[RP] Prison ou liberté ?

Une ombre se glissait furtivement en la forêt de Montbrisson, à une heure où seuls les brigands et les aventuriers sont encore éveillés.

La silhouette se déplaçait sans un bruit sur ses quatre pattes. De loin, impossible de déterminer de quel animal il s'agissait. Mais tout le petit peuple de la forêt était aux aguets. Il savait combien cette créature prédatrice pouvait être redoutable lorsque la faim la tenaillait.

Pourtant, ce n'était pas la nourriture qu'était venu chercher la dravidienne. Sa préoccupation était autre.

Il était derrière eux, elle le savait. Depuis leur départ de Montpensier, Prison ne les avait pas lâché d'une semelle, suivant le moindre de leur déplacement. Guettant sans doute l'occasion idoine pour leur tomber de ssus, les maîtriser et les emmener...

...Aparajita frissonna. Revenir là bas après avoir goûté aux joies de la liberté était un sacrifice énorme. La liberté, elle ne l'avait guère connu. De bête curieuse à Hampi, au coeur du Royaume de Vijayanagâra à apprentie combattante sous la férule de celui qu'elle avait appelé Prison, tant il avait été un geôlier plus qu'un mentor, elle avait eu peu d'opportunité de goûter aux joies et délices de la vie. Sauf aux côtés de Ganapati. Lui avait été différent. Il l'avait arraché par deux fois à l'enfer qu'était son existence. Il l'avait protégé, emmené avec lui partout, appris à vivre comme une Marche-Debout et non comme une bête. Voilà pourquoi, aujourd'hui, il était traqué comme elle, avec elle. Voilà ce qu'elle lui avait apporté en retour. Il était temps que cela cesse...

Ce soir, Aparajita avait pris la décision la plus difficile de sa brève existence. Pour assurer la paix et la tranquilité de Ganapati, elle allait se rendre à Prison et le suivre. Ainsi, tout redeviendrait comme avant pour lui...et pour elle aussi.

La dravidienne prit une profonde inspiration. Une dernière bouffée de liberté avant le retour à sa vie d'avant : l'entraînement, les coups, les conditions de vie spartiates. Elle avait le coeur gros. Mais il le fallait.

Aparajita
Mi-femme, mi-bête
Protégée de Ganapati
Recherchée par l'Ordre de la Pierre-Dieu

Dix minutes...voilà dix bonnes minutes que le chasseur transylvanien suivait celle qui, un temps, avait été sa protégée.

Oh, pas une protégée facile. Tout à l'instinct, pas d'éducation, pas de langue commune...Il avait heureusement su juguler certains de ses instincts primitifs, les canaliser par une discipline, certes parfois brutale mais si souvent nécessaire...

Et elle s'était sauvée. Celle qui était sa meilleure élève et une recrue de choix pour un Ordre comme le sien avait pensé qu'il était possible de quitter l'ordre. Et elle l'avait fait. Mieux, elle avait trouvé refuge auprès d'un assassin notoire, lui même hébergé par des gens ignorant tout de lui. Mais l'heure de la revanche allait sonner. Sa protégée ne se doutait pas qu'il était derrière lui. Sous peu, elle serait à nouveau sous son autorité. Et lui les suivrait pour qu'enfin justice soit rendue, et que tout rentre dans l'Ordre. L'Ordre, il n'y avait que cela de vrai...

Profitant d'une pause de la fuyarde, Catalin prépara sa corde, y confectionnant un noeud coulant. Encore quelques minutes et Montbrisson serait la dernière étape de leur périple.

Catalin Lupescu
Le traqueur de Transylvanie
Au service de l'Ordre de la Pierre-Dieu

En dépit du fait qu'elle s'y attendait, la corde qui entoura le cou de la dravidienne la surprit. Habituellement, Prison aimait jouer au chat et à la souris avec ses proies avant de les capturer. Là, il devait être particulièrement énervé ou alors pressé d'en finir.

Il l'attira à lui d'un coup sec, qui manqua de lui faire perdre l'équilibre. Elle se laissa faire sans résistance. Elle n'avait pas l'intention de fuir, puisque la liberté de Ganapati était à ce prix. Mais elle avait aussi conscience qu'elle venait de perdre de nouveau sa liberté. Il lui fallait être forte...

Aparajita
Mi-femme, mi-bête
Protégée de Ganapati
Recherchée par l'Ordre de la Pierre-Dieu

Tout s'enchaîna comme dans un rêve : la boucle qui tombe pile sur le cou de la victime qui n'essaie pas de se débattre, qui vient à lui sans résistance...La capture parfaite.

Mais si l'homme se réjouissait après les difficultés et les revers rencontrés, le chasseur restait sceptique. Tout cela était trop facile, trop rapide. Cela sentait au mieux le coup fourré, au pire le traquenard...Or, sa protégée, si elle avait des défauts, n'hébergeait pas une once de perversité. Que se passait-il donc ?

En attendant, il devait mettre sa première prise en lieu sûr. Lui attachant solidement les mains derrière le dos avec une corde solide, il noua ensuite ce qu'il restait de la corde autour d'un arbre. Ainsi, elle ne pourrait ni bouger ni fuir.

Il grimpa ensuite à l'arbre, s'installa confortablement sur l'une des branches et entreprit de rédiger un message à l'adresse de son second gibier :

Le transylvanien laissa le pigeon s'envoler vers son destinataire. Puis il sourit : il ne lui restait plus qu'à attendre, la patience était la vertu cardinale du chasseur.

Catalin Lupescu
Le traqueur de Transylvanie
Au service de l'Ordre de la Pierre-Dieu

Sindbad se leva comme à son habitude.

Quelque chose n'était pas normal : le produit de la chasse effectuée par Aparajita ne se trouvait pas sur la table, et la dravidienne ne répondait pas à son appel. Il s'apprêtait à conclure qu'elle n'était pas encore rentrée lorsqu'un pigeon se posa sur l'appui de sa fenêtre en roucoulant.

Saisissant délicatement le volatile, il détacha le message dont ce dernier se faisait le porteur et lut :

Un sentiment de rage et d'impuissance s'empara alors de lui. Il imaginait sa protégée aux mains de cet homme sans scrupule. Le chantage lui avait toujours fait horreur. Mais la vie de la dravidienne était en jeu. Devait-il s'exécuter ou résister ?
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Venez ici ou là

Juliette, ne voyant pas Sindbad depuis plusieurs jours, décida d'aller lui rendre visite pour s'assurer que tout allait bien.
Elle frappa à la porte et attendit qu'il vienne lui ouvrir, ce qu'il fit rapidement:

Bonjour Sindbad!

Puis voyant ça mine déconfite, elle s'inquiéta:

Quelque chose ne va pas?
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C'est en plein dilemme que des coups retentirent à la porte de la demeure de Sindbad.

Qui que ce soit, il tombait au mauvais moment...

Le constantinopolitain alla néanmoins ouvrir. Juliette se tenait devant lui.

Si quelque chose n'allait pas ? Juliette cheminait à ses côtés depuis quelque temps déjà. Sans savoir pourquoi, Sindbad, si souvent suspicieux, lui avait accordé sa confiance. Pour autant, devait-il l'impliquer dans quelque chose de dangereux ? Si un malheur arrivait à son amie, Slicer risquait de lui en vouloir pour un bon moment.

Sans mot dire, il lui tendit la lettre récemment reçue.
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Venez ici ou là

Encore plus inquiète devant son silence, Juliette prit la lettre que Sindbad lui tendait et lut.
A la fin de la lecture, elle leva les yeux vers lui, restant bouche bée, son regard laissant transparaître son désarroi.

Ne sachant que faire ou que dire, Juliette resta un moment silencieuse, essayant de réfléchir sans y arriver, se laissant envahir par un sentiment d'angoisse. Elle finit par bredouiller:

Que... Que vas-tu faire...

Juliette ne quittait pas Sindbad des yeux, cherchant une réponse dans son regard.
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Sindbad surveillait le visage de Juliette. A mesure qu'elle lisait, l'angoisse et l'incompréhension se lisaient sur son visage. jusqu'à ce qu'elle puisse articuler la question qu'il se posait depuis ce matin :

Le constantinopolitain prit une inspiration avant de répondre :

Pour le moment, je ne suis sûr de rien...Excepté que je suis confronté à une menace...Et que je n'aime pas cela.
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Venez ici ou là

Juliette entendit la réponse de Sindbad:

Les mains tremblantes, Juliette lui tendit la lettre. Elle poussa un long soupire, puis lui dit:

Sindbad, s'il te plait, ne te mets pas en danger... Quoi que tu décides, je voudrais que tu m'en parles avant, si je peux t'aider... Enfin je suis là.
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Sindbad reprit la lettre, et regarda Juliette dans les yeux :

Des gens qui prétendent me connaître, il y en a des charrettes entières dans ce Royaume. Des gens qui me connaissent réellement, il y en a nettement moins. Et des gens qui me connaissent et que j'apprécie encore moins. Et toi, Juliette, tu appartiens à la troisième catégorie.

Si je pouvais libérer Aparajita sans prendre de risque, je le ferais. Mais ce ne sera pas possible.

Par contre, même si je ne te dis pas grand chose, j'apprécie ta présence à mes côtés. Mais je ne souhaite pas mettre ton existence en danger. D'ailleurs, Slicer ne me le pardonnerait pas.

Et plus j'y réfléchis, plus je pense qu'il a plus à perdre que moi. Même s'il m'hypnotise, comme il souhaite le faire, je ne pense pas qu'il en apprendra plus que toi. Par contre, je ne souhaite pas qu'il ramène Aparajita avec lui, et je pense qu'elle ne le souhaite pas non plus. Donc c'est plus pour elle que je m'inquiète que pour moi.
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Venez ici ou là

Juliette écouta Sinbdad en silence.

Désamparée de se sentir si impuissante, elle serra son ami dans ses bras, essayant tant bien que mal de le réconforter:

Je le répète, je suis là, et il est hors de question de te laisser seul face au danger. Slicer connait mon sens de l'amitié ne t'en fait pas.
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Le réconfort de Juliette réchauffa le coeur de Sindbad. Il savait qu'il n'était pas seul, qu'il bénéficierait d'un appui et d'un soutien. Mais il était hors de question que la jeune femme risque son existence pour lui. Trop de personnes avaient souffert de son passé.

Le constantinopolitain s'empara d'une plume, d'un parchemin et rédigea une missive.

Puis, la tendant à Juliette, il lui demanda :

Tiens, lis cela et dis moi si tu es prête à tenter l'expérience.
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Venez ici ou là

Solidement attachée, Aparajita commençait à ressentir ses doigts et ses mains s'engourdir. Les liens étaient fort serrés et les cordes lui entraient dans la chair. Mais elle serrait les dents. Se plaindre n'aurait que réjoui son geôlier.

Elle l'avait vu rédiger une missive. Elle ne savait ni lire, ni écrire, mais se doutait à l'attention de qui cette correspondance était rédigée. Elle espérait secrètement que Ganapati ne répondrait pas à cet appel. Mais s'abstiendrait-il ? Ou tenterait-il, comme à son habitude, de lever les obstacles ?

Aparajita
Mi-femme, mi-bête
Protégée de Ganapati
Recherchée par l'Ordre de la Pierre-Dieu

Juliette s'installa près de Sinbdad qui entreprit d'écrire une missive. Lorsqu'il eut fini et qu'il lui tendit la lettre, elle l'a prit et lut.

Levant les yeux vers lui, elle le fixa quelques instants et dit d'une voix qui se voulait rassurante:

Je suis prête, tentons l'expérience.
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