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Izar bat hiltzen denean

Alexandre*
Le jeune fils d Izarra s' approche et comme pour Elianor lui fait ses dernieres recommandations avant de partir pour le monde de l' au delà...

Tous ses proches sont maintenant conscient que la Duchesse vit ses dernieres minutes, tellement sa voix et ses forces sont faibles.

La Duchesse les appelles maintenant aupres d' eux. Chacun passant d' un côté et de l'autre de son lit.

Alexandre lui prend la main sans se preoccuper des mondanités. Il la regarde comme elle le regarde. Sans mot dire, ils savent l' un et l' autre que leur courte relation amicale vient du fond du coeur. Qu' ils n'ont jamais trichés , qu' ils ont toujours eu ce franc parlé mais avec le respect qui est le leur.
La Duchesse qu' il avait connu dans un monde qui est le sien , l' armée trouvait toujours les mots justes sans hargne et sans colere mais fermement, ce qui avait toujours impressionné le si jeune Alexandre.
Pour la premiere fois il l' appela simplement pas son prénom...allant meme jusqu' a la tutoyer pour la premiere fois.

Izarra, tu n'a pas a me remercier. Je suis là par amitié sincere pour etre au plus pres de toi avant que tu ne partes pour un monde meilleur.
Je suis fier de t' avoir connu, et honoré que tu m' ai choisi comme vassal.
Une promesse est une promesse , Izarra, et je suis homme d' honneur tu le sais bien.
Je serai toujours là pour les tiens et en particulier pour Elianor sur qui tu m' a demandé de veiller et cela sera avec beaucoup de plaisir.
Je veillerai aussi sur les terres de Lesparre comme je veille sur la Guyenne.

Alexandre marque une pause ..La Guyenne...

Je veillerai sur la Guyenne, mais j' avoue que je ne suis pas sur de pouvoir réussir . Je suis bien inquiet, et j' ai bien peur que ma volonté n' y suffise pas. Mais je ferai mon possible quitte a y laisser ma vie.

Alexandre lui serra la main pour lui temoigner sa reconnaissance et son affection.

Soit certaine que tu restera dans mon coeur et mon esprit . Merci de m' avoir accorder ta confiance.

Les yeux du jeune Capitaine se brouillerent et embrassa la main d' Izarra pour que personne ne le remarque. Le solide Capitaine qui habituellement faisait face a bien des propos de tout genre, et ne s' en laissait peu compter, ne put retenir son émotion de voir partir son amie.



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Aélis Amandine
MAMAN !!!

Cavalcade effrénée dans les couloirs du castel. A peine reçue la missive alarmante de Guyenne, la blondinette avait planté là le prince et son armée et pris la route de Lesparre à brides abattues. Pour y trouver une Margaux larmoyante qui lui avait indiqué, avec des trémolos dans la voix, que sa mère était au plus mal après son enfantement. Affolée, oubliant le peu de savoir-vivre qui lui restait, Aélis s'était précipitée vers la chambre ducale et y avait pénétré brusquement avant de se figer sur le seuil, muette de surprise.

Un rapide coup d'oeil lui avait permis d'embrasser les présents du regard. Un berceau dans un coin, avec Boucles d'Or penchée au-dessus; Constantin près du lit, avec papa et le seigneur du Breuil. Tante Cerrid, pâle et comme statufiée; Eloin, qui semblait elle aussi transformée en sculpture. Et maman... Maman, blême, amaigrie, fragile... Un qualificatif qu'on avait guère l'habitude de lui appliquer...

Consternée, la blondinette eut un hoquet avant de fondre en larmes. Elle n'avait pas la belle éducation d'Elianor, pas non plus la grande innocence du jeune âge qui l'aurait protégée... Elle, elle savait malheureusement ce qu'était la mort d'un être cher. Et sa mère allait mourir, cela se lisait sur son visage épuisé autant que sur celui des autres personnes. Incapable de rien ajouter dans sa détresse, elle resta plantée là à sangloter en répétant comme une litanie ce seul mot de "maman".

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Phillau
Même blessé, Phillau ne changeait pas ses habitudes, il était en retard. Par retard, j’entends qu’il arrive toujours après les autres, dans une sorte de deuxième vague. Et même s’il est dur de parler de retard lorsque l’évènement est l’agonie de quelqu’un, et que, par ailleurs, le fait d’avoir été attaqué par des brigands ne puisse pas être condamné, il n’en reste pas moins que Phillau arrive après tout le monde.

Après tout le monde, ou presque, sa délicieuse cousine avait franchit le seuil de la pièce peu avant l’entrée de Phillau. Il faut dire que sous sa tristesse et les plis de sa robe, la jeunesse coulait dans ce corps dont Phillau avait entrevu les fines courbes. Phillau, lui boitillant, blessé et obligé d’être soutenu par deux hommes afin de gravir les marches était arrivés ensuite. Il n’avait pu entendre que de l’extérieur le cri de sa cousine, mais avait deviné tout de suite les sentiments qui avait du l’atteindre à ce moment.
Surement le même sentiment que de voir Nestor le crâne fendu en deux par la flèche d’un ignoble ou de savoir Alactar, en vie certes, mais privé à jamais de sa jeunesse et de la possibilité de monter à cheval. Lui, le fier Alactar, qui avait chevauché des pleines champenoises aux abords rocheux d’une mer bretonne déchaînée, il était maintenant destiné à devenir un homme de maison. Phillau aussi avait dit Adieu à tout rêve guerrier, la première étape fut cette blessure bretonne qui l’empêchait de courir sur de longue distance et voilà maintenant qu’une flèche réduisait à néant sa capacité à porter une arme.


Soutenu par deux hommes, donc, et avec en tête le chagrin de la mort de quelqu’un qui fut un second père, Phillau s’apprêtait à faire face à la mort d’une personne qui lui était cher. Cette femme qui se mourait, Phillau l’avait suivit depuis plusieurs dizaines d’année, il l’avait vu donné la vie à plusieurs reprises et contemplait maintenant en Aélis et Elianor les magnifiques fruits de cette descendance. Cette femme qu’il avait souvent rêvé de mettre dans son lit, et dont le sort n’avait fait échouer ses projets lubriques que d’un fil, cette femme, donc, était maintenant sur son lit de mort.
La tristesse de voir ainsi sa cousine, la femme de ses fantasmes, la compagne de ses aventures et de ses péripéties, ce chagrin remplissait maintenant le cœur de Phillau. L’émoi qui était sensible dans la salle, les sanglots de sa nièce, l’émotion visible sur le visage du capitaine, tout cela enfonçait Phillau dans une spirale qu’il aurait aimé à tout prit éviter.


Cherchant à se faire valoir comme assez fort d’esprit et de cœur, même si en lui son cœur saignait comme meurtris par une blessure de guerre, Phillau posa la main sur l’épaule de sa nièce, afin, peut-être, de parvenir à calmer un peu son chagrin. Il ira surement auprès de sa cousine, mais il préférait laisser la place à sa nièce pour le moment, aussi proche qu’il fut d’Izarra, il ne le sera jamais autant que l’une de ses filles…



Tu devrais aller lui parler, même si cela te rends triste, te voir lui fera plaisir


Il venait de chuchoter à l’oreille de sa nièce comme si il était loin de toute tristesse, mais par sa main sur son épaule et par les caresses qu’il lui faisait maintenant pour la consoler, il prouvait le contraire
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Gilgalad
Douceur dans la voix d'izarra lorsqu'elle parle a ses jumeaux ... il y a longtemps que je n'ai plus entendu cette douceur ... je me souviens d'une question d'elianor "comment étais maman avant ?" ... je n'avais pas reussi a vraiment lui répondre ! Elle étais gaie , joyeuse ... on riait beaucoup ensemble a l'epoque .. Puis il y eut la séparation ou plutôt ma fuite oui je le regrette maintenant mais a quoi bon ... elle va partir et je sais au fond de moi que j'irais la rejoindre bientôt ... eh oui je me fais vieux ...
Au fond de la chambre une dame le regard perdue ... son visage m'est familier et pourtant si loin ... un souvenir de carcassonne me reviens ... oui je me souviens d'elle maintenant ... mais pas elle fort heureusement

Elle me regarde ...j'esquisse un sourire mais je reste en retrait, oui je lui ai promis et je tiendrait ma promesse j'aquiece de la tête et je commence a m'avancer pour lui dire quelques mots lorsque la porte s'ouvre brusquement, je me retourne et la ... ma princesse .. ma princesse est venue ... joie de la revoir et tristesse se mêle a l'emotion , elle fond en larmes je m'apprete a allez la outenir lorsqu'un homme entre a sont tour bléssé et soutenu, son visage m'est familier ... mais je ne m'en soucis guère je veux soutenir ma fille mais c'est lui qui le fait en premier .. aller lui parler oui .. il le faut !!

je salue Phillau d'un signe de tête et j'entoure mon bras autour des épaules d'Aélis et l'emmene doucement vers le chevet d'izarra ...sans un mot ... ma gorge est tellement nouée que rien ne sors ...

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Aélis Amandine
Le poids de la main de son oncle-cousin sur son épaule ranima un peu la blondinette. Il avait raison, elle le savait, elle devait s'approcher. Mais il lui semblait avoir deux quilles de plomb en lieu et place de jambes, deux poids morts qui lui refusaient le moindre service.

Les yeux noyés de larmes, elle regarda son père approcher et la prendre doucement en charge pour l'amener jusqu'au lit maternel. Elle non plus n'a pas le courage de dire quoi que ce soit. Elle se contente de se laisser entraîner et finit par se laisser tomber à genoux près du lit, inclinant la tête sur la main de sa mère qui repose à nouveau sur les draps. Et l'inondant de larmes, au passage.

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Izarra
Un léger soupir de soulagement franchit les lèvres de la mourante quand elle voit Gil acquiescer en silence à sa requête. Elle sait que cette demande lui pèse. Elle sait aussi que cela ne l'empêchera pas de la tenir, et cela la rassure.

Elle referme les yeux. Pas encore, Seigneur, pas encore... De tièdes gouttes roulant sur sa main la ramène parmi les vivants pour quelques instants encore. Aélis... Elle contemple un moment en silence la cascade de cheveux blond-roux, se remémorant le fin visage pour l'instant dissimulé, la peau diaphane, les yeux noisettes... Elle a depuis longtemps percé ce que la frêle apparence de sa fille peut dissimuler de force de caractère, d'entêtement, de colère. Mais en cette heure, celle qu'elle retrouve c'est la petite fille sensible qui l'a suivie dans ses pérégrinations, celle de ses enfants qui la connaît peut être le mieux. Celle aussi, hélas, que des lois stupides l'empêchent d'établir convenablement. Celle à qui elle a imposé le poids de la barre de bâtardise...


Mon Aélis... J'avais peur de ne point te revoir mon enfant... Allons, redresse-toi ma chérie, relève la tête. Tu vas avoir une lourde charge à porter ma fille. Tu es mon aînée, il va te falloir veiller sur tes frères et soeur... Chut... Je sais, les esprits mesquins ne manqueront jamais de te rappeler que tu n'es pas née du bon côté des draps... Gausse-t'en mon enfant ! C'est vrai, tu es bâtarde, et à ce titre je ne peux rien te laisser de mes titres, à mon grand regret. Mais tu es jeune, jolie, fine et intelligente, et ces atouts là te mèneront bien plus loin qu'une couronne de noblesse, crois-moi, si tu les emploies à bon escient... Ne rougis jamais de ta naissance, et nul ne pourra te blesser en te la reprochant...

La navarraise se tait, essoufflée. Elle aurait encore beaucoup à dire pourtant à cette aînée trop vite partie hors de la demeure familiale. Mais le temps lui manque, les mots également. Le reste sera affaire de regards lourds de sens échangés entre mère et fille.

Et la mère ne peut s'empêcher de ressentir un pincement au coeur. Tous sont là. Sauf un. Lui tiendra-t-il donc irrémédiablement rigueur de leurs différents passé? La condamnera-t-il à mourir sans l'avoir revu?
Guilhem
Un cri dans les couloirs de Lesparre... L'ainé occupé à d'autres choses avait laissé tout ce remue-ménage de coté pour se charger de finir totalement ce qu'il avait commencé...Et donc sitôt le travail terminé il s'était mis en quête de la provenance du hurlement... Il ne voyait à travers les couloirs que des visages pales... Les regards fuyaient... Mine du jeune de Vergy qui s'assombrit... Il saisit par le col un serviteur qui passe non loin de lui, le colle au mur et le questionne... Un seul mot sort de sa bouche… « La Duchesse …» Quoi sa mère… Qu’est-ce qu’elle a sa mère… ? Il le relâche, pose la main sur le mur… et pose l’autre sur son front…Leur entrevue se finissent en général toujours mal… Alors à quoi bon forcer le destin… mais là… Une mauvaise impression lui traverse l’esprit… Il hésite quelques secondes puis prends la direction des appartements maternel…
 
Arrivé devant la porte, il y colle l’oreille cherchant à capter les propos qui se tiennent à l'intérieur de la pièce… visiblement du monde s’y trouve… bien plus qu’à l’accoutumée… Il comprends quelques bribes de paroles… Certaines le font blêmir… Des images lui reviennent à l’esprit… L’image de la chapelle de Beaumont… Il y a plusieurs années… L’image de son père reposant dans sa dernière demeure… Des images et des souvenirs qu’il avait finalement réussit à oublier… Mais qui finalement reviennent au grand galop… Il s’adosse au mur face à la porte… respire profondément, tentant de se calmer… Il n’arrivait toujours pas à le croire… Il finit par prendre son courage à deux mains, puis s’avance et ouvre lentement la porte, dans le grincement caractéristique de cette dernière…
 
Les regards se tournent dans sa direction… Il les fuit, puis se rapproche lentement du lit ou git sa mère… Il sert les dents… Retiens les larmes qui affluent à ses yeux… Il la regarde comme il ne l’avait plus regarder depuis bien longtemps… Il la regarde comme un fils regarderais sa mère… avec tout l’amour qui lui était possible…
 
Il tend sa main vers la sienne… La pose dessus… Il la regarde… Lui sourit… toujours avec le même visage crispé…

 
Mère…
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Izarra
Vague mouvement parmi les présents, silhouette qui se fraie un chemin jusqu'à elle. Elle lève les yeux. Il est là. Seigneur, merci, il est là. Douloureusement semblable à son père et en même temps si différent. Elle hésite un instant, vacille. Puis lève les yeux vers lui, presque à regret tant elle craint d'y lire à nouveau rancune, colère ou mépris. Ils se sont tant de fois affrontés, acier contre émeraude, trop de fois, bien trop à son goût. Elle n'a plus ni l'envie ni la force d'un nouvel éclat. Alors elle tremble, la brune, elle frémit de ce qu'elle va découvrir dans le regard de ce fils prodigue.

Amour. Elle en serait presque choquée, tant elle n'y croyait plus, mais c'est bien de l'amour qu'elle lit dans ces prunelles claires. Un sourire naît puis s'épanouit franchement sur ses lèvres à mesure que s'estompe son dernier regret, que s'enfuit sa dernière crainte: celle de mourir brouillée avec l'un de ses enfants.


Guilhem... Oh mon fils, si tu savais comme je regrette ces années perdues que je n'ai plus le temps de rattraper désormais. Je suis navrée, plus que je ne saurais le dire. Sans doute avais-tu raison sais-tu, je n'ai pas su être une bonne mère. Cependant.... Je t'ai aimé Guilhem. Mal, peut être, mais je t'ai aimé autant que j'en étais capable mon fils.

Elle se mordille les lèvres, incapable brusquement de prononcer un mot de plus tant l'émotion lui serre la gorge Pourquoi a-t-il fallu qu'elle s'entête ainsi et qu'elle le perde ! Pourquoi diable a-t-il fallu qu'elle soit mourante pour que cette fichue colère la quitte ! Pourquoi, pourquoi.... Le temps n'est plus aux "pourquoi" duchesse... D'un petit geste, elle lui fait signe de se pencher un peu, sa voix s'affaiblissant de plus en plus.

Tu vas bientôt les récupérer Guilhem. Les terres de ton père. Prends-en soin, et surtout prend soin des tiens, qui vont bientôt dépendre de toi. Efforce-toi de te montrer digne de ton père, je sais que tu en es capable. Mais... N'essaie pas d'être lui mon enfant, nul ne le peut...

Elle se force encore un peu. A quoi bon économiser son souffle de toute façon, elle n'en aura bientôt plus besoin. Encore quelques mots, pour eux quatre, un ultime conseil, un dernier souhait.

Vous n'êtes pas seulement frères et soeurs. Vous êtes une famille, un clan. Quels que puissent être vos différents entre vous, ne laissez jamais personne s'en servir contre la mesnie Vergy. Sa survie dépendra de votre union, ne l'oubliez pas mes enfants. Ne laissez pas les quintefeuilles d'or choir dans la boue...

Elle se tait, ferme les yeux, au-delà de toute fatigue, entièrement démunie de forces cette fois. Les efforts qu'elle vient d'accomplir ont réveillé les souffrances atroces de ses entrailles. Elle ne peut retenir un gémissement, agitant la tête de droite à gauche sur l'oreiller.

Ma douce, ma douce....Où es-tu?
Cerridween
Elle sort de son état de statue de sel la rousse.

Elle a souffert encore… trop.
Elle les a vu tous s’approcher. Elle n’a pas pu leur dire. Elle n’a pas pu prononcer l’inévitable. Elle essaie, la rousse noire, dans son coin, dans l’ombre, de résister au temps. Elle aimerait le figer. Mieux. Elle aimerait pouvoir remettre chaque grain dans le sablier du temps, tous ces grains perdus, laissés coulés trop vite. Pour retrouver sous les couches de grains noirs, ceux bigarrés du temps passés, rehaussés du soleil de Carcassonne et des jours heureux. Retrouver le sourire, les chants, les éclats de rires. Tout ce qu’ici ne résonne plus. Au contraire. La chambre est l’antithèse de ce passé rieur. Elle rappelle un autre deuil. Cet écho insoutenable, qui résonne dans le froid, dans la neige. Il avait peuplé Beaumont. Il peuple maintenant implacable, Lesparre.

Les mots d’Izarra, les a-t-elle entendu ? Pas vraiment. Ils coulent eux aussi, comme une voix qui lui murmure quelque chose dans un rêve. Un cauchemar qu’elle aimerait effacer d’un papillonnement de paupière. Elle fuit. Elle tente de rejeter tout ce qu’elle entend. Elle ne veut pas la solitude. Cette solitude qui l’attend dans quelques heures, quelques instants, quelques minutes. La lourde solitude qui va l’accabler quand elle verra le souffle de la duchesse s’enfuir, comme celui de Raphaël.
Elle lui avait dit au chevalier… ils partent tous. Les uns après les autres. Ceux qu’elle a aimés, ceux qu’elle a servi. Et ils la laissent seule avec cette promesse faite à celui qui a été le plus cher à son cœur, la promesse de vivre et de s’occuper de la mesnie.

Elle va s’éteindre la duchesse. Et la rousse ne peut toujours pas l’imaginer. Même si elle sait de part son expérience d’herboriste, de part toutes les guerres qu’elle a vu, de part tous les souffles qu’elle a recueilli, que sa fin est proche, son esprit, son cœur se refuse à se résigner à ce fait. La haine est loin. La haine a disparue. On ne se rend compte de ce à quoi l’on tient vraiment quand on le perd Pivoine. Et là, tu n’y pourras comme à ton habitude rien. La vie fait son œuvre et même de toutes tes forces, de toutes tes prières, tu ne pourras pas en entraver le cours.


Ma douce, ma douce....Où es-tu?


C’est donc maintenant…
Elle sort de son état de statue de sel la rousse.
Le corps crispé, tendu comme une corde d’arbalète prête à décocher un trait à son propre cœur, elle se lève. Elle serre les dents, les poings, les ongles s’enfonçant dans sa chair jusqu’à ce que le sang coule. Elle marche lentement, comme sur une corde raide vers le lit, où se tient déjà toute la maisonnée. Sa respiration est difficile, une boule dans la gorge semble vouloir l’étrangler. Ses mâchoires veulent s’encastrer l’une dans l’autre, rendant ses os saillants.
Elle s’avance la rousse noire, comme l’image de la Mort venant faire son office. Elle se pose lentement sur le lit, du côté laissé par les enfants et prend en tremblant la main de la duchesse.


Je suis là…

Ne lui demandez pas de dire un mot de plus. Elle tient encore debout depuis des mois par miracle. Ne lui demandez pas de dire un mot de plus. Elle s’effondrerait comme un château de carte dans une tempête hivernale assez forte déjà pour coucher une forêt.
Laissez la, s’il vous plait. Elle a déjà le courage de s’être levée et d’être là. D’assister encore une fois à un deuil. De s’infliger une nouvelle plaie.
De mourir
Un peu plus...
Avec le départ de celle qu’elle soutient, là du bout des doigts.
pisan
Elle avait appris la nouvelle par une missive contenant une écriture maldroite mais aux traits bien fermes déjà. Les mots étaient simples et dignes pour un si petit garçon. Il lui demandait de venir. Elle avait prévenu ses gens, son époux, et son office. Le voyage était épuisant et les routes peu sûres. Haltes rapides dans des auberges au confort varié, passage de guets dans des villes fortifiées, campagne gelée aux arbres dénudés...

Elle avait vu si peu cet enfant, il devait avoir changé. Mais il lui faisait parvenir des nouvelles régulièrement, lui contant ses leçons, ses promenades et ses jeux, lui parlait de sa sœur jumelle, Elianor, de son précepteur, de son premier poney…Une vie d’enfant pour qui toute chose nouvelle réussie était un exploit.
On lui avait demandé d’être la marraine de Constantin, il y a bien longtemps et elle avait accepté. Elle se demandait ce qu’on attendait d’une marraine et surtout d’une marraine si peu présente mais elle était préparée depuis longtemps à prendre soin de son futur filleul, s’il le fallait.

Arrivée tardive dans la demeure, pas pressés et chuchotements dans les couloirs du château jusqu’aux appartements de la baronne. Miroirs couverts de linge, valets muets ou presque, le silence habillait les prémisses d’une mort annoncée. Elle ôta sa cape et la donna au valet qui l’accompagnait, puis entra dans la chambre. Une odeur de plantes, de suie, de cire et de feu de bois, la prit à la gorge et la chaleur de la pièce confinée l'indisposa un instant.

Elle salua discrètement d’un mouvement de tête les personnes assemblées et vit deux enfants, dignes, main dans la main, se tenant près de la couche de la baronne. Sentiment de compassion mêlé de tristesse.
Peu importe le monde, voici des enfants et leur mère qui, bientôt, ne sera plus...Oui, qu'importe la tourmente extérieure...

Telle est la vie des hommes. Quelques joies très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants.*


* Marcel Pagnol
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Vicomtesse de Chelles et Pair de France
Izarra
La mourante s'aggrippe à cette main amie, cette main qu'elle devine tremblante. Dernier répit avant de plonger sans retour, de basculer dans cet abîme au bord duquel elle vacille depuis si longtemps, en triste funambule. Elle s'accroche, frénétiquement, voudrait parler... Et puis renonce. Ces deux-là sont au-delà des mots depuis longtemps. Que pourrait-elle dire que la rousse n'aurait déjà deviné? Elles ont tout dit, tout vécu déjà: les joies, les rires, les traverses, les deuils, la peine, la haine, la colère, le pardon... Humaines, jusqu'au bout des ongles, pour le meilleur et pour le pire, comme un mariage... Et oui, elle l'a aimé sa douce, sa tendre, sa rousse. Aimé avec passion, aimé plus qu'il n'est décent de le dire peut être... Que le silence alors retombe puisqu'il n'est point besoin de paroles entre elles. Ces deux-là sont au-delà des mots depuis longtemps...

La pression se relâche, la main amaigrie qui mania l'épée et la plume, qui fût tour à tour caressante et meurtrière, retombe mollement sur la couche. La sueur emperle le front pâle. La fièvre ronge ce corps qui fût autrefois instrument de plaisir et n'est plus aujourd'hui que douleur et souffrance. A grand peine, le regard de plus en plus vague distingue une nouvelle silhouette, souvenir d'une vieille amitié restée solide malgré la distance, un ange gardien de plus qu'elle laisse derrière elle.

Tout est bien.

Un grand calme l'envahit. L'on dit parfois qu'au moment de mourir, l'on voit défiler devant soi le canevas de sa vie. Peut être sa vie a-t-elle été trop longue pour cela? La brune, elle, n'en voit que des morceaux, souvenirs figés qui s'entrechoquent les uns aux autres sans parvenir à lui laisser de regrets. A les revoir au contraire, un sentiment d'équilibre naît en elle. Sa vie fut remplie, et bien remplie. Elle en a connu la douceur, la rudesse, les bonheurs comme les déchirures. Elle aura vécu l'amitié, l'abandon, l'amour, la trahison, les honneurs, le rejet. Le livre est arrivé à sa conclusion, l'heure est venue de le fermer.

Elle peut, enfin, lâcher prise et se laisser aller sur cette voie au bout de laquelle l'attendent bien des fantômes parmi lesquels trois se distinguent. Ils ont nom Jeunesse, Amour, Passion. Gilen, Raphaël, Maximilien. Oubli, attente, vengeance. Ils l'attendent, la guettent, l'espèrent, depuis longtemps, si longtemps.

L'attente prend fin en ce jour. En ce jour, elle les rejoint.

Les narines pincées, la navarraise se remet à agiter d'un mouvement spasmodique sa tête sur l'oreiller. Elle respire avec difficulté, serre les lèvres sur les plaintes que le mal arrache à sa chair torturée, épuisée. Ses yeux s'agrandissent soudain, sa bouche s'ouvre sur un cri muet. Puis elle retombe en arrière dans un lent glissement.

L'étoile s'est éteinte.




« Petite âme, âme tendre et flottante, compagne de mon corps qui fut ton hôte, tu vas descendre dans ces lieux pâles, durs et nus, où tu devras renoncer aux jeux d'autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus... Tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts... »*

* Marguerite Yourcenar - Les mémoires d'Hadrien
Eloin
Les mots prononcés par la duchesse, ces mots qui jamais n'avaient esté dits et que pourtant elle avaict deviné à travers certains regards, ces mots elle venait de les entendre, de la bouche d'une duchesse certes affaiblie mais reconnaissante, dans ses derniers instants, de tout ce qu'elle avaict bien pu luy apporter ces années durant.
Arrivent les enfants, le cousin, tous ceux qui sont si proches de la dame par le sang et qui la regardent avec cette lueur de regret au fond des yeux, alors que désormais il est trop tard. Triste destin qui vous enlève les estres les plus chers au moment ou vous vous y estes attachés à ce point !
Oppressée, les yeux brouillés par des larmes qu'elle ne parvient plus à retenir, elle se lève, lentement, et s'écarte de ce spectacle ou elle sent qu'elle n'a plus sa place. Elle a faict ses adieux, aux aultres de le faire, aux aultres de dire les derniers mots à leur mère, cousine, amie... Elle, elle ne peut plus rien faire qu'attendre, attendre le moment ou sa dame partira vers d'aultres cieux, luy laissant vivre seule une vie qu'elle n'aurait jamais imaginée ainsi dix ans auparavant. Elle luy devait beaucoup, la mainoise, à cette femme qui quittait lentement la vie, elle le savaict. Et si elle ne l'avaict point dit, le regard qu'elle échangea avec sa dame se chargea de faire passer cette émotion, ces remerciements que sa gorge nouée ne pouvait prononcer.
Alors elle se recule, lentement toujours, pour éviter à la douleur de son bas-ventre -qui n'a jamais cessé durant ces instants difficiles- de s'amplifier, et pour éviter de troubler les derniers instants de cette femme qu'elle avaict aimé comme sa propre mère. Et s'installe sur le banc recouvert d'un épais coussin de velours qui termine l'une des deux fenestres de la chambre ducale, avant que de reporter un regard absent sur la scène.
Un dernier soupir, un dernier regard adressé à Guilhem, le fils si longtemps bani et honni, puys un dernier râle. Et le silence. Impressionant, dans cette pièce ou, souvent, ces derniers temps, avaient retenti des cris et des pleurs. Le silence. Dans la pièce, et dans son coeur. Alors, seulement, et en silence, le regard tourné vers le paysage blanchi par la neige et le froid, elle laisse couler ces larmes qu'elle retient depuys de si longues heures, les mains croisées en son giron, tentant de calmer sa douleur par une prière au Très Haut. Mais qui, qui peut apaiser une telle douleur ?

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En deuil de sa dame...
Alexandre*
Alexandre s'était ensuite reculé pour laisser place aux enfants d' Izarra . Planté dans un coin dans son uniforme de Capitaine, il regardait les derniers membres de la famille arrivé tous plus remplis de tristesse et de peine de voir la si dynamique Duchesse s' eteindre lentement. Il salua chacun d' un signe de tête.

Le moment inévitable arriva dans un dernier sursaut la Duchesse Izarra s' en alla remplir surement d' autres taches qu' Aristote dans son extreme bonté ne manquerait pas de lui confier.

Alors que ces enfants pleuraient leur mère, Alexandre se signa en faisant une priere pour sa Suzeraine et amie.

Aristote avait il fait expres de la rappeler le jour ou son mandat de Capitaine se terminait , alors meme qu' il s' etait connu dans l' armée au debut de son premier mandat....
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Louise
Le silence...

Plusieurs heures après la mort de la duchesse, le silence regnait dans la chambre, le corps de la dame reposant sur le lit, le corps recouvert chastement par une couverture ne laisant voir que le visage, cette face si souvent courroucée qui ne respirait plus que la blancheur et la paix.

Les parents, vassaux et amis avaient quitté la pièce petit à petit, se retrouvant dans une aultre pièce du chateau pour commencer à pleurer la maîtresse de maison. Les meschines aussi, s'étaient regroupées pour évoquer leurs souvenirs et ensuite reprendre leur travail, mais pas dans la mesme pièce. Mesme dans la douleur, nobles et petites gens ne se mélangeaient point...

Seule, sur le fauteuil près du feu mourrant dans la cheminée parce que non réalimenté en bois depuys le trépas ducal, plongée dans ses pensées, la robe tachée du sang de l'enfantement de celle qui fut bien plus qu'une belle-soeur, la dame qu'elle était venue chercher. Une dame dont les cheveux roux s'échappaient par minces poignées de la tresse épaisse qui restait immobile dans son dos, tout comme le reste du corps de la licorneuse. Seul, un mouvement du thorax de temps à aultre prouvait qu'elle vivait.

Vivre ou survivre ? Dans un tel cas, la meschine se posait la question du sentiment qui serait le sien. Et, si Aristote poussait le bouchon jusqu'à faire se rejoindre dame et suivante dans la mort, elle aurait l'occasion de tester ce sentiment dans quelques heures !
Cette pensée fit revenir à la réalité l'esprit embrumé de Louise, et elle se dirigea vers la dame, avant que de s'agenouiller à ses pieds, comme une simple femme le ferait aux pieds de son bourreau. Car, si elle refusait de donner suite à la demande d'Eloin, c'est une véritable course contre le temps qu'elle devrait entamer à travers les rues de Lesparra !


Dame ? Je suis navrée de vous déranger mais... C'est Eloin... Elle a besoin de vous... Urgemment...

Acceptera ? Refusera ? Réagira ? Seule la dame pouvait décider, la suite des évènements était dans ses mains...
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