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[RP] Crimes et châtiments...(RP ouvert à tous)

.lilith.
Est-ce qu'il l'écoutait, seulement? La fille de joie eut un doute lorsque, son regard toujours plongé dans celui du Maitres des hautes ouvres, elle remarqua sa pupille qui s'élargissait... est-ce qu'il rougissait? Elle n'eut pas l'opportunité d'analyser plus avant les réactions du bourreau, de se rendre compte qu'elle l'émouvait... parce que sa réponse la laissa hébétée...
Elle n'avait saisi que deux éléments... "Le malin était son maître" et "Il est à la fin de ses jours"... Et elle en restait littéralement sonnée. Lui aurait-il collé un coup de poing dans le ventre que les sensations auraient été les mêmes... Elle resta un moment sans réaction, tournant et retournant dans sa tête ces deux faits...
Des faits? Bien sûr que non! Massaï n'avait ni Dieu, ni Maître! Le seul qu'il avait eu dans sa vie, c'était celui qui l'avait réduit à l'esclavage alors qu'il était enfant, et qui était responsable de ce que Massaï était devenu... Il ne comptait que sur lui même, aucune divinité, bonne ou mauvaise n'aurait pu trouver grâce à ses yeux, et c'était là la seule hérésie dont son patron pouvait être accusé. Et encore! Elle était persuadée qu'un jour, il finirait par ouvrir les yeux, elle priait souvent pour lui. Et si on devait cramer tous ceux qui n'avaient pas encore rencontré le Seigneur, il y aurait des bûchers à tous les coins de rue! Alors comment était-ce possible qu'il ait avoué des choses aussi monstrueuses?

Tout à coup, elle songea à son parrain, Monseigneur Kad... pourrait-il faire quelque chose, si elle témoignait en faveur de son patron?
Elle restait lucide, cependant. Massaï n'était pas un saint, elle avait été témoin, si pas complice, de certains forfaits. Mais le prix était...
"Il est à la fin de ses jours"...
La phrase résonnait encore dans son esprit sous le choc lorsqu'il lui tendit un sac, entendant à peine la suite du "programme"... Elle le saisit machinalement, sa main tremblait, son regard était perdu, empli d'une émotion qui la submergeait et la laissait comme anesthésiée. Un coup d'oeil à son contenu la glaça d'horreur... Elle aurait reconnu entre mille la tignasse noire... Qu'est ce que cet homme lui avait fait?!
Brusquement, des souvenirs revinrent à sa mémoire... elle aussi avait autrefois avoué quelque chose dont elle n'était pas coupable, dans une prison à l'atmosphère sombre et humide... elle se souvint du froid glacial qui y régnait malgré le soleil du Sud qui brûlait hommes et terres... elle se souvint de l'haleine de ses bourreaux qui lui intimaient l'ordre d'avouer en cherchant soi-disant des preuves sur son corps... Elle se souvint de leurs rires alors que finalement, ils la rendirent coupable... Cette nuit avait scellé son destin. Elle avait failli sombrer dans la démence la plus profonde, mais sa Foi l'avait sauvée. Pas de tout, mais de la folie. Et de jeune fille de la haute noblesse, riche et courtisée, elle devint cette catin que les femmes maudissent et les hommes méprisent...

Les cheveux de Massaï au fond de ce sac... l'imaginer entre les mains de ce bourreau et se souvenir... Ce fut le déclic...

Ses immenses yeux sombres se réveillèrent et passèrent en un instant de ce mélange d'accablement, d'humilité et d'angoisse à une haine qui n'avait d'égale que la souffrance qu'elle ressentait. Elle ne laisserait pas "ça" se produire!

Elle n'était certes pas femme d'action, hormis au creux des alcôves d'un bordel ou dans une chambre louée à l'heure, mais elle se découvrit une force surhumaine nourrie par la rage et le désespoir lorsqu'elle balança aux deux gardes son panier de victuailles pour les destabiliser. Elle se saisit du rouleau que le bourreau venait de remettre au garde en hurlant :


- JAMAIS! Vous m'entendez?! Je ne partirai pas, je veux le voir! Il n'y aura aucune exécution!!!

Et avant que les gardes aient pu revenir de leur surprise, elle les bouscula, tenant le rouleau dans une main, le sac de toile de l'autre. Elle passa leur barage et se mit à courir vers les entrailles de la prison à la recherche de son patron.

- Massaï! Je suis là! Réponds-moi! MASSAÏ!!!

Le geste était si pas suicidaire, au moins désespéré... A quoi s'attendait-elle, à courir dans le dédale des geôles en l'appelant, regardant au passage dans les cellules si elle n'y reconnaissait pas le brigand. Au détour d'un couloir, alors qu'elle entendait qu'on la poursuivait, elle vit un brasero dont les braises encore rouge chauffaient un fer probablement destiné à marquer les condamnés. Elle y jeta le rouleau qui commença à se consumer. Regard oscillant entre triomphe et folie à l'endroit de ses poursuivants. Elle reprit sa course effrennée, appelant toujours Massaï dans l'espoir d'une réponse...
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--Auguste_barreau
Elle ressemblait tant à Hortense. Si elle l’avait injurié, griffé, mordu, il l’aurait maitrisée en promettant de faire son possible auprès des autorités. Il lui aurait dit doucement qu’il irait lui-même demander ce droit de visite. Il aurait caressé ses cheveux Pour l’apaiser comme une enfant inconsolable en essuyant ses yeux pleins de larmes. Des voleurs, des égorgeurs, des tortionnaires d’enfants, pleins de morgue il en avait affronté plus d’un. Connu malédiction jusqu’à la troisième génération, de la part des suppliciés. Cent fois ils l’avaient menacé de représailles mais jamais l’un d’eux n’avait égalé autant de haine et de rage que Massaï. Ses yeux noirs luisaient de cruauté. Il aurait compris qu’elle défende son amour pour lui, si au moins il avait supplié pour la voir, hurlait son nom pour qu’elle vienne apaiser ses souffrances. Jamais il ne l’avait réclamée.

Auguste s'aperçut qu’il ne savait pas son nom. Il ne lui demanderait pas. Qu’importe ce qu’elle pensait de lui. Il avait mis toute son autorité dans son ordre pour cacher sa faiblesse. Il tirait sur ses manches, replaçait son col d’un mouvement d’épaules . Elle devait obéir. Il voulait qu’elle parte plus que tout. Il la voyait tremblante et hébétée, le sac à la main.
Il se raidit lorsqu’elle regarda dans le sac et n’eut que haine et dégout pour toute réponse à son ordre. Il hésita alors à la faire jeter hors des murs par les gardes mais préféra attendre qu’elle parte.


Tel à ces nuages blancs dans un ciel d’été qui se rassemblent en orage pour dire la fureur des cieux sur la terre. Comme les saints de la trinité envoyant un message aux hommes ; détruisant les récoltes et creusant des ornières dans les chemins avec les pluies diluviennes ; tel les arbres foudroyés et les greniers brûlés par les flammes de leur courroux, elle déchaina le sien. lorsqu’enfin sa colère fût passée, le poste de garde ressemblait à la désolation des campagne après la tempête, jonché de légumes écrasés et baignant dans le silence. Le beyer surpris par sa furie restait les mains écartés et ne sut dire que,
-Le rouleau…La lettre…
Son acolyte s’était enfoncé dans sa chaise pour éviter les foudres de la jeune femme et les victuailles qui l’avaient bombardé. Auguste abasourdi par l’attaque soudaine restait pétrifié. Ses mains accrochées au bas de sa tunique il regardait les deux hommes. Elle avait disparu comme par magie. Personne ne l’avait fuit s’enfuir.

Les murs des escaliers menant aux geôles se mirent à renvoyer en écho les timbres de la voix féminine. Comme autant de cloches sonnant l’appel des fidèles, le nom du prisonnier résonnait indiquant à Auguste le chemin de sa fuite.

-Ceinturez la porte ! Empêchez quiconque de rentrer !! leur cria-t-il en partant derrière elle.
Il dévalait les escaliers deux par deux appuyant ses mains de chaque coté des murs pour maintenir son équilibre, oubliant le salpêtre et la crasse que les années avaient recouvert. Il avançait en grandes enjambées et la dernière marche eut raison de lui. Son pied glissa. Il avait tenté de se retenir mais les murs poisseux en avaient décidé autrement, l’abandonnant aux lois du déséquilibre. Il se retrouva assis sur le sol. Le bourreau avait laissé sa marque dans le salpêtre. Les traces fraiches de ses ongles se mêlaient à celles des condamnés.

Elle appelait, cherchait celui qu’elle était venu voir. Auguste entendait ses pas et sa volonté à trouver Massaï. Il se releva. Il était déterminé à ne pas la laisser s’approcher. Il ne fallait pas qu’elle voit l’homme sur sa table de tortures. Il n’était plus celui qu’elle connaissait. Le bourreau gagnait en longueur sur ses traces, il n’avait plus qu’à franchir un couloir et elle serait à porter de main. Le braséro fumant marquait l’angle du corridor. Auguste emporté par sa course l’évita de justesse. L’obstacle l’obligea à s’arrêter. Il vit alors aux milieux des tisons le papier brûlé. Séparés en morceaux les aveux écrits se tordaient sous la chaleur. La cire du scellé grésillait, quelques bulles décolorées pétillaient et une fine flammèche dévorait le ruban. Toute la vie s’emblait apparaitre dans cette objet sous l’office des braises traitresses qui le consumaient. Auguste y vit un signe. Quoique que cet homme ait pu faire en bien ou de mal à cette femme, il devait lui accorder compassion et miséricorde. Il chuchota aux aveux calcinés,

- Pour ce qu’il est en paradis, supplions que la folie ne s’empare d’elle. Et fit demi-tour.


Au poste de garde, les deux gardiens avaient nettoyé, fermé la porte de guichet à clef. Ils attendaient assis le retour du bourreau. Ils le virent arriver seul. Cette donzelle avait fait plier le Maistre des hautes œuvres. Il était avait perdu de sa prestance. Son beau pantalon rouge était sale et sa tunique de tourmenteur était débraillée. Le Beyer s’approcha de lui narquois et l’air hautain. Il voulait savoir ce qu’il en devenait des ordres. Auguste le saisit au col. C’était lui maintenant qui ressentait violence et mécontentement.
-Je suis Maistre des hautes œuvres, tous pouvoirs me sont donnés! Il tordait le col du garde et s’en servait comme une corde d’étranglement.
-Entends-tu? Le garde suffoquait peu à peu.
- Et tout maintenant je te mènerais au lieu des tourments si toi, un autre, touchez le moindre de ses cheveux. Il me plait de lui accorder grâce et bonté. Le repoussant au loin il rajouta de méchante humeur.
-Laisse lui bonne nuit et garde toi de son chemin!
Il fit déverrouiller la porte et abandonna les gardes.

Ce qu’elle ne savait pas pensait-il, en traversant les ruelles, c’est que les autorités avaient pris le livre où tous les aveux étaient consignés. Le rouleau n’était qu’une confirmation.
Auguste avait écrit en plus la lettre pour que la sentence soit courte et bien menée. La cage de fer en place publique était inutile. Il faisait valoir son droit comme sa charge l’autorisé. Massaï avait tant semé la terreur autour de lui que les autorités le voulaient sous leur joug.

Il avait rejoint sa chambre à l’hostellerie du comté. Il entreprit sa toilette puis se coucha.
Il partirait loin de ce comté après, pensait-il en s’endormant.
.lilith.
De plus en plus de bruit, dans ces couloirs... Combien étaient-ils à la poursuivre???
Elle voulu s'arrêter à un moment pour reprendre son souffle. Elle comprit rapidement que c'était une erreur... Elle hurla lorsqu'une main semblable à des serres de rapace jaillirent d'entre les barreaux de la cellule contre laquelle elle s'était posée pour la saisir. Fort heureusement, elle parvint à s'en dégager prestement. Elle se rendit compte que le bruit et les voix qui résonnaient dans les couloirs ne venait pas de ses poursuivants, mais des occupants des lieux... Prisonniers enfermés depuis combien de temps, elle n'en savait rien et n'avait certainement pas envie d'approfondir la question. Elle se força à ne pas détailler les détenus, à éviter leur regard, et à se fermer aux appels qu'il lui lançaient. Nul doute que la présence d'une femme, jeune et assez appétissantes de surcroît, était quelque chose que certains d'entre eux n'avaient plus expérimenté depuis longtemps.

Contrainte de rester au milieu du couloir pour éviter les bras qui se tendaient vers elle, elle regardait d'un côté et de l'autre vers les issues, comme un animal traqué. Sauf que personne ne venait. Avait-on renoncé à la poursuivre? Où était passé ce bourreau, cette ombre saisissante? Elle ne sentait en tout cas plus cette odeur de lavande qui l'accompagnait. Pas de trace de garde non plus... pourtant, vu le chahut qui grandissait ici du fait de sa présence, ils finiraient forcément par venir calmer les ardeurs des détenus en leur caressant les côtes à grands coups de bâtons...

Raison de plus pour se bouger! Elle se décida pour une direction, une qu'elle n'avait pas encore explorée. Pas de cellules à proprement parler, il s'agissait de pièces fermées, sans barreaux, hormis ceux qui ornaient l'espèce de fenêtre pratiquée à hauteur d'homme dans la porte. Lilith regarda dans la première. Frisson d'horreur... une salle de torture... Il y en avait 5 ou 6 tout le long du couloir, elle se précipita pour toutes les examiner... Près de la dernière, elle eut un haut-le-coeur. Jamais elle n'aurait cru qu'un jour, un si fin relent de lavande lui soulèverait l'estomac. La lavande lui rappelait son enfance, elle qui allait jouer dans ces champs qui embaumaient à plusieurs lieues à la ronde... Désormais cette odeur aurait une toute autre connotation... Avant même d'avoir jeté un oeil par la fenêtre, elle sut que Massaï était à l'intérieur de cette salle... Etait-ce un murmure qu'elle venait d'entendre?

Elle s'attendait à ce que la porte soit verrouillée. Mais non, même pas. Elle n'allait pas tarder à se rendre compte que l'état dans lequel le bourreau laissait les prisonniers rendait cette précaution inutile. L'huis grinça...

Et elle se retrouva face à une vision dont elle ne savait pas encore qu'elle la hanterait à tout jamais... Non, à cet instant, elle ne se rendait pas compte qu'elle en ferait des cauchemars. Etrange... Massaï faisait plus que régulièrement des cauchemars, elle s'en était aperçue au cours des nuits passées ensemble. Quand ça arrivait, elle tentait de le calmer, passant sa main sur son front en un geste protecteur, murmurant dans sa langue natale des paroles rassurantes qu'il ne comprenait probablement pas, mais qui faisaient parfois effet. Ca faisait aussi partie de son métier, non? Mais qui ferait ça pour elle, lorsque l'image qu'elle avait sous les yeux la tirerait du sommeil, tremblante et en sueur?

La pièce était assez basse de plafond, mais elle était suffisamment petite pour ne pas avoir à s'en tracasser, alors qu'elle avançait vers la table où il gisait... Elle lâcha le sac de toile et porta ses deux mains sur sa bouche bée d'effroi, comme pour s'empêcher de crier. L'odeur était insoutenable... était-ce celle du sang, de la sueur ou de l'urine qui dominait? Elle n'en savait rien.
Des sangles maintenaient encore Massaï sur la table, fort heureusement, plus aucun poids ne venait le mettre au supplice, mais les larges plaies, les bleus et autres contusions qu'il présentait ne laissait aucun doute sur le martyre qu'il devait être en train d'endurer... Il était méconnaissable, crâne et sourcils rasés, non il n'était plus qu'une ombre qui ne portait qu'un faible souffle de vie... où était son arrogance, sa rage, sa haine?

Elle était tout près, maintenant. Tétanisée, elle parvint tout de même à ôter ses paumes de son visage, et d'une voix tremblante, murmura :


- Mon dieu, qu'est-ce qu'ils t'ont fait! Massaï, je...

"Je" quoi, au fait, hein?
"Je suis désolée" ? On est tous désolés! Mot vide de sens qu'elle se garda bien de prononcer...
"Je peux pas y croire" ? Ridicule...
"Je vais arranger ça" ? Ben voyons! D'un coup de baguette magique, peut-être...
"Je t'aime" ? Si les mots traversèrent l'esprit de la jeune catin, ce fut aussi furtif qu'une étincelle perdue, destinée à mourir dans la nuit sans parvenir à embraser le fétu de paille à partir duquel on essayait de faire désespérément un feu. Ni elle, ni lui ne croyait à ce genre d'ânerie juste bonne à alimenter les contes qu'on racontait aux enfants pour leur faire croire que la vie était belle. C'était bien là un point commun entre eux. S'attacher était hors de question, pour l'un comme pour l'autre. Elle ne se faisait pas d'illusion. Le jour où il était venu la récupérer, furieux, à Lodève, et où il avait poignardé Himawari, ce n'était certes pas par amour, c'était juste qu'il ne supportait pas qu'on touche à ses affaires et qu'on les lui pique.
Ca lui convenait très bien comme ça, dans le fond. Malgré les coups reçus de lui, elle se sentait protégée, paradoxalement.
Alors qu'est-ce qui la rendait tremblante d'horreur face à lui qui était violent avec elle? Pourquoi avait-elle envie de pleurer toutes les larmes de son corps?

Hormis le brouhaha des autres prisonniers, elle n'entendait rien qui laissait présager l'arrivée des gardes ou du bourrel. Il fallait en profiter! Elle parvint à réagir, elle commença à libérer le prisonnier des sangles qui le maintenaient sur cette table, procédant avec une rapidité empreinte de nervosité... Il ouvrit la bouche pour parler, elle ne lui en laissa pas le temps.


- Chuuut! Ne dis rien, je vais te sortir de là! Tu vas m'aider, hein? Je te libère, puis on sort!

Naïve petite prostituée qui s'activait en imaginant qu'il allait bondir de la table pour s'échapper en courant à toutes jambes... Mais son corps était brisé... une fois qu'il fut libre, elle eut beau essayer de le soutenir pour qu'il se redresse, qu'il commence par s'asseoir sur cette table, il était trop faible et souffrait trop... Cédant à la panique, elle essaya tout de même de toutes ses forces de le prendre dans ses bras, elle tenta de le porter, un bras sous ses genoux, l'autre sous ses aisselles. Trop faible... Elle implora, supplia le Seigneur de lui donner la force, mais elle ne parvint qu'à le soulever un instant. Elle recula d'un pas et s'effondra sous la charge, tombant au sol en l'entrainant, le tenant toujours contre elle comme un pantin désarticulé, ce qui lui arracha un cri de douleur... Elle essaya d'une autre façon, peut-être qu'en le traînant vers la sortie... Mais il ne put que gémir et crier, elle ne faisait que lui imposer des souffrances supplémentaires... Alors l'espoir s'envola... elle se rendit compte qu'elle n'y arriverait pas... le Très-Haut l'avait abandonnée et pour la première fois de sa vie, elle ressentit de la haine pour Lui. Regard baigné de larmes, elle leva la tête vers le haut et hurla pour décharger sa frustration de se sentir impuissante.

- JE TE MAUDIS!!! T'ENTENDS!!!

Elle s'attendait à ce que Dieu lui-même déchaîne sa colère et la foudroie sur place pour cet affront. Mais non. Il ne se passa rien. Strictement rien.
Ils n'étaient que deux dans cette cellule. Alors, assise sur le sol crasseux et poussiéreux, elle prit Massaï dans ses bras, avec toute la délicatesse dont elle pouvait faire preuve. Sauf que pour une fois, ce n'était pas une douceur "professionnelle". C'était sincère et spontané. Elle posa sa tête rasée au creux de son épaule, contre sa poitrine et l'étreignit comme s'il s'était agi d'un enfant blessé qu'il fallait rassurer et consoler. Elle le serra contre elle, posa ses lèvres sur son front pour l'y embrasser et le berça en veillant à ne pas lui faire le moindre mal...
Gorge nouée, elle était incapable de dire quoi que ce soit...

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Massai
Il était seul, enfin, dans une pièce sombre et froide, il avait mal, si mal, mais surtout il avait peur… brisé de terreur… Son bourreau venait de le laisser enfin…

Quel âge pouvait-il avoir ? Quatre ou cinq printemps tout au plus ? Difficile à dire… L’homme, son bourreau, son « maître » venait enfin de le laisser, après l’avoir battu, puis abuser. Il avait pleuré, hurlé puis supplié mais rien n’y fit jamais.


« Tu es mon esclave désormais petit bâtard… » il avait eu ce rire gras qu’il détestait… « Tu es là pour mon bon plaisir uniquement ! » Et il ne s’était pas privé.

Il pleurait…Il lui en avait tellement voulut… Oui il lui en voulait, à elle ! A elle, sa mère qui ne l’avait pas préparé à ça ! Pendant les premières années de sa vie, il avait été entouré d’amour et de douceur, protégé qu’il était dans ce grand univers clos qu’était cette immense caravelle commandée par son père… Il l’avait cru… Elle lui avait ainsi fait croire que le monde était beau, que les hommes étaient bons et qu’ils s’aimaient et s’entraidaient… Oui il lui en avait vraiment voulut lorsque cet univers s’était écroulé brutalement, lorsque les pirates les avaient accostés, lorsqu’il avait été vendu comme esclave et séparé d’elle brutalement !
Alors il l’avait peu à peu oublié, elle et la vie douce qu’il n’avait qu’effleuré… Il avait tout oublié pour apprendre à survivre… Il avait vite compris sous le joug de son nouveau « maître » qu’il n’y avait qu’une seule règle : survivre… Ne plus compter sur personne, ne plus avoir de sentiment pour quiconque, surtout pas de compassion et plus important encore : Ne plus jamais, jamais, montrer la peur… Alors il avait laissé la rage et la haine le gagner, ces deux sentiments là permettaient d’évacuer cette terreur tapie au fond de ses tripes, il avait apprit à se battre et à gagner, il avait apprit la cruauté pour ne plus la subir, il avait encaisser les coups et les humiliations pendant des années et lorsque, beaucoup plus tard il réussi enfin à s’enfuir de ce lieu d’horreur, il se jura de ne plus jamais avoir peur…

Quant sa mère l’avait retrouvé, après avoir passé sa vie à le chercher, elle lui avait permit de se souvenir, mais elle était morte trop vite pour qu’il ai eu le temps de lui pardonner, trop vite aussi pour qu’il comprenne ce qu’elle cherchait vraiment… Elle avait parler de le sauver de ses démons…il n’avait pas compris, pas chercher… Divagation d’une vieille femme marquée par les superstitions de son pays d’origine au crépuscule de sa vie…

Brisé, il l’était une seconde fois…

Son corps martyrisé, toujours attaché à la table de torture, tremblant de froid, de douleur, de fièvre…et de terreur. Il avait cédé…il avait pleuré et supplié, il leur avait tout dit tout avoué, faits réels ou imaginaires, du moment qu’on arrêterait de le torturer, cela n’avait plus eu d’importance.

Soudain un brouhaha étrange le tira de son délire, il se mit à frémir craignant le retour du bourreau, le retour des tourments… Il tenta d’ouvrir les yeux, sa vision restait trouble suite au traitement qu’il avait subit… Il essaya de tourner la tête pour voir, mais elle était toujours maintenue par une sangle. Du coin de l’œil il crut tout à coup distinguer sa silhouette… Dans l’état de semi délire où il se trouvait, cela ne le perturba pas outre mesure… Une silhouette fine, de long cheveux de jais qui retombait de chaque côté de son visage… Elle était revenue… Il tenta de bouger une nouvelle fois. Il voulait lui crier sa douleur, il voulait lui expliquer sa haine… Il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche…


- Mon dieu, qu'est-ce qu'ils t'ont fait! Massaï, je...

Lilith !

Le son de la voix de la ribaude le fit reprendre totalement conscience… Non ce n’était pas Nyahéra, sa mère, comme il l’avait d’abord cru, c’était Lilith…

Que venait-elle faire là ? Il ne comprendrait jamais cet étrange attachement qui la liait à lui, et quoique il s’en soit toujours défendu, inversement. Lilith…la seule catin qui acceptait ses accès de violence…

Vivant comme un animal solitaire, il ressentait parfois certaines tentations, or, de par son passé, il détestait ce désir qui parfois montait en lui, désir qui se transformait toujours en un douloureux souvenir, si douloureux qu’il ressentait alors le besoin impérieux de reproduire ce qu’il avait subit… Pour combler cette concupiscence, il payait grassement les filles de joie qui acceptaient de lui accorder une nuit, cependant, au bout de quelques minutes, elles tentaient de s’enfuir, comprenant soudain dans quel mauvaises mains elles étaient tombées, cependant, souvent il était trop tard, il n’arrivait plus à les laisser partir, et plus elles se débattaient plus il devenait violent, du moment qu’il avait payé, elles lui appartenaient ! En général, au petit matin, elles s’enfuyaient et ils ne les revoyaient jamais. Seules celles qu’il « embauchait » dans son bouge n’avaient pas le choix et étaient obligées de rester, souvent terrorisées à la simple idée de « combler » les désirs du « patron »

Seule Lilith acceptait cet état de fait, seule elle savait s’y prendre avec lui pour calmer un tant soit peu sa brutalité… Jamais elle ne s’était plainte et pourtant, il ne lui avait rien épargné. Elle était aussi la seule qu’il n’avait jamais réussit à dominer réellement, ce qui le mettait la plupart du temps en rage, mais elle avait su garder une certaine indépendance et souvent elle lui tenait tête…ce qui lui avait valut bien des coups…

Elle commença à le libérer des sangles et des chaînes qui le maintenait sur la table…
Pourquoi était-elle là ? Comment avait-elle pu accéder jusqu’à cette salle ? Elle qui avait l’occasion, enfin, d’être libérée de son emprise malsaine, elle aurait du en profiter… Il aurait voulut lui poser la question, mais elle ne lui en laissa pas le temps…


- Chuuut! Ne dis rien, je vais te sortir de là! Tu vas m'aider, hein? Je te libère, puis on sort!

Etrange sentiment que cette sensation de réconfort… Il aurait voulut la chasser vite cette impression, il savait comme elles étaient dangereuses ces émotions, et pourtant, ce jour là, dans l’état où il se trouvait il n’en avait plus la force… Avoir quelqu’un pour l’aider à supporter la peur et la douleur, il se rendit compte un instant que ce pouvait être agréable… Mais comment lui expliquer qu’il n’avait plus de force ? Plus de courage ? Qu’il avait peur ? Il aurait tellement voulut qu’elle eut raison pour une fois ! Juste se lever et sortir…cela paraissait pourtant si facile dit ainsi ! Il l’avait déjà fait tellement de fois de s’évader, mais c’était dans d’autres circonstances, dans une autre vie…peut-être même que c’était déjà un autre que lui… que ce qu’on venait de faire de lui.

Cela ne dura qu’un instant… Lorsque Lilith se mit en tête de le porter, les douleurs se réveillèrent, il aurait voulut lui crier d’arrêter, de s’enfuir avant que les gardes n’arrivent, mais pourtant il désirait tant sortir, si elle avait pu, si elle avait eu la force…
Ils s’écroulèrent sur le sol… Douleur encore, il cria… Jamais il ne s’était sentit aussi vulnérable… L’espoir s’évanouit aussi vite qu’il était arrivé… C’était finit, il n’y avait pas d’autre échappatoire, ils viendraient bientôt le prendre pour le faire souffrir encore… Il avait si peur !


- JE TE MAUDIS!!! T'ENTENDS!!!

A qui s’adressait-elle ? Il y avait tant de désespoir dans ce cri… A lui probablement pour tout ce qu’il lui avait infligé… Mais elle le prit dans ses bras, tentant de le rassurer… Alors il leva les yeux vers elle, des yeux implorants… Il n’y avait qu’une issue, la seule et au fond il le savait depuis longtemps, il la souhaitait même depuis si longtemps…mais son détestable instinct de survie l’avait empêché jusque là d’aller au bout…

Lilith…vas chercher une lame…un grande lame s’il te plait…dépêche toi, on a peu de temps…

Il ne reconnut pas sa propre voix, chevrotante, son intonation implorante… Il lut la surprise dans ses yeux noirs et brillants de larme, mais elle ne dit rien.

Elle ne comprit pas tout de suite ce qu’il projetait, tellement habitué à le voir lutter pour survivre, elle ne pouvait deviner ce qu’il envisageait alors… Elle obéit, cherchant nerveusement une lame parmi les nombreux objets de torture qui se trouvaient dans la pièce qu’elle n’eut finalement pas de mal à trouver et qu’elle se dépêcha de lui apporter…
Elle lui tendait l’objet, une dague fine destinée probablement à découper la peau soigneusement des suppliciés, était-ce celle qu’avait utilisée Auguste pour lui infliger ses blessures ? Peu importait au fond, du moment qu’elle ferait son office… Il repoussa doucement sa main, refermant ses doigt sur les siens qui tenaient l’emmanchure du long couteau… Ce simple geste le fit grimacer de douleur, il n’aspirait plus qu’à une seule chose…le soulagement, enfin…


Lilith… tu vas devoir m’aider… tu m’as déjà vu faire n’est-ce pas ? C’est facile tu verras, un coup net juste là… il lui montra son cou au niveau de la jugulaire…
Les yeux de la ribaude s’agrandirent d’horreur, elle venait de comprendre… hochant la tête négativement, presque machinalement…


Lilith…tu dois m’obéir…mais il n’était plus crédible il le savait… Ne les laisse pas me faire encore du mal… soudain, il sentit la terreur remonter avec violence à la surface, à l’idée de ce qui l’attendait… par pitié…elle le regardait semblant découvrir un inconnu… Au fond pouvait-il lui en vouloir de refuser de lui accorder cette délivrance, après tout ce qu’il lui avait fait subir ? Les derniers lambeaux de sa carapace de haine et de rage, ceux que le traitement infligé par Auguste n’avaient pas encore détruits, semblèrent soudain se briser en mille morceaux…des larmes jaillirent de ses yeux blessés, il avait peur, il avait honte. Alors il lâcha dans un souffle :
Je comprends…tu as le droit de refuser après tout ce que je t’ais fais… Pars vite… sauve toi tu es libre maintenant…et…et pardonne moi…

Des bruits de bottes résonnaient dans le couloir…

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.lilith.
Avec toutes mes excuses, principalement à LJD Massai, pour le retard, exams + vacances, tout ça...


Non!

Non, je peux pas!

Non, non et non!!!

Ni s'enfuir en le laissant là, ni faire ce qu'il lui demandait!

Pourtant, un instant, elle avait cru qu'il y avait à nouveau de l'espoir, lorsqu'il lui avait demandé d'aller chercher une arme. Elle avait à peine reconnu sa voix, tremblante, presque suppliante. Le bourreau avait raison, il n'était plus le même... Quoique, s'il voulait une arme, c'est qu'il voulait se battre, il voulait se défendre! Alors tout n'était pas perdu! D'ordinaire, avec une simple dague comme elle venait de lui apporter, il pouvait tuer qui il voulait, et c'étaient pas les crétins de gardes à qui elle avait eu affaire qui feraient exception. Mais cet instant d'espoir fut si bref...


- Lilith… tu vas devoir m’aider… tu m’as déjà vu faire n’est-ce pas ? C’est facile tu verras, un coup net juste là…

Elle se raidit en comprenant ce qu'il voulait dire, corps et esprit focalisés sur un seul mot... "Non".
Elle aurait voulu lâcher l'arme, mais la main de Massaï refermée sur la sienne l'en empêchait. Il semblait avoir concentré ce qui lui restait de force dans ses doigts, car elle sentit qu'il ne lâcherait pas facilement prise.

Que oui, elle l'avait déjà vu faire... Elle qui était si pieuse en avait été choquée au début, avant de se résigner. Il était comme ça, et elle devenait, par son silence complice, aussi coupable que lui, probablement. Alors elle se réfugiait paradoxalement comme à son habitude dans la prière.
Elle l'avait déjà vu faire, mais de là à dire que c'était facile...

Comment pouvait-il imaginer qu'elle serait capable de pareille horreur!?

Elle qui n'avait jamais tenu une arme, qui n'avait jamais fait couler le sang, qui n'avait jamais eu à le faire... Les larmes coulèrent à nouveau malgré elle, elle se mit à sangloter. Elle aurait voulu s'adresser à "quelqu'un", demander conseil, mais les cieux lui semblaient désormais bien vides. Sa foi pourtant bien ancrée et solide jusqu'il y a peu s'était brusquement écroulée comme un simple chateau de cartes face à l'horreur dont elle était témoin. Massaï avait raison, finalement. Il n'y avait rien, absolument rien, il ne fallait compter que sur soi-même dans ce monde...

Que sur soi-même... ? Elle sentit son patron s'agiter, comme s'il était en proie à... la panique? Lui? Avoir peur? Ca lui semblait si incongru, si irrationnel!


- Lilith…tu dois m’obéir… Ne les laisse pas me faire encore du mal… par pitié…

Elle voulait hurler pour qu'il se taise, tant ca l'atteignait et la destabilisait de l'entendre tenir pareil discours! Ce n'était pas lui! Ce n'était déjà plus lui... Mais l'instinct de protection reprit le dessus lorsqu'elle vit de l'eau couler de ses yeux blessés... Elle tentait encore de lâcher la dague, en vain... A genoux à côté de lui, elle le reprit au creux de son bras libre pour l'appaiser. Même le jour où il avait fini par lui raconter son histoire, celle de sa mère née esclave qui fut affranchie, celle du jour où il avait été séparé d'elle pour être à son tour réduit en esclavage, même ce jour là, il n'avait pas pleuré, tout au plus avait-elle décelé un léger tremblement dans sa voix. C'était tout ce qu'il avait daigné lui laisser apercevoir, comme émotion. A son attitude compatissante, il avait répondu d'un haussement d'épaule en s'envoyant cul-sec le Nième verre d'alcool de la soirée. Comme si rien ne pouvait jamais l'atteindre.

Au fond... c'était aussi pour ça qu'elle était restée. Rien ne pouvait l'atteindre, lui, jamais. Elle, elle savait se fermer à pas mal de choses, ne pas se laisser destabiliser dans nombre de circonstances. Mais il était nettement meilleur qu'elle à ce petit jeu. En fait, il la protégeait non seulement contre les clients violents ou mauvais payeurs, mais aussi d'une certaine manière contre elle-même. Assez curieusement, il était l'élément le plus stable de sa vie, il avait créé ce bordel qui était son toit.


- Je comprends…tu as le droit de refuser après tout ce que je t’ais fais… Pars vite… sauve toi tu es libre maintenant…et…et pardonne moi…

Ces paroles lui firent l'effet d'une gifle. Les sanglots cessèrent et les larmes se tarirent instantanément. "Pardonne-moi"... Le pardonner... Si elle était restée, c'était aussi parce dans son esprit pieux, elle avait toujours cette ombre qui planait au-dessus d'elle, ce sentiment de devoir expier "quelque chose", ce dont elle se sentait coupable... Ce qui était arrivé dans ces geôles. Alors les coups, ce n'était qu'une forme de punition qu'elle s'infligeait à travers lui. Qu'il lui demande de le pardonner la laissa un moment sans voix... Parce que désormais, elle le savait, il n'était déjà plus de ce monde et rien ne pourrait le sauver, même pas elle. Tout au plus pouvait-elle lui offrir cette délivrance qu'il réclamait...

En réponse, elle lui adressa un sourire doux, et elle en masqua la tristesse en lui ajoutant cet air mutin un peu provocant dont elle savait qu'il ne le laissait pas indifférent. Elle murmura :


- J'ai toujours été libre... c'est bien ça qui te mettait si souvent en colère contre moi, non?

Elle était décidée, à présent. Au nom de tout ce qu'il était, de tout ce qu'il représentait... Il n'avait fait que courir après sa liberté durant toute sa vie, courir ce marathon sans fin et inhumain qui l'aurait d'une façon ou d'une autre mené à la même issue...
On achève bien les chevaux, non ... ?

Sa poigne s'affirma sur la dague, sa respiration s'accéléra sensiblement malgré tout au moment d'appuyer la lame là où Massaï lui avait indiqué de le faire... Ce n'était pas tous les jours qu'on donnait la mort pour la première fois...


- C'est toi qui doit me pardonner d'avoir hésité. Ils ne te feront plus de mal, Massaï, parce que tu vas être libre...

Regard bien ancré dans le sien, elle amorça le geste fatal...
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--Le_beyer
... qui fut interrompu lorsque le battoir qui servait de main au garde vint broyer le poignet de la catin. De justesse!

Vindiou, il avait été bien inspiré de passer outre les ordres du bourreau pour s'en aller chercher la donzelle. C'est que la furie avait fait naître un début d'émeute sur son passage. Les prisonniers s'égosillaient, tapant sur les barreaux de leur cellule, comme des animaux affamés. Pouvait pas dire qu'il ne les comprenait pas, Le Beyer... Quelques instants plus tôt, lui aussi aurait bien tâté du téton frémissant de la gourgandine... Un peu de chair fraîche faisait saliver ce genre d'homme et de quelque coté des barreaux qu'ils se trouvent, ils salivaient autant.

Le bourrel avait ordonné qu'on ne fasse pas de mal à la putain, d'accord, mais pareille chienlit, ça non! Fallait faire sortir la fille d'ici. Avec son collègue, il s'en vint dans les couloirs pour y remettre un peu d'ordre, chaque main accrochée aux barreaux, chaque bras qui dépassait était aussitôt sanctionné d'un coup de baton. Les deux gardes parvinrent rapidement à la chambre de torture réservée à Massaï.

Il n'était pas futé, le Beyer, mais en un coup d'oeil, il pigea ce que la catin était sur le point de faire et stoppa son geste alors que la lame n'avait encore qu'effleuré le cou de Massaï. Il ressera encore sa prise sur le poignet de la brune, le broyant un peu plus et arrachant un cri de surprise et de douleur à la fille. Il en profita pour la ceinturer de son bras libre et la tirer vers l'arrière pour la séparer de son complice.


- Ha ca! Je te tiens, sorcière! Voyez-vous ça! Qui aurait cru que le gentil chaton pouvait sortir ses griffes pour mettre prématurément fin aux souffrances de son amant?!


Revenue de sa surprise, la catin soulevée de terre par le Beyer se déchaîna. Elle hurlait, se débattait comme une furie, tentant de retourner la lame qu'elle tenait contre lui. Il partit d'un rire gras, la donzelle était bien moins forte que lui, il eut tôt fait de lui faire lâcher la dague en lui tordant le bras comme s'il ne s'était agi que d'une brindille. Le bruit métallique de l'arme qui s'écrasa sur le sol poussiéreux résonna longtemps dans la cellule. La brune cherchait à présent à mordre, à lancer des coups de pied, l'hystérique commençait à l'énerver, le garde... dans tous les sens du termes... Il s'adressa à son collègue.

- Reste pas planté là! Attrape-lui les bras et tiens-la au sol, c'coup-ci, elle a mérité sa leçon, la garce!
- Non point! J'la touche pas, moi! L'bourrel pourrait bien nous coller à la place de son julot!

Le Beyer gromella de mécontentement, mais se rangea à l'avis de son collègue. Fallait la faire sortir d'ici sans (trop) la brutaliser...

- Aide-moi au moins a emmener cette putain de l'enfer hors d'ici, Tudieu! Il se tourna vers Massaï avec un petit rictus sadique Z'avez loupé votre coup, tous les deux... on s'revoit sur l'échafaud!

La catin appelait Massaï, hurlait encore son nom alors que les deux hommes la maintenaient fermement, la portaient et l'emmenèrent hors de la cellule. Les cris s'éloignaient et diminuaient d'intensité à mesure que les gardes resserraient leur emprise en étouffant un peu plus la fille de joie. Elle suffoquait, cherchait de l'air. Elle eut à peine conscience du fait qu'elle était à nouveau à l'air libre lorsqu'ils la jetèrent au beau milieu de la rue qui longeait les geôles. Elle resta un bon moment étendue là, entre sanglots et spasmes qui faisaient à nouveau entrer de l'air dans ses poumons...

Mission accomplie pour le Beyer. La furie était dehors, le prisonnier encore vivant et l'émeute maîtrisée. Le bourrel serait content.
Massai
Noooon... !

Un instant il y avait cru, un instant il s'était laissé aller à confier son destin à quelqu'un d'autre, il avait fermé les yeux lorsqu'il avait vu la détermination nouvelle dans les yeux de Lilith... Elle allait le délivrer, il n'avait plus peur, la mort qui pour lui signifiait le néant le délivrerait enfin de ces démons intérieurs, c'était finalement ce qu'il avait attendu toute sa vie.
Elle y arriverait, il lui faisait...comment déjà ? Confiance ? Alors c'était ça, cette sensation soudain presque agréable malgré la douleur et les circonstances ? Un regret furtif traversa son esprit, celui de ne pas avoir connu ça auparavant...

Noooon... !

Non il ne s'était pas trompé ! Il savait pourtant qu'il ne fallait jamais se laisser aller à ces sensations agréables qui n'étaient que mensonges et qui n'apportaient que douleur et déception ! Cette fois encore, malgré toute la bonne volonté de Lilith, la délivrance ne vint pas... Il avait pourtant senti la lame sur son cou s'enfoncer dans sa chaire déjà meurtrie par le collier de clous, mais il n'avait pas eu peur, la douleur serait courte cette fois !

Noooon....!


C'est le cri qui s'échappa de sa gorge lorsque le gardien stoppa net le geste de Lilith. Il attendait la mort, il n'eut que le hurlement de désespoir de la catin qui fut soulevée de terre et emmenée sans ménagement par les deux hommes. Il aurait voulut l'aider, il tenta de bouger, de se relever malgré la douleur, mais son corps trop faible ne lui obéit pas...

Noooon....!

Hurlement de dépit et de fureur ! Fureur après ce destin qui lui refusait encore une fois l'apaisement, fureur après les gardiens qui emmenaient Lilith ... Fureur contre lui même qui ne pouvait rien pour l'aider... Il mit cela sur le fait que Lilith lui appartenait et qu'il ne tolérait pas que quelqu'un abîme sa propriété, incapable qu'il était de donner un autre nom à cet attachement étrange qui le liait à elle...

Mais très vite, les deux gardes-chiournes revinrent, ils s'emparèrent de lui et le trainèrent bien vite dans la cellule où il fut de nouveau enchaîné... Comme s'il avait pu s'échapper dans l'état où il se trouvait.


Voilà, on viendra te soigner bientôt, que tu sois en état pour subir ton châtiment, fit Le Beyer goguenard, quant à ta copine, t'inquiète, on s'en est bien occupé !

Le garde partit d'un rire gras et quitta la cellule sous les hurlements de rage et d'impuissance de Massaï.
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--_heraut_
Le hérault se plaça au milieu de la foule et commença à l'haranguer :

Oyez oyez, bonnes gens de Limoges et du Limousin, au nom de Très Haut et du Roy, au nom de la justice du Limousin, le dénommé Massaï, jugé, puis déclaré coupable de nombreux crimes, brigandages, assassinats, enlèvements, subira le supplice de la roue avant d’être exécuté ici sur cette même place demain matin.
Cette exécution sera publique afin de montrer la puissance de la justice, du Roy et du Très Haut. Son corps sera ensuite exposé à ma foule jusqu’à ce que le temps, les charognes et la pourriture l’emportent.


Une petite foule s’était formée autour de lui, écoutant avec attention ses paroles.

Impassible au chuchotements et brouhaha que provoquait son annonce il la recommença plusieurs fois afin d’être sûr qu’une grande partie de la populace l’aie entendue, puis lorsqu’il estima que ce fut assez, il tourna les talons et partit.


[HRP : A partir de maintenant, le rp est ouvert au public, tous ceux le souhaitent, anciennes victimes de Massaï ou simple badauts seront les bienvenues dans le respect de la cohérence et des règles du rp bien entendu. Pour toute question, vous adressez à Massaï.]
Massai
On était venu le chercher tôt le matin. On l’avait vêtu d’une simple chemise qui lui tombait aux genoux et on lui avait attaché les mains dans le dos On l’installa dans une de ces cages tirée par deux lourds chevaux de traits.
C’était une matinée d’été ensoleillée. La chaleur et la lumière lui sautèrent à la gorge dés qu’il fut sortit des geôles. Il faut dire que cela faisait des jours qu’il était enfermé. On l’avait soigné sommairement afin qu’il soit en état de subir son châtiment mais on ne lui avait rien dit. Il n’avait pas revu Auguste par bonheur mais il ne savait pas comment se passerait l’exécution. Il n’avait plus qu’a espérer que ce soit rapide et le moins douloureux possible.

La lumière si intense l’aveugla et agressa ses yeux encore affaiblis par les tortures d’Auguste. Une foule déjà compacte se massait le long de la route qui le menait à l’échafaud. Il avait reprit quelques forces et la rage tapie au fond de son être se réveilla tant soit peu. Bien qu’affaiblie, elle lui permit d’affronter sans broncher le regard haineux de la populace et surtout de faire taire momentanément cette sourde angoisse qui montait.

A ce moment, bizarrement il repensa à Lilith… à son geste désespéré, et n’arriva pas à comprendre ce qui l’avait poussé à venir jusque dans les geôles de Limoges pour le sortir de cet enfer alors qu’il ne lui avait offert qu’un univers de violence et de soumission. Il haussa les épaules, tentant de chasser ces idées de sa tête, tout cela n’était que sentiment et faiblesse humaine, il avait passé sa vie à les éviter au possible.

Enfin on le fit descendre de cette cage. Toujours aveuglé par le soleil il ne distingua pas tout de suite la roue…
Quant enfin les contours de l’instrument de torture devinrent plus nets, il ne put réprimer un frisson d’horreur et de terreur… Il sentit ses jambes se dérober sous lui, serra les mâchoires pour ne pas hurler, se força à ne pas tomber… Une goutte de sueur glacée lui coula le long de l’échine…. Il tenta désespérément d’échapper aux poignes solides des gardes qui l’emmenaient inéluctablement vers son destin. Son corps se cabra instinctivement, refusant ce qui l’attendait, mais il était trop faible et les hommes le maintenaient fermement et le traînèrent jusqu’à la roue où il fut solidement ligoté… Il était impuissant de nouveau et cette fois, il savait…le châtiment serait long et douloureux….

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Gerfaut, incarné par Massai
Il était déjà au service de la Vicomtesse quand ça s'était passé. Il s'en souvenait bien lui de cette histoire et du résultat. Un jeune époux qui avait ravagé de colère une partie de son bureau, une maison sans dessus dessous, une petite Aléanore retrouvée dans une malle alors que sa mère et son frère avaient disparu. Enlevés en pleine joute du mariage. Arthur et Marie avaient été retrouvés, la nourrice avait été tuée et les coupables, Massaï et Tarrelian, avaient fui.

Le second était mort et malgré les efforts d'Alcyone, jamais Marie n'avait pu lui pardonner. Et le second était en passe de le devenir. Et vu que la brune ne pouvait être là, il y était lui, pour lui raconter. Après tout ce n'était que justice. Parce que ce n'était pas le seul crime qu'il avait commis le coco. Alors il n'allait pas le plaindre.

Posé dans un coin, contre un mur, sans son éternel compère Gontrand, l'intendant de l'Enguerrand, Gerfaut observait en silence la scène. Ah il faisait moins le malin attaché sur sa roue. Et à vrai dire, pour qui ne l'aurait pas connu, il aurait pu faire pitié. Seulement voilà, lui il savait, du moins une partie, et cela lui suffisait pour se régaler par avance de ce qui allait suivre. Il allait regarder attentivement pour pouvoir tout raconter à la Vicomtesse quand il la rejoindrait. Et puis, qui savait s'il n'enjoliverait pas tout ceci dans quelques tavernes sur le chemin, histoire de faire frissonner les donzelles.




--Corvus

Je suis née ici, enfin pas très loin de cette place, certes en dehors des remparts, dans la ville basse, plus précisément au début des premières maisons, là où se termine la campagne. Certains diront le contraire, ce n’est qu’un point de vue. Quoi qu’il en soit je suis native de Limoges et Limoges est la capitale du comté. Excusez du peu mais cela impressionne toujours mes congénères lorsque je me dis habitante de la ville la plus importante du comté. Il faut dire que je voyage à travers les fossés, les murailles, ruelles et autres parements des autres bonnes villes de notre dit royaume.

Je devrais par nature et caractère de ma race préférer les landes et la campagne ou les bords des chemins et les bosquets d’arbres qui les jalonnent mais il s’avère que j’aime cette place et les ruelles qui l’entourent. Je vais de l’une à l’autre, trouvant toujours de quoi manger, un fruit par là, quelques graines d’un sac éventré et parfois, un morceau de viande ou un bout de poisson. Ces deux mets doivent être envoyés par les saints des hommes, ils sont un ravissement. La viande est celui que je préfère. Si par bonheur, j’arrive à dénicher ce morceaux de choix, je m’envole aussi vite que je peux pour gagner la place et me dissimuler dans un coin. Là je guette les passants et ceux qui s’affairent autour des étals. Je les surveille de mon œil rond, prête à me défendre. Ce bout de nourriture m’est trop précieux. Je sens un gout particulier qui m’envahit et coule dans mon gosier. Sa saveur me fait parfois pousser un cri de bonheur. Je me reprends aussitôt et devient encore plus méfiante, mon cri aurait il attiré quelques envieux ? Je scrute a droite puis a gauche, l’indifférence est telle que personne ne s’approche. Faut dire que la place est souvent vide, les bourgeois vont à leurs affaires, la traversant d’un bout à l’autre. Les enfants me font souvent peur, ils me jettent des cailloux. Je pars alors en criant de colère mais revient à mon poste d’observation lorsque leurs jeux les attirent ailleurs. On ne me déloge pas si facilement.

Aujourd’hui n’est pas coutume, des hommes sont venu clouer au centre de l’agora de limoges une roue. Ils ont cogné toute la matinée dessus, faisant raisonner entre les murs les bruits sourds des marteaux. Les clous chantaient au fur et à mesure que leur pied s’enfonçait dans le bois, envoyant des notes de plus en plus aigües vers le ciel. Le bruit éteignait les cris de joie que je lançais de temps en temps. Elle ne servirait pas à faire avancer une charrette cette roue car elle est placée parallèle au sol, enchâssée sur un axe. Un de ces laborieux l’a fit tourner une fois le travail terminé. Elle se mit à tournoyer sur l’axe, légère malgré son poids. Les quatre rayons qui assemblaient le cercle par leur disposition en X, se multipliaient sous l’effet de la vitesse. Le rire des hommes et les hourras qu’ils lançaient me donnèrent l’envie de m’accrocher à cette croix pour sentir la force du vent caresser mes flans. Mais je la connais cette roue, elle est signe de malheurs et de souffrances et de bonheur pour certains, ceux qui contemplent qui applaudissent. Je dois aussi avouer qu’elle est aussi source de plaisir pour moi. Pourtant je ne suis pas de celles qui se réjouissent de la destiné macabre. Je suis de nature aimable. ceux de ma race ne crient pas de joie lors de la mise à mort de nos adversaires. Il convient de ne pas faire souffrir inutilement. Se nourrir, se reproduire et vivre sont nos préoccupations principales. Je sais ce qui va se passer maintenant.C’est une histoire que je pourrais raconter à ma future progéniture.

Le soleil à franchit largement la flèche de la cathédrale, les ombres s’allongent, la nuit va bientôt prendre son tour de garde alors je m’enfuis chez moi. Avant de m’endormir je lisse ma robe noire, me blottis dans mon nid douillet et me mets à rêver à cette histoire.


La veille ou l’avant-veille, la journée était belle et rieuse, des chevaux tiraient une lourde charrette, une cage se dressait sur le plateau. Leur croupe luisait d’écume. Guidés par un homme à pied, il les immobilisa au centre de la place. Les deux gardes qui suivaient ouvrirent la porte à l’arrière et en sortirent un homme. C’est cet instant qu’elle aimait détailler, celui où cet humain misérable fût tiré au grand jour. Sa réaction de peur, l’odeur qu’il exaltait la fit frémir, une légère odeur de charogne émanait de lui. Il avait des blessures mal soignées, elle en était certaine. Le souvenir était si agréable qu’elle bougea dans son sommeil.

Le fil de son histoire repris, elle voyait le prisonnier se débattre en vain, alors elle s’approcha parmi la foule discrètement, lissant sa robe noire. Personne ne la remarqua, sauf une vieille lingère qui se signa lorsqu’elle l’a vit. Elle n’y prêta pas d’importance. La foule s’amassait et entourait le lieu du supplice et commençait à s’agiter, à parler, à rire, lorsque tout à coup le silence se fit et la masse humaine se scinda en deux.

Un homme grand et mince, les mains gantées, vêtu aux couleurs de sa profession, jaune et rouge. Jaune comme la justice éclatante et rouge comme le sang à verser par punition. Il avançait à grands pas en prenant garde à ce que personne ne le touche, le regard droit il fixait celui qui osait empiéter son passage. L’imprudent reculait aussitôt par crainte mais pas elle. Elle le suivait en sautillant, sans trop se montrer, pourtant il l’a vit alors qu’elle était perchée sur le timon de la charrette ; le soleil jouait sur sa robe. Il ne se signa pas quand il la regarda mais d’un geste il lui fit signe de partir. Elle se mit à babiller et sauta un peu plus loin pour assister au spectacle.

Le prisonnier était attaché sur la roue, les bras et les jambes écartés, la tête pendante, le moyeu de la roue enfoncé dans les reins. Couché sur cette croix de Saint-André le condamné attendait sa sentence.


Que justice soit faite et rendue ! s’écria la foule.

La clameur qui envahissait son rêve lui fit poussez un petit cri.
Le bourreau pris une barre de fer et là où les membres reposait sur les encoches faites dans le bois il frappa d’un coup sec et habile, les jointures craquèrent l’une après l’autre et la foule encourageait. La brise d’été emportait l’odeur du sang jusqu’à ses narines. Quand l’exécuteur eut terminé de lui rompre les membres il fit signe aux gardes. Abandonnant la barre à l’un d’eux, Il attacha alors le supplicié, bras et jambes repliés sous lui ignorant les souffrances de l’homme.


Jusqu'à ce que mort s'ensuive ! S’écria le bourreau. Puis il abandonna l’endroit le plus vite possible. La foule s’approcha alors laissant peu de place. C’est ce moment qu’elle choisit pour suivre le bourreau et se posa à ses pieds. Elle voulait le remercier.

Oiseau de malheur !!! lui cria-il.
Elle se réveilla en sursaut et retrouvant ses esprits elle dit tout haut dans son langage, ce qu’elle aurait voulu lui dire


Je me nome Corvus mais appelez moi Corneille, je ne suis pas oiseau de malheur juste charognard. Patiente est ma vertu, j’attendrais pour me servir. J’aime autant la chair faisandée.

Puis elle se rendormi au fond de son nid haut perché, loin des prédateurs.
Massai
Le voici attaché à cette roue, position plus qu’inconfortable après les tourments qu’il a subit ces derniers jours. Il sait que c’est la fin, il ne peut plus rien y faire. Le fier brigand prêt à lutter pour sa survie, prêt à se battre jusqu’au bout n’est plus qu’un corps désarticulé, supplicié, offert à la foule avide de spectacle morbide.

A ce moment il regrette… Il regrette de n’être pas mort par un coup d’épée, dans un combat contre des soldats ou lors d’un brigandage qui aurait mal tourné, peu importe, tout autre fin que celle-ci. Plus que l’humiliation, il craint la douleur… N’a-t-il pas déjà assez payé ? Il ne peut plus qu’espérer que le bourrel sera clément ou maladroit, peu importe. Il ne veut plus avoir mal, jamais…Il a peur…tellement peur…

Pourquoi cela est-ce si long ? La position dans laquelle il se trouve est un supplice à elle seule, les bras et les jambes en croix liés aux poteaux de cette croix de St André, la tête dans le vide… Difficile de voir ce qu’il se passe, parfois il fait l’effort de lever la tête, distingue la foule grondante qui réclame son juste châtiment mais la douleur dans la nuque se fait violente, alors la tête retombe alourdie, il a envie de vomir, il voudrait tellement que les choses aillent vite maintenant…

Soudain le silence se fait. Il tente de voir ce qu’il se passe, il voudrait que cela finisse vite mais appréhende ce qui l’attend… Instinct de survie, réflexe presque involontaire, il tente de se défaire de ses liens, ne réussit qu’à s’arracher un cri de douleur…distingue un homme, un hérault ou un homme de loi, qui sait ? Ce dernier se met à lire un long parchemin… Il a du mal à comprendre, capte des bribes…ce sont ses aveux, l’homme déclare à la foule les crimes pour lesquels il est condamné… La foule accueille chaque déclaration par des cris d’effroi ou d’indignation. C’est long, si long, trop long… Il laisse retomber sa tête, ne distingue alors que le bleu du ciel, un bleu intense, presque douloureux… Il ferme les yeux et se surprend soudain à invoquer toutes les puissances que la terre peut porter pour qu’elles le sauvent…lui qui n’a jamais cru en rien…

Puis de nouveau le silence… silence qui le saisit de terreur à son tour… Il entend plus qu’il ne voit le bourrel s’approcher...Son corps s’agite de nouveau, s’affole à la vision du tourmenteur… Des frissons d’épouvante le font trembler en le distinguant tenant une barre de fer à la main. Il sait, il connaît le supplice, il l’a déjà vu infliger à d’autres que lui…

Son estomac se tord rien qu’en pensant à ce qui l’attends… Il voudrait crier, supplier, mais l’effroi le laisse aphone… L’homme tourne autour de lui, comme un prédateur autour de sa proie… La barre de fer monte soudain très haut au dessus de lui puis s’abat violemment sur son bras.
Ses os éclatent, la douleur est inimaginable, elle se répand instantanément dans tout son corps, pour arriver à son cerveau ou elle semble exploser. Des larmes jaillissent de ses yeux, il pousse un hurlement qui déchire le silence…long hurlement qui semble ne jamais s’arrêter… Mon dieu qu’a-t-il fait pour mériter cela ? Est-ce possible d’avoir aussi mal ? Le temps s’arrête…la douleur reste intense de longues minutes… Il ne sait plus où il est… perd tout repères… Il faut que ça s’arrête maintenant… Il ne supportera pas plus longtemps cela… Pourquoi déjà ? Pourquoi ? Que peut-il avoir fait pour autant souffrir ?

Le temps d’un infime instant, il se revoit sur cet immense bateau…il y a sa mère qui semble désespérée, qui supplie qu’on lui rende son fils…qu’on ne lui fasse pas de mal, il y a son père aussi, agenouillé, une longue lame posée sur son cou… Il y a aussi les barbares, ces ignobles pirates, celui qui tient la lame et l’autre, le chef qui le tient dans ses bras , lui, qui a à peine 4 ou 5 ans. L’homme ricane :


« Alors c’est ton fils ce bâtard ? Es tu sûr au moins ???? rires…
Une esclave massaï… quelle idée de l’enfanter ! ricanements…
Bien on va voir si c’est vraiment ton fils… Si je te le colle dans les bras et qu’il pleure alors c’est qu’il ne te reconnait pas comme son père… Dans ce cas, ce sera ta fin…

Nyahéra qui pleure et supplie de plus belle…lui qui est terrorisé… L’homme le tend à son père, il ne sait pas ce qu’on lui veut, il sent qu’on attend de lui plus que ce son âge est capable de supporter… Son père qui le prend dans ses bras le regard suppliant : Calme toi Kilim…ce n’est rien… Il ment, il sait qu’il ment, alors terrorisé par le massacre de l’équipage, par cette cruauté qu’il vient de découvrir pour la première fois de sa vie, il se met à pleurer, à hurler, veut retrouver les bras rassurants de sa mère, se débat des bras de son père qui finit par le lâcher…. « C’est pas grave mon fils, ce n’est pas de ta faute… » De quoi parle t-il ? Qu’a-t-il fait ? Il voit soudain la lame s’enfoncer dans la poitrine du capitaine, le sang qui tache la chemise…Le regard incrédule de son père…dernier regard avant la fin… Le rire des pirates…. « Tu as choisis petit…tu es responsable… »

Le second coup du bourreau l’arrache à ses souvenir… Nouveau hurlement qui déchire la place… Il sait maintenant pourquoi il a si mal… Son corps se tord, il supplie lorsqu’il n’hurle plus… Il ne savait pas que l’on pouvait avoir si mal sans sombrer dans l’inconscience… Il n’est plus sûr d’avoir autant souffert sur la table de torture… Est-ce donc la mort de son père qu’il paie maintenant ??? On n’entend plus que les coups sourd et les craquements des os, suivis des hurlements du prisonnier…

Il hoquette, hurle, crie, supplie, pleure, mais rien n’émeut le bourrel, le châtiment ira jusqu’à sa fin… Enfin Auguste se penche vers lui… Il le supplie mais rien à faire, l’homme le détache, replie ses membres brisés sous lui, il hurle encore et toujours… N’y aura-t-il pas de soulagement ?
Puis vint le pire… longue souffrance, longue attente dans une position horrible…le temps qui passe, la clameur et les brouhaha de la foule, chaque seconde, chaque minute, chaque heure est un supplice de plus… jusqu’au moment ou dans la pénombre vint les corbeaux… Il hurle à chacune de leurs attaques, ils commencent à déchirer sa chaire alors qu’il n’est pas encore mort… il tente de préserver ses yeux mais sait qu’il ne pourra pas éternellement,…

Peu à peu la douleur le fait sombrer dans un état semi comateux dont il est tiré par un pic de souffrance lorsque que les oiseaux arrivent à lui voler un peu de son corps… Il n’a plus qu’un souhait, la mort libératrice…qu’elle vienne vite… par pitié.

Combien de temps cela dure t-il ? Des heures ? des jours ? De long moments de souffrance rythmés par les râles du condamné qui n’a plus la force de hurler.

Soudain il lui semble sombrer dans un puit sans fond….La souffrance est de nouveau intense, il lui semble que tout son corps brûle, qu’il est traversé par des milliers de pointes, qu’on lui arrache les chaires une par une… Pourquoi cela ne s’arrête-il pas ? Pourquoi s’entend-t-il toujours hurler ?

Soudain il les voit… Ils sont là tous les deux…son père, sa mère… Enfin, enfin il va les rejoindre ! il essaie de courir vers eux…mais il ne peut pas bouger, toujours maintenu par des milliers de griffes, de pointes, de crochets qui lui traversent le corps… Il ne comprend pas, qu’est-ce que cela veut dire ? S’il les voit, c’est qu’il est mort ? Pourquoi la douleur ne disparait-elle pas ? Pourquoi s’intensifie-t-elle ?


Père ? Mère ?

Cri désespéré… Nyahéra qui secoue la tête tristement…

Pardon, ce n’etait pas ma faute…
Non mon fils… pas au début


Que veut-elle dire ? Mère ? Ne me laisse pas ? Pitié, délivrez moi de ces tourments…

Combien de gens t’ont implorer mon fils ? Les as-tu écouté ?

De quoi parle-t-elle ? Ce n’est pas pareil, ça ne peut pas l’être…
Il les supplie… Pourquoi ne viennent-ils pas à lui ? Ils semblent soudain si tristes…


J’ai essayé mon fils… j’ai passé ma vie à te chercher pour te donner la voie…la direction… Pour que tu ne sois plus perdu… Tu ne m’as pas écouté… Tu as choisis…

Que dit-elle ? Il ne comprend pas, ne veut pas comprendre…. Quel choix ? Ce n’est pas de sa faute…

Tu t’es retranché derrière ce motif… mais c’est faux… Tu avais le choix… Tu as aimé la vie que tu as choisis… Je ne peux plus rien pour toi hélas…

Ils s’éloignent doucementNon ! Ne me laissez pas ! C’est faux ! Est-ce faux ?

At-il eu le choix ? A-t-il aimé la vie qu’il a eu ? Non il ne l’a pas aimé, non il n’a pas eu le choix, c’est faux…peut-être juste la liberté que cette vie lui a apporté, peut-être un peu grisé lorsqu’il parcourait les forêt à la recherche des proies, peut-être juste ce sentiment de puissance lorsqu’il captait la dernière lueur de terreur des gens qu’il assassinait…oui, au fond il avait aimé ça, cette liberté, oui, il avait eu le choix…il aurait pu…mais il avait préféré fermer les yeux, se dire que ce n’était pas sa faute… qu’il n’était que ce qu’on avait fait de lui…mais au fond il avait juste refusé de faire l’effort…

Alors soudain il comprit… Se pourrait-il que Lilith avait raison ? … Par pitié
non ! Il hurle ! Il se débat, tente de se libérer des tenailles qui lui brûlent et arrachent les chaires, il regrette, il veut, doit revenir en arrière ! Il se fera pardonner ! Vivra dans un couvent ! Juré il écoutera Lilith ! Il se fera curé ! servira la messe ! Passera le reste de sa vie à expier ! Il fera tout ce qu’on lui dira, mais par pitié qu’on le libère de ses souffrances !

Las, que des ricanements pour lui répondre, qu’une voix qui hurle à travers son âme « Les as-tu écouté t’implorer et te supplier ? Combien en as-tu sauvé ? Si ! si ! Il a sauver une femme il y a bien longtemps , il a donné une seconde chance à une autre une fois… Il n’a pas fait que du mal !

Quoi ? Deux ou trois bonnes actions que tu as passé ta vie a regretter contre toutes les morts et les violences dont tu es responsable ? Il est trop tard…. Il est trop tard….


Non ! il refuse l’évidence, il se débat, mais comment se dépêtrer d’un corps qui n’est plus ? Alors, dans un bruit assourdissant auquel s’ajoutèrent ses propres cris, les milliers de griffes qui lui transperçaient le corps et qui le faisaient hurler de douleur l’emportèrent, l’enveloppèrent et l’entraînèrent vers les affres de l’enfer et les tourments éternels…


Sur la place, les derniers râles du supplicié s’étaient évanouis, laissant place à un silence lourd et pesant qui s’était abattu sur les rares passants qui passaient par là, tous avaient assisté au supplice, mais ils étaient ensuite allés vaquer à leurs affaires, la mort du condamné avait été longue à venir…l’homme avait été fort et costaud…la vie ne l’avait quittée qu’à regret après de longues heures de supplices et de souffrances…

Un cri perçant venant du ciel déchira soudain cette étrange atmosphère. Les quelques badauds qui levèrent alors les yeux purent apercevoir un faucon tournoyer quelques instants autour du cadavre du condamné, puis repartir à tire d’ailes heureux de sa liberté enfin retrouvée…

Du terrible brigand du Limousin, ne restait donc plus qu’une dépouille suppliciée et désarticulée qui sera exposé à la foule jusqu’à ce que les corbeaux affamés et le temps fasse disparaître la charogne, une légende peut-être que l’on racontera aux petits enfants lors des longues veillées pour les décourager de suivre le mauvais exemple, un vieil étalon noir qui, trop mauvais et agressif pour être utilisé, sera, à l’image de son maître abattu, mais pour sa viande lui, de nombreux orphelins heureux d’apprendre que leurs parents ont enfin été vengés, quelques catins trop heureuses elles aussi de reprendre leur liberté….sauf une peut-être… finalement pas grand-chose d’une vie qui s’était égarée sur de mauvais chemins…


[hrp : Ljd Massaï remercie tous les joueurs qui lui ont permis de créer et de faire évoluer le perso avec lequel il s’est beaucoup amusé, une joueuse en particulier qui se reconnaitra avec qui il a fait ses meilleurs rp, et invite tous les autres joueurs a s’amuser autant que lui. Bonne continuation à tous et bon jeu.]

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