu’il lui racontait, il ne lui dirait rien ! pas question !

Puis il y eu la tension dans ses jambes… comme si une force invisible lui déchirait les muscles… Il serrait les mâchoires…tenir ! il devait tenir…
Le temps passa ainsi, de supplices en supplices, de douleurs aigües en calvaire insupportable… A un moment le bourreau lui versa un liquide dans les yeux…il lui sembla qu’on lui enfonçait une lame d’acier dans la rétine… Il hurla…

Au départ la haine et la rage lui permirent de tenir, mais peu à peu la douleur devint insoutenable, il avait mal, ses yeux le brûlaient au point qu’il en vint à souhaiter qu’on les lui arrache, ses muscles se déchiraient sous la tension des poids, lui arrachant des hurlements de douleur, les plaies que lui infligeaient Auguste le faisaient souffrir atrocement…

A un moment, aidé du garde, il lui versa des pintes d’eau mélangée à de la terre dans la bouche. Il ressentit une atroce sensation d’étouffement, la brûlure de ses poumons, le manque d’air, l’étau dans sa poitrine. Puis le supplice s’arrêta, il resta ainsi toussant crachant, tentant de reprendre son souffle…c’est alors qu’ils recommencèrent…encore et encore… Il voulait hurler, supplier, mais la boue qu’il avait plein la bouche l’en empêchait. Enfin ils s’éloignèrent… Il crut à un moment de répit…mais soudain des crampes d’estomac, des brûlures atroces le firent mugir de douleur… Le mélange commençait à se répandre dans son estomac, le faisant gonfler dans d’ignobles souffrances.

Combien de temps durèrent ses tourments ? Il n’avait plus aucune notion du temps… A certains moment, les supplices étaient si forts qu’il s’évanouissait… Oh doux répit dont, malheureusement l’inconscience ne lui permettait pas de profiter… Las, son tourmenteur possédait toute une gamme de sels et autres produits qui avaient le don de rendre vie à un mort ! On le tirait ainsi de sa torpeur bienfaitrice afin de le replonger dans les affres des tortures…
Parfois, entre larmes, sueur, hurlements, souillures et suppliques, Auguste l’abandonnait à ses souffrances le laissant ainsi geindre et implorer pendant des heures…

Tout son corps n’était plus que plaies et tourments… Il aurait donné n’importe quoi pour que cela s’arrête, il supplia même pour qu’on l’achève…mais rien n’y fit… L’homme, rejoint par d’autres, probablement des hommes de loi, mais au fond, cela n’avait plus beaucoup d’importance pour lui, n’était que question sur question :

Que voulaient-ils savoir ?


Oui… j’ai assassiné Dame Ned… Oui, mais c’était pas un assassinat puisqu’elle me l’a demandé… Non, je…j’ai rien falsifié… douleurs et cris…puisque cela leur faisait plaisir, eh bien oui j’ai tout falsifié pour qu’on ne m’accuse pas…pour ce que cela changeait…

Il aurait fait n’importe quoi pour que cela cesse…alors il finit par avouer…

Il avoua l’enlèvement de la comtesse du Limousin, Marie Alice, mais ça faisait si longtemps maintenant…


Mais j’l’ai pas tué le petit Arthur….juste sa nourrice, mais c’est parce qu’elle avait crié…elle l’avait cherché non ?

Il avoua le meurtre de la maréchale de Montluçon, Seve…en fait était-elle morte ? Il n’en savait même rien, il l’avait abandonné mourante dans un bois…

Il avoua le meurtre sauvage de la maquerelle de Lodève, Himawari qui avait osé lui voler Lilith…

Il avoua le pillage de Cahors…


C’est vrai que ça a été facile, il étaient tellement naïfs les Cadurciens… C’est eux qu’on finit par m’élire maire… les autres les avaient prévenus pourtant… Z’auraient dû savoir ce qui les attendaient ces imbéciles !

Il avoua enfin les nombreux pillage et brigandages, le nombre de gens assassinés dont il avait abandonné les cadavres le long des routes…ils n’auraient jamais dû lui résister c’est tout… et tous ces enfants, devenus orphelins par sa faute, il les avait vendu à des fermiers des parages…ça faisait des bras en plus pour eux…

Il avait tout dit, tout avoué, mais les supplices reprirent… Il hurlait, suppliait ne comprenant pas… Que lui voulait-on encore ?


Avez-vous fait commerce avec le sans-Nom ?

Quoi ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Lui qui ne croyait en rien, ni dieu, ni diable… Il tenta de protester… mais Auguste recommença à le torturer… Sa vision était désormais complètement brouillée, ses yeux pleins de larmes le faisait hurler de douleur… et c’est là que le bourrel porta l’estocade en reversant un fine goutte de son vinaigre… Il s’entendit hurler encore et encore…alors, vider de toute sa rage, de toute sa haine, de toute sa force et de toute volonté, puisqu’il fallait en passer par là pour faire cesser les tourments, il avoua dans un souffle, hoquetant et suppliant :

Oui…oui j’ai fais commerce avec le Malin…avec qui vous voulez… mais par pitié…arrêtez…par pitié…


Cela sembla enfin contenter le bourrel et ses acolytes qui l’abandonnèrent là…pantin désarticulé et supplicié, gémissant de douleur, vidé de toute rage, de toute haine… Il ne restait plus que la douleur et la peur… Qui aurait reconnu là le sombre et cruel brigand ou l’impitoyable maquereau de « Chez Azazel » ?
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.lilith.
D'entrée de jeu, elle cerna les deux gardes. Il avait suffi qu'ils ouvrent la bouche et commencent à parler. D'immondes pourceaux, gras et répugnants. Elle avait connu des clients comme ça, mais très peu. Parce qu'ils lui soulevaient le coeur au point de ne pouvoir le cacher. Son métier impliquait d'être bonne actrice, mais ce genre d'individus, c'était au-delà de ses forces. C'était d'ailleurs comme ça qu'elle avait commencé à élever ses tarifs, histoire d'être hors de prix pour eux. D'autres filles de joie lui avaient prédit une faillite rapide et la misère, car c'était là se priver d'une large clientèle. Mais ce fut le contraire qui se passa. Nobliaux et bourgeois étaient prêts à payer un peu, voire beaucoup plus cher pour profiter d'un corps qui n'avait pas eu à subir les rudes assauts de brutes épaisses, qui n'exhalait pas des remugles douteux de bière ou de vin frelaté, bref, une marchandise de qualité qui ne pouvait circuler qu'entre gens du même monde ou à peu près.

Alors ces deux gardes lui donnèrent un haut-le-coeur, qu'en bonne actrice, elle parvint à contenir. Pourtant, elle savait ce qui risquait de se passer. Mains tendues vers elle, elle le voyait venir. Ses grosses pattes aux ongles dégueulasses n'étaient que l'avant goût. Mais elle ne perdait pas de vue son but. Massaï... Alors quoi? Leur coller une gifle à chacun? C'était risquer de se faire battre comme plâtre... Appeler au secours? C'était risquer de voir leurs camarades rappliquer et s'en donner à coeur joie au lieu de la tirer de là. Reculer? certainement pas! Regard farouche et bouillant de dégout et de rage d'être dans l'impasse, elle s'apprêtait à ouvrir les hostilités d'abord verbales.

Mais l'homme face à elle stoppa net dans son élan. Une ombre était apparue, silencieusement, elle venait d'affirmer sa supériorité et son autorité sur le porc qui s'empressa d'obtempérer aux ordres et de retirer ses paluches. Intéressant. Un tout autre personnage que celui-là.


- Saluez les yeux baissés en terre, celle qui, miséricorde apporte...

Apparement, aristotélicien. C'était déjà un bon point. Regard satisfait au garde qui obtempérait en la saluant et en s'excusant comme face à une dame de la noblesse. Souvenirs d'un autre temps...
Elle frissonna en entendant l'homme donner son nom et surtout sa qualité de maître des Hautes Oeuvres. Se pourrait-il qu'il se soit déjà... occupé de Massaï? Son patron était d'ordinaire doué pour se sortir de ce genre de situation, lui qui réagissait pire qu'un animal sauvage dès qu'on tentait de le contenir ou de l'entraver. Mais le bourrel avait l'air plus que calme, pas amoché, pas énervé...
Pour la première fois de sa vie, elle ressentit une profonde inquiétude pour Massaï. Elle en fut surprise, parce que leur relation n'avait strictement rien d'émotionnel, à la base. Il se servait d'elle pour faire tourner son bordel, profitait de ses services et en échange, il lui donnait un toit et la protégeait contre les clients violents ou qui espéraient partir sans payer. Une association profitable pour tous les deux, en somme. Mais pourtant, elle se rendit soudainement compte que ce n'était pas tant la perspective de perdre un "protecteur" que celle de le perdre lui qui lui nouait la gorge. Des maquereaux, il y en avait dans toute ville, si elle avait voulu en changer, ça ne serait pas un problème. Mais lui... il était... différent. Mystérieux, sombre et violent. Elle savait pourquoi et sans doute que c'était pour cela qu'en un sens, elle cherchait aussi à le protéger. Ils s'étaient raconté leur histoire, puis n'en avaient plus jamais parlé, mais depuis, elle ne le comprenait que trop bien.

Elle qui était encore si sûre d'elle il y a quelques instants, arborant un regard insolent, elle se retrouvait profondément troublée. Mais néanmoins lucide. Elle se servit de cette émotion sincère face au bourrel, adoptant une toute autre attitude que face aux gardes. Elle serra le panier contre elle, tâchant de cacher au mieux ses formes féminines et baissant légèrement le regard en toute humilité.


- Messire... Je souhaite voir quelqu'un que vous détenez ici, il se nomme Massaï. Je lui apporte, comme il est de coutume, de quoi boire et se nourrir... physiquement et spirituellement...

Elle sorti de sa besace un petit livre, vieux et écorné, qui avait autrefois dû être magnifique, richement orné et enluminé. Le livre des vertus. Elle l'avait toujours sur elle... un cadeau qu'elle avait reçu, enfant. Sûr qu'en temps normal, elle ne l'aurait pas montré comme ça tant il était précieux pour elle. Et qu'elle savait ce que Massaï pensait de tout ca, aussi. Mais si ce livre pouvait constituer un gage de sa foi et lui ouvrir cette foutue porte...

- Est-il possible de le voir et de partager quelques moments avec lui? Je ne sais même pas de quoi il est accusé... La lecture des Saintes Ecritures sera source de réflexion et de réconfort, quoi qu'il ait pu faire...

Elle releva son regard sombre vers le Maitre des hautes oeuvres, tâchant de sonder le sien.
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--Auguste_barreau
Massaï ne devait pas finir sa vie sur cette table. Auguste le veillait mais la journée l’avait épuisé et il s’était endormi. Il rêvait de sa douce aimée. Son image lui souriait et son sourire s’élargissait, s’agrandissait et déformait sa bouche. Le sourire devenait trou noir. Sa belle criait alors de terreur en l’appelant au secours. Ses hurlements le sortirent de son cauchemar. Le cri résonnait encore entre les murs.
Le front couvert de sueur, Auguste mit sa tête entre ses mains pour le faire cesser. Les errements de Massaï l’avaient réveillé. Le prisonnier sur allongé délirait. Il oscillait entre le monde des vivants et celui des gisants. Le maitre des hautes œuvres retrouvait peu à peu la réalité. Il se frotta les yeux pour chasser le sommeil et s’approcha de Massaï.

Les autorités avaient rendu visite au prisonnier pour confirmer ses aveux. Avait-il vu qu’ils étaient là ? Auguste aurait juré que non. Il avait tout avoué. La reconnaissance d’avoir forniquer avec le malin valait le bucher mais il avait commis tant de méfaits que toutes les exécutions pouvaient être appliquées sur ce bandit.
La peur, la douleur l’avaient vaincu. Il n’avait plus rien de sa splendeur. Auguste par pitié délivra ses paupières et délesta ses jambes étirées par les poids. Le laissant dans l’entre-chambre des derniers jours de sa vie, Il prit le rouleau scellé contenant ses aveux et monta jusqu’au poste de garde. Si Le Beyer était encore là il lui donnerait le dernier ordre de la journée. Il savait qu’en lui confiant cette mission la lettre serait remise. Le garde saura ce vanter de partout qu’il avait aidé aux aveux du brigand. Il monta jusqu’à la salle de guichet.


Pauvre enfant, pensait-il lorsqu’il l’eut délivrée de ces affreux personnages. Il l’écoutait parler. Sous son allure de fille de petite vertue, Auguste revoyait la noblesse de sa défunte épouse. Elle avait le même regard sombre, les mêmes émotions d’inquiétudes si elle savait un être cher dans les difficultés. Lorsqu’un animal blessé se trouvait entre ses mains, elle essayait par tous les moyens de le soigner. S’il venait à mourir elle pleurait à chaudes larmes. Cette femme devant lui l’émouvait. Elle était pareille à Hortense. Quand elle mit son panier devant elle comme pour se cacher et baisser les yeux, ses mots s’envolèrent en brides autour de lui.il n’entendait de sa requête que, Massaï et spirituellement. Une bouffée de chaleur envahissait ses joues et les battements de son cœur s’accéléraient.

Elle fouillait maintenant dans sa besace. En reconnaissant le livre des vertus qu’elle lui tendait, Il s’éclaircit la voix pour dissimuler son trouble et leva sa main en signe de refus.

-Hélas il ne vous sera point possible de voir le dit Massaï. L’on a voulu écouter ses péchés et larcins et ses mauvaisetés faites par lui. Tout est écrit, il a avoué. Le malin était son maitre. Une grande lassitude envahie Auguste qui le poussa à dire.
-Il était le dernier. Je voulais le sauver mais il n’a pas résisté. Il est à la fin de ces jours. Auguste avait envie d’atténuer sa peine. Par quel moyen aurait-il pu le faire.
-Restez là Demoiselle! Je reviens.

Le bourreau parti rapidement dans la chambre des tortures. Une envie folle le tenaillait. Il aurait voulu délivrer Massaï pour qu’elle prenne soin de lui et l’emmène loin. Le libérer était signé son arrêt de mort.il se saisit du sac de toile à la place et remonta le plus vite possible.
-Tenez, prenez, c’est tout ce qu’il restera de lui, demain il sera emmené en cage sur la place publique. Il déposa le sac rempli des cheveux de Massaï à ses pieds et fit signe à Le Beyer de s’approcher en lui donnant le rouleau.
-Apporte ça aux autorités, il est écrit ses aveux pour son exécution.
-Maintenant partez, Demoiselle !

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