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[RP] Dans le secret des Dames...

Sancte, incarné par Asophie



« Je ne souhaite pas en parler. »

Pour la seconde fois de la journée, un choix cornélien se présentait à lui. La question, sur le coup, lui sembla assez simple: gagnerait-il quoi que ce soit dans l'immédiat en allant contre sa volonté ? S'il lui sembla que non, cette intuition fut rapidement renforcée par le fait qu'il avait envie de manger un morceau.

Je vois ...

Et poussant un soupir à fendre l'âme:

Plus que le fils de son père, l'homme est le fils de son épouse.

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"Aux hommes la droiture et le devoir, et à Dieu seul la gloire !"
S.I. - Chevalier Errant de la Réforme Aristotélicienne.
Gnia, incarné par Asophie


["Ne pouvant se corriger de sa folie, elle lui donnait l'apparence de la raison..." D'après Alfred de Musset] [Ambiance musicale]


[L'Alabrena - Une nuit, quelques temps plus tard]


Ce fut un hurlement d'épouvante qui tira le Vieux Georges de son sommeil. De ces cris qui vous glacent le sang. De ceux qui faisait fuir les caméristes du service de la Comtesse les unes après les autres. Aucune ne supportait bien longtemps de dormir benoitement dans la petite chambre attenante aux appartements de la Saint Just et d'être tirée de son sommeil bien mérité par l'expression bruyante des cauchemars de leur maîtresse.
Alors lorsqu'il les rencontrait au petit matin à l'office, les yeux agrandis de terreur et ourlés de cernes bleutées, Georges les prenait en pitié et les remplaçait de temps à autre pour une nuit qu'il savait d'avance agitée.

Il s'était levé lentement, tâtonnant pour trouver briquet d'amadou et lanterne, et avait cheminé quelques pas pour entre-ouvrir la porte de la chambrée de la Saint Just. Par acquis de conscience. Il savait qu'elle finissait par se rendormir. Sinon elle l'aurait déjà appelé.
Contrairement à ce à quoi il s'attendait, sa maîtresse se tenait au milieu de la pièce, dans les ombres projetées par la lueur tremblotante d'un calel. Elle soliloquait à voix basse avec quelqu'un que Georges ne parvenait pas à voir, nue comme elle s'était couchée, échevelée, tentant de passer nerveusement l'encolure d'une longue chemise par dessus sa tête.

Le vieux s'était avancé, sachant que la comtesse s'était couchée seule, il craignait un importun et trouvait l'attitude générale de la Saint Just plutôt étrange.
Pour commencer elle ne semblait pas le voir ou même avoir noté sa présence. Elle passait son temps à jeter des coups d'oeils inquiets, comme une bête traquée, tout en grondant après un interlocuteur invisible. Ses mouvements étaient désordonnés et pour preuve, elle peinait toujours à passer sa chainse.

Et lorsqu'enfin il toussota pour se signaler, il lui sembla alors qu'il avait provoqué un orage d'une force inouïe. Elle s'était tournée vers lui, le regard hagard, et avait hurlé des phrases inintelligibles. Et tandis qu'il battait en retraite, elle s'était ensuite saisie de ce qui lui était tombé sous la main pour lui lancer dessus. Tous les pigments dont elle usait pour blasonner à ses heures perdues y étaient passés, les petits pots de terre cuite explosant les uns après les autres autour de lui puis sur la porte qu'il avait prestement refermé derrière lui.

Bien de longues minutes après qu'il ait repris ses esprits en se tenant prudemment près de la porte dans le couloir obscur, il l'avait entendu lancer des imprécations violentes où les mêmes mots revenaient sans cesse. "Partez !" "Laissez-moi !" "Allez-vous en !" Le ton était d'une violence peu commune, entrecoupé des cris de rage et les bruits qui émanaient de la pièce ne laissaient guère de doute sur le traitement qu'infligeait la Saint Just au mobilier et objets. Puis petit à petit, la voix s'était éteinte, passant d'implorante à gémissante pour enfin ne laisser plus que le silence.
Lourd. Pesant. Angoissant.

Georges avait alors puisé les dernières réserves de son peu de courage et avait à nouveau poussé légèrement l'huis avec la plus grande prudence. Ce qu'il découvrit le glaça d'effroi.

L'on aurait lâché une meute de chiens enragés dans la vaste pièce que le résultat n'aurait pas été plus spectaculaire. Médusé, il s'était enhardi jusqu'au devant l'âtre et avait cherché Agnès en plissant les yeux dans la pénombre. Ce furent des murmures et des sanglots étouffés qui permirent de la localiser.

Elle était là, recroquevillée dans un coin, non loin du lit, blafarde, les yeux agrandis de terreur, le regard se fixant partout et nulle part à la fois. La peau couverte de petites projections de peinture, la chainse en désordre, remontée haut sur les cuisses, les cheveux collant au visage baigné de sueur et de larmes. Les lèvres blêmes remuaient, psalmodiant quelques muettes prières, entrecoupées par une respiration saccadée et sifflante. Il avait tenté de s'avancer vers elle, le coeur noué et l'estomac retourné de voir ainsi sa d'habitude si fière môme artésienne.
Mal lui en avait pris.

La voix rauque avait crissé, lui vrillant les tympans, une main leste avait pointé sur lui, menaçante, la lame de la dague, lui intimant de "reculer s'il ne voulait pas qu'elle l'égorge comme un vulgaire poulet".


Impuissant, il avait de nouveau battu en retraite et s'était résolu à envoyer un garçon d'écurie pour sortir du lit la seule personne qui avait su calmer la Saint Just la dernière fois qu'il lui avait été donné de la voir état proche de celui-ci. Le gamin était parti comme un dératé, lesté de quelques écus pour amadouer les hommes du guet qui tenaient les portes de la ville fermées la nuit.
Et tandis qu'il se tordait les mains d'inquiétude en attendant qu'il revienne avec la vicomtesse de Terrides et ses plantes aux pouvoirs magiques, il ne pouvait s'empêcher de revoir sans cesse dans sa pauvre caboche atterré les mêmes images.

Il fallait s'avouer l'évidence. Sa Dame était possédée. Les gourgandines qui fuyaient son service avaient raison. C'était un curé qu'il aurait dû faire mander. Le Sans Nom avait surement jeté son dévolu sur l'Alabrena et si Sophie n'arrivait pas bientôt, le Vieux Georges risquait bien de mourir lui-même de terreur à cette seule pensée.


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Asophie
La nuit était bien entamée mais elle ne dormait pas. Comme à chaque fois qu'elle était seule. "Il" était parti "ramasser des châtaignes parce que les fraises, ça pousse pas en cette saison". De fait, ses nuits déjà rarement habitées par le sommeil qui la rattrapait souvent sur le matin, devenaient plus longues, froides et angoissées. Alors elle s'occupait pour ne surtout pas penser, ces derniers temps plus que jamais.
Descendue dans son antre, elle filtrait des jus, calcinait des matières, faisait mijoter des substance plus ou moins odorantes, aux vertus plus ou moins médicinales ou cosmétiques, s'arrêtant parfois pour graver quelques pattes de mouche sur son carnet à la couverture de cuir.

La cloche retentissant au milieu de la nuit froide et silencieuse la fit sursauter. S'essuyant prestement les mains sur son tablier qu'elle ôta, elle couvrit le feu qui faisait bouillir l'alambic et remonta les marches quatre à quatre. Déjà, Amendine, sa gouvernante, tirée de son sommeil, traversait la cour pour aller ouvrir. Une voix de jeune garçon affolé lui parvint :

"C'est m"sieur Georges qui m'envoie chercher m'dame la vicomtesse... C'est pour m'dame Sa Grandeur... Va pas bien du tout... Comme la dernière fois... Mais pire...".

En quelques minutes, ce fut le branle-bas de combat général. Cette fois, elle prit soin elle même de rassembler les composantes qu'elle pensait nécessaires : graines de moutarde qu'il allait désormais falloir faire importer par kilos sur Montauban, purée d'ortie dont elle allait devoir refaire provision dès le printemps, et tout un tas de flacons, de baumes, de plantes "pour le cas où". Et non, elle ne prit pas de vêtements de rechange. Quelques consignes à Amendine, et une recommandation, au cas où "Monsieur" reviendrait dans la nuit, pour qu'il ne s'inquiète pas, naturellement :
"Dites lui que je suis partie accoucher la fille du tanneur...".
En espérant qu'il n'en profiterait pas, la croyant occupée, pour rendre une de ses mystérieuses visites nocturnes à la Saint-Just...



Quelque minutes plus tard, Sophie se tenait sur le pas de la porte de la chambre comtale, un peu ébahie par le carnage... Agnès n'avait pas bougé d'après ce que Georges lui chuchota. Recroquevillée dans le même coin où elle l'avait trouvée la dernière fois, jouant avec une dague, marmonnant des paroles inaudibles, le regard fixé dans le vague... durant quelques secondes, elle ferma les yeux, essayant de se détacher un instant de la scène pour recouvrer calme et froideur d'esprit. Puis elle entra et ferma la porte derrière elle.
Quelques pas silencieux. Dès qu'elle s'immisça dans l'angle de vision de la Saint-Just, elle s'accroupit. Surtout, ne pas la dominer, ne pas lui faire peur... Comme avec un animal qu'on apprivoise. Puis, d'une voix douce et claire, comme on parlerait à un enfant :


"Agnès, tout va bien... Je suis là, maintenant... Il ne vous feront plus de mal.... Lâchez ce couteau... Tout va bien..."

Du moins, on faisait mine d'en être persuadée. Parce que là, tout de suite, c'est elle qui était en danger. La biche dans l'antre d'un fauve qui a tout moment pouvait redevenir furieux, à sa merci...
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"Connais-toi toi -même et tu connaitras l'Univers et le Divin."
Gnia, Incarnée par AlS, incarné par Anne_love


Et au milieu des voix et chuchotements lui en parvint une qui se faisait plus distincte que les autres. Le regard erra encore quelques instant avant d'en trouver la source. Les sourcils se froncèrent, comme si quelque chose ne cadrait pas avec le reste. Les azurs durs comme la pierre se posèrent sur celle qui avait parlé sans pour autant donner l'impression de la reconnaitre. La tête se pencha légèrement sur le côté, dénotant un visible effort pour trouver une cohérence à la présence de cette nouvelle vision. La main qui ne tenait pas le coutel entama un ballet saccadé et nerveux, se portant à la bouche, les dents mordillant nerveusement les ongles, puis pinçant la fine balafre qui ourlait la mâchoire pour fuir sous la masse de boucles noires et gratter frénétiquement la base du crâne.

Une éternité sembla passer ainsi ou bien seulement quelques minutes.
Les yeux clignèrent, longuement, comme si les paupières espéraient, à chaque fois qu'elles voilaient le regard, ensuite s'ouvrir sur un tout autre monde. La bouche se tordit en une moue douloureuse d'incompréhension avant qu'enfin, elle pose au sol la courte dague qu'elle avait serré contre elle durant tout ce temps.

Un profond soupir accompagna le regard chargé d'inquiétude et toujours fixé sur la silhouette accroupie non loin. Front barré d'un pli anxieux, tête toujours légèrement penchée de côté, elle tapota le sol à côté d'elle, en une muette invitation à la rejoindre.

La voix enfin coasse, rauque et hésitante.


Vous... Vous ne les voyez pas... N'est ce pas ?

Un autre soupir, la main chassa une mouche imaginaire devant le visage avant de rejoindre sa jumelle serrée fort sur sa poitrine, avant qu'elle ne marmonne, comme si elle se parlait à elle même, le regard perdu sur les lattes du plancher

Le vieux ne les voit pas, je sais. Pas plus qu'il ne les entend...

Le visage se relève, reflétant visiblement toute la tourmente provoquée par la vague idée qui se fraye un chemin dans l'esprit chaotique.

Vous ne les entendez pas non plus... Sinon... Vous... Vous hurleriez pour qu'ils se taisent...

Plus d'interrogation, le constat tombe comme un couperet. Les mains agitées couvrent un instant le visage avant de lentement glisser sur les joues et se rejoindre sous le menton. Les index viennent tapoter les lèvres sèches tandis que le regard se fait à nouveau fuyant, cherchant une réponse qui ne peut, ne doit pas, trouver de sens.

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Asophie
Les sombres azurs s’accrochent à elle un instant, puis la traversent pour se reporter vers un au-delà imaginaire… La tête se penche, semble l’entendre et l’écouter puisque la main pose la dague. Bonne chose. Rapidement, le regard de Sophie balaye la pièce, à la recherche d’un verre, d’une pipe. Les narines frémissent cherchant à identifier une odeur… La comtesse dormait, lui avait dit Georges. Mais Agnès semblait toujours plongée dans son cauchemar, l’esprit captif d’un antre sinistre peuplé de démons et d’horreurs. Au moins, elle la voyait, l’entendait… Elle allait devoir être son ancre, son fil d’Ariane.
Lentement, suivant l’invitation, elle s’approche, craignant à chaque pas qu’Agnès ne soit effrayée et ne fuit ou ne lui saute à la gorge. Enfin, elle est toute proche…


« Vous... Vous ne les voyez pas... N'est ce pas ? »


Que répondre ? "Oui" et la conforter dans sa hantise ? "Non" et la laisser seule dans son cauchemar ?… Rien. Pour l’heure. Juste être là et la rassurer, l’apprivoiser, l’habituer à sa présence. Tandis qu’Agnès marmonne quelques propos qu’elle a du mal à décrypter, d’un geste rapide et discret, elle éloigne la dague et se pose près d’elle.

« Vous ne les entendez pas non plus... Sinon... Vous... Vous hurleriez pour qu'ils se taisent... »

Le ton est froid, exprimant une lucidité effrayante qui la fait frissonner. Lentement, Sophie approche sa main et la pose délicatement sur l’épaule d’Agnès. Il faut la ramener maintenant…

« Agnès… Je suis là, avec vous. Je vais vous aider. Ecoutez-moi… Ecoutez ma voix. Accrochez-vous à moi, je vais vous guider. N’écoutez que ma voix… Regardez-moi. Ne regardez que moi. Prenez ma main, serrez-la fort, ne ressentez que ma chaleur… Respirez moi… Ne respirez que mon odeur. Là, doucement… Ils vont partir. Ils vont se taire… »

Sortant un mouchoir de son corsage, Sophie tamponne doucement le front d’Agnès. Les parfums sont réconfort. Les fragrances sont mémoire. Tout en épongeant la sueur glacée qui baigne le front de sa meilleure ennemie, elle disperse les effluves de jasmin et de fleur de pêcher mêlées à sa propre odeur sous les narines frémissantes de sa compagne qu’elle ramène peu à peu contre elle.


« Nous allons les faire disparaître… Ensemble. Revenez avec moi, je vous guide… N’ayez pas peur, nous allons les chasser. »

Ses mots ne servent pas à grand chose, elle le sait. Et pourtant, il faut qu’elle parvienne à la rassurer, à la ramener à la réalité. Sa réalité.
Caressant doucement le visage d’Agnès, elle écarte les mèches collées par la transpiration et la peur, et tente de lui sourire. Difficile en la circonstance.


« Je vous protège, Agnès. Je suis là… »

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"Connais-toi toi -même et tu connaitras l'Univers et le Divin."
Gnia, incarné par Asophie


Toute à la perplexité de ses précédentes découvertes, la Saint Just se laissait faire. La main sur l'épaule, le tissu qui essuie le visage, la main qui l'effleure, repoussant les mèches rebelles, elle les sent. Les paroles à voix basse et douce, elle les entend au loin, comme un chant de sirène qui tenterait de lutter avec celui qu'elle seule entend.
Puis, au pauvre sourire esquissé, enfin elle réagit, comme si elle découvrait pour la première fois ce qui l'entoure.
Et avec cette prise de conscience, un choix.
Cornélien, évidemment.

Se raidir, opposer une froideur de circonstance face à la douceur, comme à l'accoutumée ou se permettre de lâcher prise, se laisser aller, dolente, à se nourrir de ce qui lui faisait atrocement défaut.

Elle ancre un instant le sombre azur de son regard dans celui de Sophie, comme si elle cherchait à sonder son âme, et ce qu'elle y lit l'amène à offrir davantage son visage à ses caresses.
Les voix se sont tues, il ne reste que la sienne et ce qu'elle dit lui arrache un léger sourire en coin.
Tout le langage corporel se modifie, s'apaise, se décrispe et suggère l'abandon.

Les yeux mi-clos l'observent, la voix éraillée murmure enfin


Ils sont partis... Mais vous, vous restez.

Pas une question, ni même une suggestion, juste une assertion.
L'évidence même.

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Asophie
Enfin, le bleu de l'océan se fait moins trouble lorsqu'il fixe les obsidiennes... Une plongée entre deux paires de pupilles sombres. Comme en écho à un autre échange, les regards s'attirent, se cherchent, se lient. Elle sait alors qu'elle l'a récupérée, extirpée de cet abime de cauchemars où la Saint-Just avait sombré. Contre la peur, contre la colère, contre la peine que peuvent ressentir ses semblables, Sophie ne connait qu'un remède : l'offrande de sa chaleur, le don de sa lumière, l'abandon de son essence. Pleine, entière, totale. C'est ainsi qu'en une infinie seconde, elle cherche à donner à celle qu'elle vient pour la deuxième fois en quelques nuits de ramener au monde, toute l'envie d'y rester, toutes les raisons de s'y accrocher.
Lentement, après une impalpable hésitation, elle sent contre elle le corps d'Agnès qui se détend, se laisse aller. Elle-même ne retient que difficilement un soupir de soulagement et son sourire s'élargit, plus sincère. Sa main apaisante s'attarde en douceur sur la joue de sa compagne aux yeux mi-clos.


"Ils sont partis... Mais vous, vous restez."

La voix brisée a retrouvé un ton péremptoire. Net. Comme une certitude. Et pour cause... Naturellement, qu'elle va rester. On ne va pas la planter là et la replonger dans une nouvelle solitude terrifiante. Encore que connaissant la Saint-Just, elle aurait pu tout aussi bien la congédier illico. Par orgueil, par pudeur.

"Bien sur, Agnès, je suis là..."

Et alors même qu'elle les prononce, ces mots suspendus se révèlent dans tous leur sens. Tant de questions depuis des nuits, tant d'évidences en une seconde. La réponse est là. Au bout de ses doigts qui s'attardent en douceur sur la joue pour descendre dans le cou. Au bout de cette autre main qui remonte lentement vers la nuque. Au bout de ses lèvres qui délicatement effleurent la peau parsemée de paillettes multicolores. Au creux de son ventre où la chaleur se fait plus fauve ; au cœur de son souffle qui se fait plus court...

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"Connais-toi toi -même et tu connaitras l'Univers et le Divin."
Gnia, incarné par Asophie


L'atmosphère prit soudain le tour de ces moments qui précèdent l'orage, où l'air semble plus tendu comme la corde d'un arc.

Il n'a fallu qu'un instant pour que tout bascule, pour que les mains tendres l'instant d'avant ne se fassent langoureuses, pour qu'un souffle ténu et retenu par une bouche gourmande ne vienne effleurer sa peau, pour que douceur et tendresse se muent en sensualité et lascivité.

Et alors qu'elle se laisse aller à la rencontre de l'Autre, tandis que la gorge s'offre aux lèvres ardentes, les paupières se plissent d'un contentement non feint.
Le félin sous la caresse ne s'assoupit véritablement jamais.
Le corps prend ce qu'on lui offre, l'esprit s'empreint d'une volupté qui dénote une intense perversité.

Il n'a fallu qu'un instant pour que tout devienne limpide, pour que les interrogations que l'on avait soigneusement laissées de côté là où elles ne dérangeaient personne prennent tout leur sens. Pour que ce qui se cachait de l'évidence paraisse en pleine lumière. Et quelle lumière !

Par deux fois.
Par deux fois, la Lumière est venue d'elle-même à l'Ombre. Espérant probablement triompher en inondant la pénombre de ses rayons bienveillants mais se moquant bien de ce qu'il adviendrait si elle devait être dévorée.

Les yeux se plissent, le corps frémit, répondant à un soupir par un autre, le souffle se fait rauque, enfin les mains entrent dans le ballet orchestré par la Lumière et l'explorent, sans hâte, prenant peu à peu possession d'elle, se gorgeant du moindre frissonnement de la soie qu'elles caressent. Les lèvres s'entre-ouvrent en un appel sans équivoque.

Et pendant ce temps, là sans être là, étrangement à la fois dans et hors de ce que vit le corps, l'esprit, quant à lui, se nourrit de ce qui lui est offert et s'adonne à ce qu'il sait faire le mieux. Il échafaude, analyse, calcule, place déjà ses pièces sur un échiquier qui lui est encore inconnu et jouit sans vergogne du délicieux frisson licencieux que fait naître la présente situation.

La bouche glisse lentement sur le cou et une fois parvenu juste au creux de l'oreille, là où la peau est plus fine qu'un papier de soie, murmure


Vous ne devriez pas rester...
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Asophie
Non... Elle ne devrait pas rester... Oui, elle devrait partir ou elle devrait mourir. Ne pas s'alanguir. Ne pas céder. Dominer son corps... Prendre cette élégante et détestable porte de sortie que lui offre sciemment l'infâme et si délicieuse comtesse. Tentatrice de la raison, maîtresse du plaisir. Si tu restes, c'est que tu le veux... Esclave du désir.
Tandis que sous le murmure, tout son être s'électrise, ses mains poussent l'exploration de la peau suave, sa bouche se perd dans la gorge délicate et remonte à son tour jusqu'au creux de l'oreille adverse :


"Congédiez moi... Ordonnez-moi de partir..."

Et ne pas lui laisser l'occasion de répondre en emprisonnant ses lèvres sous les siennes...
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Gnia, incarné par Asophie


Bien sûr...
Un fougueux baiser étouffe une répartie moqueuse qu'elle n'a même pas eu le temps d'encore penser. Plus tard... Pour l'heure, prolonger le contact licencieux des lèvres sur les siennes, goûter la langue timide qui vient rencontrer la sienne, laisser glisser une main légère sur le tissu de la robe qui couvre encore la vicomtesse et empaumer fermement un sein, passer un bras autoritaire sur ses reins et la presser contre elle.
Et puis... S'en détacher.


Je n'ai, il me semble, aucun ordre à vous donner, Sophie...


Un murmure, un sourire énigmatique flottant au coin des lèvres, elle l'abandonne, l'instant de trouver les appuis nécessaire à se lever, à quitter la rudesse du sol et des pierres sur lesquelles elles s'est adossée des heures durant. Une fois debout elle s'étire, comme un chat, puis tend la main à sa compagne pour l'aider à se relever à son tour. La main ne la lâche pas tandis qu'elle l'amène d'autorité à nouveau contre elle et l'enlace, pressant le corps encore frémissant contre le sien, tout aussi fébrile. Joue contre la sienne, la voix se fait à nouveau souffle.

D'autant qu'il semble que vous n'auriez aucune envie de vous y soumettre...

Elle s'éloigne encore tout aussi soudainement, rompant le lien à nouveau, pour lui tourner le dos et se diriger à pas souples vers le vaste lit qui occupe la chambre. La chemise de toile constellée de petites projections de pigments passe au dessus de sa tête et choit mollement au sol. La tête se tourne enfin, un regard en coin à la lueur indicible, et par dessus l'épaule, une nouvelle invitation à voix basse et rauque

Vous partez maintenant ou vous restez.
A vous d'en décider.

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Asophie
Et soudain, elle se retrouve seule, debout, plantée, au milieu de la chambre qu'elle embrasse du regard. Un carnage au milieu duquel trône un lit de promesses, sublimé par une odalisque majestueuse...

Son souffle est court, son corps brûlant, et l'esprit bouillonne tandis qu'elle la contemple... Le choix de Sophie... Poser ses mains là où "il" a posé les siennes, écraser de ses lèvres toutes "ses" empreintes, savourer ce corps qu'"il" a possédé, se donner à celle qu'il a soumise, s'offrir pour mieux effacer...
Trop de conscience, trop de raison dans cette situation dont elle soupèse tout ce qu'elle a de pervers et de délicieux. Non pas la vengeance d'une femme mais une liquidation de deux souffrances passées dans une seule célébration de plaisirs aux relents d'interdits. Mais... Elle, lui, l'autre...

Là où les corps tout à leur désir primal auraient chassé l'ombre de l'homme, l'esprit raisonne et résonne de son nom. Le voilà à nouveau s'immisçant dans cette chambre, surgissant entre elles. Le lien est rompu par une main invisible autant que par celle d'Agnès qui l'a lâchée. Elle, lui, l'autre...

Son esprit va exploser. Son cœur, imploser. Son corps ne répond plus de rien... Un regard vers la porte, un pas en avant, un œil vers la fenêtre, un autre pas... Elle, lui, l'autre...

Une image fugace d'une femme abandonnée, humiliée par le départ d'un amant joueur, clouée alors qu'elle s'abandonnait à la consécration amoureuse. Une étole flottant dans le vent, comme un souffle coupé... Désir, perversion, offrande. Elle, lui, l'autre...

La princesse triomphante s'offrant à la reine de douleur. La Lumière inondant l'Ombre. Elle lui a donné son souffle ; elle lui a tendu ce fil... La sublimation est suspendue. Les yeux se posent sur le lit... Consacrer la fusion des effluves passionnels. Achever la fugue onirique de Sapho, avec toute sa conscience. Elle, lui, l'autre...

Elle...

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"Connais-toi toi -même et tu connaitras l'Univers et le Divin."
Gnia, incarné par Asophie


Le secret, c'est qu'il n'y a pas de secret. Nous sommes des petits enfants égoïstes et malheureux, pleins de peur et de colère...
    André Comte-Sponville


Longtemps, elle était restée les yeux rivés au ciel de lit, tandis qu'une domestique discrète effaçait les dernières traces de cette nuit.
Le soleil était passé d'une fenêtre à l'autre, sa course diurne déjà bien entamée.

Enfin, elle prit une profonde inspiration et rejeta draps et couvertures, embrassant d'un seul regard les vestiges de la bataille qu'avait abritée sa chambre.
Un pli soucieux rida un instant la surface de glace du visage d'Agnès avant qu'un haussement d'épaule ne le chasse comme il était venu.

Elle contempla un instant les étranges volutes qui s'échappaient du bain dans l'air froid de la salle d'eau, avant d'entrer non sans délice dans l'eau brûlante. La matrone qui l'assistait dans sa toilette conservait le silence qu'observait la saint Just depuis son réveil, chose fort inhabituelle pour une maisonnée qui savait s'éveiller comme les soldats au son du clairon.
Un étrange sourire en coin vint soulever la commissure de ses lèvres avant qu'elle ne plonge la tête sous l'eau et reste un long moment à n'écouter rien d'autre que son corps battre à ses oreilles et l'eau doucement clapoter contre les parois du bain.
Puis elle revint au monde, cherchant une grande goulée d'air dans une gerbe d'eau.

Lorsqu'elle revint dans la chambre, parée à entamer une journée qui ne l'avait pas attendue pour s'entamer d'une bonne portion de matin, il ne restait que les stigmates aux milles couleurs qui constellaient la porte comme derniers témoins d'une suite d'événements aussi inexpliqués qu'inexplicables.
Une infime hésitation avant de se diriger d'un pas décidé vers un petit coffret à secrets et d'en tirer fiole, sachet et écrin qu'elle serra dans sa main.


Et telle une vigie au sommet d'un navire de guerre, la Saint Just embrassa l'horizon depuis les courtines du faîte de l'Alabrena. Elle baissa les yeux sur le Tarn en contrebas qui formait un paresseux méandre, puis entrouvrit la main et y piocha l'un des trésors qu'elle emprisonnait.
Et, après un long moment de silence, elle leva la main, arqua le dos vers l'arrière pour prendre de l'élan et...


O Unique,
En ce jour, je fais silence et m'introspecte.
Admettons que ça existe...
Je me rappelle mes lâchetés, mes mensonges, mes reniements, mes démissions.
Par mes lèvres, j'ai pêché et m'en repens sincèrement...
Le bras se détend et vole en une courbe lente et gracieuse l'élégante fiole de jusquiame...
Par mes gestes, j'ai pêché et m'en repens sincèrement
Dans mon coeur, j'ai aussi pêché et m'en repens sincèrement...

Et un pourtant si richement ciselé écrin empli de thériaque suit de près sa compagne d'infortune et se perd entre le ciel gris et l'eau verte...
Dans mes pensées et mes actes, j'ai pêché et m'en repens sincèrement
Par mes choix, j'ai aussi préféré ma tranquillité à me souvenir les enseignements de tes prophètes...
Un instant d'hésitation en réalisant que le fin sachet de toile de jute ne parviendra pas à voler avec autant de force, un haussement d'épaule, et de le dénouer avant de vider tout le chanvre qu'il contient au vent...

Et un peu essoufflée, elle reprend...


O Père, aie pitié.
Déos, prends pitié.
Je reconnais mes fautes.
Ne me rejettes pas loin de toi.
Pour moi-même et pour le monde, écoute mon appel.
Je te le demande au nom de tes promesses.
Amen.


Le tout s'achève sur un déchirant soupir et, après si pieuse et bénéfique action - pour une fois, un très incongru...

'Tain ! Fait chier !
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Sancte, incarné par Asophie




"Dans les contes pour enfants, les princesses donnent des baisers aux crapauds pour qu'ils deviennent des princes. Dans les faits, les princesses embrassent les princes et ceux-ci se transforment en crapauds."
Paulo Coelho



Voyez vous, ma chère Cyrinea, les promesses d'amour se font toujours à la légère, mais sitôt son appétit comblé, l'on se rend compte à quel point elles sont lourdes à t... N... Non mais voyez vous ça !?

Mais quoi donc ? Hé bien en vérité, le signal d'une belle Odyssée ! Sous les hauteurs de l'Alabrena, s'éteignait la patience de malheureux bateliers. Le plaisir exquis d'une pêche matinale, sans autre bruit que celui de leur morne discussion philosophique et spirituelle, venait d'être perturbé par d'étranges dons du ciel venus s'écraser sur leur barque. De biens singulières offrandes, qui curieusement, ne lui inspirèrent qu'une flopée de jurons blasphématoires. Si auparavant, en tant que croyant des plus timides, il aurait prit la chose avec le sourire, dorénavant ce fait divers ne pouvait que laisser présager une suite d'évènements calamiteux dignes des dix plaies d'Égypte. Face à l'inexplicable, l'apathie commença à le gagner. Et contre toute attente, il ne se rendit même pas compte qu'il se trouvait sous la tourelle du quartier général de la Mesnie St-Just qui les surplombait de très haut. Un détail qui, en l'occurrence, aurait pu expliquer bien des choses. Notamment en quoi cette pluie d'hiver, faite de chanvre, de cristal, et de bois marqueté lui semblait si faiblement adéquate au vu de la saison.


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"Aux hommes la droiture et le devoir, et à Dieu seul la gloire !"
S.I. - Chevalier Errant de la Réforme Aristotélicienne.
Asophie
[Quelques semaines plus tard - Domaine de Terrides.]

"Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale."


*Charles Baudelaire, "L'Invitation au voyage", Les Fleurs du Mal, 1857



L'armée "Jamais de face" avait pris quelques heures de retard et ne serait sans doute pas à Montauban avant la nuit. Loin de là. Ayant appris qu'elle s'apprêtait à traverser ses terres au crépuscule, la Vicomtesse avait donc naturellement proposé au Capitaine de Guyenne et à son armée de planter son campement sur le vaste domaine et invité Agnès et ses aides de camp à passer la nuit au château. Sa proposition toute décente était absolument irrésistible : un repas délicieux, un lit douillet, un bain chaud, un feu et du vin... Et la Comtesse y céda avec plaisir.

Au cœur des vapeurs parfumées à l'ambre gris, Sophie s'était naturellement fait camériste de la Saint-Just, l'aidant à se délasser, l'invitant à se prélasser dans une bienheureuse lascivité. Plus de glace entre elles. Leur eau était désormais chaude et apaisante, intime et confidentielle. A condition de prendre soin de chasser les ombres. Toujours le même sujet qui crispait les mâchoires. "Lui". Et en ce moment, les deux femmes avaient en commun l'agacement que suscitait celui qui les avait à la fois tant éloignées et rapprochées. Alors, du vent, Sancte Iohannes! Reste donc dans ton fossé périgourdain tandis que nous, on parle de politique. Et que l'on sort du bain...

La mort de GPS, la déliquescence d'HO quittée par Agnès, la vision politique d'Emi en deçà de toute l'amitié profonde et sincère que la jeune vicomtesse portait à l'actuelle duchesse, mais qui n'était absolument pas conforme à celles que partageaient les deux dames, tout cela finit par aboutir à une conclusion fort logique qui ne surprit aucune des deux :


"Il faudrait que seules les femmes s'occupent de politique finalement... Quoique..."
"Alors seulement celles qui sont intelligentes et un peu couillues..."
"Ouais, certes... Bref, vous et moi, en somme!"
"Exactement"


Au delà du constat cynique et un brin orgueilleux, un éclat de rire complice les unit mieux que les mains expertes de l'une dénouant le corps rompu de l'autre, sous la caresse d'une huile parfumée issue du laboratoire à merveilles de Sophie. Le ton se porte mieux à la confidence, la compréhension devient plus naturelle, fluide, évidente. Le rapprochement se fait plus intime.
Le cœur, l'esprit, le corps. Les trois points de la Règle d'Or. Et si l'harmonie n'est pas parfaite, on s'en rapproche, dans la quiétude d'un soir, prélude à la douceur d'une nuit sans cauchemar.
"Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté."*
Ou presque.

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"Connais-toi toi -même et tu connaitras l'Univers et le Divin."
Gnia
[Au fil d'une plume, méandres d'encre.]


Les doigts un peu fébriles décachetèrent avec soin la cire qui cachait encore le contenu de la missive. les yeux parcoururent le contenu, une fois, rapidement, puis une deuxième plus lente, plus attentive. Un infime soupir, peut être de soulagement, ou peut être simplement las, avant de prendre la plume à son tour.
Pincée entre les doigts, elle reste en suspens, les yeux se reposent sur la missive reçue.


Citation:
Chère Agnès,

En effet, je peux comprendre la langueur monotone qui peut vous étreindre à rester en Montauban en cette heure, moi-même ayant failli m'y éteindre pour dire le vrai si je n'avais pas profité un peu de votre amie et vassale.
Aussi, lorsque d'une part mon amie angevine Otissette m'a ait savoir qu'elle comptait venir à La Teste avec sa cousine Kilia et quelques autres, et qu'en parallèle, Arnaut m'a confié son envie de voir la mer et d'en ramener du poisson, je n'ai guère hésité. Et moi qui suis si peu friande des voyages, j'ai fini de boucler mes malles en quelques heures. Je m'offre ainsi quelques vacances avec ma vie et la mélancolie qui me gagnait, une évasion marine qui je l'espère, me permettra de découvrir des horizons plus doux ou, à défaut, m'offrira une grande bouffée d'air pur dont j'ai grand besoin. Si je ne vous savais retenue par des obligations dues à votre charge, je vous aurais invitée à nous y rejoindre. D'ailleurs, invitation est lancée si vous parvenez à vous libérer bien que je sois incapable de vous dire combien de temps durera notre séjour.

[...]

Espérant le plaisir de vous revoir bientôt,



Faict à La Teste-de-Buch, le Dix-Neuvième Jour de Mars de l'An de Grâce Quatorze-Cent-Cinquante-Neuf


De la main libre, elle porte le gobelet ciselé empli de vin à ses lèvres, le repose et dans la pièce où ne crépite que le feu dans l'âtre résonne enfin le crissement si caractéristique de la plume s'agitant nerveusement sur le vélin.

Citation:
Chère Sophie,

    A vous lire, j'ai eu le sentiment que l'on posait un onguent aux vertus calmantes sur quelques brûlures, certes sans gravité, mais qui lancent de la plus sournoise façon qui soit.
    J'ose espérer que votre voyage vers l'océan vous apporte le même effet et qu'il saura dissoudre à l'air marin les nuages qui assombrissent votre horizon. Il n'y a rien de plus agréable, je crois, que de se sentir entourée d'amis véritables lorsque la mélancolie frappe à la porte de notre esprit.

    Vous l'aurez compris, je ne vous rejoindrai pas vers les riants rivages.
    A l'heure où enfin s'achève ma charge de conseiller et les responsabilités inhérentes à icelle, quand vous allez vers l'Ouest, moi je songe à l'Est.
    Comme vous le savez, le Duc de Bourgogne m'a mandé en épousailles et je souhaite donc lui rendre visite sur ses terres. Non point tant que je sois pressée de découvrir ce qui risque d'être ma future demeure ou mes futures terres, mais je crois qu'il devient nécessaire que je quitte un instant la Guyenne, ne serait-ce que pour mieux y revenir. Si tant est qu'elle veuille toujours de moi.

    Etrange comme cette province me donne l'impression qu'à chaque fois que je l'effleure du doigts, elle me fuit, comme le sable trop fin pourtant bien serré dans mon poing. C'est un sentiment frustrant et qui n'achève pas de m'emplir d'une profonde mélancolie.

    Ainsi donc, je ne serai plus là lorsque vos pas vous ramèneront vers Montauban. Mais comme je me réjouis que votre escapade puisse vous faire grand bien, priez pour que la mienne sache insuffler un peu d'espoir dans un coeur qui n'en abrite plus guère.

    [...]


Bien à vous,




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