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[RP] Fuggire non è la soluzione...

Sadnezz
[Patience et longueur de temps...]

Cheveux courts coupés à la lame dissimulés sous le capuchon d'une houppelande grise, port droit, mains gantées et baguées, la Corleone observe le va et vient des clients d'une auberge Alençonnaise...

Attablée face à l'entrée, elle ressemblerait à n'importe quelle cliente venue boire sa solitude. Son corset enserre une poitrine qui se veut rebondie et fière, cher artifice qui lève le poids de quelques bonnes années à des atouts que le temps n'a pas épargné. Les doigts se jouent d'une chope tournant entre des phalanges qui paraitraient presque douces et les jambes se croisent et se décroisent au gré d'une impatience savamment dissimulée. *

Chaque individu de la pièce est détaillé silencieusement, visages passés au crible et attitudes décortiquées par ses prunelles noires , les minutes passent inexorablement, dans le ballet incessant des noctambules qui n'ont pas trouvé le repos ailleurs que dans leur chopes.

Sa senestre vient délivrer une fiole chauffée par la peau halée de ses deux mamelles, au coeur de son corsage . Soupir. Tuer l'agacement, avant que ce ne soit lui qui vous tue. Quelques gouttes d'opiacées viennent se mêler à la bière, tendre poison duquel la Corleone ne peut plus se défaire.

Ses premières amours avec l'apaisement de la drogue étaient pourtant médicinaux, soignant le corps et l'esprit, chassant les douleurs sous toutes leurs formes d'un simple inhalation évanescente... Mais l'abus de toute chose a des conséquence. Du vaporeux au buvable la limite est vite franchie, ou comment embrasser l'addiction.

Le breuvage tiédi est porté à l'ourlet de ses lèvres, titillant de ses dernières bulles le palais de la brune... Pupilles dilatées, le plaisir est sourd et lent, mais les effets sont déjà détectables. Les mains cessent de trembler, l'impatience s'envole comme toute notion d'attente...

Dans le chambranle d'une porte les traits d'un homme attirent son attention, la détournant de sa délétère délectation. L'espace de quelques secondes, Sadnezz le dévisage, bien plus précautionneusement qu'elle a pu le faire avec les autres. Un fin rictus s'étire et s'étiole sur son visage... Il est des détails délateurs qui exaltent plus que tout poison bienfaiteur...


* Aux bons gouts Milosiens
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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
Nicolas.df
[Engagez-vous, rengagez-vous !]

Des ivrognes, des catins, de rares hommes de la Memento Moris n'entrant pas dans la première catégorie ni ne fréquentant la seconde, et quelqu'un qui le... non, ce n'est qu'une impression. Nicolas pince les lèvres devant la populeuse fréquentation du douteux établissement, et se fraie un chemin jusqu'à une table un peu à l'écart en se servant de son bouclier. Ce dernier est bruyamment déposé sur un tablier de bois qui en a vu d'autres. Il s'agit de marquer le territoire de l'Italien... A peine le temps de rajuster son jabot et de vérifier machinalement ses manchettes, déjà une blonde défraichie vient prendre sa commande.

Vous avez du vin aux épices ?

Regard d'incompréhension de la tenancière, soupir teinté d'agacement de l'Italien.

Soit... Apportez-moi du calva dans ce cas, votre meilleur je vous prie.

Un rapide coup d'oeil aux murs fait disparaitre tout espoir de trouver une patère, et sa cape dégrafée et pliée avec l'aisance de l'habitude vient trouver refuge sur sa besace. Promptement couvert par son chapeau, le tout est déposé à l'abri de la crasse sur la surface polie du bouclier neuf. Un regard critique porté sur le banc dissuade pour l'instant le fier jeune homme de s'assoir... Sous l'effet de l'irritation, une main se porte à sa tempe gauche pour effleurer la mèche blanche, autrefois honnie, aujourd'hui indispensable composante de son charme soigneusement travaillé... un fin sourire étire ses lèvres un instant, puis la vanité cède le pas à la contrariété.

Pourquoi diable se retrouve-t-il à des lieues de ses compagnons de voyage, dans un bouge infâme en rase campagne, tandis que la Flamande qui pourrait lui tenir compagnie préfère celle d'un vieux forgeron ? Maudit sens de l'honneur qui l'a poussé à s'engager, lui qui s'était toujours tenu à distance des militaires... "Ma lame est vostre, duchesse", n'y avait-il donc rien d'autre à dire en guise de remerciement pour son laissez-passer ? Il en était maintenant réduit à attendre le bon vouloir de Grégoire d'Ailhaud, qui ne semblait pas disposé à renoncer à un combattant... Au moins avait-il réussi à s'esquiver pour la soirée. Une ou deux heures autour d'un feu de camp, à subir les questions indiscrètes de soudards non habitués à la compagnie de quelqu'un dont le vocabulaire courant comprenait plus de quinze mots, cela aurait été plus qu'il ne pouvait en supporter.

Ramené au présent par une altercation entre ivrognes, Nicolas arbore une moue dégoutée et finit par s'assoir. Autant mettre son ennui à profit et s'occuper de sa correspondance, le nécessaire à écriture est vite extrait de la besace, mais l'inspiration se fait désirer. Un regard en biais, un "merci" inaudible en voyant le verre de calva apparaitre, le précieux jabot rajusté une fois de plus... Puis deux ou trois gorgées du breuvage, revigorant à défaut d'être bon, suffisent à le lancer. Le grattement de la plume alternant leggato et staccato feutrés à ses oreilles, la seule chose qui puisse lui faire oublier sa morosité et la noyer dans le brouhaha déjà lointain de la taverne. Le jeune visconte di Prato s'isole dans ses pensées.

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Sadnezz
Caressant l'image juvénile du nouvel arrivé d'un regard attentif, la belladone assèche sa commande et l'écarte d'une main fébrile vers un recoin de la table. Bien mis, plutôt beau garçon, silhouette relativement fine dans son ensemble si l'on ne s'attarde pas à détailler la carrure de ses épaules. Sad ramène d'un geste bref le pan de sa capuche sur la naissance de son crane, continue à observer l'individu, recueillant tout détail susceptible de la conforter un peu plus dans sa certitude de ne pas se tromper de personne. Plus que l'instinct, une imperceptible cicatrice à son arcade la rassérène, puis une autre qui blanchit une fine mèche de cheveux du coté de la tempe. C'est lui.

Elle fait rouler quelques pièces sur le bois à l'attention de la première bordelière qui viendrait débarrasser et réajuste une bague à son majeur, l'air de l'auberge lui semblerait presque plus respirable désormais. Regard circulaire, porté à tout l'agencement du rez de chaussé... Trois issues, dont une qu'elle perçoit comme donnant sur une écurie, une grange. Retour à son homme. Il a mandé à boire, puis s'est mit à écrire, concentré et appliqué... Un pli s'est creusé sur son front , attestant du détachement à tout ce qui pouvait l"environner, le temps de coucher sur vélin quelques notes encore mystérieuses. Ses mains son belles, car jeunes mais pas seulement. Ce sont celles qui ne connaissent pas le labeur de la terre, les mains qui caressent les draps de velours et de flanelle, les peaux au grain clair et doux plus que la pelle ou la pioche minière. La noblesse à défaut d'avoir un beau coeur a toujours eu de belles mains. C'est lui.

Cette assurance affiché sur sa gueule de jouvenceau bien qu'éphémère donne à la brune l'envie de ne pas trainer, après l'avoir trop longtemps attendu. Aussi les jambes se décroisent, et la Corleone prend congé de son coin en retrait, plongeant au coeur de la douce ambiance malsaine des bouges aux heures tardives. Progressant jusqu'à la tablée de l'objet de sa nuit, la Corleone laisse flotter derrière elle un fragrance rassurante, celle de la détermination et du contrôle. Ce soir elle obtiendra ce qu'elle désire, car faillir n'est pas inclus dans son programme. Quelques enjambées la ramène à celui qu'elle sait être jeune avocat, sujet prometteur des cours et des institutions qu'elle évite - bien qu'elle les sait n'être pas moins vérolées et corrompues que les autres. Sad se penche à son oreille,y laisse couler une simple question, trois mots qui scelleront l'avenir proche du damoiseau.


Nicolas, Di Firenze?
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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
Nicolas.df
[Une bulle éclate]

Affectueusement... Nicolas. Le jeune homme se relit d'un oeil critique, et laisse un bref sourire de satisfaction étirer ses lèvres. Ton légèrement réprobateur sans être paternaliste, petite pointe de compréhension, sûrement ce qui convient le mieux face aux incertitudes de sa rousse correspondante. Une main tâtonne distraitement ses affaires pendant qu'il réfléchit, puis se referme sur la petite bourse de sable, promptement vidée sur le parchemin. Les milliers de grains roulant sous ses doigts, tandis qu'il les étale pour boire l'encre superflue, rappellent à l'Italien la douceur de la peau d'une femme, de la femme. Nouveau sourire en coin. Puis...

Irritation. Quelqu'un s'approche, il sent une présence. Une présence, et une odeur inconnue, pas celle d'un ivrogne en tout cas. La fragrance est trop légère pour une catin... Ni un soudard ni une fille de joie, cela élimine d'office une large majorité de la population du bouge, et éloigne quelque peu la possibilité d'une répartie sèche et expéditive. Discret soupir d'agacement avant que l'importun ne s'annonce.

Peur. Cet accent... Un pied se plie sous le banc, la main gauche le rejoint et plonge dans la botte, le pommeau de la dague entre le pouce et l'index. Mais les indices ne concordent pas, un assassin aurait déjà dardé sa lame, et un envoyé des Albizzi connaitrait son vrai nom. En outre... la voix est féminine.

Soulagement. Les muscles se détendent, l'avant bras-gauche retrouve l'appui de la table, le poing droit se décrispe et repose la plume en triste état. Il va falloir en changer, mais qu'importe. Avec une nonchalance aussi factice qu'étudiée, Nicolas courbe la lettre pour reverser le sable dans la bourse. C'est un parchemin sec et prêt à être envoyé qui rejoint une petite pile, avant que son auteur ne se tourne vers l'inconnue.


Mi chiamo Niccolo Machiavelli di Prato... ou Nicolas de Firenze, dans ce pays. Que puis-je pour vous, dame ?

La courtoisie un peu distante vient naturellement à la vue de son interlocutrice. Âge mûr, traits partiellement dissimulés mais de même provenance que l'accent... tenue sobre mais élégante. Un sourcil se lève très légèrement, marquant la curiosité certaine de l'Italien devant ce qui semble être une compatriote. Le dossier Cassandres peut bien attendre quelques minutes... le coutumier toulousain vient de perdre sa deuxième place dans les pensées du jeune homme.
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Sadnezz
Prendre un air avenant, sans surjouer, pas facile mais pas impossible. Le timbre de son interlocuteur est celui qu'elle imaginait, bien que son nom n'aurait pu être deviné. Un patronyme pour les françois, un autre pour ses origines facilement devinables, il n'y a bien que les nobles pour jouer d'appellations selon la situation et l'envie... Machiavelli... ça sonne comme un bon violon, chaud et mélancolique à la fois, avec peut-être quelque chose de terriblement ... Machiavélique. Laissant aux heures perdues ses réflexions d'idiome et d'origines, Sad offre son plus charmant sourire en revenant au nom sous lequel elle devait le trouver, ici et maintenant. De Firenze, bonne réponse.

Se redressant, elle acquiesça évasivement, comme si sa réponse coulait de source, comme pour donner à l'inconnu une part de son omniscience soigneusement montée de toute pièce sous le couvert d'une certaine réputation qu'il aurait dans la région... Son air lui soufflant un : 'Machiavelli, bien sûr, non mentionné par évidence.' et ses mains qui se joignèrent à la façon des serviteurs qui attendent le bon vouloir de leur maîtres se voulurent rassurants, apaisant contre toute attente une méfiance naissante et somme toute naturelle chez son jeune hôte. Tout doux Nicolas, je ne te mangerais pas, je suis là pour toi ce soir, un petit détour avant de ne rentrer au pays...

N'ont pas échappé à la Corleone la réticence à son approche, ni l'angoisse naissante qui ont poussé le bellâtre à se prémunir d'un moyen de défense caché dans ses bottes sur lesquels sa main s'est crispée. Le mouvement était étudié, presque instinctif et quelque chose lui dit que ce jeune homme ne dormait pas du sommeil du juste, tout comme elle. Il se savait attendu, quelque part, un jour... Et il avait raison, car Aristote pardonnait, mais les hommes pas.


Il semblerait qu'un messager ai déposé un paquet à votre nom à l'entrée de l'écurie. Mon maitre m'a sommé de vous mander de le récupérer, il gêne l'accès et est bien trop lourd pour moi. Je vous conseille vivement de ne pas le laisser trainer de trop dans les environs, il attise dejà les convoitises...


Nouveau sourire, Sadnezz fait volte face et disparait en quelques pas au détour d'une porte, menant à l'extérieur. Ne pas s'éterniser, éviter toute question, savourer l'idée de la suite des évènements.

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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
Nicolas.df
Le sourcil se lève d'avantage, car cette réaction intrigue le jeune homme. Pourquoi ce haussement d'épaules imperceptible ? Ce regard presque indifférent ? Quant à ce geste obséquieux... des mains baguées ne sont pas faites pour se plier servilement. Ni une femme comme celle-ci pour servir qui que ce soit. Et que dire de son message ? Une domestique inconnue, qui a l'audace de le conseiller, avant de s'esquiver comme une ombre sans même attendre qu'il lui donne congé en la chargeant de remercier son maître ?

L'instinct de Nicolas, souvent salutaire, tire fermement sur la corde qui lui est dévolue dans un recoin du cerveau. Guet-apens, guet-apens, serine-t-il. Bien sûr, et c'est tout l'intérêt de la chose. Son sourire revient se déposer sur ses lèvres, comme s'il était doté d'une volonté propre et estimait anormal de les avoir quittées trop longtemps. L'homme averti, qui en vaut désormais deux, rassemble prestement ses affaires, se rhabille, et se dirige vers la table la plus proche, où il dépose une poignée d'écus sous les yeux légèrement vitreux mais soudainement plus vifs de trois soldats.


Cet argent est à vous si vous m'aidez à porter un lourd paquet qui attend à l'entrée de l'écurie. Intéressés ?

Reprenant à moitié leurs esprits, probablement en songeant à la vitesse à laquelle ils pourront les reperdre plus tard avec ce salaire inattendu, les trois hommes se lèvent et suivent leur généreux mécène sur les traces de la mystérieuse messagère. Arrivé devant la porte, l'Italien s'efface pour leur laisser le passage. Son sourire s'est nettement élargi lors qu'il emboite le pas au dernier.
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Sadnezz
[Font plus que force ni que rage..]

L'encapuchonnée guette dans un coin, chassant d'un revers quelques mouches trop entreprenantes. Apres tout, l'écurie est leur domaine, c'est elle l'intruse... Regard vers la porte de l'auberge avant que de ne déchanter. Pas un, pas deux ni trois, mais quatre silhouettes répondent à son appel initialement individuel ... Bordel?!

Couardise ou flair? Sad se tasse sur elle même, se protégeant de leur yeux qui la cherchent déjà. Dans l'un de ses bas, un vélin froissé grossièrement plié lui rappelle combien elle a besoin du jeune De Firenze.... Alors coûte que coûte, elle ne se laisserait pas devancer par un malheureux contretemps.





Mes respects Sadnezz...

Je vous écris parce que je connais vos talents particuliers et que j'en ai besoin. Récemment, un traître a fui l'Artois avant que mes amis et moi ne puissions le châtier comme il le mérite. Quelques jours de prison et une petite amende, ce n'est pas assez cher payé pour ce qu'il a fait. Il se trouve qu'il a trouvé refuge auprès d'autres exilés, la duchesse Deedlitt et son mari TGT les lâches...

Autrement dit en Alençon, où vous vous trouvez sauf erreur de ma part. Serait-il possible que vous lui donniez une petite leçon ? Nous sommes bien sûr disposés à vous rémunérer à votre juste valeur. Pensez-y, nous attendrons votre réponse.


La suite de l'échange épistolaire avait été brève, le commanditaire avait clairement donné les bons arguments à l'exécutrice, histoire de ne pas éterniser les négoces, s'en étaient suivies quelques rentes d'avances pour ferrer la Corleone dans un but plus que précis.





Le paiement peut se chiffrer en centaines d'écus. Qu'envisagez-vous pour le traître de Firenze ?


Ce qu'elle envisageait pour la belle somme qu'on lui mettait sous le nez? Tout ce que diable voudrait. Il est des occasions que l'on ne laisse pas passer sans ciller; surtout lorsqu'on s'en sort in extremis d'une prise de castel ou la solde n'a pas été à la hauteur des espérances mercenaires...

Ce soir, elle repartirait avec son homme, quitte à ce que l'attente soit plus longue que prévue. Elle tendit l'oreille pour écouter le discours des quatre hommes... Se montrer était folie, elle ne saurait justifier sa présence, tapie dans l"ombre et l'absence du paquet imaginaire. Il ne restait plus qu'a prendre son mal en patience, et ses années lui avaient enseigné cet art si précieux. Le jeune homme finirait bien par aller prendre une couche ou reprendre la route à cheval. Elle le cueillerait ailleurs, lorsque le moment serait plus opportun . Sa garçonnière Parisienne lui tendait les bras, elle et sa proie qui avait peut-être plus de jugeotte que ce qu'elle avait imaginé.

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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
Nicolas.df
[Un, deux, trois, lune !]

Pas de colis, évidemment. Prévisible. Son instinct, incarné pour l'occasion par une version miniature de lui-même, danse gaiement dans un coin de sa tête. En revanche pas non plus de fausse messagère tapie à côté de la porte, ce qui est plus ennuyeux. A découvert et face à quatre gaillards, elle aurait été promptement neutralisée, mais invisible et en embuscade quelque part dans les ombres... Un mince pli de contrariété barrant son front, Nicolas se tourne vers ses trois auxiliaires et hausse les épaules avec un sourire factice plaqué sur les lèvres.

J'ai été mal renseigné messieurs, tant mieux pour vous ! Faites-moi le plaisir de boire à ma santé avec cet argent durement gagné.

Heureux de l'aubaine, les trois comparses retournent dans la salle sans chercher à comprendre. Ce genre de mécène est bien rare ! Le mécène en question, resté seul et tout signe de cordialité disparu, parcourt l'écurie du regard. Il ne la voit pas, mais il sait qu'elle est là, et peut-être pas seule. Combien d'yeux le guettent ? Restant près de la porte, il hasarde un premier contact sur un ton enjoué :

Allons, montrez-vous. Je ne peux décemment pas laisser une dame croupir dans un coin obscur, quand bien même aurait-elle tenté de m'attirer dans un traquenard...

Silence. Forcément, cela aurait été trop facile. Dans un pli de la cape, sa dextre abandonne le pommeau de l'épée sur lequel elle s'était portée. La voix se fait plus sèche.

J'ai quasiment vidé ma bourse sur la table de ces trois gaillards, et je compte verser le reste à l'aubergiste pour une nuit confortable. Je pense que vous trouverez une cible plus rentable et moins coriace si vous vous donnez la peine de chercher. Sur ce, bonne nuit, qui que vous soyez.

Il est bien sûr hors de question de rester dormir. Pourquoi ne pas se ligoter avant de se coucher et laisser sa bourse devant la porte, aussi ? De même, attendre avant de rentrer, c'est laisser du temps pour organiser une embuscade... il s'agit donc de s'esquiver tout de suite. La petite porte claque, ramenant l'obscurité dans l'écurie. Accroupi, le jeune homme tend l'oreille quelques secondes, mais n'entend que le brouhaha de la salle commune à travers le battant de bois. Il commence à progresser avec précautions dans l'allée centrale, rasant les parois des stalles. Nébiros l'attend au fond du bâtiment, loin de la clarté lunaire qui entre comme à regret par la large double-porte donnant sur la cour. Les ombres ne sont pas le milieu favori de l'Italien, mais si elles peuvent le protéger encore durant les derniers mètres...
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Sadnezz
[Fuir n'est pas la solution...]

Sur ses lèvres, un fin sourire. Sous ses yeux, le damoiseau. Prudent, inquiet mais agréablement obstiné, pincée de détermination téméraire sur une montagne d'inexpérience. Quand les choses ne tournent pas comme prévu, rien ne sert de s'attarder sur un échec ou... Sur un évènement étrange. Pas de paquet? Cela aurait du suffire pour mettre la puce à l'oreille du jeune, pourtant il s'éternisait, parlait au néant, cherchait réponse à l'obscurité de la nuit. Les ombres sont peu bavardes, mais les choses qu'elles dissimulent crient des vérités que seul les plus avertis entendent. Son épée est bien lourde contre la vaporeuse nuit qui l'environne, inutile arme que celle ci, ici, maintenant.

Elle se tend sur ses jambes, juste au dessus de son homme qui serpente. Hissée sur la pointe de ses pieds, elle suit ses mouvement, comme une danse lascive qui l'anime au rythme de ce qu'elle perçoit de lui. Lorsqu'il s'arrête, elle se fige, madone malfaisante juchée sur une stèle de cathédrale. Elle ne le suit que du regard, observant sa fuite discrète et mal assurée vers le fond de l'édifice. Le fourrage des chevaux qui jonche le sol ne laisse pas de répit à qui tente de se faire souris, aussi elle le laisse prendre la poudre d'escampette, certainement vers une monture qui est sienne. Le bon sens lui souffle qu'un garçon qui s'inquiète pour sa vie et qui n'a visiblement pas l'esprit tranquille désertera quand même un lieu ou il ne se sent pas en paix, il ne couchera certainement pas à l'auberge.

Ce n'est que lorsqu'il sortira qu'elle le poursuivra, au début ils chevaucheront à bonne distance, juste de quoi se tenir à l'oeil sans que les sabots ne claquent de trop, puis la campagne les verra s'unir sur une trajectoire qui lui sera bien inconnue, quoi que... L'issue elle ne le sera pas, l'amour du travail bien fait ne laissera au bellâtre l'illusion de liberté bien longtemps. Un contrat à honorer, bientôt ce ne sera même plus une question d'argent, mais de plaisir. Sur le léger paquetage que porte son propre cheval dans un recoin de l'écurie, dort le dernier mot de Sadnezz.

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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
Nicolas.df
[I own the night... dont' I ?]

Enfin le voici, noir, puissant et paisible. Nébiros. L'obscurité et le relatif silence du fond de l'écurie le drapent d'une cape d'ombre et d'une aura de mystères qui le font plus que jamais ressembler à son éponyme, le marquis infernal du Lemegeton. Mais est-ce bien le moment d'y songer ? Nicolas se redresse lentement, et passe une lanière de son bouclier dans le pommeau de la selle. Laquelle ne devrait d'ailleurs plus être sur le dos de sa monture... il ne faut cependant sûrement pas en attendre plus de la part du palefrenier d'un établissement aussi minable. Et comme en l'occurrence cela tombe bien, la désapprobation muette est étouffée, il passe sa botte dans un étrier et se hisse d'un bond. Foin de toute discrétion à présent, il convient de déguerpir ! Le fougueux étalon ne se fait pas prier pour sortir de son box, et aussitôt son cavalier le lance au galop dans le couloir central. Couché sur l'encolure, il serre les dents... jusqu'à ce qu'enfin, les murs cèdent la place à l'extérieur.

Une petite lieue est vite laissée entre l'auberge et le bruyant équipage dans sa fuite endiablée. Les rênes sont légèrement tirées en arrière dès lors que l'évanouissement du danger immédiat ne justifie plus une chevauchée rapide aussi imprudente de nuit. Car outre une mystérieuse prédatrice et ses éventuels complices, les ténèbres dissimulent les irrégularités de la chaussée, autant sinon plus dangereuses. L'Italien flatte de la main le pelage d'ébène, sous lequel les muscles reviennent au rythme du pas. Homme et cheval ont tous deux besoin de souffler, le premier pour évacuer le bourdonnement du sang à ses oreilles, le second pour récupérer de cet effort trop rapide... L'excitation de la fuite les quitte petit à petit. Un croassement perce le silence, arrachant un fin sourire au jeune homme.


L'équipe est au complet. Entends-tu notre camarade, Nébiros ? Tant que je serai juché sur ton dos je crains qu'il ne s'approche pas d'avantage. Rentrons au campement !

C'est au petit trot que l'étalon choisit d'obéir. L'allure est inconfortable pour son maître, mais celui-ci accepte ce compromis entre vitesse et prudence. Tout danger n'est pas encore écarté, et il se refuse désormais à jouer les aventuriers comme dans le passé... quelqu'un l'attend, qu'il n'a absolument pas envie d'inquiéter. Le cheval, l'homme et le corbeau se laissent engloutir par la nuit. Pour l'instant protectrice.
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Sadnezz
[...Car toujours vous rejoint l'inadmissible.]

L'équine silhouette glisse hors d'une stèle, avant que de ne traverser hâtivement l'allée centrale avec son cavalier. L'oiseau s'envole dans un aura poussiéreux... Apres l'attente est une phase bien plus stimulante pour tout prédateur. La traque. Jeu ou esprit de compétition, qu'importe la motivation pourvu que soit beau le résultat. Sadnezz sort de son trou et part rejoindre au pas de course sa monture. Dans la précipitation elle glisse sur la paille humide qu'un pauvre fainéant n'a su lever dans la journée et manque de se fracasser le crane sur un abreuvoir tout près. Réflexe courant, sa main gauche accueille le poid de la Corleone, lui sauvant la mise en échange d'une belle douleur . Reprenant sa course dans un grognement rauque , elle se hisse sur sa bête et emboite le pas au De Firenze. Dans un premier temps, il s'agit de ne pas trop se laisser se distancer, ce qui implique un temps de réaction minime et une course soutenue à ses trousses. Les premières lieues sont intenses, mais la concentration de la brune chasse tout ressenti de douleur immédiat. Il faut voir sans être vu, suivre sans être entendu, appréhender l'itinéraire de Nicolas et le rejoindre, point trop près et point trop loin... Un juste dosage, pour une cause excitante à souhait.

Sur son échine, la Corleone sent glisser son corsage, sueur et poussière, le mélange de toutes les passions. Le capuchon qui couronnait son crâne de garçon à tôt fait de glisser aussi, laissant le vent d'une cavalcade nocturne s'entremêler aux mèches courtes de l'italienne. Le cuir contre le poil humide, les grincements et cliquetis des brides et de leurs chainettes, le pas et le souffle de la bête.. Tout s'orchestre en cadence dans une mélodie presque régulière dans le sillon du duo lancé à toute vitesse sur le chemin sombre. Bientôt le jeune homme est bien en vue, encore quelques bons pas et une ultime condition pour opérer...

Et elle arrive bien vite. La dense végétation Alençonnaise dans la quelle s'était taillée une route étouffée mourrait à quelques pas au devant du fuyard, passant du luxuriant au plus dégagé des sentiers... La platitude sur laquelle son homme piétinait déjà accueillait toute la clarté de l'astre et surtout toute la visibilité qu'elle offrait à Sad. Voilà ce qu'elle avait attendu, pour passer de la traque à l'attaque, et sa main se portait déjà au paquetage à son séant. Ses cuisses fines et peu musculeuses pressèrent plus fermement les flancs de sa monture. Profitant de la régularité de son assiette et de sa vue imprenable sur tout ce qui l'environnait à la ronde, l'arc fût irrévocablement saisit, bandé et paré. Une première flèche fût décochée dans l'épaule du traqué, une seconde plus hasardeuse vint se loger dans la croupe de son cheval. Si la première ne le désarçonnait pas, la seconde s'en chargerait. Vice de femme, prendre dans le dos, comme toujours.

Il ne restait plus qu'a espérer ne pas lui ôter la vie dans la chute, on sait ô combien sont insipides les plaisirs faciles.

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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
Nicolas.df
[Étranges priorités]

Une étendue dégagée... le cauchemar de l'homme traqué, mais le bonheur du jeune cavalier. Il y a trop longtemps qu'il n'a pas pu galoper au clair de lune, et l'occasion est belle. L'utile joint à l'agréable en somme. Une exaltation un peu sauvage le saisit, et il presse légèrement ses talons sur les flancs de Nébiros... avant de s'effondrer dans la poussière. La chute est rude, les astres devant ses yeux viennent-elles du ciel ou de sa tête ? L'épaule est douloureuse, juste un peu plus que tout le reste du corps... si l'on excepte la cheville gauche, comme Nicolas s'en aperçoit en tentant de se relever. L'explosion de douleur laisse supposer une fracture. Il rassemble laborieusement ses esprits, et se relève en appui sur une seule jambe.

L'Italien fait les quelques pas qui le séparent de son cheval à une allure désespérément lente, en boitant. Pourquoi diable l'a-t-il éjecté de selle ? Les hennissements qu'il pousse traduisent plus que de l'inquiétude, de la douleur. Soudain ses yeux s'écarquillent. Une flèche dépasse de la croupe. Son regard capture un éclat métallique. Un second trait, un peu plus loin. Sa douleur à l'épaule ! Si quelqu'un ose après cela se moquer de sa manie de porter une cotte de mailles... Que faire, fuir entre les arbres ? Sonné et avec une seule jambe, cela n'apportera qu'un bref sursis. Autant faire face avec tout le panache imbécile probablement attendu dans ce genre de situations. D'abord cependant, soigner la pauvre bête. Le jeune homme secoue la tête, ce qui ne fait que provoquer un nouvel élancement. Une main peu sûre arrache la flèche heureusement plantée en biais, peu profondément. Il n'a évidemment pas de baume.

C'est le coeur plein d'une rage froide qu'il se tourne pour sonder les ombres de la route forestière. Il avise Malphas sur une branche, mais pas l'archer embusqué... il serait sûrement mort si tel était l'objectif, il s'agit donc de détrousseurs. Et de détrousseurs sots encore, s'ils s'avisent de blesser un cheval d'une telle qualité. Nicolas essuie une goutte de sueur sur sa tempe, une sueur étonnamment poisseuse, qui se révèle sombre à la chiche lueur sélénique. Il chasse un bref étourdissement d'un clignement de paupières, titube et finit par appuyer son dos sur le flanc de l'étalon, puis glisse au sol. La main droite serrée aussi fermement que possible sur un couteau de lancer, et les yeux papillonnant. Ses pensées sont déjà loin, à Verneuil, dans la chambre d'une auberge...

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Sadnezz
[Toi qui tombe ici, abandonne tout espoir.]

S'approchant arc en main, la belladone observe son homme titubant avec grande attention. Quelques foulées autour des surpris, comme le vautour planant autour de sa charogne, un regard froid au sol et une claque ferme sur la croupe de la bête qui rue. L'animal superficiellement blessé s'échappe , l'oreille baissée en arrière et l'oeil écarquillé. Il n'est pas nécessaire d'user de force pour arriver à ses fin, l'histoire qui commence vous l'apprendra peut-être...

Sadnezz Corleone, te voilà en tête à tête avec le bellâtre et déjà dans ton regard qui le toise implacablement point un certain extase malsain... Sait-il ce que donneraient certains pour ce regard d'envie perverse, au coin d'une nuitée avec ta brune personne? Il n'est peut-être pas assez détraqué pour le percevoir, le comprendre, l'assimiler... Mais le frisson de le voir s'étourdir à tes pieds, perdu entre confusion et effarouchement, il l'a peut-être déjà perçu... Il coule sur vous tel l'enveloppe de brume qui s'immisce dans les moindres plis de défroque des gens qui voient la blancheur du matin venir, le brouillard pénétrant qui s'immisce partout et laisse les peaux humides, moites...

Un oiseau bruisse les fourrés à quelques pieds, oiseau de nuit; oiseau de malheur. Certainement le genre de volatile que la Corleone n'affectionne que lorsqu'il est cloué aux portes d'une grange dans un soucis d'exorciser le mal qu'il représente. Elle ne l'aperçoit pas, mais le devine, et c'est déjà bien assez pour la faire tiquer. Oiseau de nuit, mauvais augure, bête de malheur. Les récoltes se gâtent à leur passage et leurs envolées qu'elles soient solitaires ou en nuées denses n'apportent que disette et désolation à qui les observe d'en bas. Sur les épouvantails, hiboux et chouettes se rient des gueules mutiques de leur hôtes, et lorsque le soleil est au zénith; corneilles et autres suppots du Sans Nom digèrent les viscères des mis aux gibets du matins. Dans la tête d'une Corleone , en l'an de grâce 1458, certaines superstitions ont la peau dure.

Mettant pied à terre, elle guette la belle gueule qui gît, sans réussir à déterminer s'il est encore conscient ou juste étourdi. D'un bout de poulaine elle le pousse, comme on pousserait une pierre soupçonnée de dissimuler une vipère. Sa monture s'est enfuie, le fruit de la chasse lui est tout offert. Il saigne, mais ses plaies sont superficielles, c'est la Sadnezz qui a étudié les humeurs qui le dit. De ce qu'elle a retenu des heures d'apprentissage à la lueur du candélabre d'un archevêque connu, elle n'a gardé que ce qui lui plaisait; l'art de tirer de la nature ce qui soulage et ce qui achève. Belladone, fraxinelle, laudanum et autre potions n'ont plus vraiment de secrets pour les décoctions de tords boyaux dont elle use à l'occasion. Tirant d'un corset serré la fiole d'opiacées, elle en imbibe d'un geste agacé un pan de sa cape poussiéreuse jusqu'à sentir le liquide traverser l'étoffe. Si ses années d'addiction l'ont amenée à s'ennivrer avec difficulté de ses drogues, le commun des mortels non initiés - comprenez même non intoxiqués- ne peut prétendre à telle résistance... Heureux pour eux; ou pas. Sad passe le baillon mouillé sur les lèvres de son jeune captif, le pressant avec verve et douceur à la fois.


Fais de beaux rêves Machiavelli... On se retrouve en enfer .

Un long moment lui sera nécessaire pour hisser ce qui n'est plus qu'un poid mort sur le garrot de sa monture... La douleur de sa main gauche revient en force, ce qui alourdit encore un peu sa tâche. C'est donc quelques longs moments plus tard que Sadnezz s'enfonce dans les ténèbres avec son passager, direction la Garçonnière. Si Nicolas n'est pas endormi, il est certainement entrain de délirer silencieusement, doux poison oblige. Aux pays opiacées les terreurs nocturnes sont reynes...
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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
Nicolas.df
La silhouette sort petit à petit du brouillard qui voile les yeux de Nicolas. La forme de l'arc se dessine, puis une bague capture un éclat de lune, et enfin apparait ce crâne étrangement lisse que seuls des cheveux ras distinguent de l'astre nocturne trônant dans le ciel. Impossible de se concentrer sur le tout... le regard du jeune homme vole de détail en détail, et ne parvient à capturer de l'ensemble qu'une impression de menace diffuse. La fausse domestique dont l'obséquiosité feinte le répugnait plus tôt est désormais une chasseresse. Qui fixe quelque chose... lui, en fait. Sa proie, admet-il au ralenti et à regret. Sa proie ! Une partie pas tout à fait encore endormie de son esprit se rebiffe. La femme a peut-être gagné la première manche, mais guère plus.

D'ailleurs elle s'approche, et le tâte du pied. A-t-on jamais tâté un vicomte du pied, il se le demande. Pourquoi est-il allongé, au fait ? La question est saugrenue, mais un mince pli perplexe barre le front de l'Italien. Il était appuyé sur Nébiros et... ah, c'est vrai, l'archère a fait fuir son étalon. Glisser dans la poussière sans même s'en apercevoir, voilà qui n'est guère glorieux. Un coup de couteau dans le mollet constituerait assurément une riposte appropriée. Voire même plus haut, car elle s'accroupit à présent et détourne son attention un court instant... le moment est idéal pour attaquer, le jeune homme frappe vivement. Non ? Contrariété, intense contrariété. L'intention y est, pas la force. Les doigts gourds restent obstinément crispés autour de la dague, mais le bras n'effectue pas le mouvement foudroyant prévu à l'origine. Trop tard pour s'en soucier, une étoffe humide est plaquée sur le bas de son visage. La femme lui parle mais il n'entend pas, un réflexe le pousse à essayer de tourner la tête... déjà son champ de vision brouillé se réduit à deux cercles minuscules, puis au noir.

Noir, comme la mer sur laquelle est balloté son petit esquif. En l'absence d'étoiles et de lune, la seule blancheur vient de l'écume des vagues qui se brisent partout autour de lui. Une lueur chiche et diffuse, sans source visible, permet tout juste de deviner les hauteurs mouvantes au sommet et au creux desquelles il évolue. Un mur d'encre progresse cependant, avalant le faible éclairage, s'en nourrissant peut-être... bientôt il est sur lui et le renverse. La mort par noyade n'est pas celle qu'il aurait souhaitée, mais les flots sombres se referment sur lui et l'aspirent dans l'oubli. Ses yeux s'ouvrent, timidement. Des élancements dans tout le corps, sa douleur à la cheville droite, et ses cheveux souillés de sang coagulé constituent les premiers éléments perceptibles du monde dans lequel Nicolas revient progressivement.

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Sadnezz
[Au nom du père, du sacrifice, du saint esprit]

C'est la pénombre humide d'un petit matin qui accueille Sadnezz dans le creux de son antre désertée depuis des jours. Sur une couche défraichie s'est échoué le corps du jeune Nicolas, pieds et mains soigneusement liées d'une corde de chanvre. Ses lèvres ont accueillit un baillon qui meurtri des joues appelant à la caresse plus qu'aux sévices, peut-être un peu trop serré dans la précipitation... Quelques mèches carminée ont séchées sur ses tempes, pendant que de longs cernes sont venus englober les paupières closes de l'éphèbe. A bien le regarder, son captif semble émerger d'une tempête de plusieurs jours ou être rescapé d'une terrible épidémie.

Mais Sadnezz ne le regarde plus de trop. Dos à lui, elle lui offre sans y penser ses omoplates meurtries comme les vieux récifs qui ont fait naufrager trop de galères, sa colonne vertébrale où coule de longs sillons creusés dans ses chairs et glisse l'étoffe souillée qu'elle avait revêtue pour cette nuit agitée. Les épaules nues, la Corleone fait craquer sa carcasse dans un soupir mi soulagé mi éreinté. A mi chemin du simple appareil, elle laisse poindre la lisière de son intimité pour une toilette sommaire, guettant derrière elle les soupirs ou les râles du réveil du jeune homme.

La pièce n'est pas bien grande, mais c'est tout ce qu'il lui faut d'espace vital pour se terrer quelques jours dans l'année dans un endroit à elle, le seul. Sad dénoue un à un ses muscles fragiles et usés, fatiguée du voyage et du chemin parcouru jusqu'ici. Un mulot passe à toute vitesse sur le plancher loin des jambes de l'italienne avant de s'engouffrer sous le pas de la vieille porte déglinguée, un des rares visiteurs de la Garçonnière...

La couche de crasse la plus visible étant levée, elle reprend un peu de décence et abandonne la cuvette d'eau grisâtre pour un objet beaucoup plus parlant. Un trousseau déposé sur la table que dénouent ses doigts et qui laisse briller au jour le métal d'ustensiles au préalable soigneusement enveloppés... Non, elle ne prend pas particulièrement plaisir ce matin à accomplir son travail, peut-être la fatigue à-t-elle eut raison de son enthousiasme à mettre du coeur à l'ouvrage.

Parmi les coutelas, poire d'angoisse, pinces et cisailles rouillées en coin que renferme le nécessaire du parfait petit bourreau en herbe se trouve un tison. Mais point de feu dans son âtre pour lui donner tout son sens, l'objet ne servira pas cette fois-ci, trop long à préparer, envie d'un effet plus instantané , tant pis s'il doit en être plus salissant. Hésitant presque, Sadnezz jette son dévolu sur une lame ébréchée, qui a le style d'un outil de barbier.

Se retournant vers le Machiavelli, elle entonne un petit air murmuré, dont les notes tranquilles et langoureuses sonnent comme le glas du badinage, le doux mais réaliste retour aux choses sérieuses. Le noir de ses prunelle se fait plus épais, arrachant aux beaux yeux de Nicolas vers qui elle s'avance des justifications sourdes, l'ultime péroraison de son rituel sadique. S'asseyant sur la couche pres de lui, elle l'observe, et le plaint aussi un peu. Dans quel état psychologique sera-t-il lorsqu'il comprendra que - loin du besoin de lui soutirer des informations ou des avoeux contre la fin de sa séance de sévices - La brune inquisitrice ne cherche rien en échange de ces supplices que la souffrance de sa beauté de jouvenceau...?

La Corleone caresse le baillon de la pointe du rasoir En voilà une chair qui appelle à mille extravagances... En grande inquisitrice, elle voit déjà se dessiner milles perversités sur ce corps qui lui est tout offert et une goutte d'ichor vient s'étioler sur le tissus entravant les douces lèvres de son captif...

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"croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie? "
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