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Baptême du premier navire orlénais (Gien)

Jmorelle
Le bateau coule! Elle entendait ces mots au loin, dans son sommeil, sans pour autant se réveiller. Puis l'eau glaciale. Ouvrir la porte de la cabine des passagers, sortir de là en vitesse. Et la poignée qui tourne à vide... Ju était coincée, faite comme un rat. Quelle ironie, elle qui ne s'aventurait jamais dans l'eau ou sur l'eau ne sachant pas nager...

Peut-être était-ce la fin? L'eau s'infiltrait par les moindres brèches. Très rapidement, la cabine fut remplie. Ju avait beau taper de toutes ses forces, personne ne l'entendait. Peut-être étaient-ils déjà tous sorti du foncet?

Quelques mètres... Et le temps qui passe. Puis les centimètres qui se comptent à l'unité... Et de moins en moins d'air. Puis plus que de l'eau... C'était la fin...

Ju coulait avec le bateau. Elle ferma les yeux, pensant à ces deux êtres chers... si chers à son coeur...

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Manoir des artistes
--Ebene
Mais il se passe quoi? pourquoi le bateau il se casse complètement? Et maîtresse? Maîtreeeeeeeeesssseeeeeeeeeee (ne touche pas à maîtressssseeeee)! Sors de lààààààààààààà

Grattage contre la porte... Et l'eau qui monte... Sors viiiiiiiiteeeeeeeeee!

Je remonte car l'eau a envahi le bateau, et les planches se détachent! Et je saute dans l'eau!

Ohhhhhhh la cabine aussi se disloquent! Maîtresse! Maîtresseeeeeeeeeee tu couleessssss!

Vite vite je plonge dans l'eau je bouge les pattes et je la choppe par la robe entre mes crocs. Allez accroche toi! Je bats des pattes en gardant la tête hors de l'eau comme j'ai appris, et on va vers la côte! Là y a comme une petite plage! Ouaf ouaf... C'est qu'elle est un peu lourde quand même... Courage! On y est bientôt!

J'arrive sur la plage, tu me lâches, je me secoue pour me sécher et je me rapproche de toi. Je te donne un coup de museau en jappant "mouuuuuu". Allez bouge maîtresse, c'est pas drôle tu me fais peur... Ah une léchouille sur le visage ça te réveille toujours... On va essayer... Rien...

Maîtresse... Maîtresse... aaaaaaouuuuuuuuuhhhhhhhhhh!
Lyll
Lyll nageait de plus en plus loin, essayant de repérer des clapotis fait par des bras et elle espérait que les poissons ne s'étaient pas regroupés pour une représentation de gym aquatique qui l'aurait mise sur la mauvaise route.
Tout à sa nage, elle entendit néanmoins d'autres plongeons qui venaient de derrière elle mais aussi de devant. Elle prit la décision de faire du surplace quelques secondes pour vérifier ce qui se passait autour d'elle. Elle vit quelque chose de volumineux, qu'elle n'avait pas remarqué plus tôt, s'enfoncer dans l'eau, puis une personne nager vers la rive, un chien tirant une masse, une autre personne nager à sa suite vers la masse qui s'enfonçait dans l'eau...

Un chien ? Norf d'norf !!!! Ebène ! Mais... norf ! L'Valrose ! Ju, Sebbe, Eli !

Bon, Ju avait l'air d'être entre de bonnes gencives, un passager ou une passagère avait rejoind la rive, quelqu'un n'était pas loin d'elle et une personne se noyait à deux brasses d'elle. Mais combien étaient-ils sur ce foncet ?! Elle était sûre pour 4 personnes, dont un clandestin, mais y avait-il eût de nouveaux passagers depuis le départ à Gien ?

Toute chose en son temps, de toute façon elle n'avait que 2 bras et ne pourrait ramener qu'une eprsonne à la fois. L'urgence allait vers la personne qui se noyait. Lyll repartit, une brasse, puis deux puis...

Norf l'a disparue !!!

Elle retint sa respiration et plongea là où elle avait vu la personne pour la dernière fois. Après plusieurs aller-retour à la surface, elle attrapa un vêtement habité. Elle tira de toutes ses forces, et malgré le poids mort que représente une personne dans les vapes, l'eau permettait d'alléger la masse. Elle remonta finalement le passager à la surface et prit quelques secondes pour le regarder.

Norf d'norf ! Eli !

Lyll passa un bras sous les aisselles d'Eli et commença sa traversée jusqu'à la rive. Elle allait moins vite qu'à l'aller, mai au moins elle avançait et gardait la tête d'Eli au-dessus de l'eau.
En remontant elle croisa Ninouchka, qu'elle ne rconnut pas de suite et à qui elle adressa un :

C'bon, j'en ai récupéré une, j'ai vu qu'un aut' passager n'était pas loin derrière, j'sais s'il ou elle sait nager et surtout, j'sais pas combien ils étaient. C'qui est sûr, c'est qu'2 sont d'jà sur la rive !

Bien sûr, elle avait prononcé toute cette tirade entre plusieurs brassées et respirations puis avait continuer son chemin espérant que là-bas, sur la rive, des personnes étaient arrivées pour aider les rescapés.

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Elisel
Elisel entendait des cris provenant de la rive, des bruits. Impossible de signaler sa présence, trop occupée à se maintenir la tête hors de l'eau. Elle ne voyait quasiment rien, la lune éclairait faiblement des ombres qui flottaient à la surface. Est-ce que tout le monde était sorti???

Des aboiements, des bruits de nage à côté d'elle... Elle tâta comme elle pouvait autour d'elle, essaya de trouver quelque chose à quoi se raccrocher, rien...
Des battements de jambes, de bras, tout ce qu'elle pouvait pour réussir à respirer, ne pas couler, ne pas avaler.

Et la voilà tousser, à se débattre pour recracher l'eau du fleuve, à s'enfoncer, en avaler à nouveau, dans un cercle vicieux, où au fur et à mesure l'eau montait de plus en plus, ou elle arrivait à se maintenir de moins en moins, c'est selon le référentiel...
Elle ne tenait plus. Elle entendait les bruits, de plus en plus près, mais n'en pouvait plus, avala une dernière goulée et sombra...

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Ninouchka
Avancer, ne pas penser, ne pas perdre le cap ... se diriger sur les bruits qui hantaient cette nuit sinistre.

Ninou entendait le bateau se tordre sous les coups de boutoir du vent pour finalement se déchirer dans un grand fracas quand la Loire se décida à participer à cette mise à mort.

D'un coup elle fut prise dans un mouvement de houle qui la fit reculer de plusieurs longueurs.

Elle avait avalé de l'eau, avait été ballotée par les vagues pendant quelques secondes et elle essayait de retrouver son souffle quand elle heurta un morceau de bois auquel était agrippé un corps inerte. Elle ne put identifier la personne ni l'intercepter et dut le voir continuer à dériver sans pouvoir rien faire. Elle en pleurait de rage et ses larmes se mêlaient aux eaux du fleuve.

Sur son côté droit, elle aperçut une forme qui nageait et se dirigeait vers la rive. C'était donc qu'il y avait des survivants ! Cela lui redonna courage et elle reprit sa route au milieu de la Loire.
Puis ce furent des jappements ... non elle ne se trompait pas ! C'était Ebène ça ! Une grosse voix de chien, un chien qui nage ... c'était le Terre-neuve de Ju à n'en pas douter ! Elle aussi serait sauve ? Ninou finit par apercevoir le chien. Il tirait un corps vers la rive ... un corps qui ne bougeait pas, un corps qu'elle ne pouvait reconnaître dans la nuit sombre.
La pleine lune avait quitté le ciel depuis plusieurs jours déjà et les nuages avaient achevé de rendre inopérant le petit quartier qui restait !

Son sang se glaça à ce spectacle. Elle fut tentée de suivre le chien pour savoir ... au moins pour savoir ... mais il fallait continuer son chemin vers les restes du bateau. D'autres attendaient sans doute.

Encore une fois, elle reprit sa trajectoire, encore une fois elle plongea pour nager sous l'eau à l'abri des remous et des déchets, encore une fois elle refit surface et se trouva nez à nez avec Lyll.

Celle-ci maintenait Elisel la tête hors de l'eau et Ninou sentit son coeur chavirer en voyant son amie, apparemment sans vie, blême, les yeux clos sur on ne savait quelle vision.

Elle tenta de rester sur place pendant que Lyll lui expliquait qu'il y avait encore quelqu'un qui avait besoin d'aide.


J'y vais lui dit Ninou. Avant de quitter Lyll et son précieux fardeau, elle ne put s'empêcher de déposer un baiser sur le front d'Eli.

Puis elle repartit dans la nuit noire.

Un choc ... un autre, et un autre, et encore un autre ...

A ce moment, les nuages s'écartèrent et la faible lueur dispensée par le morceau de lune permit à Ninou de se rendre compte de l'étendue des dégâts. C'était hallucinant !

Elle se trouvait en plein milieu d'un tas de planches et de débris de toutes sortes qui dansaient sur l'eau à hauteur de ses yeux. Un morceau plus gros que les autres arrivait droit sur elle ... elle plongea pour l'éviter et juste avant de disparaître sous l'eau elle aperçut une forme humaine agrippée à une planche.

Quand elle refit surface, elle chercha ce qu'elle venait de voir ... oui il y avait quelqu'un là un peu plus loin. Evitant les écueils comme elle pouvait elle se dirigea vers le naufragé.

C'était le capitaine du bateau ! Il ne criait pas, n'avait pas l'air de chercher de l'aide, ne bougeait pas non plus ... Tout en s'approchant de lui, elle espéra qu'il était simplement choqué, épuisé ... que rien d'irrémédiable n'était arrivé.

Un peu avant de l'atteindre, comme il n'avait pas l'air conscient de sa présence et pour ne pas le surprendre, elle l'appela :


Messire Sebbe ! Tenez bon ! Vous n'êtes plus seul ...

Elle attendait une réponse, un mouvement, n'importe quoi qui lui permettrait d'être rassurée.
Aurae
Le soleil printanier donnait ses dernières lettres de noblesse de la journée pendant qu'Aurae finissait quelques arrangements de massifs. Le chancelier avait prévu de passer au port, afin d 'avoir quelques nouvelles du bateau. Une fois ses outils rangés, il prit son cheval direction le port...

Isli était bien en poste et lui confirma que le bateau avait quelques peines à avancer. Apparemment, Sebbe avait demandé à accoster, manœuvre au combien délicate vu l'état d'avancement du port de Blois... Quoi qu'il en soit, Islington saurait guider le capitaine. Aurae décida donc de rentrer se reposer un peu de sa longue journée et, enfin passer un peu de temps avec sa femme...

Ouverture de porte... Vide... Vide... Vide... Tiens personne à la maison, étonnant... Soit, Lyll devait avoir du travail à la boucherie. Petit diner et le Chancelier s'installa à son bureau pour travailler quelques textes...

La lumière avait encore une fois perdu son combat, laissant place à cette étrange noirceur où tout était permis... Un tantinet inquiet de ne voir sa femme arriver, Aurae sortit et prit la direction de la boucherie...

La vue du pont était imprenable, mais un détail perturba le chancelier, il ne semblait pas y avoir de bateau amarré aux quais... Avançant un peu plus vers la ville, il entendit le bruit d'un cheval au galop... Et bien il est bien pressé celui là, va savoir, peut-être un brigand. Aurae décida de se mettre en travers du chemin pour un petit contrôle de routine. Après le cavalier sans tête, nous avons le droit au cavalier sans corps... Serait ce une nouvelle technique de furtivité... Il faut croire que non, même pas de souris dans une manche... De toute façon, ils étaient mouillés... Étrange mon cher Wat...heu... mais ... on dirait les vêtements de Lyll, reconnaissable par la patte d'Ysabeau et cette façon si berrichonne de faire des habits. Avec ce noir, il n'avait même pas reconnu le cheval de sa douce, pourtant ce couill... n'arrêtait pas de le pousser avec sa tête...

Bon faisons le point, recueillons nos informations... Lyll n'a plus son cheval c'est donc qu'elle n'est plus à la boucherie. Ensuite, ses habits mouillés, le seul endroit où elle pourrait se trouver semble être le port près de sa barque... Sûrement un code pour dire "ramène moi des vêtements secs, je suis bêtement tombé à l'eau en voulant aller pêcher". Aurae n'avait plus envie de faire marche arrière, il se dirigea donc vers le port, tant pis il lui prêterait ses vêtements et se débrouillerait pour marcher caché par le cheval...

Il y avait plus de bruit que d'habitude autour du fleuve, l'eau semblait agitée. C'était réellement la soirée de l'étrange. Aurae accéléra le pas craignant une mauvaise surprise... Arrivant sur la berge plusieurs personnes semblaient nager... Non ils ne nageaient pas mais tiraient des noyés...

Horreur... Sans hésiter, Aurae se mit à l'eau et vit droit devant, à quelques mètres, Lyll qui secourait une personne... Mais que s'est-il donc passé ??? Un concours de bain de minuit... Des planches de bois et autres morceaux de bois brisés passèrent devant lui...

Non !!! Le Valrose !! Coulé !! L'équipage est en détresse !!!


Aurae se dépêcha de rejoindre Lyll pour l'aider à mettre sur la berge la victime...


Je suis là Lyll ! Laisse moi t'aider !!

Il passa une main sous le bras de ce qui semblait ressembler à Eli... pas le temps de réfléchir, il fallait lui redonner vie... En quelques mouvements de brasse, Elisel était déposée sur la berge, mais semblait inconsciente.

Aide moi Lyll mettons la sur le côté, je vais lui taper sur le dos pour faire sortir le trop plein d'eau.

Pour garantir l'effet, Aurae sortit une décoction de sa besace à vocation vomitive, l'odeur déclencherait sûrement les spasmes recherchés...

Le chancelier s'exécuta, agitant la mixture devant le nez d'Eli tout en lui tapant sur le dos... Plus qu'à attendre le résultat...

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Seigneur de la Herpinière
Chancelier d'Orléans
Elisel
Kof... Kof... Kof... Hhhhhrrrrg... Kof... Kof... Kof...

Elisel sentit qu'on lui tapait dans le dos, assez fortement quand même. Elle voulut râler contre ce traitement, comme à son habitude, mais quelque chose obstruait tout, l'empêchait de respirer.
Elle ouvrit de grands yeux affolés dans un instant de panique, se rappela en un éclair ce qui venait de se passer, où elle était, le naufrage du Valrose, la noyade, et une nouvelle tape dans le dos la ramena à la réalité.

Elisel toussa, recracha ce qu'elle pouvait, essaya d'aspirer une goulée d'air et une odeur infecte lui arriva dans les narines, déclenchant de nouvelles crispations, la forçant à régurgiter tout ce qu'elle avait pu avaler peu de temps avant.
Les yeux devenus vitreux, totalement concentrée sur sa douleur, ses poumons en feu, l'estomac retourné, tentant d'avaler de l'air et de chasser tout le liquide qui lui restait, elle finit au bout d'un moment par se rouler en boule, pantelante, frissonnant de froid dans ses vêtements humides.

Elle agita une main flageolante pour repousser le flacon qui s'agitait devant son nez, encore secouée de spasmes, puis ferma les yeux pour essayer de se retenir.

Enlevez-moi... cette horreur...
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