Capitaine Flemme, incarné par Sepro
[Tour n°1]
[Toujours dans le bureau du comte]
La nouvelle est terrible, mais le manque de sommeil commence à gagner le Capitaine qui, en ces temps difficiles pour le responsable militaire, n'a sans doute jamais aussi bien porté son nom... La fatigue finit son uvre et Flemme passe successivement d'accoudé sur le bureau à écroulé sur ledit meuble, puis affalé dans son fauteuil pour terminer effondré sur le sol, dans une léthargie rythmée par une respiration lente à peine audible.
Abandonné à ses rêves hantés par la terrible nouvelle qui vient de lui parvenir, il ne remarque pas l'entrée de la Chancelière.
[Dans les rêves du Capitaine Flemme]
Champ de bataille, longue plaine désolée balafrée des signes d'un combat récent, quelque part dans la cambrousse entourant la bonne ville de Pau, une horde de soldats affamés par une campagne harassante poursuit le Capitaine Flemme, réclamant avec une véhémence proche de la mutinerie des soldes impayées...
Au loin, une ferme salvatrice semble lui tendre les bras. Mais à mesure qu'il s'approche, la bâtisse disparaît lentement dans un épais nuage de fumée, ne laissant progressivement place qu'à une simple cour pavée bordée d'une marre de fange dans laquelle un cochon bien dodu se prélasse dans une apparente tranquilité. Pensant échapper à ses agresseurs, le Capitaine Flemme se jette à ses côtés, n'y réfléchissant pas à deux fois.
« La vie est parfois à ce prix », se dit-il dans un réflexe de survie.
Consterné, il entend une voix lui répondre : « A qui le dites-vous, mon brave ? Moi aussi, je suis là pour fuir le danger! »
Se retournant vers l'animal grassouillet, sa consternation fait place à de la stupeur quand il se rend compte que c'est le pourceau qui lui parle. Cette stupeur devient même carrément de l'épouvante quand, découvrant son visage, le Capitaine y reconnaît les traits du Comte.
N'ayant plus prêté attention aux soldats qui le pourchassent, l'homme entend subitement des pas résonner sur les pavés de la cour voisine. L'un de ceux de la troupe, ou plutôt l'une d'après sa démarche féminine, s'approche de son compagnon de gadoue. Armée d'un couteau de cuisine, la femme l'abat sur le cou du pauvre porcelet, faisant gicler le sang dans une scène d'une horreur indescriptible...
Non ... Non ...
[Sortie du rêve, retour à la réalité du bureau du Comte]
... Non ... Non!!!
Se réveillant en sursaut, le Capitaine se dresse d'un bond et se retrouve, toujours effrayé, face à la Chancelière. Couteau à la main, cette dernière est à présent toute proche de lui et son haleine, diffusant des effluves de jambon, lui est clairement perceptible. Pas encore tout-à-fait remis de ses songes, le militaire recule d'un pas, une lueur d'effroi dans les yeux, s'écriant simultanément :
Ma ... ma ... ma Dada ... ma Dadame ... ma Dame la Chancelière ??? Que faites-vous donc avec ce couteau dans les mains ???
[à Telya : Bureau du Comte, couteau, Chancelière]