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[RP] Nid de vipères (bis)

Chaos
Pas le temps de dire quoi que ce soit, la dague siffla dans l'air. Le cœur rata un battement. Les yeux regardaient maintenant dans le vide. Les muscles s'immobilisèrent. La mort pouvait être si rapide ? Une fois, il avait cru mourir, et il avait senti la douleur, le sang qui s'écoulait de la blessure, ainsi que le froid qui s'immiscer. Là, il ne ressentait rien ; alors il baissa les yeux pour voir où il était censé être blessé, et ne vit aucune lame enfoncée dans sa chair. Il releva les yeux vers Lucie, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer, jusqu'à ce qu'il appréhende la situation. Le ciel leur tombait sur la tête. La lourde toile les écrasait de tout son poids. Et là, le noir total. La nuit sans étoiles.

Les bras levés pour repousser le firmament, pour chercher l'air qui manquait dans cette prison céleste, il ne pensait plus qu'à avancer pour la chercher. La colère avait fait place net à la culpabilité. Trop tard, il sent la masse de tissu s'alléger, pour ensuite se faire aspirer par une force extérieure. Il ne cherche pas à comprendre, son premier réflexe est de la chercher pour s'assurer qu'elle va bien. Ses yeux réussissent à la trouver, étendue au sol ; très vite, mais trop lentement, son attention est attirée par un hurlement bestial, et c'est là qu'il voit le géant le charger comme un bélier. Le choc est violent, le corps du brigand est plaqué au sol, écrasé par le poids de l'adversaire.

A peine eut-il le temps d'ouvrir un œil que le poing du Nordique s'abattit sur le visage déjà en sang de Chaos. Son nez n'était plus qu'un vase brisé, sa tête une bille qu'on faisait tourner dans un verre. Cela aurait pu suffire pour le laisser à terre pour un moment, mais les coups venaient aussi lui aplatir les côtes, son souffle suivait la cadence des coups enchainés, chaque respiration devenait douloureuse, tout tournait autour de lui, il ne ressentait plus que son corps entravé et les coups de marteau qu'on lui donnait avec rage. Il était en sueur, il était en sang, il était en mauvaise posture, mais les coups continuaient de pleuvoir comme des poutres qu'on lâcherait sur lui, l'une après l'autre, dans une cadence effrénée, ininterrompue. La Mort laissait trainer sa longue cape noire autour de la scène, tendait l'oreille pour entendre le souffle du jeune homme s'amoindrir, jusqu'à devenir presque silencieux.

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Luciedeclairvaux
Ne craignant ni ses grognements ni sa puissance, l'Ange posa sa main sur l'épaule du Scandinave. Il aurait été facile de le laisser achever l'adversaire, mais Lucie n'aurait pas pu jouir de sa semi-victoire, ni se venter ensuite d'avoir, de sa dague, causé une frayeur à Chaos. Et puis c'était un zokoïste et il devait partir au combat le lendemain, on ne pouvait pas le bousiller comme ça. Et puis c'était Chaos, l'homme qu'elle avait ramené de Bourgogne avec la troupe, pour le présenter au Colosse, selon la volonté du Borgne. Et puis au fond ... elle aimait son air de se foutre de tout. Son insouciance.

Ses yeux clairs se plantèrent dans ceux du Géant, regard emprunt de douceur et de reconnaissance. Oui, il lui était dévoué jusqu'à la mort, elle savait.


Je vais bien Arnülf ... calme.


Confiante en son obéissance aveugle, même dans ce moment de démence meurtrière, elle s'immisça entre Arnülf et sa proie. Le mercenaire était inanimé. La nuit les enveloppait, désormais, mais à la lueur du feu de camp Lucie vit son visage et son torse ensanglantés. Elle s'agenouilla et ses blessures se réveillèrent lentement. Retour à une réalité douloureuse ...

Un instant, elle revit Jules, un des leurs, qui avait trépassé quelques mois plus tôt, sous les coups du Borgne et l'indifférence du Colosse. Il n'était décidément pas aisé d'entrer dans la Zoko, surtout quand on voulait se battre contre tous.

Lucie posa les doigts sur la carotide qui pulsait faiblement. Celui-ci s'en sortirait, jusqu'au prochain combat. Elle dégagea les mèches collées à son visage et l'admira. Il était beau ... quand il ne parlait pas. Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres de la mercenaire. Pourquoi avait-il fallu qu'il la cherche, qu'il la pousse dans ses retranchements ...
Et qu'elle s'y débatte.
D'un geste, elle repoussa sa longue chevelure qui avait pris des teintes argentées sous la lune et releva la tête vers le Scandinave :


Un sceau d'eau pour cet imbécile, s'te plait.


Elle ôta sa chemise déjà déchirée et entreprit de nettoyer les plaies avec délicatesse. Puis l'inquiétude la gagna : et s'il ne s'en relevait pas ...
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Chaos
Les coups s'arrêtèrent, ou plutôt, il ne les sentait plus. Voilà. Il est mort cette fois. Il n'est plus qu'un esprit sans corps. Et cette lumière qui vient le réchauffer, qui semble transpercer ses paupières mi-closes ? C'est la lumière divine ? Il l'imaginait plus blanche. Et moins crépitante. Ah, il était arrivé au Soleil, déjà ? Ah mais non, c'est impossible. Lui, au Paradis ? Ils ont dû confondre. Ah non. Il proteste. Il conteste. Il s''insurge. C'est un brigand sanguinaire, sans remords. Il frappe les femmes et veut enlever les ceintures "sekurit" des enfants -surtout d'Aurile-, il boit de la bière coupée avec de l'eau du lavoir qu'on sert en taverne pour 0.86 deniers, il fume les herbes qui font se sentir bien que des drôles d'hommes en kilt lui donnent. Non, lui, c'est sur la Lune qu'il doit aller.

Mais bientôt, une ombre vient éclipser la douce lumière. L'atmosphère se refroidit, comme-ci c'était La Mort elle-même qui se penchait sur lui pour lui sourire de toutes ses dents et de l'emporter avec elle. Elle a les doigts fin, La Mort. Elle vient même prendre son pouls pour être sûr qu'il est bel et bien mort. Lui qui s'attendait à ce qu'ils soient longs, squelettiques et froids, il se rend compte qu'ils sont plutôt doux et chauds. Agréables. Il sent la main rendre son visage présentable. Qu'est ce que c'était que ce Faucheur qui demandait de l'eau et qui osait le traiter d'imbécile ? Humpf.

Chaos soulève lentement ses lourdes paupières. Il ne peut faire que cela, tout le reste de son corps semble ne plus lui répondre. Alors il laisse l'image floue devenir un peu plus net, et voit cette blonde à moitié nue, veillant sur lui. Un petit sourire amusé arrive à étirer ses lèvres en sang. Et dans un souffle, il murmure le plus distinctement possible :
Oh, un ange... Mais déjà, il sent son esprit retomber sur le sol. Même pas le temps de mater. Peut-être que s'il se laissait aller, s'il dormait, cela irait mieux ?
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--Aarnulf


Et soudain une voix au milieu de la tempête. Sa voix ... Sa blonde ... Son Ange. Le géant l'entend, d'abord comme très éloignée, puis s'approchant de plus en plus. Les coups ralentissent et diminuent peu à peu d'intensité, les flammes de colères dans les iris bleu ciel devenus noirs de rage s'amenuisent. La bête se calme, doucement alors qu'il reste à califourchon sur sa proie, haletant, transpirant et ses larges pognes suintant du sang de Chaos. Vient il de réaliser qu'il est en train de tuer l'un des siens, un Zokoïste comme lui, un compagnon de galère et d'aventure ? Peut être ... ou pas, allez savoir ce qui peut se passer dans la caboche d'un simplet aveuglé par l'amour d'une femme. L'amour rend con, mais que se passe-t-il donc lorsqu'on l'est déjà à la base ?

Il entend enfin les mots et les comprend. Lentement, très lentement il se redresse, sans plus un regard pour sa malheureuse victime gisant au sol. Il ne regarde qu'elle, ne voit plus qu'elle, si fragile, si douce. Les yeux aussi clairs que les siens se noient et l'espace d'une seconde le géant a le sentiment qu'elle n'appartient qu'à lui. Mais, alors que Lucie s'approche du moustachu à terre, le scandinave se tend devant la scène qui se joue devant lui. Son regard se voile.

Soudain il n'existe plus, soudain la terre semble s'ouvrir sous ses pieds et les abimes de l'Enfer se dessinent sous sa large carcasse, vouté de tristesse. La douceur dont elle fait preuve avec Chaos ébranle notre nordique jusqu'au plus profond de son être. Jamais elle ne s'est comporté de la sorte avec lui, jamais il ne lui a vu tant de tendresse dans les gestes, même si souvent la Blonde a eu à soigner ou tenter de sauver ses compagnons. Et là un éclair de lucidité vient éclairer le cerveau embrumé de notre benêt, et pour la toute première fois depuis qu'il a croisé la route de son ange, il s'oppose à elle.


Neï ... Toi prendre le seau toute seule ... Moi partir ... Soif ... Loin ... !

Et le géant de tourner les talons, se drapant dans un drap de fierté tout autant futile qu'inutile, les poings crispés de rage et son cœur d'artichaut cognant douloureusement dans sa poitrine. Une seule pensée alors pour le mono-neurone : boire à s'en faire mal, s'oublier dans l'alcool pour ne plus penser. Tenter de La faire disparaître ...

Comme quoi même les crétins peuvent souffrir ... Jalousie ...
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